- Propergol liquide
-
En astronautique, on appelle propergol liquide tout système chimique composé d'un ou plusieurs ergols stockés à l'état liquide pour produire, par décomposition ou par combustion, un mélange gazeux dont la détente à travers une tuyère fournit une force de poussée. De tels propergols ne permettent pas d'atteindre des vitesses très élevées mais offrent une poussée suffisante pendant le temps nécessaire pour s'affranchir de la pesanteur et placer des charges utiles en orbite. Ils sont donc couramment utilisés pour fournir l'impulsion nécessaire au décollage des lanceurs et pour les manœuvrer dans l'espace.
Grandeurs caractérisant un propergol
Ces grandeurs sont introduites dans l'article "Moteur-fusée".
Impulsion spécifique
Notée Isp et mesurée en secondes, l'impulsion spécifique indique la durée pendant laquelle une masse d'un kilogramme de propergol peut fournir une force de poussée d'un kilogramme-force, soit 9,80665 N :
- , d'où
avec :
-
- Isp l'impulsion spécifique exprimée en secondes
- Fprop la force de poussée du propergol, mesurée en Newton
- g0 l'accélération de la gravité à l'équateur, soit 9,80665 m/s2
- le débit massique d'éjection des gaz d'échappement, mesuré en kilogrammes par seconde
Cette équation souligne que, à poussée égale, l'impulsion spécifique sera d'autant plus élevée que le débit massique sera faible, ce qui signifie qu'on privilégiera des ergols dont les produits de combustion ont une masse molaire faible.
L'impulsion spécifique n'est pas une grandeur absolue d'un propergol, mais dépend des performances du moteur-fusée, et tout particulièrement de la pression atteinte dans la chambre de combustion, qui peut affecter les performances du système de 10 à 15 %. Elle dépend également de la détente des gaz d'échappement dans la tuyère, dont la géométrie doit être optimale pour maximiser la poussée, et elle dépend donc aussi de la pression à l'extérieur de la fusée : l'impulsion spécifique est maximale dans le vide, mais est inférieure près de 15 % au décollage au niveau de la mer.
Dans la littérature, les valeurs d'impulsion spécifique sont données dans le vide et dans les conditions thermodynamiques idéales, de sorte qu'elles constituent des bornes supérieures auxquelles les valeurs pratiques sont généralement inférieures de 5 à 10 %.
Vitesse d'éjection des gaz d'échappement
Dans la mesure où le rapport de la force de poussée au débit massique est égal à la vitesse d'éjection des gaz d'échappement, on peut également exprimer l'impulsion spécifique d'un propergol au moyen de la vitesse d'échappement, exprimée en mètres par seconde, selon l'égalité :
avec :
Fraction massique du propergol, delta V, densité d'impulsion
Fraction massique
On appelle fraction massique du propergol le rapport entre la masse finale du lanceur (après combustion du propergol) et sa masse initiale (avec le propergol avant sa combustion) :
avec :
-
- fmass la fraction massique du propergol consommé, exprimée en kg
- mprop la masse de propergol consommé, mesurée en kg
- M0 la masse initiale de l'engin spatial (avec le propergol consommé), mesurée en kg
C'est une grandeur qui dépend à la fois de la conception du lanceur et de la densité du propergol employé.
Delta v
Par ailleurs, on désigne couramment par « delta v » le surcroît de vitesse imprimé à un engin spatial par la combustion d'une quantité donnée de propergol. En l'absence de champ de gravité et de frottements, l'équation de Tsiolkowski permet d'exprimmer simplement le delta V à partir de la fraction massique du propergol :
avec :
-
- Δv la variation de vitesse de l'engin spatial exprimée en m/s
- ve la vitesse d'éjection des gaz d'échappement, mesurée en m/s
- Mplein la masse de l'engin spatial au décollage, mesurée en kg
- Mvide la masse hors propergol de l'engin spatial, mesurée en kg
On voit clairement avec cette expression que, pour maximiser le delta v, il faut :
- utiliser un propergol qui permette d'éjection des gaz d'échappement à une vitesse ve aussi élevée que possible
- maximiser le rapport Mplein / Mvide, ce qui signifie :
Le delta v dépend donc à la fois de la masse du véhicule spatial et des qualités intrinsèques (masse volumique et vitesse d'éjection) du propergol utilisé.
Densité d'impulsion
La masse volumique apparente du propergol étant une donnée aussi déterminante que son impulsion spécifique, on définit l'impulsion-densité (ou densité d'impulsion) comme le produit de ces deux grandeurs :
avec :
-
- Id l'impulsion-densité exprimée en s•kg/m3
- dprop la masse volumique apparente du propergol mesurée en kg/m3
- Isp l'impulsion spécifique mesurée en secondes
C'est parfois le couple (Isp, Id) plutôt que le couple (ve, dprop) qui est indiqué dans les tables de valeurs numériques sur les propergols liquides.
Qualités d'un propergol liquide
Hypergolique / non-hypergolique
On qualifie d'hypergolique un couple d'ergols qui, lorsqu'ils sont mis en contact l'un avec l'autre, autocatalysent leur propre oxydoréduction : la combustion s'initie spontanément, sans qu'il y ait besoin d'un système d'allumage, ce qui simplifie la réalisation du moteur-fusée. La fiabilité de la propulsion s'en trouve améliorée, car il devient possible de contrôler la poussée à l'aide de deux valves (une par ergol) sans devoir recourir à des systèmes de contrôle d'allumage complexes et fragiles. De plus, la nature même des ergols empêche qu'ils ne s'accumulent sous forme d'un mélange explosif à l'origine de surpressions dommageables au moment de l'allumage (hard start). En contrepartie, de tels hypergols sont généralement dangereux à manipuler en raison de leur grande réactivité chimique.
