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S/Z
S/Z est un essai de Roland Barthes, publié en 1970.
Étude
Consacré tout entier à l'analyse d'une nouvelle de Balzac, Sarrasine, S/Z cite deux fois in extenso son texte tuteur: une 1re fois en le découpant en brèves séquences dénommées "lexies", une 2nde fois continûment en appendice. Dans son analyse, Barthes dénombre 5 "codes" dont il note minutieusement les apparitions. Il paraphrase brièvement à chaque fois le contenu des "lexies". De longues digressions viennent interrompre ce pas à pas; elles inscrivent le texte de Balzac dans un tissu de références: la linguistique, la psychanalyse, la philosophie, la sociologie... Cette manière de faire n'élude pas 3 des gestes majeurs de la critique: citer, montrer les éléments significatifs, interpréter. Pourtant une impression équivoque se fait jour: dans S/Z, le savoir et l'ambition critique paraissent "joués". Les 5 "codes" sont censés former un réseau à travers lequel le récit balzacien prend sa forme; mais le terme même de "code" est ici une métaphore et désigne des organisations floues. Ces "codes" sont nommés: "herméneutique" (organisant le récit par énigmes et dévoilements); "sémique" (commandant les caractères attribués aux personnages); "symbolique" (le plus flou, comprenant le langage, les échanges économiques, le corps, le désir); "proaïrétique" (dépliant les séquences d'action); "culturel" (rassemblant les stéréotypes d'époque en une sorte d'encyclopédie romanesque). Passé au tamis des 5 "codes", le texte de Balzac prend la forme du savoir de Barthes: sous la dénomination de "code culturel" réapparaït la critique idéologique chère à l'auteur des Mythologies; les séquences d'action répondent à l'approche structurale et narratologique; le code "sémique" rappelle une sémiotique de la connotation; le "symbolique", quant à lui, fait jouer des notions venues de la psychanlayse (lacanienne) et d'une sociologie vague. Les sciences humaines des années 70 se voient conférés les attributs et les prestiges d'un jeu sérieux. Mais ce qui importe, c'est qu'à travers elles la nouvelle de Balzac acquiert une intensité et une présence inégalables.
Le commentaire fait ressentir la tension entre l'esthétique moderne "réaliste", qui apparaît conventionnelle, et les enjeux humains du récit balzacien: le drame de la castration et de l'amour trompé, le lien qui noue, par l'intermédiaire du récit, le narrateur et ses lecteurs...
Le "vieux mélodrame" en tire une fascination redoublée. Le titre à lui seul fait voir cet art du commentaire. S et Z sont les initiales des protagonistes: Sarrasine, le sculpteur amoureux, et Zambinella, le castrat sous son nom féminisé. La barre symbolise leur opposition: elle met en évidence le contraste des 2 consonnes, l'une sourde(s), l'autre voisée (z, pour le castrat dont le chant fascine); et elle offre la surface d'un miroir aux arabesques inversées des 2 lettres, comme si Sarrasine avait à se reconnaître dans l'image mutilée de Zambinella, auquel sa passion le ravalera.
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