- Parc national de Söderåsen
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Parc national de Söderåsen
La vallée de Skäralid vue depuis KopparhattenCatégorie UICN II (parc national) Identifiant 173015 Pays Suède Comté Scanie Commune Svalöv, Klippan Ville proche Klippan Coordonnées Superficie 1 625 ha[1] Création 2001 Visiteurs/an 750 000[2] en 2009 Administration Naturvårdsverket,
comté de ScanieSite web www.nationalpark-soderasen.lst.se modifier Le parc national de Söderåsen (en suédois : Söderåsens nationalpark) est un parc national situé en Scanie, au sud de la Suède. Situé sur un horst, le parc d'une superficie de 1 625 ha, forme un relief proéminent dans une région autrement relativement plate. Il est découpé par de profondes vallées, dont en particulier celle de Skäralid, principale attraction du parc.
Des humains ont probablement habité la région depuis l'âge du bronze et du fait de l'occupation humaine au XIXe siècle, une bonne partie de la surface actuelle du parc a été défrichée. Cependant, plusieurs zones, en particulier sur les versants, ont préservé leur flore originelle et la forêt a depuis reconquis le terrain. De nos jours, l'essentiel de la superficie du parc est recouvert d'une forêt de feuillus et constitue ainsi une des plus grandes forêts de feuillus protégées des pays nordiques. Cette forêt accueille une flore particulièrement riche, en particulier dans les zones où le sol est constitué de diabase où la végétation devient luxuriante. La faune du parc est aussi significative, en particulier les oiseaux et insectes.
Constitué en 2001, le parc national fait partie de nos jours des attractions les plus visitées de tout le pays grâce notamment à sa proximité avec plusieurs villes importantes de Suède et du Danemark.
Sommaire
Géographie
Localisation et frontières
Le parc national de Söderåsen est situé dans le comté de Scanie, la région la plus méridionale de Suède. Il couvre une superficie de 1 625 ha[1], à cheval entre la commune de Svalöv et celle de Klippan[3]. Il est de ce fait situé à proximité de plusieurs importantes villes suédoises, telles qu'Helsingborg, située à une trentaine de kilomètres[1], mais aussi Lund et Malmö, respectivement 8e, 11e et 3e plus grande ville du pays[4]. De plus, grâce à l'ouverture du pont de l'Øresund et à la ligne de ferry Helsingborg-Helsingør, le parc est facilement accessible depuis la région capitale danoise, où se situe en particulier Copenhague. La route nationale 13, reliant Ystad à Ängelholm longe la frontière nord du parc, permettant ainsi d'accéder aux diverses entrées du parc.
Relief
Le parc couvre la partie orientale du horst de Söderåsen (qui signifie la crête du sud). Ce horst constitue un relief proéminent en Scanie, région par ailleurs relativement plate et de faible altitude. Cet effet est accentué par le fait que les frontières du horst sont très nettes, le relief s'y élevant brusquement[5]. Ceci est en particulier visible à la frontière nord-est du parc, qui constitue aussi la frontière nord-est du horst. Le massif de Söderåsen constitue un plateau, culminant à 212 m, au niveau de Magleröd, ce qui en fait le plus haut point de Scanie[6]. Dans le parc national lui-même, le plus haut point est Kopparhatten, à environ 150 m d'altitude, et environ 90 m au-dessus du fond de la vallée[7]. Le plateau est découpé profondément par plusieurs vallées, formant parfois de véritables canyons, comme la vallée de Klova hallar (85 m de dénivelé) en dehors du parc ou celle de Skäralid (75 m)[5], cette dernière étant l'attraction principale du parc.
