- Épitaphe
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Une épitaphe (du grec ἐπιτάφιος / epi, "sur" et táphios, « tombeau », par exemple des jeux funèbres ou une oraison funèbre) est une inscription funéraire, placée sur une pierre tombale ou un monument funéraire. Cela peut être un objet donné à une civilisation comme signe de paix.
Dans la Grèce antique, l’épitaphe est un genre littéraire : c’est un éloge funèbre.
En littérature française, l'épitaphe est aussi un genre littéraire rimé : c'est surtout ce que l'on aimerait inscrire sur la pierre tombale de quelqu'un que l'on admire, ou, au contraire, que l'on n'apprécie guère. Supposée être inscrite sur le tombeau lui-même, une épitaphe peut débuter par ci-gît ou par la formule plus moderne ici repose ou par leurs pluriels respectifs ci-gisent et ici reposent.
Sommaire
Épitaphes célèbres
Antiquité
- Léonidas et ses 300 Spartiates (480 av. J.-C.)
- Passant, va dire à Sparte que nous sommes couchés ici dociles à ses ordres.
- Thalès (625? - 547 av. J.-C.?)
- Petit est ce tombeau, mais au ciel va sa gloire.
- Regarde, c'est celui de Thalès, grand esprit.
- Scipion l'Africain (235 av. J.-C. - 183 av. J.-C. )
- Ingrate patrie, tu n’auras pas mes os.
XVIe siècle
- François Rabelais (1483?( d'après un épitaphier) - Avril 1553) :
- Pluton ! Rabelais reçois,
- Afin que toi, qui es le roi
- De ceux qui ne rient jamais,
- Tu aies un rieur désormais.
XVIIe siècle
- Cy-gist, oui, gist, par la mort-bleu !
- Le cardinal de Richelieu ;
- Et ce qui cause mon ennui,
- Ma pension avec lui.
- Ci-gît un fameux Cardinal
- Qui fit plus de mal que de bien
- Le bien qu'il fit, il le fit mal
- Le mal qu'il fit, il le fit bien.
(par Isaac de Benserade, Gentilhomme normand, académicien 1612-1691)
- Du corps du grand Rantzau, tu n'es qu'une des parts,
- L'autre moitié reste dans les places de Mars
- Il dispersa partout ses membres et sa gloire,
- Tout abattu qu'il fut, il demeura vainqueur
- Son sang fut en cent lieux le prix de la victoire
- Et Mars ne lui laissa rien d'entier que le cœur.
- Paul Scarron (1610 - 1660)
- Celui qui cy maintenant dort
- Fit plus de pitié que d'envie,
- Et souffrit mille fois la mort
- Avant que de perdre la vie.
- Passant, ne fais ici de bruit
- Garde bien que tu ne l'éveilles :
- Car voici la première nuit
- Que le pauvre Scarron sommeille.
- Jean s'en alla comme il était venu,
- Mangeant son fonds après son revenu,
- Croyant le bien chose peu nécessaire.
- Quant à son temps bien sut le dispenser,
- Deux parts en fit, dont il soulait passer,
- L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.
- William Shakespeare ((baptisé le) 26 Avril 1564 - 23 Avril 1616)
- Mon ami, pour l’amour du Sauveur, abstiens-toi
- De creuser la poussière déposée sur moi.
- Béni soit l’homme qui épargnera ces pierres
- Mais maudit soit celui violant mon ossuaire
XVIIIe siècle
- Alexis Piron (1689-1773) :
- Ci-gît Piron, qui ne fut rien,
- Pas même académicien.
- Ci-gît Louis, ce pauvre Roi,
- On dit qu'il fut bon... mais à quoi ?
- Benjamin Franklin (17 janvier 1706 - 17 avril 1790) écrivit sa propre épitaphe à l'âge de 22 ans, mais celle-ci ne fut pas inscrite sur sa tombe.
- Le corps de
- B. Franklin, imprimeur,
- (Tel la couverture d'un vieux livre,
- dépouillé de ses feuilles,
- de son titre et de sa dorure)
- Repose ici, pâture pour les vers.
- Mais l'ouvrage ne sera pas perdu
- et reparaîtra, c'est la foi de Franklin,
- dans une nouvelle édition, plus élégante,
- revue et corrigée
- par l'auteur.
