Pierre-Jacques Osten

Pierre-Jacques Osten

Pierre-Jacques Osten, naquit à Menin, dans la Flandre-Occidentale, le 4 avril 1758.

Lorsque les Belges, armés pour la défense de leurs droits, opposèrent toutes leurs forces aux troupes de l’empereur d'Autriche, il prit une part active aux mouvements qui agitaient les Pays-Bas autrichiens, et fut fait sous-lieutenant au ler régiment des chasseurs de Namur par les États assemblés, le 21 novembre 1789.

Employé à l’armée de Brabant, sous les ordres de Vander Mersch, Osten s’y fit remarquer et y devint capitaine le 1er avril 1790. Au premier cri de guerre qui se fit entendre sur nos frontières menacées par les coalisés, Osten quitta sa patrie. Ce fut la France qu’il choisit pour la remplacer : et ce fut dans les rangs de ses frères adoptifs qu’il alla combattre les Autrichiens à l’armée du Nord, commandée par Luckner.

Le 3 août 1792, on le nomma chef de bataillon des chasseurs français, ci-devant belges, dans la division du général Rosières.

À la tête de 400 de chasseurs belges et de 100 hussards d’Esterhazy, il se rendit maître successivement de Pont-Rouge, Warneton, Comines et Wervik, sur la rive gauche de la Lys (pays autrichien), puis, s’empara du pont de cette dernière place, selon les intentions du maréchal, qui le traversa au point du jour avec son armée. Le chef de bataillon Osten eut ordre de se rendre à la division Valence, concourut à la prise de Courtrai, et enleva avec son détachement la première pièce de canon qui fut prise pendant la campagne.

Passé dans la division Jarry, il s’y fit bientôt remarquer en emportant les villages de Harelbeke, de Kuurne, et en brûlant le pont sur la Lys, position qu’il occupa jusqu’au 1er juillet. Il servit ensuite sous les ordres du général La Bourdonnaye. Pendant le bombardement de Lille, il reprit Quesnoy-sur-Deûle, marcha sur Deûlémont et Pont-Rouge, dont il s’empara, et s’y maintint malgré les différentes attaques de l’ennemi. Le 4 novembre de la même année, Osten partit du camp de Cysoing, rentra dans la Belgique pour la seconde fois, reprit Wervik, passa par le Pont-Rouge, et arriva devant la place de Warneton où il attaqua l’ennemi, le mit en déroute et lui fit 40 prisonniers.

Nommé chef de brigade de deux bataillons de chasseurs belges le 1er janvier 1793, il commanda, à l’époque de l’invasion de la Belgique, les troupes du général Lamarlière. Après la reddition du château d’Anvers, au siège duquel il avait combattu, il passa avec ses troupes sous les ordres du général Beurnonville, concourut à la prise de Klundert et assista au bombardement de Willemstad. Chargé du commandement de l’arrière-garde, lors de la retraite de l’armée, le chef de brigade Osten prit position à Steenvoorde, près de Cassel, du 1er au 2 avril. Employé successivement sous les ordres des généraux O’Moran, Dampierre, Lamarche, Custine et Houchard, il donna dans toutes les circonstances des preuves d’une grande valeur.

Le 2 brumaire an II, il fit une forte reconnaissance sur le camp de Cysoing pour favoriser l’attaque du général Souham sur Menin. Il combattit pendant cinq jours avec acharnement, força le camp du duc d’York, le contraignit de se retirer sur Tournai, et chargea ensuite la cavalerie impériale. Assailli pendant l’action par deux dragons ennemis, il en tua un, mit l’autre en fuite, reçut une blessure à la main, puis eut un cheval tué sous lui.

Élevé au grade de général de brigade, Osten marcha sur Ath avec ses troupes, comme flanqueurs de la droite de l’armée, le 22 messidor.

Pichegru l’ayant chargé d’aller bloquer Condé et Valenciennes, il exécuta l’ordre qu’il avait reçu malgré les attaques réitérées de l’ennemi. À l’arrivée du général Scherer, qui venait de faire le siège du Quesnoy, il partit pour aller assiéger la citadelle de Valenciennes. Trois fortes redoutes situées sur les glacis défendaient cette forteresse. Le 10 fructidor, après avoir facilité à l’ingénieur les moyens d’ouvrir la tranchée, il attaqua la redoute du centre, enleva le village à la baïonnette, se précipita le premier dans le fossé, arracha les premières palissades et s’empara des trois redoutes et du village d’Anzin.