Cryogénique / stockable
On qualifie de cryogénique un propergol dont l'un au moins des ergols doit être maintenu à une température inférieure à -150 °C, température à partir de laquelle certains gaz de l'air se condensent à pression ambiante. De tels propergols sont généralement très performants mais ne peuvent être utilisés qu'au décollage depuis la Terre, car ils ne peuvent être maintenus longtemps à la température requise une fois chargés dans le lanceur. C'est tout particulièrement le cas de l'hydrogène liquide, qui commence à s'évaporer dès qu'il est en réservoir.
A l'opposé, les propergols stockables peuvent être maintenus liquides sur de longues périodes de temps sans nécessiter d'installations particulières pour les conserver.
Développement et utilisation des propergols liquides
Dans les années 1940
Les bases de l'astronautique ont été jetées par les ingénieurs allemands durant la Seconde Guerre mondiale à travers une série d'innovations techniques supportées par toute une gamme de substances chimiques conventionnellement désignées au moyen d'une lettre, notamment (compositions approximatives en fraction massique) :
-
- A-Stoff : oxygène O2 liquide (ergol cryogénique utilisé avec le B-Stoff dans les fusées V-2)
- B-Stoff : hydrate d'hydrazine N2H4•H2O ou (75 % éthanol H3C-CH2OH + 25 % eau H2O utilisé avec le A-Stoff dans les fusées V-2)
- C-Stoff : 57 % méthanol CH3OH + 43 % hydrate d'hydrazine N2H4•H2O (utilisé avec le T-Stoff dans le Messerschmitt Me 163B)
- M-Stoff : méthanol CH3OH
- N-Stoff : trifluorure de chlore ClF3
- R-Stoff : 57 % xylidine H2N-C6H3(CH3)2 + 43 % triéthylamine N(CH2CH3)3
- S-Stoff : 90-97 % acide nitrique HNO3 + 3-10 % (acide sulfurique H2SO4 ou perchlorure de fer FeCl3 )
- SV-Stoff : ( 85-90 % acide nitrique HNO3 + 10-15 % acide sulfurique H2SO4 ) ou ( 95 % acide nitrique HNO3 + 5 % peroxyde d'azote N2O4 )
- T-Stoff : 72-76 % peroxyde d'hydrogène H2O2 + 18-19 % eau H2O + 5-10 % (8-hydroxyquinoléine + phosphate de sodium Na3PO4 + acide phosphorique H3PO4 ), hypergolique avec le C-Stoff
Après la Seconde Guerre mondiale
Développée notamment au prix de la vie de nombreux prisonniers de guerre, la technologie allemande en matière de propulsion chimique a été reprise dans les années 1950 par les ingénieurs américains et soviétiques, qui expérimentèrent d'autres substances, parfois exotiques, telles que la tétrafluorohydrazine N2F4 avec le pentaborane B5H9.
L'éthanol H3C-CH2OH a été très utilisé, pur ou mélangé avec d'autres combustibles, par les ingénieurs allemands puis alliés dans les années 1940 en raison de sa chaleur latente de vaporisation élevée, qui permettait de l'utiliser pour refroidir les moteurs. Ses performances sont néanmoins inférieures à celles permises par les hydrocarbures, plus denses et plus énergétiques. Le principal obstacle à l'utilisation d'hydrocarbures comme combustible pour fusées était leur mauvais comportement thermique : en passant dans les circuits de refroidissement des moteurs, les fractions les plus lourdes avaient tendance à polymériser et à bloquer les bulles issues de la vaporisation des fractions les plus légères, ce qui finissait par obstruer les circuits.
Ces problèmes ont été résolus au milieu des années 1950, en réduisant sévèrement la teneur en soufre, qui favorise la polymérisation, ainsi que celle en hydrocarbures insaturés (les plus susceptibles de polymériser), tout en privilégiant les alcanes ramifiés et cycliques, plus résistants à la chaleur que les alcanes linéaires. Les espèces recherchées sont de type ladderane en C12. Ceci a conduit au développement du RP-1, Refined Petroleum-1 ou Rocket Propellant-1 selon les versions. Avec le développement de l'industrie pétrolière et des techniques de raffinage, le RP-1 et l'hydrogène liquide se sont imposés depuis comme combustibles de puissance, tandis que l'hydrate d'hydrazine N2H4•H2O (B-Stoff) était remplacé par des formes anhydres méthylées, monométhylhydrazine H2N-NHCH3 (MMH) et diméthylhydrazine asymétrique H2N-N(CH3)2 (UDMH) pour en accroître les performances dans les manœuvres de précision.
Côté oxydant, l'oxygène liquide est resté le comburant des applications de puissance avec le kérosène (RP-1) et l'hydrogène liquide, tandis que les recherches sur le SV-Stoff ont visé à stabiliser l'acide nitrique HNO3 pour limiter les effets nocifs des vapeurs de dioxyde d'azote NO2 abondamment libérées par l'acide nitrique (ces vapeurs sont d'ailleurs la raison pour laquelle HNO3 concentré est appelé acide nitrique fumant, WFNA en anglais, pour White Fuming Nitric Acid). Ceci fut réalisé en diluant HNO3 dans le peroxyde d'azote N2O4, ce qui donnait à l'ensemble une coloration rougeâtre (d'où le nom acide nitrique fumant rouge, RFNA en anglais), tandis que le problème de la corrosion des réservoirs était résolu en ajoutant de l'acide fluorhydrique HF pour passiver la surface intérieure des réservoirs en y déposant une couche de fluorure métallique : c'est ce qu'on appelle l'acide nitrique fumant rouge inhibé, ou IRFNA en anglais.