- Passant, ne pleure pas ma mort
- Si je vivais tu serais mort....
XIXe siècle
- Here lies one whose name was writ in water.
- ("Ici repose celui dont le nom était écrit dans l'eau.")
- Mes chers amis, quand je mourrai,
- Plantez un saule au cimetière.
- J'aime son feuillage éploré;
- La pâleur m'en est douce et chère
- Et son ombre sera légère
- A la terre où je dormirai.
- Ci-gît Gressly, qui mourut d'un étrange amour pour les pierres;
- qu'il ramenait à la maison, ne calmant pas sa faim.
- Posons cette pierre. De pierre entièrement couvert, par Dieu!,
- Reposant entre des roches, il a assez de pierres..
- Une mémoire pure de sang humain.
- Général Boulanger (29 avril 1837 - 30 septembre 1891), par Georges Clemenceau :
- Il est mort comme il a vécu : en sous-lieutenant.
- Dieu fit Selles,
- Dieu défit Selles,
- Et aux vers mit Selles.
- In Loving Memory of my Beloved Son, Murdered by a Traitor and Coward Whose Name is not Worthy to Appear Here.
- ("A la mémoire de mon fils aimé, assassiné par un traître et lâche dont le nom ne mérite pas de figurer ici.")
XXe siècle
- Alphonse Allais (1850 - 1905)
- Ci-gît Allais - sans retour.
- Je suis un fils des monts, adopté par la mer.
- Je n'aurais pas duré plus que l'écume
- Aux lèvres de la vague sur le sable
- Né sous aucune étoile un soir sans lune
- Mon nom ne fut qu'un sanglot périssable
- Il a donné des ailes au monde.
- En 1955, Marilyn Monroe (1er juin 1926 - 5 août 1962) suggéra elle-même que son épitaphe soit la suivante :
- Ici repose Marilyn Monroe, 97 - 62 - 92 (ne figure pas sur sa plaque)
- Free at last, free at last, thank God almighty, I'm free at last.
- ("Enfin libre, enfin libre, merci Dieu tout-puissant, je suis enfin libre." : parole d'un vieux negro spiritual)
- Laissez-moi dormir ! J'étais fait pour ça !
- Groucho Marx (1890-1977)
- Je vous l'avais bien dit que j'étais malade ! (ne figure pas sur sa plaque)
- Georges Brassens (1921-1981), extrait de sa chanson Supplique pour être enterré sur la plage de Sète :
- Est-ce trop demander, sur mon petit lopin,
- Plantez je vous en prie une espèce de pin,
- Pin parasol de préférence (figure sur un écriteau près de sa tombe et de l'arbre en question)
- Eugène Ionesco (1909-1994)
- Priez le Je ne sais Qui - j'espère Jésus Christ
Épitaphes d'anonymes
- Nouveau cimetière de Villeurbanne, France
- Maudit soit le destin, qui à nous t'a ravi,
- Si ton cœur s'est éteint, dans le nôtre tu vis.
- Par J. du Lorens, France
- Ci-gît ma femme : ho! qu'elle est bien!
- Pour son repos et pour le mien.
- Sur une tombe, au XVIIe siècle, France
- Jean sous cette pierre close
- Repose (si on peut bien
- Sans faillir dire : "Il repose"
- D'un qui ne fit jamais rien).
- D. de La Monnoye sur la tombe de l'abbé de La Rivière, qui avait promis par testament, cents écus à celui qui ferait son épitaphe, France
- Ci-gît un très grand personnage,
- Qui fut d'un illustre lignage,
- Qui posséda mille vertus,
- Qui ne trompa jamais, qui fut toujours fort sage...
- Je n'en dirai pas d'avantage,
- C'est trop mentir pour cent écus.
- Anonyme
- Un jour vous vous rendrez compte que j'avais raison!
- Anonyme Omar B.
- Live together, die alone. (Vivre ensemble, mourir seul)
- Anonyme
- "J'étais ce que vous êtes, vous serez ce que je suis" (Corneille : "On m'a vu ce que vous êtes, Vous serez ce que je suis.")
- Anonyme au cimetière de Bernac-Debat, France.
- "J'ai peur mais quand faut y aller, faut y aller."
Annexes
Article connexe
Catégories :- Glossaire en archéologie
- Littérature de la Grèce antique
- Genre et forme littéraire
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