- Marbre de Saint-Béat
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Le marbre de Saint-Béat est un marbre qui provient des carrières situées en France région Midi-Pyrénées département de la Haute-Garonne sur la commune de Saint-Béat dans le massif des Pyrénées.
Sommaire
Géologie
Le site géologique de Saint-Béat dans la vallée de la Garonne a été soumis à d’intenses contraintes tectoniques : c'est « une zone où l'orogenèse pyrénéenne a été particulièrement active, comme en témoigne la présence de calcaires marmoréens, ou roches métamorphiques fracturées issues de la recristallisation sous hautes températures et basses pressions de calcaires et de dolomies anciennes . Le fond de la vallée de la Garonne est constitué par un remplissage d’alluvions postérieures à la fonte du glacier garonnais. Une formation tardi-glaciaire résultant d’un remaniement des moraines de ce glacier et d’éboulis de pente tapisse la base des escarpements rocheux de la Montagne de Rié et du Cap du Mont »[1].
Article détaillé : géologie des Pyrénées.Les marbres de Saint-Béat sont issus de ces calcaires d'origine glaciaire du Jurassique :
- « blanc de Lez » : dépôts dolomitiques formés dans les eaux marines chaudes du Jurassique moyen voici 170 millions d'années et recristallisés voici 50 millions d'années pour former des cristaux rhomboédriques de carbonate double de calcium et de magnesium et qui donnent au marbre blanc de Lez un aspect grenu caractéristique[2] ;
- « blanc bleuté » : la recristallisation du calcite du Jurassique supérieur dans le métamorphisme pyrénéen donne une marbre comparable au Marbre de Carrare ;
- « turquin » : C'est un marbre gris bleuté à nombreuses fentes de tension, rempli de calcite blanche ; il s'agit d'un calcaire d'origine marine (glaciaire ou fluviale) du Jurassique supérieur - Crétacé inférieur (140 - 110 millions d'années) recristallisé en marbre au cours du métamorphisme accompagnant l'édification des Pyrénées, voici 50 millions d'années.
Histoire
Le village de Saint-Béat, en Haute-Garonne, est enserré entre deux montagnes riches en marbre, culminant à 1200 m Cap del Mount et la montagne d'Arrie[3]. Ses carrières sont exploitées depuis l'Antiquité dans ce village connu également sous le nom de Passus Lupi, « pas de loup ».
Article détaillé : Histoire du Val d'Aran.Très utilisées sous le règne de Louis XIV, les carrières furent ensuite négligées ou abandonnées et son marbre décrié pour être redécouvertes par M. Capelle-Layerle au XIXe siècle. Aujourd'hui on exploite à Saint-Béat neuf carrières de marbre de diverses couleurs dont une souterraine.
Utilisation
Les marbres de Saint-Béat, exploités en grand, ont fourni la matière de la plupart des monuments découverts chez les gaulois Convenae et chez les Consoranni (vallées du Salat et de l'Ariège)[réf. nécessaire]. Le Musée Saint-Raymond de Toulouse conserve un certain nombre de bas-reliefs antiques et d'autels votifs en ce materiau. En 1824 on retrouva à Martres-Tolosane et à Nérac [4] des morceaux de statues en marbre de Saint-Béat.
Il fut aussi utilisé ensuite pour les sarcophages comme le sarcophage de Cassien en marbre de Saint-Béat à Marseille dans l' Abbaye de Saint-Victor ou moins connu le sarcophage de la chapelle Saint-Clamens à Belloc. Le Marbre de la carrière du Château : Des études récentes ont montré que le marbre blanc du trophée de Saint-Bertrand-de-Comminges, (groupe de statues commémorant la victoire des armées romaines d' Auguste dans l’ouest les Pyrénées et en Gaule) provenait de la carrière dite du Château, près de Saint-Béat[5]. Quatre siècles plus tard, les sarcophages historiés découverts près de la Basilique Saint-Just de Valcabrère, (IIIe ou IVs ) et le chapiteau tardif (VIe siècle?) découvert dans un remblai à Saint-Bertrand-de-Comminges sont sont aussi en marbre de Saint-Béat
Il fut employé pour la construction de la basilique Saint-Sernin et de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. On tirait de la brèche de la Pène-Saint-Martin des colonnes de 30 à 50 mètres de haut dont le socle de la colonne Dupuy à Toulouse. La « fontaine de la Trinité » à Toulouse a un socle en marbre blanc de Saint-Béat. Le marbre des bassins du château de Versailles, les escaliers, les statues de sa cour d'honneur, les bâtiments du Louvre sont en marbre blanc de Saint-Béat (carrière de Mourtis). Les escaliers du promenoir des bains de Bagnères-de-Luchon, deux statues du Palais de Justice de Tarbes également. Il était requis pour les statues et bustes royaux : la ville de Rennes demanda une statue colossale de Louis XVI . Une statue du roi « Henri IV enfant » de Bosio se trouve au Musée du Louvre. Pradier en fit un « buste de Vénus » et celle du roi « Charles X » . La carrière fut abandonnée et François Lucas pour realiser le bas relief des « Ponts Jumeaux » à Toulouse ne put l'utiliser en 1772 et en fit venir de Carrare[6].
