- Régression linéaire
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En statistiques, la régression linéaire désigne une approche pour modéliser la relation entre une variable aléatoire y et un vecteur de variables aléatoires x. De manière générale, le modèle linéaire peut s'écrire de la manière suivante :
y désigne la variable expliquée. Le vecteur x désigne l'ensemble des variables explicatives : . u désigne le terme d'erreur. Il est parfois appelé perturbation.
On suppose qu'on dispose de données sur les variables . On cherche à estimer le vecteur β des paramètres : . La régression est dite linéaire parce qu'elle impose une forme fonctionnelle linéaire dans les paramètres du modèle.
On parle aussi de modèle linéaire ou de modèle de régression linéaire.
En général, le modèle de régression linéaire désigne un modèle dans lequel l'espérance conditionnelle de y sachant x est une transformation affine de x. Cependant, on peut aussi considérer des modèles dans lesquels c'est la médiane conditionnelle de y sachant x ou n'importe quel quantile de la distribution de y sachant x qui est une transformation affine de x.
Le modèle de régression linéaire est souvent estimé par la méthode des moindres carrés mais il existe aussi de nombreuses autres méthodes pour estimer ce modèle. On peut par exemple estimer le modèle par maximum de vraisemblance ou encore par inférence bayésienne.
Bien qu'ils soient souvent présentés ensemble le modèle linéaire et la méthode des moindres carrés ne désignent pas la même chose. Le modèle linéaire désigne une classe de modèles qui peuvent être estimés par un grand nombre de méthodes et la méthode des moindres carrés désigne une méthode d'estimation. Elle peut être utilisée pour estimer différents types de modèles.
Sommaire
- 1 Histoire
- 2 Applications
- 3 Le modèle
- 4 Extensions
- 5 Références
- 6 Bibliographie
- 7 Voir aussi
Histoire
La première régression linéaire est attribuée à Francis Galton en 1886. Dans son article, Galton régresse la taille des fils en fonction de la taille des pères. Il constate un phénomène de régression vers la moyenne[1].
Applications
Le modèle de régression linéaire a de nombreuses applications pratiques. Il permet notamment de faire des analyses de prédiction. Après avoir estimé un modèle de régression linéaire, on peut prédire quel serait le niveau de y pour des valeurs particulières de x.
Il permet également d'estimer l'effet d'une variable sur une autre en contrôlant par d'autres facteurs. Par exemple, dans le domaine des sciences de l'éducation, on peut évaluer l'effet de la taille des classes sur les performances scolaires des enfants en contrôlant par la catégorie socio-professionnelle des parents ou par l'emplacement géographique de l'établissement.
En économétrie
Le modèle linéaire est très utilisé en économétrie. Il est présenté dans de très nombreux manuels d'économie[2].
En sciences politiques
En sociologie
Le modèle
Notations
On rencontre principalement trois types de notations.
La notation simple
La notation vectorielle
Si on appelle β le vecteur et xi le vecteur , on peut réécrire le modèle de la manière suivante[3] :
yi = xi'β + ui
La notation matricielle
Enfin, on rencontre aussi souvent une notation matricielle[4] :
y = Xβ + u avec
Terminologie
Le modèle linéaire est utilisé dans un grand nombre de champs disciplinaires. Il en résulte une grande variété dans la terminologie. Soit le modèle suivant :
La variable y est appelée variable expliquée ou variable endogène. Les variables sont appelées variables explicatives, variables exogènes ou encore prédicteurs. u est appelé terme d'erreur ou perturbation.
On note généralement le vecteur des paramètres estimés. On définit la valeur prédite et le résidu .
Les principales hypothèses
- H1 L'hypothèse d'exogénéité
En notation vectorielle :
En notation matricielle :
- H2 L'hypothèse de non colinéarité des variables explicatives
En notation vectorielle :
inversible avec xi' la transposée du vecteur xi
En notation matricielle :
inversible avec X' la transposée de la matrice X.
- H3 L'hypothèse de non corrélation des résidus
- H4 L'hypothèse d'homoscédasticité
Si les deux précédentes hypothèses sont vérifiées, on peut écrire sous forme matricielle : avec In la matrice identité de taille n.
- H5 L'hypothèse de normalité des termes d'erreur
Sous forme matricielle :
Le modèle linéaire simple
On appelle généralement modèle linéaire simple un modèle de régression linéaire avec une seule variable explicative. Ce modèle est souvent présenté dans les manuels de statistiques à des fins pédagogiques.
yi = β0 + β1xi + ui
Estimateur des moindres carrés ordinaires
L'estimateur des moindres carrés ordinaires est la solution du programme de minimisation de la somme des carrés des écarts entre les valeurs prédites et les valeurs observées par rapport aux deux paramètres b0 et b1 :
Le modèle standard
On appelle modèle standard un modèle dans lequel les hypothèses d'exogénéité (H1), de non colinéarité (H2), de non corrélation des termes d'erreur (H3) et d'homoscédasticité sont respectées (H4).
