Plan de partage de la Palestine

Plan de partage de la Palestine

Le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine élaboré par lUNSCOP est approuvé par lAssemblée générale de lONU, à New York par le vote de la résolution 181.

Ce plan prévoit la partition de la Palestine en trois entités, avec la création dun État juif et dun État arabe, Jérusalem et sa proche banlieue étant placées sous contrôle international en tant que corpus separatum.

Avec ce partage, lobjectif de création dun « État juif » du projet sioniste est atteint mais pas celui de lindépendance de la Palestine du nationalisme palestinien et il conduit à la Guerre de Palestine de 1948 dès le lendemain du vote.

Sommaire

Contexte historique

Dès la fin du XIXe siècle, un courant important au sein des communautés juives mondiales, le sionisme revendique lauto-détermination et la fondation dun État juif en Palestine. En 1917, les Britanniques, par lintermédiaire de la Déclaration Balfour annoncent leur soutien officiel au projet sioniste. Ils sont suivis en 1920 par la Société des Nations qui donne aux Britanniques mandat en Palestine pour y favoriser limmigration juive et la mise en place dun « foyer national juif ».

La population arabe du pays ainsi que celles des pays voisins sopposent néanmoins au projet. Des manifestations sont régulièrement organisées dans toute la Palestine dès 1919. En avril 1920, des émeutes font une dizaine de morts et près de 250 blessés à Jérusalem à la veille de la Conférence de San Remo qui doit avaliser le mandat. Le roi Fayçal tente, sans succès,de prendre le contrôle de la Syrie pour y intégrer la Palestine comme province. De plus, le nationalisme palestinien prend de lampleur. De nouveaux incidents éclatent en 1921 et en 1929 tandis que les Arabes palestiniens revendiquent leur indépendance et réclament la fin de limmigration juive dans le pays.

La lutte palestinienne culmine avec la Grande Révolte de 1936-1939. Menée par les nationalistes palestiniens, elle soppose à la fois au sionisme, à la présence britannique en Palestine et aux hommes politiques palestiniens se revendiquant dun nationalisme panarabe. La répression britannique est sanglante et la réaction des organisations sionistes violente. À son terme, les nationalistes palestiniens obtiennent toutefois des Britanniques une diminution draconienne de limmigration juive traduite par le Livre blanc de 1939. Mais les conséquences sont lourdes. La révolte a fait près de 5 000 morts côté arabe et 500 côté juif. Les différentes organisations sionistes paramilitaires se sont renforcées et la plupart des membres de lélite politique palestinienne ont été arrêtés et contraints à lexil. Parmi ceux-ci, le chef du Haut Comité arabe, Hajj Amin al-Husseini se réfugie en Allemagne nazie, il cherche un soutien à sa cause.

Après la Seconde Guerre mondiale, suite à la Shoah, le mouvement sioniste attire la sympathie. En Palestine, les groupes de la droite sioniste mènent à leur tour une campagne de violence contre l’« occupation » britannique ponctuée de nombreux attentats. Les nationalistes palestiniens se réorganisent mais restent très en retard par rapport aux sionistes. Toutefois, laffaiblissement des puissances coloniales a renforcé les pays arabes et la Ligue arabe récemment formée reprend à son compte les revendications nationalistes palestiniennes et leur sert de porte-parole.

Ni les autorités mandataires, ni les commissions denquête envoyées par Londres et les États-unis, ni les conférences et les négociations bilatérales ne parviennent à trouver une solution qui satisfasse les parties. Le 18 février 1947, les Britanniques annoncent en conséquence labandon de leur mandat sur la région et transfèrent le dossier à lONU.

Création du plan

En février 1947, le gouvernement britannique de Clement Attlee, ne parvenant plus à maintenir lordre en Palestine, décide de remettre son mandat aux Nations-unies. Ces dernières, qui ont succédé à la Société des Nations, vont tenter de résoudre le conflit entre Juifs et Arabes sur la « question de la Palestine ».