Exploitation et sculpture
Une lettre de noblesse aurait été donnée - selon une légende - par François Ier à la première personne qui lui envoya un morceau de ce marbre[7]. Le roi Henri IV remplaça le marbre de Carrare par du marbre de France et fit exploiter les carrières de Saint-Béat. Très utilisées sous Louis XIV, les marbrières furent négligées sous Louis XV et plus ou moins oubliées et son marbre décrié. Les carrières appartinrent ensuite à M. Layerle-Capel, marbrier célèbre de Toulouse en 1821, qui en redécouvrit plusieurs et reçut des médailles d'or et d'argent pour ses travaux et découvertes, entre autres choses en 1826, au cours d'une excursion aux marbrières de Saint-Béat, la « brèche de Pleides » qu'il nomma « brèche royale », et qui contenait du marbre de divers coloris, en particulier le rouge brun.[pas clair] Elle appartint à la société Dervillé en 1851. Puis la famille Lavigne exploita les carrières de marbre blanc et bleu au début du XX° siècle. Depuis 1936 les carrières sont exploitées par la société et Onyx Marbres Granulés[passage problématique] de François Dabost qui emploie aujourd'hui une quarantaine d'ouvriers et exploite neuf carrières dont une souterraine. Depuis quelques années (2000-2010) un « Festival de la sculpture et du marbre » à Saint-Béat réunit une trentaine de sculpteurs chaque année pour présenter des sculptures sur marbre, remettant les carrières du village de Saint-Béat à l'honneur.
Les carrières de marbre de Saint-Béat
Répartition des couleurs
- Bleu : route de Marignac, Montagne de Rapp
- Blanc : en face de l'étang
- Noir : Loures-Barousse
- Jaune : Bagiry
- Vert, blanc : Lez
- Rouge: Cierp
Carrière de Rapp
Marbre blanc et bleu turquin, exploités depuis l'antiquité [8] . La principale carrière, dite de Rapp, est située à une assez grande hauteur, sur le flanc escarpé de la montagne d'Arrie, au nord-ouest de Saint-Béat, vers le village de Marignac. Le marbre blanc de Rapp est plus brillant que celui de Carrare.
Article détaillé : marbre bleu turquin.Le « Mail de las Higuros », sanctuaire païen
En 1945, une découverte rend célèbre la carrière de Rap : la Société des produits azotés de Lannemezan (65), qui exploitait les déchets de carrières, met à jour l'ensemble du site antique connu de ses habitants et déjà décrit au XIXe siècle près de cette carrière, au lieu-dit du « Mailh de las Higuros » (la falaise aux visages ou aux figures, dix-huit petits bustes logés dans les alvéoles de la falaise, avec des autels) : des figures romaines et gauloises taillées dans la roche, puis des autels, une quarantaine, dont vingt-et-un dédiés au dieu local Erriape[9], dont un portant la dédicace de la corporation des marbriers[10].
Des fouilles sont entreprises par M. Sapène. Mais le site est détruit en janvier 1947 par un éboulement suite à une explosion de tirs de mines[11],[12].
Articles détaillés : Mythologie pyrénéenne et Panthéon pyrénéen.Carrière du Château
Carrière de Lez
Deux carrières : la brèche romaine et la Pène Saint-Martin
Carrière dite « Brèche romaine »
Marbre rosé. A la sortie du village sur la D 44 et après le pont, l’ancienne carrière romaine de marbre rosé appelée « brèche romaine » ou « Brèche rosée de Lez »( Dubarry de Lassale, 2000), découverte par M. Capel-[ Layerle. Une colonne, appelée jadis le « monolithe de Lez » [13] donna naissance à l'idée que la Colonne Trajane serait faite en marbre de Saint-Béat. Située sur le flanc sur de la montagne Cap del Mount, rive droite de la Garonne, elle a trente mètres de hauteur. Cette carrière antique fut exploitée l'occupation romaine à Saint-Béat, petite garnison fondée par Pompée (Passus-Lupi)
La « brèche romaine » : Elle compte parmi les rares carrières où l'on peut encore observer les traces d'extraction de l'époque. Le marbre de Passus-Lupi a fait la renommée du village et la richesse de la vallée. Son exploitation est encore active aujourd'hui.
Carrière brèche de la Pène-Saint-Martin
Brèche Isabelle : Marbre jaune blanc gris, à grandes flaques. On a calculé au XIXe siècle que les Romains avaient extrait de la belle carrière de la Pène-Saint-Martin « 175,389 pieds et 8 pouces cubes d'une superbe brèche fond blanc, taches jaunes, blanches et rougeâtres » [14]
Carrière de Saint-Géry
Carrière de cipolin. Des études archéologiques récentes montrent que cette carrière fut exploitée elle aussi dès l'Antiquité.
