Monika Tchemerzine

Monika Tchemerzine

Ludmila Tcherina

Ludmila Tcherina
Surnom Tcherzina
Ludmila Tchérina
Monique Audran[1],[2]
Naissance 10 octobre 1924
Drapeau de la France Paris, France
Nationalité(s) France France
Décès 21 mars 2004
Paris, France
Profession(s) Ballerine (étoile, actrice, peintre, sculpteur et écrivain
Film(s) notable(s) Les Chaussons rouges (1948)
Les Contes d'Hoffmann (1951)[3]
Conjoint(e) Edmond Audran (1946)
Raymond Roi (1953)

Ludmila Tcherina (née Monika Tchemerzine à Paris, 1924-2004) est une danseuse, tragédienne, écrivain, peintre et sculpteur qui a mené sa quête artistique sur tous les fronts artistiques.

« Toute œuvre est un mouvement lancé
à la recherche des proportions de l’éternité »
(Ludmila Tcherina)

Sommaire

Biographie

Monika Tchemerzine naît à Paris le 10 octobre 1924. Son père, Avenir Tchemerzine, est un prince russe qui a fui Saint-Pétersbourg et s'est exilé à Paris. Il est mathématicien et inventeur de la fusée éclairante[4]. Sa mère, Stéphanie de Chaneac, Française, est ancienne élève de l'École des Chartes. Avec son mari, elle travaille à une bibliographie des éditions originales de la poésie française du Moyen Âge au XIXe siècle, reconnue comme un ouvrage de référence sous le nom de « Le Tchemerzine »[4].

Monika commence à danser dès l'âge de trois ans[5]. Elle prend des cours de danse russe auprès d'Olga Preobrajenska, puis ses parents lui font prendre des cours de danse italienne auprès de Madame d'Alessandri et, enfin, Tverskoi l'initie au mime dansé des émotions intérieures[4]. Elle aura encore pour professeur Georges Ricaux qui est aussi le maître à danser de Jean Babilée et de Roland Petit. Elle complète sa formation en intégrant l'École de danse de l'Opéra de Paris.

Forgée à la dure école des entrechats et des fouettés dès son plus jeune âge[6], la jeune Monika se produit sur scène dès l'âge de six ans dans le rôle d'un lutin du Songe d'une nuit d'été de Félix Mendelssohn. Concernant sa vocation pour la danse, Tcherina se rappelle : « À l'âge de cinq ans, je me souviens avoir tendu la main à quelqu'un... Comme cette personne ne réagissait pas, j'ai esquissé un geste d'offrande. Cela allait bien au-delà du simple mouvement : ce jour-là, j'ai eu la révélation de ce que pouvait être le geste : une libération des sentiments. Ensuite, chaque fois que je voulais exprimer quelque chose, je le faisais en dansant... »[4].

Monika a 13 ans quand elle danse Les Sylphides. À l'âge de 15 ans, elle devient danseuse étoile des Ballets de Monte-Carlo sous le pseudonyme de Tcherzina[4]...

Dotée d'une sensibilité extrême, elle sera, sa vie durant, appréciée pour sa générosité et son ouverture d'esprit.

En 1946, Tcherina épouse Edmond Audran, danseur comme elle. Il devient son chorégraphe et partenaire. Son mari décède brutalement en juillet 1951, à l'âge de 33 ans, dans un accident de car, survenu peu après la fin du tournage de The Tales of Hoffman (Les Contes d'Hoffmann) dans lesquels il est son partenaire. Le choc laisse Tcherina désemparée. Elle ne souhaite plus danser et se réfugie dans le cinéma. C'est alors qu'elle connaît une gloire cinématographique mondiale avec The Tales of Hoffmann (Les Contes d'Hoffmann) de Powell et Pressburger. Elle tournera en tout dix-huit films en deux ans. Elle délaisse peu à peu ce dernier pour se consacrer à la peinture (elle expose dès les années soixante) et à la sculpture.

Le 28 mai 1953, elle se marie avec Raymond Roi, qui l'encourage à remettre ses chaussons de danse. Ensemble, il fonderont une troupe de ballet d'avant-garde dans laquelle la ballerine réalise son rêve de « théâtre total ». Ils resteront mari et femme jusqu'au décès de Ludmila Tcherina.

Au terme d'une « longue et douloureuse maladie », Ludmilla Tcherina s'éteint le 21 mars 2004 à Paris. Elle laisse d'elle-même l'image d'« une très grande artiste qui fit preuve d'une grande vitalité créatrice dans tous les arts qu'elle exerça avec talent » (in discours funèbre du ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon[6]).

