- Rafael Leonidas Trujillo
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Rafael Leónidas Trujillo Molina
Le Général Rafael Leónidas Trujillo Molina (San Cristóbal, 24 octobre 1891- Ciudad Trujillo , 30 mai 1961) fut dictateur de la République dominicaine de 1930 à 1961.
Né à San Cristóbal, pendant l'occupation de la République Dominicaine par les États-Unis, de 1916 à 1924, il rejoint la Garde nationale, entrainé par le corps des Marines des États-Unis (US Marine Corps), afin de maintenir l'ordre après l'occupation.
Montant rapidement en grade, il renversa le président Horacio Vásquez en 1930.
Impliqué dans la tentative d'assassinat du président vénézuélien Rómulo Betancourt.
En 1960, l'Organisation des États Américains approuve à l'unanimité de déstabiliser le régime de Trujillo par des sanctions et diverses démarches diplomatiques.
Il fut assassiné par des militaires de ses propres forces armées le 30 mai 1961 lors d'un voyage en automobile. Ceux-ci furent traqués et exécutés dans les mois qui suivirent.
Les débuts militaires
Le 18 décembre 1918, Trujillo intègre l’armée dominicaine sous les auspices de l’infanterie de marine des États-Unis, qui occupe alors le territoire dominicain. Sa carrière militaire fut brillante.
Il est rapidement promu second lieutenant, prêtant serment le 11 janvier 1919. Trujillo devient le quinzième lieutenant des seize lieutenants qui existaient à cette époque au sein de la Guardia Nacional. Il intègre l’armée ayant pour objectif de réaliser une carrière militaire et une ascension. Avant d’intégrer les files de l’armée, Trujillo prononce cette phrase : « Je vais entrer dans l’armée et je ne m’arrêterai pas avant d’être son chef », ce qui confirme qu’il fut une personne maître d’elle-même, et qu’il savait ce qu’il faisait. Il monte rapidement dans l’échelle hiérarchique de la Garde Nationale, piétinant, à El Seibo, ses compatriotes qui se soulèvent contre l’intervention.
En 1921, il est admis dans une Académie militaire fondée par l’Armée d’Occupation à Haina, et le 22 décembre de cette même année, il est désigné pour occuper la tête de la Garnison de San Pedro de Macorís. Il est muté au Cibao en 1922 et, alors qu’il se trouve à San Francisco de Macorís, il est promu capitaine sans passer par le grade de premier lieutenant, fait irrégulier si l’on prend en compte le tableau d’avancement militaire, mais explicable en raison des « services » rendus par Rafel Leónidas à l’occupant américain. Cette promotion est accompagnée par la réorganisation de la Garde Nationale, qui devient la Police Nationale Dominicaine, au sein de laquelle il occupe peu de temps après le commandement de la 10ème Compagnie. C’est là aussi qu’il est loué pour ses services et, durant les mois de mai et août 1923, avant d’être nommé inspecteur du premier district militaire, il participe en tant qu’étudiant à l’école des Officiers du Département du Nord. À cette époque, malgré sa formation militaire, ses inclinations politiques commencent à se manifester.
Au début de 1924, il est nommé de façon temporaire au commandement de la Garnison du Département du Nord et, en septembre de cette même année, il reçoit sa nomination définitive, qui le promeut au rang d’officier. Il est très populaire tout le temps qu’il reste à l’armée, et il essaye de faire de la police une nouvelle armée ; il garde en mémoire les enseignements reçus des militaires américains ; il apprend tout ce qu’il peut, mais il apprend beaucoup de choses par lui-même.
Sa formation militaire l’amène rapidement à occuper des postes de haut commandement au sein de la Garde Nationale, transformée en Police Nationale Dominicaine. En tant qu’officier, il dirige le Département du Nord de cette institution en 1924. Lorsque, en 1924, Horacio Vásquez triomphe lors des élections après le retrait des troupes d’occupation américaines, Trujillo reçoit la demande de demeurer à la tête de la Police Nationale. Le 6 décembre de cette même année, le président Vásquez le nomme lieutenant colonel et le nomme chef de l’État-Major.
