Affaire des femmes violentées de Hassi Messaoud

Affaire des femmes violentées de Hassi Messaoud

L'affaire des femmes violées de Hassi Messaoud se réfèrent à plusieurs attaques particulièrement violentes sur des femmes résidant dans la ville de Hassi Messaoud en Algérie en juillet 2001 et au procès qui en a découlé.

Le procès en appel s'est déroulé en janvier 2005.

Sommaire

Contexte

La ville de Hassi Messaoud est une ville pétrolière du centre de l'Algérie. Elle héberge environ 53000 habitants. Diverses entreprises pétrolières s'y sont installées, la ville devenant un lieu où trouver potentiellement emploi et sécurité pour de nombreux Algériens, en pleine guerre civile. Cela entraina entre autres la création de nombreux bidonvilles autour de la cité.

De nombreuses femmes ont émigré à Hassi Messaoud afin d'y assurer des tâches d'entretien, de secrétariat ou de restauration dans les compagnies pétrolières. Les femmes travaillant mais surtout vivant seules dans une région très traditionnelle , sont accusées par les prêcheurs islamistes[1], d'avoir un « double-emploi », travaillant en entreprise le jour , se prostituant le soir , dans une région frappée par le chômage masculin[2]. Avant les événements, plusieurs femmes avaient fait l'objet d'insultes, certaines se faisant physiquement agresser[3]

Les faits

Pendant la prière du vendredi 13 juillet 2001, l'imam, qualifié d'intégriste[4], Amar Taleb s'en prend à la présence des femmes venues des régions du nord-ouest travaillant maintenant dans les compagnies pétrolières. Il les accuse de comportements « immoraux », appelant à un « Jihad contre le diable » afin de « chasser ces femmes fornicatrices »[5]. Selon lui, des femmes vivant seules, sans aucun « wali » (homme gardien de la tradition Maliki), ne peuvent être que des prostituées.

Dans le nuit du 13 au 14 juillet, vers 22 heures, une foule de 300 hommes environ prend alors la direction du bidonville El-Haïcha où résident des femmes employées comme femmes de ménage, cuisinières ou secrétaires. Pendant 5 heures, une quarantaine de femmes du quartier sont agressées, rouées de coups, violées, mutilées et trainées nues dans la rue. Leurs maisons sont pillées et pour certaines, brûlées. Certains des agresseurs portaient des armes blanches[6]. La police n'arriva sur place que vers 3 heures du matin, mettant fin aux violences.

Celles-ci se répètent la nuit suivante, puis le 16 juillet dans d'autres quartiers de la ville. Le 17, puis les 23 et 24, les violences s'étendirent à la ville de Tebessa, plus au sud où des commerces détenus par des femmes seules furent vandalisés[4].

Plusieurs dizaines de femmes furent hospitalisées, dont 6 étaient à ce moment dans un état sérieux[7]. 95 femmes et enfants trouvèrent refuge dans l'auberge de jeunesse. D'autres prirent des taxis afin de quitter la ville et retourner dans leur région d'origine. Trois des jeunes femmes violées étaient vierges au moment des faits[3]. Le journal La Tribune parlant de 4 à 6 décès, ce que les autorités réfutent. Des témoins disent avoir vu plusieurs femmes mortes[8]. En août 2001, l'association SOS Femmes en détresse parle d'une femme morte suite à son agression, et de trois encore hospitalisées[9].

Le procès

Selon le journal La Tribune, l'imam Amar Taleb fut arrêté, ainsi que 40 hommes ayant pris part aux violences. Le Matin confirme lui 9 arrestations. Il prêche aujourd'hui dans la mosquée la plus grande de la ville.

39 femmes ont décidé de porter plainte. En première instance, en juin 2004, aucune des victimes n'avait pu avoir recours à un avocat, ni même ceux promis par le ministère de la Solidarité. La plupart des charges retenues contre les 32 agresseurs jugés furent levées, ne retenant que « l’attroupement sur la voie publique et atteinte à l’ordre public »[10]. Le procès en appel devait se dérouler en décembre 2004, mais fut reporté à janvier 2005, à la cour de Biskra, afin de permettre à tous les accusés d'être présents au procès[11]. À la réouverture du procès, seuls 6 des accusés sont présents, faisant face à 3 des victimes. Sous les pressions et les menaces (à l'intérieur même du tribunal lors du 1er procès), les autres femmes avaient abandonné les poursuites. Des peines de prison de huit, six et trois ans ont été prononcées pour 3 des accusés présents, les 3 autres étant acquittés. La plupart des agresseurs ont été condamnés à des peines par contumace : 20 condamnations à vingt ans, 4 à dix ans et une à cinq ans[12]. Trois condamnés seulement auraient effectué leur peine.

Film et publication

Ce drame a fait l'objet d'un film, sorti en 2008 : Vivantes ! de Said Ould Khelifa.

En février 2010, deux des victimes, Rahmouna Salah et Fatiha Maamoura, publient un livre, Laissées pour mortes, Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud, aux Éditions Max Milo. C'est la comédienne algérienne Nadia Kaci qui a recueilli leurs témoignages.

Références

  1. Chronique de Caroline Fourest du 7 mai 2010, France Culture
  2. http://www.algerie-dz.com/article1632.html L'autre face de Hassi Messaoud
  3. a et b http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/la-nuit-de-la-haine_848559.html La Nuit de la Haine, L'Express
  4. a et b http://www.wluml.org/fr/node/63
  5. « jihad against El Fassal », in La Tribune, “L'escalade à Hassi Messaoud”, Youcef Rezzoug
  6. http://www.wluml.org/fr/node/639#_ftn4 Algeria: Attacks on women in Hassi Messaoud
  7. http://www.humanite.fr/2001-07-18_International_Epouvante-a-Hassi-Messaoud
  8. http://www.wluml.org/fr/node/639#_ftnref9
  9. http://sosfemmesendetresse.org/article.php3?id_article=32 Hassi Messaoud, juillet 2001
  10. http://www.elwatan.com/Femmes-battues-a-Hassi-Messaoud El Watan, 2 juillet 2004
  11. http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/femmes_hassi_messaoud.htm Algéria Watch: affaire des femmes agressées
  12. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/le-cauchemar-des-femmes-lynchees-d-el-haicha_848560.html

Articles connexes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Affaire des femmes violentées de Hassi Messaoud de Wikipédia en français (auteurs)

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