- Saint-Pé-d'Ardet
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Saint-Pé-d'Ardet
Vue généraleAdministration Pays France Région Midi-Pyrénées Département Haute-Garonne Arrondissement Arrondissement de Saint-Gaudens Canton Canton de Barbazan Code commune 31509 Code postal 31510 Maire
Mandat en coursPatrick Rival
2008-2014Démographie Population 132 hab. (2007) Densité 38 hab./km² Géographie Coordonnées Altitudes mini. 575 m — maxi. 1 001 m Superficie 3,47 km2 Saint-Pé-d'Ardet (en gascon, Sent-Pèir-d'Ardet) est une commune française, située dans le département de la Haute-Garonne et la région Midi-Pyrénées.
Ses habitants sont appelés les Saint-Péens.
Sommaire
- 1 Devise, surnom et blason
- 2 Géographie
- 3 Histoire
- 4 Animations
- 5 Administration
- 6 Démographie
- 7 Lieux et monuments
- 8 Personnalités liées à la commune
- 9 Voir aussi
- 10 Notes et références
Devise, surnom et blason
- Devise : Comme chaque village des Frontignes, Saint-Pé-d'Ardet a ce que l'on pourrait appeler une "devise", sous forme d'aphorisme censé représenter l'état d'esprit ou un caractère des habitants du village : « Saint Pé, un clau en pe » que l'on peut traduire pas « Saint Pé, un clou dans le pied ». Comme toutes ces "devises", elles sont différemment interprétées : si les Saint-Pé-d'Ardet veulent y voir un amour profond et éternel pour leur village (ils auraient un pied cloué à Saint-Pé-d'Ardet et il ne pourrait bouger que leur autre jambe : allégoriquement, le Saint Péen reste toujours attaché à son clocher et y reviendra forcément), les autres habitants des Frontignes aiment faire dire à l'aphorisme que les Saint-Pé-d'Ardet sont feignants, et n'aiment pas travailler. La devise du village voisin d'Antichan-de-Frontignes est "Antichan, tripas neras, nas de can", "Antichan, tripes noires, nez de chien"; et celle de Lourde-en-Frontignes est "Lourda, esclopas surdas", "Lourde, sabots sourds"...
- Surnom : De la même manière, chaque village avait un surnom pour désigner ses habitants : les Saint-Péens sont, et surtout étaient, surnommés « eras cholas » (prononcé « tcholos »), mot patois désignant les grenouilles, à cause du lac et des nombreuses grenouilles qui chantent dans ses nénuphars. Les habitants d'Antichan-de-Frontignes, village limitrophe, sont surnommés, eux, "eras hormigas", mot patois désignant les fourmis. Et ceux de Lourde, en accord avec leur devise, sont "eths esclops", les sabots !
- Nom du village : Le nom en gascon du village est Sent Pèr d'Ardet... Il n'est pas sûr que ce soit le nom originel du village. Il ne reste que peu d'informations sur le nom du village, mais on sait qu'il s’appelait Ardres, au XVIIe siècle, d’après les Mémoires du marquis de Chouppes (« Le roi [Louis XIII] étoit parti de Narbonne lorsque j’y arrivai. Je ne le rejoignis qu’à Ardres » [note postérieure : « Saint Pé d’Ardet, canton de Saint-Bertrand-de-Comminges, arrondissement de Saint-Gaudens, département de la Haute-Garonne »].
- Blason : Le blason de la communauté des habitants de Saint-Pé est tiercé en fasce de sinople, d'or et de gueules, c'est-à-dire : vert, or et rouge. Ce blason est celui non pas d'un noble (en l'occurrence ce n'est pas celui du Baron d'Agieu, propriétaire de Saint-Pé-d'Ardet au XVIIIe siècle), mais celui de la Communauté d'Habitants, entité politique, sociale et administrative caractéristique de l'Ancien Régime.
Géographie
Située au pied des Pyrénées et du col des Ares dans le Comminges, à 18 km au sud de Saint-Gaudens, la commune est proche de Saint-Bertrand-de-Comminges, de Bagnères-de-Luchon et de Saint-Béat. La "micro-région" autour de Saint-Pé-d'Ardet est appelée « Les Frontignes », elle englobe neuf villages (Saint Pé d'Ardet, Génos, Malvezie, Antichan de Frontignes, Lourde, Mont de Galié, Galié, Ore et Frontignan de Comminges).
Traditionnellement le territoire aux alentours du village (prairies, forêts...) a été divisé en vingt zones qui ont hérité de leurs noms gascons et qui sont : La Léougé, Le Camon, Le Cot de Bellan, Le Marret, Le Santuc, L'Aouach, Nougarros, L'Encla, Layouas, Roumagayrolles, Gélos, Les Cabanes, Lacome, Lacomany, La Vigne, Vignaux, Le Bergerous, Le Vignet, Pé d'Estaing et Lacaho.
Histoire
Grâce à son bon positionnement favorable (altitude modérée : 600 m, protégé du vent …) mais aussi grâce au point d'eau, le lac, les hommes se sont installés à Saint-Pé-d'Ardet, mais de manière plus générale dans les Frontignes. Au fil des siècles, les hommes s'installent et construisent des édifices que l'on peut encore voir.
Saint-Pé-d'Ardet à la Préhistoire
La présence de Magdaléniens (12 000 avant J.-C.) à Saint-Pé-d'Ardet est attesté par la découverte de silex taillés, sagaies à double biseau, poinçons, grattoirs dans les grottes du Bouchet et de Tarride (aujourd'hui conservés dans des musées).
Saint-Pé-d'Ardet à l'époque gallo-romaine
La topographie du site a de grandes analogies avec celle du Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) : un éperon rocheux avec des pentes escarpées, donc facile à défendre. L'archéologie a permis de retrouver un grand nombre de réemplois gallo-romains de grande taille et de pièces en grande qualité, qui permettent d'affirmer que sur le parvis actuel de l'Église devaient s'ériger au Ier siècle av. J.‑C., un temple, un oppidum et un forum. Les auges cinéraires et les colonnettes, extraites du parvis de l'église Saint-Pierre, témoignent de cette époque. A cette période, Saint-Pé-d'Ardet est une ville commerçante, ce que nous prouvent des pièces en or de Tibère (+ 14 à + 37 apr. J.-C.) et en bronze de l'empereur Claudius (268 à 270 apr. J.-C.). Mais Saint-Pé était aussi un lieu religieux, où l'on vénérait principalement les dieux pyrénéens.
