Parc national de Fulufjället

Parc national de Fulufjället
Parc national de Fulufjället
Image illustrative de l'article Parc national de Fulufjället
Le parc national de Fulufjället
Catégorie UICN II (parc national)
Identifiant 182768
Pays Drapeau de Suède Suède
Comté Dalécarlie
Commune Älvdalen
Ville proche Särna
Coordonnées 61° 35′ 00″ N 12° 40′ 00″ E / 61.583333, 12.66666761° 35′ 00″ N 12° 40′ 00″ E / 61.583333, 12.666667
Superficie 385 km2
Création 2002
Visiteurs/an 53000 en 2003
Administration Naturvårdsverket
Site web (sv) (en) Site officiel

Géolocalisation sur la carte : Dalécarlie

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Parc national de Fulufjället

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(Voir situation sur carte : Suède)
Parc national de Fulufjället

Le parc national de Fulufjället (en suédois Fulufjällets nationalpark) est un parc national suédois situé le long de la frontière norvégienne. D'une superficie totale de 385 km², il est situé entièrement sur le territoire de la commune d'Älvdalen dans la province de Dalécarlie. Il couvre la partie suédoise du massif de Fulufjället, le plus septentrional des alpes scandinaves en Suède. Ce massif est un haut plateau culminant à 1 042 m, profondément entaillé par plusieurs rivières appartenant au bassin versant du fleuve Dalälven.

Les hauteurs du plateau sont dominées par les lichens et les montagnes nues tandis que les vallées sont couvertes d'anciennes forêts denses. Les landes de buissons, d'herbes et de lichens sont uniques dans les alpes scandinaves en raison de l'interdiction de pâture des rennes. Le parc est un des terrains de prédilection de l'ours brun et du lynx boréal et est également connu pour abriter de nombreuses espèces d'oiseaux dont le mésangeai imitateur, symbole du parc.

Les hommes sont présents dans la région depuis l'âge de la pierre et l'âge du fer, comme en témoigne plusieurs vestiges tels que des édifices funéraires. Cependant, une occupation fixe ne commença qu'au XVIe siècle du côté norvégien et au XVIIIe siècle du côté suédois, la montagne étant utilisée comme lieu de transhumance. Si durant cette période, la pâture puis l'industrie du bois ont affecté la zone, de nombreux espaces ont conservé leur aspect originel et la protection croissante de la zone au cours du XIXe siècle a permit de préserver cet héritage naturel. Cette protection a aboutit en 2002 à la création du parc national, d'une superficie de 385 km2, inauguré le 17 septembre 2002 par le roi Charles XVI Gustave de Suède. Le parc est devenu l'un des parcs initiaux du projet PAN, un projet du WWF visant à combiner la préservation de la nature et le tourisme. Le tourisme est en particulier marqué par la présence de la plus grande chute d'eau de Suède, Njupeskär, d'une hauteur totale de 93 mètres.

Sommaire

Toponymie

L'origine du nom Fulufjället n'est pas connue avec certitude : la fin du nom («Fjället») signifie «la montagne», mais le début n'est pas tout à fait clair[S 1]. Dans Ortnamn i Dalarna, Harry Ståhl suggère que ce mot provient du vieux suédois Fala signifiant blême ou terne[S 1]. Ceci aurait donné son nom à la ville de Falun ainsi qu'à la rivière Fulan[S 1]. La montagne aurait alors tiré son nom de la rivière proche, ou alternativement de la ville : une route allant de Trysil à Falun aurait en effet passé à travers la montagne, qui ce serait alors appelé la montagne sur la route de Falun[S 1].

Géographie

Localisation et frontières

Le parc national de Fulufjället est situé dans la commune d'Älvdalen du comté de Dalécarlie, à 25 km au sud-ouest de Särna[S 2]. Il s'étend le long de la frontière norvégienne sur une superficie de 38 483 ha (soit 385 km2)[S 2]. Il est relativement éloigné des principales villes du pays, Stockholm étant par exemple à environ 400 km, et la gare de chemin de fer ainsi que l'aéroport les plus proches sont à Mora, à 140 km du parc[S 3].

