Tupac Shakur

Tupac Shakur
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Tupac Shakur
2Pac Live.jpg
Surnom 2Pac, Makaveli
Nom Lesane Parish Crooks
Naissance 16 juin 1971
Manhattan, New York
Pays d’origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès 13 septembre 1996 (à 25 ans)
Las Vegas (Nevada)
Activité principale Rappeur
Acteur
Poète
Producteur
Scénariste
Activiste politique
Genre musical Rap Old School
Rap West Coast
Gangsta rap
Rap hardcore
Rap chrétien
Rap conscient
Rap politique
Années d'activité 1990 - 1996
Labels Interscope Records
Death Row Records
Amaru Entertainment
Makaveli Records
Out Da Gutta Records
Site officiel www.2pac.com

Entourage Digital Underground
Thug Life
Snoop Dogg
Nate Dogg
Tha Dogg Pound
Dr. Dre
Suge Knight
Ice-T
Ice Cube
Wu-Tang Clan
Eazy-E
Bone Thugs-N-Harmony
Warren G
Kool G Rap
DJ Quik
Notorious B.I.G.
Mickey Rourke
Mike Tyson
Jada Pinkett Smith

Tupac Amaru Shakur (connu sous les noms de scène de 2Pac et Makaveli) est un rappeur et acteur américain, né le 16 juin 1971 à New York et mort assassiné le 13 septembre 1996 à Las Vegas.

Issu d'une famille qui a milité dans les rangs des Black Panthers, Tupac Shakur a vendu plus de 75 millions d'albums dans le monde entier[1], faisant de lui l'un des musiciens ayant vendu le plus de disques dans le monde. Le magazine Rolling Stone l'a classé 86e dans son classement des plus grands artistes musicaux de tous les temps[2].

Parallèlement à sa carrière musicale, il était un acteur prometteur[3] et un activiste social. La plupart des chansons de 2Pac parlent d'une enfance au milieu de la violence et de la misère dans les ghettos, du racisme, des problèmes de société et des conflits avec d'autres rappeurs. Il a milité tout au long de sa carrière pour l'égalitarisme racial[4]. Shakur fut d'abord un « roadie » et un danseur pour le groupe de hip-hop alternatif Digital Underground[5],[6],[7]. Il a ensuite fait partie des groupes Outlawz, Digital Underground et Thug Life. Son succès a largement contribué à l'explosion commerciale mondiale du rap au cours des années 1990. Son charisme, son « flow », ses paroles travaillées et sa mort prématurée en ont fait l'une des icônes majeures de ce genre musical et une franchise rentable : il est l'un des artistes qui a sorti le plus d'albums après sa mort, il est classé 8e célébrité morte rapportant le plus d'argent, devançant notamment James Brown et Bob Marley en 2007[1].

Tupac a été la cible de poursuites judiciaires et a connu d'autres problèmes juridiques. En 1994, il se fait tirer dessus à cinq reprises et se fait voler dans le hall d'un studio d'enregistrement à New York. Shakur soupçonne alors que d'autres figures de l'industrie du rap avaient une connaissance préalable de l'incident et ne l'ont pas averti. Cette controverse a contribué à déclencher la rivalité East Coast/West Coast. Il a ensuite été déclaré coupable d'agression sexuelle et condamné à un an et demi puis quatre ans et demi de prison[8].

Après avoir purgé onze mois de sa peine, il est libéré sous caution payée par Marion « Suge » Knight, le PDG de Death Row Records. En échange de l'aide de Suge, Shakur accepte d'enregistrer trois albums pour le label Death Row. Le 7 septembre 1996, Shakur est à nouveau la cible d'une fusillade, mais cette fois lors d'un drive-by shooting (en) fatal à Las Vegas. Après avoir été emmené à l'University Medical Center, il meurt d'une insuffisance respiratoire et d'un arrêt cardiaque le 13 septembre 1996[9].

Sommaire

Biographie

Enfance

Tupac Amaru Shakur naît dans le quartier East Harlem de Manhattan à New York[10]. Il est nommé ainsi d'après Túpac Amaru II[11], un révolutionnaire péruvien qui a mené un soulèvement indigène contre l'Espagne et a ensuite été exécuté.

Sa mère, Afeni Shakur (en), et son père, Billy Garland (en), sont des membres actifs du Black Panther Party à New York dans les années 1960 et début des années 1970. Tupac est né tout juste un mois après l'acquittement[12] de sa mère sur plus de 150 accusations de « complot contre le gouvernement des États-Unis et les monuments de New York », celle-ci étant l'une des Panther 21 arrêtés en avril 1969.

Bien que non confirmée par la famille Shakur, plusieurs sources (dont le rapport du médecin légiste) inscrivent son nom de naissance comme « Lesane Parish Crooks »[13]. Ce nom aurait été inscrit sur le certificat de naissance parce qu'Afeni craignait que ses ennemis n'attaquent son fils, elle a ainsi déguisé sa véritable identité en utilisant un nom de famille différent. Elle a changé plus tard, après sa séparation d'avec Garland et son mariage avec Mutulu Shakur (en). À travers Garland, son père biologique, Shakur est un lointain descendant du royaume Garamantes[14] d'Afrique du Nord. Les Touaregs[15] modernes de l'Afrique subsaharienne[12] sont les descendants de la civilisation Garamantes.