Sur la commune ont été retrouvés de nombreux autels votifs prouvant un culte local aux dieux :
- Artahe (ou Artehe ou Arte; qui donnera le nom du village) :
Pour l'instant, cinq inscriptions ont été découvertes sur la commune de Saint Pé d'Ardet, et on retrouva un autel votif dans la commune voisine de Lourde ; ce qui laisse supposer la proximité d'un grand sanctuaire dédié au dieu pyrénéen (c'est un culte très local ; tous les autels votifs dédiés à Artahe ont été retrouvés autour de Saint Pé d'Ardet, un seul fut découvert à Ourde). Concernant la fonction du dieu, aucun document ne nous permet de la définir réellement (plusieurs hypothèses ont été émises et transmises par la tradition orale : ce serait non pas un dieu, mais une déesse ; elle possèderait un corps d'homme mais une tête d'ours et serait la déesse protectrice du lac, des eaux, des sources ; et par là même de la fécondité et de l'agriculture)[1]. La seule donnée qui semble être sérieuse à propos d'Artahe est sa signification étymologique : en effet, le nom du dieu se rapproche du basque « Artz » ou du gaulois « Artus », qui tous deux signifient « Ours ».
Inscription Latine Traduction ARTEHE DEO BONNEXIS AMANDI F(ILIUS) V.S.L.M Au dieu Artahe, Bonnexis, fils d'Amandus, s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit DEO ARTEHE L.P PAVLINIANI Au dieu Artahe De Lucius Pompeius Paulinianus ARTAHE LANTIST SYNTROPVS V.S.L.M Au dieu Artahe, L. Antistius Syntropus s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit LEXEIA ODDANNI F(ilia) ARTEHA V.S.L.M Lexeia, fille d'Odannus à Artahe s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit ARTAHE DEO RVFONVS V.S.L.M Au dieu Artahe, Rufonus,s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit - Abellio
Si Artahe semble être un dieu local, Abellio lui semble avoir été un des dieux les plus importants et les plus vénérés dans le Comminges et dans les Pyrénées de manière générale. Cependant, on n'en connait ni les attributs ni la fonction non plus. Abellio fut l'un des tout premiers dieux pyrénéens à être connu des historiens : on s'interrogea sur l'étymologie d'Abellio. Les érudits le rapprochèrent du « crétois » ἀβέλιος, abelios, le Soleil. Ils affirmèrent que l'Abellio pyrénéen, le Belenos gaulois et l'Apollon gréco-romain n'étaient qu'une seule et même divinité : c'était pour eux l'Apollon des Gaulois dont parlait Jules César. Cette théorie que certains réfutent semble pourtant vérifiée par les auges cinéraires que l'on trouve sur le parvis et dans l'Église du village sur lesquelles sont sculptées des roues solaires, motifs récurrents dans ce genre de monuments, qui témoignent bien d'un culte solaire important[2].
- Idiatte
Là non plus, aucune indication claire sur le rôle de ce dieu. L'épigraphe laisse supposer soit que c'est un dieu guérisseur, thaumaturge (puisque Pompeia Paulinias demande qu'il protège et garde en bonne santé la famille de son ancien maître) soit que c'est un dieu particulièrement vénéré par les esclaves affranchis (puisque Pompeia Paulinias est une affranchie de Lucius Pompeus Paulinianus) soit un culte lié à une famille en particulier ("Au Dieu Idiatte DE NOTRE Lucius Pompeus")[3].
Inscription Latine Traduction DEO IDIATTE LVC POMPEI PAVLINIANINI L.P PAVLINIAIS PRO SALVTE SVA ET SVORVM FELICITER V.S.L.M
Au dieu Idiatte de notre Lucius Pompeus son affranchie Pompeia Paulinias, demande sa conservation (celle de Lucius)
et des siens avec bonheur
s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit.
La traduction ci-dessus est celle donnée par la Revue du Comminges, cependant elle semble erronée. En effet, selon la grammaire latine, concernant la règle des pronoms réfléchis dans les propositions subordonnées (hésitation entre "ejus" et "suus, a, um") veut que le pronom "suus, a, um" (ici sous la forme "sua" et "suorum") se rapport au sujet de la phrase (ici donc Pompeia Paulinias) - tandis que "ejus" se rapporterait au complèment du nom, Lucius Pomeus Paulinianus) : la traduction orthodoxe serait donc "Au dieu Idiatte de notre Lucius Pompeus, son affranchie Pompeia Paulinias demande sa propre conservation et celle des siens avec bonheur" [ce serait donc un voeu pour l'affranchie et sa famille; et non pour son ancien maître !]
- Garuna
- Les dieux Mânes
Les inscriptions sur les autels votifs dédiés aux dieux Mânes sont très abimées et très lacunaires. Cependant, ce culte n'est pas un culte local mais un culte importé de Rome (civilisation qui l'avait déjà emprunté aux Etrusques). Le terme « mânes » dérive de l'adjectif latin archaïque « manvs » (bon), ce sont donc les « Dieux Bons ». Les inscriptions funéraires romaines comportent fréquemment une dédicace aux dieux Manes associés au défunt : "DIIS MANIBVS", ou, en abrégé "D. M". Leurs fêtes à Rome, et peut être dans l'Empire entier, (les Parentalia et les Feralia) se célébraient au mois de février. Du 13 au 26, les affaires chômaient et les temples étaient fermés ; on décorait les tombes avec des violettes, des roses, des lys, du myrte, et l'on y déposait des nourritures variées. Virgile emploie régulièrement le mot "Manes" dans ses poèmes et lui donne une sémantique très large et variée; en effet ce mot peut désigner entre autres un mort déterminé, le séjour profond des morts, la destinée des morts aux Enfers, les divinités infernales (opposées aux divinités d'en haut), le groupe des ancêtres d'une famille ou les âmes des morts en général.
Inscription Latine Traduction .....-BUS .....M.........V.S.L.M Aux Dieux Montagnes ................ s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit D M ........ Aux dieux Mânes.... - Jupiter
D'autres cultes ont été importés de Rome, et celui qui a le plus prospéré dans les Pyrénées et dans le Comminges est surement celui du Père des Dieux, celui de Jupiter, le Grand Dieu de la religion greco-romaine.
Inscription latine Traduction I O M SABINIANVS SER ACTOR PAVLINIANIN V.S.L.M A Jupiter très bon et très grand, Sabinius, esclave intendant (du domaine Saint Péen), de notre Paulinianus
s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit
- D'autres autels votifs sont trop endommagés pour savoir à quel dieu ils étaient adressés
Inscription Latine Traduction FABIVS V.S.L.M Fabius s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit DEO ALCIMVS V.S.L.M Au dieu .... Alcimus s'est acquitté de son vœu, de bon gré, comme il se doit Saint-Pé-d'Ardet à l'époque paléochrétienne
Sur le temple gallo-romain, fût construit une église paléochrétienne (IVe au VIe siècle) dont il reste trois éléments :
- Une vasque baptismale se trouvant dans le parvis
- Le chrisme dans la partie gauche de la porte
- La colonne romane soutenant la tribune.
