Pictaves

Pictaves

Pictons

Plan des peuples gaulois.svg
Carte des peuples gaulois et localisation des Pictons. (Cliquer pour agrandir)

Les Pictons (Pictones) constituent un peuple de la Gaule. Selon les sources et les époques, on les nomme d'abord Pictes qui est également le nom d'un peuple de l’Écosse antique, ou encore bien après la conquête Pictaves (Pictavi).

Leur nom dérive du celte pict-, qui signifie « rusé »[1].

Sommaire

La période d'indépendance

Territoire

Les limites du territoire des Pictons sont déductibles à partir de trois éléments :

À partir de ces éléments, on peut établir que le territoire picton s'étendait, avant la conquête romaine, avec certitude sur les départements actuels de la Vienne et des Deux-Sèvres, c'est-à-dire le Haut-Poitou. Il est probable, mais non certain que la Vendée n'en faisait pas partie (probablement occupée par les Ambilatres[2]). L’extension de leur territoire jusqu’à la Loire sur tout son cours inférieur avant la conquête romaine est une hypothèse à peu près abandonnée. En tout cas, après la Conquête, les trois départements forment un ensemble qui dure jusqu'à la Révolution française, soit plus de dix-huit siècles.

Villes et économie

La « capitale » des Pictons était Lemonum, nom celtique de l'actuelle Poitiers, signifiant « l'Ormeraie ». Ce terme proviendrait du gaulois « Lemo- » Orme, qui se compare exactement avec l'irlandais « Lem- » Orme, latinisée Lemonum puis qui est devenu « la cité des Pictons », c 'est-à-dire « Poitiers ». Lemonum était un oppidum situé sur un vaste promontoire au confluent du Clain et de la Boivre.

Organisation politique et cultes

Juste avant la conquête romaine, il apparait que l'État picton est organisé autour de l'ancien système celtique royal, et non d'un vergobret.[réf. nécessaire]

Plusieurs noms des tribus voisines des Pictons nous sont arrivés, comme les Ambiliates ou Ambilatres (Vendée actuelle), Agésinates, et les Agnutes ou Anagnutes.

Duratios était roi des Pictons lors de la conquête, mais son pouvoir semblait limité par celui des chefs de guerre pictons.[réf. nécessaire]

Voir aussi religion gauloise, druidisme.

Monnayage

Le Poitou celte connut une circulation monétaire originale à partir de la fin du IIe siècle av. J.-C. Il s'agit de monnaies d'electrum (alliage ternaire d’or, d’argent et de cuivre). Comme la plupart des monnaies gauloises, il est inspiré du statère macédonien, et des monnaies grecques de la colonie d'Empuries en Catalogne :

  • au droit, on retrouve une tête humaine, avec des arabesques et des points ;
  • au revers, on a un cheval à tête humaine surmonté d'un aurige qui brandit une couronne.

Ces motifs inspirèrent directement le monnayage des Namnètes, tant l'influence politique, ainsi que la stabilité économique pictonne, étaient importants sur cette région de la Loire[réf. nécessaire]. Les monnaies pictonnes s'enrichissent rapidement d'un motif qui leur est propre[réf. nécessaire] : la main ouverte sous le cheval.

On retrouve abondamment ces monnaies dans la Vienne et les Deux-Sèvres, et en faible quantité en Vendée.

Il existe également au Ier siècle av. J.-C. une série d'argent, ornée d'un cavalier ailé qui saute une fleur de type lys, proche du monnayage des Bituriges. Son caractère proprement picton est cependant moins certain.

La Guerre des Gaules et la fin de l'indépendance

Les Pictons faisaient partie des peuples qui pouvaient se sentir menacés par la migration des Helvètes vers le territoire des Santons, dans le cas où elle se serait effectuée par le nord du Massif central. Ils avaient donc tout intérêt à l'intervention de Jules César.

Tout comme les Santons, ils fournirent une flotte à César en 56 av. J.-C. Leur chef Duratios resta fidèle à César lors de l'insurrection de 52 av. J.-C. Cependant, Vercingétorix demanda des renforts à tous les peuples de la Gaule, dont 8000 hommes aux Pictons, qui lui furent envoyés. Le peuple Picton était donc partagé. Le contingent favorable à Vercingétorix rejoignit le chef des Andes Dumnacos à Angers, qui se dirigea alors vers Lemonum pour y assiéger Duratios. Celui-ci envoya un courrier au légat romain Caius Caninius, qui vint depuis le territoire des Rutènes lui apporter du soutien. Mais n'ayant que des troupes de peu de valeur, il se construisit un camp retranché afin de résister à Dumnacos. Celui-ci l'assaillit durant plusieurs jours sans réussir à le pénétrer.

