- Les Tuniques Bleues
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Les Tuniques bleues
Les Tuniques bleues Série Genre(s) Franco-belge
HumourScénario Cauvin Dessin Salvé
LambilPersonnages principaux Sergent Chesterfield
Caporal BlutchLieu de l’action États-Unis Époque de l’action Guerre de Sécession Langue originale Français Éditeur Dupuis Première publication 1968 Nombre d’albums 52 Prépublication Spirou Statut En cours Les Tuniques Bleues est une série de bande dessinée humoristique racontant les aventures du sergent Cornélius M. Chesterfield et du caporal Blutch, sous-officiers dans l'armée de l'Union à l'époque de la guerre de Sécession. Au delà du comique des situations et des personnages, cette série est une violente dénonciation des horreurs de la guerre.
Sommaire
Auteurs, évolution et style
Dessinée par Louis Salvérius et scénarisée par Raoul Cauvin, la série a été prépubliée à partir du 29 août 1968 dans Le Journal de Spirou. Elle est ensuite parue en albums aux éditions Dupuis et compte actuellement plus de cinquante épisodes.
À l'origine, il s'agissait d'une série uniquement comique dont Salvérius dessinait les personnages de façon ramassée et avec de gros nez. Toutefois, dès le second album qui se déroule pendant la guerre de Sécession, il adopte un style plus réaliste, manière selon lui de ne pas prendre à la légère cet épisode tragique de l'histoire. Au décès de Salvérius en 1972, en plein milieu de l'épisode Les hors-la-loi (rebaptisé Outlaw pour la sortie en album), la série est reprise par Willy Lambil qui accentue encore plus l'aspect « semi-réaliste » du dessin. Cette bande dessinée est donc aujourd'hui le résultat d'un étrange mélange : si les personnages ont conservé leur gros nez des origines, les décors en revanche sont dessinés de manière réaliste avec des proportions respectées et des hachures pour souligner les volumes. Toutefois, les planches restent coloriées en aplats de couleur dans la tradition stylistique des séries humoristiques de la bande dessinée franco-belge.
Ce mélange très particulier se révèle d'autant plus réussi qu'il est au service d'un message pacifiste et antimilitariste dont la détermination et la violence de la condamnation ne sont que mieux mises en valeur par l'aspect humoristique des personnages. Entre le sergent Chesterfield, le grand simplet en quête de gloire, et le caporal Blutch, le petit rusé antimilitariste, se nouent des rapports d'amitié et d'antagonisme qui véhiculent sur le mode comique, un message dénonçant l'illusion de l'héroïsme et la cruauté de la guerre. Créée à la fin des années 1960, cette série connaît une longévité étonnante. La simplicité et l'efficacité de son message ne sont sans doute pas étrangers à ce succès.
Personnages
Les Tuniques Bleues étant le nom donné par les Indiens aux troupes de cavalerie qui maintenaient l'ordre dans le Far West, les aventures des héros commencent d'abord dans l'Ouest, puis continuent dans l'Est et la guerre de Sécession, avec quelques retours sur le terrain de leurs premières armes.
- Cornélius M. Chesterfield : sergent au 22e de cavalerie, ses parents sont toujours vivants (Blue Retro, no 18). Son père, Joshua, a fait la bataille d'Alamo où il a reçu six médailles, semble-t-il comme trompette (du moins est-ce ce qu'il raconte à qui veut l'entendre). Il est désormais dans un fauteuil roulant du fait d'une blessure reçue en tombant d'une échelle (il était blanchisseur du camp). Avant de s'engager, Chesterfield était garçon boucher chez M. Graham. Il a d'ailleurs failli épouser la fille de son patron, avant de rencontrer Blutch puis de s'engager dans l'armée. Il fera un passage à Fort-Bow au début de la série, dans tous les albums de Salvérius et plus rarement dans ceux de Lambil. Il est très amoureux d'Amélie, la fille du colonel Appeltown. Il voue un culte à l'armée, déteste par-dessus tous les déserteurs, et rêve d'avoir cicatrices et décorations, même s'il a plus souvent les premières que les secondes. Il respecte envers et contre tout le grade supérieur, sauf si Amélie Appeltown est dans les parages...