Saint-Pé-d'Ardet au Moyen Âge
Sur la période du Moyen Âge, concernant le village de Saint-Pé-d'Ardet, il ne reste quasiment aucun écrit (ni sur papiers, ni même gravé sur du marbre par exemple); on ne peut donc pour s'imaginer ce qu'était le site à l'époque que se fier aux objets ou bâtiments qu'il reste de cette période.
L'église Saint-Pierre fut construite au XIe siècle.
C'est le point le plus haut du centre du village. L'église se trouve à 614 mètres. Elle est entourée de remparts dont quelques vestiges subsistent.
L'emplacement actuel fut toujours un lieu de culte : Cette église est un amoncellement d'architecture : à l'intérieur, il y a des monuments gallo-romains aussi bien que mérovingiens ou encore de l'époque contemporaine. Il y a notamment le couvercle d'un sarcophage mérovingien appartenant à Saint-Seurin de Bordeaux. En réalité, ce que beaucoup ont pris pour un couvercle de sarcophage n'est en fait qu'un côté (la décoration végétale - vignes notamment - ainsi que le Chrisme - symbole des premières communautés chrétiennes - laisse penser que c'est la face latérale d'un sarcophage paléochrétien, Ve-VIe siècles, période à laquelle sont attestés les premiers chrétiens dans les Pyrénées Centrales, suite à l'évangélisation de Saint Saturnin). On retrouve gravé sur un marbre assez foncé (gris) en bas-relief : un chrisme (symbole du Christ dans la religion primitive), ainsi que des motifs floraux et végétaux (grappe de raisins notamment), mais aucune représentation du défunt, ou du Christ ou d'un Saint. Mais on retrouve aussi des modillons de l'époque mérovingienne au-dessus de la fenêtre de la tribune, ou encore en bas des arches de la voûte de la nef. Deux corbeaux soutiennent aussi la grande arche cachait par la tribune, et un autre corbeau plus abîmé soutient une partie de la tribune.
À l'intérieur des fresques ornent le chœur, elles sont datées du XIVe siècle. Voir Section Fresques de cet Article.
Le trésor du village était composé de nombreux objets dont seulement quelques-uns sont encore dans l'enceinte du village : le reliquaire, la croix processionnelle, les différentes statues et certains autels votifs gallo-romains...
- Le reliquaire est la pièce principale du trésor; il contient les reliques des saints Paul, Simon, Thomas de Cantorbéry, de Barthélemy, Ferréol, Gordien et de sainte Marine. Le reliquaire renferme d'autres reliques dont les inscriptions sont effacées ou perdues, parmi lesquelles figure peut-être un morceau de la vraie croix. Le reliquaire contient de nombreux "mini-reliquaires" contenant chacun une dizaine de reliques : il contient plus de 70 reliques. Beaucoup n'ont pas été identifiées car les inscriptions sont illisibles. Le reliquaire est orné de peintures du XIIe siècle (peintures florales et naïves) et du XVe siècle (période de la mort de certains saints dont le reliquaire contient les restes) mais elles se dégradent de plus en plus...
- La croix processionnelle du début du fin XIIIe - début XIVe siècle (datation incertaine) fut offerte à Saint-Pé-d'Ardet par le Pape Clément V, qui appréciait le village où il avait passé quelques étés alors qu'il été évêque du Comminges, à l'époque où Saint-Pé-d'Artet était une des résidences d'été de l'Épiscopat de Saint Bertrand de Comminges. Cette croix est d'une beauté et d'une conservation quasiment unique (jamais retravaillée ou restaurée depuis sa fabrication), l'émail repoussé est intact... On retrouve sur la face de la croix, un Christ en croix qui a la particularité de porter une couronne (ce qui confirmerait la datation puisque, même si elles sont rares, les représentations du Christ couronné sur la croix, datent généralement d'entre le IXe et le XIVe siècle, avec un "pic de production" au XIIIe siècle)[4], petit par rapport à la croix, mais très raffiné. Aux trois extrémités supérieures de la croix processionnelle, ont été insérées trois bulles de verre dans lesquelles étaient déposées les reliques lors des processions... De l'autre côté, est représenté le tétramorphe, ou les quatre vivants (Ange, Aigle, Boeuf et Lion représentants les quatre évangélistes). Lors de la dernière ostentation de la croix (26 décembre 2010), des inscriptions grecques - jusque là non remarquées - sont découvertes dans les phylactères entre les pattes du Lion et du Boeuf, inscriptions qui, du fait de l'écriture onciale (non traditionnelle), n'ont pas encore été traduites.
- La Vierge à l'Enfant est une statue réalisée dans le style local. Elle fait partie d'un ensemble qui comprend saint Pierre, patron des lieux, et un couple d'anges. La Vierge foule de son pied gauche un dragon noir et de son pied droit un griffon ou un chien. Il semblerait que ces statues faisaient partie à l'origine d'un ensemble qui devait lui même être intégré dans un grand autel (la Vierge ayant le dos creux, il semble impossible que ça ait été par exemple une statue processionnelle; à moins qu'elle n'ait été dégradée que plus tard...).
Selon Gabriel Manière, dans son étude sur les réemplois gallo-romains à Saint-Pé-d'Ardet, d'autres objets constituant le trésor du village, sont enfouis dans le lac qui était à l'époque gallo-romaine un lieu de culte où les Gallo-romains jetaient les trésors de guerre.
Les fresques de l'église
Personne n’est capable de donner une date précise quant à leur création, ni de donner des preuves d’une possible datation… Recouvertes probablement au moment de la Révolution Française, elles ne furent découvertes qu’en 1948… On peut décomposer l’ensemble des fresques en quatre cycles :
- Le cycle de la Naissance
- Le cycle de la Passion
- Le cycle de la Gloire
- Le cycle des Saints
Cycle de la Naissance
Le cycle de l’Enfance est probablement le plus abîmé car c’est le plus bas – donc le plus proche des mains des curieux désirant toucher la texture de la peinture – et surtout parce qu’au XIXe siècle, des ouvertures ont été percées endommageant grandement les scènes (qui étaient alors recouvertes)… Il reste actuellement quatre scènes - mais il est probable en les comparant au récit biblique qu’il en manque (par exemple on pourrait imaginer qu’il manque l’adoration des bergers) – qui n’ont été que partiellement conservées : L’Annonciation, La Visitation, La Nativité et L’Adoration des Mages.
- L'Annonciation : La scène de l’annonciation est une des plus abîmées puisqu’on ne voit plus les visages des personnes… Cependant un indice a subsisté : en haut à droite on aperçoit le buste (le peintre n’a pas représenté de jambes) de l’Ange Gabriel tenant dans ses mains un phylactère où est écrit « mulieribus » (un extrait des paroles dites par l’Ange à Marie : « d’entre les femmes »). En mettant en parallèle la fresque et les représentations traditionnelles, le personnage debout, en tunique rose, à gauche semble inéluctablement être la Vierge… L’Ange Gabriel vient annoncer à Marie qu’elle est enceinte du Fils de Dieu.