Aujourd'hui
On a coutume de distinguer formellement trois types de propergols liquides selon le nombre d'ergols qui les constituent :
- les monergols (ou monoergols), qui ne sont composés que d'un seul ergol
- les diergols (ou biergols), qui sont composés de deux ergols
- les triergols, qui sont composés de trois ergols
Cette nomenclature est en fait assez artificielle car la différence fondamentale réside entre les monergols et les autres propergols liquides :
-
- les monergols fonctionnent sur la base d'une décomposition exothermique catalysée
- les autres propergols reposent sur la combustion d'un ou plusieurs carburants dans un ou plusieurs comburants
Hydrazine
L'hydrazine N2H4 est le monergol le plus couramment employé, notamment dans les phases finales de descente des sondes spatiales avant atterrissage sur leur cible : ce fut le cas des landers du programme Viking ainsi que de la mission Phoenix, arrivée sur Mars le 25/05/2008. La sonde Mars Reconnaissance Orbiter a été mise en orbite avec un réservoir de plus d'une tonne d'hydrazine pour stabiliser sa trajectoire autour de Mars. L'hydrazine se décompose de façon très exothermique sur catalyseur métallique d'iridium sur alumine Al2O3 ou nanofibres de carbone[1] ou, plus récemment, du nitrure de molybdène sur l'alumine[2], qui catalysent les réactions :
Ces réactions dégagent suffisamment d'énergie pour conduire la chambre de combustion à 800 °C en une milliseconde[1] avec un très bon rendement[2], d'où une impulsion spécifique dans le vide d'environ 220 s[3].
Propergols stockables
Le développement des technologies à propergols stockables a été mené dans un but largement militaire, essentiellement afin de mettre à disposition des arsenaux une batterie de missiles prêts à être tirés dans les délais les plus brefs sur la période de temps la plus longue possible à partir d'installations aussi réduites que possible. La plupart des lanceurs russes et américains à propergols stockables sont ainsi dérivés de missiles ballistiques intercontinentaux.
Combustibles Aérozine 50, UDMH, UH 25 ou MMH
Le mélange 50 % hydrazine H2N-NH2 + 50 % UDMH H2N-N(CH3)2 est appelé aérozine 50. C'est un combustible développé aux États-Unis dans les années 1950 au départ pour équiper les missiles Titan II, à l'origine de lanceurs à la suite desquels ce carburant a été très employé dans l'astronautique ; il fut notamment à l'honneur dans la mission Apollo 11 pour avoir assuré l'atterrissage puis le décollage du LEM. L'aérozine 50 est un peu moins dense que l'hydrazine pure et a un point d'ébullition un peu moins élevé, mais offre une stabilité et un temps de réponse optimisés avec le NTO (peroxyde d'azote N2O4).
La France avait opté dès les années 1960 pour une propulsion NTO / UDMH avec les fusées Diamant, à l'origine du programme Ariane : lancées depuis Hammaguir (Algérie) jusqu'en 1967, puis à partir du Centre spatial guyanais de Kourou à partir de 1970, les fusées Diamant ont connu trois échecs et neuf succès, dont la mise en orbite du satellite Astérix en 1965 ainsi que de Castor et Pollux en 1975. Afin d'assurer la propulsion du lanceur Ariane 1, le programme Ariane avait opté, dans la continuité des fusées Diamant, pour une propulsion à l'UDMH pure, qui fut en partie à l'origine de l'échec du second lancement de la fusée, en 1980. Après cela, les lanceurs Ariane 2 à Ariane 4 fonctionnèrent avec de l'UH 25, un mélange 75 % UDMH H2N-N(CH3)2 + 25 % hydrate d'hydrazine H2N-NH2•H2O, Ariane 4 devenant l'un des lanceurs les plus fiables au monde, avec un taux de succès de plus de 97 %.
Plus récemment, la MMH H2N-NHCH3 s'est imposée face aux diverses combinaisons d'hydrazine et d'UDMH pour le fonctionnement dans l'espace ; elle est notamment employée dans le système de manœuvre orbital (OMS) de la navette spatiale de la NASA ainsi que dans l'étage à propergol stockable (EPS) d'Ariane 5.
Oxydant NTO ou MON
Le peroxyde d'azote N2O4, généralement désigné par NTO (pour Nitrogen Tetroxide), est l'oxydant « historique » avec tous ces carburants azotés : il est à la fois hypergolique avec eux, et stockable dans les conditions terrestres. Aujourd'hui, il est rarement utilisé pur mais mélangé avec du monoxyde d'azote N≡O dans des proportions variables, afin de limiter les effets de la corrosion du NTO, notamment sur les alliages en titane utilisés dans les systèmes de propulsion. Un mélange de x % de N≡O avec (100-x) % de NTO est appelé MON-x (pour Mixed Oxides of Nitrogen), la limite étant le MON-40 ; les Américains utilisent généralement du MON-3, tandis que les Européens semblent préférer le MON-1,3.
Actuellement, le propergol NTO / aérozine 50 est surtout employé au décollage, les systèmes MON / MMH sont utilisés pour les ajustements orbitaux dans l'espace sur des engins assez gros et pour des périodes d'utilisation de l'ordre de quelques semaines, et l'hydrazine comme monergol reste la solution privilégiée pour le positonnement des engins plus petits tels que des satellites ou des sondes sur des périodes de temps se chiffrant en mois, voire en années.
Propergols cryogéniques LOX / RP-1 ou LH2
Propergol LOX / RP-1
Le RP-1 a été largement utilisé aux États-Unis dans les années 1960 et 1970 comme combustible de puissance pour les premiers étages de lanceurs tels que les fusées Atlas, Titan I, Delta, Saturn I et IB, et bien sûr Saturn V, célèbre pour ses lancements du programme Apollo et du laboratoire Skylab. A la fois dense et stockable, optimisé pour les moteurs-fusée, il offre d'excellentes performances au décollage avec l'oxygène liquide, généralement désigné par l'acronyme LOX.
A la différence des propergols azotés, le système LOX / RP-1 n'est pas hypergolique et nécessite donc un système d'allumage dans le moteur pour initier la combustion. Il est 8 % moins dense que le système NTO / aérozine 50 mais fournit une impulsion spécifique légèrement supérieure (3 %). Il est surtout bien moins dangereux à manipuler.