- Blutch : caporal au 22e de cavalerie, c'est un orphelin élevé par le docteur H. W. Harding (Vertes Années, no 34) avec lequel il fut tour à tour orpailleur en Californie, docker, garçon-coiffeur, garçon de café, vendeur de journaux à San Francisco, employé dans une mine, marchand de bananes vertes, à nouveau orpailleur (Vertes Années, no 34) et barman au The Pacific, qu'il rebaptisera The Alamo lorsqu'il se retrouve recruté (Blue Retro, no 18). Il recevra un temps le grade de lieutenant (Les hommes de paille, no 40), mais dans la plupart des albums, il est caporal au 22e de cavalerie. Il se mariera avec une infirmière dans l'album 22, les bleus et des dentelles. Bien qu'il dise éprouver une haine sans borne pour le sergent Chesterfield, ils sont généralement inséparables. Il a dressé sa jument Arabesque afin qu'elle s'écroule et fasse la morte dès qu'elle entend un coup de feu, afin de lui servir d'excuse pour éviter les assauts. Il n'a qu'un rêve : déserter cette armée où il n'a jamais voulu se retrouver, au grand dam du sergent Chesterfield. Mais ses tentatives de fuite sont toujours découvertes, ou contrariées par Cornelius...
- Capitaine Ambrose Stark, le capitaine du 22e de cavalerie : s'il apparaît la première fois dans Du Nord au Sud (no 2), il n'a pas encore le physique qu'il conservera à partir des Bleus de la Marine (no 7), où il est définitivement chargé du régiment de nos deux héros. Après avoir fait West Point, Stark alterna vie civile et armée avant de se réengager au début de la Guerre de Sécession. Son caractère plonge progressivement vers un mutisme total envers les fantassins, les civils, et tout ce qui marche sur deux pieds. Ce caractère est plus explicite dans l'épisode 51, lorsque Blutch et Chesterfield apprennent que Stark, jadis lieutenant au début de la guerre, avait reçu des éclats d'obus dans le crâne lors d'une attaque surprise des confédérés. Ainsi, il vit en permanence sur son cheval avec un regard lointain en n'attendant que la prochaine charge. Celle-ci est son seul souhait, et son antienne est : "Chargez !". Souvent blessé, parfois grièvement, il s'en sort toujours, ce qui n'est pas le cas de ses hommes... C'est le plus souvent lors de ces "pauses" que Chesterfield et Blutch peuvent aller accomplir des missions plus inhabituelles. Bien que son sens de la stratégie n'aille pas au-delà de la charge frontale quoi qu'il arrive, Alexander le considère comme un excellent officier.
- Général Alexander: chef de l'armée dont fait partie le 22e de cavalerie. Il est le supérieur direct de Stark, et connaît très bien Blutch et Chesterfield, pour les avoir plusieurs fois chargés de missions dangereuses; il les protège en leur faisant également éviter la cour martiale un certain nombre de fois. Il n'apparaît qu'à partir de Les Bleus tournent cosaque (no 12);
- Amélie Appeltown: grand amour de Chesterfield, non partagé (quoique le doute soit permis dans certains des derniers numéros). Depuis le début de la série, Chesterfield est follement amoureux d'Amélie. Ses prétendants réels ou imaginaires (son frère, Tripps, Blutch) sont écartés sans ménagement. Elle se marie presque avec Blutch dans (Mariage à Fort Bow, no 49);
- Colonel Appeltown: père d'Amélie, dirige Fort Bow, un endroit où Blutch et Chesterfield ont fait leurs premières armes (du moins, dans la chronologie des albums). Étant affectés au 22e régiment depuis longtemps, chacune des visites de Blutch et Chesterfield provoque la panique à Fort Bow, surtout pour le Colonel Appeltown qui les redoute comme la peste, car elles sont toujours l'occasion d'une révolte indienne, quand ce n'est pas une mutinerie dans le fort...
