Théologie de Vatican II

Théologie de Vatican II

IIe concile œcuménique du Vatican

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Le IIe concile œcuménique du Vatican, plus couramment appelé Vatican II, est le XXIe concile œcuménique de l'Église catholique romaine. Il a été ouvert par le pape Jean XXIII en 1962 et clos sous le pontificat de Paul VI en 1965.

On le considère généralement comme l'événement le plus marquant de l'histoire de l'Église catholique au XXe siècle, symbolisant son ouverture au monde moderne et à la culture contemporaine faite de progrès technologiques considérables, d'émancipation des peuples et de sécularisation croissante. Des réponses aux questions modernes furent cherchées dans un retour aux racines du christianisme : la Bible (sur base de nouvelles recherches bibliques) et la grande Tradition, dépoussiérée d'une multitude de coutumes accumulées au cours des siècles.

Le déroulement inattendu du concile s'explique par les différences importantes entre la première et la deuxième session du concile. Un programme pré-établi par des cardinaux de curie (avec textes quasi prêts à être votés) fut rejeté. Les pères conciliaires prirent alors leur agenda en mains. Les cardinaux Léon-Joseph Suenens, Giacomo Lercaro, et Julius Döpfner, trois des quatre modérateurs, semblent avoir été à l'origine de cette « révolte ». Le changement de procédure proposé fut immédiatement accepté par Jean XXIII. Tout fut alors très différent, et les débats plus libres.

On y a débattu notamment des célébrations liturgiques, du rapport que devait entretenir l'Église catholique avec les autres Églises chrétiennes, avec les autres confessions religieuses, et la société en général, mais aussi de problèmes plus spécifiquement théologiques, comme la liberté religieuse et la Révélation.

Sommaire

Contexte

Dans les années 1950, les travaux théologiques et bibliques catholiques avaient commencé à s'écarter de la néo-scolastique et du littéralisme biblique (École biblique et archéologique française de Jérusalem, sous l'influence notamment du père Lagrange, dominicain), que la réaction au modernisme avait renforcé au sein de l'Église romaine après le Premier Concile du Vatican. Le renouveau avait pour figures de proue des théologiens comme Yves Congar, Karl Rahner et John Courtney Murray, qui voulaient mieux intégrer l'expérience humaine contemporaine au sein du dogme chrétien. On peut citer également Joseph Ratzinger (devenu pape en 2005 sous le nom de Benoît XVI), Henri de Lubac et Jean Daniélou qui, à travers le mouvement patristique, cherchaient une source de renouveau dans une étude approfondie des textes des Pères de l'Église des premiers siècles du christianisme. D'autres mouvements ont également concouru à l'émergence du nouveau concile : le mouvement liturgique, en liaison avec les abbayes bénédictines, et le mouvement marial.

À la même époque, les évêques du monde entier devaient faire face aux défis considérables que leur posaient les changements politiques, sociaux, économiques et techniques. Certains d'entre eux voyaient dans l'évolution des structures et du fonctionnement de l'Église un moyen de répondre à ces défis. Un groupe d'évêques néerlandais et allemands regroupait les plus organisés d'entre eux, sous le nom d'Évêques du Rhin. Il faut aussi signaler que la tenue de ce concile pouvait apparaître comme d'autant plus souhaitable que presqu'un siècle plus tôt, le Premier Concile du Vatican avait été interrompu par le début de la Guerre franco-prussienne, et que seuls les débats sur le rôle de la Papauté avaient pu être menés à terme, alors que nombre de questions pastorales et dogmatiques concernant l'Église tout entière avaient dû être laissées en suspens.

Le début du processus du concile se situe le 25 janvier 1959. Moins de trois mois après son élection, en 1959, à la fin de la semaine de l'Unité des Chrétiens, le pape Jean XXIII annonce son intention de convoquer le Concile, pour promouvoir le développement de la foi catholique, pour assurer le renouveau moral de la vie chrétienne et pour adapter l'Église aux besoins du temps présent.

Pendant les trois années qui suivirent, il explicita quelle était son intention dans de nombreux messages, notamment au sujet de la forme que devait revêtir le concile ; on raconte qu'alors qu'on lui demandait à quoi allait servir le Concile, il ouvrit une fenêtre et déclara, « je veux ouvrir largement les portes de l'Église, afin que nous puissions voir ce qui se passe à l'extérieur, et que le monde puisse voir ce qui se passe à l'intérieur de l'Église ». Il invita les autres Églises chrétiennes à envoyer des observateurs au Concile. Nombre d'Églises protestantes et orthodoxes acceptèrent. L'Église orthodoxe russe, craignant les représailles du pouvoir soviétique, n'accepta de s'y rendre que lorsqu'il fut confirmé que le Concile n'aborderait pas de questions politiques.

