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Situation linguistique de la Wallonie
La Wallonie, bien qu'à forte prédominance de langue française, abrite une série d'autres langues régionales, romanes et germaniques.
L'origine du mot "Wallonie" est lui-même linguistique, désignant la partie de la Belgique où sont quasi exclusivement utilisées des langues issues du roman.
Sommaire
Forte prédominance du français, répartition des langues endogènes
Le français est la langue officielle de la Wallonie, au côté de l'allemand. Sur 262 communes, 253 sont francophones et 9 germanophones (cantons d'Eupen et Saint-Vith, en blanc sur la carte).
Le français est ainsi la langue la plus utilisée et a un statut quasiment identique au statut du français en France, en Suisse romande ou au Québec. Il est parlé dans toutes les parties colorées de la Wallonie (voir carte ci-après), où il coexiste avec divers parlers romans (surtout) et germaniques (un peu).
La prédominance du français sur ces langues endogènes n'est pas sans les mettre en danger.
Les langues régionales romanes
- Le wallon est la langue régionale prédominante de la Wallonie (en jaune sur la carte). Les autres langues romanes sont liées tant à la Wallonie qu'à la Picardie, la Lorraine et la Champagne. La langue wallonne est parlée sur la plus grande partie du territoire, couvrant environ 80% de la population (ce qui ne signifie pas nécessairement des locuteurs du wallon), et en France dans la région de Givet (la zone du wallon au Luxembourg n'est pas indiquée).
- Le picard se situe à l'ouest d'une ligne Rebecq-Beaumont-Chimay (comprenant les villes de Mons[1], Ath, Tournai) et est parlé sur une partie du territoire couvrant environ 20 % de la population wallonne.
- Le lorrain est parlé dans l'arrondissement de Virton (la Gaume, d'où son appellation locale : le gaumais) et comprend environ 40 000 personnes (soit un peu plus d'un pourcent de la population wallonne).
- Le champenois, lui, est parlé en province de Namur, au sud de la Semois, dans une zone restreinte de la région de Bohan.
Tous les historiens ont été frappés par le fait que l'aire du wallon proprement dite coïncide à la partie romane de l'ancien diocèse de Liège avec à ses limites :- la zone du lorrain semblant être déterminée par l'ancien archidiocèse de Trèves,
- celle du champenois avec l'archidiocèse de Reims
- et celle du picard par les parties romanes des anciens diocèses de Cambrai et Tournai.
Les langues régionales germaniques
En outre, également présentées sur la carte, des langues germaniques sont utilisées en marge du territoire wallon.
- Le luxembourgeois est parlé dans l'arrondissement administratif d'Arlon (arrondissement francophone parfois appelé Arelerland) et dans le canton de Saint-Vith (canton germanophone). N'oublions pas que lors de la Révolution belge, le Luxembourg faisait partie intégrante du pays (le Grand-Duché ne s'en séparera qu'en 1839).
- Le francique ripuaire est parlé dans le canton d'Eupen et les communes de Plombières, Welkenraedt et Baelen.
Le néerlandais, bien que langue officielle de la Belgique, n'a pas de statut officiel en Wallonie. Il est pourtant encore parlé (ou du moins sous forme dialectale), dans quelques communes francisées proches de la frontière linguistique. Enghien en est l'exemple le plus frappant, mais aussi Mouscron et Comines à certains égards. Mais dans ces deux villes, plus importantes, les habitants parlent le picard alors qu'au cœur même de la ville d'Enghien, il n'y a pas d'usage collectif du picard ou du wallon, seulement d'un dialecte du néerlandais.
Pour être complet, le limbourgeois doit également être précisé : c'est une des langues endogène de l'ancien duché de Limbourg, qui recouvrait une petite partie de l'actuelle province de Liège (voir Limbourg (ville). À noter que la province du Limbourg belge (en Flandre) est issue du démembrement de la principauté de Liège (c'est grosso modo la partie thioise).
Les distinctions à l'intérieur du domaine de la langue wallonne
À l'intérieur du domaine wallon, il existe plusieurs variétés de wallon: l'est-wallon autour de Liège (Lidje), le centre-wallon autour de Namur (Nameur), l'ouest-wallon [2], autour de Charleroi, (Tcharlerwè). Il existe aussi des zones wallo-lorraines entre Neufchâteau et la Gaume par exemple, les frontières entre langues romanes (régionales endogènes) étant moins tranchées que les divisions entre zones de langue germanique et de langue romane. On estime par exemple que le Borinage est une région qui, du fait de l'immigration d'autres contrées wallonnes, a un parler mélangé. Les langues régionales endogènes sont truffées de mots flamands, par exemple à Charleroi.
Les différences entre picard et wallon peuvent tenir aux suffixes (iau en picard, ia en wallon), ou au début des mots (tchapia en wallon, capiau en picard). Des formes intermédiaires existent, comme tchapiau par exemple. Mais la distinction est plus tranchée pour désigner l'écureuil, spirou en wallon, bosquètia en picard.
Il n'existe malheureusement pas d'études véritables sur le rôle des langues régionales endogènes en Wallonie par comparaison avec celui des langues endogènes en Flandre. On sait seulement que les langues régionales ont été plus longtemps utilisées en Flandre qu'en Wallonie, où cependant elles demeurent vivantes.
L'Union culturelle wallonne estime à 200 000 le nombre de spectateurs du théâtre dans les diverses langues régionales endogènes.
La Wallonie dans l'Europe francophone
La troisième carte sur le lien externe (dont référence ci-dessous), permet de voir quelle est la place de la Wallonie dans le monde roman (et francisé) d'Europe et par rapport aux pays de parlers germaniques.
Critiques
Il faut cependant souligner que cette vision est sujette à caution d'un point de vue historique car de type téléologique : cette présentation territoriale ne tient pas compte des différences historiques fondamentales qui existent entre les différentes parties du territoire aujourd'hui nommé « Wallonie ». Par exemple, ce territoire recouvre une partie du Comté de Flandre historique où l'on parle picard et que l'on nomme Flandre romane (du latin Gallo Flandria)[3]. De même, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle existaient deux États distincts : les Pays-Bas du Sud et la Principauté de Liège.
De plus, la Région wallonne ne possède aucune compétence linguistique ou culturelle (si ce ne sont celles dont l'exercice lui a été transféré par la Communauté française en 1993). En effet, le constituant belge a déterminé que les Régions étaient compétentes dans les domaines touchant au territoire tandis que les Communautés sont en charge des compétences dites personnalisables (c'est-à-dire les compétences relatives aux personnes). Ainsi, ce sont les Communautés et non les Régions qui sont responsables de la défense des langues régionales endogènes. La Communauté française de Belgique a d'ailleurs adopté un décret le 24 décembre 1990 où elle reconnait et entend défendre les différentes langues endogènes présentes sur son territoire sans pour autant l'avoir mis en application à l'heure actuelle.
Notes
- ↑ où il est appelé « borain »
- ↑ ou wallo-picard qui utilise un mot picard pour dire le mot toujours : Toudi, contrairement au mot Todi dans le centre et l'est-wallon
- ↑ Pour la Comitia Flandriae Wallonensis qui était une partie de la province de Flandres durant l'ancien régime, voir l'article Flandre wallonne
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