LONU désigne le 13 mai 1947 les membres dun comité, lUNSCOP (United Nations Special Committee on Palestine), composé de représentants de 11 États (Australie, Canada, Guatemala, Inde, Iran, Pays-Bas, Pérou, Suède, Tchécoslovaquie, Uruguay, Yougoslavie). Dans un souci de neutralité, aucune des grandes puissances de lépoque ne fut représentée.

Positions des parties

La position sioniste de lAgence juive est quil faut établir un « État juif » sur lensemble de la Palestine et ouvrir celui-ci librement à lémigration, en particulier pour les personnes déplacées juives de la Seconde Guerre mondiale. Elle est prête à accepter un partage du pays (comme proposé dans le Plan Peel de 1937) mais refuse le projet de cantonisation qui ferait du pays une fédération (comme proposé par le Plan Morrisson-Grady). LAgence juive promet de respecter les droits de la minorité arabe. Elle ne réclame pas son transfert du futur « État juif » (comme proposé dans le Plan Peel, et défendu en coulisse par Chaim Weizmann) mais est consciente du problème quune trop forte minorité arabe ferait peser sur le caractère juif de lÉtat. LAgence juive base ses revendications sur la Déclaration Balfour de 1917 et sur les termes du Mandat britannique.

Les représentants arabes palestiniens refusent de prendre part une fois de plus à des débats sur la question. Le retour dHajj Amin al-Husseini à la tête du Haut Comité arabe a radicalisé leur position et les modérés sont mis en minorité. Ils ne reconnaissent pas le droit aux Nations unies de trancher la question. Ils revendiquent la fin de limmigration juive et lindépendance de la Palestine en tant quÉtat arabe tout en garantissant que la minorité juive sera protégée, du moins celle des descendants des Juifs établis avant le début de limmigration sioniste. Ils se basent sur le Livre blanc de 1939 qui avait limité limmigration juive et leur promettait lindépendance dans un délai de dix ans.

La Ligue arabe récemment constituée demande également lindépendance palestinienne. Elle avance que les Arabes de Palestine nont pas à subir une injustice qui servirait à réparer linjustice commise envers les Juifs dEurope mais que les Juifs pourraient très bien se voir offrir une partie de lAllemagne pour y fonder leur État. Elle garantit que la communauté juive palestinienne sera protégée et certains leaders estiment quune autonomie locale et régionale pourrait leur être donnée. Par contre, elle annonce quelle sopposera à tout partage par la force et que celui-ci conduirait à un « bain de sang ».

Les Britanniques ont tout essayé pour concilier les points de vue et sont divisés sur la question. Ils veulent dune solution qui tiennent à la fois compte des promesses faites aux parties (Déclaration Balfour ; Accord avec les Hachémites ; Livres blancs) et de leurs intérêts stratégiques dans la région (la montée nationaliste arabe accroit lhostilité à leur égard dans une région qui est la première source dapprovisionnement en pétrole et qui se situe en première ligne face aux Soviétiques à laube de la Guerre froide ; ils ne peuvent se permettre daugmenter les tensions avec ces derniers). Ils ne peuvent pas négliger non plus les pressions du gouvernement américain qui appelle à louverture de la Palestine à limmigration juive (celle-ci bénéficie de la sympathie de lopinion occidentale, à la suite de la Shoah) et qui soutient la relance de léconomie britannique endettée par la guerre. Mais ils ne peuvent plus assumer les coûts financiers et humains de la gestion de la situation (100 000 soldats britanniques sont stationnés en Palestine, soit 10 % de leurs effectifs totaux et les attentats de lIrgoun et du Lehi font de nombreuses victimes parmi leurs hommes et ils ne peuvent, pour des raisons morales, les réprimer comme le demandent leurs militaires sur le terrain de la même manière quils le firent envers les Arabes lors de leur révolte dix ans plus tôt). Ils ont remis le dossier à lONU dans lespoir que les opinions publiques prennent conscience de limpasse du dossier mais suite à léchec de cette stratégie, ils annoncent quils nestiment pas devoir se soumettre à ses décisions et quils napprouveront quune solution qui soit acceptée par toutes les parties.