Dès son plus jeune âge, la lutte et l'incarcération rythment la vie de Tupac. Son parrain, Elmer « Geronimo » Pratt (en), un haut membre des Black Panthers, est reconnu coupable du meurtre d'un enseignant lors d'un vol en 1968, mais sa peine est par la suite annulée. Son beau-père, Mutulu Shakur, demeure pendant quatre ans sur la liste des dix fugitifs les plus recherchés par le FBI à partir de 1982, alors que Tupac est un pré-adolescent. Mutulu est alors soupçonné d'avoir aidé sa sœur Assata Shakur à s'échapper d'une prison dans le New Jersey, où elle avait été incarcérée pour avoir abattu un policier d'État en 1973. Mutulu est capturé en 1986 et emprisonné pour le braquage en 1981 d'un fourgon de la Brink's, effectué par la Black Liberation Army et la May 19th Communist Organization, au cours duquel deux policiers et un garde ont été tués[16]. Tupac a une demi-sœur, Sekyiwa, de deux ans sa cadette, et un demi-frère plus âgé, Mopreme « Komani » Shakur, qui est apparu sur plusieurs de ses enregistrements.

À l'âge de douze ans, Tupac s'inscrit au groupe de théâtre 127th Street Repertory Ensemble (en) de Harlem et est choisi pour interpréter le rôle de Travis enfant dans la pièce A Raisin in the Sun (en), qui se joue au célèbre Apollo Theater. En 1986, la famille déménage à Baltimore dans le Maryland[17]. Après avoir terminé sa deuxième année à la Paul Laurence Dunbar High School (en), Tupac est muté à la Baltimore School for the Arts (en), où il étudie le théâtre, la poésie, le jazz et le ballet. Il joue des pièces de Shakespeare ainsi que le rôle du roi des souris dans Casse-Noisette[16]. Shakur, accompagné au beatboxing par l'un de ses amis, Dana « Mouse » Smith, remporte la plupart des nombreux concours de rap auxquels il participe et est considéré comme le meilleur rappeur de son école[18]. Bien qu'il n'a pas de vêtements à la mode, Tupac est l'un des enfants les plus populaires de son école en raison de son sens de l'humour, d'excellentes compétences en rap et de sa facilité à se lier avec toutes les foules[19]. Il développe une étroite amitié avec la jeune Jada Pinkett qui dure jusqu'à sa mort. Dans le documentaire Tupac : Resurrection, Shakur déclare : « Jada est mon cœur. Elle sera mon amie pour toute ma vie », Pinkett déclare qu'il est « l'un de mes meilleurs amis. Il était comme un frère. C'était au-delà de l'amitié pour nous. Le type de relation que nous avions se rencontre qu'une fois dans une vie. » Un poème écrit par Shakur intitulé « Jada » apparaît dans son livre, The Rose That Grew From Concrete, qui comprend aussi un poème dédié à Pinkett appelé « The Tears in Cupid's Eyes » (« les larmes dans les yeux de Cupidon »). Pendant sa période à l'école des arts, Shakur commence à sortir avec la fille du directeur du Parti communiste USA de Baltimore[20].

En juin 1988, Shakur et sa famille déménagent à nouveau, cette fois à Marin City (en) en Californie[17], où il étudie à la Tamalpais High School (en)[21]. En 1989, Tupac commence à fréquenter les cours de poésie de Leila Steinberg (en)[22]. Cette même année, Steinberg organise un concert avec un ancien groupe de Shakur, Strictly Dope. Après le concert, Tupac signe avec Atron Gregory et est recruté dans le tout nouveau groupe de hip-hop d'Oakland, Digital Underground. En 1990, il est engagé comme danseur et « roadie » du groupe[5],[6],[7].

Début de carrière

La carrière professionnelle de Shakur commence au début des années 1990, quand il réalise un couplet du morceau Same Song de Digital Underground sur la bande originale du film Nothing but Trouble, il apparaît également avec le groupe dans le film. En tournée, il en profite pour développer son propre matériel. Tupac fait une première apparition sur le second album de Digital Underground, This Is an EP Release (en), qui est lancé au printemps 1991. On peut aussi l'entendre sur leur troisième album, Sons of the P (en). Et le 12 novembre de la même année, il lance son premier album solo, 2Pacalypse Now. Au départ, 2Pac rencontre des difficultés pour commercialiser cet album, mais les dirigeants d'Interscope Records, Ted Field (en) et Tom Whalley, acceptent finalement de distribuer l'album. Le disque remporte un grand succès grâce aux dénonciations qu'il y fait, et à sa forte implication politique. Le titre 'Brenda's Got a Baby (en) atteint le Top 30 R'n'B et l'album la certification or. Toutefois, ses textes crus et vulgaires lui valent la critique du vice-président des États-Unis Dan Quayle et de groupes de parents. De plus, 2Pacalypse Now n'a pas fait aussi bien dans les charts que les albums suivants, aucun de ses titres n'atteignant les dix premières places. Son deuxième album, Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z., sort le 16 février 1993 et reçoit la certification platine. L'album, principalement produit par Randy « Stretch » Walker (en) (le meilleur ami de Shakur et associé à l'époque) et Live Squad (en), génère deux hits, Keep Ya Head Up (en) et I Get Around (en), ce dernier avec en featuring Shock G (en) et Money-B (en) de Digital Underground.

La notoriété de Shakur est grandement accrue par son rôle dans Juice d'Ernest R. Dickerson en 1992. Ce rôle lui en vaut un second en 1993 dans Poetic Justice de John Singleton dans lequel il joue aux côtés de Janet Jackson. À la fin de cette année, on le voit dans le film de basket-ball Above the Rim (en).

Thug Life

À la fin de l'année 1993, Shakur forme le groupe Thug Life avec un certain nombre de ses amis, dont Big Syke, Macadoshis, Rated R et son demi-frère Mopreme. Le groupe sort son unique album enregistré Thug Life: Volume 1 le 26 septembre 1994, qui devient disque d'or. L'album contient le single Pour Out a Little Liquor, produit par Johnny "J" (en), qui produira une grande partie de l'album de Tupac All Eyez on Me. Le groupe effectue généralement ses concerts sans Tupac[23].