Relief

Fulufjället en hiver

Le parc national couvre la majeure partie du massif de Fulufjället un massif de 35 km de long dont une petite partie au sud-ouest est situé en Norvège[F 1]. Ce massif est dans la continuité de celui de Transtrandsfjällen, qui constitue la partie la plus septentrionale des alpes scandinaves en Suède[S 4],[F 1]. Il s'agit d'un plateau d'altitude comprise entre 900 et 1 000 m, avec quelques sommets arrondis[T 1]. Le point culminant du massif est Slottet, du côté norvégien, avec 1 047 m d'altitude[1]. Du côté suédois, et donc dans le parc national, culmine Brattfjället à 1 042 m suivi de près par Storhön et ses 1 039 m[T 1]. À l'extrémité sud et est du massif, l'altitude chute brutalement[S 4] à environ 600 m, rejoignant la vallée de Fuluälven. Ce plateau est découpé de plusieurs vallées, orientées vers l'ouest (Bergådalen, Girådalen), le sud (Tangådalen) et l'est (Göljådalen)[T 1].

Climat

Traces des dégâts du grand orage de 1997 au niveau de la rivière Stora Göljån

Fulufjället est l'une des zones de Scandinavie les plus éloignées de la mer et possède donc un climat continental[S 5]. La température moyenne dans le parc est aux alentours de 1°C, avec des précipitations relativement importantes (835 mm/an en moyenne)[S 6]. Le relevé détaillé pour la localité de Särna, à proximité, est donné à titre indicatif : étant situé dans une vallée, son climat y est par exemple moins humide. Bien que l'hiver soit en moyenne moins humide que l'été, la couverture neigeuse se maintient habituellement entre 175 et 200 jours par an[S 6].

Relevé météorologique de Särna
mois jan. fév. mar. avr. mai jui. jui. aoû. sep. oct. nov. déc. année
Température moyenne (°C) -12,1 -10,5 -5,2 0,3 6,9 12,1 13,3 11,7 7,2 2,2 -5,2 -10,8 0,8
Précipitations (mm) 34,2 26,5 30,2 33,6 48,8 66,5 80,4 67,6 70,6 55,0 45,5 39,6 601,1
Source : Institut suédois de météorologie et d'hydrologie (SMHI)[2],[3]


Cependant, le climat de Fulufjället est très variable dans le temps et dans l'espace, que cela soit en termes de température ou de précipitations[S 6]. En particulier, la zone connût un évènement orageux d'une extrême ampleur dans la nuit du 30 au 31 aout 1997[4]. 276 mm de pluie furent enregistrés en 24 heures au niveau des lacs Rösjöarna et la quantité est estimée à entre 300 et 400 mm plus au sud[4]. Ceci constitue la plus importante quantité d'eau en 24 heures jamais enregistrée en Suède[4]. Les dégâts furent très importants dans le parc, en particulier le long des ruisseaux, dont les bords furent violemment érodés, arrachants toute la végétation qui s'y trouvait[4].

Hydrographie

Ruisseau le long des pentes de la montagne

Plusieurs rivières prennent leur source au niveau de Fulufjället, les principales étant la Tangån (1,5 m3⋅s-1), la Girån, la Bergån, la Fulubågan, la Stora Njupån et la Stora Göljån (0,4 m3⋅s-1)[S 7],[S 6]. Les trois premières vont alimenter la rivière Görälven, qui longe le massif par l'ouest, tandis que les trois dernières alimentent la rivière Fulan (aussi appelée Fuluälven), qui le longe par l'est[S 7]. C'est la rencontre de la Görälven et de la Fulan qui donnera naissance au Västerdalälven, qui lui-même formera le grand fleuve Dalälven[S 7]. Le plateau, et en partie sa section nord au relief moins prononcé, comprend plusieurs lacs importants, tel que le Stora Rösjön (1,01 km2), Stora et lilla Harrsjön (0,77 et 0,65 km2), Stora Getsjön (0,66 km2), etc[S 8]... Ces lacs sont le plus souvent peu profonds et l'abondance de précipitation implique que le renouvellement de l'eau est très rapide[S 7]. Cette zone comprend aussi plusieurs tourbières (au total plus de 20 km2)[S 9], ce qui est relativement peu comparé aux montagnes alentours[S 10].