Rapport de l'UNSCOP

Après étude du dossier, lUNSCOP dégage deux options. La première est la création dun État juif et dun État arabe indépendants, avec la ville de Jérusalem placée sous contrôle international. La seconde consiste en la création dun seul État fédéral, contenant à la fois un État juif et un État arabe.

À la majorité, lUNSCOP adopta la première solution, bien que plusieurs membres se fussent prononcés en faveur de la seconde option ; lAustralie quant à elle, ne put se décider entre ces deux propositions. LAssemblée générale des Nations unies accepta à une large majorité la proposition de lUNSCOP, mais apporta quelques modifications au tracé des frontières séparant les deux États.

Partage des terres

Zones juives en 1947. Le plan de partage de lONU essaie den intégrer un maximum dans le nouvel État juif projeté.
Plan de partage de 1947 - Voir aussi carte détaillée (ONU).

Selon le Plan de Partage, lÉtat juif comprenait la plaine côtière, qui sétend de Haïfa à Rehovot, lest de la Galilée et le désert du Negev, incluant lavant-poste de Umm Rashrash au sud (maintenant appelé Eilat).

LÉtat arabe devait recevoir louest de la Galilée, avec la ville dAcre, les monts de Judée et Samarie (correspondants une zone plus large que ce quon appelle aujourdhui Cisjordanie), et le sud de la côte, sétendant du nord de Majdal (maintenant Ashkelon), et comprenant lactuelle Bande de Gaza, avec une partie du désert le long de la frontière égyptienne. La ville de Jaffa à population majoritairement arabe, au sud de Tel Aviv, devait initialement faire partie de lÉtat juif. Elle fut finalement comprise dans lÉtat arabe avant que le Plan de partage ne soit adopté par lONU, formant ainsi une enclave.

Partage des populations

Au moment du plan de partage, la population totale de Palestine est composée pour deux tiers dArabes et un tiers de Juifs. La population juive représentée par le Yishouv (mot hébreu désignant la population juive de Palestine avant 1948) possède 7 % de la propriété foncière.

LÉtat juif proposé regrouperait une majorité de Juifs (558 000 pour 405 000 Arabes). 10 000 Juifs seraient alors dans lÉtat arabe. Celui-ci serait par conséquent peuplé à 99 % dArabes, avec une communauté de 804 000 habitants.

La zone internationale centrée sur Jérusalem, compterait 100 000 Juifs pour 105 000 Arabes.

2 % des Juifs, soit 10 000 personnes, ne se retrouveraient ni dans lÉtat juif ni dans la zone internationale de Jérusalem. 31 % des Arabes, soit 405 000 personnes, ne seraient ni dans lÉtat arabe ni à Jérusalem.

LÉtat juif proposé est sensiblement plus grand (55 %) que lÉtat arabe, mais une très grande partie est occupée par le désert du Neguev (40 %).

Réactions

Réactions arabes

La très grande majorité des Arabes palestiniens et des États arabes furent opposés a ce plan quils trouvèrent injuste car allant à lencontre de la volonté des populations locales. Depuis 1920, ils réclamaient la fin de limmigration juive et lindépendance de la Palestine, au mieux en tant quÉtat multi-confessionnel dans laquelle les populations juives jouiraient dune autonomie plus ou moins importante et dont les droits seraient protégés. Ils estiment que les Arabes de Palestine nont pas à payer pour un crime commis à lencontre des Juifs par les nations européennes. Ils estiment également cette décision illégale car allant à lencontre du Livre blanc britannique de 1939. Ils craignent également que les sionistes chassent les populations arabes car le projet ne peut saccommoder dune minorité arabe trop importante dans un État juif. Lévocation de leur nécessaire transfert, volontaire ou forcé, a été faite à plusieurs reprises les années précédentes.