Trujillo divorce de sa femme Aminta Ledesma, qui obtient la garde de leur fille Flor de Oro ainsi qu’une pension mensuelle de 100 pesos. En 1925, il se remarie avec Bienvenida Ricardo, jeune femme provenant d’une famille notable de Monte Cristi, ce qui ne l’empêche pas de continuer ses amourettes extra maritales. Le couple traverse une crise sévère lorsque Trujillo tombe amoureux de celle qui deviendra sa troisième et dernière épouse, « la Españolita » María Martínez, extraite d’une famille respectée malgré son appartenance au bas de l’échelle sociale. Ils ont deux enfants : Angelita et Radhamés. Ramfis, son aîné, est le fils de María et du cubain Rafael Dominicis, amant de cette dernière avant qu’elle ne se marie avec Trujillo.
Le 13 août 1927, Trujillo est nommé Général de Brigade, quatre jours avant la transformation de la Police Nationale en Brigade Nationale. « Sa constitution consécutive en tant qu’Armée nationale, conformément à la Loi numéro 928 du 17 mai 1928, compléta le chemin parcouru par Trujillo depuis le grade de Second Lieutenant jusqu’au grade de Général de Brigade et Commandant en chef de l’Armée nationale – tout cela en moins de dix ans – en même temps qu’elle signalait son apparition comme figure notoire dans le panorama national » (Grassweller).
Initiation à la politique
Après le coup d’État de Trujillo et Estrella Ureña le 23 février 1930, ils procèdent à l’organisation des élections du 16 mai. Une des candidatures présente Trujillo comme candidat à la présidence et Estrella Ureña à la vice-présidence. Cette candidature est appuyée par une bonne partie des élites nationalistes, libérales et républicaines du pays. L’autre candidature présente Federico Velázquez et Ángel Morales comme candidats, respectivement, à la présidence et à la vice-présidence.
La campagne électorale est conduite dans un climat de terreur, résultat de l’action de Trujillo et de sa bande paramilitaire « la 42 » (dirigée par l’officier Miguel Ángel Paulino), dédiée à poursuivre, intimider et tuer. Même les membres de la Junte Électorale Centrale se voient forcés de renoncer le 7 mai. Ils sont alors remplacés par des personnes qui répondent à la volonté de celui qui était déjà un dictateur. Ainsi, le 24 mai 1930, Rafael Leonidas Trujillo Molina est proclamé président de la République dominicaine.
Le Parti Dominicain
Le Parti Dominician (PD) est le parti qui a servi de support politique. Officiellement créé le 16 août 1931 à l'instigation principalement de Fermín Cabral, c’est le seul parti autorisé pendant toute la durée du régime. Son symbole est une palme. Plus tard, le carnet de membre du parti se convertit en un document obligatoire pour tous les dominicains majeurs. Régulièrement, les patrouilles militaires qui parcourent la ville exigent aux citoyens « les trois coups » :
- La carte d’identification personnelle
- Le certificat du service militaire obligatoire
- Le carnet de membre du PD, familièrement appelé « la palmita ».
Qui ne peut pas présenter ces trois documents peut être accusé de délit de vagabondage.
20% des salaires des employés publics est remis au PD.
Politique gouvernementale
Politique migratoire
Trujillo attire l’attention internationale en permettant l’immigration de juifs d’Europe dans les années 1930. Pour certains analystes, cette politique migratoire est plus motivée par la volonté de « blanchir » la population que par de réels motifs humanitaires. En effet, la population de la République dominicaine est en majorité métissée.
Après la fin de la guerre civile espagnole, Trujillo permet à des exilés du camp républicain de s’installer dans le pays, même s’il maintient par ailleurs de bonnes relations avec Francisco Franco, dictateur espagnol, pour lequel il éprouve de l’admiration et qu’il essaye d’imiter dans son faste militariste.
Alors qu’il incite l’immigration européenne, Trujillo décide, en 1937, le génocide de milliers de haïtiens qui vivent dans la zone frontalière avec Haïti. Des troupes de l’armée dominicaine massacrent plus de 15 000 haïtiens (les estimations varient selon les historiens). Le régime tente de justifier cette atrocité arguant du prétexte de la peur des infiltrations, mais en réalité elle n’est que représailles, le dictateur dominicain croyant que le gouvernement haïtien coopère avec un plan de dominicains en exil qui cherchent à le renverser. Mais, suite aux dénonciations faites par différents secteurs et entités internationaux, Trujillo convient avec le président haïtien d’une indemnisation à hauteur de 30 pesos par tête.
