- Maréchal Bazaine
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François Achille Bazaine
François Achille Bazaine Surnom Le traître de Metz
(surnom donné par ses habitants)Naissance 13 février 1811
VersaillesDécès 23 septembre 1888 (à 77 ans)
MadridOrigine France Grade Maréchal de France Conflits Algérie, Espagne, Crimée, Italie, Expédition du Mexique, guerre franco-allemande Distinctions Grand-croix de la Légion d’honneur
Médaille militaire
Grand-croix de l'ordre de Léopold de Belgique
Compagnon de l’ordre du Bain d’AngleterreImage : François Achille Bazaine en campagne au Mexique.
Portrait par Jean-Adolphe BeaucéFrançois Achille Bazaine, né à Versailles le 13 février 1811 et mort à Madrid le 23 septembre 1888, est un maréchal de France.
Il a servi en Algérie, en Crimée et au Mexique, mais il est surtout resté célèbre pour avoir failli à sa tâche de commandant en chef de l'armée du Rhin et avoir ainsi contribué à la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870. L'officier Louis Rossel est le premier à avoir dénoncé ouvertement le maréchal en essayant — en vain — de le traduire devant un tribunal militaire.
Sommaire
Biographie
Début
Son père est le général de corps d'armée Pierre Dominique Bazaine, polytechnicien, ingénieur de mérite de Napoléon Ier, directeur de l’Institut des voies de communications de l’empire russe. Achille Bazaine est né le 13 février 1811 à Versailles, d’une liaison antérieure au mariage de son père, avec une lingère - mercière, Marie-Madeleine, Josèphe dite Mélanie Vasseur. Son frère ainé était Pierre-Dominique Bazaine, ingénieur de Ponts et Chaussées. Achille Bazaine fait des études à l’institution de Bardet, (ou Barbet), rue d’Assas, puis au collège Saint-Louis.
Légion étrangère et Algérie
Ayant échoué au concours d'entrée de l'École polytechnique en 1830, il s'engage comme simple soldat le 28 mars 1831 au 37e régiment d'infanterie de ligne, il est nommé caporal le 8 juillet 1831. Il passe caporal fourrier le 13 janvier 1832 et sergent fourrier en juillet.
C’est avec ce grade qu’il arrive à la Légion étrangère en août. Il y est nommé sergent-major, le 4 novembre, il accède à l’épaulette le 2 novembre 1833 et le 22 juillet, blessé au combat de la Macta d’un coup de feu au poignet, il est promu au grade de lieutenant et reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Depuis 1834, il a rang de maître dans la franc-maçonnerie.
Avec la légion, il est cédé par Louis-Philippe à la reine Christine pour combattre les Carlistes. Nommé immédiatement capitaine au titre espagnol, il commande une compagnie de voltigeurs puis il est attaché à l’état-major du colonel Conrad. Il est cité aux combats de Pons en 1835, de Larminar en 1836, d’Huesca en 1837 et de Barbastro en 1837, d’où il tire le corps du général Conrad des mains de l’ennemi, malgré une blessure par coup de feu à la jambe droite. Il est attaché ensuite auprès du colonel Cariès de Senilhes, commissaire du gouvernement français à l’armée de la Reine.
En 1838, il rejoint le 4e régiment d’infanterie légère avec son grade français de lieutenant. Le 20 octobre 1839, il retrouve ses galons de capitaine et la légion en Algérie. En 1840, il passe au 8e bataillon de chasseurs à pied. Il prend une part aux expéditions de Miliana où il est cité, de Kabylie et du Maroc. Promu au grade de chef de bataillon, le 10 mars 1844, il est affecté au 58e régiment d’infanterie de ligne en qualité de chef du bureau arabe de Tlemcen. Il est promu officier de la Légion d’honneur après le combat de Sidi Kafir, le 9 novembre 1845. Cité au combat de Sidi Afis, le 24 mars 1846, il passe au 5e régiment d’infanterie de ligne toujours chargé des relations arabes, en 1847. Il est cité au combat d’Afir pour sa contribution à la soumission d’Abd El-Kader en décembre. Promu lieutenant-colonel le 11 avril 1848, il est affecté au 19e régiment d’infanterie légère puis revient au 5e régiment d’infanterie de ligne le 30 août en qualité de commandant supérieur de la place de Tlemcen. Le 4 juin 1850, il est nommé colonel au 55e de ligne et directeur des affaires arabes de la division d’Oran.