Notes
- note communale de Saint - Béat
- http://www.omg-sa.com/index.htm
- Carrières de marbre des Pyrénées centrales. Le point sur la recherche Robert Sablayrolles, Jean-Marc Fabre, Gallia Année 2002, Volume 59 Numéro 59 pp. 61-81
- LATE-ANTIQUE GODDESSES AND OTHER STATUARY AT THE VILLA OF LA-GARENNE-DE-NÉRAC (LOT-ET-GARONNE Revue de Comminges, Volumes 13 ; quelques images ici :
- Le trophée augustéen de Saint-Bertrand-de-Comminges
- Carrières de marbre des Pyrénées centrales. Le point sur la recherche Les techniques anciennes de l'exploitation des marbrières
- Théodore Chateau, Technologie du bâtiment ; spécialement destiné aux ingénieurs, architectes, vol. 2, 1863
- Massettte retrouvée dans la carrière de Rapp I° s.
- Saint-Bertrand-de-Comminges. Protecteur des carrières, comme le dieu Silvain, divinité dont le sanctuaire se trouvait donc dans la carrière de marbre, et qui pouvait protéger toute la montagne et dont le nom, selon A. Simon Esmonde Cleary, signifierait « roc » — et dont le nom semble avoir donné celui de la montagne puisque il contient « Rap » pour Riap, ou « Eri » pour Ari. Un autel avec l'image du bélier. Voir Nony, « Le dieu Erriapus dévoilé », ZPE, Mélanges Pflaum, t. 43, 1981, p. 243-248 sur JSTOR; Site Web : Pyrénées passion, la légende d'Erriape Ces autels sont conservés au Musée de
- lire en ligne] Rome in the Pyrenees: Lugdunum and the Convenae from the first century B.C, A. Simon Esmonde Cleary page 10" Pyrénées romaines: essai sur un pays de frontière (IIIe siècle av. J.-C.-IVe ... Par Christian Rico pages 266 267 M. Labrousse, Un sanctuaire rupestre gallo-romain dans les Pyrénées, Mélanges Picard, Paris et, B. Sapène, et [
- Musée de Saint-Bertrand-de-Comminges
REDITV. PETRONIJE
MAGNAE. FORTV
NATVS. ACT. ARAM
CVM. HOSTIA FECIT
ITEM PRO SALVTE SV
A. ETSVORVM OMNIVM
V. S. L. M
« Autel fut élevé par Fortunatus, en accomplissement d'un voeu à Jupiter très-bon et très-grand, pour la conservation ou la santé et le retour de Petronia Magna, et aussi pour la conservation de Fortunatus et de tous les siens. »
On pouvait y lire par exemple, gravé dans le marbre d'un autel, ces lignes : PRO SALVTE ET- Camille Frontigne Nicole Daspet
- Musée de sculpture antique et moderne, Frédéric Clarac (comte de), 1841
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Les Marbres blancs des Pyrénées - Approches scientifiques et historiques, brochure éditée par le Conseil général de Haute-Garonne, 1995.
- La Carrière du marbre de Pujo de Gery Commune de Saint-Béat (Haute-Garonne),, Fabre J.-M.;Revue de Comminges, ISSN 0035-1059,Congrès : Rencontres Archéologiques en Comminges,1999, vol. 115, no 3 (148 p.) pp. 417-426.
- Histoire de Saint-Béat et de ses carrières de marbre'', Les Troubadours de Comminges, Folklore de France, ISSN 0015-5918, 2000, vol. 49, no 265, pp. 5-10.
- Recherches récentes sur les carrières antiques de Gaule. Bilan et perspectives Robert Sablayrolles, Jean-Claude Bessac, Gallia, Année 2002, Volume 59, Numéro 59, pp. 175-188
Bibliographie détaillée sur le marbre de Saint-Béat et Erriapus
- Rodriguez, Laëtitia, Les autels votifs du musée Saint-Raymond, musée des antiques de Toulouse, Toulouse : Musée Saint-Raymond, musée des antiques de Toulouse, 2008 (285 p.) Autre forme du titre Exposition : Marbres, Hommes et Dieux, vestiges antiques des Pyrenées centrales", Toulouse, Musée Saint-Raymond, 5 juillet 2008-1er mars 2009. - Bibliogr. p. 271-283. Notes bibliogr. Index.ISBN 2-909454-26-6
- Métamorphisme et métamorphoses, essai d'identification d'un atelier de taille : les marmorarii de Saint-Béat, Schenck, Jean-Luc, 1995 in : Entretiens d'archéologie et d'histoire
- Le Dieu Erriape et les isotopes stables : les carrières antiques des Pyrénées, entre terrain et laboratoire, Fabre, Jean-Marc, Sablayrolles, Robert
- Entretiens d'archéologie et d'histoire, 1995. Un ensemble de sculptures de la villa romaine de Chiragan, œuvre de sculpteurs d'Asie mineure, en marbre de Saint-Béat ? / Marianne Bergmann
Publication : 1995 . p. 197-205, N° thématique : Les Marbres blancs des Pyrénées,- 1995- Extr. : Entretiens d'archéologie et d'histoire, 2, p. 197-205
- De la carrière au sanctuaire : à propos de quelques autels votifs de Saint-Béat , Van Andringa, William. 1992 . RComminges (Revue de Comminges et des Pyrénées centrales - Saint-Gaudens), ISSN : 0035-1059
Liens externes
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