Textes et documents

Les documents sont donnés ici dans l’ordre chronologique de leur approbation par les pères du Concile. Bien que tous officiels, ils n’ont pas nécessairement tous la même importance théologique et canonique dans la vie de l’Eglise. Le titre qui leur est donné (Constitution, Décret ou Déclaration) donne une certaine idée de leur importance. Le Concile a approuvé 4 Constitutions, 9 décrets et 3 déclarations.

Deuxième session (1963)

  • 4 décembre 1963. La Constitution sur la sainte Liturgie (Sacrosanctum Concilium) est approuvée en dernière lecture par 2 147 voix contre 2.
  • 4 décembre 1963. Le Décret sur les moyens de communications sociales (Inter Mirifica) est approuvé en dernière lecture par 1 960 voix contre 164.

Troisième session (1964)

  • 21 novembre 1964. La Constitution dogmatique sur l’Église (Lumen gentium) est approuvée en dernière lecture par 2 151 voix contre 5.
  • 21 novembre 1964. Le Décret sur les Eglises catholiques orientales (Orientalium Ecclesiarum) est approuvé en dernière lecture par 2 110 voix contre 39.
  • 21 novembre 1964. Le Décret sur l’Oecuménisme (Unitatis Redintegratio) est approuvé en dernière lecture par 2 137 voix contre 11.

Quatrième session (1965)

  • 28 octobre 1965. Le Décret sur la charge pastorale des évêques dans l’Eglise (Christus Dominus) est approuvé en dernière lecture par 2 319 voix contre 2 et 1 vote nul.
  • 28 octobre 1965. Le Décret sur la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse (Perfectae caritatis) est approuvé en dernière lecture par 2 325 voix contre 4.
  • 28 octobre 1965. Le Décret sur la formation des prêtres (Optatam totius) est approuvé en dernière lecture par 2 318 voix contre 3.
  • 28 octobre 1965. La Déclaration sur l’éducation chrétienne (Gravissimum educationis) est approuvée en dernière lecture par 2 325 voix contre 35.
  • 28 octobre 1965. La Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes (Nostra Aetate) est approuvée en dernière lecture par 2 221 voix contre 88 et 1 vote nul.
  • 18 novembre 1965. La Constitution dogmatique sur la Révélation divine (Dei Verbum) est approuvée en dernière lecture par 2 344 voix contre 6.
  • 18 novembre 1965. Le Décret sur l’apostolat des laïcs (Apostolicam actuositatem) est approuvé en dernière lecture par 2 340 voix contre 2.
  • 7 décembre 1965. La Déclaration sur la liberté religieuse (Dignitatis humanae) est approuvée en dernière lecture par 2 308 voix contre 70.
  • 7 décembre 1965. Le Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise (Ad gentes) est approuvé en dernière lecture par 2 394 voix contre 5.
  • 7 décembre 1965. Le Décret sur le ministère et la vie des prêtres (Presbyterorum ordinis) est approuvé en dernière lecture par 2 390 voix contre 4.
  • 7 décembre 1965. La Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps (Gaudium et spes) est approuvée en dernière lecture par 2 309 voix contre 75 et 7 votes nuls.

Signature et promulgation

Chaque document se termine par le texte «Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette Constitution (Décret, Déclaration) ont plu aux pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu». Signé : Moi, Paul, évêque de l’Eglise catholique.

Suivent ensuite les signatures des pères conciliaires.

Les sessions: approche chronologique

La préparation du Concile, qui dura plus de deux ans, impliqua dix commissions spécialisées, ainsi que des secrétariats pour les relations avec les médias, pour l'unité chrétienne, et une commission centrale pour coordonner les efforts de ces différents organismes. Ces commissions, composées en majorité de membres de la Curie romaine, produisirent 987 projets de constitutions et de décrets (appelés schemata), destinés à servir de base de travail pour les Pères conciliaires. Une fois le Concile ouvert, à ces groupes devaient succéder d'autres commissions, constituées sur la même base, chargées de trier et de revoir les différentes propositions pour en tirer la substance, puis de les présenter au Concile pour qu'elles soient approuvées et éventuellement amendées. En fait, les schemata furent écartés dès la première session du Concile, et d'autres furent créés. Certains, comme Yves Congar, ont critiqué le manque d'organisation et de réel dialogue dans cette première phase du Concile : de fait, l'éloignement géographique des consulteurs de ces commissions, l'omniprésence de la Curie romaine, institution essentiellement italienne et romaine, ont pu nuire à l'expression des différents points de vue et à la qualité de ces échanges préparatoires.