Le 4 février 1851, il est placé à la tête du 1er régiment de la Légion étrangère et le mois suivant il commande la subdivision de Sidi bel-Abès, poste qu’il occupe jusqu’en 1854. C’est pendant ce temps de commandement qu’il épouse Maria Juaria Gregorio Tormo de la Soledad, le 12 juin 1852
Crimée et Italie
Le 28 octobre 1854, il est admis en 1e section des officiers généraux avec le grade de maréchal de camp et commande deux régiments de la Légion à l'armée d'Orient. Le 10 septembre 1855, il devient commandant militaire de Sébastopol et général de division le 22 septembre suivant. Lors à la campagne de Crimée, il est blessé et cité au combat pendant l’attaque de la Quarantaine, avec un cheval tué sous lui, le même jour. En octobre, il gagne une autre citation et la cravate de commandeur de la Légion d’honneur pour la prise de la position de Kinbourn en Crimée à l'embouchure du Dniepr, il en obtient la reddition en trois jours.
À son retour en France, il occupe des postes d'inspecteur de l'infanterie puis commande la 19e division militaire à Bourges.
Commandant la 3e division d'infanterie du 1er Corps de Baraguey d'Hilliers, il est proche de ligne des combats à Melegnano, le 8 juin 1859, et à Solférino le 24 juin, où il a un cheval tué sous lui lors de la conquête du cimetière et de nouveau cité.
Expédition du Mexique
De retour à Paris, il est nommé inspecteur général du 4e puis du 5e arrondissement de l’infanterie. Le souvenir de l’Espagne lui fait suggérer à Napoléon III qu’on peut prêter la légion étrangère au nouvel empereur du Mexique. Cette idée deviendra celle de l'empereur.
Au Mexique, il commande les troupes françaises pendant la bataille de Puebla de l'expédition du Mexique. Il est nommé à la tête du corps expéditionnaire en remplacement de Forey.
Commandant la 1e division d’infanterie du corps expéditionnaire au Mexique le 1er juillet 1862, son action est décisive lors de la prise de Puebla en 1863. Il est cité et remplace le général Forey comme commandant en chef. Il reçoit encore une citation à la bataille de San Lorenzo et les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur, le 2 juillet 1863. Il est élevé à la dignité de maréchal de France par décret impérial du 5 septembre 1864 et élu sénateur le 5 septembre. Il commande en personne le siège d’Oaxaca en février 1865, à la suite de quoi, l’empereur le complimente et le décore de la médaille militaire, le 28 avril 1865.
Son épouse décède de pleurésie, au domicile de son beau-frère, alors que son mari est au Mexique. Une fausse rumeur de suicide, reprise par le général Azan, dans le dictionnaire de biographie française, serait consécutive à une imprudence d’adultère. Au Mexique, Bazaine compromet une jeune fille de dix-sept ans, Maria-Josefa Pedraza de la Peña y Barragán, se fiance le 28 mai 1865 puis l’épouse. Maximilien leur offre le palais de Buena Vista. L’intrigante qui donne quatre enfants à son époux, le pousse sans succès à prendre la place de Maximilien[réf. nécessaire].
Ses relations avec l'empereur Maximilien deviennent tendues. Il est accusé de faire durer l'expédition contre la volonté de Napoléon III et il est rapatrié. Il obtient le 12 novembre 1867, le commandement du corps d'armée à Nancy et l'année suivante il commande le camp de Châlons puis remplace Regnaud de Saint-Jean d'Angély à la tête de la Garde impériale.
Guerre franco-allemande de 1870
Le 12 août 1870, en pleine guerre, Bazaine est nommé commandant en chef de l'armée du Rhin qui battue, s'efforce de se replier vers Châlons-sur-Marne pour y rejoindre des réserves et faire face aux troupes allemandes. Cependant, alors que s'offre à lui une occasion de détruire plusieurs corps de l'armée ennemie suite à la bataille de Mars-la-Tour, le 16 août, il décide, à l'étonnement général de sa suite, de replier son armée de 180 000 hommes à Metz, se laissant ainsi couper de la France libre et donc de ses réserves.