Possessions et bénéfices économiques
La présidence permit à Trujillo de convertir une bonne partie du pays en sa propriété. Il utilise la méthode d’acquisition de propriétés, établissements et commerces lucratifs à des prix très bas, ce qui explique la peur des secteurs de la classe aisée et des investisseurs lorsque Trujillo s’intéresse à l’une de leurs propriétés. Après la destruction (en raison du passage du cyclone San Zenón en 1930) de l’ancienne capitale dominicaine, Santo Domingo, le dictateur ordonne sa reconstruction et, une fois modernisée, il la rebaptise « Ville Trujillo » (« Ciudad Trujillo » en espagnol).
Trujillo avait de nombreuses possessions, parmi lesquelles :
- Sel. En 1931, il s’approprie la production et la vente de sel, ce qui lui fait gagner environ 400 000 pesos nets par an.
- Viande. Ce commerce lui rapporte plus de 500 000 pesos par an.
- Riz. Il interdit l’importation de riz et permet seulement la consommation de riz créole que distribue une de ses nombreuses entreprises personnelles.
- Centrale laitière
- Compagnie Anonyme du Tabac.
- Fabrique Dominicaine de Chaussures.
- Peintures Dominicaines
- Engins Porvenir, Ozama, Amistad, Monte Llano, Barahona, Consuelo, Quisqueya, Boca Chica, Las Pajas, Santa Fe, Catarey et Río Haina.
- Assurances San Rafael.
- Fabrique de liqueurs La Altagracia.
- Raffinerie d’huile de coton.
- Moulins Dominicains.
- Fabrique Dominicaine de Ciment.
- Fabrique de Sacs et Corderie.
- Fabrique de Verre.
- Industrie Nationale du Papier.
- Atlas Comercial Co.
- Caribbean Motors.
- Compagnie Dominicaine d’Aviation.
- Quincaillerie Read.
- Journal La Nación.
- Industrie de Caoba
- Scierie Santelises.
- Compagnie de Navigation Dominicaine.
- Industries Niguas.
Dernier voyage hors du pays
Le 5 décembre 1952 Trujillo voyage aux États-Unis, où il reste trois mois et quinze jours, en tant qu’ambassadeur plénipotentiaire devant l'Organisation des États Américains (OEA). Plus tard, le 2 juin 1954, à bord du transatlantique Antillas, il arrive au port de Vigo, en Galice, à partir duquel il initie un long voyage en Espagne et en Italie, où il est reçu avec les honneurs militaires lors d’une cérémonie menée par le ministre des Affaires Étrangères espagnol, Alberto Martín Artajo et d’autres fonctionnaires du gouvernement espagnol. Le jour suivant, il voyage en train jusqu’à Madrid pour être reçu quelques heures plus tard dans la gare du Nord par Francisco Franco et son épouse Carmen Polo ainsi que quelques hauts fonctionnaires de son gouvernement, le corps diplomatique et des représentants de différents secteurs de la société espagnole. Depuis la gare, Trujillo et Franco se promènent dans les rues de Madrid, escortés par la Guardia Mora, jusqu’au lieu où il est logé, le Palais de la Moncloa. Franco et Trujillo partagent des caractéristiques similaires dans leurs gouvernements respectifs, leurs actions sont motivées par des raisons semblables. Tous deux étaient alliés au fascisme dans le passé et sont considérés comme des héros de l’anticommunisme à cette époque. Le 15 juin 1954, Trujillo arrive au port de Naples. De là, il continue avec son cortège jusqu’au Vatican, où il signe le concordat. Le 16 juin, après la signature du concordat, le pape Pie XII le reçoit en audience privée et lui accorde la Grande Croix de l’Ordre Papal, qui lui accorde le statut de membre de l’Ordre du Vatican. Pendant ce voyage, Trujillo est accompagné par Joaquin Balaguer, Anselmo Paulino Alvárez, Virgilio Trujillo et Atilano Vicini, entre autres.