Géologie

Roches

Le massif de Fulufjället est en grande majorité constitué de grès[F 2]. Ce grès a été formé il y a 900 millions d'années, alors que cette partie de la plaque Baltica se situait à proximité de l'équateur[F 3]. Les conditions climatiques y étaient alors désertiques, et le vent soufflait des grandes quantités de sable des dunes dans l'océan[F 3]. Ces sédiments se compactèrent dans le fond océanique et formèrent ainsi une roche : le grès, avec une structure en strates horizontales[F 3]. Cette structure en strates horizontales a été conservée[F 2], ayant été peu affecté par l'orogenèse calédonienne[5].

Cette formation de grès est très différente de ce que l'on trouve dans la plupart du pays, plutôt constitué de granite et gneiss[F 2], et de même est très différente des roches du reste des alpes scandinaves, ces dernières étant liées à la formation de la chaîne calédonienne[F 3]. De fait, ce grès, appelé grès de Dalécarlie, ou grès de Trysil du côté norvégien, est la plus vaste zone de grès de Suède, et son épaisseur atteint 1 200 m[F 3]. C'est un grès le plus souvent rougeâtre, mais parfois gris, jaune ou marron[F 3].

Le grès est localement entrecoupé de veines de diabase[F 3]. Ce diabase est particulièrement important dans le paysage, car c'est une roche bien plus riche que le grès pour la végétation[F 3]. De plus, elle est plus résistante à l'érosion que le grès et forme donc des structures proéminentes dans le paysage[F 3]. Par exemple, le mont Brattfjället, point culminant du parc, est situé dans une des plus grandes zones de diabase[5]. Ces diabases sont datés d'un peu moins que 300 Ma, ce qui correspond à la date de formation du rift d'Oslo, ce qui suggère que ces diabases sont liés à cet évènement de rifting[6].

Formation du paysage

La formation du mont Fulufjället est due aux même forces qui ont créé le reste des alpes scandinaves[F 3]. En effet, à partir d'environ 60 Ma, la côte ouest scandinave aussi bien que la côte nord-est américaine subirent un important soulèvement tectonique[7]. Les causes de celui-ci ne sont pas claires et plusieurs hypothèses ont été proposées[7]. Une de ces hypothèses est l'influence que le panache islandais aurait soulevé la croûte[7]. Une autre hypothèse est l'isostasie liée aux glaciations[7]. Cette élévation semble avoir eut lieu à différentes périodes dans la partie nord et sud de la chaîne, avec entre les deux, entre Trondheim et Östersund, une petite depression[F 1]. Dans tous les cas, ce soulèvement permit de constituer une vaste zone plate à plusieurs milliers de mètres d'altitude.

Cette zone subira ensuite une intense érosion, donnant forme au paysage que l'on peut voir aujourd'hui[F 3]. Cependant, contrairement aux sections les plus nordiques de la chaîne, telles que Sarek, l'érosion au niveau de Fulufjället n'est pas particulièrement marqué par l'érosion glaciaire[F 3]. En fait, même si au plus fort des glaciation du quaternaire la montagne était recouverte par un inlandsis, le mouvement de la glace était très faible, n'érodant pas significativement le massif[F 4]. Au lieu de cela, l'érosion la plus marquante eut lieu durant le tertiaire, surtout sous un climat tropical[F 3].

Milieu naturel

Plateau

Traquet motteux

Du fait du climat ainsi que de la pauvreté du sol, le plateau est principalement constitué de lande et de terrains nus[S 5]. Les principales plantes rencontrées sont le saule nain (Salix herbacea), le jonc trifide (Juncus trifidus), le busserole des Alpes (Arctostaphylos alpinus), Hieracium alpinum, la camarine noire (Empetrum nigrum), l'airelle rouge (Vaccinium vitis-idaea), la myrtille (Vaccinium myrtillus) et l'azalée naine (Loiseleuria procumbens)[S 11],[S 12]. C'est dans ces zones difficiles que fut trouvé Old Tjikko, un épicéa commun vieux de 9 550 ans, ce qui en fait un des plus vieux arbres au monde[8]. Hormis ces quelques plantes, ce sont les lichens qui dominent le terrain, avec en particulier le lichen des rennes (Cladonia rangiferina), ou encore le lichen géographique (Rhizocarpon geographicum), ce dernier se développant en particulier sur les roches[F 5].

