Bataille de Marengo

Bataille de Marengo

44°53′N 8°41′E / 44.883, 8.683

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Bataille de Marengo
Bataille de Marengo
La bataille de Marengo. Tableau de Louis-François Lejeune.
Informations générales
Date 25 prairial an VIII
(14 juin 1800)
Lieu Proximité de Marengo
(70 km au nord de Gênes)
Issue Victoire française decisive
Belligérants
Drapeau français République française Drapeau : Empire d'Autriche Archiduché d'Autriche
Commandants
Napoléon Bonaparte Michael von Melas
Forces en présence
28 000 hommes puis renfort de Desaix decisif.
40 canons
33 000 hommes
92 canons
Pertes
1 100 morts
3 600 blessés
900 prisonniers ou disparus
963 morts
5 518 blessés
2 291 prisonniers
40 canons perdus
Deuxième coalition - Campagne d'Italie
Batailles
Guerre de la deuxième coalition

St George's Caye (navale) — 1re Stockach — Winthertur (en) — 1re Zurich — Bergen — 2e Zurich — Alkmaar — Castricum — Moesskirch — Biberach — Engen  — 2e Stockach — Höchstädt — Ampfing (en) — Hohenlinden — Copenhague (navale) — Algésiras (navale)


Campagne d'Égypte
Chebreiss — Pyramides — Aboukir (navale) — Caire — El Arish — Jaffa — Saint-Jean-d'Acre — Mont-Thabor — Aboukir (terrestre) — Héliopolis — Canope — Siège d'Alexandrie


2e Campagne d'Italie
Magnano — Cassano — Trebbia — Mantoue — Novi — Montebello — Gênes — Marengo — Pozzolo

La bataille de Marengo eut lieu le 25 prairial an VIII (14 juin 1800), près du petit village de Spinetta Marengo, à 70 km au nord de Gênes, dans le Piémont. Elle opposa les armées françaises sous le commandement de Bonaparte aux armées autrichiennes.

« Je croyais attaquer l'ennemi, c'est lui qui me prévient, revenez au nom de Dieu si vous le pouvez encore » écrivait Bonaparte au général Desaix, alors que la bataille de Marengo, mal engagée, tournait à son désavantage. Quelques heures plus tard, Desaix arriva, offrant la victoire au Premier Consul. Cette victoire permit de conclure la guerre entre la France et l'Autriche, et par la même occasion, la deuxième coalition.

Sommaire

Prélude de la deuxième campagne d'Italie

De retour d'Égypte en août 1799, Bonaparte participe au coup d'État des 18 et 19 brumaire (9-10 novembre) de la même année. Devenu premier consul, le vainqueur des Pyramides s'applique à rétablir la paix civile, tout en négociant avec les ennemis extérieurs de la France. Depuis la fin de 1798, en effet, une nouvelle coalition, dont sont sortis les Russes après leur défaite à Zurich (septembre 1799), s'est formée contre la France. Napoléon fait des avances à l'Autriche puis à la Grande-Bretagne, mais il se heurte à un refus.

André Masséna

Contraint à la guerre, Bonaparte imagine une nouvelle campagne d'Italie, beaucoup plus audacieuse que la précédente. La situation militaire y est pourtant difficile, depuis que le général autrichien Melas a coupé (en février) l'armée française d'Italie en deux : il assiège à Gênes les troupes commandées par Masséna, et a repoussé Suchet derrière le Var. Bonaparte élabore à partir des événements en cours une vaste combinaison stratégique. Il se constitue une armée de réserve à Dijon laissant croire que le gros de l'assaut est confié au général Moreau vers l'armée autrichienne du Danube qu'il doit refouler loin devant. En fait, l'objectif est de la couper du Tyrol pour interdir l'acheminement de renforts en Italie; dès lors, au lieu de pousser toutes ses troupes vers l'Est, Moreau, une fois l'action de l'armée du Rhin bien engagée, doit détacher vers le sud, à travers le col du Saint Gothard, 17 000 hommes du corps du général Lecourbe vers l'Italie, pour y rejoindre les troupes de Bonaparte, venues de Dijon au même moment par le col du Grand-Saint-Bernard. Cette armée est prévue pour fondre sur les arrières des troupes autrichiennes divisée, occupées au siège de Gênes d'un côté, et à attaquer le Var de l'autre.

L'Autriche, peu inquiète des préparatifs de l'armée de réserve, que l'on croit apprêtée en renforts pour Moreau, maintient son armée d'Allemagne sur la défensive, et concentre tout son effort sur l'Italie, rendant terrible le siège de Gênes où l'armée de Masséna est épuisée par la famine, les épidémies et les combats.