Les lanceurs Delta, qui devaient être retirés du service dans les années 1980 au profit des navettes spatiales, ont été remis sur le devant de la scène suite à l'explosion de Challenger en 1986, et le Delta II est aujourd'hui un pilier de l'astronautique américaine, avec une impressionnante série de sondes spatiales lancées dans le système solaire ; leur premier étage est propulsé au LOX / RP-1 tandis que le second est propulsé au NTO / aérozine 50. Ces lanceurs devraient être retirés du service en 2011[4].
Propergol LOX / LH2
L'hydrogène liquide, généralement désigné par l'acronyme LH2, est le plus puissant combustible utilisé avec l'oxygène liquide : son impulsion spécifique est supérieure de près de 30 % à celle du RP-1, mais la masse volumique apparente d'un système LOX / LH2 est inférieure également de près de 30 % à celle d'un système LOX / RP-1. Son utilisation pose donc des problèmes d'encombrement des réservoirs et d'aérodynamisme au décollage, les forces de frottement sur le lanceur pouvant faire perdre l'avantage énergétique procuré par les systèmes à LH2 par rapport aux systèmes à RP-1.
De surcroît, l'hydrogène liquide est une substance particulièrement fugace dont la manipulation implique de tenir compte de forts risques d'explosion, en disposant d'une technologie cryogénique robuste permettant de manipuler un fluide à une température n'excédant jamais 20,28 K, soit -252,87 °C. Enfin, la technologie de liquéfaction de l'hydrogène est coûteuse en énergie et doit gérer le problème de l'isomérie de spin du dihydrogène : à température ambiante, l'orthohydrogène représente 75 % des molécules, proportion qui tombe à 0,21 % à l'état liquide au terme d'une transition exothermique qui tend à réchauffer l'hydrogène une fois liquéfié en accélérant son évaporation.
Autres propergols liquides
CLF3 ou CLF5 / N2H4
Le trifluorure de chlore ClF3 et le pentafluorure de chlore ClF5 sont deux oxydants qui ont été étudiés — et développés — pendant la guerre froide en vertu de leur densité élevée, de leur facilité de stockage et des performances avec l'hydrazine. Ce sont néanmoins des composés réellement dangereux à manipuler, qui ont tendance à enflammer la moindre matière oxydable, et qui constituent donc un danger majeur pour tous les intervenants amenés à les manipuler. De surcroît, leurs gaz d'échappement contiennent du fluorure d'hydrogène HF et du chlorure d'hydrogène HCl, particulièrement nocifs pour l'environnement.
Triergols
Les triergols ont été étudiés de façon intensive aux États-Unis et en Union Soviétique, sans jamais aboutir à des réalisations concrètes en raison de leur coût prohibitif et surtout des obstacles technologiques à leur mise en œuvre. Les plus connus sont :
- LO2 / LBE + LH2, c'est-à-dire oxygène liquide avec hydrogène liquide dopé au béryllium, rapidement abandonné en raison du coût et de la dangerosité du béryllium et de ses oxydes ;
- NTO / MMH + LBE (puis LAL), c'est-à-dire peroxyde d'azote avec monométhylhydrazine dopée au béryllium (puis à l'aluminium pour des raisons de coût et de toxicité), abandonné malgré tout également en raison de la difficulté à mettre en œuvre une propulsion liquide à partir d'un métal solide ;
- LF2 / LLI + LH2, c'est-à-dire fluor liquide avec lithium liquide et hydrogène liquide, a priori le plus puissant propergol connu mais dont la mise en œuvre nécessiterait de maîtriser ensemble et de sécuriser dans le même engin spatial la technologie des trois ergols les plus exigeants qu'on puisse imaginer.
Comparaison numérique de propergols liquides
Données nominales au niveau de la mer
Le tableau déroulant qui suit reproduit un formulaire ASCII donnant les principales grandeurs caractérisant un propergol liquide par oxydant et par combustible en détaillant si nécessaire les nuances de proportions dans les mélanges :
Paramètres nominaux de propergols liquides standards au niveau de la merSignification des colonnes en fin de document.
________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ LOX : Oxygène liquide LH2 : Hydrogène liquide 5,00 381 124 3 738 2 347 3 304 11,8 1,21 0,32 Méthane liquide 2,77 299 235 2 932 1 842 3 379 19,6 1,21 0,79 Méthanol 1,19 274 260 2 687 1 677 3 214 22,7 1,19 0,95 75 % Éthanol + 25 % Eau 1,29 269 264 2 635 1 643 3 167 23,4 1,19 0,98 95 % Éthanol + 5 % Eau 1,49 277 269 2 713 1 698 3 314 22,8 1,20 0,97 RP-1 (kérosène) 2,29 289 294 2 834 1 787 3 526 21,6 1,22 1,02 Hydrazine 0,74 303 321 2 973 1 875 3 275 18,2 1,22 1,06 MMH : Monométhylhydrazine 1,15 300 298 2 938 1 855 3 399 19,3 1,22 0,99 UDMH : Diméthylhydrazine asymétrique 1,38 297 286 2 916 1 841 3 447 19,8 1,22 0,96 Aérozine 50 : 50 % UDMH + 50 % Hydrazine 1,06 300 300 2 941 1 856 3 373 19,1 1,22 1,00 UH 25 : 75 % UDMH + 25 % Hydrate d'hydrazine 1,22 299 292 2 928 1 848 3 412 19,5 1,22 0,98 Ammoniac liquide 1,28 287 253 2 815 1 765 3 020 19,1 1,20 0,88 Aniline 1,72 276 302 2 708 1 714 3 657 24,2 1,23 1,09 Tonka-250 1,97 283 288 2 780 1 754 3 543 22,5 1,22 1,02 PBHT : Polybutadiène hydroxytéléchélique 2,12 282 299 2 766 1 747 3 612 23,1 1,22 1,06 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ LF2 : Fluor liquide LH2 : Hydrogène liquide 6,00 400 155 3 925 2 528 3 548 10,4 1,29 0,39 Méthanol 2,20 321 376 3 146 2 030 4 402 19,9 1,30 1,17 72 % Éthanol + 28 % Eau 2,26 317 383 3 106 2 004 4 344 20,2 1,30 1,21 Hydrazine 1,82 338 432 3 315 2 143 4 544 18,4 1,31 1,28 Ammoniac liquide 2,81 334 382 3 278 2 117 4 469 18,6 1,30 1,14 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ FLOX : Fluor liquide + Oxygène liquide (fraction massique de fluor dépendant du combustible) 79 % LF2 / Méthane liquide 4,82 335 337 3 281 2 120 4 530 18,8 1,30 1,01 89 % LF2 / 95% Éthanol + 5% Eau 2,56 320 377 3 134 2 023 4 437 20,2 1,30 1,18 69 % LF2 / RP-1 3,67 323 386 3 166 2 045 4 571 20,4 1,30 1,19 85 % LF2 / MMH 2,33 333 399 3 264 2 110 4 583 19,2 1,31 1,20 80 % LF2 / UDMH 2,60 330 383 3 239 2 093 4 591 19,5 1,31 1,16 88 % LF2 / Aérozine 50 2,22 334 403 3 273 2 115 4 575 19,0 1,31 1,21 83 % LF2 / UH 25 2,41 332 411 3 255 2 104 4 584 19,3 1,31 1,24 57 % LF2 / Aniline 2,41 306 373 3 006 1 939 4 517 22,4 1,30 1,22 67 % LF2 / Tonka-250 3,07 317 374 3 114 2 010 4 553 21,0 1,30 1,18 62 % LF2 / PBHT 3,14 314 380 3 082 1 990 4 555 21,5 1,30 1,21 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ NTO : Peroxyde d'azote LH2 : Hydrogène liquide 6,50 340 137 3 334 2 103 2 973 13,1 1,22 0,40 Méthane liquide 4,27 273 271 2 682 1 688 3 220 22,1 1,21 0,99 Méthanol 1,78 258 288 2 528 1 583 3 058 24,1 1,20 1,12 75 % Éthanol + 25 % Eau 1,93 253 293 2 479 1 551 3 006 24,8 1,20 1,16 95 % Éthanol + 5 % Eau 2,26 259 300 2 540 1 593 3 151 24,5 1,20 1,16 RP-1 3,53 267 330 2 619 1 653 3 342 23,9 1,22 1,24 Hydrazine 1,08 286 342 2 803 1 771 3 137 19,5 1,23 1,19 MMH : Monométhylhydrazine 1,73 280 325 2 742 1 733 3 252 21,1 1,23 1,16 UDMH : Diméthylhydrazine asymétrique 2,10 277 316 2 713 1 715 3 296 21,8 1,23 1,14 Aérozine 50 : 50 % UDMH + 50 % Hydrazine 1,59 280 326 2 750 1 738 3 229 20,8 1,23 1,16 UH 25 : 75 % UDMH + 25 % Hydrate d'hydrazine 1,85 278 321 2 730 1 725 3 268 21,4 1,23 1,15 Ammoniac liquide 1,89 267 278 2 615 1 644 2 860 20,8 1,21 1,04 Aniline 2,64 259 336 2 538 1 606 3 452 26,0 1,23 1,30 Tonka-250 3,03 264 323 2 585 1 633 3 360 24,6 1,22 1,23 PBHT : Polybutadiène hydroxytéléchélique 3,26 262 335 2 571 1 625 3 408 25,1 1,23 1,28 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ IRFNA : Acide nitrique fumant rouge inhibé LH2 : Hydrogène liquide 8,00 317 147 3 112 1 957 2 795 14,3 1,21 0,46 Méthane liquide 5,32 261 281 2 561 1 603 2 971 22,9 1,20 1,08 Méthanol 2,13 249 292 2 441 1 524 2 824 24,2 1,19 1,17 75 % Éthanol + 25 % Eau 2,30 244 296 2 391 1 492 2 758 24,7 1,19 1,21 95 % Éthanol + 5 % Eau 2,75 250 305 2 449 1 530 2 905 24,6 1,19 1,22 RP-1 4,42 256 335 2 514 1 576 3 076 24,4 1,20 1,31 Hydrazine 1,28 276 341 2 702 1 702 2 932 19,8 1,22 1,24 MMH : Monométhylhydrazine 2,13 269 328 2 635 1 658 3 033 21,7 1,21 1,22 UDMH : Diméthylhydrazine asymétrique 2,60 266 321 2 605 1 638 3 062 22,4 1,21 1,21 Aérozine 50 : 50 % UDMH + 50 % Hydrazine 1,94 270 329 2 643 1 663 3 009 21,3 1,21 1,22 UH 25 : 75 % UDMH + 25 % Hydrate d'hydrazine 2,27 267 324 2 622 1 649 3 037 21,9 1,21 1,21 Ammoniac liquide 2,18 254 278 2 487 1 562 2 572 20,7 1,21 1,09 Aniline 3,31 250 340 2 451 1 539 3 160 26,2 1,21 1,36 Tonka-250 3,79 254 328 2 488 1 560 3 087 25,0 1,20 1,29 PBHT : Polybutadiène hydroxytéléchélique 4,09 252 340 2 476 1 553 3 124 25,5 1,20 1,34 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ 85 % Peroxyde d'hydrogène + 15 % Eau LH2 : Hydrogène liquide 14,00 294 180 2 882 1 801 2 544 15,6 1,19 0,61 Méthane liquide 9,19 260 289 2 550 1 586 2 590 20,6 1,18 1,11 Méthanol 3,55 251 296 2 464 1 533 2 511 21,4 1,18 1,17 75 % Éthanol + 25 % Eau 3,77 247 295 2 425 1 508 2 447 21,5 1,18 1,20 95 % Éthanol + 5 % Eau 4,62 252 304 2 476 1 540 2 552 21,5 1,18 1,20 RP-1 7,84 258 324 2 530 1 574 2 666 21,5 1,18 1,26 Hydrazine 2,15 269 328 2 642 1 654 2 630 19,0 1,20 1,22 MMH : Monométhylhydrazine 3,76 265 320 2 600 1 623 2 681 20,3 1,19 1,21 UDMH : Diméthylhydrazine asymétrique 4,63 263 316 2 582 1 610 2 690 20,7 1,19 1,20 Aérozine 50 : 50 % UDMH + 50 % Hydrazine 3,39 266 320 2 604 1 626 2 668 20,0 1,19 1,21 UH 25 : 75 % UDMH + 25 % Hydrate d'hydrazine 4,02 264 318 2 