Peu d'animaux vivent dans ces zones. Il s'agit principalement d'oiseaux, tels que le pouillot fitis (Phylloscopus trochilus), le pipit farlouse (Anthus pratensis), le traquet motteux (Oenanthe oenanthe), tout comme les plus rares Pluvier doré (Pluvialis apricaria), pluvier guignard (Charadrius morinellus), bruant des neiges (Plectrophenax nivalis) et bruant lapon (Calcarius lapponicus)[S 13]. Le lagopède des saules (Lagopus lagopus) est aussi relativement commun, tandis que le lagopède alpin (Lagopus muta) ne se trouve que sur les plus hauts sommets[S 13]. Pour plusieurs de ces espèces, Fulufjället est la partie la plus septentrionale de leur aire de répartition en Suède[F 6].

Vallées et talus

Forêt sur les pentes de Fulufjället

Dans les vallées et le talus, au contraire, le diabase et les meilleures conditions climatiques permettent une végétation plus riche[S 5]. En particulier, ces zones sont recouvertes de forêt, avec différentes espèces en fonction de l'altitude : du bouleau (Betula pubescens), du pin sylvestre (Pinus sylvestris) et de l'épicéa commun (Picea abies) recouvrant respectivement 4 100 ha, 3 500 ha et 5 000 ha[S 12]. Les sous-bois présentent aussi une grande diversité. Ainsi, les versants orientés sud sont principalement recouverts de pins sylvestre et leur sous-bois ressemblent fortement aux landes, avec en particulier de la bruyère callune, de la camarine noire[S 14]... Le reste des forêts de conifères comprends le plus souvent de la myrtille, du polypode dryoptère (Gymnocarpium dryopteris), du solidage (Solidago virgaurea) et de la mélampyre des prés (Melampyrum pratense)[S 14]. Les sols riches en diabase permettent le développement de plantes plus exigeantes, telles que la laitue des Alpes (Cicerbita alpina), le géranium des bois (Geranium sylvaticum) et l'aconit tue-loup (Aconitum lycoctonum)[S 14]. Ces zones concentrent aussi un grand nombre d'espèces de mousses, si bien que le parc compte plus d'un tiers de toutes les espèces du pays[S 5].

La vie animale dans ces zones est aussi relativement riche. La zone est en particulier d'importance pour l'ours brun (Ursus arctos), qui apprécie de passer l'hiver dans des tanières sur les pentes de la montagne[S 15]. Au printemps, ils descendent dans les plaines, et ne reviennent que lorsque les baies ont envahi la montagne[F 7]. Ces terrains constituent aussi les lieux de prédilection pour le lynx boréal (Lynx lynx)[S 15]. Ces deux espèces sont protégées en Suède. Hormis le renard roux (Vulpes vulpes), les autres prédateurs que sont le glouton (Gulo gulo), le loup gris (Canis lupus) et le renard polaire (Vulpes lagopus) sont beaucoup plus rares et n'ont pas d'implantation fixe dans le parc[S 15]. Le parc abrite une importante population d'élans (Alces alces) qui passent la belle saison dans la montagne, mais préfère passer l'hiver dans des zones moins enneigées[F 7]. Il n'y a plus de rennes (Rangifer tarandus) sauvages dans le parc[F 7], et le parc fait partie des rares montagnes de Suède non incluses dans la zone de pâture des rennes domestiques[F 8]. Le bœuf musqué, qui avait disparu de la zone il y a presque 4 000 ans a été réintroduit en Norvège et s'aventure maintenant parfois à proximité du parc[F 9]. Parmi les plus petits mammifères, on peut citer la présence d'écureuils roux (Sciurus vulgaris), de martres des pins (Martes martes) et de lièvres variables (Lepus timidus)[S 15]. À l'instar des autres montagnes suédoises, le lemming des toundras de Norvège est présent à Fulufjället, mais de façon très discontinue, étant extrêmement nombreux certaines années, mais quasiment absent les autres années, phénomène toujours partiellement incompris[F 10].

Les pentes boisées hébergent leurs propres espèces d'oiseaux, citons en particulier le merle à plastron (Turdus torquatus), le grand Corbeau (Corvus corax) et l'aigle royal (Aquila chrysaetos)[S 13]. Plus généralement, les forêts abritent le pic tridactyle (Picoides tridactylus), le bec-croisé perroquet (Loxia pytyopsittacus), le bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra), le rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), le pinson du Nord (Fringilla montifringilla) et le mésangeai imitateur (Perisoreus infaustus)[S 13], qui est le symbole du parc[S 16].