Alors que la dureté du siège presse à agir, Moreau est lent à lancer ses opérations vers le Tyrol, ce qui retarde Bonaparte dans son franchissement des Alpes par les cols du petit et Grand-Saint-Bernard. Malgré les difficultés, le 23 mai, enfin, le passage est tout de même terminé dans de bonnes conditions créant la surprise escomptée. Le 2 juin, le « Petit Caporal » entre à Milan. Mais la stratégie initiale s'effondre lorsque le 4 juin, Masséna doit capituler à Gênes. La prise en étau de Mélas entre Masséna et lui est désormais impossible. Bonaparte doit repenser son plan. Il s'oriente donc plus au Nord, fortifie Milan, s'assure toute la ligne du jusqu'à son affleurement avec les Apennins au défilé de la Stradella, fermant ainsi la presque totalité des lignes de retraite du baron de Mélas vers l'Autriche. Il pense alors l'accrocher dans une bataille décisive entre Alexandrie et Tortone.

Mais le 13 juin, il n'a toujours pas localisé le gros de l'armée ennemie. Il prescrit à deux divisions une reconnaissance pour trouver l'ennemi: la division Lapoype sur la rive gauche du , et, au Sud la division de Desaix. Les autrichiens se trouvent seulement à quelques lieux, de l'autre côté de la Bormida, et pendant la nuit du 13 au 14 juin, les Autrichiens bivouaquent en face des troupes françaises avec interdiction de faire du feu. Leur présence n'a pas été repérée à cause d'un mauvais repérage francais: deux ponts sont même négligés, alors que c'est par ceux-ci que, le matin du 14, l'armée tant recherchée débouche vers les troupes françaises.[réf. souhaitée]

Les forces en présence

Les Autrichiens alignent 3 corps d'armée. O'Reilly, avec 3 000 hommes, est situé à droite. Au centre se trouve Melas, avec 20 000 hommes. Enfin, situé à gauche, 7 600 hommes sont sous le commandement de général Ott. Soit 30 600 hommes dont 7 500 cavaliers. Ils rassemblent environ 180 canons.

Bonaparte, privé d'artillerie et de 15 000 hommes envoyés en reconnaissance, dispose de 24 000 hommes (composés du corps de Victor, de Lannes, de Monnier et de la Garde consulaire) plus 3 700 cavaliers (sous les ordres de Kellermann). Les Français disposent de 15 canons.

La bataille

Battle of Marengo (1800).png

L'armée autrichienne se déploie la première, dès 8 heures du matin, mais très lentement. L'armée française, mal réveillée et ne s'attendant pas à être attaquée n'est ni déployée ni en ordre de le faire, elle s'échelonne dans la plaine de Marengo, dans le Piémont. L'artillerie autrichienne intervient, détruit son homologue française en moins d'un quart d'heure, puis s'attaque aux lignes d'infanterie, creusant des trous dans les rangs français. Les troupes autrichiennes avancent lentement, puis, enfin, les Français répliquent à bout portant. Les assaillants reculent, les Français chargent, mais 100 mètres plus loin, ils doivent s'arrêter à cause d'un profond fossé. De l'autre côté, les Autrichiens se regroupent et attaquent. Pendant plus de trois heures, Français et Autrichiens se fusillent à vingt pas.

À midi, les Français tiennent toujours Marengo, malgré l'intervention de la cavalerie autrichienne.

À deux heures, les Français manquant de munitions, les boulets faisant des ravages dans une infanterie privée de soutien, ils battent en retraite. Victor, à gauche du dispositif français, recule en bon ordre. Lannes, au centre, risquant de se faire encercler, bat lui aussi en retraite. La situation de l'armée est délicate et Bonaparte intervient lui-même au milieu des troupes pour redonner courage à ses soldats. La retraite est protégée par les charges de la cavalerie de Champeaux, qui est tué à la tête de ses hommes, de Kellermann et enfin de la Garde consulaire.

Vers 15 heures, le front français s'échelonne sur plus de 6 km, entre Villanova, où la Garde consulaire se bat avec ténacité, et San Giuliano Vecchio. Mais, pour l'armée française, l'affaire n'est pas loin de tourner au désastre, et les Autrichiens pensent déjà la victoire acquise. À tel point que leur chef, le maréchal Melas, légèrement blessé (son cheval est tombé sur lui à deux reprises), quitte le champ de bataille et se précipite à Alexandrie (à environ 15 km de Marengo) pour annoncer sa victoire à l'empereur d'Autriche. Il laisse à Zach la tâche d'en finir avec l'ennemi, sûr de son succès.