- La Visitation : La scène de la Visitation est la plus abîmée de toutes puisqu’il ne subsiste que la partie inférieure… On arrive tout de même à distinguer deux tuniques : une blanche et une rouge. Par la position de la scène (entre l’Annonciation et la Nativité) et par le fait qu’on soit face à deux femmes, on peut facilement déduire que l’épisode représenté ici est la Visitation : Marie, la future mère du Christ, rend visite à sa cousine Elisabeth, enceinte de Jean-Baptiste.
- La Nativité : Bien que mieux conservée que les précédentes, la scène de la Nativité n’en est pas moins « mystérieuse ». Le peintre montre clairement qu'elle se déroule dans une étable, par la représentation « naïve » d’une charpente en bois. On reconnaît la Vierge, debout, priant et ayant les mêmes habits que dans la Visitation. Jésus est très certainement allongé – comme le dit le texte biblique – dans une mangeoire dont un bout a traversé le temps. Mais deux détails restent encore inexpliqués : que représente l’objet qui est devant la vierge ? et qu’y avait-il, à l’origine, à gauche de la scène ?
- L'Adoration des Mages : L’Adoration des Mages est la dernière scène du cycle de l’Enfance et est tout aussi abîmée que les précédentes. Grâce à un bout de la tunique rouge et blanche, on devine que la Vierge était assise à droite de la scène et devait tenir sur ses genoux l’Enfant Jésus. Devant la Vierge, on retrouve trois mages, ou rois mages : le premier, le plus vieux, est agenouillé devant l’Enfant et lui présente son offrande ; un autre, plus jeune, est debout derrière le premier tenant son offrande dans les mains. Il ne reste qu’un bout du corps du dernier à gauche de la scène.
Cycle de la Passion
Le cycle de la Passion est peut être un des mieux conservés – même s'il manque une « bande » en bas de chaque scène (la partie qui se rapproche le plus du cycle de l’Enfance et des vitraux n’a plus être récupérée) Le cycle est entier, il ne manque aucune scène. Il est composé des six scènes « classiques » de la Passion du Christ, c’est-à-dire : L’Agonie au jardin des Oliviers; L’Arrestation du Christ; Le Jugement par Ponce Pilate; La Flagellation du Christ; La Crucifixion et La Mise au Tombeau.
- L'Agonie au Jardin des oliviers : Selon la Bible, alors que Jésus sait qu’il va être arrêté, il part au jardin des oliviers prier avec quelques-uns de ces disciples… Jésus est au centre de la scène, il prie : il demande à Dieu de lui écarter de ses lèvres « ce calice », symbole de sa douleur (représenté ici figurativement par un calice rouge surmonté d’une hostie). Il est entouré de trois de ces disciples : « Pierre et les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean », qui dorment alors que le Christ prie. En fond, par-dessus la palissade, on voit les lances et les hallebardes des soldats qui viennent arrêter le Christ.
- L'Arrestation du Christ : La deuxième scène du Cycle de la Passion reste surement une des plus énigmatique, surtout à cause du nombre de personnages présents et du fait qu'elle ne représente pas un seul évènement, mais qu'elle soit un « mélange » de deux épisodes de l’Arrestation du Christ. Le peintre a rassemblé en effet deux moments de l'arrestation du Christ en une seule scène : La confrontation entre Saint Pierre et Malchus, le serviteur du Grand Prêtre et le baiser de Judas (ou du "Pseudo-Judas") En effet, Saint-Pierre, au premier plan, personnage central, remet son épée au fourreau sur ordre du Christ après avoir tout de même coupé l'oreille à Malchus, représentant des autorités religieuses juives; Jésus accomplira un miracle en guérissant le pauvre serviteur, et en lui faisant repousser son oreille. Si cette partie de la fresque ne pose pas de problème, celle du Baiser du Pseudo-Judas, elle reste toujours non entièrement décryptée. En effet, il est difficile d'identifier tous les personnages, et surtout la symbolique de leurs représentants. Le « mystère » plane avant-tout autour de Judas… Ont été représentés au moins deux soldats (au centre), un doute plante sur le personnage à l'extrême-droite, barbu, qui semble être un soldat (par son casque), mais porte la barbe contrairement aux autres (les seuls seraient peut-être les romains et lui juif ? un représentant/garde du Grand-Prêtre du Temple ?); on devine la présence de nombreux autres soldats grâce aux lances, hallebardes et autres armes en arrière-plan : tous sont venus arrêter le Christ… Mais il semble que cette fresque ait une symbolique, beaucoup plus complexe, incompréhensible si on ne se replace pas dans le contexte politico-religieux du Bas Moyen-Âge. On pourrait en effet sous-titrer la fresque : Les détails "ambigus" ou le Mystère des Responsables : Ici, il faut observer tous les détails et la symbolique des objets et des couleurs. Malchus, le serviteur du Grand Prêtre, est roux : or au Moyen Âge, le roux est la couleur des traîtres (dans de nombreuses représentations, Judas est roux) donc le clergé juif serait responsable de la mort du Christ; deux autres symboliques peuvent-être dégagées : il pourrait représenter les "cagots" (groupe social exclu et détesté dans les Pyrénées, fait d'un agglomérat d'étrangers : gens de l'est, juifs, musulmans, malades, lépreux... dont on disait qu'il était blond, avec les yeux clairs) ou encore peut être les Albigeois (Latran IV s'attarde en effet sur le sorte de ces hérétiques). Le "soldat" (qui n'a cependant pas de casque, est-ce réellement un soldat ?) qui sonne le cor pour appelé des renforts a la tête ceinte d’un tissu blanc. Il est représenté en « maure », donc les musulmans seraient aussi responsables de la crucifixion du Christ (Pourquoi ? Bien que l’Islam n’existait pas à l’époque de Jésus, au Moyen Âge il existait et représentait une menace contre le Christianisme – l’Espagne en est l’exemple le plus flagrant – par conséquent les chrétiens se devaient de le combattre (Croisades et Reconquista), d'autant plus que le Concile de Latran III (1179), dans le canon 24, interdit de fournir des armes aux sarrasins sous peine d'excommunication, exclusion des sarrasins confirmé par le concile de Latran IV (1215). Mais le personnage le plus énigmatique reste celui qui embrasse le Christ. Pourquoi n’est-ce pas Judas ? Il a un visage extrêmement féminin (argument à demi-convaincant, on se souviendra que dans la Cène de Léonard de Vinci, Saint Jean est efféminé aussi). Il prend dans ses bras le Christ, comme si c’était un geste affectif. Il a la tête ceinte d’une auréole, ce serait donc un saint (or l’Église ne voit en lui qu’un traitre ou un corrompu; jamais Judas n'est représenté avec une auréole, dans quelque image que ce soit) Qui est le personnage qui embrasse le Christ alors ? Un disciple ? Possible mais ça ne peut être ni Pierre (qui est représenté à côté), ni Jean ni Jacques (puisque ce personnage ne ressemble à aucun de ceux représentés dans l’Agonie au Jardin des Oliviers); une femme peut être ? Marie-Madeleine ? Mais pourtant, il est peu probable que l’artiste n’ait pas représenté Judas. En regardant de plus prêt, à gauche du Christ, le peintre a dissimulé un personnage qui pourrait bien être le traitre (d'autant plus qu'il porte un bonnet pointu, signe distinctif obligatoire pour les juifs, considérés comme traitres, depuis le Concile de Latran IV). Cette fresque peut donc être vu comme une sorte d'application à l'art des décisions ecclésiastiques du Concile de Latran IV, ce qui permet de donner un élément de datation : les fresques ne peuvent pas être antérieures au XIIIe siècle.