Les sessions plénières du Concile eurent lieu de 1962 à 1965, en quatre sessions successives. Pendant les périodes où il n'y avait pas de session plénière, des commissions revoyaient et compilaient les travaux des évêques et préparaient la session suivante. Les sessions avaient lieu dans la basilique Saint-Pierre, en latin, et le secret y était gardé quant aux débats et aux avis qui étaient exprimés. Les interventions étaient limitées à dix minutes. En fait, une grande partie des travaux du Concile prit la forme de réunions de commissions (qui pouvaient avoir lieu en langue vernaculaire), ainsi que de réunions plus informelles et de conversations entre évêques en-dehors du Concile à proprement parler.

2 908 Pères conciliaires furent convoqués : tous les évêques, ainsi que de nombreux supérieurs d'ordres religieux masculins. 2 540 d'entre eux prirent part à la session d'ouverture, ce qui en fait le plus grand rassemblement de toute l'histoire des conciles de l'Église catholique. La participation varia, en fonction des sessions, de 2 100 à 2 300 Pères présents. Il faut y ajouter un grand nombre d'experts (appelés periti en latin), disponibles pour que les Pères conciliaires les consultent - de fait, ils jouèrent un rôle croissant au fur et à mesure de l'avancée du Concile. Les observateurs envoyés par les Églises orthodoxes et protestantes étaient au nombre de 17.

Première session (Automne 1962)

Jean XXIII déclara le Concile ouvert le 11 octobre 1962, lors d'une session publique réunissant les Pères conciliaires, les représentants de 86 gouvernements et organismes internationaux. Après la Messe, le pape lut une allocution aux évêques rassemblés, intitulée Gaudet Mater Ecclesia (en français « Notre Mère l'Église se réjouit... »). Au cours de ce discours, il repoussa les idées des « prophètes de malheurs, qui ne font qu'annoncer des catastrophes » pour l'avenir du monde et de l'Église. Le pape insista sur l'aspect pastoral - et non doctrinal - du Concile : l'Église n'avait pas besoin de répéter ou de reformuler les doctrines ou les dogmes existants, mais plutôt de chercher à enseigner le message du Christ à la lumière de l'évolution constante du monde contemporain. Il exhorta les Pères conciliaires à « utiliser les remèdes de la miséricorde plutôt que les armes de la sévérité » dans les documents qu'ils seraient amenés à produire : cette exhortation s'inscrivait dans un mouvement de vérité, marqué par une attitude de miséricorde, et non par une attitude polémique, cherchant à détracter ou condamner des erreurs.

Dans leur première session de travail, qui ne dura qu'un quart d'heure, les évêques décidèrent par un vote, à la demande du groupe des évêques du Rhin, de ne pas procéder ainsi que l'avait prévu les commissions préparatoires, mais de d'abord délibérer entre eux, par groupes nationaux et régionaux, ainsi que dans des réunions plus informelles. Tout cela était parfaitement légitime, mais la plupart des évêques ignoraient que les évêques du Rhin avaient à ce point préparé en détail la manière dont le Concile devrait procéder. À la suite de la révision de la structure des commissions conciliaires, conforme à ce que demandaient les évêques du Rhin, l'ordre de discussion des différents problèmes fut modifié.

Le programme des travaux du Concile pour les sessions futures incluait la liturgie, la communication de masse, les Églises de rite oriental, et la nature de la révélation. Il est à remarquer que le schema sur la révélation, repoussé par une majorité d'évêques, fut revu à la demande de Jean XXIII qui intervint en personne.

Après l'ajournement de la session le 8 décembre, la préparation des sessions prévues pour 1963 commença. Cependant, cette préparation fut interrompue par le décès de Jean XXIII le 3 juin 1963. Le 21 juin 1963, le cardinal Montini fut élu sous le nom de Paul VI, et annonça aussitôt qu'il souhaitait voir le Concile se poursuivre.

Deuxième session (Automne 1963)

Dans les mois qui précédèrent la tenue de la première session plénière, Paul VI s'efforça de corriger certains problèmes d'organisation et de procédure qui étaient apparus au cours de la session d'ouverture. Il invita notamment d'autres observateurs laïcs catholiques et non-catholiques, réduisit le nombre des schemata proposés à dix-sept (ces schemata prirent un tour plus général, conformément à la nature pastorale du concile), avant de supprimer l'exigence du secret qui prévalait lors des sessions plénières.