Les droits de l’homme
Ainsi que l’exprime Jesús de Galíndez, exilé basque, professeur universitaire et victime de la dictature, le régime « n’était pas une des tyrannies du passé, à l’ancienne mode », mais il s’appuyait apparemment sur le respect des accords internationaux et des lois nationales. Il ne faut pas s’étonner que la République dominicaine ait participé à la Conférence de San Francisco, qui créa l'Organisation des Nations Unies ; ni que le pays soit membre de l'Organisation des États Américains. Pendant 31 ans, toutes les strates de l'État semblent fonctionner, sans aucun type de « violation ». Toute torture ou condamnation est effacée, niée. Une mort est transformée en accident ou ses supposés auteurs sont emprisonnés. Il n’existe pas le moindre respect pour la vie humaine. Ainsi, un Corse Natale Giraldi originaire de Nonza et militant du mouvement dit "du 14juin" - il en sera le seul étranger - sera torturé pendant 24 jours dans la prison du dictateur jusqu'à ce que le général De Gaulle réclame la libération du jeune étudiant en architecture, pro-castriste, afin qu'il fasse son service militaire en france. Ce propriétaire terrien - il possède 700 hectares de canne à sucre au Nord de la Romana - est toujours actif au sein de la fondation du "14 juin" dans la "zona Coloniale" vieille ville de Santo Domingo. La seule personne dont la tranquillité est assurée est Trujillo lui-même, et peut-être ceux qui partageaient son nom de famille. Plus de 30 000 personnes meurent sous sa gouvernance, et quelques autres 30 000 personnes s’exilent pour ne pas subir le même sort.
Trujillo et François Duvalier
Le 22 décembre 1958, à la frontière dominico-haïtienne entre Jimaní et Mal Pase, Trujillo et le dictateur haïtien François Duvalier signent un accord de protection mutuelle. L’accord établit, entre autres choses, qu’aucun des deux gouvernements ne permettra dans son territoire respectif des activités subversives contre l’un d’eux, ni que les exilés politiques réalisent de la propagande systématique incitant à l’usage de la violence contre leurs États.
La fin de l’Ére Trujillo
Quand John F. Kennedy arrive à la présidence des États-Unis le vendredi 20 janvier 1961, les plans de la CIA pour renverser Trujillo sont déjà en marche. Malgré tout, le président Kennedy envoie le diplomate Robert D. Murphy pour qu’il s’entretienne avec Trujillo et le persuade de se retirer pacifiquement du pouvoir. Murphy arrive à Santo Domingo le samedi 15 avril 1961 : il est le quatrième et dernier émissaire du gouvernement étasunien, qui tente de convaincre le dictateur de se retirer dans les meilleures conditions, mais Trujillo reste ferme sur ses positions : « ¡A mí sólo me sacan en camilla » (« Moi, on ne me fera sortir que sur un brancard »). Bien que le gouvernement des États-Unis ait initialement offert son aide en armes et logistique à ceux qui cherchent à mettre fin à la dictature, il décide finalement de retirer son offre, ce qui laisse le soin de la préparation du coup aux organisateurs seuls. Même si le plan mit fin à la vie de Trujillo, il entraîna la mort horriblement sadique de presque toutes les personnes impliquées, étant donné que, sans appui international, ils étaient seuls.
Le mardi 30 mai 1961, sur la route de Santo Doming à San Cristóbal, la voiture dans laquelle voyageait Trujillo est mitraillée dans une embuscade et reçoit plus de soixante impacts de balles de diverses calibres, parmi lesquels sept terminent dans le corps du dictateur, provoquant sa mort. Son chauffeur, Zacarías de la Cruz, reçoit lui aussi plusieurs balles, mais il ne meurt pas, même si les « justiciers » (c’est le terme utilisé, une fois la démocratie revenue, pour désigner les personnes ayant participé à l’embuscade) le croient mort.
Les armes fournies par la CIA avaient été préalablement cachées par Simon Thomas Stocker, citoyen étasunien, contacté par la CIA sous le nom de code « Hector » et résident en République dominicaine depuis 1942. Stocker refusa la rémunération de la CIA pour ses efforts, alléguant sa conviction morale. Les armes furent cachées pendant plus de deux mois, entraînant des risques pour lui et sa famille, dans une petite armoire située dans son étude, dans sa résidence privée, récemment démolie et située sur un terrain du côté sud de l’Avenida Independencia, proche de l’avenue principale Máximo Gómez.
Certains estiment que lesdites armes ne sont jamais arrivées dans les mains des organisateurs de l’embuscade contre le dictateur en raison du supposé défaut d’une autorisation explicite de la CIA pour leur livraison. Cette opinion a été implicitement contredite par des témoignages de vive voix, émis par Stocker à des personnes de confiance et familières, après les avoir cachées sur sa propriété pendant trois mois, d’après son récit d’une véracité acceptable. Certains analystes mentionnent que l’intérêt des États-Unis pour en finir avec Trujillo était dû au fait que la répression de son gouvernement pouvait mener à une révolution en République dominicaine, de la même façon que la Révolution cubaine avait été la conséquence de la répression du dictateur Fulgencio Batista.Description de la mort de Trujillo
Ont participé à cette embuscade : Eric Pérez Herrand, Huáscar Tejeda, Luis Amiama Tió, Antonio Imbert Barrera, Antonio de la Maza, Roberto Pastoriza Neret, Pedro Livio Cedeño Herrera, Amado García Guerrero. Ils mirent au courant les autres personnes impliquées dans la conspiration que le dictateur sortirait cette nuit pour aller à San Cristóbal.