Desaix, envoyé en éclaireur avec 7 000 hommes chercher l'armée autrichienne, entend le bruit du canon au nord, et prend sur lui de contrevenir à ses instructions en revenant sur ses pas. Ce renfort sauve l'armée française. Bonaparte avait envoyé un contre-ordre aux deux généraux partis en avant. Le contre-ordre n'arrive qu'à 22 heures dans les mains de Lapoype, par contre Desaix, lui, n'a pas eu besoin de l'attendre pour marcher vers le champ de bataille. Le contre-ordre adressé à Desaix l'est dans ces termes :

« Je croyais attaquer l'ennemi, il m'a prévenu. Revenez, au nom de Dieu, si vous le pouvez encore ! »

À 15 heures alors que les Français sont prêts à organiser la retraite, Desaix arrive, enfin, avec environ 10 000 hommes répartis en deux divisions :

La charge de cavalerie du général Kellermann et l'arrivée de Desaix, rapidement tué d'une balle en plein cœur, changent le cours de la bataille. Soumis à une violente poussée, le flanc gauche de Zach, qui sera capturé avec 2000 de ses hommes, reflue en désordre. A la tombée de la nuit, O'Reilly bat en retraite, imité par Ott qui assiste, impuissant, à la déroute du centre autrichien.

Les conséquences

En battant l'armée autrichienne à Marengo, le premier consul l'amène, par une convention signée à Alexandrie, à évacuer la Ligurie, le Piémont et la Lombardie. Rétablissant la République cisalpine, Bonaparte tira de cette victoire de grands avantages politiques dont il sut endosser toute la gloire. À son retour, il fut accueilli triomphalement à Paris, gagnant en popularité par rapport aux autres membres du Consulat.

Il lui restait cependant à achever cette campagne et forcer l'Autriche, qui atermoyait, à la paix. Même si l'importance décisive de la bataille de Hohenlinden, remportée par Moreau en décembre sur les Autrichiens, fut éclipsée par le génie de la manœuvre du Premier Consul en Italie, c'est bien elle qui obligea les impériaux à signer un armistice, puis la paix de Lunéville le 9 février 1801.

La bataille de Marengo dans les arts...

... culinaires

  • Une recette de sauté de poulet avec des oignons et des champignons dans une sauce au vin et à la tomate, le poulet Marengo, commémore la bataille. Une autre fut improvisée par le cuisinier du Premier Consul avec du poulet, des œufs et des écrevisses.

Chanson

  • Le général Lasalle aurait composé Fanchon, considérée comme « la » chanson des soldats napoléoniens, également connue comme La Madelon de Marengo[1] ou Le Chant des Marie-Louise, lors du repas qui suivit la bataille et auquel assistait Bonaparte[2].

La légende impériale veut que "La Chanson de l'oignon" fut aussi composée le jour de cette bataille. En tout cas, elle continua de célébrer cette potion magique des soldats de Napoléon pendant toutes les guerres de l'Empire.

Opéra

  • Vittoria, vittoria ! Dans le palais Farnese, le peintre Mario Cavaradossi, torturé par le chef de la police, le baron Scarpia, laisse ainsi éclater sa joie à l'annonce de la victoire de Bonaparte à Marengo. (Tosca, opéra de Giacomo Puccini, acte II).

Littérature

  • Suite à l'arrivée des premiers messagers à Paris, Fouché et Talleyrand complotent avec un tiers. À l'arrivée des seconds messages, ils détruisent les documents compromettants, sauf ce troisième homme, que Fouché fait enlever. C'est le thème d'Une ténébreuse affaire de Balzac.

Bibliographie

  • Louis-Alexandre Berthier, Relation de la bataille de Marengo, Imprimerie impériale, 1805
  • Jean de Cugnac, La Campagne de Marengo, R. Chapelot, 1094
  • Alberto Adamo di Neipperg, Aperçu militaire sur la bataille de Marengo, Imprimerie scientifique et littéraire Bussière, 1906
  • La bataille de marengo et ses préliminaires racontés par quatre témoins, Teissedre, 1999, (ISBN 978-2912259257)

Jeux de simulations historiques

Raguet, Jean-Christophe, Marengo 1800, revue Vae Victis no.35, nov.-déc. 2000

Notes et références

  1. Si le thème et le nom en sont semblables, il ne s'agit cependant pas de La Madelon composée par Charles-Joseph Pasquier dit Bach en 1914 et qui allait devenir la chanson des poilus.
  2. La Madelon de Marengo sur le site desaix.unglog.fr et La Grande Armée, Georges Blond, Éditions Robert Laffont, p. 456.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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