Dieu (christianisme)

Dieu (christianisme)

Plusieurs représentations de Dieu se succèdent ou coexistent dans le christianisme.[réf. nécessaire]

Sommaire

Dieu un

Articles détaillés : Christologies empiriques et Unitarisme.

Il n'y a qu'un seul Dieu. Le Christ se réfère à lui quand il dit que le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur[1]. En cela, le christianisme demeure fidèle au judaïsme. Dieu étant ce qu'il est ne peut pas être multiple.


Dieu trinitaire

Articles détaillés : Christologie et Trinité chrétienne.

La dogmatique trinitaire, qui est propre au christianisme se construit du IVe au Ve siècle, entre le concile de Nicée et le Concile de Chalcédoine[2].

Cette construction, au fil des conciles, s'exprime dans les termes de la philosophie disponible à l'époque, celle de Plotin[3].

La question de l'existence de Dieu

Article détaillé : Arguments sur l'existence de Dieu.

[note 1]

Les preuves traditionnelles

Selon les traditions, les preuves avancées ne sont pas les mêmes. Notons que, dans le judaïsme, la question ne se pose pas, non par tabou, mais du fait même de la conception de la transcendance[4].

Les preuves de l'existence de Dieu

  • Dans le christianisme, données par les philosophes médiévaux[note 2],[5], ces 5 preuves traditionnelles ont été largement déconstruites[6] par l'irruption de la philosophie cartésienne qui instaure un autre régime de raisonnement : le raisonnement hypothético-déductif qui déconstruit le syllogisme.
  • la preuve de Descartes[note 3].

Une question repensée à nouveaux frais

Peter Geach, Richard Swinburne[7], Alvin Plantinga, Antony Flew, John Leslie Mackie[8], Jordan Howard Sobel, se demandent quelle(s) raison(s) nous avons d'affirmer ou de contester l'existence d'un être surnaturel dont dépendrait l'existence du monde.

Tandis que les autres philosophes sont soit catholiques, soit protestants, soit anglicans, la caractéristique d'Antony Flew, qui lui a assuré un surcroit de notoriété ces 5 dernières années, consiste à avoir été, des années durant, un éminent philosophe des religions et d'avoir revendiqué son athéisme. Il a fini par considérer, autour de sa 81ème année, que non seulement la question de l'existence de Dieu était importante mais encore que l'existence de Dieu[9] était possible selon une variante de l'argument téléologique, que les anglo-saxons nomment fine tuning[note 4], en quelque sorte, l'argument du meilleur des mondes possibles[10]. Il considère que, plus la complexité du monde apparaît dans les connaissances humaines, plus cet argument est puissant pour fonder le théisme[note 5],[11]. Quelques militants de la cause de l'athéisme s'en sont trouvés gênés et ont déclaré pour les uns, que cette conversion était un voeu pieux des croyants, en dépit de la lettre de Flew à Philosophy Now et pour les autres que le cher Professeur était déjà âgé.

Philosophies contemporaines

Phénoménologie chrétienne

Le philosophe chrétien Michel Henry envisage Dieu d’un point de vue phénoménologique[12] : « Dieu est cette Révélation pure qui ne révèle rien d’autre que soi, Dieu se révèle. La Révélation de Dieu est son auto-révélation »[13]. Dieu est en lui-même révélation[pas clair] , il est la Révélation primordiale[pas clair] qui arrache toute chose au néant[pas clair], une révélation qui est l’auto-révélation pathétique, c'est-à-dire la souffrance et l’auto-jouissance absolue[pas clair] de la Vie. Comme le dit Jean, « Dieu est amour », parce que la Vie s’aime elle-même d’un amour infini et éternel[pas clair][14].

Michel Henry oppose à la notion de création, qui est la création du monde, la notion de génération de la Vie : la Vie ne cesse de s’engendrer elle-même et d’engendrer tous les vivants dans son immanence radicale, dans son intériorité phénoménologique absolue qui est sans écart ni distance[15].