Zones humides

Castor européen

Plusieurs complexes de marais existent dans le parc, mais ils sont généralement pauvres en végétation, exception faite de certaines zones où la diabase rend le terrain plus riche[S 10]. En revanche, sur les pentes de la montagne, le long des ruisseaux, un riche tapis de végétation peut se développer, avec en particulier du cresson doré (Chrysosplenium alternifolium), de l'épilobe à feuilles d'Alsine (Epilobium alsinifolium), de l'aconit tue-loup et de la stellaire des bois (Stellaria nemorum)[S 11]. Au niveau de Njupeskär, les conditions particulières permettent la croissance d'oxyrie à deux stygmates (Oxyria digyna), qui ne pousse normalement que plus au nord[S 17]. Ces zones humides constituent les milieux les plus intéressants aussi d'un point de vue mousses et lichens[F 11],[F 5]. Fulufjället est ainsi un des sites les plus riches de tout le pays pour ces cryptogames avec 394 espèces de mousses et plus de 500 de lichens inventoriés[F 12]. La présence de ces lichens est en partie due au fait que le parc ne fait pas partie du territoire de pâture des rennes[F 8].

Les cours d'eau sont habités par des castors d'Europe, qui avaient disparu à cause d'une chasse intensive il y a une centaine d'année mais ont maintenant retrouvé leur population[F 10]. Hormis ceci, c'est surtout une riche avifaune qui caractérise les zones humides du parc. Ainsi, le parc constitue l'extrémité sud de l'aire de répartition de plusieurs espèces, telles que le fuligule milouinan (Aythya marila), le Harelde kakawi (Clangula hyemalis), la macreuse noire (Melanitta nigra) et concentre aussi d'importantes populations de phalarope à bec étroit (Phalaropus lobatus), de combattant varié (Philomachus pugnax), de chevalier aboyeur (Tringa nebularia) et de chevalier sylvain (Tringa glareola)[S 13]. On trouve aussi parfois le courlis cendré (Numenius arquata), considérée comme une espèce menacée[S 18].

Les lacs du parc sont principalement peuplés d'omble chevalier (Salvelinus alpinus), de truite (Salmo trutta) et de lotte (lota lota)[S 19]. Les eaux du parc étaient particulièrement réputées pour leur abondance et furent protégées dès 1962[S 19].

Histoire

Protohistoire

Contrairement à la partie norvégienne du massif, la partie suédoise est relativement mal étudié du point de vue archéologique et comme souvent dans les montagnes, les traces laissées par l'homme sont discrètes[S 20]. La montagne s'est libéré des glaces il y a environ 8 000 ans[F 13] et les premiers hommes sont arrivés au cours de l'âge de la pierre, présence attestée par quelques reliques, telles qu'une hache en pierre près de la rivière Fulan[F 14]. Ces hommes étaient des chasseurs-cueilleurs, et n'avaient pas d'installations fixes, ce qui resta vrai jusqu'à l'âge du fer[F 14].

Parmi les reliques les plus notables de ces époques sont quatre cairns funéraires de l'âge du fer, qui sont les seuls découverts dans les montagnes de Dalécarlie[F 14]. Ils sont situés au nord-est du plateau, à 2 km au sud-est de Njupeskär[S 21], et mesurent entre 2 et 4 m de large pour un peu moins d'un mètre de haut[F 15]. Des pointes de flèches et de lance ont été découverts dans ces tombes[S 21]. Une autre relique notable est l'«Altarringen», un mur oval de 5 m de diamètre et un mètre de haut[S 21]. Au milieu de cette ruine, un autel a été disposé[S 21]. La datation de cette ruine est rendue difficile par les nombreuses restauration qu'il a subit[S 21].

Pendant l'âge Viking, des installations fixes se construirent aux alentours de Mora par exemple et il est estimé que les premières installations fixes furent établies dans les vallées de Fulufjället avant l'an 1000[F 14].

