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Journalisme en France
Le journalisme en France trouverait son origine dans La Gazette de Théophraste Renaudot, créée en 1631 sous Louis XIII. La liberté de la presse s'impose progressivement contre la censure royale, avant d'être proclamée dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, et institutionnalisées par la loi du 29 juillet 1881, sous la Troisième République, qui fournit encore aujourd'hui le cadre juridique de son exercice.
Sommaire
Déontologie
Article détaillé : Déontologie du journalisme.Les journalistes sont en principe tenus à des règles déontologiques dont l'interprétation est sujette à polémique. Une Charte des devoirs des journalistes a été rédigée en juillet 1918, et révisée en 1938. Celle-ci est néanmoins contestée. Ainsi, un débat récent a eu lieu concernant l'émission Les Infiltrés, diffusée depuis octobre 2008 sur France 2, certains journalistes (dont Jean-Michel Aphatie, de RTL) la qualifiant de vol d'images. Ainsi, on oppose implicitement à celle-ci un article de cette Charte, qui stipule qu'« un journaliste digne de ce nom [...] s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque ». Pourtant, le journalisme d'investigation doit régulièrement recourir à de telles méthodes, et prendre cet article au pied de la lettre serait signer la fin de ce type d'enquêtes [1].
La création de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, en mai 1936, qui donne pour la première fois un statut professionnel aux journalistes, pouvait laisser croire que la profession se dotait d'un organisme comparable à l'ordre des avocats et habilité à juger du respect des règles déontologiques. Le rapporteur de la loi promulguée le 29 mars 1935, le député de l’Aube Émile Brachard, un radical, affirmait alors que « l'établissement de la carte d'identité aidera puissamment à l'organisation méthodique d'une profession longtemps demeurée dans l'anarchie »[2].
La loi ne prévoyant pas ce rôle à la commission, le texte de 1918 est resté d'actualité jusqu'en janvier 1938, date à laquelle il a été révisé et complété. Une version modernisée, intitulée « Déclaration des devoirs et des droits des journalistes », a été adoptée en 1971 par les fédérations de journalistes de la Communauté européenne, de Suisse et d’Autriche, et de plusieurs organisations internationales de journalistes. C'est ce texte qui sert de référence aux journalistes français, et que les syndicats de journalistes proposent de faire figurer en préambule de la convention collective des journalistes.
Les attaques sexistes de certains journalistes, en particulier, en 1991, contre le Premier ministre Edith Cresson, dépeinte par le Bébête Show comme la panthère Amabotte, soulève l'indignation des milieux féministes [3],[4],[5],[6].
Il existe aussi des codes informels ou des chartes déontologiques propres à certains organes de presse ou groupes audiovisuels (comme notamment en France avec le journal Le Monde et France Télévisions), qui reprennent et complètent la charte adoptée par les syndicats et les représentants des journalistes.
Censure
Article détaillé : Censure en France.La liberté de la presse et la déontologie de la presse sont indissociables d'un autre enjeu, celui de la censure, ainsi que du secret des sources, plusieurs fois mis à mal[réf. nécessaire] dans des affaires récentes[Quand ?], souvent au titre de la violation présumée du secret de l'instruction (affaire Guillaume Dasquié [7][8][9]; perquisition au Canard enchaîné à l'été 2007 dans le cadre de l'affaire Clearstream [10], audition en 2005 de journalistes du Berry républicain [11], perquisition au Point et à L'Equipe en 2004-05 suite à la publication d'articles sur l'affaire de dopage Cofidis [12][13], etc.).
Économie des médias
Le paysage médiatique français se caractérise par l'importance de la presse quotidienne régionale (PQR), des journaux comme Ouest France tirant à près de 800 000 exemplaires [14]; la surreprésentation des magazines relativement aux quotidiens nationaux; enfin, la faiblesse relative de l'indépendance des journalistes à l'égard des pouvoirs politiques et économiques, en comparaison avec d'autres pays, dont notamment les Etats-Unis. Cette faible indépendance est partiellement compensée par la présence d'organes satiriques, dont le Canard enchaîné, qui bénéficient d'une protection particulière de la liberté de la presse en vertu de la jurisprudence concernant la diffamation.