Résumant son personnage, un critique, confondu par l'insolente aisance avec laquelle l'enfant de cinq ans s'élance dans l'allée centrale de Notre-Dame-de-Paris pour danser devant l'autel, déclare : « Elle a une grâce d'ange et une malice de démon ».

Carrière

L'étoile de la danse

En 1939, à l'âge de quinze ans, sous son premier pseudonyme de Tcherniza, elle est danseuse étoile et chorégraphe des Ballets de Monte-Carlo dirigés par Serge Lifar[7] et entre dans l'histoire de la danse comme « la plus jeune étoile de l'histoire de la danse » (in communiqué du ministre de la culture Jean Jacques Aillagon[6]).

Après la guerre, elle devient une artiste indépendante. Elle est étoile des Ballets de Paris de Roland Petit (1947) et du Metropolitan Opera à New York (1950).

Au cours de sa carrière elle interprète les plus grands rôles du répertoire classique sur les plus grandes scènes lyriques du monde - l'Opéra de Paris, la Scala à Milan (Giselle, 1954, orchestre sous la direction d'Arturo Toscanini), ou le Metropolitan Opera de New York. Elle est la première danseuse occidentale à se produire au Théâtre Bolchoï (Giselle, 1959) et au Théâtre Mariinski (Kirov) de Saint-Pétersbourg.

Elle personnifie la Lumière du ballet Excelsior au Théâtre communal de Florence pour le Mai florentin de 1967.

Elle est l'interprète des principaux ballets russes de Diaghilev, notamment des personnages de Pavlova (Le Spectre de la rose) et Karsavina (Shéhérazade).

Au théâtre elle crée de nombreux ballets contemporains pour Serge Lifar, George Balanchine, Roland Petit, Maurice Béjart, mais danse aussi au sein de la compagnie qu'elle a créée.

En 1948, elle joue dans l'opérette La Chevalier Bayard aux côtés de deux artistes débutants : Yves Montand et Henri Salvador.

Parmi ses grands rôles :

Le peintre et le sculpteur

Peintre et sculpteur depuis sa jeunesse, elle expose dès les années 1960 dans toutes les grandes capitales.

À Paris, son exposition à l’hôtel de Sully, parrainée par André Malraux, et l’exposition autour de son Dynamogramme où elle allie peinture et danse au Centre Georges Pompidou, ont fait découvrir sa théorie de l’art total dont tous les aspects naissent du souffle et du mouvement[4].

  • En 1973, elle exécute un fusain préparatoire à un bronze, L'Envol, puis Élan déployé au sujet duquel elle dit : « Je ne peux créer qu'à travers des mouvements représentant la Vie, la Mort, l'Amour, les trois thèmes dominants de la danse »[4] ;
  • En 1978, Fusain et Salomé (huile sur toile), Cri Bleu et Dionysie, deux autres huiles sur toiles, et L'Âme et la danse (huile)

ainsi que de nombreux dessins et gouaches[4].

En 1991, Ludmila Tcherina conçoit et réalise Europe à cœur, une sculpture monumentale de 12 mètres de haut , officiellement choisie par la Communauté européenne pour symboliser l’Europe unie (placée sous le parrainage de la Fondation de l'Europe des Sciences et des Cultures). Elle est dévoilée au Musée d'art moderne de la Ville de Paris en mars 1992. Une version en résine blanche se trouve devant le pavillon européen de l’Exposition universelle de Séville. La version en bronze est installée devant le Parlement européen de Strasbourg au printemps 1994. Cette sculpture a été déplacée sur le parvis du nouveau Parlement, place Louise-Weiss, elle a été officiellement dévoilée le 13 décembre 2000 par Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen. En 1997 une médaille commémorative utilisant le visuel de la sculpture Europe à cœur a été éditée par la Fondation de l'Europe des sciences et des cultures.

En 1994, elle conçoit et réalise Europa operanda, avec le parrainage de la Fondation de l'Europe des sciences et des cultures, une sculpture monumentale en bronze pour le terminal français d'Eurotunnel à Calais. Cette sculpture a été présentée officiellement, à Calais-Coquelle, à la reine d'Angleterre et au président de la République française, le 6 mai 1994 lors de l'inauguration du Tunnel sous la Manche. Le prototype en résine est exposé à la partie haute de la Gare de Paris-Nord depuis juin 1995. Europa operanda symbolise l’esprit de création et la construction de l'Europe.