Climat
Le parc est baigné, comme tout le sud de la Suède, dans un climat océanique (climat continental humide de type Dfb selon la classification de Köppen), avec des températures relativement douces, principalement grâce à l'influence du Gulf Stream. Bien que l'altitude de Söderåsen soit modérée, il constitue tout de même un obstacle, ce qui implique que la quantité de précipitations (de l'ordre de 800-900 mm[B 1]) y est nettement supérieure à celle des plaines voisines, phénomène que l'on retrouve pour les autres horsts de la région[8]. Ces quantités sont réparties relativement uniformément au cours de l'année, le printemps étant cependant en général plus sec. Du fait des températures, les précipitations peuvent avoir lieu sous forme neigeuse en hiver, mais la couverture neigeuse dure en moyenne moins de deux mois[9].
Relevé météorologique de Klippan mois jan. fév. mar. avr. mai jui. jui. aoû. sep. oct. nov. déc. année Température moyenne (°C) -0,8 -0,8 1,8 5,9 11,5 15,3 16,5 16,3 12,9 8,9 4,4 0,9 7,7 Précipitations (mm) 61,1 39,2 51,3 44,7 44,5 67,3 83,8 62,9 72,2 67,6 76,2 70,9 741,8 Hydrographie
Tous les cours d'eau du parc font partie du bassin versant de la rivière Rönne å[S 1]. Du fait des précipitations importantes, de nombreux ruisseaux sillonnent le horst. Les vallées sont principalement orientées vers le nord-est. La principale vallée du parc est la vallée de la rivière Skärån, cette dernière étant issue de la confluence du ruisseau Kvärkabäcken et Dejebäcken[S 2]. Un barrage est situé sur le cours de la rivière, à proximité de l'entrée principale du parc, ce qui a créé le petit lac artificiel de Skärdammen. Au niveau de l'entrée sud du parc se trouve la vallée de Nackarpsdalen et le lac d'Odensjön. Ce dernier est le seul lac naturel du parc[12], d'une profondeur de 20 m[13].
Géologie
Formation
Le horst s'est formé il y a environ 150 millions d'années qui correspond à la période du Jurassique[S 3]. Sa formation est liée aux failles de la zone de Tornquist, qui séparent le bouclier scandinave, au nord, du reste de l'Europe[14]. Cette zone tectonique est la plus longue d'Europe, allant de la mer du Nord à la Pologne, et traverse en particulier l'île de Bornholm et la Scanie, selon un axe dominant nord-ouest sud-est[14]. L'activité de ces failles durant le jurassique a provoqué le soulèvement relatif du horst de Söderåsen et la subsidence du bloc accueillant actuellement le lac de Ringsjön, au sud d'Höör[5]. Plusieurs autres horsts similaires se trouvent en Scanie, parallèles à celui de Söderåsen, tels que Romeleåsen au sud ou Linderödsåsen au nord ; le horst de Kullaberg se trouve dans le prolongement de celui de Söderåsen.
Les roches du parc sont principalement des gneiss issus des transformations métamorphiques du socle granitique précambrien, ayant vraisemblablement eu lieu il y a 1 800 millions d'années[S 4]. On trouve aussi des amphibolites, des diabases et du basalte, provenant de divers évènements volcaniques passés[15]. Ainsi, les diabases, que l'on retrouve en particulier dans des fissures orientées nord-ouest sud-est ont été datées du début du permien (-290 Ma), alors que les blocs de basalte datent le plus souvent du début du Jurassique (-200 Ma)[S 3]. Cependant, certains basaltes sont plus récents, en particulier, les orgues basaltiques visibles à Rallate, au sud de Skäralid, près de la frontière nord-est du parc, datés à environ 110 millions d'années[16]. Ces épisodes volcaniques ont été interprétés comme une fusion partielle de l'asthénosphère due à une décompression liée à l'activité tectonique des failles[16].