Moyen Âge et époque moderne

Au Moyen Âge, la zone est souvent cartographiée, du fait de sa situation à la frontière suédo-norvégienne, ce qui est avéré dès 1273[S 20]. À cet époque, le massif était entièrement norvégien, mais avec le traité de Brömsebro (1644), les communes de Särna et Idre passèrent du côté suédois mais un certain litige se créa sur la frontière exacte[9]. La frontière finale ne fut décidée qu'en 1751[9]. La zone ne sera colonisée que tardivement. Ceci se fera à partir de la partie norvégienne : il y avait au moins une ferme à Ljørdalen en 1528[S 20]. Il fallut attendre le XVIIIe siècle pour que la partie suédoise se peuple, initialement avec des maisons de transhumance, par exemple à Mörkret[S 20]. Des véritables villages se créeront ensuite au début du XIXe siècle à Gördalen, Storbäcken, Storbron, Hägnåsen, Mörkret, Tjärnvallen et Lillådalen[S 20]. Plusieurs des sentiers du parc datent de cette époque de transhumance[S 21].

Jusqu'au XVIIIe siècle, la zone est utilisée comme zone de chasse et de pâture[9]. Si les mines de Røros demandaient une grande quantité de bois et de charbon, les problèmes de transport ont permit à Fulufjället d'être épargner dans un premier temps par l'industrie du bois[9]. Ce n'est que dans la deuxième moitié du XIXe siècle que l'industrie du bois commença son emprise sur la zone, le bois étant ensuite transporté par flottage[S 22]. Ce fut la rivière Görälven qui fut utilisé dans un premier temps, une fois que certains conflits avec la Norvège furent réglés[S 22]. L'exploitation n'atteint les zones les plus inaccessibles que tardivement et certaines parties n'ont même pas été exploitées du tout[S 22].

Parmi les autres formes d'exploitation de la zone, on peut noter l'exploitation d'une forme de grès au niveau de la vallée de Tangådalen[S 23].

Protection

La première protection de la zone fut le classement en 1937 de 62,2 ha autour de Njupeskär comme réserve domaniale (domänreservat), ancêtre des réserves naturelles en Suède[S 24]. 365 ha de forêt le long de la Göljån furent classé de même en 1946, puis ce fut le tour de 350 ha autour de Lövåsen et enfin la réserve de Njupeskär fut agrandit à 342,2 ha en 1960[S 24]. En 1964, la zone de Njupeskär devint parc naturel et fut agrandit à 525 ha, puis à 1 447 ha en 1970[S 24]. En parallèle, la plupart de Fulufjället obtint un statut de protection, bien que relativement faible[S 24]. En 1973, toute la zone, soit 38 060 ha passa sous le statut de réserve naturelle[S 24]. En 1990, la pâture des rennes fut interdite[S 24].

En 1989, Fulufjället apparut dans le plan de Naturvårdsverket pour la création de nouveaux parcs nationaux[S 25]. Les négociations avec les autorités locales commencèrent dès l'année suivante[S 26], mais le projet rencontra tout d'abord de l'opposition parmi la population locale[F 16]. En particulier, un des arguments à la création du parc en dehors de la protection de la nature était que cela allait augmenter l'attractivité touristique, en particulier auprès des étrangers[F 17]. Ceci était d'autant plus important que si Idre et Sälen avaient réussi à développer le tourisme d'hiver ce n'était pas le cas de Särna[F 17]. Mais les opposants au projet rétorquaient qu'il n'y a aucune raison que des touristes européens choisissent de venir dans cette montagne lointaine et plate au lieu des Alpes[F 18]. Cette opinion défavorable de la population fut entendue au conseil d'administration de la commune d'Älvdalen qui s'opposa donc à la création du parc[F 18]. Naturvårdsverket et le comté de Dalécarlie changèrent alors de stratégie, et menèrent une étude auprès de la population pour savoir comment chacun pensait que la montagne devait être utilisée[F 19]. Les discussions continuèrent basées sur la publication de cette étude, et en 1999, la population commença à exprimer des opinions favorables[F 19]. Ceci aboutit à la création du parc en 2002[S 26]. C'est le premier parc national de Suède dans les montagnes depuis Padjelanta en 1962[F 20]. L'inauguration officielle eut lieu le 17 septembre 2002, en présence du roi Charles XVI Gustave de Suède[S 26]. Le parc fait aussi partie du réseau Natura 2000 depuis 1995 et est classée zone de protection spéciale pour la conservation des oiseaux depuis 1996[S 25]. Le parc est devenu un des premiers parc d'Europe du réseau parcs PAN, créé par le fonds mondial pour la nature visant à concilier la protection de la nature au tourisme durable[S 27].