Les maîtres du soupçon et la « mort de Dieu »

On nomme traditionnellement "maîtres du soupçon"[16], les philosophes Marx, Nietzsche, et Freud[17].

En Occident, à partir de Descartes, Pascal et Grotius notamment, l'existence de Dieu est devenue sujette à la démonstration et de plus en plus exposée à la critique, concomittante à la crise de la religion chrétienne et l'apparition du protestantisme. Les philosophes du XVIIIe siècle sont critiques mais pas athées[note 6].

On doit à Friedrich Nietzsche la formule célèbre « Dieu est mort », mais c'est Feuerbach qui ouvre le feu. Les théologies de la Mort de Dieu le prendront au mot[18]. Ce courant de pensée n'est, d'ailleurs, étranger ni à l'islam[19], ni au judaïsme[20].

Feuerbach, l'essence du christianisme, 1841

Ludwig Feuerbach fait écho aux mutations de la société occidentale moderne que sont le scientisme, la théorie de l'évolution de Darwin, le socialisme qui se caractérisent, entre autres, par une critique des dogmes religieux[note 7]. Elle ouvre la voie a l'athéisme qui considère la notion de Dieu comme un construct social étranger à la réalité. Le concept principalement développé dans l'Essence du christianisme[21] peut se résumer en 2 points : Dieu comme aliénation, l'athéisme comme religion de l'homme.

"Le progrès historique des religions consiste en ceci : ce qui dans la religion plus ancienne valait comme objectif, est reconnu comme subjectif, c'est-à-dire, ce qui était contemplé et adoré comme Dieu, est à présent reconnu comme humain (….). Ce que l'homme affirme de Dieu, il l'affirme en vérité de lui-même (….) "[22].

Feuerbach voit la théologie comme une anthropologie renversée[pas clair] et dieu comme un surmoi social, relevant de la sociologie des religions ou de la psychologie individuelle ou collective, mais en aucun cas de la philosophie[23].

Friedrich Nietzsche

Nietzsche écrit :

« Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. — Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement — ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? » — Le Gai Savoir, Livre troisième, 125.

Philosophie et Théologies du Process

La théologie du Process est le nom sous lequel on rassemble les œuvres de cette métaphysique pour notre temps[24]. Cette métaphysique, au contraire des précédentes, transcende les frontières des dénominations religieuses. Même si les penseurs chrétiens (protestants avec John B. Cobb ou catholiques avec, d'une certaine façon, Pierre Teilhard de Chardin et Jean-Luc Marion[25], ou encore laïcs avec Henri Bergson) ont publié plus d'ouvrages, on trouve aussi des penseurs du Process dans le judaïsme[26], dans l'hindouisme et dans une moindre mesure dans l'islam. Elle s'est développée autour de deux pôles :

  • la critique du cataphatisme[27] par une distinction entre la représentation du Dieu et sa nature ontologique. Ainsi Paul Tillich invite à penser la distance entre les représentations de Dieu (transcendant, donc au-delà des possibilités d'expressions humaines) et la réalité de Dieu. La maxime qui résumerait cet aspect de la pensée de Tillich serait « Dieu est autre chose que ce qu'on en dit ». Dans Dieu au-delà de Dieu[28], il invite donc à une extrême prudence dans l'affirmation que telle doctrine serait la vérité ultime et, par là, poursuit une réflexion déjà entamée par Maïmonide dans son Guide des Égarés, et dans une moindre mesure sous certains aspects par Ibn Arabi.
  • la critique du thomisme[29] des sept attributs, en particulier l'omnipotence, l'omniscience, l'immuabilité, l'ubiquité qui a fait la célébrité dans le monde anglo-saxon du livre de Charles Hartrshorne[30] Omnipotence and other theological mistakes[31]. Quoique ce livre date des années 1980, la version anglaise n'a pas été traduite en français ; on trouve des échos à cette critique chez un théologien français bien antérieur, Wilfred Monod, dans ses conférences « aux croyants et aux athées »[32] données autour de 1926.