Si officiellement il rejette le plan de Partage, le roi Abdallah de Transjordanie le soutient et a œuvré en coulisse à sa mise en place. Il a notamment négocié avec les autorités sionistes de ne pas sopposer à la mise en place de lÉtat juif et de ne pas intervenir militairement contre eux si en contre-partie ces derniers le soutiennent dans son plan dannexion de lÉtat arabe, dans son combat contre leur ennemi commun, Hajj Amin al-Husseini et dans ses ambitions de former une Grande Syrie[1]

Le plan est cependant rejeté par les pays de la Ligue Arabe. Son secrétaire, Abd al-Rahman Azzam Pacha, affirme : « Le temps nest plus aux discours et aux paroles. Cest une question de vie ou de mort. » Le monde arabe appelle à la guerre, comme en témoigne le quotidien nationaliste égyptien Balagh : « Lheure de la lutte a sonné. ["] LONU ne saurait contraindre 80 millions dArabes et 400 millions de musulmans à accepter un projet quils rejettent. » De plus, dautres questions, telles celles de plusieurs décennies de domination et de colonisation, attisaient les foudres et le radicalisme du monde arabe face à la surdité et au manque de considération des Occidentaux dans les processus de décisions à caractère international. Le plan de partage était de trop. Ikhwan al-Mouslimoun (la confrérie des Frères Musulmans) ira jusquà prédire : « létincelle qui mettra le feu à la Troisième Guerre mondiale jaillira de Palestine ».

Le 28 octobre 2011, lors d'une interview télévisée accordée à une chaîne de télévision israélienne[2],[3], le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré que « le rejet du plan de partition de 1947 était une erreur, l'erreur du monde Arabe dans son ensemble » ajoutant « mais est-ce qu'ils [les Israéliens] nous punissent de cette erreur soixante-quatre ans plus tard ? ».

Réactions juives

LAgence juive, organe politique officiel représentant les Juifs de Palestine, a fortement milité pour le Plan de Partage et le vote des Nations-unies est accueilli avec joie et réjouissances. Bien que conscients des menaces qui pèsent sur sa mise en place, létablissement dun État juif soutenu par la légitimité dune reconnaissance internationale est une avancée majeure dans le projet sioniste. Lindépendance et lautonomie vont de plus mettre fin aux quotas dimmigration imposés par le Livre blanc depuis 1939 et permettre lexplosion démographique indispensable à la viabilité de lÉtat et à sa défense.

Les mouvements sionistes de droite, lIrgoun et le Lehi critiquent toutefois vigoureusement le partage. Ils revendiquent lensemble de la Palestine en ce y compris la Transjordanie pour y fonder un État juif. Ils refusent également que Jérusalem soit placée sous juridiction internationale. Depuis 1944, ils mènent une lutte armée sur fond dattentats, dassassinats et denlèvement contre les Britanniques et les Arabes et annoncent quils vont continuer celle-ci.

Certains mouvements sionistes libéraux menés par Magnes ne sopposent pas au partage mais lui auraient préféré le plan minoritaire visant à la mise en place dun État binational fonctionnant sous la forme dune fédération et les droits de tous auraient pu être respectés.

La majorité des Juifs sionistes se réjouissent cependant dobtenir enfin un État indépendant.

En France, le soutien de ce plan par lAlliance israélite universelle, antisioniste avant-guerre, fut acquis de justesse, et non sans tergiversations[4].

Texte de la Résolution 181

Résolution 181 sur le site de lONU

Article détaillé : Accord Sykes-Picot.

Adoption du texte

LUNSCOP remet officiellement ses conclusions à la mi-septembre. Tandis que lAgence juive en accepte les conclusions comme base de discussion, lIrgoun et le Haut Comité arabe les rejettent. Les Britanniques confirment leur volonté de remettre le mandat et les États-Unis et lUnion soviétique soutiennent le plan[5].

Un comité est créé à lONU pour continuer les travaux et des modifications sont apportées au projet initial : les villes arabes de Jaffa et Beersheba sont retirées de lÉtat juif pour diminuer lampleur de sa minorité arabe qui passe ainsi de 405 000 à 325 000 habitants et la date de fin du mandat est fixée à « au plus tard le 1er août[6] ».