En revanche la partie norvégienne du massif n'a aucune protection formelle et n'apparaît pas dans le plan de création de parcs nationaux du pays[S 25].

Gestion et administration

Le naturum de Fulufjället

Comme pour la plupart des parcs nationaux de Suède, la gestion et l'administration sont divisées entre l'agence suédoise de protection de l'environnement (Naturvårdsverket) et le conseil d'administration des comtés (Länsstyrelse)[10]. Naturvårdsverket est en charge de la proposition des nouveaux parcs nationaux, sur consultation des conseils d'administration des comtés et des communes, et la création est entérinée par un vote du parlement[10]. Le terrain est ensuite acheté par l'état, par l'intermédiaire de Naturvårdsverket[10]. La gestion du parc est ensuite principalement entre les mains du comté, c'est-à-dire le conseil d'administration du comté de Dalécarlie, pour le parc de Fulufjället[S 2].

Le parc est divisé en quatre zones, avec différentes orientations afin d'optimiser la protection du parc tout en accueillant les touristes et il s'agit du premier parc suédois à avoir adopté cette zonation stricte[S 28]. La majeure partie (60 %) du parc est classée en zone I, c'est-à-dire zone intouchée : cet espace est le cœur du parc et ne présente que très peu d'infrastructures touristiques[S 29]. Le sud-est du parc (14 %) est classé en zone II, ou zone de faible activité[S 30]. Dans cette zone, la chasse à l'élan est autorisée, mais les infrastructures sont toujours limitées[S 30]. 25 % du parc est classé en zone III, c'est-à-dire de haute activité[S 30]. Cette zone comprend plus d'infrastructures touristiques, telles que des sentiers et des chalets et la chasse et la pêche sont autorisées[S 30]. Enfin, la zone IV (environ 1 % de la superficie du parc) correspond à un rayon de 200 m autour des points à forte concentration de visiteurs, c'est-à-dire des entrées, de la cascade de Njupeskär et de la vallée de la Göljån, où les traces du grand orage sont visibles[S 31].

Tourisme

En hiver, la cascade de Njupeskär est gelée et devient alors un bon support pour escalade

Le parc est le plus septentrional des parcs nationaux de montagne en Suède et est donc le plus proche de la majorité de la population du pays[S 32]. Il a accueilli 53 000 visiteurs en 2003 (dont plus de 80 % en été[S 33]), ce qui représente une augmentation de près de 40 % comparé à 2001, avant la création du parc national[T 2]. Près d'un tiers de ces visiteurs sont étrangers, principalement des allemands[T 2]. La principale motivation des visites est la cascade de Njupeskär[T 3], plus haute cascade de Suède avec environ 90 m dont une chute libre de 70 m[S 3]. Les dégâts du grand orage de 1997, visibles non loin de la cascade, sont aussi un point d'intérêt important pour les touristes[T 4]. L'entrée principale du parc, avec son parc de stationnement, est situé à proximité de ces deux sites[T 4]. Près de cette entrée se trouve le naturum, centre d'information du parc, comprenant des expositions sur la nature du parc et point de départ des visites guidées[T 4]. C'est aussi le point de départ de plusieurs sentiers du parc, le parc étant en effet parcouru de 140 km de sentiers de randonnée[T 4]. Parmi ces sentiers, on peut noter une partie de la section sud du Kungsleden (Sälen-Storlien, soit un total de 350 km[11])[S 34].

La randonnée de courte durée (entre 1 et 3h) est l'activité la plus répandue, mais une proportion non négligeable des visiteurs s'adonnent à des randonnées plus longues (plusieurs jours), ce qui est en particulier vrai chez les visiteurs allemands[T 5]. En hiver, le ski est possible, mais est cependant relativement peu répandu ce qui est dû au manque de sentiers préparés[S 35]. L'escalade glaciaire est aussi pratique sur Njupeskär[S 36]. La pêche est aussi possible sous réserve d'achat d'une carte[S 37].