592 1 617 2 681 20,4 1,19 1,20 Ammoniac liquide 3,46 252 279 2 470 1 545 2 305 19,1 1,20 1,11 Aniline 5,95 254 329 2 495 1 553 2 719 22,6 1,18 1,29 Tonka-250 6,70 256 320 2 513 1 564 2 671 21,8 1,18 1,25 PBHT : Polybutadiène hydroxytéléchélique 7,31 256 327 2 510 1 561 2 694 22,1 1,18 1,28 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ 95 % Peroxyde d'hydrogène + 5 % Eau LH2 : Hydrogène liquide 11,00 312 171 3 064 1 918 2 666 14,4 1,20 0,55 Méthane liquide 7,70 272 302 2 663 1 658 2 802 20,4 1,18 1,11 Méthanol 3,06 261 308 2 556 1 590 2 709 21,5 1,18 1,18 75 % Éthanol + 25 % Eau 3,27 257 311 2 519 1 566 2 653 21,6 1,18 1,21 95 % Éthanol + 5 % Eau 3,97 262 320 2 571 1 599 2 762 21,6 1,18 1,22 RP-1 (kérosène) 6,50 268 345 2 632 1 639 2 878 21,4 1,18 1,28 Hydrazine 1,82 280 345 2 741 1 718 2 801 18,8 1,20 1,23 MMH : Monométhylhydrazine 3,13 276 337 2 702 1 688 2 871 20,0 1,19 1,22 UDMH : Diméthylhydrazine asymétrique 3,82 274 332 2 685 1 676 2 884 20,4 1,19 1,21 Aérozine 50 : 50 % UDMH + 50 % Hydrazine 2,82 276 337 2 706 1 692 2 852 19,8 1,19 1,22 UH 25 : 75 % UDMH + 25 % Hydrate d'hydrazine 3,32 275 334 2 695 1 683 2 870 20,1 1,19 1,22 Ammoniac liquide 3,04 263 294 2 583 1 615 2 510 19,1 1,19 1,11 Aniline 4,94 264 349 2 585 1 610 2 934 22,6 1,18 1,32 Tonka-250 5,58 266 340 2 611 1 626 2 884 21,8 1,18 1,28 PBHT : Polybutadiène hydroxytéléchélique 6,06 266 348 2 607 1 622 2 910 22,1 1,18 1,31 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ Protoxyde d'azote LH2 : Hydrogène liquide 12,00 294 160 2 883 1 828 2 905 16,8 1,24 0,54 Méthane liquide 8,42 253 258 2 485 1 575 3 147 24,6 1,24 1,02 Méthanol 3,40 245 267 2 404 1 517 2 998 25,4 1,22 1,09 75 % Éthanol + 25 % Eau 3,70 241 268 2 367 1 494 2 957 25,9 1,22 1,11 95 % Éthanol + 5 % Eau 4,37 246 273 2 408 1 523 3 076 25,8 1,23 1,11 RP-1 (kérosène) 7,01 250 288 2 455 1 559 3 241 25,7 1,24 1,15 Hydrazine 1,96 267 304 2 620 1 663 3 042 21,2 1,24 1,14 MMH : Monométhylhydrazine 3,34 260 291 2 554 1 622 3 171 23,2 1,24 1,12 UDMH : Diméthylhydrazine asymétrique 4,10 258 285 2 528 1 606 3 209 24,0 1,24 1,10 Aérozine 50 : 50 % UDMH + 50 % Hydrazine 3,04 261 292 2 563 1 627 3 148 22,9 1,24 1,12 UH 25 : 75 % UDMH + 25 % Hydrate d'hydrazine 3,57 259 288 2 543 1 615 3 182 23,5 1,24 1,11 Ammoniac liquide 3,58 250 261 2 453 1 552 2 842 22,9 1,23 1,04 Aniline 5,26 246 292 2 415 1 536 3 321 27,1 1,25 1,19 Tonka-250 6,02 249 285 2 438 1 548 3 253 26,2 1,24 1,15 PBHT : Polybutadiène hydroxytéléchélique 6,48 248 290 2 429 1 544 3 286 26,6 1,24 1,17 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ Pentafluorure de chlore LH2 : Hydrogène liquide 9,00 337 179 3 307 2 130 3 377 13,9 1,29 0,53 Méthanol 2,71 275 380 2 700 1 741 3 723 23,0 1,30 1,38 72 % Éthanol + 28 % Eau 2,76 270 383 2 645 1 706 3 608 23,2 1,30 1,42 Hydrazine 2,12 297 439 2 915 1 880 3 958 20,9 1,30 1,48 Ammoniac liquide 3,56 287 392 2 818 1 818 3 874 21,9 1,30 1,37 ________________________________________________________________________________________________________________ Oxydant RM Isp Id Ve C* Temp Masse Cp/Cv Densité Carburant s s•g/cm3 m/s m/s K g/mol g/cm3 ________________________________________________________________________________________________________________ Pentafluorure de chlore + Fluorure de perchloryle (fraction massique de CLF5 en fonction du combustible) 66 % ClF5 / Méthane liquide 6,20 285 343 2 799 1 806 3 956 22,6 1,30 1,20 75 % ClF5 / 95 % Éthanol + 5 % Eau 3,18 273 372 2 674 1 723 3 755 23,7 1,29 1,36 48 % ClF5 / RP-1 4,65 277 382 2 716 1 754 3 965 24,0 1,30 1,38 74 % ClF5 / MMH 2,84 290 402 2 849 1 838 4 017 22,2 1,30 1,38 64 % ClF5 / UDMH 3,20 287 397 2 816 1 818 4 020 22,7 1,30 1,34 79 % ClF5 / Aérozine 50 2,69 292 407 2 859 1 845 4 006 22,0 1,30 1,40 71 % ClF5 / UH 25 2,96 289 395 2 836 1 831 4 019 22,4 1,30 1,36 28 % ClF5 / Aniline 3,04 265 362 2 598 1 678 3 890 25,8 1,30 1,37 45 % ClF5 / Tonka-250 3,87 273 369 2 679 1 729 3 935 24,5 1,30 1,35 36 % CLF5 / PBHT 3,96 270 372 2 649 1 710 3 927 25,0 1,30 1,38 ________________________________________________________________________________________________________________ RM = rapport de mélange Isp = impulsion spécifique au niveau de la mer, en secondes Id = impulsion-densité, en secondes•grammes/cm3 Ve = vitesse d'éjection des gaz d'échappement, mètres/seconde C* = vitesse caractéristique, mètres/seconde Temp = température dans la chambre de combustion, en Kelvin Masse = masse molaire des gaz d'échappement, en grammes/mole Cp/Cv = rapport des chaleurs spécifiques
Densité = masse volumique apparente du propergol, grammes/cm3Le site http://www.braeunig.us/space/ présente des données similaires.