- Le premier coup de feu contre Trujillo, qui fut un tir d’escopette, partit quand la voiture que conduisait Antonio Imbert et dans laquelle se trouvaient Antonio de la Maza, Salvador Estrella Sadhalá et le lieutenant Amado García Guerrero, se trouvait toujours derrière celle de Trujillo et non, comme le déclarent trois des participants (Antonio Imbert, Huáscar Tejeda et Salvador Estrella Sadhalá), quand les deux voitures étaient à la même hauteur. Ce premier coup blessa le dictateur. D’autres versions nous permettent de savoir que c’est Antonio de la Maza qui tira ce premier coup de feu, depuis le siège avant droit du véhicule.
- Zacarías suggéra à Trujillo de quitter le lieu, mais le dictateur insista pour qu’il s’arrêtât pour se battre. Salvador Estrella Sadhalá, une fois prisonnier, déclara que Trujillo avait ordonné « Párate a pelear » (« Arrête-toi pour qu’on se batte »).
- Depuis le véhicule, et pendant qu’ils dépassaient la voiture du dictateur, les quatre agresseurs tirèrent avec un fusil M-1. Certaines balles purent toucher Trujillo. Une autre version nous permet de savoir que c’est Amado García Guerrero qui tira, depuis le siège arrière droit.
- Comme Trujillo avait ordonné que la voiture s’arrête, le véhicule conduit par Imbert les dépassa, et il dut freiner et faire marche arrière. Alors, le véhicule des agresseurs tourna et bloqua le côté droit de l’autoroute. Zacarías tenta de faire demi-tour en direction de Ciudad Trujillo, mais il ne le fit pas car Trujillo, blessé, opta pour descendre de la voiture et se battre, sans la protection de l’intérieur du véhicule. Cette version concorde avec la déclaration de Huáscar Tejeda qu’il a faite lorsqu’il était en prison.
- La seule arme qu’utilisa Trujillo fut un petit revolver 38 de poche.
- Zacarías prévint Trujillo qu’il était lui aussi blessé. Comme son véhicule s’était déjà arrêté, il put tirer avec un fusil M-1. Le dictateur, une fois sorti de la voiture, put lui aussi tirer avec son revolver, avançant de trois ou quatre mètres depuis l’avant de sa voiture, se déplaçant à découvert vers les véhicules qui l’attaquaient. Soudain il s’étala de tout son long, inerte, sans doute déjà mort.
- Zacarías, seul, continua à tirer, d’abord avec son M-1 puis avec une mitrailleuse Luger. Il vit qu’un des agresseurs s’avançait vers le corps de Trujillo, ce qui lui procura l’occasion de lui tirer dessus et de le blesser. Sur les quatre personnes présentes dans la voiture des agresseurs, trois furent légèrement blessés : Amado García Guerrero, Salvador Estrella Sadhalá et Antonio Imbert.
- Lorsque les tirs à l’encontre de Zacarías se calmèrent, il sortit du véhicule pour chercher une mitrailleuse qui se trouvait sur le siège derrière. C’est à ce moment qu’il fut blessé par un tir à la tête et qu’il s’évanouit. Il reçut au total neuf balles. S’il l’on en croit sa version des faits, les attaquants ne le virent ni ne l’achevèrent pas quand ils s’approchèrent du véhicule. Ceci est néanmoins improbable, il semblerait plutôt qu’il se soit caché dans une propriété qui longeait alors l’autoroute.
- Zacarías ne fait pas mention de l’arrivée du second véhicule, conduit par Huáscar Tejeda, et dans lequel se trouvaient Pedro Livrio Cedeño et Fifí Pastoriza. Il s’était sans doute évanoui avant, ce qui induit que la grave blessure subie par Pedro Livio fut sans doute faite par un de ses compagnons. Luis Savaldor Estrella, dans son livre, probablement à partir des faits racontés par Salvador Estrella Sadhalá cette nuit du 30 mai, avant de se cacher, affirme que le second véhicule arriva après la mort de Trujillo et que Salvador fut celui qui, par erreur, blessa Pedro Livio, qui fut en effet blessé par un pistolet 38. La seule personne qui possédait une telle arme cette nuit était Salvador.
