Louis Saint-Just

Louis Saint-Just

Louis Antoine de Saint-Just

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Saint-Just
Pierre-Paul Prud'hon, Portrait de Louis de Saint-Just (1793), musée des Beaux-Arts de Lyon
Pierre-Paul Prud'hon, Portrait de Louis de Saint-Just (1793), musée des Beaux-Arts de Lyon

Nom de naissance Louis Antoine Léon de Saint-Just
Surnom(s) « L'Archange de la Terreur », « l'Archange de la Révolution »
Naissance 25 août 1767
France monarchie Decize
Décès 28 juillet 1794 (à 26 ans)
Drapeau de la France Paris
Nationalité Française
Profession(s) Avocat
Autres activités Homme politique

Louis Antoine Léon de Saint-Just est un homme politique français, né à Decize (Nièvre) le 25 août 1767 et mort à Paris le 28 juillet 1794 (10 thermidor an II), à 26 ans, qui se distingua pour son intransigeance sous la Terreur. Il fut surnommé « l'archange de la Terreur » ou encore « l'archange de la Révolution ».

Sommaire

Biographie

La maison de Saint-Just à Blérancourt, actuellement office du tourisme et musée.

Fils de Louis Jean de Saint-Just de Richebourg (8 novembre 1716-8 septembre 1777), un capitaine de cavalerie décoré de l'ordre de Saint-Louis, et de Marie-Anne Robinot (née à Decize le 8 juin 1734, morte en 1791), fille de Léonard Robinot, conseiller, notaire royal et grenetier au grenier à sel de Decize et de Jeanne Houdry, mariés le 10 mai 1766, il est l'aîné d'une famille de trois enfants. Ses deux sœurs, Louise-Marie-Anne de Saint-Just de Richebourg et Marie-Françoise-Victoire de Saint-Just de Richebourg, voient le jour à Nampcel (Oise), le 12 septembre 1768 et le 10 novembre 1769[1]. Peu après leur mariage, les Saint-Just partent à Nampcel, où vit déjà Marie-Madeleine de Saint-Just, la sœur du capitaine, d'où est originaire le père, avant de s'installer en octobre 1776 dans l'Aisne, à Blérancourt. Après avoir fréquenté l'école du village, Saint-Just étudie de 1779 à 1785 au collège Saint-Nicolas des Oratoriens de Soissons (actuel collège Saint-Just). À la fin de 1785, au cours de ses vacances, il s'éprend de Louise-Thérèse Sigrade Gellé, fille de Louis-Antoine Gellé, notaire royal au bailliage de Coucy-le-Château, mais son père le dédaigne et marie, assez précipitamment, sa fille à François-Emmanuel Thorin, clerc de son étude, à Blérancourt le 25 juillet 1786 (elle fuira à Paris le 25 juillet 1793 pour rejoindre Saint-Just)[2].

De septembre 1786 à mars 1787, Saint-Just est placé, à la demande de sa mère, dans une maison de correction à Paris, rue de Picpus, à la suite d'une fugue. Devenu ensuite clerc auprès de maître Dubois procureur de Soissons, il s'inscrit en octobre 1787 à la faculté de droit de Reims, qu'avaient déjà fréquentée Brissot et Danton, avant de rentrer l'année suivante à Blérancourt, où il séjourne jusqu'en septembre 1792.

L'épisode de la maison de correction a probablement eu une influence sur son poème Organt, critique de la monarchie absolue et de l'Église, au caractère parfois pornographique et dans la tradition cynique, publiée au printemps 1789. Il assiste aux débuts de la Révolution à Paris, puis part rejoindre sa famille à Blérancourt, où il devient lieutenant-colonel de la garde nationale en juillet 1789. C'est au contact de cette population rurale qu'il fera son apprentissage d'homme politique en s'impliquant fortement dans la vie locale. Révolutionnaire exalté, il participe à la Fête de la Fédération en 1790, fait partie du cortège qui escorte Louis XVI au retour de sa tentative de fuite. Il fait la connaissance de Robespierre, à qui il écrit une première lettre en août 1790, et dont il devient un des proches. Comme ce dernier, il est fasciné par la culture gréco-romaine (d'où sont issues la démocratie et la République) et se compare volontiers à Brutus.