Comparaison des données au niveau de la mer et dans le vide
PSI kPa coeff 1000 6 895 1,00 900 6 205 0,99 800 5 516 0,98 700 4 826 0,97 600 4 137 0,95 500 3 447 0,93 400 2 758 0,91 300 2 068 0,88 Les données du tableau ci-dessous sont issues de l'ouvrage de Huzel & Huang intitulé « Modern Engineering for Design of Liquid-Propellant Rocket Engines », 1992, American Institute of Aeronautics and Astronautics, Washington, ISBN 1-56347-013-6 ; on y trouve les résultats publiés par la société Rocketdyne sur la base de calculs menés en supposant une combustion adiabatique, une détente isentropique uniaxiale et l'ajustement continu du rapport de mélange oxydant/combustible en fonction de l'altitude. Ces calculs sont menés pour une pression en chambre de combustion de 1 000 PSI, c'est-à-dire 1 000 « livres par pouce-carré » (Pounds per Square Inch), ce qui correspond, en unités internationales (S.I.), à 6 894 757 Pa. La vitesse d'éjection aux pressions inférieures peut être estimée en appliquant un coefficient à partir de l'abaque ci-contre.
Les grandeurs reproduites dans ce tableau sont les suivantes :
-
- ratio, le rapport de mélange (débit massique de l'oxydant sur débit massique du combustible)
- ve, la vitesse d'éjection des gaz d'échappement, exprimée en mètres par seconde
- ρ, la masse volumique apparente du propergol, exprimée en grammes par cm3
- TC, la température d'équilibre dans la chambre de combustion, exprimée en °C
- C*, la vitesse caractéristique[5], exprimée en mètres par seconde
L'intérêt de ce tableau est d'expliciter l'évolution des paramètres entre le décollage et l'arrivée en orbite : à gauche, les valeurs au niveau de la mer ; à droite, les mêmes dans le vide. Il s'agit chaque fois des valeurs nominales calculées pour un système idéal, arrondies en unités S.I. (les compositions sont exprimées en pourcentages massiques) :
Oxydant Réducteur Hyprg Cryo Détente optimale à 6 895 kPa
au niveau de la merDétente optimale à 6 895 kPa
dans le videPropergols à oxydant cryogénique LOX, LF2 ou FLOX ratio
Ox/Redve
m/sρ
g/cm3TC
°CC*
m/sratio
Ox/Redve
m/sρ
g/cm3TC
°CC*
m/sO2 H2 Non Oui 4,13 3 816 0,29 2 740 2 416 4,83 4 462 0,32 2 978 2 386 CH4 Non Oui 3,21 3 034 0,82 3 260 1 857 3,45 3 615 0,83 3 290 1 838 C2H6 Non Oui 2,89 3 006 0,90 3 320 1 840 3,10 3 584 0,91 3 351 1 825 RP-1 Non Oui 2,58 2 941 1,03 3 403 1 799 2,77 3 510 1,03 3 428 1 783 N2H4 Non Oui 0,92 3 065 1,07 3 132 1 892 0,98 3 460 1,07 3 146 1 878 B2H6 Non Oui 1,96 3 351 0,74 3 489 2 041 2,06 4 016 0,75 3 563 2 039 70 % O2 + 30 % F2 H2 Non Oui 4,80 3 871 0,32 2 954 2 453 5,70 4 520 0,36 3 195 2 417 RP-1 Non Oui 3,01 3 103 1,09 3 665 1 908 3,30 3 697 1,10 3 692 1 889 70 % F2 + 30 % O2 RP-1 Oui Oui 3,84 3 377 1,20 4 361 2 106 3,84 3 955 1,20 4 361 2 104 87,8 % F2 + 12,2 % O2 MMH Oui Oui 2,82 3 525 1,24 4 454 2 191 2,83 4 148 1,23 4 453 2 186 F2 H2 Oui Oui 7,94 4 036 0,46 3 689 2 556 9,74 4 697 0,52 3 985 2 530 34,8 % Li + 65,2 % H2 Oui Oui 0,96 4 256 0,19 1 830 2 680 39,3 % Li + 60,7 % H2 Oui Oui 1,08 5 050 0,21 1 974 2 656 CH4 Oui Oui 4,53 3 414 1,03 3 918 2 068 4,74 4 075 1,04 3 933 2 064 C2H6 Oui Oui 3,68 3 335 1,09 3 914 2 019 3,78 3 987 1,10 3 923 2 014 MMH Oui Oui 2,39 3 413 1,24 4 074 2 063 2,47 4 071 1,24 4 091 1 987 N2H4 Oui Oui 2,32 3 580 1,31 4 461 2 219 2,37 4 215 1,31 4 468 2 122 NH3 Oui Oui 3,32 3 531 1,12 4 337 2 194 3,35 4 143 1,12 4 341 2 193 Propergols cryogéniques à oxydant fluorure d'oxygène Hyprg Cryo ratio
Ox/Redve
m/sρ
g/cm3TC