À l'époque, la notion de « Thug Life » est considérée comme une philosophie de vie par Tupac, qui utilise l'expression pour définir le style de vie qu'il a vécu. Il tourne « Thug Life » (littéralement « vie de voyou ») en un acronyme, qu'il baptise « The Hate U Give Little Infants Fucks Everybody » (« la haine que vous transmettez aux enfants se retourne contre nous tous »). Tupac le définit comme un mode de vie où les gens réussissent en partant de rien et en surmontant tous les obstacles pour atteindre leurs objectifs. En d'autres termes, une personne née riche ou issue d'un milieu aisé ne vit pas une « Thug Life », parce qu'elle n'a pas besoin de lutter pour survivre[24]. En raison de l'utilisation constante de l'expression par Tupac, celle-ci est devenue synonyme de son nom et il se l'est même faite tatouer sur le ventre. Contrairement à ce que peut laisser croire une traduction littérale, l'acronyme n'a rien à voir avec le fait d'être un gangster ou un criminel puisqu'il dénonce toutes les idéologies socialement oppressives enseignées durant l'enfance qui peuvent nous affecter négativement une fois adultes. Tupac dit par ailleurs : « Je ne suis pas un gangster et ne l'ai jamais été. Je ne suis pas le voleur qui s'empare de votre sac à main. Je ne suis pas le gars qui fait du carjacking. […] J'ai un emploi. Je suis un artiste »[25].

Démêlés judiciaires

Même s'il retient l'attention tant sur le plan musical que cinématographique, Shakur acquiert une notoriété pour ses conflits avec la justice. En octobre 1991, il tente de déposer une poursuite au civil de dix millions de dollars contre l'application de la loi par les policiers municipaux d'Oakland, clamant qu'ils l'ont brutalement battu pour avoir traversé la rue imprudemment[8].

En 1992, un policier d'État du Texas est tué par un adolescent qui écoutait 2Pacalypse Now, album qui contient des chansons sur le meurtre de policiers. Cela provoque un tourbillon médiatique. Dan Quayle, vice-président des États-Unis à l'époque, exige que l'album soit retiré des magasins de musique et des médias à travers le pays, ce qu'Interscope refuse[8]. Shakur réplique que son premier album expose les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes Afro-Américains, mais il est critiqué pour son langage explicite et ses images de violence à l'encontre de l'application des lois. Quayle dénonce publiquement l'album comme n'ayant « pas de place dans notre société »[26].

Le 22 août 1992 à Marin City, Shakur rappe lors d'un festival en plein air et reste une heure à signer des autographes et des photos. Des remarques antérieures négatives faites par Shakur à propos de Marin City ressurgissent et le débat devient houleux, les voix s'élèvent. Tupac sort alors un 9 mm court, l'arme, cafouille et le laisse tomber. Il crie : « Ramasse le flingue ! » à son frère Mopreme, qui tire entre trois et six balles. Bien que personne dans la foule n'a été touché, à une centaine de mètres de là, un enfant de six ans nommé Qa'id Walker-Teal qui roule à vélo dans une cour d'école est atteint au front, la balle le tuant. Tupac et Mopreme laissent leur voiture et sont arrêtés par une foule en colère, en face d'un poste de police. Les policiers viennent à leur secours et placent les deux frères en garde à vue, qui sont finalement libérés sans inculpation. En 1995, une affaire civile est intentée par la mère de Qa'id. L'avocat de Shakur déclare que le festival a « mal tourné », et Tupac est attristé par la mort du garçon. La maison de disques de Shakur règle la poursuite judiciaire pour un montant rapporté entre 300 000 et 500 000 $[27].

En octobre 1993, à Atlanta, deux frères et policiers hors service, Mark et Scott Whitwell, célèbrent avec leurs épouses la récente obtention par Mme Whitwell de l'examen du barreau de l'État. Comme ils traversent la rue, une voiture avec Shakur dedans les « touche presque », après quoi les Whitwell ont une altercation avec le conducteur, Shakur et les autres passagers, qui sont ensuite rejoints par une deuxième voiture. Shakur tire sur un agent dans les fesses, et l'autre à la jambe, le dos ou l'abdomen, selon les sources. Personne d'autre n'est blessé, mais Mark Whitwell est accusé d'avoir tiré sur la voiture de Shakur et plus tard d'avoir menti à la police pendant l'enquête, alors que Shakur est lui accusé d'avoir tiré sur l'agent, jusqu'à ce que les procureurs décident d'abandonner toutes les accusations portées contre les parties[28],[29].

En novembre 1993, Shakur et d'autres personnes sont accusés d'avoir agressé sexuellement une fan dans une chambre d'hôtel. Selon la plainte déposée, Shakur aurait violé la jeune femme et ensuite encouragé ses amis à abuser d'elle. Tupac réfute totalement les accusations. Selon lui, il aurait eu des relations les jours précédents avec la femme, elle lui aurait pratiqué une fellation dans une discothèque et plus tard ils auraient eu des relations sexuelles consenties dans la chambre d'hôtel du rappeur. Les accusations sont émises après qu'elle serait retournée une deuxième fois dans sa chambre d'hôtel où elle aurait eu une relation sexuelle avec ses amis et prétend que Shakur et son entourage l'auraient soumise à un gang bang, elle lui aurait dit en partant : « Pourquoi les as-tu laissé me faire ça ? »[30],[31]. Shakur déclare qu'il se serait endormi peu après son arrivée et plus tard réveillé aux accusations et menaces de poursuite judiciaire. Lors du procès qui suit, Shakur est reconnu coupable d'abus sexuels bien qu'il n'y ai aucune preuve contre lui. En condamnant Shakur à un an et demi dans un établissement pénitentiaire, le juge décrit le crime comme « un acte de violence brutale contre une femme sans défense »[32],[33],[34]. En 1994, il est reconnu coupable d'avoir attaqué un ancien employeur, Allen Hughes, lors d'un tournage d'un clip vidéo[35]. Il est condamné à quinze jours de prison, des journées de travaux avec une entreprise de génie civil, des travaux d'intérêt général et une amende de 2 000 $.