Érosion
Il y a eu de nombreuses discussions pour expliquer la formation des trois principaux canyons de Söderåsen (Klova hallar en dehors du parc et Skäralid et Odensjön dans le parc)[17]. L'interprétation la plus récente est que lors de la formation du horst, certaines petites fractures sont apparues, qui auraient ensuite été approfondies par l'érosion des rivières[18]. Le massif a ensuite subi quatre périodes glaciaires qui l'ont fortement érodé[15]. Avant le maximum de la glaciation, les vallées auraient subi une érosion périglaciaire, de la glace se maintenant localement, créant des structures de type cirque glaciaire[18]. Ces petits glaciers parvenaient à se former en grande partie grâce à l'abri du rayonnement solaire que leur procuraient les vallées, même si elles n'avaient pas encore la profondeur actuelle[19]. Avant les grandes glaciations, la neige s'accumulait dans les vallées, ce qui protégeait ensuite le relief de la phase la plus froide de la glaciation, durant laquelle l'inlandsis recouvrait la totalité de la région, comme lors de la glaciation de Weichsel[18]. Lors du retrait de l'inlandsis, les conditions périglaciaires reprirent et l'érosion des vallées reprit avec elle[18]. Cette théorie explique en particulier la formation du lac d'Odensjön, dont le « surcreusement » s'interprète par ces petits « patch » de glace, érodant très localement la roche et créant à leur front des petites moraines[18].
De nombreuses traces de cette érosion en période périglaciaire se retrouvent un peu partout dans les vallées, avec un grand nombre de cirques et d'éboulis, ces derniers étant dus à la succession de gel et dégel[S 3].
Milieu naturel
Faune
Plusieurs espèces de mammifères souvent caractéristiques des forêts suédoises vivent dans le parc. Parmi les grands mammifères, on trouve par exemple des chevreuils (Capreolus capreolus), des daims (Dama dama) mais aussi des élans (Alces alces), des sangliers (Sus scrofaet) et des renards[S 5]. Les petits mammifères sont aussi très représentés, avec de nombreux mulots, lièvres (Lepus europaeus) et blaireaux (Meles meles), ainsi que des putois (Mustela putorius) et écureuils roux (Sciurus vulgaris)[S 5]. On trouve aussi plusieurs espèces de chauves-souris, en particulier les murins de Daubenton (Myotis daubentonii) souvent visibles à proximité de l'eau ou encore les murins à moustache (Myotis mystacinus), oreillards (Plecotus auritus) et sérotines boréales (Eptesicus nilssonii)[S 5].
Si le plateau n'offre pas un terrain particulièrement favorable pour les oiseaux, les vallées ont au contraire une avifaune riche[S 6]. Les principales espèces rencontrées sont des espèces appréciant les forêts de feuillus, tels que le pic épeichette (Dendrocopos minor), le gros-bec casse-noyaux (Coccothraustes coccothraustes)[1], le geai des chênes (Garrulus glandarius), la sittelle torchepot (Sitta europaea), le grimpereau des bois (Certhia familiaris), le pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix), le pipit des arbres (Anthus trivialis) et le pinson des arbres (Fringilla coelebs)[S 6]. On trouve aussi de plus en plus de pouillots véloces (Phylloscopus collybita), espèce qui ne se trouvait pas dans la région auparavant[S 6]. Dans le parc nichent aussi des rapaces, le plus courant étant la buse variable (Buteo buteo), mais la chouette hulotte (Strix aluco), le hibou moyen-duc (Asio otus), la bondrée apivore (Pernis apivorus), l'autour des palombes (Accipiter gentilis) et le milan royal (Milvus milvus) se rencontrent aussi[S 6].
Le parc de Söderåsen abrite plusieurs espèces d'insectes que l'on ne retrouve nulle part ailleurs dans les pays nordiques, ce qui est en particulier dû à la présence de hêtres communs sur un vaste territoire continu[S 6]. La préservation de ces espèces est favorisée par le fait que le bois mort n'est plus retiré, fournissant ainsi un habitat idéal[S 6]. Les insectes les plus communs sont le lucane cerf-volant (Lucanus cervus) et différentes espèces de Tenebrionidae, de Anobiidae et de taupins[S 6].