Dans son discours pour l'ouverture de la deuxième session, le 29 septembre 1963, le pape insista sur la nature pastorale du concile, et lui donna quatre objectifs principaux :

  • Définir plus précisément la nature de l'Église et le rôle que les évêques devaient y jouer ;
  • Rénover l'Église ;
  • Restaurer l'unité entre chrétiens, et demander pardon pour la part prise par l'Église dans les divisions ;
  • Relancer le dialogue avec le monde contemporain.

Pendant cette session, les Pères conciliaires approuvèrent la constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium ainsi que le décret sur les moyens de communications de masse Inter Mirifica. Les travaux avancèrent sur les schemata traitant de l'Église, des évêques et des diocèses, et de l'œcuménisme. Le 8 novembre 1963, le cardinal Joseph Frings critiqua l'institution du Saint-Office (qui portait avant 1908 le nom de Sainte Inquisition romaine et universelle), ce qui suscita une réponse passionnée de son Secrétaire, le cardinal Alfredo Ottaviani. Cet échange est souvent considéré comme l'un des plus intenses du Concile. Le conseiller théologique du cardinal Frings était le jeune Joseph Ratzinger, aujourd'hui pape sous le nom de Benoît XVI, qui fut aussi Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de 1981 à 2005. La deuxième session s'acheva le 4 décembre.

Troisième session (Automne 1964)

Entre les deuxième et troisième sessions, les schemata proposés furent à nouveau révisés, en tenant compte des remarques formulées par les Pères conciliaires. Sur un certain nombre de sujets, les projets de constitutions ou de décrets furent réduits à quelques propositions fondamentales devant être approuvées pendant la troisième session, mais que des commissions post-conciliaires développeraient par la suite. Quinze femmes, huit religieuses et sept laïques, ainsi que d'autres laïcs catholiques, s'ajoutèrent au nombre des observateurs.

Au cours de cette session, qui débuta le 14 septembre 1964, les Pères conciliaires firent progresser un grand nombre de propositions. Les schemata au sujet de l'œcuménisme (Unitatis Redintegratio), sur les Églises de rite oriental (Orientalium Ecclesiarum) et sur l'Église (Lumen Gentium) furent approuvés par l'assemblée des évêques et promulgués par le pape.

De nombreux évêques proposèrent un schema au sujet du mariage, qui prévoyait une réforme du Droit canon que de nombreuses questions d'ordre juridique, cérémonial et pastoral, en exprimant le souhait de voir être rapidement approuvé par un vote, mais le pape ne le soumit pas aux suffrages des Pères conciliaires. Paul VI demanda également aux évêques de déléguer la question de la contraception artificielle à une commission d'experts religieux et laïques qu'il avait formée.

Les schemata au sujet de la vie et du ministère des prêtres, de l'activité missionnaire de l'Église, furent renvoyés aux commissions pour être profondément remaniés. Le travail continua sur les schemata restants, en particulier ceux sur la place de l'Église dans le monde moderne et la liberté religieuse. Une controverse eut lieu à propos des amendements au décret sur la liberté religieuse, et le vote ne put avoir lieu au cours de la troisième session, mais Paul VI promit que ce décret serait le premier à être examiné au cours de la session suivante.

Il clôtura la troisième session le 21 novembre 1964, annonçant une modification du jeûne eucharistique et déclarant formellement Marie mater ecclesiae / « Mère de l'Église », conformément à la tradition catholique.

Quatrième session (Automne 1965)

Onze schemata restaient inachevés au terme de la troisième session, et les commissions travaillèrent à leur donner une forme définitive dans la période qui sépara les deux sessions. En particulier, le schema 13, qui traitait de la place de l'Église dans le monde moderne, fut revu par une commission qui incluait des laïcs.

Paul VI ouvrit la quatrième et dernière session du Concile le 14 septembre 1965, et institua le Synode des Évêques. Cette structure, destinée à se rassembler à intervalles réguliers, était destinée à faire durer la coopération entre les évêques et le pape après la fin du Concile.

La première question débattue lors de la quatrième session fut le décret sur la liberté religieuse, sans doute le plus controversé des documents conciliaires. La première mouture fut votée par 1 997 voix contre 224. L'organisation de L'Eglise catholique, qui ne fonctionne pas par majorité simple, rend le chiffre des opposants très important. Après de nouvelles révisions, il fut voté à une majorité de 2308 pour et seulement 70 voix contre. La principale tâche qui occupa les Pères pendant le reste de la session fut le travail sur trois documents, qui obtinrent tous une approbation à une large majorité. La constitution pastorale sur la place de l'Église dans le monde moderne, Gaudium et Spes, rallongée et revue, fut suivie par deux décrets, sur l'activité missionnaire (Ad Gentes) et sur la vie et le ministère des prêtres (Presbyterorum Ordinis).