En septembre 1947, un premier vote a lieu au sein de lONU pour décider du sort de la Palestine et de son partage[réfnécessaire]. Le résultat est le suivant : 25 voix pour le partage ; 13 voix contre ; 19 abstentions. Mais la résolution doit obtenir deux tiers des voix pour être acceptée, ce qui nest pas le cas. Les États-Unis, mécontents du résultat, vont faire pression sur les « petites » nations récalcitrantes au projet en leur octroyant des prêts (Haïti), ou encore avec des menaces de faire partir les industries (Liberia) afin de les obliger à accepter la résolution.

Le 25 novembre 1947, la commission vote la mise à lordre du jour du plan avec 25 voix pour, 13 voix contre, 17 abstentions et 2 absents, le plan sera voté à lAssemblée générale mais avec tel résultat, il manquerait une voix pour que la résolution soit acceptée[5].

La diplomatie, en particulier américaine, intervient. Des pressions sont exercées sur le Libéria et la France pour quils votent en faveur du plan. On tente également de corrompre des délégués pour obtenir leur vote[5].

LONU relance le vote quatre jours plus tard, le 29 novembre 1947 ; lAssemblée générale de lONU adopte, par 33 voix pour, 13 contre et 10 abstentions[5],[7], le plan de partage de la Palestine[8] en deux États, lun arabe, et lautre juifJérusalem ayant un statut particulier sous légide de lONU.

La convergence entre les deux puissances (Russes et Américains) en conflit fait sensation. Les Arabes de Palestine et les gouvernements de tous les États arabes, refusent daccepter les recommandations de la résolution 181, et font savoir quils sopposeront par la force à lapplication de ces recommandations.

Positions soviétiques

Discours du représentant soviétique Semyon Tsarapkin : « Les arguments historiques et juridiques ne peuvent pas et ne doivent pas être décisifs dans le règlement de la question palestinienne. Le problème a pour base essentielle le droit des populations juives et arabes de Palestine à décider de leur sort. Les souffrances subies par les Juifs au cours de la dernière guerre doivent constituer un élément important dans la décision de lAssemblée. Les Juifs luttent pour un État qui leur soit propre, et il serait injuste de leur refuser le droit datteindre cet objectif[9].

LURSS a appuyé la création dIsraël car elle « entrevoit une possibilité de pénétrer au Proche-Orient par la Palestine, à condition den chasser dabord les Anglais[7] ». Lobjectif est donc double : affaiblir les Britanniques dans la région, et essayer de faire basculer Israël dans le camp soviétique, en profitant de la domination de la gauche sur le mouvement sioniste, et de son alliance avec un parti « farouchement stalinien[10] », le Mapam, second parti du pays après les élections de 1949[10]. Pour Ilan Pappé, lobjectif de chasser les Britanniques de la région aurait dailleurs été nettement dominant[11].

De son côté, si le mouvement sioniste se réjouit du soutien inattendu des Soviétiques (historiquement très antisionistes), David Ben Gourion nenvisage nullement une alliance préférentielle avec Moscou. Avant même le début des tensions, David Ben Gourion déclarait à lambassadeur américain James Grover McDonald nommé par Truman : « Israël salue le soutien russe aux Nations unies, mais ne tolérera pas de domination russe. Non seulement Israël est occidental dans son orientation, mais notre peuple est démocrate et réalise quil ne peut devenir fort et rester libre quà travers la coopération avec les États-Unis. Seul lOccident lui-même, en humiliant Israël et en labandonnant aux Nations unies et ailleurs, pourrait saliéner notre peuple[12]. »
De fait, dès lautomne 1950, les Soviétiques sabstiennent dans une série de débats sur des incidents de frontières. Rapidement, « Israël est lobjet dune violente campagne de presse », et les relations diplomatiques sont rompues, avant de reprendre, mais très froidement, après la mort de Staline (1953)[13].

Vote de la résolution

Répartition des votes de la résolution 181 :
     pour      a changé en pour      abstention      contre      absent      non membre de lONU

Le partage et la création des deux États (État juif, État arabe et zone de Jérusalem sous administration internationale), furent votés par 33 voix contre 13 avec 10 abstentions.

