Mission Mars Exploration Rover

Mission Mars Exploration Rover

Mars Exploration Rover

Illustration artistique du robot

Mars Exploration Rover (MER) est une mission spatiale initiée par les États-Unis et confiée à la NASA sur la planète Mars.

Elle a pour but une exploration géologique de la planète Mars à la recherche dune présence ancienne et prolongée deau, qui aurait permis lapparition de traces de vie, grâce à deux sondes automatiques lancées depuis Cap Canaveral par une fusée Delta II :

Cet article utilise trois conventions de langage :

  • Le terme de rover, consacré par lusage, est employé à la place du mot astromobile.
  • Les agents de la NASA ont adopté par convention le genre féminin pour les rovers Spirit et Opportunity.
  • La durée des missions des rovers est exprimée en nombre de « sols », qui représentent le nombre de jours martiens écoulés depuis larrivée de chaque robot sur Mars. Un sol correspond à 24h 39min.

Sommaire

Équipements et structure

Structure de lengin spatial

Structure de lengin spatial MER : étage de navigation, bouclier de protection supérieur (coque arrière), rover et module datterrissage, bouclier de protection thermique.

Chacun des engins spatiaux jumeaux qui composent la mission MER comporte :

  • un étage de croisière de 2,25 m de diamètre, équipé de panneaux solaires de 4,4 m², de deux antennes de faible et moyen gain pour communiquer avec la Terre, de moteurs de correction de trajectoire à lhydrazine, de deux senseurs solaire et stellaire pour la navigation.
  • un bouclier de protection arrière avec des rétrofusées et un parachute.
  • un ensemble composé par le rover, le module datterrissage tétraédrique, et les airbags.
  • un bouclier de protection thermique.

Lensemble de lengin spatial est stabilisé grâce à une rotation de deux tours par minute.

Les composants de chacun des engins spatiaux ont la masse suivante[1] :

  • Rover - 185 kg,
  • Module datterrissage - 348 kg,
  • Bouclier de protection arrière et parachute - 209 kg,
  • Bouclier de protection thermique - 78 kg,
  • Étage de croisière (utilisé durant le trajet Terre-Mars) - 193 kg,
  • Carburant - 50 kg.

La masse totale est de 1 063 kg.

Structure des rovers

Vue globale dun rover MER sur Mars.

Jumeaux, les deux rovers ont une hauteur de 1,5 m, une largeur de 2,3 m, une longueur de 1,6 m et une masse de 185 kg. Chaque rover comporte :

  • une cellule centrale triangulaire, qui abrite lordinateur de bord et ses batteries, et les maintient à une température contrôlée (entre -40° et +40°),
  • 6 roues équipées chacune dun moteur individuel, et dun moteur de direction pour les 4 roues de devant et de derrière, ce qui permet au rover de faire des tours de 360° sur lui-même.
  • un système de mobilité pour circuler sur terrain rocheux, reliant les roues à la cellule centrale,
  • des panneaux solaires pouvant fournir jusquà 140 watts dénergie électrique, capables de se dresser à la verticale pour tenter de faire glisser la poussière martienne accumulée,
  • 2 batteries rechargeables,
Vue du bras robotisé porteur dinstruments dobservation scientifique dun rover sur Mars.
  • un bras robotisé (IDD) porteur de loutil dabrasion des roches (RAT), de 2 spectromètres (Mössbauer et APXR) et dune caméra microscope.
  • 3 antennes radios, à grand gain, à faible gain et UHF,
  • un ordinateur (voir ci-après),
  • un système de contrôle et de maintien de la température des organes internes : thermomètres, thermostats, radiateurs, système dévacuation de la chaleur, peinture dorée, isolant (aérogel). La température doit être suffisamment élevée et constante pour garantir le bon fonctionnement des circuits électriques et des batteries. Ces derniers ont donc été placés dans une boîte isolée (Warm Electronics Box ou WEB), qui est réchauffée par huit cellules chauffantes (Radio-isotope Heater Units ou RHU). La chaleur est produite dans chaque cellule par 2,7 grammes de dioxyde de plutonium.
  • un mât portant des instruments de navigation et scientifiques : une caméra panoramique, deux caméras de navigation, et un spectromètre thermique.
  • 6 caméras de navigation et 3 caméras scientifiques (voir ci-dessous).

Équipements de communication dun rover

Vue sur les antennes haut gain (high gain), faible gain (low gain) et UHF dun rover MER sur Mars

La mission Mars Pathfinder employait un petit robot, Sojourner, qui restait dépendant de son module datterrissage, car celui-ci était le support des équipements de communication avec la terre.

Dans la mission MER, au contraire, les rovers sont indépendants de latterrisseur qui est abandonné lorsque le robot se met en route. En effet, chaque rover est équipé avec 3 antennes pour communiquer avec la Terre :

  • une antenne grand gain (HGA), parabolique, portant à son verso un mémorial (voir ci-dessous), et qui permet de communiquer directement avec la Terre dans la bande X. Cette antenne est pilotable pour lorienter vers la Terre. Son débit est de 11 Kbit/s pendant 3 heures par jour au maximum.
  • une antenne faible gain omnidirectionnelle (LGA), pour communiquer directement avec la Terre, à un faible débit de 7 à 10 bits/s dans la bande X.
  • une antenne UHF omnidirectionnelle, pour communiquer avec les orbiteurs américains Mars Global Surveyor et Mars Odyssey, et avec lorbiteur européen Mars Express, sils sont à la verticale du robot. Son débit est de 128 Kbit/s, pendant une ou deux sessions de quelques minutes par jour.

Caméras de navigation et dobservation scientifique

Angles de vue des caméras : caméra panoramique (Pancam), caméra de navigation à grand angle (Navcam), caméra de détection dobstacle avant (Front Hazcam) et arrière (Rear Hazcam).