Le concile approuva également d'autres documents, examinés lors des sessions précédentes, en particulier le décret sur la charge pastorale des évêques (Christus Dominus), la vie des membres des ordres religieux (Perfectæ Caritatis, un document qui fut notablement rallongé et révisé), la formation des prêtres (Optatam Totius), l'éducation chrétienne (Gravissimum Educationis), et le rôle du laïcat (Apostolicam Actuositatem).

La déclaration Nostra Ætate fut longuement débattue. Elle affirmait, d'ailleurs dans la lignée du Concile de Trente, que ni les Juifs du temps du Christ ni les Juifs d'aujourd'hui ne pouvaient être considérés comme plus responsables de la mort de Jésus que les Chrétiens eux-mêmes. Il est écrit dans Nostra Ætate, 4 :

« Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ (13), ce qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S'il est vrai que l'Église est le nouveau peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. Que tous donc aient soin, dans la catéchèse et la prédication de la parole de Dieu, de n'enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l'Évangile et à l'esprit du Christ.


En outre, l'Église qui réprouve toutes les persécutions contre tous les hommes, quels qu'ils soient, ne pouvant oublier le patrimoine qu'elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l'Évangile, déplore les haines, les persécutions et toutes les manifestations d'antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs. »

L'événement marquant des derniers jours du concile fut la visite à Rome du patriarche grec-orthodoxe de Constantinople Athénagoras Ier. Paul VI et le patriarche exprimèrent dans une déclaration commune leur regret des actions qui avaient conduit au Grand Schisme entre les Églises orientales et occidentales, et levèrent solennellement l'excommunication et l'anathème que leurs prédécesseurs s'étaient lancés lors de celui-ci.

La clôture définitive du Concile eut lieu le 8 décembre 1965, et les évêques jurèrent de se conformer aux décrets qui y avaient été pris. Pour accroître la portée du Concile, Paul VI prit plusieurs mesures importantes, notamment :

  • La création d'une commission pontificale pour les média et la communication de masse, pour aider les évêques à utiliser les moyens modernes.
  • L'annonce d'un jubilé qui durerait du 1er janvier au 26 mai 1966, afin d'exhorter tous les catholiques à étudier et accepter les décisions du concile, et de s'impliquer dans le renouveau spirituel de l'Église.
  • La modification du titre et du fonctionnement du Saint-Office (qui s'appela depuis lors Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi), mais aussi des titres et des compétences des autres services de la Curie romaine.
  • Les Secrétairies pour la promotion de l'unité des Chrétiens, pour les religions non-chrétiennes, et pour les non-croyants devinrent permanentes.

Problèmes abordés

L'Église

Le document issu du Concile Vatican II qui eut la plus grande portée est sans doute la constitution dogmatique Lumen Gentium.

Dans son premier chapitre, intitulé « Le Mystère de l'Église », on trouve la célèbre phrase « Telle est l'unique Église du Christ que, dans le Symbole, nous reconnaissons comme une, sainte, catholique et apostolique, que notre Sauveur, après sa résurrection remit à Pierre pour qu'il la paisse.[...] Cette Église, constituée et organisée en ce monde comme une communauté, subsiste dans l'Église catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques en communion avec lui » (Lumen Gentium, 8). Le document précise immédiatement après : « Encore que, hors de cet ensemble, on trouve plusieurs éléments de sanctification et de vérité qui, en tant que dons propres à l'Église du Christ, invitent à l'unité catholique. »

Au deuxième chapitre, intitulé « le Peuple de Dieu », le Concile enseigne que Dieu sauve les hommes non pas seulement en tant qu'individus, mais aussi en tant que peuple. C'est pour cela que Dieu a choisi le peuple d'Israël pour être son peuple, et a établi une alliance avec lui, alliance qui prépare et préfigure l'alliance conclue par le Christ pour donner naissance au nouveau Peuple de Dieu, qui ne sera pas selon la chair, mais selon l'Esprit, et qui est appelé l'Église du Christ (LG, 9). Tous les êtres humains sont appelés à appartenir à l'Église. Tous ne sont pas pleinement incorporés à l'Église, mais « avec ceux qui, baptisés, s'honorent du nom de chrétiens, mais ne professent pas intégralement la foi ou ne conservent pas l'unité de la communion avec le successeur de Pierre, l'Église se sait unie par de multiples rapports » (LG, 15); de plus, « ceux qui n'ont pas encore reçu l'Évangile sont ordonnés de façons diverses au Peuple de Dieu » (LG, 16). Cette idée d'ouverture en direction du protestantisme fut à l'origine d'une grave controverse chez les catholiques traditionnalistes.