New York 1994

Dans la nuit du 30 novembre 1994, à la veille de l'annonce du verdict de son procès pour abus sexuels, Tupac et trois hommes de son entourage, dont son manager Freddie Moore et « Stretch » Walker, entrent dans le hall des Quad Recording Studios à Manhattan. Deux hommes armés en treillis commencent à les suivre et, avant qu'ils n'arrivent aux ascenseurs, sortent leurs armes à feu et volent les bijoux de Tupac. Dans la lutte, Shakur reçoit cinq balles, dont deux à la tête, tandis que son manager est touché une fois. Les agresseurs partent alors avec 40 000 $ de bijoux. Plus tard, Tupac accuse Sean Combs[36], Andre Harrell (en) et The Notorious B.I.G., sur lesquels il tombe nez-à-nez juste après l'agression. Tupac décrira la scène comme très étrange, rapportant que personne parmi eux n'a bougé le petit doigt pour l'aider et qu'ils le regardaient fixement comme s'ils étaient étonnés qu'il soit encore en vie. Shakur soupçonne également son ami et associé, Randy « Stretch » Walker, d'être impliqué dans la tentative de meurtre. Selon les médecins de l'hôpital Bellevue où Tupac est admis immédiatement après l'incident, Shakur a reçu cinq balles, deux dans la tête, deux dans l'aine et une à travers le bras et la cuisse. Il sort de l'hôpital, malgré les réticences du personnel médical, trois heures après l'opération chirurgicale. Le lendemain, Shakur assiste au verdict de son procès en fauteuil roulant, il est reconnu coupable de trois chefs d'accusation dont celui d'attentat à la pudeur et innocent de six autres. Le 6 février 1995, il est condamné à un an et demi et quatre ans et demi de prison[37].

Un an plus tard, le 30 novembre 1995, « Stretch » est assassiné de plusieurs balles dans le dos au volant de sa mini-fourgonnette par trois hommes faisant feu depuis le côté de son véhicule à Queens Village (en). Sa camionnette percute alors un arbre et heurte un véhicule stationné avant de se retourner[38].

Le 27 mars 2008, le Los Angeles Times publie des excuses à Sean « Puffy » Combs pour l'avoir accusé de jouer un rôle dans l'agression de novembre 1994. L'article indiquait que Shakur a été amené au studio par les associés de Biggie pour l'abattre et ainsi favoriser Biggie. Le journal s'est fondé sur de faux documents et The Smoking Gun (en) a démontré leur contradiction[39].

Le 15 juin 2011, Dexter Isaac, un meurtrier déjà incarcéré, publie un communiqué où il explique avoir été engagé par l'agent James Rosemond : « En 1994, James Rosemond m'a engagé pour cambrioler Tupac Shakur au Quad Studio. Il m'a donné 2 500 dollars et permis de garder tous les bijoux que je trouverais, à l'exception d'une bague qu'il voulait pour lui. C'était la plus grosse de deux bagues à diamant qu'on a volées. Il disait qu'il voulait mettre le diamant sur un nouvel anneau pour sa petite amie de l'époque, Synthia Ried. J'ai encore comme preuve une chaîne qu'on a prise ce soir-là »[40].

Emprisonnement

Le 14 février 1995, Shakur commence à purger sa peine à la prison de Dannemora. En mars, il sort son premier album multi-platine Me Against the World, qui contient le single Dear Mama en hommage à sa mère. Le disque devient directement numéro un au Billboard 200 et le reste pendant cinq semaines, faisant de Tupac l'unique artiste à décrocher une première position tout en purgeant une peine d'emprisonnement. L'album se vend à 240 000 exemplaires la première semaine, établissant un record de ventes la première semaine pour un rappeur solo à l'époque[41]. Alors qu'il purge sa peine, il épouse sa petite amie de longue date, Keisha Morris, le 4 avril 1995. Le couple divorcera en 1996[42]. En prison, Shakur lit des livres de Nicolas Machiavel, dont Le Prince, L'Art de la guerre de Sun Tzu et d'autres ouvrages de stratégie et philosophie politique[43]. Pendant son incarcération, Tupac écrit également un scénario intitulé Live 2 Tell, l'histoire d'un adolescent qui devient un baron de la drogue[44].

En octobre 1995, l'affaire est révisée en appel, mais en raison de tous ses frais juridiques Tupac ne peut réunir le montant demandé pour la caution. Après avoir purgé onze mois de sa peine[45], Shakur sort de prison grâce en grande partie à l'aide et l'influence de Suge Knight, le directeur de Death Row, qui paie une caution de 1,4 million $, attendant en retour que Tupac signe et enregistre trois albums avec son label[46].

Death Row Records

À sa sortie de prison, Shakur retourne immédiatement en studio. Il forme un nouveau groupe baptisé Outlaw Immortalz. Shakur commence à enregistrer son premier album avec Death Row et sort le single California Love peu de temps après. Le 13 février 1996, Shakur lance son quatrième album solo, All Eyez on Me, le premier double album de l'histoire du hip-hop qui soit composé uniquement de titres originaux. Le disque entre directement en première position et est certifié quintuple platine au cours de l'automne, se vendant finalement à plus de neuf millions d'exemplaires[47]. En comparaison avec Me Against the World, l'album est davantage orienté vers une mentalité de gangster et les intimidations envers d'autres rappeurs. Shakur poursuit ses enregistrements en dépit des problèmes croissants du label Death Row ; Dr. Dre quitte son poste de producteur-maison pour former son propre label, Aftermath. Shakur continue à produire des centaines de morceaux durant sa période à Death Row, dont la plupart seront placés sur ses albums posthumes R U Still Down (Remember Me), Still I Rise, Until the End of Time, Better Dayz, Loyal to the Game et Pac's Life. Il entame également le processus d'enregistrement d'un album intitulé One Nation avec le groupe Boot Camp Clik (en) et leur label Duck Down Records basé à New York.

