Orania

Orania
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29°49′0″S 24°24′30″E / -29.81667, 24.40833

Orania
Drapeau de Orania
Drapeau

Orania.jpg
Administration
Pays Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud
Province Cap-du-Nord
Maire Carel Boshoff (IV)
Géographie
Coordonnées 29° 29′ Sud
       24° 14′ Est
/ -29.49, 24.24
Altitude 1 160 m
Superficie 8 000 ha = 80 km2
Démographie
Population 1 700 hab. (2010)
Densité 21,3 hab./km2
Divers
Site Web [1]
Localisation
South Africa location map.svg
City locator 14.svg
Orania

Orania est une petite ville d'Afrique du Sud située dans la province du Cap-du-Nord, dans la région du désert du Karoo.

Orania a la particularité d'être une enclave uniquement blanche et afrikaner. Fondée à partir d'une petite concession abandonnée d'une dizaine de maisons répartie sur 3 000 hectares, elle a été rachetée au gouvernement sud-africain par Carel Boshoff en 1990, au moment où le gouvernement de Frederik de Klerk entamait des négociations constitutionnelles avec le congrès national africain afin d'abroger les dernières lois d'apartheid encore en vigueur.

Elle devait constituer l'embryon du Volkstaat, un État pour les Afrikaners. Mais actuellement, les terrains de cette commune de 1700[1] habitants (en 2010) sont toujours la propriété d'une société privée[2].

Orania est l'héritière de mouvements autonomistes boers comme les Oranjewerkers qui avaient envisagé de créer dans les années 1980 une communauté autonome à Morgenzon dans le Transvaal. Elle se distingue aussi de Kleinfontein située près de Pretoria en étant une commune libre d'accès.

Sommaire

Localisation

Orania est située sur la route provinciale R 369 entre Hopetown et Petrusville dans la région du Grand Karoo à l’extrême est de la province du Cap-Nord. Elle longe la rive gauche du fleuve Orange, lequel forme à cet endroit la frontière administrative avec la province de l'État-Libre. Elle est située près de champs de bataille de la Seconde Guerre des Boers, notamment de l'Orange River Station, l'un des premiers camps de concentration mis en place par les Britanniques, en 1901, où moururent de faim, de maladie et de chagrin des femmes et des enfants boers[3].

Historique

Orania en Afrique du Sud

Durant les années 1970 et 1980, au moment où la politique d'apartheid est de plus en plus contestée et que, depuis les émeutes de Soweto, une flambée de violence secoue les townships du pays, plusieurs partis et groupements afrikaners comme "Die Herstigte Nasionale Party", le parti conservateur d'Afrique du Sud, "Aksie Eie Toekoms", le "Boerestaat Party", "Die Afrikaner Volkswag", Die Oranje Werkers" commencèrent à réclamer de leur côté la création d'un État ethnique sur le modèle constitutionnel des anciennes républiques boers du XIXe siècle[4]. Tandis que ces mouvements se disputaient sur la taille et la localisation de cet État ethnique, la "fondation pour la libération des Afrikaners" ("Afrikaner Vryheidstigting") de Carel Boshoff, théologien, ancien président de l'Afrikaner Broederbond et beau-fils de l'ancien premier ministre Hendrik Verwoerd, faisait racheter au gouvernement sud-africain, par une compagnie privée ("Orania Management Services"), une ancienne concession abandonnée, située à Vluytjeskraal, au prix de 200 000 USD[4]. Orania disposait alors d'une petite dizaine de maisons, de boutiques, d'un hopital, d'une station électrique et d'une station de pompage. Les infrastructures avaient été édifiées par le département des eaux lors de l'aménagement des rives du fleuve Orange. En 1991, l'achat de deux autres fermes voisines, Biesiesbult et Nooitgedacht, permet par la suite d'agrandir la superficie d'Orania à 4 000 hectares[4].

La fondation d'Orania intervient dans un contexte historique marqué la libération de prison de Nelson Mandela par le gouvernement sud-africain, la légalisation du l'ANC et le début de négociations institutionnelles visant à mettre fin au régime d'apartheid et à procéder aux premières élections multiraciales. C'est dans ce contexte, en décembre 1990, que Boshoff et 40 familles afrikaners s'installent à Orania, censée constituer un embryon de Volkstaat, une micro république boer en plein désert du Karoo.

