- Léon Zack
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Lev Vasilevitch Zack, dit « Léon Zack », est un peintre russe, naturalisé français en 1938, né le 12 juillet 1892 à Nijni Novgorod et mort à Vanves (Hauts-de-Seine) le 30 mars 1980[1].
Sommaire
Biographie
Né dans une famille juive non pratiquante, son père ayant été déporté en Sibérie, Léon Zack est élevé par sa mère. Léon Zack commence à peindre à l'âge de treize ans et effectue à partir de 1910 des études de lettres à la faculté des lettres de l'université de Moscou où il rencontre Roman Jakobson, étudiant le dessin et la peinture dans des académies privées, suivant de 1905 à 1907 les cours de Jakimchenko. Son dernier professeur, Machkoff, appartient au groupe d’avant-garde Valet de Carreau qui organise des salons où sont présentés les peintres français, notamment Cézanne et Derain. Zack visite également l'hôtel du collectionneur Chtchoukine où il admire des toiles des impressionnistes et de Cézanne, Matisse, Picasso. Il rencontre aussi Marinetti, Malevitch, Maïakovski et participe au mouvement du futurisme russe. Avec le poète Cherchnevitch, il édite une petite revue, la Mezzanine de la poésie, dans laquelle il publie notamment, sous des pseudonymes, ses vers et ses proses. Zack expose pour la première fois en 1907 au Salon de la Fédération des peintres moscovites.
Après s'être marié en 1917 à Petrograd avec Nadia Braudo, Léon Zack vit de 1918 à 1920 en Crimée. Plusieurs fois à Nicolaïev, près d'Odessa, Zack et sa femme sont près d'être tués par les bandes « vertes » de Makhno qui sous prétexte de combattre des communistes tuent bourgeois et juifs. En avril 1920 il quitte la Russie pour se rendre à Paris, s'embarque à Yalta sur un bateau anglais pour Constantinople. Il attend durant trois mois un visa français qui lui est refusé mais obtient un visa italien. Il vit alors durant deux ans à Florence, exposant à Florence et à Rome. Au cours d'un voyage à Paris en 1921, il expose des lithographies au Salon des indépendants et au Salon d'hiver, rencontrant Picasso et Larionov.
En 1922, Zack quitte Florence pour Berlin. Il y crée les décors et costumes des Ballets romantiques russes de Boris Romanoff, présentés à Paris au Théâtre des Champs-Élysées en 1923, et illustre de lithographies un livre de Pouchkine édité en russe. Sur la fin de la même année Zack s'installe avec sa femme à Paris, exposant au Salon d'automne, au Salon des indépendants et au Salon des surindépendants dont il est en 1929 l'un des fondateurs. Vers 1930 il appartient au groupe des néo-humanistes auquel s'intéresse Waldemar George, aux côtés de Christian Bérard, Tchelitchev, Eugène Bermann. Il en en 1936 naturalisé français.
Contraint en 1940 de quitter Paris, il se réfugie dans le Midi puis se cache pendant un an sous un faux nom dans un village de l'Isère, et se convertit au christianisme en 1941. De retour à Paris en 1945, il participe de nouveau à de nombreux salons et illustre plusieurs livres. En 1947, il crée les décors et costumes du ballet Concerto, sur la musique de Prokofiev, présenté par Janine Charrat à l'Opéra comique et expose en 1950 à la galerie Billiet-Caputo.
Léon Zack transforme en 1951 les intérieurs de plusieurs églises d'Alsace. Les verrières qu'il crée pour l’église Notre-Dame-des-Pauvres d’Issy-les-Moulineaux (1954-1955), composées de 60 panneaux, font, à l'exception du mur du chevet, le tour de l'ensemble de l'édifice sur une longueur de soixante mètres. Elles apparaissent comme la première réalisation d'une telle importance dans la région parisienne dans le domaine du vitrail non figuratif. Dans les décennies suivantes, Zack crée des vitraux pour une trentaine d’édifices, notamment pour la salle du conseil général de l’Yonne (1957), le séminaire de Kéraudren (1964), l’église Sainte-Jeanne d’Arc à Paris, dans le 18e arrondissement (1965), et l’église Saint-Louis de Brest (1967), ainsi que des tapisseries réalisées par l'atelier Plasse Le Caisne.
L'œuvre
Léon Zack est un artiste figuratif jusqu'en 1946, peignant surtout des portraits dans la veine de la période rose de Picasso (Double portrait d'hommes, 1931, huile sur toile, Colmar, musée d'Unterlinden).
Peu à peu, son pinceau se fait expressionniste. Les visages sont soulignés par des traits noirs torturant les contours.