Les rovers comportent 9 caméras destinées dune part à la navigation et dautre part aux études scientifiques :

  • 2 paires de caméras monochromes, permettant dobtenir des images en relief, destinées à détecter les obstacles sur le parcours de lappareil :
    • une paire située à lavant du rover (Front Hazcam), qui sert également à observer le bras robotisé,
    • une paire à larrière du rover (Rear Hazcam).
Caméras panoramique et de navigation, et spectromètre Mini-TES des rovers de la mission MER sur Mars.
  • une paire de caméras panoramiques (PanCam)[2] de haute résolution, fixées au sommet du mat vertical porteur dinstruments. Chacun de ces instruments est équipé dun capteur CDD de 1024 pixels sur 1024 pixels. Ce dispositif permet de faire des images en relief, et de repérer les roches et les sols intéressants pour une analyse ultérieure par les autres appareils de mesure. La PanCam est équipée de :
    • 8 filtres montés sur une roue permettant des captures dimages à des longueurs donde de 0,4 à 1,1 micromètres.
    • 2 filtres solaires pour mesurer labsorption des rayons solaires par les poussières dans latmosphère de Mars.
    • des filtres permettant la vision infrarouge pour l'œil droit de la Pancam.
    • des filtres dans la lumière visible pour l'œil gauche de la caméra.
  • une paire de caméras grand angle (Navigation Camera ou NavCam)[3], de faible résolution, destinées à la navigation,
  • une caméra microscope (Microscopic Imager)[4], placée sur le bras robotisé, permettant dobtenir des gros plans dune résolution de 20 à 40 micromètres par pixel. Pour la mise au point, la distance entre le microscope et la surface photographiée est mesurée à laide dune petite tige métallique.

Spectromètres et autres instruments dobservation

Spectromètre APXS des rovers de la mission MER sur Mars.

Chaque robot transporte également 3 spectromètres :

  • un spectromètre infrarouge miniature démission thermique (Mini-TES)[5], pour étudier la composition minéralogiques des roches et des sols, en mesurant le rayonnement naturel infrarouge émis par ces objets. Cet appareil est fixé sur le mât de chaque rover, à côté de la caméra panoramique.
  • un spectromètre Alpha Particle Rayons X (APXS)[6], développé par lInstitut Max-Planck de chimie de Mayence en Allemagne, employé pour des analyses rapprochées de labondance des éléments constitutifs des roches et du sol. Les sources radioactives de Curium 244 de cet appareil bombardent de particules alpha et de rayons X le substrat à étudier. Ensuite, il analyse soit les rayons X émis par les éléments les plus lourds, soit les particules alpha réfléchies par les éléments les plus légers (carbone, oxygène, azote mais pas hydrogène et hélium). Cet instrument est fixé au bout du bras robotisé.[7]
  • un spectromètre Mössbauer MIMOS II[8], élaboré par le Dr Göstar Klingelhöfer de luniversité Johannes Gutenberg de Mayence, en Allemagne, employé pour lexamen rapproché de la minéralogie des roches et des sols. Cet appareil utilise un rayon gamma pour mesurer la présence de minéraux riches en fer et leur état doxydation. Il est placé au bout du bras robotisé.[9]
Vue en gros plan dune zone abrasée du rocher Mazatzal par loutil RAT du robot Spirit.
  • un outil dabrasion des roches (RAT)[10], qui permet denlever la poussière et la surface des roches à étudier sur un diamètre de 4,5 cm, et une profondeur de 5 mm, grâce à une meule constituée déclats de diamants fixés sur une résine solide. Cet instrument permet détudier les roches en évitant les biais liés à la poussière ou à une altération de surface. Il est disposé au bout du bras robotisé. Limage ci-contre montre une vue en gros plan prise par la caméra microscope du robot Spirit, dune zone abrasée par loutil RAT du rocher Mazatzal, le jour Sol 82 de la mission MER A sur Mars.
  • 7 aimants destinés à piéger les particules magnétiques[11], et à les étudier à laide de la caméra panoramique, de la caméra microscope, et des spectromètres Mössbauer et APXS. Le dispositif de capture magnétique est constitué dun cylindre central et de trois anneaux, ayant chacun une orientation magnétique alternée. Lensemble constitue un cylindre de 4,5 cm de diamètre. Les poussières saccumulent au fil du temps, au fil des captures des particules en suspension dans lair martien, qui est très riche en poussières. Comme les différents aimants ont des puissances différentes, les plus faibles ne capturent que les particules plus magnétiques, alors que les plus forts les capturent presque tous. En revanche, il ne sera pas possible de savoir quelle est lorigine précise dun ensemble donné de poussières.

Équipement informatique et système dexploitation

Léquipement informatique des deux rovers est le suivant[12] :

  • Microprocesseur : un RAD6000, qui est un processeur RISC 32 bits construit par la firme Lorad, en fait une adaptation durcie pour protéger le composant de l'effet néfaste des des radiations. Sa vitesse est de 20 millions dinstructions par seconde.
  • Mémoire : 128 Mo de DRAM, 256 Mo de mémoire flash et 3 Mo de EEPROM (mémoire non volatile).

Un voyage de sept mois

Lancement

Lancement du rover Spirit vers Mars le 10 juin 2003 par une fusée Delta II.

La fusée Delta II de la firme Boeing a été sélectionnée par la NASA pour effectuer le lancement des deux engins spatiaux MER en raison de sa fiabilité et de sa puissance, en rapport avec la masse à propulser. Cette famille de lanceurs a été mise en service plus de 10 ans avant ce lancement, et elle a à l'époque été employée pour plus de 90 missions avec une grande fiabilit.

Elle a déjà été utilisée pour lancer les 5 précédentes missions de la NASA vers Mars :

La mission Spirit a utilisé une fusée Delta II 7925 standard, qui a décollé le 10 juin 2003 à 17 h 58 min 47 s UTC. Par contre, la mission Opportunity, qui a été lancée plus tardivement le 7 juillet 2003 à 03 h 18 min 15 s UTC dans une configuration Terre-Mars moins favorable, a nécessité plus dénergie pour atteindre Mars. Elle a donc été lancée dans une version lourde de la fusée Delta II le modèle 7925 H, « H » signifie « Heavy » (lourde).

Le 1er lancement avec la fusée Delta II 7925 a eu lieu dans le complexe spatial 17A (SLC-17A) de la station Cap Canaveral de lAir Force Station en Floride. Le 2e lancement avec la fusée Delta II 7925H a été effectué depuis le même site depuis le pas de tir SLC-17B.

Au décollage, la fusée Delta II pèse au total 285 228 kg, dont seulement 1070 kg pour lengin spatial.

Fusée Delta II employée pour le lancement vers Mars des rovers Spirit et Opportunity. Le schéma montre les moteurs fusées à carburant solide, les étages I, II et III, la coiffe et la sonde spatiale MER (cercle, grossi 4 X).