Les principaux quotidiens nationaux sont, à droite, Le Figaro, au centre, Le Monde, et à gauche Libération, fondé en 1973 sous l'égide de Jean-Paul Sartre. Outre ces trois grands organes, L'Humanité et La Croix ont aussi une diffusion conséquente.
Les hebdomadaires incluent notamment L'Express, Le Nouvel Observateur et Politis, ainsi que des journaux satiriques tels que Charlie hebdo et le Canard enchaîné.
Enfin, les mensuels d'information incluent notamment Le Monde diplomatique, fondé en 1954 par Hubert Beuve-Méry, qui fut aussi le fondateur du quotidien du soir Le Monde.
Récemment, Internet a aussi été investi, par Rue 89, fondé par des anciens de Libé (Pierre Haski, etc.), Bakchich, créé par des anciens du Canard (Nicolas Beau, etc.), Mediapart (Edwy Plenel, etc.) et d'autres.
Les deux pôles médiatiques principaux sont Lagardère Media, qui fait partie du Groupe Lagardère qui détient par ailleurs l'entreprise d'armement EADS, et la Socpresse, détenue par l'industriel spécialisé dans la vente d'armes Serge Dassault.
A travers Hachette Filipacchi Médias, Lagardère détient 49% des Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP), qui distribuent la grande majorité des titres de presse en France, ainsi que nombre de magazines (Elle, Paris Match, etc.) et de quotidiens (Paris-Normandie, etc.).
La Socpresse, quant à elle, est l'héritière du Groupe Hersant fondé par le magnat de la presse Robert Hersant (1920-1996), qui avait racheté dans les années 1970 Le Figaro, le quotidien national conservateur, et s'associa avec un autre magnat, Silvio Berlusconi, en 1987, pour créer La Cinq, première chaîne de télévision privée. En 1985, le Groupe Hersant se divise en effet en deux entités juridiques afin de contourner une loi sur la concentration de la presse (loi Fillioud-Mauroy), la Socpresse et France Antilles (aujourd'hui Groupe Hersant Média).
Outre Le Figaro, la Socpresse détient une quinzaine de titres régionaux (Le Midi Libre, Le Bien Public, Les Dépêches, près de deux-tiers de La Voix du Nord, etc.). Le Groupe Hersant Média, quant à lui, détient aussi des parts dans le paysage médiatique régional, avec notamment La Provence ou Nice Matin.
Enfin, le Groupe Ouest-France s'est étendu dans la PQR et détient 50% de l'édition française du quotidien gratuit 20 minutes.
Cartes de journalistes distribuées en 2006 Titulaires Hommes Femmes Total Journalistes mensualisés 15 342 10 328 25 670 Journalistes rémunérés à la pige 2 818 2 760 5 578 Demandeurs d’emploi 790 713 1 503 Directeurs (anciens journalistes) 429 77 506 Journalistes stagiaires mensualisés 1 141 1 264 2 405 Journalistes stagiaires rémunérés à la pige 585 762 1 347 Total général 21 105 15 904 37 0091 1. dont 2162 premières demandes
(source : Commission de la Carte d'Identité des Journalistes Professionnels - 2 janvier 2007)
Fiscalité
Pour des raisons historiques, les journalistes français qui détiennent une carte de presse bénéficient d'une fiscalité particulière. En 1934, le gouvernement leur concède un abattement forfaitaire de 30 % destiné à compenser leurs dépenses professionnelles que les entreprises de presse ne remboursaient pas[15]. Cette mesure a été renouvelée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour des raisons économiques, l'État aidant de cette manière les entreprises de presse dont la santé financière ne permettait pas de rémunérer suffisamment les journalistes. Dans les années 1970, l'abattement est alors plafonné à 50 000 francs (7 600 €).