Dans la rivière Skärån, on peut trouver des truites fario (Salmo trutta fario), des vairons (Phoxinus phoxinus) et lamproies (Petromyzontidae)[S 5]. Les eaux possèdent aussi des Plecoptera, dont beaucoup d'espèces sont classées menacées sur la liste rouge de l'UICN du fait de la pollution des eaux[S 5]. Près du barrage de la Skärån, on trouve plusieurs espèces d'amphibiens, tels que le crapaud commun (Bufo bufo), la grenouille rousse (Rana temporaria), le triton crêté (Triturus cristatus) et le triton commun (Lissotriton vulgaris)[S 5]. Le lac contient aussi plusieurs espèces de poissons qui y ont été introduites par l'homme, comme la perche commune (Perca fluviatilis), le grand brochet (Esox lucius), la lotte (Lota lota), le gardon (Rutilus rutilus), la tanche (Tinca tinca), la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) et l'anguille d'Europe (Anguilla anguilla)[S 5].
Flore
Le parc est principalement couvert par la forêt. En 2000, elle représentait 1 517 des 1 625 ha du parc, dont 1 209 ha de feuillus[S 7], constituant ainsi une des plus vastes forêts de feuillus protégées des pays nordiques[S 2]. Cette forêt est principalement constituée de hêtres communs (Fagus sylvatica)[S 7], mais on trouve aussi des aulnes blancs (Alnus incana), des aulnes glutineux (Alnus glutinosa), des chênes rouvres (Quercus petraea) et des chênes pédonculéss (Quercus robur)[S 8]. Le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) et le bouleau sont des plantes pionnières, qui envahissent, par exemple, les prairies abandonnées, avant d'être suivies par les hêtres et les chênes, mais ils peuvent persister localement même après l'arrivée de ces derniers[S 8]. Dans les vallées, on trouve souvent un mélange de plusieurs espèces, telles que l'érable plane (Acer platanoides), le charme commun (Carpinus betulus), l'orme de montagne (Ulmus glabra), le frêne élevé (Fraxinus excelsior), le merisier (Prunus avium) et le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata)[S 8]. Depuis que la forêt est protégée, le bois mort qui n'est plus enlevé par l'homme, permet une vie animale et végétale riche[20].
La végétation au sol dépend fortement de la richesse du sol, ainsi que du type d'arbres sous lesquels elle se développe. Ainsi dans les sols pauvres et où la canopée est dense et laisse peu filtrer la lumière, comme sous les hêtres, peu d'espèces se développent, principalement le sureau à grappe (Sambucus racemosa) et le framboisier (Rubus idaeus)[S 8]. Au printemps, ces sols accueillent de vastes tapis de luzules printanières (Luzula pilosa) et d'anémones des bois (Anemone nemorosa), tandis que, le reste de l'année, on peut trouver des trientales d'Europe (Trientalis europaea) ou des maïanthèmes à deux feuilles (Maianthemum bifolium)[S 8]. Sur les roches et racines se développent plusieurs espèces de mousses et de lichens. Quelques espèces de champignons se développent aussi, telles que des lactaires et russules.
Sous les chênes, frênes et aulnes, aux feuillages moins denses, la bourdaine (Frangula dodonei), l'oxalis petite oseille (Oxalis acetosella), la myrtille commune (Vaccinium myrtillus), le gaillet des rochers (Galium saxatile) et le mélampyre des prés (Melampyrum pratense) s'ajoutent aux espèces précédemment citées[S 8].
Dans les sols plus riches, comme au fond des vallées ou sur les pentes, la flore est, elle aussi, beaucoup plus riche[S 9]. Ainsi, des espèces comme le merisier à grappes (Prunus padus), le fusain d'Europe (Euonymus europaeus), le noisetier commun (Corylus avellana), le lamier jaune (Lamium galeobdolon) et quelques espèces de fougères parviennent à se développer[S 9]. Sur les versants nord et est se trouvent plusieurs espèces de mousses, dont quelques espèces rares telles que Porella arboris-vitae ou Neckera pumila, ainsi que quelques espèces de lichens, eux aussi rares, tels que la pulmonaire (Lobaria pulmonaria)[S 9]. Les sols les plus riches sont souvent ceux contenant des filons de diabase, on y trouve alors des anémones hépatiques (Hepatica nobilis), des gagées jaunes (Gagea lutea), des anémones fausse renoncule (Anemone ranunculoides), des mercuriales vivaces (Mercurialis perennis) et des gaillets odorants (Galium odoratum)[S 9].