Les principaux éléments constituant la fusée Delta II sont les suivants :

  • Des fusées dappoint à carburant solide sont employées pour augmenter la puissance de la fusée au dcollage : 9 au total, dont 6 déclenchées au décollage, et 3 fonctionnant une minute pendant le vol.
  • Le premier étage est alimenté avec du kérosène et de loxygène liquide. Il comporte un moteur Rocketdyne RS-27A, qui développe une poussée de 890 000 newtons.
  • Le deuxième étage utilise un moteur Aerojet AJ10-118K, qui brûle une combinaison dAérozine 50 (un carburant fait de 50 % dhydrazine et 50 % de diméthyl-hydrazine asymétrique) et de tétroxyde dazote (comburant à base de N2O4). Létage II sallume à deux reprises : dans la phase finale de la mise sur orbite terrestre, puis pour aligner le reste du lanceur et le vaisseau spatial vers Mars, avec la bonne vitesse et le bon angle de lancement.
  • Le troisième étage III est un propulseur à propergol solide, qui fonctionne pendant 90 s pour injecter lengin spatial sur sa trajectoire vers Mars.
  • La coiffe recouvre les étages II et III, ainsi que lengin spatial MER. Il les protège des forces aérodynamiques durant la traversée de latmosphère terrestre. La coiffe est larguée à une altitude de 130 km, à la fin de la combustion de létage II.
Lancement du rover Spirit vers Mars par un lanceur Delta II. Une fusée dappoint à carburant solide vient de se décrocher du 1er étage, à la suite de deux autres.

À la suite du décollage, les principales phases du vol sont les suivantes :

  • Insertion dans une orbite circulaire « parking » autour de la Terre.
  • Insertion de lengin spatial sur une trajectoire vers Mars.
  • Séparation de lengin spatial et du véhicule de lancement.
  • Repérage initial par le Deep Space Network (voir ci-dessous).
  • Vérification de létat de lengin spatial.
  • Exécution dun ensemble minimum de commandes de post-lancement.

Trajectoire et navigation spatiale

Antenne du réseau Deep Space Network à Goldstone en Californie, employée pour les communications avec les sondes spatiales de la NASA.

Les sondes effectuent un voyage denviron six mois et parcourent la distance relativement courte de cinquante-six millions de kilomètres, au rapprochement exceptionnel de Mars et de la Terre à la fin de lannée 2003.

Les planètes ne seront plus aussi proches avant lan 2287. Cependant Mars et la Terre se trouvent relativement proches lune de lautre, en moyenne tous les seize ans lorsque les deux planètes sont en opposition périhélique. Cest alors une période propice pour lenvoi de sondes vers Mars.

Le guidage des sondes a nécessité des mesures de très haute précision, prenant en compte un grand nombre de facteurs influençant la trajectoire. Par exemple :

  • labsence de prise en considération de la pression de la radiation solaire, qui amène les panneaux solaires à se conduire comme une voile solaire, aurait entraîné une dérive de 4 km en 10 jours.
  • une erreur de 5 cm sur la position des antennes réceptrices entraîne un biais de 500 m près de Mars.

La navigation spatiale a employé la technique du DDOR (Delta Differential One-way Range ou variation différentielle directe de la distance), prononcée Delta Door (porte delta). Celle-ci fait appel au Deep Space Network, qui est un réseau de trois grandes stations de suivi radio des sondes interplanétaires, situées à Goldstone dans le désert Mojave en Californie, près de Madrid en Espagne, et près de Canberra en Australie. Chaque station de suivi comporte au moins 4 antennes qui se caractérisent par leurs très grandes dimensions, de 34 m à 70 m de diamètre.

Deux de ces stations, distantes de 120° à la surface de la terre, ont été utilisées pour suivre simultanément :

  • chaque vaisseau lancé vers Mars,
  • un quasar situé dans une direction angulaire proche de chaque vaisseau.

La technique DDOR permet de déterminer très précisément la position du vaisseau par parallaxe daprès :

  • la position du quasar, qui est connue à quelques milliardièmes de degrés près,
  • la position des deux antennes réceptrices, en évaluant la vitesse de rotation de la Terre à 0,2 millisecondes près, ses variations, linfluence de la tectonique des plaques, et même en faisant appel à une modélisation du comportement du noyau de fer liquide de la Terre,
  • la distance angulaire entre le signal du quasar et celle du vaisseau.

Atterrissage sur Mars

Airbags des rovers Spirit et Opportunity.
Marques au sol des airbags dOpportunity faites lors de latterrissage sur Mars.

La phase de latterrissage sur Mars a duré 6 minutes, après 6 mois passés dans le vide de lespace.

Les principales étapes sont les suivantes :

  • Traversée de latmosphère martienne : la prise de contact sest faite à plus de 19 000 km/h. La traversée a provoqué une décélération de 7 g, correspondant à un ralentissement de plus de 4 000 km/h par minute. Le bouclier thermique a été porté à une température de 1 500 °C.
  • Déploiement du parachute au bout de 4 minutes, à une vitesse de 1 600 km/h et à 10 km au-dessus du sol martien.
  • Largage du bouclier thermique, 20 secondes plus tard.
  • Sortie de latterrisseur depuis le module de descente, 10 secondes plus tard, le long dun câble de 20 m, à 6 km daltitude. Ce dispositif permet de placer les airbags hors de portée des rétrofusées, et déviter que leur allumage ne les fasse éclater. De plus, ce système pendulaire réduit le risque dun embalement de latterrisseur dans le parachute causé par des turbulences de latmosphère martienne.
  • À 2 500 m du sol, évaluation de la vitesse de chute par le radar dapproche, pour déterminer la durée de fonctionnement des rétrofusées, ainsi que la vitesse horizontale et de la direction, pour déterminer les fusées à actionner.
  • Gonflement des airbags.
  • À 200 m du sol, allumage des rétrofusées pour amener la vitesse verticale à zéro.
  • À 12 m du sol, coupure du câble et chute de latterrisseur pendant 3 secondes.
  • Contact avec le sol martien provoquant une décélération de 3 g, avec un amortissement par les airbags, et rebond à 10 m de haut.
  • Rebonds pendant une minute, jusquà limmobilisation finale.

Mission sur Mars

Objectifs de durée et de distance, et difficultés rencontrées

Les objectifs fixés aux constructeurs des rovers étaient les suivants :

  • durée de fonctionnement de 90 jours à la surface de Mars.
  • distance à parcourir de 600 m.

Ces objectifs ont été atteints par le robot Spirit le 5 avril 2004, correspondant au jour Sol 91, depuis son atterrissage sur Mars. Malgré une immobilisation initiale de 2 semaines causée par un problème informatique, et un problème sur lune de ses roues ralentissant sa progression, le faible taux de problèmes techniques observés laisse espérer que le rover sera actif bien au-delà de sa durée prévue de 90 jours.