En avril 1991, les premières maisons restaurées sont mises en vente puis un premier conseil communal est instauré sous l'autorité du maire, Andre van den Berg, pour gérer la ville.

Lors des élections générales du 27 avril 1994, les résidents de la commune portèrent leur voix sur le front de la liberté pour les représenter au conseil provincial du Cap-du-Nord. Avec 5,97% des suffrages, le front de la liberté obtient alors son meilleur score provincial et un siège au sein du gouvernement local. Orania et la région environnante du fleuve Orange devient alors l'une des 3 régions, au côté de Pretoria et Phalaborwa, que le conseil du Volkstaat mise en place par le nouveau gouvernement sud-africain en 1994, identifie comme étant à majorité afrikaner ou offrant les meilleures potentialités pour parvenir à une majorité de population afrikaner[5].

En 1995, la visite à Orania du président sud-africain Nelson Mandela, où il prend le thé avec Betsie Verwoerd, la veuve d'Hendrik Verwoerd, qui fut le chef du gouvernement sud-africain lors de sa mise en détention en 1963, légitime le projet de Volkstaat à Orania, défendu au Parlement par Constand Viljoen et le Front de la liberté. Ainsi, les édiles de la ville refusent d'intégrer Orania avec Hopetown et Strydenburg au sein d'une même municipalité lors de la réforme des gouvernements locaux.

En 2000, un jugement de la Haute Cour de Kimberley refuse de trancher et enjoint le gouvernement et les résidents d'Orania à reprendre des négociations pour transiger sur le statut de la ville. Dans leur argumentation, les Afrikaners assimilent la déclaration du ministre des affaires provinciales et du développement constitutionnel, Valli Moosa, le 4 juin 1998, selon lequel les objectifs d'autonomies territoriales, ethniques et linguistiques du Front de la liberté et des Afrikaners étaient légitimes notamment au regard de la constitution et de la déclaration des droits, à la déclaration Balfour[6].

En avril 2004, Orania lance sa propre devise monétaire, l’Ora. Le village est à son apogée démographique et revendique un milliers d'habitants[7].

En novembre 2005, Orania est le centre d'une conférence sur le droit des Afrikaners à l'auto-détermination en Afrique du Sud à laquelle participe plusieurs intellectuels sud-africains comme Frederik Van Zyl Slabbert, ancien chef de l'opposition parlementaire progressiste anti-apartheid au début des années 1980, l'ancien recteur de l'université d'Afrique du Sud, Marinus Wiechers ou l'homme d'affaires (issu de la communauté des coulored, les métis du Cap), Jakes Gerwel. Si la majorité de l'assistance se déclare hostile au principe de séparation territoriale avec l'Afrique du Sud, les participants proposent des solutions alternatives au Volkstaat et réaffirment leur soutien au principe d'autonomie et de libre auto-détermination des peuples composant l'Afrique du Sud [8].

Lors des élections municipales de 2006, le taux de participation des habitants atteint 80% (contre 49% nationalement). Aux 484 votes directs des résidents d'Orania s'ajoutent 700 votes par Internet de sympathisants établis hors de la ville.

Les électeurs ne procédèrent qu'aux élections des conseillers municipaux, refusant toujours de reconnaître l'intégration d'Orania dans un district municipal plus élargi.

En juin 2007, les représentants de la localité métis d'Eersterus, située près de Pretoria, viennent à Orania pour étudier le modèle d'auto-détermination de la ville afin de tenter de l'appliquer chez eux.

En juillet 2007, les négociations sur le statut municipal d'Orania reprennent entre les représentants de la localité afrikaner, le gouvernement provincial, les municipalités de Thembelihle et de Pixley ka Seme en coopération avec la direction exécutive de l'ANC. Au niveau national, le front de la liberté entame de nouvelles discussions sur l'auto-détermination avec le gouvernement. En attendant de trancher définitivement sur le statut administratif d'Orania et son éventuelle transformation en municipalité indépendante de catégorie C (municipalité locale) ou son inclusion dans celle de Thembelihle, la ville collabore avec cette dernière au développement économique de la région[9].