- Capitaine d'État-Major Stephen Stilman : type d'officier qui ne prend jamais de risque, jamais de décision et qui ne se trouve jamais sur un champ de bataille. Il est régulièrement représenté en train de siroter un verre avec une paille. C'est l'humoriste bédéphile Stéphane Steeman, ami de Cauvin et de Lambil qui leur demanda de le faire apparaître dans la série : ils en ont fait un officier sudiste qui s'est engagé dans l'armée nordiste (Bronco Benny, no 16). Vu son inefficacité au front, ses propres camarades d'état-major soupçonnent les sudistes de leur en avoir fait cadeau... Il prend une place de plus en plus importante dans les derniers albums, et on le découvre bien plus réfléchi. Il y prend aussi quelques décisions d'importance, et sauve plusieurs fois les héros (dans Black Face, alors qu'Alexander lui-même voulait les faire fusiller). Sa sœur Abigail a été un temps amoureuse du capitaine Stark, au grand désarroi du capitaine Stilman.
- Black Face : apparaît seulement dans l'album portant son nom (le vingtième). Il a des opinions tranchées sur la libération des Noirs dans le Nord du pays où il croit que leurs conditions ne se sont guère améliorées. Il sera engagé par les Nordistes pour créer une révolte au sein des Noirs du Sud. Il formera son propre mouvement qui se battra à la fois contre les Sudistes et les Nordistes. Ce mouvement de liberté ne durera pas longtemps, car ils seront encerclés. Néanmoins, Black Face aura eu ce qu'il voulait : mourir en homme libre. Ironie du sort, ce sont des Noirs qui seront envoyés enterrer leurs cadavres.
- Interviennent également de temps à autre des personnages hauts en couleur comme le général Ulysses Simpson Grant et d'autres généraux célèbres tels que Robert Edward Lee, George McClellan ou même le président Abraham Lincoln (personnellement ou par procuration), et d'autres personnages historiques.
- Lors des retours à Fort Bow, les anciens amis de nos deux héros à Fort Bow, Bryan, Tripps et Plume d'Argent sont toujours présents.
- Le Capitaine Nepel est inspiré par Jean-Marie Le Pen, dont il a l'apparence (borgne) et caricature l'idéologie. Son nom est d'ailleurs "Le Pen" à l'envers.
Histoire
D'abord affectés à Fort Bow (Un chariot dans l'Ouest, no 1), Blutch et Chesterfield sont rapidement affectés au 22e de cavalerie du capitaine Stark (Du Nord au Sud, no 2), alors que débute la guerre de Sécession. Ils serviront également dans l'artillerie, dans l'infanterie, comme aérostier (Les cavaliers du ciel, no 8), dans la marine, sur le cuirassé Monitor et l'U.S.S. Kearsarge (respectivement dans Les bleus de la marine, no 7, et dans Duel dans la Manche, no 37). D'ailleurs, nombre d'albums représentent des faits historiques en prenant le point de vue de nos héros pour les rapporter, notamment la bataille de Bull Run (no 27), la traque de Quantrill (no 36), ou les batailles de Grant (Qui veut la peau du général ?, no 42, et suivants).
Mais leur principale affectation reste le 22e de cavalerie. Ils en sont généralement les seuls survivants, avec Stark, Blutch devant fréquemment sa vie à l'intelligence de sa monture Arabesque. Il en sont aussi les principaux recruteurs (Les bleus tournent cosaque, no 12, Les cinq salopards, no 21, Drummer Boy, no 31, Émeutes à New York, no 45). Ils se chargent aussi de la remonte (Bronco Benny, no 16, Des bleus et des bosses, no 25).
Lorsqu'ils ne sont pas pourchassés comme hors-la-loi (Outlaw, no 4, Les bleus en cavale, no 41), ils passent leurs permissions à Fort Bow. Paradoxalement, il leur arrive également de poursuivre des déserteurs, sans grand succès (étonnamment!) dans Les déserteurs, no 5, ou La Traque, no 50.
Ils ont beaucoup voyagé : au Mexique (El padre, no 17), au Canada (L'or du Québec, no 26), aux Pays-Bas (Duel dans la Manche, no 37).
Ils ont participé à faire connaître la guerre en travaillant avec des photographes (Des bleus en noir et blanc, no 11, Puppet's Blue, no 39), à conserver le moral des troupes par le théâtre (Les bleus de la balle, no 28), le cirque, sous le nom de Tim et Tom les frères siamois (Les bleus en cavale, no 41).