« Bazaine n'aurait jamais dû s'enfermer dans Metz, mais il aurait dû tenter par tous les moyens de faire retraite pour rejoindre les troupes impériales, pour contrer avec ses 180 000 hommes les forces prussiennes. Metz aurait alors subi un siège mais n'aurait pas capitulé aussi rapidement : la ville ne pouvait pas soutenir un siège avec 180 000 hommes de troupes, elle aurait manqué au bout de quelques mois de nourriture. Si Bazaine ne s'était pas enfermé dans la ville, Metz n'aurait pas capitulé avant au moins 2 à 3 ans. La ville avait des garnisons militaires de défense et des entrepôts de nourriture; elle pouvait donc soutenir un très long siège. »— Histoire de Metz C'est du moins l'avis d'un habitant de Metz connaissant l'histoire du siège de la ville en 1870.
Dirigeant la seule véritable armée organisée de France à ce moment, il semble convaincu de son importance pour l'avenir de la France et tente de nouer des intrigues, notamment avec l'Impératrice, probablement pour restaurer l'Empire déchu depuis le 4 septembre. Il négocie également avec les Allemands l'autorisation d'une sortie de son armée « pour sauver la France d'elle-même », c'est-à-dire de la poussée républicaine, voire révolutionnaire. C'est sur ce point qu'il s'oppose vigoureusement avec le capitaine Louis Rossel qui veut poursuivre la guerre et ne pas trahir son pays (ce dernier sera le seul officier à rejoindre dès le 19 mars 1871 la Commune de Paris). Finalement, les négociations souhaitées par Bazaine s'éternisent et les vivres viennent à manquer dans la cité messine.
Alors que depuis la chute de Sedan, le 2 septembre, il représente le dernier espoir du camp français, Bazaine renonce à poursuivre le combat et capitule le 27 octobre. Cette reddition est souvent expliquée par le manque de motivation de Bazaine à défendre un gouvernement qui correspondait de moins en moins à ses idéaux politiques.
La nouvelle de cette reddition afflige la France, alors que le général Trochu ne parvient pas à desserrer l'étau allemand autour de Paris assiégée. Léon Gambetta, parti à Tours dans l'espoir de rassembler une armée de libération, comprend que sa tentative est désormais vaine et il lance une proclamation où il accuse explicitement Bazaine de trahison.
Accusation de trahison et procès
La défection de Bazaine libère en effet juste à temps l'armée de siège allemande qui accourt à Orléans pour faire front à l'initiative en cours de levée d'une armée républicaine. Il est dès lors aisé de faire supporter le poids moral de la défaite à Bazaine. En août 1873, il arrive à Paris, où une procédure de conseil d’enquête est ouverte sur l’initiative du général Cissey. Le conseil d’enquête donne son avis qui se traduit par plusieurs blâmes. L’intéressé demande alors sa présentation devant un conseil de guerre. Les royalistes et les républicains tiennent leur bouc émissaire pour faire porter toutes les responsabilités des défaites à un bonapartiste et justifier le 4 septembre, démontrant ainsi l'incapacité de l'Empereur, par personne interposée. Quant à certains bonapartistes, ils ne sont pas mécontents que Bazaine soit jugé, occultant ainsi les responsabilités de Napoléon III. Bazaine est donc la victime expiatoire idéale qui est traduit devant un conseil de guerre siégeant au Grand Trianon, le duc d’Aumale, président, le condamne à la peine de mort avec dégradation militaire pour avoir capitulé en rase campagne, traité avec l'ennemi et rendu la place de Metz avant d'avoir épuisé tous les moyens de défense dont il disposait. Sa peine est commuée en 20 années de prison, sans cérémonie de dégradation, par le nouveau maréchal-président Mac-Mahon, qui lui-même avait été battu à Sedan.