En mars 2009, dans le cadre des élections législatives du mois d'avril, Julius Malema, le président de la ligue de jeunesse de l'ANC, vint mener campagne à Orania et y rencontrer les dirigeants de la ville, leur transmettant notamment le souhait de Jacob Zuma, le président de l'ANC, de venir à Orania pour y étudier le modèle local de développement économique. Pour la première fois, des affiches électorales de l'ANC furent aussi apposées dans la rue principale de la ville[10].

Le 14 septembre 2010, c'est au tour de Jacob Zuma, président de la république sud-africaine, d'effectuer une visite officielle à Orania pour rencontrer les chefs communautaires et se rendre compte du développement économique de la ville (agriculture et tourisme notamment) mais aussi de sa politique en matière d'éducation, de formation, de travail et de logements[11],[12],[13].

Organisation

Gestion administrative

Les terres sur lesquelles se trouve Orania sont la possession de la "Vluytjeskraal Aandeleblok company". Le président de cette société privée fut d'abord Manie Opperman, par ailleurs longtemps maire en titre de la ville d'Orania.

Le nom "Vluytjeskraal" provient du nom de la ferme sur laquelle Orania avait été bâtie au début des années 1960.

Motivations idéologiques et objectifs

Concert folklorique à Orania

Orania s'inscrit dans le concept de Volkstaat dont les principes sont prévus par la section 235 de la Constitution sud-africaine de 1996 et qui garantit le droit à l'autodétermination au sein de la République de toute communauté culturelle et de langue, établie sur le sol sud-africain. Pour les fondateurs d'Orania, il ne s'agit pas de préserver un quelconque mode de vie mis en place sous l'apartheid mais plutôt de permettre à une communauté de langue, de culture et d'identité commune, non fondée sur des principes raciaux ou de sexes, et établies sur un territoire géographiquement limité, le droit de pouvoir revendiquer une autonomie politique. Concrètement, l'objectif d'Orania serait ainsi de préserver la culture afrikaner au sein d'une ville réservée à ceux qui se reconnaisseraient dans l'héritage culturel des Boers à commencer par les peuples de langue afrikaans.

La défense de la culture et de la langue afrikaans sont en effet devenus les paradigmes du mouvement culturel afrikaner repris notamment par Boshoff pour justifier l'existence d'Orania. Pour Hermann Giliomee, auteur notamment d'un encyclopédie sur les Afrikaners et ardent défenseur de l'afrikaans, Orania nuit cependant davantage à la cause afrikaans et n'est pas crédible. Pour Jasper Jooste, ancien directeur de l'institut des affaires raciales et idéologue afrikaner à l'origine du concept communautaire d'Orania, il faudrait au moins 5 000 résidents à Orania pour que celle-ci soit viable à long terme et pour que le concept du Volkstaat puisse s'imposer dans le débat politique[14].

Pour ses détracteurs, Orania et ceux tels l'Inkatha Freedom Party qui défendent les concepts autonomistes ou séparatistes sont des rémanations des réserves indigènes de l'ancienne colonie du Cap ou des bantoustans mis en place sous l'apartheid.

Pour l'écrivain et journaliste du Mail and Guardian[15], Christopher Hope, si Orania a toujours eu mauvaise presse, ce fut parce qu'elle est d'abord apparue comme un « minuscule refuge pour désespérés aigris », « élitiste, raciste, réactionnaire[16], dénuée de sentiment patriotique, improductive et complètement débile »[3] ou anachronique[14]. Cependant, ce journaliste progressiste récuse ces a priori et considère qu'Orania pratique davantage l'autogestion que la ségrégation. Ces Afrikaners ne comptent pas combattre leur "oppresseur" comme par le passé mais selon lui, ils préfèrent jouer la carte de la modernité. Ainsi, utilisant l'énergie renouvelable et l'agriculture biologique, les citoyens d'Orania déclarent ainsi avoir deux modèles que sont les Israéliens et les Amish[3].

Géographie de la ville

Orania se distingue entre un quartier riche (Grootdorp) et un quartier moins riche (downtown Kleingeluk). Les habitants de ce quartier sont souvent ceux appelés à effectuer les travaux qui autrefois été réservés aux noirs (black jobs).

Dans sa partie résidentielle, Orania comprend douze rues, aux noms en afrikaans évoquant à quelques modifications près les douze pierres précieuses qui ornent les fondations de la nouvelle Jérusalem dans l’Apocalypse de saint Jean (21, 19-21) : jaspis (opale en afrikaans), saffier (saphir), agaat (calcédoine), smarag (émeraude), sardoniks (sardoine), beril (béryl), topaas (topaze), ametis, oniks, robyn (diamant), pêrels (perles).