La cascade de Njupeskär est la principale attraction du parc

Fulufjället dans la culture populaire

C'est dans les forêts de Fulufjället que se passe la chanson enfantine Mors lilla Olle d'Alice Tegnér. Cette histoire est en réalité inspirée d'un fait réel : en hiver 1850-1851, quatres enfants dont (Jon) d'un an et demi jouaient dans la forêt mais rencontrèrent une mère ours et son enfant[F 21]. Jon se dirigea alors vers les ours qu'il caressa et nourrit de baies[F 21]. Lorsque la mère de l'enfant arriva, elle s'écria, ce qui fit fuir les ours[F 21]. Le petit enfant pensait que les animaux étaient des gros chiens noirs[F 21].

Notes et références

  1. a, b, c et d p. 50
  2. a, b et c p. 5
  3. a et b p. 54
  4. a et b p. 11
  5. a, b, c et d p. 12
  6. a, b, c et d p. 15
  7. a, b, c et d p. 24
  8. p. 26
  9. p. 8
  10. a et b p. 23
  11. a et b p. 36
  12. a et b p. 20
  13. a, b, c, d et e p. 29
  14. a, b et c p. 22
  15. a, b, c et d p. 28
  16. p. 67
  17. p. 37
  18. p. 27
  19. a et b p. 30
  20. a, b, c, d et e p. 40
  21. a, b, c, d, e et f p. 41
  22. a, b et c p. 44
  23. p. 42
  24. a, b, c, d, e et f p. 69
  25. a, b et c p. 71
  26. a, b et c p. 1
  27. p. 72
  28. p. 76
  29. p. 77
  30. a, b, c et d p. 79
  31. p. 80
  32. p. 53
  33. p. 56
  34. p. 55
  35. p. 57
  36. p. 58
  37. p. 62
  1. a, b et c p. 20
  2. a et b p. 14
  3. p. 15
  4. a, b, c et d p. 19
  5. p. 89
  1. a, b et c p. 31
  2. a, b et c p. 25
  3. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m p. 27
  4. p. 35
  5. a et b p. 169
  6. p. 151
  7. a, b et c p. 140
  8. a et b p. 15
  9. p. 142
  10. a et b p. 141
  11. p. 164
  12. p. 19
  13. p. 47
  14. a, b, c et d p. 51
  15. p. 52
  16. p. 176
  17. a et b p. 174
  18. a et b p. 178
  19. a et b p. 179
  20. p. 6
  21. a, b, c et d p. 149
  • Autres
  1. (no) Fulufjellet sur Store norske leksikon. Consulté le 17 novembre 2011
  2. (en)Normalvärden för temperatur för 1961-1990 sur SMHI. Consulté le 27 aout 2011 : station 11341
  3. (en)Normalvärden för nederbörd för 1961-1990 sur SMHI. Consulté le 27 aout 2011 : station 11341
  4. a, b, c et d (sv) (en)Regnkatastrofen på Fulufjället 30-31 augusti 1997 - The flash flood at Fulufjället in August 1997 sur Institut suédois de météorologie et d'hydrologie (SMHI). Consulté le 27 aout 2011
  5. a et b (sv) Daniel Andersson, Lutz Kübler et Claes Mellqvist, Fulufjället [lire en ligne] 
  6. (en) G. Bylund et P.J. Patchett, « Palaeomagnetic and Rb-Sr isotopic evidence for the age of the Särna alkaline complex, western central Sweden », dans Lithos, vol. 10, 1977, p. 73-79 
  7. a, b, c et d (en) Peter Japsen et James A. Chalmers, « Neogene uplift and tectonics around the North Atlantic: overview », dans Global and Planetary Change, vol. 24, 2000, p. 165-173 
  8. (en) Lisa Öberg, Treeline dynamics in short and long term perspectives - observational and historical evidences from the southern swedish scandes, Sundsvall, Mid Sweden University, 2010 (ISBN 978-91-86694-09-8) [lire en ligne] 
  9. a, b, c et d (sv) Länsstyrelsen i Dalarna, Brand i Fulufjällets nationalpark, Falun, Länsstyrelsen Dalarnas län, 2005 [lire en ligne] 
  10. a, b et c (sv)Nationalparksförordning (1987:938) sur Notisum. Consulté le 14 mai 2011
  11. (en) The Southern Kungsleden Trail sur Länsstyrelsen i Dalarna. Consulté le 12 septembre 2011

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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