Le titre du troisième chapitre, « la constitution hiérarchique de l'Église », indique clairement quel est son contenu.

Suivent des chapitres traitant des laïcs, de la vocation universelle à la sainteté, des religieux, l'Église en marche, et de la Vierge Marie. Le chapitre sur la vocation universelle à la sainteté présente un intérêt particulier en ce qu'il rappelle que la sainteté n'est pas le privilège des prêtres et des religieux, mais que tous les Chrétiens sont appelés à la sainteté. Chose que l'Église a toujours enseigné, mais dont la plupart des fidèles n'avait plus guère conscience. Le chapitre au sujet de Marie fut sujet à débat. Le premier projet prévoyait un document séparé sur le rôle de Marie, laissant ainsi Lumen Gentium pleinement adressée à l'Église « œcuménique », sans rien qui puisse choquer les Protestants, qui pour la plupart jugent excessif le culte que l'Église voue à Marie. Cependant, les Pères conciliaires insistèrent pour qu'un chapitre qui lui soit consacré apparut dans la constitution sur l'Église, arguant que la place de Marie était auprès de l'Église ; Paul VI les soutint en cela.

La liturgie

La révision de la liturgie fut l'un des premiers problèmes pris en compte par le Concile, et fut en tout cas celui qui eut l'effet le plus immédiat dans la vie quotidienne des catholiques. D'après la Constitution sur la liturgie, l'idée principale en était la suivante :

« L'Église souhaite sincèrement que tous les fidèles puissent être amenés à cette participation active et pleinement consciente aux célébrations liturgiques, que la nature de la liturgie elle-même exige. Une telle participation est pour les Chrétiens, peuple choisi, sacerdoce royal, nation sainte sauvée par le Christ, un droit et un devoir du fait même de leur baptême. »
(Sacrosanctum Concilium, 14).

Vatican II alla plus loin en encourageant une « participation active » que les papes précédents avaient autorisée ou recommandée. Les Pères conciliaires établirent les grandes lignes d'une révision future de la liturgie, qui devait inclure un usage limité des langues vernaculaires à la place du latin. Selon les évêques, des coutumes locales ou nationales pourraient être incorporées avec précaution à la liturgie.

La mise en application des directives du Concile sur la liturgie fut entreprise sous l'autorité de Paul VI, par une commission pontificale spéciale, incluse par la suite dans la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Les conférences épiscopales nationales jouèrent également un grand rôle, en particulier pour donner une traduction commune des textes liturgiques pour les pays qui leur étaient confiés.

L'Écriture sainte et la Révélation

Le Concile entreprit de ranimer le rôle central de l'Écriture dans la vie religieuse et plus précisément théologique de l'Église, en s'appuyant sur l'œuvre des premiers papes, et travailla à une approche moderne de l'analyse scripturaire et de l'interprétation. Une nouvelle approche de l'interprétation fut approuvée par les Pères conciliaires : l'Église continuerait à fournir aux fidèles des traductions de la Bible en langue vernaculaire, et religieux et laïcs poursuivraient l'étude de la Bible, en tant que part centrale de leurs vies. L'importance de l'Écriture sainte, telle qu'elle était attestée par Léon XIII dans Providentissimus Deus et dans les écrits des saints, docteurs et papes tout au long de l'histoire de l'Église, fut confirmée. Le Concile approuva également l'interprétation de l'Écriture à la lumière de l'histoire présentée dans l'encyclique Divino Afflante Spiritu de Pie XII, en 1943.

Les évêques

Le rôle des évêques dans l'Église fut remis en honneur, tout spécialement lorsqu'ils étaient considérés collectivement, en tant que collège des successeurs des apôtres, chargés d'enseigner et de gouverner l'Église. Ce collège n'existe pas sans sa tête, le successeur de saint Pierre. Après les revendications de certains Pères conciliaires, le Concile distingua deux têtes pour l'Église terrestre, le Collège des Évêques et le pape, dans une note préliminaire à la constitution dogmatique Lumen Gentium. Cette note établit « que le Collège ne saurait exister sans sa tête […] dans le Collège, la tête garde intacte sa fonction de Vicaire du Christ et de pasteur de l'Église universelle. En d'autres termes, il n'y a pas de distinction entre le Pontife romain et les évêques pris dans leur ensemble, mais entre le Pontife romain en lui-même et le Pontife romain uni aux évêques. »