Le 4 juin 1996, il publie avec les Outlawz la diss track Hit 'Em Up, une attaque verbale contre Biggie et ses associés. Dans la chanson, Shakur prétend avoir eu des rapports sexuels avec Faith Evans (« you claim to be a player but I fucked your wife »)[48], la femme de Biggie à l'époque, et remet en cause la street credibility des membres de Bad Boy Records. Bien qu'aucune preuve tangible ne le confirme, Shakur est convaincu que certains membres de Bad Boy avaient connaissance de l'agression de 1994 en raison de leur comportement cette nuit-là et de ce que ses sources lui ont dit. Shakur s'aligne sur Suge, PDG de Death Row, dont les relations avec Sean Combs se sont dégradées depuis un incident en 1995 au Platinum Club à Atlanta ayant abouti à la mort de l'ami et garde du corps de Suge, Jake Robles. Suge Knight est catégorique en exprimant ses soupçons concernant l'implication de Combs[49]. La signature de Tupac avec Death Row ajoute de l'huile sur le feu du conflit entre les côtes Est et Ouest. Les deux parties restent des ennemis acharnés jusqu'à la mort de Shakur. Le 4 juillet 1996, Tupac joue en live à la House of Blues avec Outlawz, Tha Dogg Pound et Snoop Doggy Dogg. Il s'agit de l'ultime concert de Shakur[50].

Bien qu'il a un nouvel album couronné de succès, Shakur commence à se lasser du hip-hop et se concentre de plus en plus sur le cinéma et la politique. Au cours de l'été 1996, il tourne deux films, Bullet et Gridlock'd.

Las Vegas 1996

Dans la nuit du 7 septembre 1996, Shakur assiste au match de boxe entre Mike Tyson et Bruce Seldon au MGM Grand à Las Vegas. En sortant de l'hôtel-casino, l'un des associés de Suge repère Orlando « Baby Lane » Anderson (en), un membre des Crips, dans le hall du MGM Grand et avertit Tupac, qui se jette sur Anderson, bientôt rejoint par Suge et ses associés. La bagarre est enregistrée par les caméras de surveillance de l'hôtel. Quelques mois auparavant, Anderson et un groupe de Crips avaient volé un membre de l'entourage de Death Row dans un magasin Foot Locker, expliquant l'attaque de Shakur. Après la bagarre, Shakur doit se rendre avec Suge au Club 662. Il monte dans la BMW E38 berline noire de Suge au sein d'un grand convoi comportant de nombreuses personnes de l'entourage de Tupac.

À 22 h 55, lors d'un arrêt à un feu rouge, Shakur baisse la vitre et un photographe prend la dernière photo de Tupac vivant[51]. Vers 23 h 05, la BMW est arrêtée par la police à vélo sur Las Vegas Strip car le volume de l'autoradio est trop élevé et pour absence de plaques d'immatriculation sur la voiture ; les plaques ont ensuite été trouvées dans le coffre de la voiture. Quelques minutes plus tard, ils repartent sans recevoir d'amende[51],[52]. Vers 23 h 10, à un nouvel arrêt à un feu tricolore sur la route de Flamingo, près de l'intersection de Koval Lane en face de l'hôtel Maxim, un véhicule occupé par deux femmes s'arrête sur le côté droit. Shakur, qui se tient debout à travers le toit ouvrant, échange quelques mots avec les deux femmes, et les invite au Club 662[51]. À 23 h 14, une Cadillac Fleetwood blanche s'approche du côté passager de la BMW, les passagers descendent l'une des fenêtres, et tirent une rafale de coups de feu à moins de quatre mètres de distance. Tupac est touché à quatre reprises, dont deux blessures mortelles à la poitrine, une balle lui perfore le bassin et la main droite, et la dernière la cuisse[9],[51]. L'une des balles a ricoché dans le poumon droit[53]. Suge est légèrement blessé à la tête par des fragments de balles et des éclats de verre, même si on estime qu'une balle l'a effleuré[54]. Selon Suge, une balle de la fusillade s'est logée dans son crâne, mais les rapports médicaux ultérieurs contredisent cette déclaration[55].

Au moment de la fusillade, le garde du corps de Tupac suivait derrière dans un véhicule appartenant à Kidada Jones (en), la petite amie de Shakur. Le garde du corps, Frank Alexander, a déclaré qu'il s'apprêtait à monter avec le rappeur dans la voiture de Suge, lorsque Shakur lui a demandé de conduire la voiture de Kidada au cas où ils auraient été trop ivres et auraient eu besoin de véhicules supplémentaires en sortant du Club 662[56]. Peu de temps après l'agression, le garde du corps a rapporté dans son documentaire, Before I Wake, que l'une des voitures du convoi a suivi la Cadillac après l'assaut, mais qu'il n'a jamais eu de nouvelles de ses occupants.

Après leur arrivée sur les lieux, la police et les ambulanciers emmènent Suge et Shakur à l'University Medical Center. D'après une interview du producteur de clips Gobi, proche de Tupac, un employé de Death Row lui aurait dit que les tireurs avaient appelé la maison de disques et auraient envoyé des menaces de mort visant Shakur, affirmant qu'ils allaient « l'achever »[57]. Après avoir entendu cela, Gobi a immédiatement alerté la police de Las Vegas, mais les policiers ont prétendu qu'ils étaient en sous-effectif et ne pouvaient être déployés[57]. À l'hôpital, Shakur n'est pas totalement inconscient, il est sous sédatifs, respire à l'aide d'un masque et d'un respirateur artificiel en réanimation, et il est au stade final placé en coma artificiel après avoir essayé à plusieurs reprises de sortir du lit[9],[57],[58].