- Le Jugement par Ponce Pilate : La scène se passe cette fois ci à l’intérieur du prétoire (on le voit au carrelage au sol). Jésus a déjà été conduit devant le Grand Prêtre et il est livré maintenant à l’autorité romaine pour qu’il soit jugé… Le Christ est au centre de la scène, il a les mains liées et est encadré par deux gardes qui le tiennent et ne lâchent pas la corde qui immobilise les mains de Jésus. La scène représentée illustre les célèbres paroles de Ponce Pilate : « Je me lave les mains du sang de cet innocent » (on est donc après l’Ecce Homo). Il reste encore un personnage à identifier ? Qui est le personnage entre Pilate et un des soldats ? S'il a souvent été identifié à Saint Pierre, c'est à tort car il n’a ni auréole et les textes bibliques n’attestent pas de sa présence chez Ponce Pilate… Un détail permet d'affirmer que c'est un simple serviteur du préfet romain : la carafe qu'il tient à la main gauche, avec laquelle il remplit le récipient dans lequel Pilate se lave les mains. Il semblerait qu'il soit assis, il a du moins les jambes croisées, position incongrue quand on se tient debout.
- La Flagellation du Christ : Au Moyen Âge, on considérait plus horrible et plus effrayante la scène de la flagellation que celle de la crucifixion (c’est pour cela qu’elle est représentée au centre de l’ensemble des fresques, en rentrant dans l’église, notre attention est attiré par cette scène). Le Christ est au centre, dévêtu (ayant pour seul vêtement un pagne blanc), squelettique, souffrant, les mains et les pieds liés à un poteau en bois. Deux soldats le flagellent, avec des fouets à trois lanières, et vérifient surtout qu’il n’est pas mort… La flagellation étant une punition et non une méthode d’exécution…
- La Crucifixion : C’est peut être la scène qui respecte le plus la tradition des représentations, puisqu’elle est réduite à l’essentiel. Le Christ est crucifié, il a déjà pris le coup de lance, il est donc mort. On retrouve autour de la croix, la Vierge à gauche et Saint Jean – et son évangile – à droite. Il est tout de même à noter que bien que ce soit ici effacé, sur le « titulus », il n’y avait pas écrit le traditionnel « INRI » mais « IDRI ». Deux interprétations sont avancées : Ou bien le « D » pourrait être l’initiale de DEI, ce qui donnerait (si on considère que le « filius » a été volontairement enlever pour simplifier) « Jésus, Fils de Dieu, et Roi des Juifs » Ou alors le "D" serait l'initiale de "Dux", ce qui ferait de Jésus le "Chef des Juifs", légèrement nuance...
- La Mise au Tombeau : Ultime scène du cycle de la Passion du Christ, elle est quasiment complète : seule l'inscription qui était gravée sur le tombeau a disparu. Le Christ est mort, il est allongé dans son linceul sur un tombeau de pierre. Joseph d’Arimanthie et Nicodème recouvrent le corps avec le linceul. Derrière le tombeau, quatre saintes femmes assistent à la mise au tombeau du Christ : sa mère (au centre en noir), Marie-Madeleine à droite vérifie si le Christ est mort, et deux autres femmes. Saint Jean est aussi présent, tenant toujours de sa main gauche l’Evangile qu’il est en train d’écrire…
Cycle de la Gloire
- Le Pantocrator : représentation artistique de Jésus Christ « en majesté » par opposition aux représentations plus humaines du Christ souffrant la passion sur le crucifix, ou celle de l'enfant Jésus. Il s'agit d'une représentation eschatologique, Jésus-Christ étant alors considéré comme le juge du jugement dernier. L'adjectif, venu du latin pantocrator, lui-mème du grec παντοκράτωρ, signifie « tout puissant ». Il est représenté dans une mandorle (bien qu’ici ce soit un losange, et non pas une « amande » comme le veut l’étymologie italienne), assis sur le monde. Il bénit de sa main droite, à trois doigts, et tient avec sa main gauche un globe sur son genoux gauche. Mais il n’a rien à voir avec les Pantocrators classiques, puisqu’il est représenté âgé… Le Christ Pantocrator est entouré du tétramorphe (aussi appelé « quatre vivants »).
Les Pères de l’Église ont attribué à chacun des évangélistes un de ces quatre « êtres vivants » en fonction de l’incipit de leur écrit.
- Le Taureau : symbole de Luc, étant donné que Luc, après une dédicace à Théophile (Lc 1-4), commence ainsi le corps de son évangile : "Il y eut aux jours d'Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d'Abia"... (Lc 1, 5). Le prêtre fait un sacrifice au Temple or le taureau , ou le veau, est l'animal emblématique du sacrifice. Il est donc devenu le symbole de l'évangile selon Luc.
- Le Lion : symbole de Marc, puisqu’il commence ainsi son évangile : "Commencement de l'Évangile de Jésus, Christ, fils de Dieu. Selon qu'il est écrit dans Isaïe le prophète : "Voici que j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur ..." (Mc 1, 1-3). La voix qui crie dans le désert est celle d'un lion, symbole de l'évangile selon Marc
- L'Homme : symbole de Matthieu, puisqu’il ouvre son évangile par la généalogie légale de Jésus, celle qui comprend Joseph, mais en précisant la filiation biologique par Marie : "Livre de la genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham : Abraham engendra Isaac ..." (Mt 1, 1-2). L'homme représente l'évangile selon Matthieu
- L'Aigle : symbole de Jean car il débute son évangile par un prologue sur le mystère céleste, sur le Verbe, la voix venue du ciel – qui a été représenté allégoriquement par un aigle… Pour approfondir, il est a noté que les quatre Vivants rassemblés ont une autre signification que de représenter les quatre évangiles : ils résument à eux quatre les quatre moments essentiels de la vie du Christ. Le Verbe de Dieu s'est incarné (l'homme), il a été tenté au désert (le lion), il a été immolé (le taureau) et il est monté au ciel (l'aigle).
