- Maurice Rajsfus
-
Maurice Rajsfus né le 9 avril 1928 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) est un historien et un militant français. Il est auteur d'une cinquantaine de livres dans lesquels il a abordé les thèmes du génocide des juifs en France, de la police et des atteintes aux libertés.
En 1994, il a cofondé l'Observatoire des libertés publiques[1], qu'il préside.
Sommaire
Biographie
Maurice Rajsfus est le fils de parents juifs polonais arrivés en France au début des années 1920. Ils ont été mariés par le maire d'Aubervilliers, Pierre Laval, « alors encore avocat pacifiste »[2].
Rescapé de la Rafle du Vél' d'hiv
En juillet 1942, il est arrêté avec ses parents lors de la rafle du Vélodrome d'Hiver par un policier « un temps voisin de palier (...) Lorsque, en 1988, Rajsfus tentera de l'approcher (« pour comprendre »), le retraité l'éconduira d'un brutal: « Ça ne m'intéresse pas ! » Il n'a cessé depuis d'incarner cette « police de Vichy au passé trop présent, sans remords et sans mémoire » (Pierre Marcelle). Maurice Rajsfus, qui a alors 14 ans, est relâché à la suite d'un ordre aléatoire excluant les enfants Juifs français de 14 à 16 ans de la rafle. Ses parents ne reviendront pas.
Il a été « Jeune communiste » à 16 ans, exclu à 18 pour « hitléro-trotskisme », militant de la IVe Internationale avant 1950, puis du groupe Socialisme ou Barbarie avec Lefort et Castoriadis, le réseau Ras l'Front de 1991 à 1999 » (Pierre Marcelle).
Créateur de l'Observatoire des libertés publiques
Un an après que, le 6 avril 1993, le jeune Makomé M’Bowolé a été tué[3] d'« une balle dans la tête à bout touchant alors qu'il était interrogé, menotté, au commissariat des Grandes Carrières »[4] (18e arrondissement de Paris), Maurice Rajsfus cofonde l'Observatoire des libertés publiques, qui relève dans son bulletin mensuel Que fait la police ?, ce qui constituerait, selon lui, des bavures policières[5].
Pour lui, le lien entre passé et présent est constant, notamment dans la surveillance de la police : « Ils ont volé des années de vie à mes parents. Tous ont participé aux rafles quand ils étaient requis. Pratiquement pas un seul n’a démissionné. Si la police française ne s’était pas mise aux ordres, jamais il n’y aurait eu autant de dégâts. Il y a eu 150 000 déportés de France, dont 76 000 juifs, les autres étant des déportés politiques (résistants, communistes, otages...). Et que dire de ce policier qui, rendant compte à la préfecture de sa mission, ose écrire, le 22 juillet : "Le Vél’ d’Hiv’ est évacué. Il restait 50 juifs malades et des objets perdus, le tout a été transféré à Drancy." »[6]
Antisioniste
Définissant le sionisme comme un « projet présenté comme « généreux » par ses initiateurs », il considère qu'il « a rapidement dérivé en une entreprise également raciste »[7]. Antisioniste, il dénonce l'utilisation de l'accusation d'antisémitisme qui est, selon lui, devenue « une arme brandie contre tous ceux qui s’opposent au sionisme, idéologie active qui ne saurait souffrir la moindre critique »[8].
Il publie, en 1990, Palestine: chronique des événements courants, 1988-1989 et L'ennemi intérieur: Israël-Palestine, livres dans lesquels il décrit Israël comme « une démocratie sous haute surveillance » et dénonce les exactions de l'armée israélienne[9].
Études et recherches
N'ayant longtemps eu que le certificat d’études, puisqu'il quitta le collège à 14 ans, Maurice Rajsfus a cependant passé un doctorat en sociologie en 1992[10].
Il a été à plusieurs reprises membre du jury des Big Brother Awards France, et a préfacé le livre, Big Brother Awards. Les surveillants surveillés (2008)[11].