Dans de nombreux pays, les évêques tenaient déjà à intervalles réguliers des conférences pour débattre de leurs problèmes communs. Le Concile rendit obligatoire la création de telles conférences épiscopales, et leur confia la responsabilité des nécessaires adaptations des normes générales aux conditions locales (Cf. Décret sur la charge pastorale des évêques dans l'Église, 18). Les décisions des conférences n'ont de pouvoir contraignant pour les évêques et leurs diocèses seulement si elles sont adoptées par une majorité des deux tiers et confirmées par le Saint-Siège.

Des conférences régionales peuvent également avoir lieu afin de promouvoir des actions communes à une échelle régionale ou continentale, mais n'ont pas de pouvoir législatif.

L'œcuménisme

Voir aussi Œcuménisme et Liste des observateurs non-catholiques au Concile Vatican II

La fin du concile a été marquée par la levée des excommunications mutuelles par le pape et le patriarche orthodoxe de Constantinople. Plus généralement, le concile a suscité une profonde relance des échanges entre Église catholique et Églises orientales, mais aussi avec les Églises protestantes.

Enfin, deux mesures concrètes qui entrèrent directement en application après le Concile concernent l'œcuménisme :

  • le lectionnaire œcuménique, que les catholiques et les luthériens appliquent toujours aujourd'hui, malgré quelques divergences d'interprétation. Des voix s'élèvent aujourd'hui pour demander sa révision, notamment en incluant plus de textes de l'Ancien Testament, surtout représenté actuellement par les Psaumes.
  • la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), qui est toujours en usage chez les catholiques et une grande partie des protestants. Cependant, les orthodoxes se sont vite détachés du projet, le jugeant trop moderniste. Certains regrettent l'absence de notes de culture biblique.

Réactions

Au lendemain du Concile, deux courants de contestation diamétralement opposés se mettent en place. Alors que le courant traditionaliste est marqué par le refus des conclusions du Concile, le courant dit réformateur ou progressiste estime au contraire que sa mise en œuvre est restée insuffisante.

Le traditionalisme

Article détaillé : Catholicisme traditionaliste.

Certains prêtres et évêques refusent les conclusions du concile. Selon eux, elles s'opposent à l'enseignement bi-millénaire de l'Église, la Tradition. Précisément, ils estiment les déclarations du Concile en contradiction avec le Syllabus en plusieurs points essentiels ainsi qu'avec la dénonciation du modernisme par le pape Pie X.

Le refus qui aura le plus de conséquences est celui émanant de Mgr Marcel Lefebvre, ancien archevêque de Dakar. Alors qu'il avait accepté de signer les déclarations du Concile, il les rejette publiquement en 1974. Il est alors frappé d'une suspense a divinis. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, qu'il avait fondée en 1970, est déclarée dissoute en 1976 ; elle poursuit néanmoins son existence et s'oppose aux réformes. Elle utilise la messe tridentine (ou messe de Saint Pie V) comme étendard de sa contestation du Concile.

Le pape Paul VI déclare : En apparence ce différend porte sur une subtilité. Mais cette messe dite de Saint Pie V., comme on le voit à Ecône, devient le symbole de la condamnation du Concile. Or, je n'accepterai en aucune circonstance que l'on condamne le Concile par un symbole. Si cette exception était acceptée, le Concile entier sera ébranlé. Et par voie de conséquence l'autorité apostolique du Concile[1].

Sous l'autorité du pape Jean-Paul II, des négociations de rapprochement sont menées avec le mouvement lefebvriste. En 1988, alors qu'un protocole d'accord avait été accepté, Mgr Lefebvre se rétracte et sacre sans autorisation pontificale quatre évêques de sa mouvance. Pour Rome, il s'agit d'un acte schismatique[2], qui provoque l'excommunication automatique des quatre évêques et de leur chef.

Vers la fin du pontificat de Jean-Paul II, de nouvelles tentatives de rapprochement avec les disciples de Mgr Lefèbvre eurent lieu. Plus récemment, en juillet 2007, le Pape Benoit XVI, par son motu proprio Summorum Pontificum assouplit les conditions de célébration de la messe selon le rite tridentin. Le 21 janvier 2009, Benoît XVI a levé l'excommunication qui frappait les quatre évêques ordonnés par Mgr Lefèbvre. L'objectif affiché de ce mouvement d'ouverture vers les lefebvristes est de modifier leur attitude de rejet des décisions du concile Vatican II.[réf. nécessaire]

Les déceptions des « progressistes »

Article détaillé : Catholiques réformateurs.