Dumnacos prit la fuite en apprenant que le légat Caius Fabius, qui obtenait allégeance des peuples entre Beauvais et Tours, se portait au secours de Caninius.

Étant resté fidèle en majorité à César, la cité pictonne, c'est-à-dire la subdivision administrative romaine qui fut attribuée aux Pictons lors de l'organisation de la Gaule en provinces romaines entre 16 av. J.-C. et 13 av. J.-C., fut probablement augmentée du territoire des Ambilatres et des Agnutes (probablement la Vendée).

La paix romaine

La paix romaine profita à la cité des Pictons, notamment par de nombreuses constructions urbaines (voir Histoire de Poitiers), il est toutefois difficile de se prononcer sur le degré de romanisation du peuple picton. Des survivances de l'époque gauloise sont attestées, ainsi, comme dans de nombreux autres endroits des Gaule, au milieu du IIe siècle, les bornes milliaires indiquent les distances en lieues gauloises, et non en milles romains. En revanche, il est certain qu'à cette époque l'aristocratie de la cité était profondément romanisée et fortement intégrée à la classe dirigeante de l'Empire romain : Marcus Sedatius Severianus originaire de Poitiers fit en effet un belle carrière de sénateur romain qui le porta au consulat en 153. Les découvertes archéologiques ont révélée la richesse de la Poitiers romaine et son insertion dans l'économie impériale, source commerciale, selon Gilbert-Charles Picard de la réussite des notables pictons[3]. Il est possible que Poitiers ait été la capitale de la province romaine d'Aquitaine. Selon G. Nicolini des traces d'incendie marquent une rupture dans l'histoire de la ville dans le troisième quart du deuxième siècle, incendies et ruptures que G.-Ch. Picard expliquait par des troubles et des révoltes.


En 237, on trouve la première mention du changement progressif du nom de Limonum en Poitiers.

La prospérité de la cité des Pictons se lit aussi dans les agglomérations qui se sont développées autour de sanctuaires ruraux, comme Sanxay, et les Tours Mirandes à Vendeuvre dans les deux premiers siècle de l'ère chrétienne. D'autres agglomérations se sont encore développées à partir du IIIe siècle, comme le Vieux-Poitiers à Naintré, commune qui a également livré deux tombeaux exceptionnels (les Dames de Naintré). Ce bourg ne disparaît qu'avec les invasions normandes du IXe siècle. Au Ier siècle après J-C., le géographe Strabon[4] mentionne également les deux principales villes pictonnes de l'époque : Lemonum (Poitiers) et Ratatium (Rezé). Ce port servait au commerce avec les îles Britanniques[réf. nécessaire].

Après que Constantin Ier avait fait du christianisme une religion licite et protégée, celui-ci se répand de plus en plus rapidement. Saint Hilaire est le premier évêque assuré de Poitiers vers 350. Il accueille le futur saint Martin de Tours, qui fonde à Ligugé le plus ancien monastère de Gaule, encore en activité aujourd'hui.

Voir aussi

Sources de l'article

  • La Langue gauloise. X. Delamarre, Ed. Errance
  • Jean Hiernard, Le Monnayage picton, in La Préhistoire du Poitou, Ouest-France Université

Notes

  1. Ernest Nègre, Les Noms de lieux en France, 1977, p 41
  2. Carte de José Gomez de Soto, d’après Jean Hiernard et Louis Maurin, in Jean Combes dir., Histoire du Poitou et des Pays charentais. Clermond-Ferrand : Éditions Gérard Tisserand, 2001. (ISBN 2-84494-084-6), p 90
  3. G. Ch. Picard, "Ostie et la Gaule de l'Ouest", MEFRA, 93, 2, 1981, pp. 893-915[1]
  4. Strabon, Géographie, IV, 2, 1, confirmé par au IIesiècle après J-C. par le géographe Ptolémée, II, 6 qui mentionne également les Pictons occupant la zone géographique située au sud de l'estuaire de la Loire avec Ratatium (Rezé) comme important port situé sur ce même fleuve
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