S’étant rendu à l’armée du Nord, en Hollande, le 22 fructidor, on le vit, dans les premiers jours de vendémiaire an III, refouler jusque dans la place l’ennemi qui était campé devant Grave.

Le 1er brumaire, le général Osten franchit la Meuse à Lith, culbuta les colonnes qui lui étaient opposées, prit position sur la rive gauche du Waal, et enleva à la baïonnette, le 6 brumaire, le village de Heerewaarden et les redoutes qui couvraient le Fort Saint-André. Le 7 nivôse, il se rendit maître des lignes de Hollande, des postes retranchés qui composaient ces lignes, de 36 bouches à feu, des munitions, des bagages et d’un grand nombre de prisonniers. Cette action fut mise à l’ordre du jour de l’armée.

Le 23, il s’empara, devant Gorinchem, d’une batterie composée de 9 bouches à feu. Le 28, le village de Hardinxveld tomba en son pouvoir : une pièce de six, avec ses caissons et 12 chevaux, fut le prix de cette attaque. Le 30, il occupa Dordrecht, où l’on trouva 600 bouches à feu, 20.000 fusils, 15 bâtiments de transport anglais ; força le 1er pluviôse les redoutes de Dalem, en avant de Gorinchem. Loevestein et Woudrichem se rendirent à la première sommation. À la fin de fructidor, le général Osten fut envoyé en Zélande.

Employé pendant les ans IV, V et VT, sous les ordres des généraux en chef Moreau, Beurnonville, Joubert et Hatry, il se rendit, le 4 brumaire an VI, à l’armée de Batavie, où il servit pendant les ans VII, VIII, IX et X. Il devait revenir en France lors de la réduction de l’état—major de cette armée, le 21 ventôse an XI, quand le gouvernement lui ordonna de rester en Batavie le 24 germinal. Il faisait partie du camp de Compiègne le 23 floréal de la même année.

Créé membre de la Légion d’honneur le 19 frimaire an XII, il devint commandeur de l’Ordre le 25 prairial suivant. Le général Osten retourna en Hollande, où il était encore le 10 thermidor an XIV, lorsqu’il prit le commandement provisoire de Flessingue et de l’île de Walcheren le 20 novembre 1806.

L’année suivante, il adressa une proclamation énergique aux habitants de les îles de Zélande pour les engager à s’armer et à former une légion destinée à la défendre contre l’attaque des Anglais dont ils étaient menacés.

En 1809, l’île de Walcheren fut envahie par 30 000 Anglais commandés par lord Chatam. Le général Osten combattit avec la plus grande bravoure à la tête d’une poignée d'hommes ; mais il succomba, accablé par le nombre, et fut contraint de se rendre prisonnier de guerre.

Article détaillé : Expédition de Walcheren.

Lord Chatam lui donna d’abord des témoignages publics de son estime pour sa conduite militaire, ce qui ne l’empêcha pas de le faire embarquer pour l’Angleterre où il resta prisonnier. Après avoir brisé ses fers, il se sauva sur une barque ouverte, qui atteignit heureusement les côtes de France.

Mis en jugement en Angleterre, et déclaré coupable par les juges du ban du roi, il ne put obtenir, lors de son arrivée à Paris, une audience de l’Empereur, qui avait d’abord approuvé ce jugement. Il parvint cependant à se justifier auprès de ce souverain, et prouva qu’il n’avait point donné sa parole ni contracté aucun engagement qui pût l’empêcher de saisir la première occasion de recouvrer sa liberté.

Rentré en faveur, il fut envoyé à l’armée d’Illyrie le 26 septembre 1810, obtint un commandement dans la 17e division militaire le 14 novembre 1811, passa dans la 1re division de la grande armée le 17 janvier 1812, fit partie du corps d’observation du Bas-Rhin en 1813, et commanda enfin une subdivision dans la 32e division militaire le 24 février 1813.

Le prince d’Eckmühl lui ayant donné l’ordre de se rendre à Hambourg, le général Osten retourna à Brême pour reprendre le commandement du département des Bouches-du-Weser le 21 septembre, revint encore une fois à Hambourg le 2 novembre suivant, fut attaché à la 50e division d’infanterie, et mourut à Hambourg, en 1814, des suites d’une blessure qu’il avait reçue, le 27 février de cette année, dans l’île de Wilhemsbourg, entre Hambourg et Haarbourg.

Source

« Pierre-Jacques Osten », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition]


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