Publications
- Des Juifs dans la collaboration, L'U.G.I.F. 1941-1944, préface de Pierre Vidal-Naquet, EDI, 1980. ISBN 2-85139-057-0
- Jeudi noir, Éditions L'Harmattan. Paris, 1988 (sur la rafle du Vélodrome d'Hiver). ISBN 2-7384-0039-6 ISBN 2-7384-0039-6
- Les Silences de la police. 16 juillet 1942-17 octobre 1961, avec Jean-Luc Einaudi, sur la rafle du Vel' d'Hiv' et le massacre des Algériens à Paris du 17 octobre 1961, éd. L'Esprit frappeur, 2001. ISBN 2-84405-173-1
- Palestine, chronique des événements courants, 1988/1989. Éditions L'Harmattan
- La Rafle du Vél’ d’Hiv’, collection Que sais-je ?, éditions PUF
- N'oublie pas le petit Jésus !, L'Eglise catholique et les enfants juifs (1940-1945), Manya, 1994. ISBN 2-87896-096-3
- La police de Vichy, Les forces de l'ordre françaises au service de la Gestapo 1940-1944, Le Cherche Midi, 1995. ISBN 2-86274-358-5
- La police hors la loi, Des milliers de bavures sans ordonnances depuis 1968, Le Cherche Midi, 1996. ISBN 2-86274-466-2
- Les Français de la débâcle. Juin-septembre 1940, un si bel été, Le Cherche Midi, 1997
- Mai 68. Sous les pavés, la répression, Le Cherche Midi, 1998
- La censure militaire et policière 1914-1918, Le Cherche Midi, 1999
- De la victoire à la débâcle 1919-1940, Le Cherche Midi, 2000
- 1953, un 14 juillet sanglant, Collection Moisson Rouge, 2003
- La Libération inconnue. A chacun sa résistance, Le Cherche Midi, 2004 (sur la Libération et la Résistance)
- Drancy, un camp de concentration très ordinaire, 1941-1944, Le Cherche Midi, 2005 (sur le camp de Drancy). ISBN 2-86274-435-2
- Le Chagrin et la colère, Le Cherche Midi, 2005
- La France Bleu Marine. De Marcellin à Sarkozy (mai 1968-octobre 2005), L’Ésprit frappeur, 2005
- Candide n'est pas mort, Le Cherche Midi, 2008
- Portrait physique et mental du policier ordinaire, Après la Lune, 2008 - ISBN 2352270448 - ISBN 978-2352270447
- Les mercenaires de la République, Monde libertaire, 2008
- A vos ordres ? Jamais plus !, Monde libertaire, 2009
- 17, rue Dieu , Le Temps des cerises, 2009 - ISBN 978-2-84109-750-0
- L'intelligence du Barbare, Editions du Monde libertaire, 2010 - ISBN 978-2-915514-36-0
Une adaptation théâtrale, La rafle du Vél' d'Hiv, a été réalisée et jouée en 2003 par Philippe Ogouz d'après trois livres de Maurice Rajsfus : Opération étoile jaune (Le Cherche Midi), Chroniques d'un survivant (Noésis), La Rafle du Vél' d'Hiv, (PUF)[12].
Articles connexes
Liens externes
- Braves gens n'ayez plus peur !, film en téléchargement libre sous licence Creative Commons (CC-by-nc-nd) du collectif Panic!, avec parmi les intervenants Maurice Rajsfus, mai 2008 (une présentation du film)
- Les bavures policières, forum du 21 février 2006 avec Maurice Rajsfus
- Maurice Rajsfus à la Fête du livre de St-Étienne, octobre 2004
- L'Observatoire des libertés publiques
- Interview par CQFD
- La République des Pyrénées.fr
Notes et références
- Observatoire des libertés publiques
- Pierre Marcelle, Rage de raison, portrait de Maurice Rajsfus dans Libération du 28 avril 2002
- Début du procès du policier qui avait tué le jeune Makomé, Procès Makomé : un « énorme gâchis », selon SOS Racisme, L'Humanité du 12 et du 16 février 1996 L'inspecteur qui l'a tué fut condamné à huit ans de prison. Sources :
- « Présentation de l’Observatoire des libertés publiques » in Que fait la police ?, Maurice Rajsfus et Alexis Violet, mai 1999
- http://quefaitlapolice.samizdat.net/ Site de l'Observatoire des libertés publiques :
- Vincennes, 1942 : cent " disparus ", L'Humanité du 16 juillet 2002
- citation dans Wikiquote
- [1] Maurice Rasjfus, Vous avez dit antisémitisme ?, 1er novembre 2000 :
- [2] Israël/Palestine l'ennemi intérieur, Éditions de l'Atelier, 1990 :
- « Entretien avec Maurice Rajsfus » in Barricata, mars 2007
- Big Brother Awards. Les surveillants surveillés, éditions Zone
- article dans Lire de décembre 2003. Voir
Catégories :- Historien français du XXe siècle
- Historien de la Shoah
- Mémoire de la Shoah
- Historien du régime de Vichy
- Police en France
- Histoire des Juifs en France
- Survivant du génocide juif
- Personnalité de Socialisme ou barbarie
- Naissance en 1928
- Naissance à Aubervilliers
- Militant révolutionnaire juif
Wikimedia Foundation. 2010.