Bien qu'il a été transféré dans un centre de traumatologie et qu'il a subi une multitude d'interventions chirurgicales, Shakur passe la phase critique du traitement médical et les médecins lui donnent alors 50 % de chance de s'en sortir[53]. Gobi quitte le centre médical après avoir été informé que Shakur a récupéré 13 % de ses facultés lors de la sixième nuit d'hospitalisation[57]. L'après-midi du vendredi 13 septembre 1996, à l'unité de soins intensifs, Shakur est victime d'une hémorragie interne. Les médecins tentent de le ranimer mais ne parviennent pas à résorber l'hémorragie[9],[58]. Sa mère, Afeni, prend la décision de dire aux médecins de ne pas insister davantage[53],[58]. Tupac est déclaré mort à 16 h 03 locales[9]. La cause officielle du décès est une insuffisance respiratoire et un arrêt cardio-respiratoire résultants de ses multiples blessures par balles[9]. Le corps de Shakur est incinéré le lendemain[59], après avoir été autopsié, et une partie de ses cendres auraient par la suite été mélangées avec du cannabis pour être fumées par les membres des Outlawz[60].

Causes du meurtre

En grande partie à cause d'un manque d'avancées par les forces de l'ordre dans l'enquête sur l'assassinat de Shakur, de nombreuses enquêtes indépendantes et théories sont apparues. En raison de l'acrimonie entre Tupac et Biggie (assassiné en mars 1997[61]), il y a eu rapidement des spéculations sur la possibilité de l'implication de son ami devenu rival. Biggie, ainsi que sa famille et ses associés, nient avec véhémence toutes les accusations[62]. En 2002, le Los Angeles Times publie une tribune du journaliste d'investigation et lauréat du prix Pulitzer Chuck Philips, qui prétend avoir découvert des preuves impliquant Biggie, Orlando Anderson et les Southside Crips lors de l'attaque[63]. Philips cite des membres de gangs restés anonymes qui estiment que Biggie avait des liens avec les Crips, les enrôlant souvent pour assurer sa sécurité lors de ses déplacements sur la West Coast, et que Biggie était de connivence avec les Crips pour assassiner Shakur. En 2008, le site The Smoking Gun signale que les documents invoqués par Philips sont frauduleux, le L.A. Times publie alors un erratum officiel en première page concernant l'histoire de Philips[64]. Moins de cinq mois plus tard, Philips quitte le Los Angeles Times[65].

La complexité des deux meurtres des rappeurs et la violence des gangs qui a suivi attirent l'attention du cinéaste anglais Nick Broomfield. Il réalise le documentaire Biggie & Tupac et dénonce l'absence d'avancées dans l'affaire en donnant la parole aux proches des deux rappeurs tués et de l'enquête que la police n'a pas entendus. Les dessous de ces enquêtes bâclées révèlent la corruption des autorités, l'influence et la possible implication de Suge Knight, le rôle du FBI ainsi que les rumeurs selon lesquelles Biggie aurait commandité le meurtre. Bien que dans le film il n'accuse pas explicitement Suge, lors d'une interview à la BBC le 7 mars 2005, à la question « Qui a tué Tupac ? », Broomfield déclare : « Le grand type à côté de lui dans la voiture… Suge Knight »[66]. L'ami d'enfance de Tupac et membre des Outlawz, Yaki Kadafi, était dans le convoi lors du « drive-by » et a indiqué à la police qu'il pourrait être en mesure d'identifier les assaillants. Cependant, il a été abattu peu après à Irvington (en)[67].

D'autres théories insistent sur la conscience politique que Tupac a développé, grâce à ses parents et à ses proches amis, pendant son incarcération et à sa sortie de prison. Il comptait ainsi créer un mouvement politique dans la droite lignée des Black Panthers dès 1995 et a d'ailleurs participé à de nombreuses réunions en ce sens. Tupac Shakur avait d'ailleurs choisi un nouveau surnom sans équivoque, Don Killuminati.

Influences

La musique et la philosophie de Tupac sont ancrées dans de nombreuses entités américaines, afro-américaines et mondiales, dont le Black Panther Party, le nationalisme noir, l'égalitarisme et la liberté. Son premier album, 2Pacalypse Now, révèle la conscience sociale de Shakur en attaquant l'injustice sociale, la pauvreté et la brutalité de la police avec les chansons Brenda's Got a Baby, Trapped (en) et Part Time Mutha. Cet album est fortement influencé par la conscience sociale et l'afrocentrisme omniprésents dans le hip-hop à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Avec ce premier album, Shakur contribue à accroître la popularité de groupes de rap tels que Boogie Down Productions, Public Enemy, X-Clan (en) et Grandmaster Flash en devenant l'un des premiers grands rappeurs conscients de la côte Ouest.

Sur son deuxième album, Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z., Shakur continue à rapper sur les maux sociaux auxquels sont confrontés les afro-américains, avec des chansons comme The Streetz R Deathrow et Last Wordz. Il montre également sa compassion avec l'hymne Keep Ya Head Up et son agressivité avec le titre éponyme de l'album, il ajoute un hommage à son ancien groupe Digital Underground en les incluant sur le morceau I Get Around.

Les thèmes contradictoires de l'inégalité sociale, l'agressivité, la compassion, l'espièglerie et l'espoir continuent à marquer le style de Shakur, comme en témoigne la sortie de son troisième album personnel Me Against the World. En 1996, Shakur sort All Eyez on Me. Plusieurs de ces pistes sont considérés par de nombreuses critiques comme des classiques, dont Ambitionz Az a Ridah, I Ain't Mad at Cha (en), California Love, Life Goes On (en) et Picture Me Rollin. All Eyez on Me marque un changement de style par rapport à ses œuvres antérieures. Bien que contenant encore des chansons socialement conscientes, Shakur est davantage tourné vers des morceaux joyeux. Shakur a décrit l'album comme une célébration de la vie et il a rencontré un grand succès commercial.