Ont voté pour : États-Unis dAmérique, Australie, Belgique, Bolivie, Brésil, République socialiste soviétique de Biélorussie, Canada, Costa Rica, Danemark, République dominicaine, Équateur, France, Guatemala, Haïti, Islande, Libéria, Luxembourg, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, Paraguay, Pérou, Philippines, République populaire de Pologne, Suède, Tchécoslovaquie, République socialiste soviétique dUkraine, Union Sud-Africaine, URSS, Uruguay et Venezuela.

Ont voté contre : Afghanistan, Arabie saoudite, Cuba, Égypte, Grèce, Inde, Iran, Irak, Liban, Pakistan, Syrie, Turquie, et Yémen.

Se sont abstenus : Argentine, Chili, Chine, Colombie, Salvador, Éthiopie, Honduras, Mexique, Royaume-Uni, Yougoslavie.

Un coup dÉtat au Siam empêcha la délégation de ce pays de prendre part au vote.

Eurent pour mission de veiller à la transition sur le terrain : Bolivie, Danemark, Panama, Philippines et Tchécoslovaquie.

La résolution 181 avait pour but la création de deux États :

  • un État juif de 14 000 km2 avec 558 000 Juifs et 405 000 Arabes ; formé de trois parties, la plaine côtière, le long de la frontière syrienne et le désert du Neguev.
  • un État arabe de 11 500 km2 avec 804 000 Arabes et 10 000 Juifs formé de quatre parties : une zone autour de la ville de Gaza, les montagnes de Judée et de Samarie, la majeure partie de la Galilée au Nord, ainsi que la ville de Jaffa ;
  • enfin, une zone sous régime international particulier comprenant les Lieux saints, Jérusalem et Bethléem avec 106 000 Arabes et 100 000 Juifs.

Malgré la volonté originale de créer deux États de taille semblable, lONU accorde aux sionistes 50 % de plus que le plan Peel de 1937, et le découpage final est largement favorable aux juifs avec 60 % du territoire alors quils navaient jusqualors que 7 % de la propriété foncière[réf. souhaitée], 80 % des terres céréalières de la Palestine et la majorité des zones côtières[14].

Conséquences du vote

Le Yishouv accepta sans condition le plan de partage tandis que les autorités des pays arabes voisins rejetèrent ce plan. La conséquence immédiate en fut le déclenchement dune guerre civile en Palestine suivie de la guerre israélo-arabe de 1948.

Pour les mouvements sionistes, ce vote de novembre 1947, rejeté par les dirigeants arabes, fut une énorme victoire car ce partage était la reconnaissance de la fondation du nouvel État dIsraël quils appelaient de tous leurs vœux.

Notes et références

  1. (en)Avi Shlaim, Politics of Partition, Oxford University Press, 1998.
  2. Haaretz, 29/10/2011 [1]
  3. Huffington Post, 28/10/2011 [2]
  4. Catherine Nicault, « LAlliance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : ruptures et continuités idéologiques », dans Archives Juives, vol. 34, janvier 2001, p. 23-53 [texte intégral (page consultée le 23 août 2010)] .
  5. a, b, c et d Dominique Vidal, Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949), Éditions de lAtelier, 2009 (ISBN 9782708240599) p. 42-43.
  6. résolution 181).
  7. a et b Barnavi 1998, p. 298.
  8. Le partage de la Palestine de 1947 à 1949, par Philippe Rekacewicz, Le Monde diplomatique, publié en avril 1998.
  9. Journal Le Monde, 12-13 octobre 1947.
  10. a et b Barnavi 1998, p. 299.
  11. Ilan Pappé, La guerre de 1948 en Palestine : aux origines du conflit israélo-arabe, La Fabrique, 10 avril 2000, 388 p. (ISBN 978-2913372047), p. 39 .
  12. (en) Arnold Kramer, « Soviet Policy on Palestine 1947-1948 », dans Journal of Palestine Studies, vol. 2, no 2, hiver 1973 .
  13. Barnavi 1998, p. 300.
  14. Jean Yves Faberon, Guy Agniel, « La souveraineté partagée en Nouvelle-Calédonie et en droit comparé » dans Notes et études documentaires - Études de la Documentation française : Institutions, La documentation française, 2000, no 5113, p. 171.

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Bibliographie


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