Le 3 janvier 2005, léquipe de la mission a pu fêter le 1er anniversaire de Spirit à la surface de Mars. À cette date, Spirit a cheminé sur plus de 3 000 m à lintérieur du cratère Gusev. Le robot, toujours en activité comme son frère jumeau Opportunity, a réussi à passer le cap de lhiver martien. Au total, les deux robots ont pris à cette date plus de 50 000 clichés de Mars.

Opportunity enlisé dans une dune à la surface de Mars, avec ses six roues enfouies à 80 %.

La principale difficulté pour passer la phase hivernale fut le maintien des ressources en électricité, malgré la baisse de lintensité des rayons du soleil, et la présence de poussières à la surface des capteurs solaires. Lénergie disponible pour Spirit est ainsi passée de 900 Watt-heure par jour à 400 Wh/j. Opportunity est descendu à 500 Wh/j, mais il est revenu à 900 Wh/j à une vitesse surprenante. Ce retour de la puissance électrique est lié à une situation géographique plus favorable pour lensoleillement, mais aussi à un dépoussiérage des panneaux solaires selon un mécanisme mal compris. Le nettoyage des panneaux solaires semble sêtre déroulé pendant la nuit martienne, en raison dune augmentation de 5 % de la puissance disponible à quatre reprises durant les 6 derniers mois. Les hypothèses pour expliquer ce dépoussiérage font appel au vent, au gel, et au fait que Opportunity est resté en position inclinée durant une longue période au cours de son exploration des parois du cratère Endurance.

Spirit a également été confronté à un dysfonctionnement de sa roue avant droite. À partir de juin 2004, celle-ci a présenté une résistance interne accrue, qui a provoqué une consommation dénergie de plus en plus importante de son moteur. Après voir tenté de redistribuer du lubrifiant vers cette roue, la stratégie adoptée a consisté à faire progresser Spirit en marche arrière, et à nutiliser le moteur de cette roue quen cas de besoin.

Fin octobre 2004, Spirit a rencontré par intermittence des problèmes dorientation des roues dans la direction voulue. Il semble que cette anomalie soit liée au vérin dorientation des roues.

En avril 2005, la NASA a constaté que les capteurs du spectromètre APXS ont été intervertis durant l'assemblage des deux robots, sans qu'il y eut interversion des données de calibrage de ces deux appareils. Les données obtenues par les spectromètres ont être corrigées pour être recalibrées. Selon la NASA, l'erreur causée par l'inversion serait inférieure aux incertitudes de mesure, et aucune conclusion scientifique n'est remise en cause.

Le 26 avril 2005, alors qu'il progressait en direction du cratère Érébus, Opportunity s'est retrouvé enlisé à 200 m de ce dernier, dans un monticule de sable, avec ses six roues enfouies à 80 % dans un matériau sombre très fin, ayant la consistance du talc et déposé par les vents. Le monticule ne faisait que 30 cm de haut, et il ne présentait pas de particularité par rapport aux autres ondulations parcourant la plaine. Les techniciens du Jet Propulsion Laboratory ont manœuvrer durant cinq semaines pour faire reculer Opportunity centimètre après centimètre. Le 4 juin 2005, la roue avant droite (dans le sens du déplacement), a fini par mordre l'assise se trouvant sous la couche de poussière. La progression a pu s'accélérer pour que les autres roues reprennent contact avec un terrain solide et stable, permettant à Opportunity de se dégager.

Le 24 Juillet 2009 (sol 1955) Opportunity a dépassé les 17 kilomètres parcourus sur Mars et se dirige vers le grand cratère Endeavour.

Programme du robot Spirit

Le module datterrissage du robot Spirit sest posé le 3 janvier 2004 dans le cratère Gusev, une cavité de 145 km de diamètre, située à 15° au sud de léquateur. Le nom de ce cratère vient de Matvel Gusev, un astronome russe du 19e siècle. La température à la surface du cratère Gusev varie entre 0° et -100°.

Vue à 360 degrés du site datterrissage sur Mars du robot Spirit prise le 12 janvier 2004.

Ce site a été choisi en raison du caractère plat du terrain, mais surtout parce quil a pu abriter un ancien lac, relié par la vallée Maadim à un lac de vastes dimensions situé plus au sud. Après limpact dune météorite de grande taille, il y a plusieurs milliards dannées, le cratère ainsi formé a pu être inondé par de leau apportée par la vallée Maadim. Les sédiments et les minéraux qui ont pu se former, se seraient accumulés au fond du cratère, avant que leau ne séchappe du cratère ou ne sévapore.

Trajet du rover Spirit sur Mars à la date de Sol 46, depuis son site datterrissage jusquà la dépression Laguna Hollow, en direction du cratère dimpact Bonneville.

Lespoir détudier dabondantes traces dune sédimentation lacustre a été déçu, car Spirit a détecté essentiellement du basalte. Les sédiments lacustres qui existeraient éventuellement dans ce cratère ont apparemment été enterrés sous des laves.

Contrairement au site datterrissage dOpportunity, celui de Spirit ne montrait pas daffleurement rocheux permettant de conduire des études sur la nature du sous-sol. Lobservation a surtout montré des rochers dorigine volcanique et du sable apporté par le vent.

Le rover Spirit a donc été dirigé vers le cratère d'impact Bonneville, de 192 m de diamètre, dans lespoir que celui-ci serait suffisamment profond pour mettre à jour des affleurements de roches.

En cours de route, Spirit a été stoppé au milieu de la dépression Laguna Hollow afin de creuser le sable avec lune de ses roues en rotation alors que les autres roues étaient bloquées. Lobjectif de la manœuvre était de déterrer une hypothétique croûte dont la présence aurait été lindice dune eau stagnante dans le passé. Malheureusement, cet espoir a été déçu.

Lexamen du cratère d'impact Bonneville a montré que celui-ci nétait pas assez profond pour laisser apparaître des affleurements rocheux. Limpact na pas été suffisant pour que les éjectas proviennent dune sous couche volcanique. Le rover Spirit a donc été dirigé vers les collines Columbia, à 2,3 km de distance, toujours dans lespoir de trouver des affleurements rocheux.

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Programme du robot Opportunity

Lengin spatial transportant le rover Opportunity sest posé le 24 janvier 2004 sur Meridiani Planum. Le nom de Meridiani vient de la proximité de cette zone avec le méridien « zéro » de Mars, alors que Planum signifie « plaine ». Ce plateau a été retenu comme site datterrissage, en raison de la platitude du terrain, mais aussi parce quil avait été repéré comme un des trois secteurs de Mars riches en un minerai appelé lhématite grise. Or, sur Terre, ce minerai peut se former en présence deau liquide, bien quil existe dautres mécanismes de formation. Lobjectif de la mission est de chercher des indices dune formation de lhématite par voie sédimentaire, ou par des dépôts formés à la suite dune activité hydrothermale.