Histoire
Protohistoire et Moyen Âge
Les plus anciennes traces d'activité humaine dans le parc sont des traces de taille dans le grès de la vallée d'Ugglerödsdalen, datant du néolithique[B 2]. Les hommes étaient à cette époque principalement établis dans les plaines alentours, très peu s'aventurant vraiment dans la forêt de Söderåsen[B 2]. Ce n'est qu'à l'âge du bronze que les hommes, plus nombreux, commencèrent à défricher la forêt[B 2]. Il s'agissait alors vraisemblablement d'agriculture nomade : les terres étaient défrichées, puis cultivées quelques années. Lorsque la quantité de nutriments du sol devenait trop faible, et en l'absence d'engrais, le champ était laissé à l'abandon et une autre parcelle était alors défrichée à la place[S 10]. Des cairns ou murs de pierre datés de la fin de l'âge du bronze au début de l'âge du fer ont été retrouvés un peu partout dans le parc[S 10]. Les murs étaient principalement construits autour des champs, pour empêcher les animaux sauvages d'y pénétrer[S 10]. À partir de l'âge de fer, l'agriculture se développa aussi sur les pentes les moins raides, grâce à des systèmes de terrasses[B 3].
Les premières installations fixes dans la région semblent dater de l'Âge des Vikings ou du début du Moyen Âge nordique. Ainsi, par exemple, l'église de Röstånga fut construite au XIIIe siècle, à l'extrémité est de Söderåsen[21]. En outre, la toponymie de la région comprend de nombreux noms finissant par « arp », « torp », « red » et « röd », qui sont caractéristiques de ces périodes[B 3]. Jusqu'au XIVe siècle, la région connaît une importante croissance démographique, ce qui s'illustre dans le parc par un grand nombre de cairns de cette période[B 3].
Exploitation de la forêt
La plus ancienne carte de la région date de 1664 et indique que Söderåsen était principalement recouvert de l'hêtre commun, mais il y avait aussi de l'aulne, du bouleau, du saule et du noisetier[S 10]. Les agriculteurs avaient à l'époque le droit de disposer à leur convenance de la forêt, à l'exception des forêts de hêtres. En effet, les hêtres produisaient des faînes, qui étaient importants pour la nourriture des porcs, et le roi pouvait décider de la quantité de porcs que les agriculteurs étaient autorisés à laisser dans la forêt[S 10]. Les porcs étaient alors souvent laissés dans la forêt en hiver pour se nourrir des faînes, et pour les garder, plusieurs maisons se situaient dans le parc, dont les ruines sont encore visibles aujourd'hui, telles que dans la vallée de Skäralid[S 10]. Le XVIIIe siècle marqua une importante augmentation de la population. Les sols étant souvent pauvres pour l'agriculture, la principale source de revenus des agriculteurs était l'élevage[S 10]. Avec l'augmentation des surfaces de pâture et le besoin croissant de matériaux de construction, Söderåsen se transforma de plus en plus en une vaste prairie[S 11]. Des murs de plusieurs kilomètres de long furent construits à cette époque pour marquer les frontières des propriétés ou pour empêcher, une fois de plus, les animaux de se nourrir des cultures[B 4].
Ce processus s'accentua encore au XIXe siècle et la surface de forêt a probablement atteint son minimum au milieu du XIXe siècle[B 5], se concentrant principalement sur les pentes[S 11]. Cependant en 1893, le pâturage fut interdit dans la forêt[22]. À partir de 1910, on commença à planter des épicéas, et l'exploitation du bois de la forêt fut en particulier important durant la Première et la Seconde Guerre mondiale, le bois étant fortement utilisé comme combustible[S 11]. Les pâturages disparurent ainsi, remplacés par des forêts d'épicéas sur les hauteurs du plateau, tandis que la forêt de feuillus reconquérait les vallées[S 11].