Au contraire de Kleinfontein, son équivalente près de Pretoria, Orania est accessible sans avoir besoin de passer par des portails gardés.

Population blanche afrikaner

Orania compte environ 1700 habitants afrikaners, c'est-à-dire des « Sud-Africains blancs d'origine européenne (néerlandaise, française, allemande) qui ne parlent que l'afrikaans (langue dérivée du néerlandais) »[17]. Les visiteurs sont accueillis dès l'entrée de la ville par un panneau explicite Orania - Afrikanertuiste signifiant « Foyer afrikaner »[14].

Rien dans les statuts d'Orania n'interdit aux Coloureds en général et aux métis du Cap en particulier, qui partagent la même culture et langue maternelle que les Afrikaners, de résider à Orania mais dans les faits, aucun métis ne s'est installé. Toute nouvelle demande d'installation à Orania doit d'ailleurs obtenir l'autorisation d'un comité consultatif dépendant de la mairie. En 2004, lors d'une conférence à Bloemfontein, Manie Opperman déclarait que « la condition raciale n'était pas incluse dans la constitution d'Orania mais que, du fait de son objet ethnique, elle ne s'adressait qu'aux Afrikaners »[4].

Les habitants de la ville font généralement d'ailleurs comprendre qu'ils ne veulent pas de résidents qui ne soient pas afrikaners à Orania[2], ce qui ne les empêche pas de recevoir les fermiers locaux noirs venir s'approvisionner à Orania. Quelques incidents localisés ont cependant eu lieu notamment quand le maire noir d'une commune voisine, venu en visite à Orania, se fit apostropher et pourchassé par un fermier autour de la ville[14]. Si l'identité des Oraniens est intimement lié à l'histoire et aux vicissitudes des Afrikaners[4], ces mêmes résidents justifient aussi leur choix de s'établir à Orania par l'insécurité qui sévit en Afrique du Sud[14].

Pour Carel Boshoff, « Orania veut simplement s'en sortir toute seule — et ses habitants n'ont pas tourné le dos à l'Afrique du Sud »[3]. Selon le fondateur d'Orania, celle-ci « peut devenir le modèle d’un localisme capable de s’insérer dans la mondialisation, grâce à la redécouverte de l’autosuffisance, au recours aux produits de fabrication maison et au retour à des relations plus personnelles dans les affaires ». Il admet cependant être déçu que, sur le plan quantitatif, la progression de la population d'Orania ait été plus faible que ses prévisions[18]. Pour son fils, Carel Boshoff II, député du Front de la liberté au parlement provincial, les habitants d'Orania « ne cherchent pas à s'isoler mais à être reconnus ».

Langue afrikaans

L'afrikaans est la langue maternelle des Afrikaners et des Coloured. C'est la principale des langues officielles des provinces du Cap-Occidental et du Cap-Nord. Elle est la seule langue officielle de la ville. L'anglais est enseignée à l'école comme une langue étrangère mais le niveau est médiocre[14].

C'est dans le contexte du débat animé sur la défense de la culture afrikaans et de la recomposition de l'identité afrikaner, qu'en février 2007, Orania accueillit un concert du chanteur Bok van Blerk, auteur du tube afrikaans De la Rey, consacré au général boer Koos de la Rey.

Caractéristiques politiques

La majorité des habitants d'Orania soutiennent le front de la liberté comme l'atteste les résultats des élections municipales, provinciales et générales. Depuis juin 2006, l'Alliance démocratique (AD), le principal parti d'opposition en Afrique du Sud, est représentée à Orania où elle peut compter sur au moins 37 sympathisants. L'AD est opposée au principe d'État ethnique et au principe du Volkstaat. Son implantation est interprétée comme un mécontentement de certains résidents d'Orania vis-à-vis de la direction managériale de la ville[4].