Cette version des faits diffère sensiblement de celle racontée par Antonio Imbert à la presse, mais aussi de celle de Huáscar Tejeda, Pedro Livio Cedeño, Roberto Pastoriza et Salvador Estrella Sadhalá, lors de leur interrogatoire après avoir été détenus, et celle de leurs amis en prison, avant d’être assassinés en novembre 1961. Plusieurs heures après la mort de Rafael Leónidas Trujillo Martínez, son fils Ramfis, qui se trouvait à Paris, loua un avion Air France et rentra à Santo Domingo aux premières heures du mercredi 31 mai, se positionnant immédiatement à la tête de la situation et se convertissant en l’homme fort de la situation. Le Service d’Intelligence Militaire (SIM) et tous les services de sécurité de l’État réalisèrent de larges rafles dans tous les secteurs de la ville, à la recherche des participants.
Funérailles
Les obsèques ont lieu le 2 juin 1961 au Palais National. Des milliers de personnes de toutes les couches sociales défilent devant le cercueil qui contient les restes de Trujillo, « l’homme qui avait été semé dans leurs esprits comme leur protecteur et leur guide, l’homme qui apparemment pouvait tout faire, était mort ». Le cortège funèbre part du Palais National pour arriver à San Cristóbal, où il reçoit une sépulture chrétienne dans l’église de sa ville natale, comme il l’avait exprimé dans ses dernières volontés. Après la messe, où tous les péchés du défunt lui sont pardonnés, le Dr. Joaquín Balaguer procède à la lecture d’un panégyrique de circonstance. Dans une des parties du discours, il déclare : « Le moment est donc propice pour que nous jurions sur ces reliques armées que nous défendrons sa mémoire et que nous serons fidèles à ses consignes maintenant l’unité. Cher Jefe, (c’est ainsi que Trujillo était surnommé par la majorité de ses collaborateurs), à bientôt. Tes fils spirituels, vétérans des campagnes que tu as livrées pendant plus de trente ans, nous regarderons ton tombeau comme un symbole de droiture et nous n’omettrons aucun moyen pour empêcher que s’éteigne la flamme que tu as allumé sur les autels de la République et dans l’âme de tous les dominicains ». Une fois les cérémonies terminées, son cadavre est transféré au panthéon spécial qu’il avait fait construire quand il était en vie, sous le principal autel de l’église.
La transition vers la démocratie
Après la mort de Trujillo, le pays passa sous la direction du Dr. Joaquín Balaguer, Président constitutionnel de la République, et du Général Rafael Leónidas Trujillo Martínez, « Ramfis », fils du dictateur et Chef de l’État-Major Conjoint des Forces Armées. Afin d’observer la situation des droits de l’homme et la transition, une sous-commission de l’OEA présidée par l’ambassadeur colombien Augusto Arango et composée de douze autres personnes arriva dans le pays le 7 juin 1961.Arango s’entretint avec Ramfis, aussitôt, Balaguer annonça la tenue d’élections libres en 1962 et offrit des garanties aux exilés politiques pour qu’ils puissent rentrer au pays pour y initier leurs activités politiques. Après plusieurs tentatives de la part de la famille de Trujillo pour prendre le pouvoir et après le coup d’État réussi du Commandant de l’Armée de l’air, le Général Pedro Rodríguez Echavarria, qui renversa le nouveau président, Joaquín Balaguer, un Conseil d'État mit en marche un processus d’ouverture politique, qui culmina par la célébration d’élections libres le 20 décembre 1962, les premières élections depuis 1930 au moins dans lesquelles les partis politiques jouèrent un rôle significatif. Les comices donnèrent la victoire au Parti Révolutionnaire Dominicain ; son candidat, Juan Bosch, obtint 59,5 % des suffrages.
Filmographie ayant trait à la biographie de Trujillo
Année Film Réalisateur Acteur 2006 La fiesta del chivo (*) Luis Llosa Tomas Milian 2001 In the Time of the Butterflies (TV) Mariano Barroso Edward James Olmos Voir aussi
- Amado García Guerrero, l'un des conjurés
- La Fiesta del chivo (La fête au bouc), roman de Mario Vargas Llosa
- GALINDEZ, roman de Manuel Vázquez Montalbán
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