Cycle des Saints
Rien de particulier n’est à remarquer sur ce cycle, qui a été peint dans une arcade et non pas dans le cul de four comme le restes des fresques… Si on devait trouver un point commun à tous ces saints, c’est surement que ce sont des évangélisateurs : ils sont tous partis dans le bassin méditerranéen pour prêcher la parole de Dieu… On y retrouve : Paul, Pierre, André et Jacques[5].
Ce cycle, jusque là considéré comme secondaire (par sa taille et sa position, en dehors du chœur), a été récemment étudié d'un peu plus prêt et les identifications remises en doute. Si les personnages de Saint Paul et de Saint Pierre ne font aucun doute (attributs reconnaissables et qui leur sont exclusifs : la clé pour Saint Pierre; l'épée pour Saint Paul), les deux autres font l'objet de plusieurs hypothèses nouvelles :
- Le Pseudo Saint André pourrait être aussi Sainte Catherine d'Alexandrie ou encore plus probablement Sainte Eulalie de Barcelone (dont le nom gascon est Sainte Auraille, nom de la Chapelle du village, lieu de culte attesté au XVIIe, et dont l'existence est plus ancienne) qui ont toutes deux étaient crucifiées sur une croix en X.
- Le Pseudo Saint Jacques pourrait être aussi Saint Roch, hypothèse probable si on considère que le culte de ce saint était ancré dans la région (et notamment à Génos, village voisin), il suffirait de pouvoir distinguer le bas de la fresque (s'il y avait un chien ou un bout de pain, ce serait Saint Roche et non Jacques).
La Chapelle Sainte Auraille (XIXe siècle)
Au cours de n’importe quelle conversation sur Saint Pé d’Ardet, vous entendrez au moins une fois parler de l’Église Saint Pierre ou du lac ; mais il est rare qu’on vous parle de la Chapelle Sainte-Auraille, et pourtant son histoire est toute aussi intéressante – parce que très lacunaire - voire peut être plus intime avec celle des Saint Péens.Une sainte protectrice inconnue
Il n’existe nulle part dans un texte chrétien de mention d’une Sainte Auraille. Mais il existe deux hypothèses pouvant expliquer le nom de la chapelle :
- La première (la moins probable) avance qu’Auraille serait une déformation de « Arraille » mot gascon désignant un ravin, un éboulis, un précipice (mot basé sur la racine indo-européenne « -arr » (pour les puristes : kʰar) « pierre »). Cette hypothèse se justifierait par le fait que le terrain soit rocheux et que la chapelle ait été construite sous les falaises de Tarride.
- La deuxième est surement la bonne du fait qu’elle soit linguistiquement justifiée. Elle fait découler le nom de la chapelle de Sainte Eulalie de Barcelone (289-304), vierge martyr née à Barce-lone crucifiée sur une croix en X (qui pourrait d’ailleurs être représentée dans les fresques de l’Église qui au plus tard daterait du XVe siècle). L'importante transformation phonétique s'explique par : une hypercorrection : Eulalia > *Ellalia, le traitement, régulier en gascon : ella > era et alia > aljɵ (mouillure du l), l'assimilation du e en a : Eraljɵ > Araljɵ.
La Chapelle actuelle : construction et anecdotes
En 1855, l’épidémie de choléra sévit dans la région, et fait une cinquante de victimes (pour une population de 600 personnes…) à Saint Pé d’Ardet en deux mois… La Chapelle fut construite en 1857 par les habitants du village, conseillés et soutenus par l’Abbé de Rap, en remerciement à la Vierge, et à Sainte Eulalie, pour avoir protégé le village du choléra (ce fut un des villages de la région les moins touchés…). Un chemin de croix de quatorze « chapellettes » précède la chapelle et se termine par une grande croix qui à l’ origine était entourée des croix des deux larrons et de quatre statues (la Vierge, Saint Jean, Sainte Marthe et Sainte Madeleine) qui ont aujourd’hui quasiment disparues… La légende veut que chaque « grande » famille de Saint Pé se soit vue attribuée la garde d’une « chapellette » en l’échange de leur participation (ou manuelle ou financière) à la construction du lieu de culte. Le seul véritable témoignage « littéraire » que nous ayons de la Chapelle date d’une cinquantaine d’années après la bénédiction de la Chapelle (vous remarquerez d’ailleurs que le site n’a pas réellement changé…) :
« Tout d'abord, il conviendra de faire une première pause sur le mamelon du Calvaire. Quatorze petites chapelles d'un modèle uniforme, représentant les stations du chemin de la croix, sont coquettement assises sur le versant du monticule. Un chemin gazonné, ombragé de platanes, zigzague entre ces édicules et conduit à un édifice plus vaste, à une véritable église qui couronne le faîte et est dédiée à Notre Dame de Ste-Auraille. Non loin de là, se dresse une croix monumentale, supportant un Christ plus grand que nature, tout affaissé sur le côté droit et la tête pesamment inclinée, une véritable œuvre d'art, bien différente de la banalité ordinaire de ces sortes de monuments. A ses pieds se trouvent les statues colossales des Saintes Femmes. Pauvres statues ! Elles ont été bien maltraitées par les injures du temps, et d'eux d'entre elles sont à peu près réduites en pièces. De celles qui restent intactes, l'une est debout « Stabat mater », l'autre à genoux, dans une pose touchante d affliction et d'extase. La beauté de ce calvaire, lequel est, dit-on, à peu près unique en France, dans ce genre, le charme du paysage, l’ombre épaisse fournie par le large feuillage de ces arbres hospitaliers, tout captive et retient le visiteur.'' »[6]
L'intérieur de cette chapelle est très simple : une tribune à deux étages (menant au clocher et à son unique cloche), le chœur et le plafond sont peints en bleus et sont étoilés, dans le chœur on retrouve de nombreux « ex-votis» et surtout la statue de la Vierge au centre. La particularité de cette chapelle est peut être qu’il n’y a aucun saint représenté, ce ne sont uniquement que des femmes : Sainte Jeanne d’Arc, Sainte Germaine, Sainte Thérèse… Sur les murs, on retrouve une fois de plus les scènes de la passion du christ dans des cadres en verre… L’autel est adossé au chœur, le prêtre faisait donc la messe dos aux fidèles et est séparé du reste de l’église par une petite rambarde… Il reste encore sous la tribune une photo de l’Abbé de Rap, fondateur de la Chapelle et premier enterré au nouveau cimetière de Saint Pé d’Ardet. Jusqu'à 1960, des processions étaient organisées à la chapelle, avec les retraites aux flambeaux. Et la fête la plus prestigieuse était celle du brandon, équivalent commingeois du feu de la Saint Jean, où tout le village montait par le chemin de croix, avec des « brandounets » (petites torches), pour aller voir brûler « eth hart » (nom gascon du brandon).