Les dernières recherches plastiques de Ludmila Tcherina s'attachent à prolonger cette conception d'un art total qui constitue son destin artistique depuis ses débuts : « une vision synthétique du mouvement, du geste créateur traduit dans l'espace de la même manière que par la chair du danseur, le trait sur la toile, le volume du bronze ou une certaine vision de l'avenir »[4].

L'écrivain

Ludmila Tcherina a publié deux romans sous son nom de scène aux éditions Albin Michel : L'Amour au miroir (1983), évoquant le monde de la danse, qui fut un best-seller, et La Femme à l'envers (1986), sorte d’opéra barbare.

Filmographie

Tcherina aura tourné dix-huit films pour les studios ou la télévision[8].

Interprétations et participations

Récompenses et distinctions honorifiques

  • 1950 : Prix de la meilleure interprétation féminine - Festival du Cinéma de Vichy, France, pour : La nuit s'achève
  • 1950 : Meilleure interprétation - Festival des Films de Danse, pour le ballet: À la mémoire d'un héros (Bonaparte)
  • 1950 : Grand prix de la Danse, en Amérique du Sud pour : Mephisto-Valse
  • 1950 : Grand prix d'interprétation féminine, États-unis pour : Les Contes d'Hoffmann
  • 1956 : Médaille d'Argent de la Ville de Paris
  • 1957 : Chevalier de l'Ordre de la Courtoisie Française
  • 1959 : Médaille d'Argent du Souvenir
  • 1959 : Oscar de la Popularité pour la Danse, en Italie
  • 1962 : Cinq Étoiles de la critique (la plus haute récompense décernée par la presse pour le meilleur film étranger de l'année, États-unis) pour : Les Amants de Teruel
  • 1962 : Promue Chevalier des Arts et Lettres par Monsieur André Malraux, ministre des Affaires culturelles
  • 1970 : Promue Chevalier de la Légion d'Honneur, par Monsieur Edmond Michelet, ministre des Affaires culturelles
  • 1970 : Médaille de Vermeil de la Société d'Encouragement au progrès
  • 1971 : Médaille d'Or du prix Leonardo da Vinci
  • 1973 : Prix d'honneur du GEMAIL, Ame de la Lumière
  • 1975 : Grand prix de la meilleure performance d'une comédienne pour son interprétation TV (Festival de Monte-Carlo, France) pour La reine de Saba
  • 1978 : Grande médaille de Vermeil de la Ville de Paris, remise par Monsieur Jacques Chirac, maire de Paris
  • 1979 : Chevalier des Palmes Académiques par Monsieur Christian Beullac, ministre de l'Éducation nationale
  • 1980 : Officier de la Légion d'honneur par Monsieur Jean-Philippe Lecat, ministre de la Culture.

Bibliographie

  • Roger Garaudy, Ludmila Tcherina, érotisme et mystique, Robert Laffont et Azoulay, 1975 (ISBN 2221023757).
  • Maurice Béjart, Ludmila Tcherina, tragédienne de la danse. Commentaires d'Irène Lidova, Paris, Vilo, 1967.
  • Fondation de l'Europe des sciences et des cultures, Europa operanda, sculpture monumentale de Ludmila Tchérina, Compagnie européenne d'éd. et de publications périodiques, 1er janvier 1995 (ISBN 2904862307).
  • Nicole Hirsch, Ludmila Tchérina, P. Del Duca, 1958.
  • « Ludmilla Tcherina », Musica, n° 36 (mars 1957), n° 74 (mai 1957) et n° 102 (septembre 1962).
  • Ludmila Tcherina, gouaches et dessins, exposition à la Galerie de Paris du 20 février au 10 mars 1962.

Notes

  1. Ludmila Tcherina, [1]. Consulté le 22-06-2008 (fr)
  2. Ludmila Tchérina, Associated Press. Consulté le 22-06-2008 (en français)
  3. Ludmilla Tcherina danseuse et artiste Française. Consulté le 22-06-2008
  4. a , b , c , d , e , f , g , h , i  et j Ludmila Tchérina. Consulté le 22-06-2008
  5. Ludmila Tchérina - Biography
  6. a , b , c  et d La danseuse étoile Ludmila Tchérina est morte, [The Powell & Pressburger Pages], éditorial du Monde (22-03-2004). Consulté le 22-06-2008
  7. Les Ballets de Monte-Carlo fêtent leur dixième anniversaire, Le Nouvel Observateur. Consulté le 22-06-2008
  8. Filmographie réalisée à partir de Filmographie de Ludmila Tcherina. Consulté le 22-06-2008

Liens externes

(fr+en) Ludmila Tcherina sur l’Internet Movie Database.


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