- Prison de la Santé
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La maison d’arrêt de la Santé, ou plus simplement la prison de la Santé ou la Santé, est une prison parisienne située dans un quartier résidentiel du 14e arrondissement.
Sommaire
Les bâtiments
Elle a été construite en 1867 par l'architecte Joseph Auguste Émile Vaudremer.
De forme trapézoïdale, elle est encadrée :
- au nord par le boulevard Arago ;
- à l'ouest par la rue Messier ;
- au sud par la rue Jean-Dolent ;
- à l'est par la rue de la Santé.
Une des particularités de la Santé aujourd'hui est, que jusqu'en 2000, les détenus étaient répartis par origine géographique et ethnique à l'intérieur de la prison. Une partie des détenus (ceux qui poursuivent des études en particulier) sont regroupés dans les sections, mais la plupart d'entre eux sont disséminés dans des blocs, qui sont au nombre de quatre :
- bloc A : Europe occidentale ;
- bloc B : Afrique noire ;
- bloc C : Maghreb ;
- bloc D : reste du monde.
Désormais, seul le bloc A continue de fonctionner, les autres ayant été fermés en prévision d'une rénovation d'ampleur.
La prison de La Santé est, de nos jours, la dernière prison intra-muros de Paris. Les autres prisons importantes (toutes catégories confondues) dépendant de Paris sont à Poissy, à Fleury-Mérogis, à Fresnes et à Melun.
Le quartier « VIP » de la Santé
L'emprisonnement des « personnalités » condamnées est également une des spécificités de la prison de la Santé. Le quartier où ces personnes sont affectées est appelé le « quartier des particuliers » par l'Administration. Les parloirs de ces détenus se déroulent au 1 rue Messier, comme pour les autres détenus (là où se trouve le local d'accueil des proches). Ainsi elle a accueilli en ses murs de nombreuses personnalités qui y ont purgé leur peine.
Quelques prisonniers notoires
- Hocine Aït Ahmed homme politique algérien ( et un des neuf « chefs historiques » du FLN)
- Guillaume Apollinaire
- lieutenant-colonel Jean-Marie Bastien-Thiry (attentat du Petit-Clamart contre le président de Gaulle, en 1962).
- Ahmed Ben Bella homme politique algérien ( un des neuf « chefs historiques » du FLN et ancien président de la République algérienne)
- François Besse (braquage, évasion)
- Bernard Bonnet
- Pierre Botton
- Mohamed Boudiaf homme politique algérien ( un des neuf « chefs historiques » du FLN et ancien président de la République algérienne)
- Eugène Boyer
- Yvan Colonna (assassinat du préfet Claude Érignac)
- Jacques Crozemarie
- Léon Daudet
- Antonio Ferrara (braquage de fourgon blindé, évasion)
- Jacques Fesch
- Jean Genet
- Jérôme Kerviel
- Pierre Lagaillarde
- Francesc Macià
- Cheb Mami
- Jacques Mesrine (braquage, meurtre, séquestration d'un juge, kidnapping d'un milliardaire canadien)
- Jean-Christophe Mitterrand
- Didier Morville plus connu sous le nom de "Joey Starr" - Rappeur de "NTM"
- Samy Naceri
- Maurice Papon
- Pascal Payet (braquage de fourgon blindé, meurtre d'un convoyeur de fond, évasion)
- Gabriel Péri
- Amari Radhouane Ryan (braquage, proxénétisme, meurtre, évasion)
- Ilich Ramírez Sánchez, dit Carlos (terrorisme)
- Alfred Sirven
- Albert Spaggiari
- Bruno Sulak (dit l'« Arsène Lupin des années 80 » : 1955-1985 ; mort des suites de ses blessures après une tentative d'évasion)
- Bernard Tapie
- Mister You
- Manuel Noriega
- Élie Yaffa (nom de rappeur : Booba)
- Seth Gueko
Les évasions
Jacques Mesrine, François Besse et Carman Rives s'évadent de La Santé le 8 mai 1978.
En Mai 1986, Michel Vaujour s'est évadé par hélicoptère piloté par sa femme de l'époque, Nadine Vaujour.
Ce sont les deux seules évasions connues de cette prison.