Il se tourne ensuite vers l'abstraction, d'abord au couteau, puis par de grands lavis où ne subsistent que des nodosités. « Je suis venu au non-figuratif par une évolution lente mais logique. Si d'autres peintres ont pris le chemin du non-figuratif en désirant libérer la peinture de toutes les entraves, j'ai été guidé plutôt par le souci de son approfondissement », confie Léon Zack : « j'ai pu comprendre que l'élément figuratif n'était nullement indispensable pour m'exprimer, qu'au contraire il me gênait »[2].Livres illustrés
Léon Zack a participé à la création de nombreux livres de bibliophilie dont :
- 1922 : Pouchkine, Le Festin pendant la peste, lithographies, Berlin, éditions Walter et Rakind
- 1930 : Voltaire, La Princesse de Babylone suivi de Contes divers, Paris, éditions du Trianon
- 1932 : Mallarmé, Divagations
- 1933 : Rimbaud, Œuvre intégrale
- 1936 :
- Baudelaire, Poésies complètes
- Verlaine, Sagesse
- 1937 : Edgar Poe, Le Corbeau
- 1938 : André Gide, Paludes
- 1944 : Pierre Emmanuel, Le Poète fou
- 1945 :
- Racine, Phèdre, illustré de 10 dessins originaux aux lavis, Monaco, Éditions du Rocher
- Pierre Emmanuel, Hymne à la France
- 1946 :
- Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques, bois gravés
- Longus, Daphnis et Chloé, Monaco, Éditions du Rocher
- Les Baisers de Jean Second imités par Pierre de Ronsard et ses disciples (1500-1600), préface de Henri Chamard, illustrations et ornements de L. Zack, Monaco, Éditions du Rocher (148 p.)
- 1947 : Ronsard, Sonnets, Monaco, Éditions du Rocher
- 1974 : Jean Joubert, L'été se clôt, Paris, Éditions Saint-Germain-des-Prés
Jugement
« Sur la surface mouvante, des taches semblent se mouvoir sous la pression d’attractions mystérieuses. Des espaces interstellaires sont traversés par des nuées diaphanes ponctuées de traces noires, diagonales plus ou moins appuyées pour suggérer cet infini spatial, ce creusement vertigineux qui introduit une illusion d’optique au service d’une certaine objectivation de la pensée et du sentiment. (...) Ces formes qui expriment la matière requièrent des épaisseurs qui vont progressivement régresser jusqu’à l’effusion cristalline traduite par une gamme déclinant le noir aux gris et aux blancs. Simultanément, les cumulus sont pris dans des éclairages blanchâtres, pour des apparitions moléculaires, des empreintes soumises à des mouvances monochromes, rehaussées d’un brun, d’un outremer. L’univers de Léon Zack se laisse appréhender comme un corps évanescent, qui lui a fait rejoindre le courant abstrait après la guerre. La surface se dilate sous la pression de mutations, elles-mêmes offertes à la magie lumineuse qui introduit des frémissements sur la couche picturale. Tout bruisse, effleure à partir d’une touche spontanée et fusionnelle, de subtiles harmoniques dont la technique à l’huile permet à l’artiste de diversifier les effets physiologiques. »
- Lydia Harambourg, dans La Gazette de l'Hôtel Drouot n° 43, 7 décembre 2007, p. 340
Expositions
- 1977 : rétrospective, Musée d'art moderne (Paris)
- 1984 : rétrospective, galerie Protée (Paris)
Musées
- Colmar, musée d'Unterlinden : Double portrait d'hommes, 1931 (au verso : double portrait de femmes); Vierge à l'Enfant, 1946; Sans titre, 1973
- Londres, Tate collection : Peinture, 1952, 97,5 x 130,5 cm
Notes et références
Note
- Notice d'autorité du catalogue général de la BNF
- Jean Grenier, Entretiens avec dix-sept peintres non figuratifs, Paris, Calmann-Levy, 1963, pp. 221-222
Bibliographie
: source utilisée pour la rédaction de cet article
- 1960 : Jean Guichard-Meili, La Peinture aujourd'hui, entretiens avec Zack, Lapicque, Elvire Jan, Carzou, Bertholle, Le Moal, Manessier, Carrade, Bibliothèque de l'homme d'action, Paris, Témoignage chrétien, 118 p. [Léon Zack : pp. 21-31]
- 1961 : Pierre Courthion, Léon Zack, Le musée de poche, Paris, Georges Fall éditeur, 56 p.
- 1963 : Jean Grenier, Entretiens avec dix-sept peintres non figuratifs (Bryen, Busse, Carrade, Debré, Deyrolle, Fontené, Gauthier, Germain, Marfaing, Messagier, Music, Sima, Soulages, Szenes, Ubac, Gérard Vulliamy, Zack), Paris, Calmann-Levy, 232 p. [Léon Zack : pp. 213-231]
- 1976 : Pierre Courthion, Bernard Dorival et Jean Grenier, Léon Zack, Le musée de poche, Paris, Georges Fall éditeur, 110 p.
- 1984 : Claude Stéphane Perrin, Penser l’art de Léon Zack, Éditions L'Âge d'homme, réédition 1990, 168 p. (ISBN 2-8251-2211-4)
- 1989 : Jean-Marie Dunoyer, Léon Zack, Paris Édition de la Différence
- 1990 : Jean-Michel Maulpoix, Léon Zack ou l’instinct du ciel, Paris, Éditions de la Différence
- 1991 : Alain Pizerra, Léon Zack, collection L’Autre Musée, Paris, Éditions de la Différence
- 1993 :
- Léon Zack, catalogue de l'exposition à la maison des princes de Pérouges (Ain)
- Pierre Cabanne, Léon Zack, catalogue raisonné de l’œuvre peint établi par Irène et Florent Zack, Alain Pizerra, Paris, Les Éditions de l'Amateur
- Lydia Harambourg, Dictionnaire des peintres de l'École de Paris, 1945-1965, Éditions Ides et Calendes, Neuchâtel, 1993 (ISBN 2825800481); nouvelle édition, 2010, pp. 508-511 (ISBN 978-2-8258-0241-0)
Liens externes
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