Il est incarcéré au fort de l’île Sainte-Marguerite, au large de Cannes. Avec l’aide de l’ex-capitaine Doineau, des bureaux arabes, de son aide de camp, le lieutenant-colonel Henry Willette et de son épouse, qui partagent sa captivité, il parvient à s’évader dans la nuit du 9 au 10 août 1874 et à s'enfuir en Espagne. Il se réfugie à Madrid où, le 17 avril 1887, un voyageur de commerce français, Louis Hillairaud, le blesse d'un coup de poignard au visage. François Bazaine meurt d'une congestion cérébrale le 23 septembre 1888.
Il est inhumé au cimetière de San Justo (Patio Millau, niche 1916).
Décorations
Du fait de sa condamnation, il est suspendu de ses droits au port de décorations françaises et étrangères. Toutefois, il a été décoré :
Totalisant plus de 42 ans de service avec 67 campagnes et 6 blessures, il est dix fois cité au service de la France et quatre fois au service de l’Espagne.
- Grand-croix de la Légion d’honneur
- Médaille militaire
- Médailles commémoratives de Crimée, d’Italie et du Mexique
- Grand-croix de l’ordre Militaire de Savoie
- Grand-croix de l'ordre militaire de Léopold de Belgique
- Grand-croix de l'ordre militaire du Lion et du Soleil de Perse
- Grand-croix de l'ordre militaire de l’Aigle Mexicain
- Grand-croix de l'ordre militaire de Notre Dame de Guadalupe
- Chevalier de l’ordre du Bain d’Angleterre
- Chevalier de Charles III
- Chevalier de Saint-Ferdinand d’Espagne
- Chevalier de l’ordre d’Isabelle-la-Catholique
- Médaille d’argent de l’ordre militaire de Savoie
Publications
- Ordre général. À l'armée du Rhin, 28 octobre 1870. Il s'agit de l'ordre de capitulation donné à l'armée du Rhin. Texte sur Wikisource
- Rapport du maréchal Bazaine : Bataille de Rezonville. Le 16 août 1870, Bruxelles : Auguste Decq, 1870
- La Capitulation de Metz : Rapport officiel du maréchal Bazaine, Lyon : Lapierre-Brille, 1871
- L'Armée du Rhin depuis le 12 août jusqu'au 29 octobre 1870, Paris : Henri Plon, 1872
- Épisodes de la guerre de 1870 et le blocus de Metz par l'ex-maréchal Bazaine, Madrid : Gaspar, 1883 (Interdit en France)
Bibliographie
- Henri d'Orléans, duc d'Aumale, Procès Bazaine, affaire de la capitulation de Metz, seul compte rendu sténographique in extenso des séances du 1er conseil de guerre de la 1re division militaire ayant siégé à Versailles (Trianon), du 6 octobre au 10 décembre 1873, sous la présidence de M. le Général de division Duc d'Aumale, Paris : Librairie du Moniteur Universel, 1873
- Amédée Le Faure, Procès du Maréchal Bazaine. Rapport. Audiences du premier conseil de guerre. Compte rendu rédigé avec l'adjonction de notes explicatives, Paris : Garnier, 1874
- F. de La Brugère, L' Affaire Bazaine : Compte-rendu officiel et in extenso des débats, avec de nombreuses biographies, Paris : Fayard, 1874
- Robert [Bazaine]-Christophe, Bazaine innocent, Paris : Nantal, 1938
- Robert Burnand, Bazaine, Paris : Librairie Floury, 1939
- Robert Christophe, La Vie tragique du maréchal Bazaine, Paris : Éditions Jacques Vautrin, 1947
- Jean Cahen-Salvador, Le Procès du maréchal Bazaine, Lausanne : La Guilde du Livre, 1946
- Edmond Ruby et Jean Regnault, Bazaine coupable ou victime ? À la lumière de documents nouveaux, Paris : J. Peyronnet & Cie, 1960
- Maurice Baumont, Bazaine : les secrets d'un maréchal (1811–1888), Paris : Imprimerie Nationale, 1978. (ISBN 2110807172)
- Élie Peyron, Bazaine fut-il un traitre ? Paris: Picard, collection Ernest, 1904
- Un fonds Bazaine (1K 18) est conservé au Service historique de défense.
- Un fonds Bazaine est conservé au CHAN.
Liens internes
- Louis Rossel, officier s'étant opposé au maréchal Bazaine.
- Siège de Metz (1870)
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