°CC*
m/sratio
Ox/Redve
m/sρ
g/cm3TC
°CC*
m/sOF2 H2 Oui Oui 5,92 4 014 0,39 3 311 2 542 7,37 4 679 0,44 3 587 2 499 CH4 Oui Oui 4,94 3 485 1,06 4 157 2 160 5,58 4 131 1,09 4 207 2 139 C2H6 Oui Oui 3,87 3 511 1,13 4 539 2 176 3,86 4 137 1,13 4 538 2 176 RP-1 Oui Oui 3,87 3 424 1,28 4 436 2 132 3,85 4 021 1,28 4 432 2 130 N2H4 Oui Oui 1,51 3 381 1,26 3 769 2 087 1,65 4 008 1,27 3 814 2 081 MMH Oui Oui 2,28 3 427 1,24 4 075 2 119 2,58 4 067 1,26 4 133 2 106 50,5 % MMH + 29,8 % N2H4 + 19,7 % H2O Oui Oui 1,75 3 286 1,24 3 726 2 025 1,92 3 908 1,25 3 769 2 018 B2H6 Oui Oui 3,95 3 653 1,01 4 479 2 244 3,98 4 367 1,02 4 486 2 167 Propergols stockables à oxydant azoté Hyprg Cryo ratio
Ox/Redve
m/sρ
g/cm3TC
°CC*
m/sratio
Ox/Redve
m/sρ
g/cm3TC
°CC*
m/sIRFNA IIIa[6] MMH Oui Non 2,59 2 690 1,27 2 849 1 665 2,71 3 178 1,28 2 841 1 655 UDMH Oui Non 3,13 2 668 1,26 2 874 1 648 3,31 3 157 1,27 2 864 1 634 60 % UDMH + 40 % DETA Oui Non 3,26 2 638 1,30 2 848 1 627 3,41 3 123 1,31 2 839 1 617 IRFNA IV HDA[7] MMH Oui Non 2,43 2 742 1,29 2 953 1 696 2,58 3 242 1,31 2 947 1 680 UDMH Oui Non 2,95 2 719 1,28 2 983 1 676 3,12 3 220 1,29 2 977 1 662 60 % UDMH + 40 % DETA Oui Non 3,06 2 689 1,32 2 903 1 656 3,25 3 187 1,33 2 951 1 641 N2O4 N2H4 Oui Non 1,36 2 862 1,21 2 992 1 781 1,42 3 369 1,22 2 993 1 770 MMH Oui Non 2,17 2 827 1,19 3 122 1 745 2,37 3 347 1,20 3 125 1 724 50 % UDMH + 50 % N2H4 Oui Non 1,98 2 831 1,12 3 095 1 747 2,15 3 349 1,20 3 096 1 731 Propergols stockables à oxydant halogéné Hyprg Cryo ratio
Ox/Redve
m/sρ
g/cm3TC
°CC*
m/sratio
Ox/Redve
m/sρ
g/cm3TC
°CC*
m/sClF3 N2H4 Oui Non 2,81 2 885 1,49 3 650 1 824 2,89 3 356 1,50 3 666 1 822 ClF5 N2H4 Oui Non 2,66 3 069 1,47 3 894 1 935 2,71 3 580 1,47 3 905 1 934 MMH Oui Non 2,82 2 962 1,40 3 577 1 837 2,83 3 488 1,40 3 579 1 837 86 % MMH + 14 % N2H4 Oui Non 2,78 2 971 1,41 3 575 1 844 2,81 3 498 1,41 3 579 1 844 Notes et références
- R. Vieira, « New carbon nanofiber/graphite felt composite for use as a catalyst support for hydrazine catalytic decomposition », dans Chemical Communications, no 9, 2002, p. 954–955 [lien DOI]
- Xiaowei Chen, « Catalytic Decomposition of Hydrazine over Supported Molybdenum Nitride Catalysts in a Monopropellant Thruster », dans Catalysis Letters, vol. 79, avril 2002, p. 21-25 [lien DOI]
- Monopropellant Hydrazine Thrusters
- Launch team packs rockets' timetable, Florida Today (2008-05-25). Consulté le 2008-06-09. « United Launch Alliance piled up a half-dozen new payloads for Atlas and Delta rockets during the first half of the year, including a NASA moon mission that will extend Delta 2 launch operations. »
- La vitesse caractéristique correspond à la pression dans la chambre de combustion multipliée par la section d'admission du propergol divisée par le débit massique ; c'est un indicateur de performance de la combustion dans le moteur-fusée
- HNO3 + 14 % NO2 + 2 % H2O + 0,6 % HF 83,4 %
- HNO3 + 44 % NO2 + 1 % H2O + 0,7 % HF 54,3 %
Articles liés
- Équation de Tsiolkowski
- Moteur-fusée
- Ergols :
- Acide nitrique fumant rouge inhibé (IRFNA)
- Aérozine 50
- Diéthylènetriamine (DETA)
- Diméthylhydrazine asymétrique (UDMH)
- Fluorure de perchloryle
- Hydrate d'hydrazine
- Hydrazine
- Hydrogène liquide (LH2)
- Mixed Oxides of Nitrogen (MON)
- Monométhylhydrazine (MMH)
- Oxygène liquide (LOX)
- Pentafluorure de chlore
- Peroxyde d'azote (NTO)
- RP-1
- Trifluorure de chlore
- UH 25
- Monergol
- Triergol
- Propergol composite :
Wikimedia Foundation. 2010.