Lors des élections générales du 22 avril 2009, sur 279 votes exprimés, le FF+ obtint 87,2 % des suffrages (242 voix) contre 1,08 % (soit 3 voix chacun) à l'ANC, à l'Alliance démocratique, au Congrès du Peuple et au parti chrétien démocrate africain[19]

Économie et agriculture

Pour Carel Boshoff, le développement tant politique qu'économique d’Orania ne repose que sur deux principes celui de l’autodétermination et la question du travail « il faut être autosuffisant et ne pas dépendre de travailleurs extérieurs. Dès que vous acceptez des travailleurs extérieurs, il faut leur donner des droits politiques et un endroit où vivre. Et là, c’est un scénario qui ressemble à un retour à l’ancienne Afrique du Sud. Pour obtenir l’autodétermination, vous devez être prêt à travailler (...). Ce que nous avons construit, notre langue, nos traditions, notre identité, tout cela doit être préservé. Sinon, tout disparaîtra. Nous sommes inquiets. Comme d’autres s’inquiètent de la disparition du rhinocéros blanc ou du léopard » [18].

Le modèle économique d'Orania s'inspire des colonies juives de Cisjordanie. Le conseil d’administration de la ville maintient ainsi des contacts étroits avec Israël, "exemple de construction d’une nation" et des jeunes agriculteurs partent régulièrement en stage pour travailler dans les kibboutzim et étudier les nouvelles techniques de plantation[3].

Orania est ainsi réputée pour ses techniques modernes d’agriculture au milieu d'un désert aride. Le dernier projet en date est la culture massive de la noix de pécan.

En 2004, Orania s'est dotée d'une unité monétaire dénommée ora utilisable exclusivement sur son territoire et dont les billets sont ornés de figures ou d'évènements historiques pittoresques, comme celle de Racheltjie de Beer (1831-1843), une jeune fille boer de 12 ans qui sacrifia sa vie pour sauver celle de son frère, ou la représentation d'une jeune fille en costume voortrekker lisant une bible[6].

La ville s'est aussi ouverte au tourisme avec l'ouverture en 2008 d'un spa 4 étoiles et d'un hotel de charme[6].

Écoles

La ville comprend deux écoles privées : Die Volkskool Orania ("l'école populaire d'Orania) et Chrislike Volkseie Onderwys Skool (école chrétienne du peuple d'Orania).

La méthode d'enseignement y diffère des écoles publiques sud-africaines car elle n'est pas laïque et est similaire à celles des écoles privées confessionnelles du pays. Elles disposent toutes deux de moyens modernes comme des ordinateurs individualisés mais dans les deux écoles, l'histoire de l'Afrique du Sud souligne celle des Boers et les valeurs chrétiennes. La Chrislike Volkseie Onderwys Skool est notamment imprégnée d'un enseignement théologique basé sur les doctrines calvinistes et rejette en particulier la théorie de l'évolution[4].

Symboles

Drapeau

Drapeau d'Orania

Orania possède aussi un drapeau, le Vryheidsvlag, dont la couleur dominante est orange, couleur traditionnelle des Néerlandais aux XVIIe et XVIIIe siècles et symbole du nom de la commune en afrikaans. Ce drapeau adopté en 1994 a été remplacée en 2004 par un drapeau reprenant les couleurs orange, blanc et bleu disposées verticalement sur lequel se superpose la représentation en pied d'un petit garçon relevant ses manches censé illustrer la liberté par le travail[20].

Jours fériés

Orania a ses propres jours fériés.

Quand ils ne sont pas tirés du calendrier chrétien, ils sont liés à l'histoire des Boers-Afrikaners comme le 6 avril (en référence à l'arrivée de Jan van Riebeeck au Cap), considéré par certains comme la date de naissance des Afrikaners ou les dates relatives aux guerres anglo-boers comme le 27 février (Majuba Day) et le 31 mai (traité de Vereeniging).

D'autres dates célèbrent l'afrikaans comme le 14 août pour la fondation de "l'association des vrais Afrikaners" par les frères Du Toit, le 10 octobre pour commémorer l'ancien président du Transvaal, Paul Kruger, ou encore le 16 décembre, le jour du voeu précédant la bataille de Blood River.

Le 6 avril et le 10 octobre étaient d'ailleurs des jours fériés dans l'ancien calendrier sud-africain alors que le 16 décembre a été rebaptisé jour de la réconciliation en 1995[4].

Monuments

Orania présente le seul monument du pays dédié à un dessert local, la « koeksister ».

La maison de Betsie Verwoerd a été transformée en musée consacrée à la famille Verwoerd[21].

