Escalade glaciaire

Escalade glaciaire
Un alpiniste dans une cascade de glace.

L'escalade glaciaire (on parle aussi de cascade de glace pour désigner l'activité) est une discipline dérivée de l'escalade. Elle consiste à grimper à l'aide de piolets-traction et de crampons à pointes-avant le long de formations glaciaires, comme des couloirs et goulotte de glace (éventuellement des séracs) en haute montagne ou des cascades gelées en hiver en moyenne montagne. L'assurage peut se faire dans la glace elle-même à l'aide de broches à glace.

Historiquement, c'est à partir des années 1970 que naissent les précurseurs de cette activité. Utilisant toute leur expérience de l'alpinisme extrême, des alpinistes anglais, écossais, américains, français et italiens, cherchent à s'attaquer spécifiquement à l'escalade des cascades de glace les plus évidents des massifs alpins.

Elle nécessite une expérience importante pour évaluer l'état de la glace qui varie en fonction de la température: des températures très froides rendent la glace dure et cassante alors que des températures plus douces donnent une glace plus humide et plus "souple" ("sorbet"). Les variations importantes de températures peuvent rendre dangereuses les cascades avec un risque d'effondrement.

Le Dry-tooling est une discipline assez récente, mixant l'escalade sur rocher et l'utilisation des crampons et piolets (cotations exprimée en M3/M4/etc).

Sommaire

Matériel

Le matériel utilisé est très spécifique et a beaucoup évolué par rapport à celui utilisé par les premiers glaciairistes. La progression se fait à l'aide des pointes frontales des crampons, qui sont simples ou doubles, et de piolets tractions dont la forme est conçue pour aider le grimpeur à évoluer sur des parois de glace verticales (le manche du piolet est courbé et il possède même parfois deux poignés). Les points d'ancrage utilisés sont des broches à glace qui se vissent directement dans la glace. Il existe plusieurs longueurs de broche, qui varient en fonction de l'épaisseur de la glace.

Il existe des cordes spécifiques qui ont la particularité d'absorber beaucoup moins d'eau que les cordes de rappel classiques, ce qui évite qu'elles ne soient raidies par le gel.

Cotation

La difficulté des cascades de glace est généralement donnée en utilisant une cotation à double entrée, qui comprend une cotation de la difficulté technique et une cotation de sérieux, ou d'engagement (dont la définition peut varier selon les topos).

De 1 à 7 : le degré technique prend en compte différents facteurs, dont la pente, la hauteur de la section la plus raide, la configuration de la glace (rideaux, cigare, goulotte) ou encore la technicité de cette dernière (glace fine ou bien fournie, glace aérée ou compacte, etc.).

  • 1 : Longs passages à 60°
  • 2 : Passage à 60/70° mais bonne possibilité d'assurage
  • 3 : Passage à 70/80° généralement en bonne glace. Les parties raides alternent avec de bons emplacements de repos permettant de poser des points d'assurage
  • 4 : Passages à 75/85° avec parfois une courte section verticale. Glace généralement bonne et possibilité de bons relais
  • 5 : Une longueur soutenue avec grande section à 85/90°, nécessite une bonne aisance technique
  • 6 : Au moins une longueur très soutenue, demande une très grande maîtrise technique. La qualité de la glace peut laisser à désirer, ancrages et protections aléatoires
  • 7 : Franchement dur, maîtrise technique et mental inébranlable sont indispensables...

Note : on peut ajouter +/- à ces valeurs afin de les augmenter/réduire. On peut également compléter par : X, Risque d'écroulement, R : glace mince, M : section mixte.

De I à VII : la cotation de sérieux exprime l'engagement, la longueur, l'éloignement, la difficulté d'approche et de descente, la continuité, l'équipement en place, la difficulté à se protéger et les risques objectifs.

  • I : Itinéraire court, peu éloigné, descente facile
  • II : Itinéraire plus long ou un peu plus technique, descente demandant parfois de l'attention, peu de dangers objectifs
  • III : Itinéraire long, parfois éloigné, descente délicate, risques objectifs éventuels
  • IV : Itinéraire d'ampleur demandant une bonne expérience de l'alpinisme, approche longue ou descente compliquée, risques objectifs, retraite délicate
  • V : Itinéraire long dans une grande paroi, engagé. La cordée doit posséder un excellent niveau de compétence (choix de l'itinéraire, problème d'assurage, nombreuses longueurs difficiles et soutenues), retraite difficile, descente longue ou difficile, risques objectifs importants
  • VI : Itinéraire sur une grande face pouvant être parcourue en une journée par les meilleurs. Pratiquement que des longueurs dures et soutenues. Conditions rarement bonnes, cheminement compliqué, assurage problématique, retraite aléatoire. Descente longue et difficile. Itinéraire très exposé aux dangers objectifs (séracs)
  • VII : Idem en encore plus dur. Très rarement utilisé.

Historique

  • 1957 : les Écossais Tom Patey, Graeme Nicol et Hammish MacInnes (inventeur d'un des premiers modèles de piolet-traction le Terrordactyl) gravissent le Zero Gully au Ben Nevis
  • 1959 : Jimmy Marshall fait le Parallel B gully au Lochnagar et le Smith's Gully au Creag Meaghaidh. Avec Smith Robin, ils ouvrent au Ben Nevis en utilisant les pointes avant.
  • 1965 : Cornuau et Davaille font la première de la face nord des Droites en 5 jours
  • 1968 : René Desmaison et Robert Flematti le Linceul aux Grandes Jorasses[1] (60°) en 11 jours (systématiquement en artificiel)
  • 1969 : première solitaire de la face nord des Droites par Reinhold Messner, en 9 heures, avec un piolet et un poignard à glace
  • 1971 : face nord du Grand Pilier d'Angle par Walter Cecchinel et Georges Nominé[2]
  • 1973 : ascension du couloir nord des Drus par Claude Jager et Walter Cecchinel (entre 57 et 70°) : avec pointes-avant et piolet traction (Condor)[3]
  • 1975 : Supercouloir[4] au Mont-Blanc du Tacul Patrick Gabarrou et Jean-Marc Boivin
  • 1975 : Apparition des lames « banane » (à courbure inversée) avec le Mjollnir de l'américain Forrest et le Chacal du français Simond[5]
  • 1977 : Premières cascades de glaces (cascades gelées en hiver) ouvertes en Oisans (France) par les 2 frères Verney (Michel et André-Pierre): cascade de St Claude, cascade des sources...
  • 1977 : Overdose (la grande cascade) à Gavarnie (450m, 5+/IV) par Dominique Julien, Rainier Munsch, Michel Boulang et Serge Castéran
  • 1987 : Visa pour l'Amérique (6/IV) par François Damilano Godefroy Perroux et Philippe Pibarot (la cascade ne s'est jamais reformé depuis).
  • 1992 : La Lyre (550 m 7/VI) par Thierry Renault au cirque du Fer-à-Cheval

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Jeff Lowe Ice world: techniques and experiences of modern ice climbing, The Mountaineers Books, 1996 [1]

Liens externes

le portail de la cascade de glace : topos (sous licence cc-by-sa) et conditions en cascade de glace

Notes et références


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Escalade glaciaire de Wikipédia en français (auteurs)

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