Vue à 360 degrés du site datterrissage sur Mars du robot Opportunity prise le 2 février 2004.

La zone datterrissage ciblée pour Opportunity était une ellipse de 81,5 km de long et de 11,5 km de large.

Par un coup de chance extraordinaire, latterrissage a eu lieu au centre dun cratère d'impact de 22 m de diamètre, nommé par la suite Eagle, dont les bords présentent des affleurements de roches. Cette disposition des lieux a permis de conduire rapidement des études sur la nature et lhistoire du sous-sol rocheux, et de démontrer lexistence dans le passé dune mer salée sur ce site.

Vue panoramique du cratère Eagle depuis le rover Opportunity sur Mars. Le module datterrissage est au centre de la photo, avec les traces de roues du rover sont visibles en dessous. Les affleurements rocheux, de couleur claire, sont sur les bords droit et gauche du cratère, dun diamètre de 22 m. Limage a été composée à partir des photos prises les jours Sol 33, 35 et 36 de la mission Opportunity.

Les images suivantes montrent des vues significatives du paysage du rover Opportunity au fil des jours.

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Le rover Opportunity a ensuite quitté le cratère Eagle, pour atteindre le cratère Endurance situé à 750 m.

Opportunity, atteint ensuite le cratère Victoria, après une randonnée de plus de 9 kilomètres à travers la pleine Méridienne. Avec ses 800 mètres de diamètre, ce cratère est le plus grand jamais approché par le rover. C'est aussi le plus prometteur, avec ses hautes parois de roches affleurantes qui devraient livrer de nouveaux indices géologiques sur le passé de la planète Rouge.

Polémique sur les couleurs des photos robot Spirit

Cadran solaire sur le robot Spirit servant à létalonnage des couleurs des photographies.

Les couleurs des photos prises par le robot Spirit ont fait l'objet de polémiques. En effet, sur certaines présentations le ciel est bleu, sur dautres, des morceaux du robot qui étaient bleu vif pris en photo sur terre, sont rouges sur les photos de mars.[1]

La différence de couleurs des clichés des sondes MER est explicable : il faut savoir que les équipements de photographie numérique embarqués sur les sondes de la NASA et de lESA prennent des clichés en niveaux de luminosité au travers de filtres. Les sondes MER sont en partie équipées de plusieurs filtres décalés dans linfrarouge. Les images finales sont reconstituées par synthèse additive de 3 différents clichés filtrés, pris comme composantes RVB de limage finale. Limagerie en fausses couleurs est une technique pour représenter ce qui nest pas visible ordinairement (généralement un déplacement spectral). La plupart des clichés de télescopes (comme ceux dHubble), ou des caméras infrarouges utilisent ce procédé. Si nous voyons ces zones du spectre non visibles, cest quil sagit par définition de fausses couleurs. [3&4]

La NASA a par ailleurs publié, fin janvier 2004, un article sur la coloration des images des sondes MER. [5] Par ailleurs, les cadrans solaires placés sur les rovers portent des carrés de peinture servant à l'étalonnage des couleurs des photographies (voir ci-contre).

Présence prolongée d'eau à la surface de Mars dans le passé

État des connaissances sur l'eau de Mars avant la mission MER

Températures prédites à la surface du cratère Gusev sur Mars pour le jour Sol 1 et le jour Sol 100 de la mission du rover Spirit. Ces températures restent très inférieures à 0°.

Contrairement aux affirmations de certains médias, les rovers Spirit et Opportunity n'ont pas pour objectif de démontrer l'existence de l'eau sur Mars. En fait, celle-ci a été confirmée dès 1964 par des études spectrales. Lexistence actuelle et passée deau sur Mars a été confirmée par les observations conduites par les sondes martiennes à partir de Mariner 9.

Lobjectif de la mission est de détecter les indices dune présence passée de leau prolongée (et non temporaire), dans des conditions qui auraient permis de favoriser lapparition de la vie.

Les connaissances actuelles sur leau de Mars peuvent être résumées comme suit :

  • La présence deau liquide à la surface de Mars, dans les conditions actuelles, est impossible en raison de la température (voir le graphique ci-contre), qui est en moyenne de -50° (contre +14° pour la Terre), et de la pression atmosphérique qui est également trop faible (6 hPa contre 1013 hPa sur Terre).
  • La présence deau sous forme de glace hydrique est possible si la température est suffisamment basse. En effet, pour une température de 0°, dans les conditions de faibles pressions mesurées, la glace se transforme en gaz par sublimation. En revanche, la glace hydrique peut être présente dans le sous-sol et près des pôles.
  • Leau est présente dans latmosphère martienne à la teneur très faible de 0,03 % (contre 95,3% de CO2, et des traces dazote et dargon). Sil était possible quelle se condense, elle donnerait une couche de glace sur toute la surface de Mars de 12 micromètres dépaisseur.
Cratère sur Mars, de 13 km de diamètre, situé dans Chryse Planitia, présentant un éjecta lobé, vu par Viking Orbiter.
  • Leau serait présente dans le sous-sol, sous forme de sol gelé en permanence : le pergélisol ou permafrost. Aux latitudes supérieures à 40°, le pergélisol serait stable, alors quà proximité de léquateur, leau aurait tendance à se sublimer. Lépaisseur du pergélisol serait de 1 à 3 km en zone équatoriale, contre 3 à 7 km vers les latitudes moyennes et hautes. Si le pergélisol venait à fondre, il couvrirait la totalité de la planète Mars dune épaisseur deau de 400 m, selon certains calculs. Lorbiteur de la mission européenne Mars Express est équipé dun radar qui devrait apporter des informations sur la présence deau dans le sous-sol de Mars.
  • Des cratères présentent des nappes déjectas à structure lobée en forme de pétales de fleurs (voir photo ci-contre), qui se terminent brutalement, au lieu de voir leur épaisseur diminuer progressivement. Par comparaison, les impacts de météorites à la surface de la Lune, dépourvue deau, donnent des éjectas à structure radiale. Ces structures lobées des éjectas montrent que ces nappes se sont mises en place sous forme de coulées boueuses. Elles auraient été provoquées par une augmentation de la température lors de limpact météoritique, qui a fait fondre la glace. Il en aurait résulté un éjecta boueux, riche en eau, qui a coulé à la surface. Ces cratères à éjectas lobés ont été révélés par la sonde Mariner 9 en 1971.
Ravines sur la paroi dun cratère dimpact sur Mars, photographié en 2003 par Mars Global Surveyor.
  • De nombreux indices morphogéologiques laissent supposer la présence dun sous-sol gelé, qui peut se liquéfier et couler dans certaines circonstances, bien que lorigine de ces formations (H2O ou CO2, écoulement humide ou sec) fasse débat :
    • Structures récentes comme des rigoles et des ravines sur des parois de cratères ou de vallées (voir photo ci-contre), ou bien des glaciers rocheux. Comme ces structures ne sont pas interrompues par des cratères dimpact, leur âge est estimé comme inférieur à 1 millions dannées, ce qui en fait des formations récentes.
    • Structures anciennes comme des vallées de débâcle à fond plat et rectilignes, des effondrements de relief en forme découlement, des sols polygonaux, des terrains chaotiques, des réseaux fluviatiles, des indices de présence de lacs ou docéan...
  • La trentaine de météorites martiennes identifiées montrent une faible présence deau, de lordre de 200 ppm, au sein de roches magmatiques. Deux de ces météorites martiennes suggèrent que de leau liquide a pu circuler dans ces roches magmatiques profondes.
  • De grandes concentrations dhématite grise ont été repérées près de léquateur de Mars depuis 1998, par la sonde Mars Global Surveyor. Ce minerai peut être formé par lactivité volcanique, ou par laction de leau. La sonde Spirit a été envoyée dans une zone riche en hématite pour trancher ces alternatives.

