- Aggiornamento
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« Aggiornamento » est un terme italien signifiant littéralement mise à jour. Il fut utilisé à la fois par les évêques et les médias pendant le concile de Vatican II (1962-1965) pour désigner une volonté de changement, d’ouverture, de modernité (et pour certains, l'acceptation des idées du monde moderne caractérisé par le libéralisme[réf. nécessaire]).
Une expression associée à Jean XXIII
L'expression est souvent attribuée au pape Jean XXIII. Dans le discours du 25 janvier 1959 où il annonce la convocation du concile, le pape emploie effectivement le terme "aggiornamento", mais dans ce texte il l'applique seulement pour appeler à mettre à jour le Code de droit canonique, mise à jour qui ne sera d'ailleurs effective qu'en 1983[1]. Une autre image est en général associée à cette expression : ouvrant une fenêtre du Vatican, le pape aurait indiqué « je veux ouvrir largement les portes de l'Église, afin que nous puissions voir ce qui se passe à l'extérieur, et que le monde puisse voir ce qui se passe à l'intérieur de l'Église ».
Dans l'encyclique Ecclesiam Suam, le pape Paul VI attribue en tout cas la fortune du terme "aggiornamento" à son prédécesseur et définit le contenu qu'il entend donner à ce terme : « L'expression popularisée par Notre vénéré Prédécesseur Jean XXIII, aggiornamento, Nous restera toujours présente pour exprimer l'idée maîtresse de Notre programme ; Nous avons confirmé que telle était la ligne directrice du Concile, et Nous le rappellerons pour stimuler dans l'Eglise la vitalité toujours renaissante, l'attention constamment éveillée aux signes du temps, et l'ouverture indéfiniment jeune qui sache « vérifier toute chose et retenir ce qui est bon » (1Th, 5, 21), en tout temps et en toute circonstance. »[2].
Des commentateurs ultérieurs, comme le cardinal Biffi, ont fait valoir que la notion d'aggiornamento ne représentait pas le cœur de la pensée du pape Jean, qui avait plutôt fixé au concile, comme travail et comme objectif, le "renouvellement interne de l’Église". Selon ce cardinal, le terme "aggiornamento", trop ambigu, pouvait laisser croire que l'Église cherchait à être « le plus conforme possible non pas au dessein éternel du Père et à sa volonté de salut (comme elle avait toujours cru devoir le faire lors de ses tentatives de juste "réforme"), mais à la "journée" (à l’histoire temporelle et terrestre). Ainsi, il donnait l’impression de céder à la "chronolâtrie", pour utiliser ce terme réprobateur créé par la suite par Jacques Maritain »[3].
Signification postérieure
Plus généralement, par extension, le terme « aggiornamento » fait référence à une actualisation, une mise à jour de connaissances, de point de vue, de doctrine spirituelle, intellectuelle ou politique, visant à être plus en phase avec la société moderne et à prendre en compte ses évolutions les plus récentes.
L'aggiornamento permet ainsi une entrée dans la modernité ; il implique une acceptation au moins partielle des conditions de vie et des données de la société contemporaine.
Parfois, il fait suite à une période plus rigoureuse, plus conventionnelle et conservatrice ; par contraste, il marque alors une volonté de transition.
En Europe, le terme d'aggiornamento a été appliqué aux partis socialistes qui ont amorcé un virage idéologique en s'adaptant à l'économie de marché dans la quasi-totalité des pays d'Europe de l'Ouest (Labour au Royaume-Uni, Parti social-démocrate d'Allemagne vers 2003, Démocrates de gauche en Italie vers 1998,…).
En France, l'aggiornamento du Parti socialiste est périodiquement prôné par les sociaux-libéraux du Parti et par les analystes politiques, qui parlent de déconnexion entre l'idéologie du parti et la réalité.
Notes et références
- (it) Discours de Jean XXIII sur le site du Vatican.
- Texte de l'encyclique, paragraphe 52.
- Giacomo Biffi, Mémoires et digressions d’un italien cardinal, cité sur Chiesa, L'Espresso.
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