Création du parc
Le tourisme a commencé à se développer à Söderåsen à la fin du XIXe siècle[B 6]. En 1892, une ligne de chemin de fer fut construite (ayant fermé depuis), permettant de relier Röstånga et Skäralid à par exemple Malmö et Helsingborg, ce qui permit à de nombreux touristes de venir profiter de la nature de Söderåsen[23]. Une piste de danse fut construite à Nackarpsdalen et des boissons étaient vendus à Kopparhatten dans un hangar, qui se transforma ensuite en un restaurant avec piste de danse[S 11]. À l'actuelle entrée du parc, un hôtel en bois fut construit en 1906, puis le barrage Skärdammen en 1929, permettant aux touristes de l'hôtel de pêcher dans la Skärån[S 11].
La protection de la zone se fit progressivement. En 1937, la vallée de Skäralid devient une domänreservat (une sorte de réserve forestière)[24]. Par la suite, plusieurs réserves naturelles furent créées, telles que Härsnäs, Nackarp, Uggleröd et Odensjön[B 7]. En 1989, Naturvårdsverket édita un plan pour la création de nouveaux parcs, dans lequel la création d'un parc national à Söderåsen était évoquée[S 12]. Dès lors, des discussions se sont engagées, concernant en particulier les frontières du nouveau parc[S 12]. Le parc national fut finalement inauguré le 13 juin 2001, et incluait les réserves naturelles d'Härsnäs, Nackarp, Uggleröd et Odensjön[B 7]. La réserve naturelle de Nackarp, datant de 1970, fut cependant incluse seulement en partie, et la partie non comprise dans le parc national a été reconstituée en réserve naturelle en 2004[25]. Une grande partie du parc national est aussi incluse dans le réseau Natura 2000[S 4].
Restauration de la forêt de feuillus
Entre juin 2002 et décembre 2006, le comté de Scanie a entrepris un projet de restauration de la forêt de feuillus du parc national de Söderåsen, avec le soutien financier de l'instrument financier pour l'environnement de l'Union européenne[F 1]. En effet, dans le passé, la forêt a été exploitée, et pour des raisons économiques, diverses espèces d'arbres non endémiques ont été plantées, en particulier l'épicéa commun (Picea abies)[F 1] ou plus localement l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus), le chêne rouge d'Amérique (Quercus rubra), le mélèze d'Europe (Larix decidua), le thuya d'Occident (Thuja occidentali), le sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii) et le sapin de Nordmann (Abies nordmanniana)[F 2]. Ces espèces n'étant pas endémiques, il fut décidé de les enlever[F 3]. L'objectif est une élimination progressive des épicéas en 20 ans[F 4]. Le projet a été mené en visant un impact minimal sur la nature. Par exemple, aucun arbre n'a été abattu entre avril et juin, principale période de nidification[F 5]. Cette volonté s'illustre aussi dans le choix initial de techniques d'abattage et de scarification respectueuses de l'environnement[F 6]. Ainsi, la volonté première était que la coupe des arbres soit faite manuellement, à la tronçonneuse, et que les arbres soient retirés à l'aide de chevaux, mais ceci s'est avéré impossible à cause du manque de temps et de personnel qualifié[F 6]. Il fut finalement décidé d'utiliser un petit véhicule téléguidé pour ces deux tâches, comme un compromis entre le plan initial et les techniques industrielles usuelles[F 6]. Les travailleurs furent d'une certaine façon aidés par la tempête Erwin, qui frappa la région en 2005, faisant chuter quasi-exclusivement les épicéas, même si elle retarda en réalité le projet[F 6]. Pour la scarification du sol, il était prévu d'utiliser des cochons, mais les deux premiers étés de tests se sont avérés décevants, tant en qualité de la scarification qu'en quantité[F 6]. Le projet fut alors modifié et la machine téléguidée fut utilisée de nouveau à la place[F 6].