Une Chapelle plus ancienne ?
Récemment une nouvelle hypothèse a vu le jour à Saint Pé d’Ardet : l’actuelle chapelle aurait été construite sur un lieu de culte en ruines. Concrètement, il n’y a aucun document ni aucun témoignage qui appuie cette thèse (du fait qu’aucun document concernant la construction de la chapelle ne nous soit parvenu, tout n’est que tradition orale…). Le seul argument en faveur de cette théorie est une pierre gravée incluse dans le mur d’une maison situé à l’angle de la route principal et du Coustalach (ruelle desservant la chapelle). On retrouve gravés sur cette pierre trois croix (deux crois en « tau » entourant la croix latine, rappelant explicitant la croix du Christ et celles des deux larrons) et un chiffre : 1657… Ce chiffre est la clé du mystère : est ce une date ? et si oui à quoi correspond-elle ? est ce le nombre de pas séparant la fameuse pierre et la chapelle ? (ce qui prouverait l’existence d’une chapelle antérieure…). Nous n’avons aucun certitude… D’après les partisans de cette thèse, cette pierre serait une plaque indicatrice de la chapelle primitive ou du calvaire qui lui était associé : ce site correspondrait avec celui de la Chapelle des Cinq-Plaies-de-Notre-Seigneurs-Jésus-Christ fondée en 1501 par le chanoine archidiacre Pierre de Salefranque…
Une renaissance ?
Pendant longtemps, Saint Pé d’Ardet n’était connu que pour son église et ses fresques et les villageois eux-mêmes voyaient la Chapelle comme un lieu archaïque et laissé à l’abandon… Mais depuis maintenant quelques années, la Chapelle et son Calvaire - jusque là alors presque abandonnés et envahis par la nature – sont régulièrement nettoyés et entretenus par les villageois, qui voient en eux un lieu d’intérêt supplémentaire au village… En ce qui concerne les bâtiments en eux-mêmes (toitures, peintures, murs…), l’entretien ne peut être fait par des bénévoles et nécessiterait un investissement colossal… La municipalité, quant à elle, fait de son mieux pour entretenir le site à travers de petits travaux : récemment le Christ de la Chapelle a été entièrement poncé et repeint, l’Atelier Vitrail du foyer rural et une bénévole – avec le soutien financier de la commune – refont un « vitrail-tympan » (l’original ayant été vandalisé il y a quelques années…). La preuve la plus frappante de la « renaissance » de cette chapelle est surement le brandon. Equivalent du feu de la Saint Jean dans le Comminges, c’est un tronc d’arbre d’une dizaine de mètres (souvent du sapin ou du hêtre) entièrement fendu et dressé à la verticale. Comme nous l’avons dit plus haut, il a été longtemps brûlé à côté de la croix du calvaire, avant d’être brûlé au Pré Communal, plus près du village… Et depuis 2008, les villageois ont décidé non pas de redéplacer le brandon mais d’en faire un second pour la fête de la Chapelle (week end aux alentours du 6 septembre) et cette fois ci de manière totalement traditionnelle : l’arbre fendu sur la place publique est montée à bras d’hommes jusque devant la chapelle où il est « quilhé » (dressé) là aussi à bras d’homme, à l’aide d’échelle… Ce qui devait être une « petite fête entre amis » est rapidement devenu un rassemblement des amis de Saint Pé : en 2008, 120 personnes ont mangé ensemble dans la salle de la mairie et plus de 80 sont montés dans la nuit totale, éclairés par des torches, pour aller voir brûler le brandon; en 2009, quasiment 200 personnes se sont retrouvés là haut pour manger et faire la dernière fête de l'été... En 2010, ce sont entre 250 et 300 personnages qui se sont réunis pour admirer cet ultime feu de joie[5].
Des projets devraient se concrétiser durant l'année 2011 concernant la mise en valeur et la restauration du Calvaire par les bénévoles et les habitants du village : la signalisation par des panneaux en bois de la Chapelle, remonter les murs qui s'écroulent pour pouvoir remettre des portails (puisqu'il y en avait) aux différentes entrées du Chemin de Croix, et bien évidemment entretenir afin que les ronces ne regagnent plus du terrain. La municipalité quant à elle devrait au cours de l'année 2011 faire rénover l'ensemble de la toiture de la Chapelle.
Animations
Le "Grand" Brandon de la Saint Jean
Voila une tradition bien inconnue, et qui malheureusement tend à disparaitre petit à petit. Le Brandon (localement appelé "Eth Haro") est l'équivalent "commingeois" (mais il n'est plus réalisé dans tous les villages du Comminges, seuls ceux au sud de Saint Gaudens et au nord du Val d'Aran le font) des feux de la Saint Jean. Tradition - fêtant le solstice d'été - millénaire puisque datant au moins des peuples païens gallo-romains (siècle avant et après le Christ), elle est toujours perpétuée de nos jours. Le Brandon est en fait un arbre ébranché et écorcé le plus souvent (sa taille et son essence varient suivant les endroits ou les possibilités qu'offrent le village ou les lieux), arbre fendu (à partir de sa base, du côté le plus gros) à l'aide de coins en fer et en bois (de manière à ce qu'il brûle), puis planté à la verticale dans le sol, rembourré de paille (ou autres) et embrasé normalement le soir de la Saint Jean. En fait, maintenant, très souvent la date n'est plus respectée pour des raisons faciles à comprendre : le manque de gens (quand ça tombe en semaine ou en période hors vacances scolaires). Par exemple, à Saint Pé, le Brandon a lieu très souvent le deuxième week end de juillet (deux ou trois semaines après la date originelle). La difficulté du maintien de cette tradition réside dans la technique et le physique que demande une telle préparation (certains villages ont pallié ces problèmes en utilisant des tronçonneuses par exemple) : le Brandon est généralement fendu petit à petit (et non en un seul jour) pour lui laisser le temps de sécher et de s'ouvrir, et fendu très délicatement de manière à ce qu'il ne se fende pas en entier et qu'il ne s'éclate pas... A Saint Pé, le Brandon est planté au milieu du Pré Communal (originairement il se faisait en haut du Calvaire de Sainte Auraille), le soir de l'embrasement un repas animé par de la musique est organisé sur la place du village ou au Pré Communal, où les gens viennent participer à la première des festivités saint péennes. Le Brandon de Saint Pé présente quelques caractéristiques intéressantes : c'est un sapin (et non un hêtre comme dans de nombreux villages), il est fendu pendant des semaines par un même homme (et non un groupe d'hommes en une seule journée), est totalement empaillé et on dispose à son sommet une croix (ou est gravée dessus une roue solaire, souvenir de l'origine païenne de la fête), rappelant le syncrétisme chrétien, qui a récupéré la fête pour l'assimiler à la Saint Jean.