Une statue en bronze d'Hendrik Verwoerd domine la ville du haut d'une petite colline au côté des statues de plusieurs icônes de l'historiographie afrikaner comme Paul Kruger, James Barry Hertzog ou Daniel Malan. On y trouve aussi la statue de l'emblême de la ville représentant un garçon relevant ses manches[7].

Viabilité d'Orania

Selon l'étude universitaire du professeur sud-africain d'anthropologie, Frik C. de Beer[4], le concept d'autodétermination a un soutien très notable dans la population afrikaner. Il manifeste une résistance culturelle active d'une minorité ethnique inquiète pour son avenir, reflétée par l'émergence de mouvements nativistes ou culturels. Cependant, Orania n’apparaît pas à cette population afrikaner comme une solution alternative à l'actuelle Afrique du Sud d'autant plus qu'elle continue de pâtir d'une mauvaise image entretenue notamment par des médias qui la ramène sans cesse au passé du pays et non à son avenir. Pour de Beer, l'auto-détermination des Afrikaners ne se fera donc pas dans l'immédiat dans cette localité du Cap-du-Nord, qui, en une quinzaine d'années, n'a pas réussi à atteindre ses objectifs en terme démographique.

Références

  1. « All white, and a bit green, in the far country », Times Live (Johannesburg), 25 avril 2010.
  2. a et b « Orania : le rêve d’un Etat afrikaner où “les Noirs n’ont pas à venir” », L'Humanité, 30 janvier 1998.
  3. a, b, c, d et e « Les Afrikaners se cherchent un nouveau destin », Courrier international n°669 (2003), traduction de l'article original (en) Article du Guardian du 6 mai 2003 signé Christopher Hope et intitulé « Great white hope »
  4. a, b, c, d, e, f, g, h et i Exploration ethno-historique à Orania
  5. The Boundaries of Afrikaner Self-Determination (1997), article de Richard A. Griggs, maitre de conférence à l'Université du Cap, paru sur le site du Center for World Indigenous Studies
  6. a, b et c All white, and a bit green, in the far country, Times, 25 avril 2010
  7. a et b Future of Orania may be obscured by Karoo dust, article de Sally Kernohan du 31 décembre 2007
  8. Article du quotidien progressiste sud-africain Mail&Guardian du 1er novembre 2005 intitulé Orania, white and blue
  9. Article de IOL du 4 juillet 2007 sur la reprise des négociations entre la ville et les autorités provinciales et locales
  10. Malema campaigns in Orania, IOL, 30 mars 2009
  11. Zuma to visit Orania, 14 septembre 2010
  12. Zuma arrives in Orania, News24.com, 14 septembre 2010
  13. Karabo Gill , Zuma to visit Orania, Jacaranda fm, 13 septembre 2010
  14. a, b, c, d, e et f Apartheid's last stand, article de The Independant du 10 décembre 2003
  15. Quotidien progressiste sud-africain
  16. Les références à un nouveau Grand Trek des Afrikaners ("Boers on the trek again") sont courantes
  17. Philippe Gervais-Lambony, La nouvelle Afrique du Sud, Problèmes politiques et sociaux no 810, dossiers d'actualité mondiale, La Documentation française, 16 octobre 1998, p. 9
  18. a et b « Plus blanc que lui, tu meurs » - Article de Courrier international - supplément au n° 717 718 719 du 29 juillet 2004
  19. FF+ sweeps Orania, slim pickings for other parties, Mail and Guardian, 23 avril 2009
  20. Signification du drapeau d'Orania
  21. Ce musée est la propriété d'Anna Boshoff, fille d'Hendrik et Betsie Verwoerd et épouse de Carel Boshoff. Une petite partie non négligeable de la population d'Orania est liée à cette famille

Annexes

Liens internes

Bibliographie

  • (fr) Frédéric Fritscher, « Des Afrikaners en quête d'une Terre promise : Orania la blanche », Le Monde, 23 avril 1991
  • (fr) Fabienne Pompey, « À Orania, enclave blanche en Afrique du Sud », Le Monde, 5 novembre 2002
  • (fr) « Orania ou la nostalgie de l'apartheid », Le Monde, 17 mai 2004

Filmographie

  • (fr) Orania, citadelle blanche en Afrique du Sud, film documentaire de Rémi Rozié, Beta Production, 2009, 52'

Liens externes

Documents multimédias


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