Depuis 1998, l'abattement de 30 % a diminué régulièrement pour disparaître définitivement en 2001. En contrepartie, le gouvernement Jospin a accordé une « allocation pour frais d'emploi » aux journalistes, qui leur permettait, en 2006, de diminuer de 7 650 euros le montant de leurs revenus imposés[16]. Cette réduction constitue une niche fiscale.
Les formations en journalisme
En France, aucun diplôme précis n'est indispensable pour devenir journaliste. La Convention collective nationale de travail des journalistes souhaite néanmoins « que les débutants aient reçu un enseignement général et technique aussi complet que possible »[17].
Ainsi, douze formations sont reconnues en 2009 par la profession, via la Commission paritaire nationale de l'emploi des journalistes (CPNEJ), composée de représentants des syndicats d'éditeurs et des syndicats de journalistes[17] :
- Centre de formation des journalistes
- Centre universitaire d’enseignement du journalisme
- École des hautes études en sciences de l'information et de la communication
- École de journalisme et de communication de Marseille
- École de journalisme de Toulouse
- École supérieure de journalisme de Lille
- Institut de la Communication et des Médias
- Institut Français de Presse
- Institut pratique de journalisme
- Institut de journalisme Bordeaux-Aquitaine
- Institut universitaire de technologie de Lannion, département « Information Communication »
- Institut universitaire de technologie journalisme de Tours, département « Information Communication »
Un professionnel diplômé de l'une de ces formations accède au statut de journaliste titulaire deux fois plus rapidement[17].
Références
- ↑ André Rouillan, Les infiltrés: journalisme déboussolé, Paris Art n°260, 18 décembre 2008
- ↑ Rapport Brachard N° 4516 remis à la Chambre des députés - 1935 [pdf]
- ↑ Rone Tempest, Culture - Edith Cresson's Answer to TV Spoof: Hush Puppet! - * France's brutally frank premier says her caricature on one of the nation's most popular shows is sexist, unfair., Los Angeles Times, 23 juillet 1991
- ↑ Annie Collovald, « Le Bébête Show, idéologie journalistique et illusion critique », Politix, 1992, vol. 5, n° 19, pp. 67-86. doi : 10.3406/polix.1992.1529
- ↑ Philippe Goulliaud, Bébête show - Guignols : le duel des marionnettes cathodiques, Le Figaro, 10 août 2009
- ↑ Annick Cojean, La rage des "chiennes de garde", Le Monde, 12 février 2000, republié sur le site des Chiennes de garde
- ↑ Augustin Scalbert et David Servenay, Dasquié en garde à vue: tes sources ou la taule!, Rue 89, 7 décembre 2007
- ↑ Augustin Scalbert, Eric Fottorino, le patron du Monde, entendu par la DST, Rue 89, 11 juin 2008
- ↑ Reporters sans frontières dénonce le placement en garde à vue du journaliste Guillaume Dasquié par le contre-espionnage, 6 décembre 2007, site de RSF
- ↑ Augustin Scalbert, Auto Plus perquisitionné pour avoir "espionné" Renault, Rue 89, 15 juillet 2008
- ↑ RSF, Nouvelle atteinte au secret des sources lors de la Journée internationale de la liberté de la presse , 4 mai 2005
- ↑ RSF, Le secret des sources encore mis à mal, 15 décembre 2004
- ↑ RSF, Perquisitions au Point et à L’Equipe : une nouvelle violation du droit à la protection du secret des sources, 13 janvier 2005
- ↑ Tirage et diffusion quotidienne d'Ouest-France d'après l'OJD
- ↑ Historique de la fiscalité des journalistes sur le site du SNJ
- ↑ Lexique pour remplir la déclarations des revenus 2006, Syndicat national des journalistes
- ↑ a , b et c (fr) « Les formations reconnues » sur le site officiel du Syndicat national des journalistes, consulté le 22 juin 2009
Voir aussi
- Carte de presse en France
- Histoire de la presse
- Histoire de la télévision française
- Journalisme
- Loi de la presse sous le Second Empire et la IIIe République
- Presse quotidienne nationale française
- Indépendance des rédactions
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