En parallèle, des graines venant du reste du parc furent collectées, puis germées en pépinière, et enfin, les jeunes arbres furent plantés selon un arrangement aléatoire dans les zones scarifiées[F 7]. Ce fut majoritairement des chênes qui furent réintroduits, afin d'équilibrer la domination des hêtres dans le parc[F 8]. En revanche dans certaines zones des graines ont été directement semées, et dans d'autres zones, celles-ci simplement laissées à une régénération naturelle[F 9]. Toutes ces zones ont été clôturées de façon à empêcher les animaux de manger les graines ou les jeunes arbres[F 10] et un soin particulier y a été apporté pour éviter que les animaux ne se blessent[F 11]. Le coût total du projet a été de 1 761 086 euros principalement financé par Naturvårdsverket et la Commission européenne[F 12].
Gestion et administration
Comme pour la plupart des parcs nationaux de Suède, la gestion et l'administration sont divisées entre l'agence suédoise de protection de l'environnement (Naturvårdsverket) et le conseil d'administration des comtés (Länsstyrelse)[26]. Naturvårdsverket est en charge de la proposition des nouveaux parcs nationaux, sur consultation des conseils d'administration des comtés et des communes, et la création est entérinée par un vote du parlement[26]. Le terrain est ensuite acheté par l'état, par l'intermédiaire de Naturvårdsverket[26]. La gestion du parc est ensuite principalement entre les mains du comté, c'est-à-dire le conseil d'administration du comté de Scanie, pour le parc de Söderåsen[F 3].
Six personnes travaillent à temps complet à la gestion du parc, ce qui comprend en particulier l'entretien des sentiers de randonnée et des refuges[27].
Tourisme
Söderåsen est situé dans la deuxième région la plus densément peuplée de Suède[28], à proximité des villes de Lund, Helsingborg et Malmö, qui figurent parmi les principales du pays. De plus, la région est principalement plate et agricole, et Söderåsen fait donc partie des quelques espaces naturels préservés de la région. De ce fait très fréquenté, le nombre de visiteurs s'est encore accru depuis que le site est classé parc national[29]. En 2009, Söderåsen a été classé 16e site le plus visité de Suède, avec 750 000 visiteurs par an[30].
Accès et hébergement
Le parc est très facile d'accès. Sa frontière nord-est est longée par la route nationale 13 (Ystad-Ängelholm), avec des parcs de stationnement gratuits aux diverses entrées du parc, et le bus 518 de Skånetrafiken dessert les principales entrées du parc.
Des auberges de jeunesse et camping sont situés dans les villages de Skäralid[31] et de Röstånga, celle de Röstånga remontant à 1904[32]. Bien que le parc national soit relativement petit, il compte en son sein trois refuges[33]. Le premier se situe près de l'entrée principale du parc (Killahuset), tandis que les deux autres (Liagård et Dahlberg) sont situées sur le chemin de grande randonnée Skåneleden, qui traverse le parc[33]. Ces deux derniers sont gratuits[33].
Activités
À l'entrée du parc se trouve le centre d'information (Naturum) du parc, présentant une exposition sur la géologie, la nature et l'histoire du parc[34]. Dans le bâtiment se trouve aussi un restaurant et café[34].
La randonnée représente l'activité principale du parc. La plupart des 50 km de sentiers de randonnée[27] se situent dans la vallée de Skäralid et mènent en particulier aux sites de Kopparhatten et Hjortsprånget, à l'aplomb de la vallée, offrant une vue imprenable sur le parc. Plusieurs sentiers existent près de la vallée de Nackarpsdalen et du lac d'Odensjön. Quant à la section De crête à crête (Ås till åsleden) du chemin de grande randonnée Skåneleden, elle parcourt le parc sur toute sa longueur[35]. À différents endroits, des accès ont été facilités pour les personnes à mobilité réduite[27].
