Bassin du Tarim

Bassin du Tarim

38°53′28″N 82°10′40″E / 38.89111, 82.17778

Carte de l'ouest chinois. Le bassin du Tarim est principalement occupé par le désert du Taklamakan
Bassin du Tarim

Le bassin du Tarim est le plus grand bassin fluvial endoréique au monde (plus de 400 000 km2).

Entouré par plusieurs chaînes de montagnes, Tian Shan au nord, la chaîne des Pamirs à l'ouest et les Kunlun au sud, il se trouve dans la région autonome de Xinjiang (appelé aussi Turkestan oriental) dans la partie la plus occidentale de la Chine.

Une grande partie du bassin est occupé par le désert du Taklamakan.

Le secteur est habité par des Ouïgours et d'autres populations d'Asie centrale, mais il connaît une immigration récente de Chinois d'autres régions du pays.

Sommaire

Histoire

Au Ier millénaire av. J.‑C., le bassin du Tarim était habité par des peuples parlant des langues indo-européennes : à Kachgar, Yarkand, Hotan, Aksou, il s'agissait de langues iraniennes ; plus à l'est, à Kucha et à Karachahr, on parlait les langues tokhariennes. Elles étaient alors les plus orientales des langues indo-européennes. Le bassin du Tarim n'avait pas d'unité politique : chaque oasis formait un État indépendant[1].

Les Chinois appellent dans leurs chroniques Yuezhi (EFEO : Yue-tche) un peuple de l'Asie centrale antique habitant à l'ouest du Gansu, et qui, vaincu par les Xiongnu au IIe siècle av. J.‑C., émigre en grande partie vers l'ouest et constitue, plus tard, l'Empire kouchan en Bactriane et en Inde du Nord. Certains d'entre eux fondent le royaume d'Agni, dans la région de l'actuelle ville de Karachahr, au nord du bassin du Tarim.

En -138, Zhang Qian est envoyé par l'empereur de Chine Han Wudi chez les Yuezhi. Il rapporte en Chine des renseignements détaillés sur l'Asie centrale, qui permettent aux Chinois de s'emparer du Gansu, puis du bassin du Tarim en -60. Les royaumes locaux deviennent alors des protectorats chinois. Au début du Ier siècle ap. J.-C., les Chinois ne sont plus en mesure de contrôler la région[1].

Les Chinois, conduits par le général Ban Chao (Pan Tch'ao, 32-102), mènent une campagne de 73 à 94, période où se développent les échanges sur la Route de la soie, et s'emparent du bassin de Tarim et des oasis de Sérinde au détriment des Xiongnu.

Les Kouchans, devenus puissants, s'introduisent dans le bassin de Tarim au Ier et IIe siècles et établissent un royaume à Kachgar. Ils concurrencent les forces chinoises et les nomades pour le contrôle de la région. Ils introduisent l'écriture brahmi et une langue prâkrit indienne pour l'administration, et répandent le bouddhisme, jouant un rôle majeur dans sa transmission le long de la Route de la soie en Asie orientale.

Au IVe siècle, les invasions forcent les Chinois à quitter le bassin du Tarim. Une civilisation originale s'y développe alors, mêlant les influences iraniennes et indiennes. Le bouddhisme est la religion majoritaire, mais le manichéisme et le nestorianisme sont également présents. Dans la deuxième moitié du VIe siècle, les Tujue occidentaux s'emparent du bassin[2].

Sous Tang Taizong (626-649), les Tang reconquièrent la région et ils établissent les Quatre Garnisons. Le bassin du Tarim passe donc sous administration militaire[3].

À partir de 670, les Tibétains tentent de s'emparer de la région, mais ils sont battus par les Chinois en 692. En 751, les Arabes défont les Chinois sur les rives de la rivière Talas. Les Chinois reculent alors progressivement et ce sont les Tibétains qui prennent l'avantage : ils dominent le Tarim jusqu'à l'effondrement de leur royaume (années 840)[4].

Après la fin du Khanat ouïghour (840), certains Ouïghours s'établissent dans le nord du bassin du Tarim où il fondent un royaume ayant pour capitale Khotcho. Les autochtones abandonnent alors leur langue tokharienne et adoptent la langue des conquérant (le vieux-turc). Les Ouïghour adoptent quant à eux une écriture locale. La culture de ce royaume influencera les Mongols. Dans l'ouest du bassin du Tarim émerge à partir du milieu du Xe siècle, les Qarakhanides, qui se convertissent bientôt à l'islam. Ils attaquent le royaume de Khotcho, mais ne parviennent pas à s'en emparer. Les Kara-Khitans battent en 1141 les Qarakhanides et intègrent le bassin du Tarim à leur empire. Les Kara-Khitans sont bouddhistes et influencés de culture chinoise. Ils ont une politique de tolérance religieuse[4].