Le professeur de droit canonique à l'université de Fribourg Werner Böckenförde a déclaré dans une conférence donnée les 3 et 4 octobre 1998 à Würzburg, à l'occasion de la cinquième des rencontres fédérales du Mouvement du Peuple de l'Église « Wir sind Kirche » (« Nous sommes l'Église ») (Allemagne) qu'au bout d'un peu plus de quarante ans, rien n'avait été mis en œuvre à l'exception de la messe en langues vernaculaires : « Dix-huit ans après la fin du Concile, le pape actuel en a défini des applications juridiques. En dépit de toutes ses modifications appréciables le Codex Juris Canonici montre à l'évidence qu'aucune conséquence juridique décisive ne devait être tirée du Concile. Le législateur de l'Église — et celui-ci est d'après la constitution de l'Église en dernier ressort le pape seul — s'est montré décidé non seulement à juguler toute remise en question de la structure hiérarchique de l'Église mais aussi à la renforcer encore. »

Position de la hiérarchie de l'Église

Le pape Benoît XVI, dans un discours de décembre 2005[3], évoque la question de la juste interprétation du Concile, en s'opposant à la vision d'un concile en rupture avec la Tradition, véhiculée aussi bien par les traditionalistes que par les réformateurs. « D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture"; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a l'"herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche. »

Benoît XVI précise que, pour les tenants de la première interprétation, les textes du Concile comme tels ne seraient pas encore la véritable expression de l'esprit du Concile, mais qu'ils seraient le fruit de compromis qui demandent à être dépassés. Le pape rejette cette position, porte ouverte à « toutes les fantaisies » et y oppose l'enseignement de ses prédécesseurs, citant notamment Jean XXIII pour lequel le Concile « veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation ».

En réponse, quatre historiens et théologiens maintiennent en décembre 2007 la thèse de la discontinuité. Ils tentent parallèlement de montrer que la critique du pape est dépourvue de cible, et que son discours reste en accord avec leur vision. Cette tentative est étudiée par le journaliste Sandro Magister[4], qui la trouve non concluante : « Benoît XVI a simplement écrit tout cela noir sur blanc. Il a décrit et critiqué l’"esprit" de l’école de Bologne. Paradoxalement, "Cristianesimo nella storia", pour lui répondre, se focalise sur la "lettre". »

Notes

  1. Jean Guitton, Paul VI secret, Paris 1979, S. 159
  2. C'est le terme employé dans le décret Dominus Marcellus Lefebvre émis par le cardinal Gantin, préfet de la Congrégation des évêques : texte anglais visible en ligne.
  3. Discours à la Curie romaine
  4. Article sur le site Chiesa, dépendant de l'Espresso

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Ralf van Bühren: Kunst und Kirche im 20. Jahrhundert. Die Rezeption des Zweiten Vatikanischen Konzils (Konziliengeschichte, Reihe B: Untersuchungen), Paderborn: Ferdinand Schöningh 2008 (ISBN 978-3-506-76388-4)
  • Michael Bredeck: Das Zweite Vatikanum als Konzil des Aggiornamento. Zur hermeneutischen Grundlegung einer theologischen Konzilsinterpretation (Paderborner theologische Studien, 48), Paderborn: Ferdinand Schöningh 2007 (ISBN 978-3-506-76317-4)
  • Guillaume de Tanoüarn: Vatican II et l'Evangile, Servir, 2003 est disponible en ligne
  • Yves Congar: Mon journal du concile Cerf, 2000
  • Giuseppe Alberigo: Histoire du concile Vatican II, 1959–1965, Cerf-Peeters, 1997
  • Rama P. Cooma­raswamy: Les problèmes de la nouvelle messe, L'Âge d'Homme, 1995
  • Collectif: Le deuxième concile de Vatican, École française de Rome, 1988
  • Hans Küng: Être chrétien, Paris, Éditions du Seuil, 1978
  • Philippe Levillain: La mécanique politique de Vatican II. majorité et unanimité dans un concile, Beauchesne, 1975
  • Ralph Wiltgen (s.v.d.): le Rhin se jette dans le Tibre, le concile inconnu, Ed. du Cèdre, 1974
  • Bernard Reymond: Défi au protestantisme, collection Aletheia, éditeur L'Âge d'Homme, Lausanne, 1973
  • Bruno Chenu: Notes quotidiennes du concile, Cerf, 1962-1963

Liens externes

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