Shakur était un lecteur vorace et s'inspirait d'une grande variété d'écrivains, dont Nicolas Machiavel, Sun Tzu, Kurt Vonnegut, Mikhaïl Bakounine, Maya Angelou, Alice Walker, Khalil Gibran et Donald Goines (en). Dans son livre Holler if You Hear Me: Searching for Tupac Shakur, Michael Eric Dyson (en) décrit sa visite de la maison de l'amie et promoteur de Tupac, Leila Steinberg, pour trouver « la mer de livres » qui appartenait au rappeur[68].

Héritage

Statue de Tupac Shakur à Herford.

Après le décès de l'icône et la sortie de The Don Killuminati : the 7 Day Theory, Cormega rapporte dans une interview que les spectateurs d'un concert de Mobb Deep en Caroline du Nord scandaient « Makaveli »[69], soulignant l'influence de cet album et de Shakur lui-même sur la East Coast au pic de la médiatisation de la « rivalité East Coast/West Coast ».

Tupac est tenu en haute estime par les autres MCs. Dans le livre How to Rap (en), Bishop Lamont déclare que Shakur « maîtrisait tous les éléments, tous les aspects » du rap[70] et Fredro Starr (en) d'Onyx dit que Shakur « était un maître du flow »[71]. « Chaque rappeur qui a grandi dans les années 1990 doit quelque chose à Tupac », écrit 50 Cent, « il ne ressemblait pas à ceux qui sont venus avant lui »[2]. About.com a nommé Shakur comme le rappeur le plus influent de tous les temps[72].

En 2001, Method Man et Redman, deux rappeurs ayant collaboré avec 2Pac sur l'album All Eyez on Me, sont à l'affiche de How High. Silas, alias Method Man, fait fureur à Staten Island avec ses décoctions d'herbes qui peuvent tout guérir. Lorsque son meilleur ami Ivory meurt dans un accident, il ensevelit ses cendres avec un mélange spécial de graines, ce qui donne naissance à une superbe plante. Impressionné, Silas suit le conseil de son ami défunt et s'inscrit au collège, première étape avant l'école de médecine. À l'entrée du collège, il fait la connaissance de Jamal, alias Redman, et partage un joint avec lui. Mais en l'allumant, la combustion des herbes contenant des cendres d'Ivory provoque l'apparition de ce dernier. Dès lors, tel un bon génie, Ivory procure aux deux amis des notes parfaites dans toutes les matières. Si bien que Silas et Jamal se retrouvent à Harvard, où leur comportement exubérant irrite le très conservateur doyen Cain. Ce film est un très bel hommage à la mort de 2Pac, et rappelle le geste des membres des Outlawz qui, après l'incinération de 2Pac, avaient mélangé une partie des cendres et du cannabis pour le fumer plus tard.

Pour préserver l'héritage de Tupac, sa mère fonde la Shakur Family Foundation (plus tard rebaptisée Tupac Amaru Shakur Foundation ou TASF) en 1997. Le but de la TASF est de « fournir une formation et un soutien pour les étudiants qui aspirent à améliorer leurs talents créatifs ». La TASF sponsorise des concours de dissertation, des événements de charité, des camps de spectacle vivant pour adolescents et des bourses d'études de premier cycle. Le 11 juin 2005, La fondation ouvre officiellement la Tupac Amaru Shakur Center for the Arts (en) (TASCA) à Stone Mountain. Le 14 novembre 2003, un documentaire sur Shakur intitulé Tupac: Resurrection est réalisé sous la supervision de sa mère qui en est également la narratrice. Il est nommé pour l'Oscar du meilleur film documentaire lors de la 77e cérémonie des Oscars. Les bénéfices vont à une association caritative créée par Afeni Shakur. Le 17 avril 2003, l'université Harvard coparraine un colloque universitaire intitulé All Eyez on Me: Tupac Shakur and the Search for the Modern Folk Hero (« All Eyez on Me : Tupac Shakur et la recherche du héros populaire moderne »). Les conférenciers ont examiné un large éventail de sujets traitant de l'impact de Shakur sur plusieurs thèmes, du divertissement à la sociologie[73].

Beaucoup d'intervenants ont discuté du statut et du personnage public de Tupac Shakur, dont Mark Anthony Neal (en), professeur d'anglais à l'université de Buffalo, qui a tenu la conférence Thug Nigga Intellectual: Tupac as Celebrity Gramscian dans laquelle il fait valoir que Shakur est un exemple d'« intellectuel organique » exprimant les préoccupations d'un grand nombre de personnes[74]. Le professeur Neal indique également dans ses écrits que la mort de Shakur a laissé vacante la place de « meneur parmi les artistes hip-hop »[75].

Murray Forman, professeur de communication à la Northeastern University, a parlé du statut mythique de la vie et la mort de Tupac. Il a abordé le symbolisme et la mythologie entourant la mort de Shakur dans son discours intitulé Tupac Shakur: O.G. (Ostensibly Gone). Parmi ses conclusions, il affirme que les fans de Tupac ont « réussi à ressusciter Tupac comme une force de vie éthérée »[76]. Dans From Thug Life to Legend: Realization of a Black Folk Hero, Emmett Price, professeur de musique à la Northeastern University, compare l'image publique de Shakur à celle des arnaqueurs du folklore afro-américain qui ont donné lieu au stéréotype urbain du voyou de la période post-esclavagiste. Il a finalement décrit Shakur comme un « artiste prolifique », qui a été « poussé par un terrible sentiment d'urgence » dans une quête pour « unifier la pensée, le corps et l'esprit »[77].

Michael Dyson, professeur de lettres et des études afro-américaines à l'université de Pennsylvanie et auteur du livre Holler If You Hear Me: Searching for Tupac Shakur[68], indique que Shakur « a parlé avec brio et perspicacité comme quelqu'un qui témoigne de la douleur de ceux qui n'auraient jamais sa chance. Il dit la vérité, même s'il a lutté avec les fragments de son identité »[68]. À une conférence de Harvard, le thème était l'impact de Shakur sur le divertissement, les relations raciales, la politique et le « héros / martyr »[73]. Fin 1997, l'université de Californie à Berkeley offre un cours dirigé par des élèves intitulé History 98: Poetry and History of Tupac Shakur[78].