Toutefois, le chef de file de cette théologie est le mathématicien Alfred North Whitehead. Son livre Procès et réalité[note 8],[33] semble constituer la théologie systématique[pas clair] qui demeure peu connu en Europe[34] faute de traduction de son œuvre théologique alors qu'aux États-Unis, ses textes sont au programme des études secondaires.

Si la théologie du Process est plus particulièrement développée aux États-Unis, elle trouve néanmoins un certain écho en Europe grâce aux travaux d’André Gounelle qui a donné une introduction aux diverses théologies du Process sous le titre Le Dynamisme créateur de Dieu[35].

Whitehead ne donne aucune définition[note 9] de Dieu. Il en décrit les 3 fonctionnalités[36] :

  • injecter du possible dans le réel et, par là, lui ouvrir des potentialités, du devenir[note 10],
  • trier entre le potentiel et le possible et, par là permettre efficacement le libre arbitre,
  • à défaut de donner un sens, donner une direction au possible. En cela les philosophies du process apportent une relecture de la prédestination chère à Augustin d'Hippone puis aux théologiens protestants. Cette direction est proposée (et non imposée) en sorte de favoriser la meilleure réalisation de chaque entité actuelle[37] et de tendre vers un monde harmonieux[38].

Notes et références

Notes

  1. l'article présente surtout les arguments traditionnels issus du christianisme. Une section présente leur déconstruction
  2. e.g. preuve de Saint Anselme
  3. Selon laquelle l'homme, qui est fini, conçoit l'infini, c'est qu'un principe infini existe distinct de l'homme
  4. de la cohérence du monde et de la vie humaine
  5. Il ne s'agit pas d'une conversion à une religion, par exemple chrétienne, mais de la conviction que Dieu est possible
  6. Cette section doit beaucoup à l'article de André Comte-Sponville, les philosophes athées, Le Monde des religions, mars avril 2009
  7. En cela, ils sont une critique des christianismes mais pas des autres religions. En effet, le christianisme est la seule religion qui s'est dotée d'un corpus de doctrines obligatoires
  8. Le titre exact est Process and Reality sa traduction par Procès et réalité ne rend pas justice à la pensée de l'auteur, en ce sens que le mot procès en français s'est spécialisé dans le domaine juridique alors qu'en anglais il garde son sens de processus comme l'indique André Gounelle dans sa préface au Dynamisme créateur de Dieu dans l'édition de 1975..
  9. parce que qui dit définition dit limites. il s'agirait d'enfermer Dieu dans la limite de paroles humaines comme le fait le dogme.
  10. se reporter la note concernant Exode 3:14