On les trouve mêlés à des affaires d'espionnage (Les bleus dans la gadoue, no 13, Le David, no 19, La Rose de Bantry, no 30, Les hommes de paille, no 40, L'oreille de Lincoln, no 44), ou de "travail" derrière les lignes ennemies (Et pour 1 500 dollars de plus, no 3, Rumberley, no 15, Black Face, no 20).
Liste des albums
Article détaillé : Liste des albums des Tuniques bleues.- Un chariot dans l’Ouest (1972)
- Du Nord au Sud (1972)
- Et pour 1 500 dollars de plus (1973)
- Outlaw (1973)
- Les déserteurs (1974)
- La prison de Robertsonville (1974)
- Les Bleus dans la marine (1975)
- Les cavaliers du ciel (1976)
- La grande patrouille (1976)
- Des Bleus et des tuniques (1976)
- Des Bleus en noir et blanc (1976)
- Les Bleus tournent cosaques (1977)
- Les Bleus dans la gadoue (1978)
- Le blanc-bec (1979)
- Rumberley (1979)
- Bronco Benny (1980)
- El Padre (1981)
- Blue Retro (1982)
- Le David (1982)
- Black Face (1983)
- Les cinq salopards (1984)
- Des Bleus et des dentelles (1985)
- Les cousins d’en face (1985)
- Baby blue (1985)
- Des Bleus et des bosses (1986)
- L’or du Québec (1987)
- Bull Run (1987)
- Les Bleus de la balle (1988)
- En avant l’amnésique (1989)
- La Rose de Bantry (1989)
- Drummer boy (1990)
- Les Bleus en folie (1991)
- Grumbler et fils (1992)
- Vertes années (1992)
- Captain Nepel (1993)
- Quantrill (1994)
- Duel dans la Manche (1995)
- Les planqués (1996)
- Puppet Blues (1997)
- Les hommes de paille (1998)
- Les Bleus en cavale (1998)
- Qui veut la peau du général ? (1999)
- Des Bleus et du blues (2000)
- L’oreille de Lincoln (2001)
- Émeutes à New York (2002)
- Requiem pour un bleu (2003)
- Les Nancy Hart (2004)
- Arabesque (2004)
- Mariage à Fort Bow (2005)
- La traque (2006)
- Stark sous toutes les coutures (2007)
- Des Bleus dans le brouillard (2008)
- Sang bleu chez les bleus (2009)
Les Tuniques bleues dans le monde
- Espagnol : Casacas Azules
- Héroes a la fuerza (3. Et pour quinze cents dollars en plus)
- Sin ley (4. Outlaw)
- La gran patrulla (9. La Grande patrouille)
- Reclutas y veteranos (10. Des Bleus et des tuniques)
- Los desertores (5. Les Déserteurs)
- La prisión de Robertsonville (6. La Prison de Robertsonville)
- Los azules en la marina (7. Les Bleus de la marine)
- Los jinetes del cielo (8. Les Cavaliers du ciel)
- Azules en blanco y negro (11. Des Bleus en noir et blanc)
- Allemand : Die blauen Boys
- Néerlandais : De Blauwbloezen
- Polonais : Niebieskie mundury
Jeu vidéo
Les Tuniques Bleues ont fait l'objet d'une adaptation en jeu vidéo, en 1989 par Infogrames, appelé North & South.
Annexes
Documentation
- Ouvrages et dossiers
- Patrick Cauvin, Willy Lambil : monographie, Toth, 2003
- Patrick Mortier, Lambil, Raoul Cauvin, Les Tuniques bleues, flash-back, Strip BD/Koksijde, 1993
- Articles
- Patrick Gaumer, « Tuniques bleues (Les) », dans Larousse de la BD, Larousse, 1984, p. 813
- Anita Van Belle, « Toujours le même homme, toujours le même fleuve », dans Les Cahiers de la bande dessinée no 61, Glénat, 1985, p. 18-20
- Interviews
- Raoul Cauvin (int. Thierry Groensteen), « Entretien avec Cauvin », dans Les Cahiers de la bande dessinée no 61, Glénat, 1985, p. 6-14
Liens externes
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