- Affaire des fuites
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François Mitterrand en 1959
L'Affaire des fuites est une manipulation politique dirigée contre François Mitterrand en 1953 et destinée à déstabiliser le gouvernement de Pierre Mendès-France dont François Mitterrand était le ministre de l'intérieur. La lumière sera faite assez rapidement sur cette affaire mais il faudra attendre l'année 1956 pour que le procès ait lieu et que l'innocence de François Mitterrand soit officiellement reconnue.
Sommaire
Présentation
L'affaire des fuites remonte au 8 septembre 1954 quand François Mitterrand, ministre de l'intérieur du gouvernement du président du conseil Pierre Mendès-France, apprend qu'il est l'objet d'un enquête de la part du président du Conseil effectuée depuis deux mois par les services secrets. Au début du mois de juillet, le commissaire Jean Dides, plus particulièrement chargé de surveiller le Parti communiste, laisse entendre que Mitterrand serait à l'origine de fuites.
À l'origine, il s'agit de notes d'une réunion du Comité de défense nationale qui aboutissent 'miraculeusement' sur le bureau du responsable communiste Jacques Duclos. On est alors en pleine guerre froide, la transmission de secrets militaires à des communistes est un acte de haute trahison. Un climat de suspicion fondé sur de nombreuses rumeurs franchit le seuil de l'Assemblée Nationale.
François Mitterrand ne supporte pas cette ambiance délétère, ces accusations proférées sous le manteau, poursuivant plusieurs journaux en diffamation, diligente contre-enquêtes, filatures et perquisitions. Cette fois-ci en tout cas, la lumière est faite sur cette affaire, il s'agit au départ d'un complot ourdi par l'extrême droite pour stigmatiser François Mitterrand, trop favorable à son gré aux populations autochtones de lEmpire coloniale' français, compromettre le gouvernement de Pierre Mendès-France ainsi que le PCF dans une affaire de haute trahison. Mais remonter aux sources est plus difficile qu'il n'y paraît même si les objectifs sont transparents Bien que Pierre Mendès-France ait toujours soutenu son ministre, François Mitterrand eut du mal à accepter qu'il ne lui ai rien dit pendant les deux premiers mois.
Le livre de ma mémoire
Dans son autobiographie intitulée Le livre de ma mémoire, Danielle Mitterrand soutient la thèse d'un complot d'obédience gaulliste dans le chapitre François gêne les gaullistes. Le commissaire Jean Dides, l'un des piliers de l'Affaire, est membre du RPF le parti gaulliste, depuis 1947 et associé à l'action du préfet de police de Paris Jean Beylot dans la lutte contre les communistes[1] et qui sera 'démissionné' par François Mitterrand. C'est Jean Dides, par l'intermédiaire d'un autre gaulliste Christian Fouchet et Jean-Louis Vigier, député de Paris, qui transmet l'information à des journalistes (dont Jean Ferniot de L'Express)[2].
Extrême droite et gaullistes du RPF s'allient souvent à l'Assemblée Nationale pour lutter contre les 3 partis au pouvoir qui dirigent tour à tour le gouvernement dans une coalition gouvernementale comprenant les socialistes, les républicains chrétiens (MRP) et les centristes du Parti Radical ou de l'UDSR[3]. D'après Danielle Mitterrand, il a bien existé une collusion entre eux pour combattre le progressisme de certains leaders des partis politiques au pouvoir, Pierre Mendès-France qui a bafoué l'honneur de l'armée en signant la paix en Indochine, et François Mitterrand qui a cautionné cette politique et est considéré comme un ardant partisan de la décolonisation[4]. En Afrique en particulier, François Mitterrand rencontre des opposants, par exemple Félix Houphouët-Boigny futur président de la Côte d'Ivoire, vivant alors en semi-clandestinité, et s'oppose aux réseaux Foccart, système omnipotent de la présence française en Afrique[5].
Ils vivent à cette époque des moments difficiles comme celui qu'évoque Danielle Mitterrand[6] : « François, j'ai l'impression que nous sommes suivis..." » Patrice Pelat était au volant. "Oui..." et pour s'en assurer Patrice prend une rue en sens interdit. La voiture suspect n'hésite pas à nos suivre dans l'infraction. Que veulent-ils ? […] Nous les savons capables des pires violences. »
Notes et références
- Maurice Rajsfus Voir à ce propos le témoignage de Jean Chaunac dont des extraits sont repris dans ce livre, ancien secrétaire général du syndicat général de la police (le SGP), interviewé par l'historien
- Voir Claude Clément, L'affaire des fuites : objectif Mitterrand, éditions Olivier Orban, 1980
- René Pléven puis par François Mitterrand Parti de centre gauche dirigé par
- « Si au contraire, nous voulons rechercher les fondements modernes d'une unité durable, écrivait François Mitterrand en 1953, il faudra tailler dans le vif, réformer les institutions, choisir parmi les objectifs qui se proposent. »Préparer la décolonisation avec dignité, ajoute Danielle Mitterrand. (p. 222)
- Voir le livre de Pierre Péan, L'homme de l'ombre, éditions Fayard, 1990
- Le livre de ma mémoire, page 216
- Voir les fiches sur le commissaire Jean Dides et le préfet Jean Baylot.
Bibliographie
- Roland Cayrol, François Mitterrand, 1947-1967, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1967
- Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, éd. du Seuil, 1998, tome 1, chap. VIII
- Pierre Péan, Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934-1947, Livre de Poche, 1997
- Paul Marcus, La république trahie, de l'affaire des généraux à l'affaire des fuite, éditions Le Cherche Midi, 353 pages
- Claude Clément., L'affaire des fuites, éditions Olivier Orban, 1980, 236 pages
- Maurice Rajsfus, 1953, un 14 juillet sanglant, Collection Moisson Rouge, 2003
Lien externe
- Hérodote herodote.net
- L'Express lexpress.fr
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