Références

  1. Mc 12, 29.
  2. pour une bibliographie exhaustive, on consultera la Bibliographie de la christologie, Christologieet Dogmes catholiques
  3. Plotin, ennéade IX et John Hicks, Gos has many names, Birmingham University Press, 1988
  4. Marc-Alain Ouaknin, Dieu et l'art de la pêche à la ligne, "Dieu en cent pages. Voilà, j'ai accepté le défi. Mon premier mouvement est d'offrir à l'éditeur cent pages vides. Non par jeu mais par respect. La seule chose qu'on puisse vraiment dire sur Dieu, c'est rien. Ne rien dire ! Théologie négative radicale. Ne rien dire mais le dire bien! Je renonce à cette possibilité. Non parce que cela aurait pu être interprété comme une facilité, mais parce que l'idée n'est pas originale. Je retrouve un livre sur les rayons de ma bibliothèque : « tout ce que les hommes savent sur les femmes ». 200 pages blanches ! Lucide !"
  5. voir aussi la Preuve ontologique de Gödel qui est une réécriture contemporaine de la preuve de Saint Anselme et la déclaration de Jean-Paul II
  6. Les limites des preuves de l'existence de Dieu
  7. Richard Swinburne, Is there a God?, Oxford University Press, 1996.
  8. John Leslie Mackie, The miracle of Theism, argument for and against the existence of God, Clarendon, 1982.
  9. Antony Flew, God and Philosophy, Paperback, 2005,
  10. La théorie du Meilleur des mondes possibles de Leibniz est exposée et évaluée dans le détail dans le support de cours de Jacques Bouveresse au Collège de France, ... support en date du 13 janvier 2010 (PDF)
  11. Préface à la dernière édition de God & Philosophy, celle de 2005
  12. Michel Henry, C'est moi la Vérité. Pour une philosophie du christianisme, Seuil, 1996.
  13. Op. cit., p. 37
  14. Op. cit., p. 44, et citation de 1 Jean 4, 8.
  15. Michel Henry, Paroles du Christ, Seuil, 2002, p. 107.
  16. Paul Ricoeur, «Démystification de l’accusation », in Démythisation et morale, (1966) pp. 51-53 ; Montaigne
  17. pour cet auteur, voir l'avenir d'une illusion, texte téléchargeable sur le site de l'UQUAM
  18. voir les théologiens de la mort de Dieu et surtout Théologie de la mort de Dieu.
  19. , Abdennour Bidar "L'islam face à la mort de Dieu, Actualité de Mohamed Iqbal", Bourin éditeur, Paris 2010
  20. Richard L. Rubenstein, After Auschwitz: Radical Theology and Contemporary Judaism (Indianapolis: Bobbs-Merrill, 1966)
  21. das Wesen des Christenthums, Leipzig 1841
  22. das Wesen der Religion, Leipzig 1845
  23. Paul Clavier, Le débat contemporain, entre éviction et renouveau, Le Monde des religions, mars – avril 2009
  24. cf. John B. Cobb,David Ray Griffin Process theology: an introductory exposition, éd. Westminster John Knox Press, 1976, extraits en ligne ; Alfred North Whitehead, Process and Theology, version révisée par David Ray Griffin et Donald W. Sherburne, éd. Simon and Schuster, 1979 (éd. orig. 1925), extraits en ligne
  25. Jean-Luc Marion, Dieu sans l'être, PUF, 1ère édition 1999 et Jean-Luc Marion, L'idole et la distance, Grasset, 1989
  26. avec les penseurs et théologiens Samuel Alexander (1859–1938), les Rabbins Max Kaddushin, Milton Steinberg, Levi A. Olan, Harry Slominsky. Abraham Joshua Heschel peut aussi se rattacher à ce courant.
  27. Sur la distinction entre cataphatisme (une sorte d'énoncé théosophique) et l'apophatisme, voir cet article en espagnol Apofatico/catafatico(encore en ligne le 3-dec-2010) dans lequel un théologie jésuite catalan discute avec Mulot)
  28. édition originale 1955, réédition en français: Les bergers et les mages, (1997) (ISBN 978-2-85304-127-0) ref. à préciser
  29. Voir cet article en espagnol de Miquel SUNYOL S;J; Empachado de teología qui en montre u exemple simple
  30. mort à 104 ans en 2000
  31. State University of New York Pr (juin 1984) (ISBN 978-0-87395-770-0)
  32. première édition chez Fishbacher en 1930, réédition chez Phenix Editions (2004) (ISBN 745806564)
  33. Première édition en anglais en 1929 (ISBN 978-0-02-934570-2), traduit en français chez Gallimard sous le titre Procès et réalité (ISBN 978-2-07-072907-4) dans les années 2000.
  34. Isabelle Stengers, Penser avec Whitehead, une libre et sauvage création de concepts, éd. Seuil, 2002, recension
  35. André Gounelle, Le dynamisme créateur de Dieu : essai sur la théologie du Process, éd. Van Dieren, 2000 (éd. orig. 1981), extraits en ligne
  36. André Gounelle, le Dynamisme créateur de Dieu, essai sur la théologie du Process, 2ème édition, 2000, Van Dieren Editeur
  37. Pierre Livet, La notion d’événement chez Whitehead et Davidson, Noésis, n°13, 2008, en ligne
  38. op.cit. André Gounelle, le Dynamisme créateur de Dieu,

Bibliographie

Ouvrages généraux

Philosophes et chercheurs contemporains

Théologiens contemporains

Divers

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