Présence dhématite à la surface de Mars

Détection dhématite par la sonde Mars Global Surveyor

Échantillon dhématite grise terrestre.

Lhématite est un oxyde de fer dont la formule chimique est Fe2O3. La présence de ce minerai a été détectée par le spectromètre thermique TES de la sonde Mars Global Surveyor.

Une abondante présence dhématite a été enregistrée dans une zone proche à la fois de léquateur et du méridien zéro martien, nommée pour cette raison Terra Meridiani (latitude 2° sud, longitude 0° à 5° ouest).

Lhématite peut être comparée à de la rouille, mais sur Terra Meridiani, elle se présente sous forme dhématite cristalline grise, susceptible davoir été créée en présence deau. Pour cette raison, le site datterrissage du rover Opportunity a donc été choisi dans cette région, sur le plateau de Meridiani Planum.

Origines possibles de lhématite

Carte de la répartition de lhématite grise sur Mars daprès les mesures du spectroscope thermique TES de la sonde Mars Global Surveyor. La zone rouge au centre de la carte, se trouve le site datterrissage du rover Opportunity, montre une forte concentration dhématite.

Lintérêt des planétologues pour lhématite grise provient du lien entre la présence de ce minerai, et celle de leau liquide, bien que celle-ci ne soit pas forcément associée à la formation de cet oxyde de fer.

En effet, lorigine de lhématite grise, sur Terre, fait lobjet des scénarios suivants :

  • Formation de lhématite en même temps que les roches environnantes :
    • Minerai de fer rubané : une roche sédimentaire comportant 15 % de fer se forme dans de vastes étendues deau, sous laction de loxygène dégagé par des microorganismes photosynthétiques. Sur Terre, ces sédiments peuvent héberger des fossiles de microorganismes.
    • Hématite hydrothermale : leau chaude qui circule dans les fissures de la croûte permet la précipitation de nombreux minéraux riches en fer, dont lhématite.
    • Oxydation thermique : une activité volcanique entraîne loxydation thermique dun oxyde de fer de formule Fe3O4, la magnétite. Ce scénario nimplique pas la présence deau liquide.
Répartition de lhématite vue par Mars Global Surveyor dans la région de Sinus Meridiani sur Mars, le site datterrissage du rover Opportunity de Meridiani Planum est localisé.
  • Dépôt dhématite sur des roches préexistantes :
    • Lessivage : des hydroxydes de fer sont formés à la suite du lessivage de roches riches en fer par des eaux froides et acides, puis ils sont transportées par les liquides en circulation avant dêtre redéposés sous forme notamment dhématite lorsque lacidité du fluide, ou dautres paramètres, changent.
    • Patine désertique : sur Terre, les roches des déserts peuvent être couvertes dune patine sombre, de très faible épaisseur et dune composition chimique indépendante de la pierre support, formée par des microorganismes capables doxyder le fer apporté par leau ou le vent.
    • Hydrothermalisme : les fluides en circulation dans les fissures de la roche entraînent la précipitation de lhématite sur des roches préexistantes.

Détection dhématite par le rover Opportunity

La NASA a annoncé le 2 mars 2004 que les instruments du robot Opportunity ont fourni dexcellents indices prouvant que le banc de roches près duquel latterrisseur sest posé ait pu être submergé ou quil soit composé de minéraux sétant formés dans leau. Les roches analysées sont riches en sulfures. Un sulfate de fer hydraté, la jarosite a été détecté. La morphologie des roches semble elle aussi signer laction de leau. Cependant il ne sagit pas encore de preuves absolues.

La présence dhématite ((Fe2O3), considérée comme un indice de la présence passée de leau, est estimée grâce aux données du spectromètre infrarouge Mini-TES.

Abondance de lhématite autour du site datterrissage du robot Opportunity sur Mars, estimée grâce aux données du spectromètre infrarouge Mini-TES, le 11 mars 2004. Les taches bleues représentent une absence dhématite, alors que les zones rouges symbolisent une teneur de 20 %. Le module datterrissage dOpportunity est au centre de limage, alors que les côtés montrent un affleurement rocheux.

Roches avec une structure stratifiée

Image composite du rocher El Capitan vu par la caméra panoramique (PanCam) du rover Opportunity sur Mars.
Vue du rocher El Capitan en gros plan avec des sphérules par le rover Opportunity sur Mars.

Les roches observées au bord du cratère Eagle sest posé le rover Opportunity, se présentent presque dans la position dune coupe verticale, ce qui favorise lanalyse de leur origine.

Ces roches présentent de fines lamelles de roches stratifiées. À lobservation à la caméra microscope, certaines dentre elles présentent des crêtes sinueuses, en forme de « sourires ».

Dans limage ci-contre, la structure en strates du rocher est clairement visible, de même que les sphérules ou « myrtilles » à la surface et dans la roche.

Les sphérules (voir ci-après) ne présentent pas de concentration particulière dans lune ou lautre de ces strates. Elles semblent se détacher de ces strates pour rouler sur le sol après la désagrégation de ces lamelles.

Lapparition de ces strates peut venir de laction combinée de leau et du vent, dans le cadre de lhypothèse dune origine sédimentaire de ces couches qui se seraient formées en milieu lacustre.

