- La Madelon
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La Madelon, appelée aussi Quand Madelon..., est un chant populaire créé par le chanteur Bach (Charles-Joseph Pasquier), le 19 mars 1914, à l'Eldorado[1], à Paris. La chanson doit surtout son succès au théâtre aux armées où Bach l'interpréta devant des poilus en permission. Elle devint alors un chant militaire.
Sommaire
Historique
Les paroles de la chanson sont de Louis Bousquet[2] (1870-1941), et la musique de Camille Robert[3] (1872-1957). En 1913, Bach passe commande au compositeur et au parolier « d’une chanson cocardière renouvelée »[1], mais la chanson rencontre peu de succès lors de sa création.
En août 1914, Sioul, un chansonnier qui était présent à la création de La Madelon à l’Eldorado, mobilisé comme artilleur et cantonné à l’école Jules-Ferry de Fontenay-sous-Bois, chante cette chanson à ses camarades. Celle-ci obtient un véritable succès. Les canonniers la diffusent. Le chant est alors fréquemment interprété par des comiques troupiers, très prisés durant la Première Guerre mondiale, les tourlourous.
Le chanteur Marcelly fut le premier à enregistrer cette chanson en 1917.
En 1921, une plaque est apposée sur la façade de l’école de Fontenay-sous-Bois, indiquant : « La Madelon est partie d’ici en août 1914 pour faire le tour du monde ».
C’est par erreur que Lucien Boyer, l’auteur de La Madelon de la Victoire, reçut la Légion d’honneur : Georges Clemenceau pensait récompenser l’auteur de Quand Madelon….
Marlène Dietrich l'a chantée à Paris lors de la célébration du 14 Juillet en 1939.
Commentaire
La chanson française fut d’abord une marche, sur laquelle Louis Bousquet écrivit un texte gai. Il semble qu’elle soit aujourd’hui redevenue une fanfare. Le sujet traité, la misère sexuelle du soldat, son sentiment de séparation, et les remèdes proposés, le vin et la servante peu farouche, n’ont rien pour surprendre. Au fond, tout est dit dans le refrain, dont les strophes ne sont qu’une illustration, le texte en son entier n’étant à son tour qu’une illustration d’une musique destinée à rendre supportable la situation du soldat. La femme n'a aucune individualité morale ou physique, puisqu'on « s'figure que c’est l'autre » quand on la touche. Le décor esquissé (à deux pas de la forêt) évoque les sorties du dimanche pour les citadins et rappelle ce « pays » où attend « une payse » qui « nous épousera ». La France de ce texte est bien celle du XIXe siècle finissant, un pays qui ne fait qu'amorcer une urbanisation dont on s'accorde à dire qu'elle ne s'est vraiment accomplie et achevée qu'après 1945. L'ambiance générale, une France rurale et provinciale, un antiféminisme instinctif, des amours passagères avant un mariage peut-être arrangé, le vin et une sociabilité masculine de taverne, permet de comprendre la ténacité de l'armée française durant la Première Guerre mondiale. Il n'en reste pas moins que le texte et la mélodie, sans parler de l'interprétation, n'intéressent aujourd’hui qu’en tant que documents historiques[4].
Voir aussi
D'autres chansons ont repris cette dénomination :
- La Madelon de la Victoire (1919)
- Victoire, la fille de Madelon (1939)
- Qu'est devenue la Madelon ? (1960) est une chanson de Charles Trenet, dans laquelle il évoque les souvenirs perdus en se référant à La Madelon.
- Majorette est une chanson de Bénabar, dans laquelle il fait référence à La Madelon (album Les Risques du métier).
Au cinéma :
- La Madelon, comédie de Jean Boyer (1955) avec Line Renaud, Odette Barencey, Jean Richard, Roger Pierre, Jean Carmet, Noël Roquevert, Robert Dalban...
Notes et références
- Guide raisonné et déraisonnable de l'opérette
- BnF.fr
- BnF.fr
- François Genton, « Quand Madelon et Lili Marleen: ce que disent les chansons », Chroniques allemandes n° 10, 2003-2004, p. 97-108.
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