Estimation du modèle
Ce modèle peut être estimé par la méthode des moindres carrés ordinaires.
L'estimateur des moindres carrés ordinaires peut s'écrire sous forme vectorielle ou sous forme matricielle[4].
D'après le Théorème de Gauss-Markov, l'estimateur des moindres carrés ordinaires est le meilleur estimateur linéaire sans biais[5].
Sous l'hypothèse de normalité des termes d'erreur (H5), l'estimateur des moindres carrés est aussi l'estimateur du maximum de vraisemblance[5].
Le modèle avec corrélations des termes d'erreur ou hétéroscédasticité
Il arrive souvent que les hypothèses H3 et H4 ne soient pas vérifiées. On distingue alors deux cas : le cas où l'on peut faire des hypothèses raisonnables sur la matrice de variance-covariance du vecteur des perturbations et le cas où on ne fait aucune hypothèse sur cette matrice.
Estimation du modèle par les moindres carrés généralisés
Si on note Ω la matrice de variance-covariance du vecteur des perturbations u, on peut définir l'estimateur des moindres carrés généralisés :
Estimation du modèle par les moindres carrés quasi-généralisés
Le modèle à variables instrumentales
Lorsque l'une des variables explicatives est corrélée au terme d'erreur (H1 violée), alors on peut avoir recours aux variables instrumentales. On appelle variable instrumentale une variable z qui a un effet sur les variables explicatives suspectées d'endogénéité mais n'est pas corrélée avec le terme d'erreur.
Lorsque l'hypothèse H1 d'exogénéité n'est pas crédible, on peut utiliser la méthode des variables instrumentales. Dans ce cas, il faut trouver un ensemble de variables dites instrumentales qui doivent être à la fois exogènes et corrélées aux variables explicatives du modèle. On note souvent le vecteur des variables instrumentales zi et la matrice des variables instrumentales Z.
Formellement, on introduit donc deux nouvelles hypothèses :
- L'hypothèse d'exogénéité des instruments : sous forme vectorielle ou sous forme matricielle.
- Condition de rang : Z doit être corrélé à X.
Application
Très souvent utilisé en économétrie, le modèle à variables instrumentales est aussi utilisé en sciences politiques[6].
Estimation du modèle par la méthode des doubles moindres carrés
Ce modèle peut être estimé par la méthode des doubles moindres carrés et dans ce cas, on obtient : [7].
Extensions
- Le modèle linéaire généralisé est une extension du modèle linéaire dans laquelle on pose . Cette classe de modèles comprend le modèle linéaire , le modèle de régression logistique, le modèle de Poisson, etc.
- Le modèle linéaire hiérarchique ou modèle linéaire multiniveau est un modèle dans lequel il y a au moins deux niveaux d'observations, par exemple la région et les individus et dans lequel on va permettre aux coefficients de varier. Par exemple, le modèle suivant est un modèle linéaire hiérarchique : .
- Le modèle de régression quantile linéaire.
- Le modèle Tobit pour traiter les variables censurées.
- Le modèle de sélection ou modèle Heckit
- Les modèles à équations simultanées
Références
- (en) Francis Galton, « Regression Towards Mediocrity in Hereditary Stature », dans Journal of the Anthropological Institute, vol. 15, 1886, p. 246-263 [texte intégral]
- Cameron et Trivedi 2005, Angrist et Pischke 2008, ...
- Cameron et Trivedi 2005, p. 70
- Cameron et Trivedi 2005, p. 71
- Wasserman 2004, Chapitre 13
- (en) Allison Sovey et Donald Green, « Instrumental Variables Estimation in Political Science: A Readers’ Guide », dans American Journal of Political Science, vol. 55, no 1, janvier 2011, p. 188-200
- Cameron et Trivedi 2005, p. 101
Bibliographie
- (en) Francis Galton, « Regression Towards Mediocrity in Hereditary Stature », dans Journal of the Anthropological Institute, vol. 15, 1886, p. 246-263 [texte intégral]
- Michel Armatte, Histoire du modèle linéaire. Formes et usages en statistique et en économétrie jusqu’en 1945, 1995, thèse EHESS sous la direction de Jacques Mairesse.
Manuels
- (en) Larry Wasserman, All of Statistics : A Concise Course in Statistical Inference, New York, Springer-Verlag, 15 septembre 2004, 461 p. (ISBN 978-0387402727), p. chapitre 13
- (en) Joshua Angrist et Jörn-Steffen Pischke, Mostly Harmless Econometrics : An Empiricist's Companion, Princeton University Press, 2008, 392 p. (ISBN 978-0691120355)
- (en) Colin Cameron et Pravin Trivedi, Microeconometrics: Methods And Applications, Cambridge University Press, 2005, 1056 p. (ISBN 978-0521848053)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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