Microcavités dans les rochers

Microcavités vues par la caméra microscope du rover Opportunity à la surface du rocher Guadalupe sur Mars.

La caméra microscope du rover Opportunity a permis dobserver des microcavités de quelques millimètres de long à la surface des rochers El Capitan et Guadalupe. La présence de ces petites cavités en forme daiguilles serait due au scénario suivant :

  • Le matériau initial serait une argile imbibée deau, sachant que le plateau de Meridiani Planum Opportunity sest posée date dil y a plus de 3,8 milliards dannées.
  • Une phase dévaporation entraîne lapparition de cristaux, qui peuvent avoir été composés de sulfates de fer, de calcium, ou de magnésium, dont la présence a été relevée par les spectroscopes des rovers.
  • Ces cristaux croissent en repoussant largile qui les entoure, et en prenant la forme daiguilles.
  • Une phase de dissolution entraîne la disparition des cristaux, qui laissent en place les cavités quils ont creusées, qui sont nommées sur les roches terrestres des pseudomorphoses.
  • Après la formation de ces pseudomorphoses, des sphérules se sont formées dans les cavités laissées libres par les cristaux. La présence de myrtilles dans les microcavités est un argument en faveur de lorigine par concrétion des sphérules.

Les « myrtilles » : des sphérules riches en hématite

Sphérule ou « myrtille » vue à la surface du rocher El Capitan par la caméra microscope du rover Opportunity sur Mars.

Le 9 février 2004, la NASA a annoncé[13] lobservation par la caméra microscope du rover Opportunity de petites sphères de 2 à 3 mm de diamètre de couleur grise, sur le sable du sol martien et à la surface du rocher Stone Mountain. Ces sphérules ont été baptisées de façon imagée par la NASA du surnom de myrtilles.

Lorigine de ces myrtilles a engendré plusieurs hypothèses :

  • de la roche fondue pulvérisée en lair par un volcan. Ce scénario a été éliminé parce que la répartition des myrtilles a été jugée trop uniforme.
  • des tectites, formées lors dun impact de météorite qui aurait projeté des billes de roche fondue. Cette hypothèse na pas été retenue en raison du nombre trop important de sphérules dans les strates rocheuses.
  • des concrétions formées par le dépôt de minéraux lors du passage de leau dans la roche.
  • des concrétions sédimentaires formées en milieu lacustre.
  • des concrétions dorigine bactérienne ou même des fossiles. Cette hypothèse ne peut pas être testée directement, car les rovers ne sont pas équipés dinstruments permettant de mesurer la présence de minéraux carbonatés ou de matières organiques.

Roches avec des structures polygonales

Rocher Escher sur Mars vu en fausses couleurs par le rover Opportunity, à lintérieur du cratère Endurance, le 24 août 2004 (sol 208), avec une présence de structures polygonales pouvant êtres liées à laction de leau.

L'image en fausses couleurs ci-contre a été prise par Opportunity et elle représente une roche avec des structures polygonales à sa surface. Ce rocher a été surnommé Escher, et il se trouve sur les pentes du sud-ouest du cratère Endurance. D'autres rochers voisins, au fond de ce cratère, présentent également ces structures polygonales.

Ces roches présentent une surface plate montrant des réseaux des fissures divisant la partie supérieure en polygones. Leur apparence est quelque peu semblable à laspect de la boue craquelée après que l'eau a séché par le haut.

Dans le secteur dexploration d'Opportunity, il a établi au cours des 6 premiers mois d'étude que son secteur d'exploration était humide il y a longtemps. Puis cette zone a séché, et enfin, elle a été érodée pour former une large plaine.

Les scientifiques pensent que les fissures de la roche, qui divisent la surface en polygones, ont pu avoir été constituées par un de plusieurs processus :

  • Elles ont pu avoir été provoquées par l'impact qui a créé le cratère Endurance.
  • Elles pourraient s'être formées lorsque le reste de l'eau présente lors de la formation de roche, a séché vers le haut.
  • Les fissures ont pu se développer beaucoup plus tard après que la roche fut formée. Lors de la création du cratère, l'impact a pu dégager la roche en la ramenant à la surface. Elle serait alors devenue de nouveau humide, puis elle aurait séché par le haut, ce qui aurait entraîné l'apparition de ces fissures polygonales.

Les résultats récents obtenues sont favorables à cette dernière hypothèse de roches qui seraient devenues humides une deuxième fois, après qu'un impact aurait excavé ce cratère de la taille dun stade.

Graphique représentant une étude en spectroscopie conduite par le rover Opportunity, comparant les rochers Escher et Virginia, situés respectivement au fond et près du bord du cratère Endurance sur Mars.

Le spectromètre Alpha Particle Rayons X (APXS) d'Opportunity a permis de faire une étude comparative de la surface des roches selon leur emplacement dans le cratère Endurance. Les roches localisées le plus profond dans le cratère Endurance sont chimiquement changées à un plus grand degré que des roches localisées plus haut. Ce changement chimique est censé résulter de l'exposition à l'eau.

De façon plus précise, le graphique ci-contre compare pour différents composants chimiques et pour différentes profondeurs de roche, le rapport des teneurs entre dune part la roche Escher située en profondeur dans le cratère Endurance, et la roche Virginia, situé près du bord du cratère. La signification des couleurs est la suivante :

  • La ligne rouge représente les mesures à la surface des roches.
  • La ligne bleu symbolise les mesures après brossage des roches.
  • Les lignes vertes illustrent les teneurs observées après forage par l'outil RAT.

Le rapport des teneurs entre les roches Endurance et Virginia varie de façon très significative en fonction de la profondeur, pour le chlore (Cl) et le soufre (SO3).

Ceci implique que la surface d'Escher a été chimiquement changée de façon plus importante que la surface de Virginia pour ces deux composants. Les scientifiques étudient toujours le rôle que l'eau a pu jouer dans ces évolutions chimiques différentes.

L'avenir après la mission Mars Exploration Rover

La NASA prévoit de donner suite à la mission Mars Exploration Rover, en 2009, avec une mission Mars Science Laboratory. Celle-ci devrait comporter un rover de 500 kg (contre 170 kg pour les rovers actuels) emportant des expériences liées à la recherche de la vie. Ce rover nutiliserait plus lénergie solaire, mais une source radioactive, ce qui devrait lui permettre une autonomie bien plus grande (peut-être jusquà 100 km sur 1 000 jours), et lemploi dun laser de puissance permettant de sublimer sur 5 mm de diamètre un caillou et danalyser le plasma généré par un spectromètre UV.

