- Thiois
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Historiquement, le terme thiois[1] était utilisé par les populations de langue d'oïl (c'est-à-dire les Français du domaine royal, les Picards, les Wallons, etc.) pour désigner les différents parlers germaniques des populations voisines (y compris les parlers bas-allemands comme le flamand, etc.). Thiois s'opposait donc à roman, mot qui qualifiait généralement la langue d'oïl, et signifiait indifféremment alémanique, bas-allemand, haut-allemand, francique, platt, etc.
En revanche, aujourd'hui, le terme thiois (platdutch ou platdütsch) désigne principalement un dialecte germanique francique, mais aussi les populations parlant ce dialecte. Les locuteurs l'appellent ainsi pour le différencier du Hochdeutsch (le haut-allemand). On use également de l'expression francique carolingien en français[2]. Il ne faut pas le confondre avec le Plattdeutsch (le bas-allemand ou Plattdüütsch).
Ses locuteurs le nomment simplement plat (ou platt), ce qui doit être compris au sens de « patois » (comme par exemple : Diksjonäär van et Jömelejer Plat, Dictionnaire du patois de Gemmenich).
Deux classements linguistiques sont en concurrence[3]. Le premier considère que le carolingien est un dialecte limbourgeois, nommé alors "limbourgeois du sud-ouest" ou "limbourgeois des Trois frontières" (en référence à son étendue géographique). Le second soutient qu'il s'agit d'une langue au sens propre, entre le ripuaire et le limbourgeois (et donc indépendant de ce dernier). Un argument plaidant en faveur de la deuxième hypothèse est la construction des phrases, qui est typiquement romane[3]. Le débat à ce sujet n'est pas exempt de causes politiques, vu la situation délicate des Fourons (où il est notamment parlé) en tant que commune à facilité du Limbourg flamand.
Sommaire
Origine et sens du mot
Le mot Thiois, ou plutôt anciennement Tiois, est issu du bas latin theodisca, basé sur les racines germaniques theud, peuple, et le suffixe germanique -isk qui sert à former des adjectifs et qui a donné le masculin -ois (féminin -esche en ancien français). C'est l'équivalent du mot deutsch (sens d'origine). Le terme est archaïque et s'est réduit à un usage régional.
La plus ancienne attestation est celle de La Chanson de Roland, texte rédigé dans une scripta normande, on y trouve au vers 3795 : « Baivier e Saisne sunt alet à cunseill, e Peitevin e Norman e Franceis; asez i as Alemans e Tiedeis. » (Saxons et Bavarois sont entrés en conseil, avec les Poitevins, les Normands et les Français. Les Allemands et les Thiois sont en nombre). Le /d/ intervocalique de Tiedeis ne s'est pas encore amuï. Que signifie exactement Tiedeis ici? Francs de langue germanique? Flamands? Lorrains de langue germanique? Alemans doit plutôt être traduit par Alémanique. De même, une version wallonne du Roland, La Chanson de Roncevaux : Fragments d'anciennes rédactions tioises[4], on trouve le vers suivant :"Toringe estait adonc nommée la terre qui or est nommée Tiesche Terre." La forme tiesche représente l'ancien féminin des adjectifs en -ois, exemples : danois / danesche, anglois / englesche, etc.
Historiquement, les Wallons et les Picards considéraient comme T(h)iois les Flamands, tandis que pour les autres locuteurs de langue d'oïl, ce terme désignaient les germanophones des zones de contact (notamment ceux présents dans l'actuel Nord mosellan, voire les Alsaciens.
Dans un esprit similaire, le thiois pouvait être, pour certains francophones, du bromesch (le brabançon) dans son dialecte bruxellois. Ce dialecte du néerlandais devait rester dominant dans la capitale belge jusqu'au début du XXe siècle.
La Lorraine thioise est une expression générique désignant l'aire mosellane de tradition linguistique francique.
Géographie
La province de Liège parle quatre langues. Deux d'entre elles sont officielles : le français et l'allemand (à l'est, dans les 9 communes germanophones) et deux autres sont régionales : le wallon et le plat. Il est parlé au nord et à l'est, dans la région des Trois Frontières (des Fourons à Eupen, en passant par Plombières).
Historiquement, cette aire linguistique s'étendait de Tongres à Cologne[2] (d'où son nom « carolingien »). Depuis, face à l'allemand, au français et au néerlandais, l'usage du plat est en régression constante. En Belgique, ce recul est également dû à sa ressemblance avec l'allemand (la langue de l'ennemi lors des deux guerres mondiales) et à sa proximité avec le néerlandais (voir à ce sujet les problèmes communautaires en Belgique).
Notes et références
- http://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Page:Dictionnaire_de_Tr%C3%A9voux,_1771,_VIII.djvu/22&action=edit&redlink=1 Dictionnaire de Trévoux, tome 8, page 14, sous thotisque, thiois
- Obelit au secours du patois
- Le patois
- J. H. Bormans, Bruxelle 1864.
Voir aussi
Articles connexes
- Frontière linguistique mosellane
- Fourons
- Plombières
- Cantons de l'Est
- Langue régionale endogène (Belgique)
- linguistique
Liens externes
- En néerlandais, deux termes distincts existent :
- (nl) Platdiets est la traduction de « thiois », au sens « platdutch », francique « carolingien » parlé dans les Trois frontières.
- (nl) Diets signifie par contre « thiois », au sens plus général (« moyen-néerlandais ») et fait de nos jours le plus souvent référence à la langue commune de la Flandre et des Pays-Bas.
- Notre patois, notre « Platdutch »
- Site des Trois frontières
- Dictionnaire du patois de Gemmenich
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