Peu après 1206, le royaume de Khotcho se rallie à Gengis Khan. En 1211, suite à une usurpation, les chefs locaux de l'empire des Kara-Khitans font appel à Gengis Khan. En 1218, les Mongols s'emparent de la région et sont accueillis en libérateurs. Les populations sédentaires du bassin du Tarim passeront alors sous la suzeraineté du khanat de Djaghataï en 1227. Elles s'islamisent progressivement et adoptent une langue turque, le tchaghataï, ancêtre de l'ouzbek et de l'ouïghour (qui n'est donc pas issu directement de la langue des Ouïghours historiques, le vieux-turc). Les échanges commerciaux déclinent à cette époque[5].

Dans les années 1670, les Dzoungars prennent le bassin du Tarim. Dans les années 1750, les Qing s'emparent de la région. Ils donnent le nom de Xinjiang à l'ensemble formé par le bassin du Tarim, la Dzoungarie et les Tian Shan[6].

Au XIXe siècle, Yakub Beg se proclame émir d'un État musulman ayant Kachgar pour capitale. En 1877, les Chinois reprennent le contrôle de la région et le Xinjiang devient une simple province de l'empire (auparavant il s'agissait d'un possession des Qing, bénéficiant d'une certaine autonomie). La Russie joue un rôle croissant dans la région. Elle possède une mission à Kachgar[6].

Entre la révolution chinoise de 1911 et la proclamation de la République populaire de Chine de 1949, le Xinjiang est gouvernés par des gouverneurs qui bénéficient d'une très large autonomie. Dans les années 1920, les intellectuels des populations sédentaires du bassin du Tarim adoptent le nom d'Ouïghours pour se désigner. Les communistes favorisent ensuite l'immigration des Han et des Hui. Des fermes de défrichement sont créées par le Corps de production et de construction de l'armée à la lisière du désert. En 1955 est établie la Région autonome ouïghoure du Xinjiang[7].

La dépression marécageuse saline de Lop Nor, à l'extrémité est du bassin de Tarim, où se déverse le fleuve Tarim est une zone d'essai nucléaire pour la République populaire de Chine.

Ressources naturelles

Le bassin de Tarim contient des réserves significatives de pétrole et de gaz naturel. Sa géologie pétrolière est relativement complexe, avec des roches sources de trois époques distinctes : ordovicien, carbonifère, jurassique[8].

La production de pétrole dans la région est maintenant une des plus importantes de Chine[9]. Des géologues chinois et australiens ont démontré[10],[11] que la formation géologique dénommée "Tazhong" contenait dans le passé géologique un énorme gisement de pétrole qui, suite à des mouvements tectoniques, a perdu son étanchéité. Des relevés des traces restantes de pétrole leur ont permis de délimiter précisément l'ancien gisement, et d'arriver à une estimation de taille d'environ 15 milliards de tonnes (soit 100 milliards de barils), ce qui l'aurait classé parmi les plus gros gisements de pétrole du monde.

Population humaine

Articles détaillés : Momies du Tarim, Tokhariens et Ouïgours.

Le désert du Taklamakan est bordé au nord et au sud par une série de villes-oasis qui constituaient les branches nord et sud de la Route de la soie entre les chaînes de montagnes environnantes et le corridor du Gansu à l'est.

Depuis le IXe siècle, la population est constituée de Ouïgours turcophone. Depuis quelques dizaines d'années, la région connait une forte immigration de Chinois Han.

Antérieurement, la région était habitée par une population de langue indo-européenne, les Tokhariens. Les traces archéologiques (en particulier les momies du Tarim) indiquent que cette population indo-européenne originelle était sans doute présente depuis le début du second millénaire avant notre ère.

Références

  1. a et b Jean Sellier, Atlas des peuples d'Asie méridionale et orientale, La Découverte, Paris, 2008, p. 175.
  2. Jean Sellier, op. cit., p. 176.
  3. Jean Sellier, op. cit., p. 138 et 176.
  4. a et b Jean Sellier, op. cit., p. 177.
  5. Jean Sellier, op. cit., p. 167-168 et 178.
  6. a et b Jean Sellier, op. cit., p. 168.
  7. Jean Sellier, op. cit., p. 168-170.
  8. United States Geological Survey, Energy Resources Program, World petroleum assessment, province géologique 3154
  9. E&Pmag
  10. Publication scientifique sur sciencedirect (abstract libre d'accès)
  11. Version résumée (poster) : http://www.searchanddiscovery.net/documents/2006/06077liu/index.htm

Voir aussi

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