À la fin de l'année 2003, la ligne de vêtements Makaveli Branded Clothing (en) est lancée par Afeni. En 2005, Death Row publie Tupac: Live at the House of Blues (en). Le DVD est enregistré le 4 juillet 1996, lors du dernier concert de la carrière de Tupac, et dispose d'une pléthore d'artistes de Death Row. En août 2006 est publiée la biographie interactive officielle Tupac Shakur Legacy (en) réalisée par Jamal Joseph (en). Elle présente des photographies inédites de la famille, des histoires intimes et plus de vingt reproductions de ses chansons manuscrites, déclarations, écrits, poèmes et autres documents personnels. Le sixième album studio posthume de Shakur, Pac's Life, sort le 21 novembre 2006. Il célèbre le 10e anniversaire de sa mort. Il est toujours reconnu comme l'un des artistes les plus populaires dans l'industrie de la musique pour l'année 2006[79].

Selon Forbes, Shakur a récolté environ 15 millions de dollars en 2008[80]. En 2002, ils le recensent comme la dixième célébrité morte gagnant le plus d'argent avec sept millions de dollars[81].

Le 8 décembre 2009, la chanson Changes apparaît dans la play-list officielle du Vatican, publiée sur MySpace[82].

La chanson de Tupac Dear Mama est l'une des 25 chansons ajoutées au registre national d'enregistrement américain en 2010. La Library of Congress a commenté la chanson comme étant « un hommage émouvant à la fois à la propre mère du rappeur assassiné et à toutes les mères qui luttent pour maintenir une famille face à la toxicomanie, la pauvreté et l'indifférence de la société ». Cet honneur vient sept jours après ce qui aurait dû être son 39e anniversaire. Shakur n'est que le troisième rappeur à entrer dans la bibliothèque, après Grandmaster Flash et Public Enemy[83].

Discographie

Albums studios

Année Album Classement dans les charts[84],[85],[86],[87] Certifications[88],[89]
U.S. U.S. R&B U.S. Canada
1991 2Pacalypse Now 64 13 Or
1993 Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z. 24 4 Platine
1994 Thug Life: Volume 1 (avec Thug Life) 42 6 Or
1995 Me Against the World 1 1 2× Platine
1996 All Eyez on Me 1 1 9× Platine Platine
1996 The Don Killuminati : the 7 Day Theory 1 1 4× Platine Or

Albums posthumes

Année Album Classement dans les charts[90],[87] Certifications[88],[89]
U.S. U.S. R&B U.S. Canada
1997 R U Still Down (Remember Me) 2 1 4× Platine
1998 Greatest Hits 2 1 Diamant
1999 Still I Rise (avec les Outlawz) 6 2 Platine Or
2001 Until the End of Time 1 1 3× Platine 2× Platine
2002 Better Dayz 5 1 2× Platine 3× Platine
2003 Resurrection 2 3 Platine
2004 Loyal to the Game 1 1 Platine
2006 Pac's Life 9 3 Or

Autres

Filmographie

Année Titre Rôle Notes
1991 Nothing but Trouble Lui-même Brève apparition
1992 Juice Bishop Premier rôle principal
1992 Drexell's Class (en) Lui-même Saison 1 : « Cruisin' »
1993 Campus Show Piccolo Saison 6 : « Homie, Don't You Know Me? »
1993 Poetic Justice Lucky Avec Janet Jackson
1993 In Living Color (en) Lui-même Saison 5 : « Ike Turner and Hooch »
1994 Above the Rim (en) Birdie Avec Duane Martin (en)
1996 Bullet Tank Sorti un mois après la mort de Shakur
1997 Gridlock'd Ezekiel Spoon Whitmore Sorti quelques mois après la mort de Shakur
1997 Flics sans scrupules Detective Rodríguez Dernier film de Shakur
2003 Tupac : Resurrection Lui-même (images d'archives) Film-documentaire officiel
2009 Notorious B.I.G. Lui-même (images d'archives) Interprété par Anthony Mackie
2012 Tupac Lui-même (images d'archives) Biopic officiel[91]
2012 Live 2 Tell Scénariste Écrit en 1995[92]

Documentaires

Annexes

Notes et références

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  3. (en) Joshua Levs, « Growing Tupac's legacy, 10 years after his death » sur NPR Music. Consulté le 24 juin 2010
  4. (en) Monica Leftwich, « Musicians: Tupac Shakur » sur helium.com. Consulté le 24 juin 2010
  5. a et b  Tupac Shakur – Thug Angel (The Life of an Outlaw).
  6. a et b (en) Tupac Shakur sur hotshotdigital.com. Consulté le 24 juin 2010
  7. a et b Paul Edwards, How to Rap: The Art & Science of the Hip-Hop MC, 2009, Chicago Review Press, p. 330.
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  10. Hoye 2006, p. 30
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  24. (en) What is the meaning of Thug Life? sur venturearticles.com. Consulté le 16 juillet 2010
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  33. (en) Helaine Olen, « Rapper Shakur gets prison for assault » sur Los Angeles Times, 8 février 1995. Consulté le 24 juin 2010
  34. (en) Lois Romano, « The Reliable Source » sur The Washington Post, 8 février 1995. Consulté le 24 juin 2010
  35. (en) « Tupac Shakur convicted for attack on director Allen Hughes », dans Jet, 28 février 1994, p. 100-116 [texte intégral (page consultée le 24 juin 2010)] 
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Liens externes

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

  • (en) Jacob Hoye, Tupac: Resurrection, Atria, 2006 (ISBN 074347435X) 
  • (en) Darrin Keith Bastfield, Back in the day: my life and times with Tupac Shakur, Da Capo Press, 2002 (ISBN 978-0345447753) 


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