Le "Petit" Brandon de la Chapelle
A Saint Péenne, depuis 2008, un second brandon a été mis en place pour mettre en valeur un des sites laissés à l'abandon pendant des années : la Chapelle Sainte Auraille. Le principe reste le même : un sapin (un épicéa plus précisément ici) fendu et dressé à la verticale. Mais ce n'est pas juste un doublon, c'est une fête totalement différente. Depuis 2009, deux fêtes sont associées à ce second Brandon : d'abord, la Montée et la Quille du Brandon de la Chapelle (week-end précédant la fête de Saint Pé d'Ardet, très souvent le dernier samedi de juillet) : les Saint Péens ainsi que d'autres habitants des Frontignes portent à bras d'hommes le tronc fendu sur plus de 700 mètres de longueur et sur un dénivelé positif de 60 mètres (tout le long du parcours, des arrêts boissons et nourriture sont organisés par les habitants du village, montrant ainsi leur intérêt pour les festivités nouvelles) jusqu'à la Chapelle Sainte Auraille; là ils le dressent au moyen d'échelles et de cordes et mangent tous ensemble; ensuite, le Brandon en lui-même (premier samedi de septembre), avec un groupe musical, un repas champêtre (le strict minimum est fourni, le reste est apporté par chacun des convives qui partage alors ses entrés ou ses desserts avec tous les autres), une ambiance festive, un cadre sylvestre et sauvage, avec vue sur les pics pyrénéens, et ensuite l'embrasement. Cette initiative pour le moins nouvelle, renoue tout de même avec la tradition, étant donné qu'à l'origine, du moins au début du XXe siècle, le Brandon était brûlé au sommet du Calvaire.
La crèche ("morte") des santons
Depuis 2007, le village recommence à faire la crèche dans la Chapelle Latérale de l'Église. Les deux premières années, les bénévoles utilisèrent les vieux santons retrouvés dans la sacristie (qui datent du XIXe siècle), très abîmées (en plâtre donc très friables). En 2009, les habitants ayant le projet de restaurer, ou du moins de ne pas plus les détériorer, ont levé des fonds pour acheter de nouveaux santons pour remplacer les anciens, qui maintenant sont dans un lieu à l'abri de l'humidité et ne sont plus manipulés... Les nouveaux santons (d'une hauteur de 70 cm) ne sont malheureusement pas dans le même style que les anciens, mais ont tout de même leur charme... Ils sont au nombre de 7 : les 3 rois mages, la vierge, Joseph, Jésus et un berger. Quelques photos :
Administration
Liste des maires successifs Période Identité Étiquette Qualité mars 2008 2014 Patrick Rival PS Conseiller général mars 2001 2008 Gérard Rival Toutes les données ne sont pas encore connues.
Conseil Municipal élu en 2008 :- Bertrand Abadie
- Jean-Claude Audouin
- Michel Chamayou
- Michel Claverie Huguet
- Frédérick Gerbal
- Patrick Gonzalez
- Ariane Pachere
- Dolorès Porte Le Guiader
- Jean-Claude Prinzivalli
- Patrice Rival
- Bénédicte Schaeffer (démissionnaire)
Commune faisant partie de la Huitième circonscription de la Haute-Garonne
Démographie
Évolution démographique
(Source : INSEE[7])1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007 90 101 98 117 116 114 131 134[8] Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes
2006 : Population provisoire (enquête annuelle).Lieux et monuments
- L'église Saint-Pierre : style roman du XIe siècle, érigée sur l'emplacement d'un temple païen de l'époque gallo-romaine et incorporée à une enceinte fortifiée (une tour sert de clocher)
- La chapelle Sainte-Auraille (XIXe siècle)
- Le lavoir
- Le lac : espace vert et de loisirs
- Le Bistrot de Saint-Pé : café convivial
- La croix et les tilleuls : lieux de rassemblement des villageois, ils y discutent...
- La place : qui est devenu "un terrain" de quilles
- L'école
- Les rochers d'escalade
- Les "escarerous" : chemin gallo-romain qui relie le village et le col des Ares
- Le monument aux morts sur la place
- Le chemin des Evêchés
Personnalités liées à la commune
- Clément V, évêque du Comminges puis pape d'avignon
- Albert Londres, écrivain, journaliste, reporter issu d'une famille Bardou de Saint-Pé-d'Ardet
- Le Baron d'Agieu, guillotiné à la révolution française, qui est un descendant de Marthe d'Aspet (fille de Barthélémy d'Aspet, sieur de Lèz) et d'Alexandre d'Agieu, installés à Saint-Pé-d'Ardet. Il meurt à Paris, en place de grève, le 6 thermidor an II (24 juillet 1794). La légende veut qu'il ait été exécuté la veille de l'arrêt de la guillotine; ce qui n'est qu'à moitié faux puisque la Terreur prend fin le 9 thermidor an II, avec l'arrestation de Robespierre.
- Patrice (dit Patrick) Rival, maire du village et conseil général du canton de Barbazan
- Gabriel Manière, historien et archéologue de Cazères ayant étudié le site historique de Saint Pé D'Ardet
Voir aussi
Liens externes
- Le Site Officiel de Saint Pé d'Ardet
- Saint-Pé-d'Ardet sur le site de la Communauté de Communes du Haut-Comminges
Notes et références
- Matias Ferrera, Brochures sur le Patrimoine Saint-Péen, disponible sur le blog du village
- Abellio
- Matias Ferrera, Brochures sur la Patrimoine Saint-Péen
- http://books.google.fr/books?id=9yg0zRbcleAC&pg=PA30&lpg=PA30&dq=christ+couronn%C3%A9+sur+la+croix+corona+spinea&source=bl&ots=rlncx_Jqkr&sig=hgN7Pqqk_6gIdpyRrREs1S-18HY&hl=fr&ei=XPwZTdK1LI-u8QPN-uyEBw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBgQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false
<ref>
incorrecte ; aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesstpedardet
.
Erreur de référence : Balise - St-Pé-d’Ardet et ses environs, P. Agasse, habitant de Saint Pé ayant rédigé une sorte de monographie du village (1906)
- Saint-Pé-d'Ardet sur le site de l'Insee
- http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/recensement/populations-legales/commune.asp?annee=2007&depcom=31509
Catégorie :- Commune de la Haute-Garonne
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