Député en 1791 à l'Assemblée législative, on lui refuse le droit de siéger en raison de son âge. Il est élu de l'Aisne le 5 septembre 1792, le 5e sur 12 avec 349 voix sur 600 votants, à la Convention dont il est le benjamin, et rejoint les Montagnards. Dès son premier discours du 13 octobre 1792, il y est un des principaux orateurs, aussi bien lors du procès de Louis XVI, lors duquel il prononce ces phrases, selon une rhétorique implacable inspirée de Rousseau : « On ne peut régner innocemment », « tout roi est un rebelle ou un usurpateur », que lors de la rédaction de la Constitution. Sa dureté et son incontestable talent rhétorique, qui en fera une des voix de la Montagne puis du comité de salut public, se déchaîne contre ses adversaires girondins.

Le 9 mars 1793, il est envoyé par décret dans les Ardennes et l'Aisne avec Jean-Louis Deville, son ami dès avant la Révolution[3], pour la levée de 300 000 hommes. De retour dès le 31 mars à Paris, où il intervient aux Jacobins[4], sa mission prend officiellement fin par décret du 30 avril[4].

Adjoint au Comité de salut public le 31 mai 1793, puis élu le 10 juillet, lors de l'extension du comité, il est envoyé dans l'Aisne , l'Oise et la Somme par arrêté du comité du 18 juillet, mais ne remplit pas cette mission. Nommé ensuite par arrêté du comité du 17 octobre et décret du 22 octobre représentant aux armées avec son ami et conventionnel Philippe Le Bas, il rejoint l'armée du Rhin jusqu'au 25 pluviôse an II (6 janvier 1794), hormis un séjour à Paris du 14 au 20 frimaire an II (4-10 décembre 1793)[4]. Les deux représentants transforment le 5 brumaire (26 octobre 1793) le tribunal militaire en « commission spéciale et révolutionnaire » afin d'accélérer les procédures et de renfocer la sévérité contre les prévaricateurs et les « partisans de l'ennemi »[5]. Saint-Just fait prendre Bitche et délivrer Landau.

Envoyé ensuite à l'armée du Nord avec Le Bas par arrêté du Comité de salut public du 3 pluviôse an II (22 janvier 1794), il est de retour à Paris le 25 pluviôse (13 février)[4].

De retour à Paris, il est l'un des acteurs de la chute des hébertistes, puis des dantonistes.

La bataille de Fleurus, victoire française du général Jourdan, le 26 juin 1794, contre l'armée autrichienne menée par les princes de Cobourg et d'Orange (à droite de Jourdan, Saint-Just en mission, derrière lui Kléber, Championnet et Marceau), peinture à l'huile de Jean-Baptiste Mauzaisse (1837), conservée au musée du château de Versailles.

À la suite d'un arrêté du Comité de salut public du 10 floréal (29 avril), il repart en mission à l'armée du Nord avec Le Bas[4]. Partisan de l'offensive à outrance, il dirige de facto les opérations, au début de mai, et, en dépit des vives réserves de plusieurs généraux comme Kléber ou Marceau, ordonne de lancer une offensive sur Charleroi qui échoue[6]. Son action est en revanche couronnée par les victoires de Courtrai et de Fleurus. Se posant en spécialiste des questions militaires, du fait de ses diverses missions auprès des armées, il s'oppose à cette époque à Carnot[7].

Le Comité l'ayant rappelé par une lettre datée du 6 prairial (25 mai), il rentre à Paris le 12 (31 mai). Puis un arrêté du Comité en date du 18 prairial (6 juin) le charge d'une mission aux armées du Nord et de l'Est, « de la mer jusqu'au Rhin ». Il est de retour dans la capitale le 11 messidor (29 juin)[4].

Lors de la crise de thermidor, il tente, avec Barère, de rétablir la concorde au sein des comités, organisant notamment la réunion du 5 thermidor. À cette occasion, il est chargé de lire un rapport devant la Convention sur les heurts qui ont secoué le gouvernement révolutionnaire. Mais le discours de Robespierre devant l'assemblée, le 8 thermidor accélère le dénouement de la crise. Pris à partie, dans la nuit, par Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, il réoriente son discours dans un sens plus critique à l'égard de ces deux hommes, indiquant au cinquième paragraphe : « quelqu'un cette nuit a flétri mon cœur ». Toutefois, bien loin de chercher à abattre ses ennemis, il espère, à travers cette intervention, rétablir l'entente parmi les membres du comité de salut public. En conclusion, il propose à la Convention un décret affirmant que les institutions républicaines, alors en préparation, « présenteront les moyens que le gouvernement, sans rien perdre de son ressort révolutionnaire, ne puisse tendre à l'arbitraire, favoriser l'ambition, et opprimer ou usurper la représentation nationale ».