Mémorial

Mémorial au dos de lantenne à grand gain du rover Spirit.

Le site datterrissage du rover Spirit a été nommé la Columbia Memorial Station, en mémoire des 7 astronautes qui ont péri lors de lexplosion de la navette spatiale Columbia, lors de la phase de traversée de latmosphère de la mission STS-107, le 1er février 2003.

Une plaque commémorative en aluminium dun peu plus de 15 centimètres de diamètre, a été fixée au dos de lantenne à grand gain qui permet à Spirit de communiquer directement avec la Terre.

Cette plaque porte le texte In memoriam to the crew of the space shuttle Columbia STS-107, february 1, 2003, suivi par les noms des 7 astronautes décédés.

Par ailleurs, la NASA a honoré la mémoire de léquipage dApollo 1 en nommant les collines entourant le site datterrissage du rover Spirit des noms des astronautes décédés dans lincendie survenu lors dun essai du vaisseau Apollo sur le pas de tir du centre spatial Kennedy en 1967 :

  • White Hill pour le Capitaine Edward White, une colline à 11,2 km au nord-ouest de Spirit.
  • Chaffee Hill pour le Commandant Roger Chaffee, une colline à 14,3 km au sud sud-ouest de Spirit.

Communication publique de la NASA sur la mission Mars Exploration Rover

Origine des noms des rovers

La façon de procéder au choix des noms des rovers montre une tentative de la NASA pour attirer lattention du public américain sur lexploration spatiale en la rattachant aux mythes fondateurs des USA, et en essayant de cibler en particulier la jeunesse.

Les noms de Spirit et Opportunity ont été retenus à lissue dun concours organisé par la société Lego avec la collaboration de la Planetary Society à la demande de la NASA. La lauréate fut une petite fille de 9 ans, Sofi Collis, née en Sibérie, et adoptée par une famille américaine vivant en Arizona. Elle rédigea le poème suivant :

I used to live in an Orphanage.
It was dark and cold and lonely.
At night, I looked up at the sparkly sky and felt better.
I dreamed I could fly there.
In America, I can make all my dreams come true
Thank-you for the « Spirit » and the « Opportunity »

Ces noms ont été adoptés en référence à la légende de la Conquête de lOuest, désignée comme the land of opportunity pour les colons dotés du pioneering spirit.

Opération « Envoyez votre nom sur Mars »

DVD de l'opération « Send Your Name to Mars » au centre de l'image, sur la plate-forme d'atterrissage.

L'opération « Send Your Name to Mars » a permis à la NASA de collecter 4 millions de noms qui ont été inscrits sur un DVD fixé avec 3 briques Lego à la surface de chacune des plates-formes d'atterrissage des rovers.

Le DVD montre en son centre un personnage (Astrobot), toujours de la société Lego, destiné à inciter les plus jeunes à suivre le déroulement de la mission par lintermédiaire dun journal sur le web.

Le bord du DVD affiche également un message codé dont le déchiffrage est proposé au public.

Ces disques numériques ont été fabriqués en verre. La NASA a retenu comme fournisseur la société Plasmon OMS, une PME de Normandie.

Ce DVD porte aussi des aimants destinés à collecter de la poussière martienne en vue détudes spectroscopiques.

Astéroïdes baptisés des noms des rovers

En hommage aux rovers explorant la planète Mars, les noms de Spirit et Opportunity ont été attribués respectivement à lastéroïde 37452 et à lastéroïde 39382. Ceux-ci ont été découverts le 24 septembre 1960 par Ingrid van Houten-Groeneveld, Cees J. van Houten, et Tom Gehrels, avec les télescopes de lobservatoire du Mont Palomar de Caltech.

Lastéroïde (37452) Spirit a un diamètre de 4 à 9 kilomètres, et lastéroïde (39382) Opportunity a un diamètre de 3 à 7 kilomètres. Ingrid van Houten-Groeneveld, qui vit aux Pays-Bas, a proposé ces noms après que ces astéroïdes se furent vus assignés un matricule officiel en 2002.

Les deux astéroïdes accomplissent leurs orbites en 7,9 ans autour du soleil entre Mars et Jupiter. Ni lun, ni lautre ne suivent un chemin qui croise lorbite dautres planètes. Ils appartiennent à un petit groupe dastéroïdes connus sous le nom de groupe de Hilda, qui ont une résonance dorbitale de 3:2 avec Jupiter. Ceci signifie que chaque fois que Jupiter accomplit deux orbites autour du soleil, les astéroïdes en accomplissent trois.

Autres opérations de communication

Dautres actions de communication ont été réalisées par la NASA, comme un concours de dessins sur le thème de lexploration de Mars, ou lutilisation de personnages de dessins animés pour symboliser les rovers. Mais lopération la plus significative est un énorme effort de mise à disposition dinformations sur Internet, notamment en diffusant des images brutes filmées par les caméras des rovers.

Notes et références

Sauf mention contraire, les informations et images de cet article peuvent être vérifiées sur le site de la NASA: Mars Exploration Rover Mission.

  1. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : Spacecraft
  2. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : The Panoramic Camera (Pancam)
  3. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : The rover's "eyes" and other "senses"
  4. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : The Microscopic Imager
  5. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : Miniature Thermal Emission Spectrometer (Mini-TES)
  6. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : Alpha Particle X-Ray Spectrometer (APXS)
  7. The new Athena alpha particle X-ray spectrometer for the Mars Exploration Rovers, R. Rieder, R. Gellert, J. Brückner, G. Klingelhöfer, G. Dreibus, A. Yen, S. W. Squyres, J. Geophysical Research, 2003, vol. 108, p. 8066, 10.1029/2003JE002150
  8. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : Mössbauer Spectrometer (MB)
  9. The miniaturized Mössbauer spectrometer MIMOS II for extraterrestrial and outdoor terrestrial applications: A status report, Klingelhöfer G., Bernhardt B., Foh J., Bonnes U., Rodionov D., De Souza P. A., Schroder C., Gellert R., Kane S., Gutlich P., Kankeleit E., Hyperfine Interactions, vol. 144, p.371-379, 2002, 10.1023/A:1025444209059
  10. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : Rock Abrasion Tool (RAT)
  11. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : Magnet Arrays
  12. Site Mars Exploration Rover de la NASA  : The rover´s "brains"
  13. Communiqué de presse de la NASA du 9 février 2004 : Mars Rover Pictures Raise 'Blueberry Muffin' Questions

Voir aussi

Liens internes

Autres missions martiennes

Liens externes

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