La pêche est autorisée dans le lac d'Odensjön, sous condition d'achat d'une carte de pêche[36]. Le lac est également le théâtre de représentations musicales annuelles réalisées au mois d'août[37]. Le spectacle a lieu sur une scène flottante, tandis que le public utilise les gradins naturels que forment les parois autour du lac[37].
Notes et références
- (sv) Anders Bergquist et Anders Huss, Skötselplan för Söderåsens nationalpark, Stockholm, Naturvårdsverket, 2001 (ISBN 91-620-5152-0) [lire en ligne]
- p. 15
- p. 16
- p. 14
- p. 13
- p. 20
- p. 19
- p. 8
- p. 17
- p. 18
- p. 21
- p. 22
- p. 3
- (sv) Fördjupad Översikstplan för Söderåsen, Bjuv, Bjuvs kommun, 2001 [lire en ligne]
- p. 23
- p. 59
- p. 60
- p. 61
- p. 62
- p. 73
- p. 41
- (en) Oddvar Fiskesjo, Documentation of the Swedish national park. Nr 22 : Restoration of deciduous forest in Söderåsen National Park, Stockholm, Naturvårdsverket, 2006 (ISBN 91-620-5641-7) [lire en ligne]
- p. 3
- p. 4
- p. 5
- p. 6
- p. 10
- p. 10-15
- p. 16
- p. 17
- p. 21-22
- p. 22
- p. 23
- p. 28
- Autres
- (en) Söderåsen National Park sur Naturvårdsverket. Consulté le 17 octobre 2010
- (sv)Besöksmål och och sevärdheter i Sverige år 2009 sur Tillväxtverket. Consulté le 7 mai 2011
- (sv)Regeringens proposition 2000/01:82 Söderåsens nationalpark sur Regeringskansliet, 15 mars 2001. Consulté le 6 mai 2011
- (sv)Tätorter 1960-2005 sur Statistiska centralbyrån. Consulté le 6 mai 2011
- (en)Karna Lidmar-Bergström, Christian Elvhage, Bertil Ringberg, « Landforms in Skåne, South Sweden », dans Geografiska Annaler. Series A, Physical Geography, vol. 73, no 2, 1991, p. 61-91 [texte intégral]
- (en)Skåne: Magleröd - 212 m sur Highpointing i Sverige. Consulté le 8 mai 2011
- (sv)Självguidning Kopparhattsrundan (gul led) utgå från naturum Söderåsen sur Söderåsen nationalpark. Consulté le 8 mai 2011
- (sv)Normal uppskattad årsnederbörd, medelvärde 1961-1990 sur Institut suédois de météorologie et d'hydrologie (SMHI). Consulté le 6 mai 2011 Ce phénomène est facilement visible sur cette carte :
- (sv)Normalt antal dygn med snötäcke per år sur SMHI. Consulté le 6 mai 2011
- (en)Normalvärden för temperatur för 1961-1990 sur SMHI. Consulté le 6 mai 2011 : station 5356 (Svalöv)
- (en)Normalvärden för nederbörd för 1961-1990 sur SMHI. Consulté le 6 mai 2011 : station 6307 (Klippan)
- (en)Water sur Söderåsen National Park. Consulté le 6 mai 2011
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Annexes
Bibliographie
- (en) Oddar Fiskesjö, Håkan Sandbring, Liselotte Öhman et Elizabeth Lamb, An enchanting world : The Söderåsen National Park, Dalby, Salix, 2009 (ISBN 978-91-633-4389-6)
- (en) Claes Grundsten, National parks of Sweden, Stockholm, Max Ström, 2010 (ISBN 978-91-7126-160-1)
- (sv) Karin Hoffmann, Rundvandringar - Söderåsen, Blentarp, Rundvandringar, 2006 (ISBN 91-631-9142-3)
Articles connexes
Liens externes
- (sv), (de), (en) Site du parc
- (en) Site de Naturvårdsverket
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- Parc national de Suède
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- Géographie de la Scanie
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