La peine capitale à la Santé
En 1899, à la suite de la fermeture et de la démolition du dépôt des condamnés dit de « La Grande Roquette » (ou plus simplement « La Roquette »), les hommes condamnés (c'est-à-dire les prisonniers déjà jugés) sont incarcérés à la Santé en attendant leur transfert au bagne de Guyane ou leur exécution capitale.
Les exécutions se faisant auparavant à l'entrée de la Grande Roquette, on décida de faire de même (ou presque) à la Santé. La guillotine fut désormais dressée à l'angle de la rue de la Santé et du boulevard Arago, sur le trottoir. La première exécution — et première à Paris depuis dix ans — eut lieu le 6 août 1909 ; ce fut celle d'un parricide nommé Duchemin.
Le 7 mai 1932, Eugène Boyer, un criminel de 27 ans, à qui est refusée la grâce présidentielle la veille par le président Paul Doumer, devant être exécuté, il est sauvé in extremis (une vingtaine de minutes avant) de la guillotine suite à l’assassinat du chef l’État survenu le jour même où son exécution était prévue : en effet, en France, en matière de grâce, le président pouvait revenir sur sa décision jusqu’à la dernière minute, et manifestement, Boyer n’aurait pu bénéficier de cette possible « ultime clémence ». Il sera finalement grâcié par Albert Lebrun le 13 mai - qui respecta la tradition de gracier les condamnés à mort les premiers temps de la fonction présidentielle - et est envoyé au bagne de Guyane. Il est dénommé André Baillard dans les mémoires de Henri Charriere.
Près d'une quarantaine de condamnés finirent leurs jours en ce lieu. Ce fut également à cet endroit qu'eut lieu l'avant-dernière exécution publique en France, celle du cambrioleur et double assassin Bloch, le 2 juin 1939. Quinze jours plus tard, le 17 juin, on guillotinait devant la prison de Versailles, Eugen Weidmann, coupable de six assassinats, et le 24 juin, la décision était prise d'interdire les exécutions publiques. La même décision faisait que les condamnés à mort dépendant de la cour d'appel de la Seine (soit la Seine-et-Oise et l'Aube) devaient subir leur exécution à la prison de la Santé.
Le 15 mars 1940, les frères Vocoret, qui avaient abattu trois policiers à Issy-les-Moulineaux, furent les premiers guillotinés à l'intérieur de la prison.
Pendant l'Occupation, outre des criminels de droit commun, on y pratiqua également les exécutions de dix-huit résistants et communistes. Neuf d'entre eux, exécutés entre août 1941 et juillet 1942, furent guillotinés. Les neuf autres furent fusillés le 30 avril 1944. Une plaque, apposée sur le mur de la prison à l'angle des rues Jean-Dolent et de la Santé, rappelle leur fin tragique.
Après la Libération, seuls des condamnés de droit commun furent exécutés dans la cour d'honneur de la prison de la Santé (à part plusieurs militants du FLN entre 1958 et 1960). On peut citer Marcel Petiot, en 1946, le marquis Bernardy de Sigoyer en 1947, Émile Buisson (« l'ennemi public n°1 ») en 1956, Jacques Fesch en 1957, Georges Rapin, dit « Monsieur Bill » en 1960.
Les derniers condamnés à mort guillotinés à la Santé sont Roger Bontems et Claude Buffet. Ils étaient les auteurs d'une tentative d'évasion avec prise d'otages qui se termina par la mort de ces derniers, en 1971. Condamnés à mort à Troyes le 29 juin 1972, ils furent exécutés le 28 novembre suivant.
Après eux, les condamnés à mort franciliens furent enfermés à la Prison de Fresnes (qui devait théoriquement devenir plus tard, en 1978, la seule prison habilitée à accueillir des exécutions capitales) mais aucun ne fut exécuté, l'abolition de la peine de mort ayant été décidée entre temps.
Cependant, lorsqu'elles ne servaient pas, c'est à la prison de Fresnes - dans les sous-sols du Centre National d'Orientation - que les deux guillotines restant en métropole étaient entreposées.
La bonne Santé
En face de la sortie de la prison, existait un café, nommé À la bonne Santé. Les proches des prisonniers s'y retrouvaient, ainsi que les prisonniers libérés. Des scènes de plusieurs films s'y passent et y ont été tournées. L'établissement a été fermé dans les années 1980. Actuellement le local sert à l'administration pénitentiaire.
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