Le lendemain, alors qu'il commence son discours, il est interrompu par Tallien et, plutôt que de se battre, se mure dans un silence énigmatique ; il est décrété d'accusation. Libéré par l'insurrection de la commune de Paris, il se laisse arrêter par les troupes fidèles à la Convention, silencieux, le matin du 10 thermidor, et est guillotiné, à l'âge de vingt-six ans, avec les principaux partisans de Robespierre dans l'après-midi.

Citations

  • « Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que creuser un tombeau. »
  • « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »
  • « Le bonheur est une idée neuve en Europe », rapport au nom du comité de salut public sur le mode d'exécution du décret contre les ennemis de la Révolution présenté à la Convention nationale le 13 ventôse an II (3 mars 1794)
  • « Les malheureux sont les puissances de la Terre. Ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent. »
  • « La tragédie, aujourd'hui, c'est la politique... »
  • « Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé. »
  • « Je méprise la poussière qui me constitue et qui vous parle, vous pouvez la détruire mais je défie qu'on m'arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux.»
  • « Nul ne peut régner innocemment.»

Publications

Bibliographie

  • Marc Eli Blanchard, Saint-Just et Cie, A.-G. Nizet, 1979, 111 pages.
  • Madeleine-Anna Charmelot, Saint-Just ou le chevalier Organ, Éditions Sésame, 1957.
  • Pierre Deroclès (pseudonyme d'Albert Soboul), Saint-Just, ses idées sociales et politiques, Éditions sociales internationales, 1937, 173 pages.
  • Maurice Dommanget, Saint-Just, Éditions du Cercle, 1971, 200 pages.
  • Édouard Fleury, Saint-Just et la Terreur, 2 vol., Divier, 1852, lire en ligne le vol. 1
  • Jean-Pierre Gross, Saint-Just: sa politique et ses missions, Bibliothèque nationale, 1976, 570 pages (ISBN 271771278X).
  • Ernest Hamel, Histoire de Saint-Just, député à la Convention Nationale, Paris, 1859.
  • Monique Ipotési, Saint-Just et l'antiquité, Schena, 1984, 135 pages.
  • Ralph Korngold, Saint-Just, traduit de l'anglais par Albert Lehman, Bernard Grasset, 1937, 255 pages.
  • Albert Ladret, Saint-Just, ou, Les vicissitudes de la vertu, Presses universitaires de Lyon, 1989, 326 pages (ISBN 2729703454).
  • Albert Ollivier, Saint-Just et la force des choses, Gallimard, 1954, 587 pages.
  • Saint-Just, On ne peut pas régner innocemment (Discours sur les Constitutions de la France) (avec une postface de Joël Gayraud), Mille et une Nuits, Paris, 1997.
  • Saint Just, Œuvres complètes, édition établie par Michèle Duval, volume relié, Champ libre, Paris, 1984. Réédité par les éditions Ivrea, Paris, 2003
  • Albert Soboul (dir.), Actes du Colloque Saint-Just: Sorbonne, 25 juin 1967, Société des études robespierristes, Paris, 1968, 466 pages.
  • Albert Soboul, « Sur la mission de Saint-Just à l'armée du Rhin (brumaire an II) », Annales historiques de la Révolution française, 1954, p. 193-231 et 298-337.
  • Bernard Vinot, Saint-Just, Fayard, 1985, 1938 pages.

Source partielle

Notes et références

  1. G. Lenotre, Paris révolutionnaire: Vieilles maisons, vieux papiers, vol. 1, Perrin et cie, 1920, p. 324.
  2. Marie Lenéru, Saint-Just, Bernard Grasset, 1922, 181 pages, p. 95.
  3. Michel Biard, Missionnaires de la République, Paris, CTHS, 2002, p. 96.
  4. a , b , c , d , e  et f Michel Biard, op. cit., 2002, p. 195.
  5. Michel Biard, op. cit., 2002, p. 302.
  6. Michel Biard, op. cit., 2002, p. 306.
  7. Michel Biard, op. cit., 2002, p. 220.

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