- La Classe Américaine
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La Classe américaine
La Classe américaine ou Le Grand Détournement est un film de 1993, écrit et réalisé par Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette. Il est exclusivement composé d'extraits de vieux films de la Warner, montés et doublés afin de créer un nouveau film inédit. Le titre du film provient de l'expression populaire classe américaine.
La première diffusion a eu lieu sur la chaine Canal+ le 31 décembre 1993. Une seconde diffusion a eu lieu en 2004 sur la chaîne Festival (devenue depuis France 4). Le film n'a jamais été édité officiellement en VHS ou en DVD. Il connaît néanmoins une nouvelle jeunesse grâce à des versions numérisées qui circulent sur Internet.
Sommaire
Synopsis
Le film commence en affichant la phrase : « Attention ! ce flim n'est pas un flim sur le cyclimse. Merci de votre compréhension », avec les fautes d'orthographe à « flim » et « cyclimse » dans le texte original. Le synopsis, ainsi que le déroulement du film en multiples flashbacks, parodient Citizen Kane d'Orson Welles.
L'histoire débute avec la mort de l'homme le plus classe du monde, George Abitbol (John Wayne), au large de l'atoll de Pom Pom Galli, situé entre l'Australia et la South America, dans l'Ocean South Pacific. Les journalistes Dave (Paul Newman), Peter (Dustin Hoffman) et Steven (Robert Redford) enquêtent sur ses dernières paroles : « Monde de merde »[1]. Les journalistes vont donc approcher toutes les personnes qui l'ont connu pendant sa vie au Texas, et découvrir qu'il n'était peut-être pas aussi classe que la légende le prétendait...
Réalisation
À l'occasion de son centenaire en 1993, la Warner a délivré à Canal+ l'autorisation d'utiliser les extraits de son catalogue (environ 3 000 titres) afin de réaliser un petit film promotionnel, avec néanmoins quelques recommandations : ne pas toucher, entre autres, ni à Clint Eastwood ni à Stanley Kubrick.
Le tour de force de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette fut alors de réussir à réaliser un long-métrage complet en s'adjoignant les services des authentiques comédiens de doublage de l'époque des personnages détournés : les voix de Raymond Loyer (l'acteur de doublage attitré de John Wayne) et de Roger Rudel (la voix familière et nasillarde de Kirk Douglas et Richard Widmark entre autres). On trouve également les voix de Christine Delaroche, Evelyne Grandjean, Marc Cassot, Patrick Guillemin, Joël Martineau, Jean-Claude Montalban, Lionel Abelansky, Alain Chabat, Dominique Farrugia, Jean-Yves Lafesse, et Serge Hazanavicius.
Références au film
Ce film est considéré comme un film culte dans l'histoire du détournement. On trouve de nombreuses références à La Classe Américaine dans d'autres œuvres et chez d'autres artistes :
- Le Peuple de l'Herbe dans beaucoup de ses chansons.
- Le groupe de punk Brigitte Bop.
- La coopération entre Alif Sound System et Burning Heads sur l'album Never Trust a Punk.
- Mozinor et la plupart des petits « détourneurs », on peut d'ailleurs entendre "Monde de merde" dans certains détournements.
- Le groupe de grind metal Gronibard.
- Le groupe de Black Metal Abitbollus, dont c'est l'un des fils conducteurs.
- Les nîmois de 10 Rue d'la Madeleine influencés dans leur chanson La Classe américaine.
- Les texans Rock-Electro que sont les Georges Habitbol Brothers.
- Axis Mundi dans certains de ses morceaux, et notamment Monde de.
- Des extraits du film ont servi de jingles sur Radio Nova, ainsi que sur Radio666.
- La version française du jeu Grand Theft Auto IV contient quelques références au film. Ainsi, lors de la première mission pour le U.L. Paper, on peut écouter un homme parler au téléphone, au début de la scène. À la fin de la scène, on le revoit qui dit « On va manger des chips ! T'entends ? Des chips ! », clin d'œil à la scène de Hugues et du chef Indien bilingue.
- La version française de l'extension du jeu Grand Theft Auto IV, The Lost and Damned, où après avoir terminé la dernière mission le héros lance cette réplique ; « Saloperie de dinosaure partouzeur de droite » en référence à l'« animal préhistorique partouzeur de droite » du film.
- La version française du jeu GTA: Chinatown Wars sur Nintendo DS, un clin d'œil au film apparaît dans un dialogue entre le personnage principal et un personnage secondaire, lors d'un échange de marchandises. (« Moi aussi, je l'ai vu ce flim, abruti. Le train de tes injures roule sur les rails de mon indifférence. »)
- La version française du jeu Animal Crossing: Let's Go to the City, contient des références au film, le personnage Ramsès dit « J'ai besoin de tes conseils pour devenir l'homme le plus classe du monde ! ».
- La version française du jeu The Legend of Zelda: Twilight Princess, dont la traduction a été assurée par Michaël Hugot, contient des références au film. Dans le Village Oublié, lorsqu'on doit retrouver les chats, deux d'entre eux diront « Il est déjà neuf heures ? » et « Sur mon front, c'est pas marqué radio-réveil ! », clins d'œil à la scène de George Abitbol attaquant Jacques à neuf heures, comme il l'avait prévenu.
- Les crédits du jeu Gears of War 2 où chaque développeur a droit a une case avec sa photos et un court texte. Un de ceux-ci, d'origine française, a pour texte ; « Ceci n'est pas un jeu sur le cyclimse » inspiré de la phrase d'ouverture du film.
- Le dessinateur Gregory Makles a repris la scène avec Orson Welles dans son album des Aventures de Stevostin.
- Dans World of Warcraft, Wrath of the Lich King, durant l'épuration de stratholme, un villageois contaminé par la peste envisage « ça doit être les burgers ». Référence au chef de Peter et Steven, apprenant une indisposition de Peter à cette réplique.
- Dans le jeu vidéo Battlefield: Bad Company, au début d'une mission (« Aller à Sadiz »), Haggard dit ; « Quand tout sera fini je vais me taper une énorme ouiche ».
- Le film Didier, de et avec Alain Chabat (qui double Gorge Profonde dans La Classe Américaine) contient deux clins d'œil au film :
- Le faux nom donné par Jean-Pierre Bacri à Alain Chabat pour qu'il puisse jouer dans son équipe de foot est Hazanavicius.
- L'ami et collègue de Jean-Pierre Bacri, joué par Lionel Abelanski, se nomme Charlie Abitbol, en référence à George Abitbol.
Extraits de films
La Classe américaine est un long montage d'extraits de films redoublés. Voici une liste (non exhaustive) de ces films :
- Les Hommes du président (1976)
- Le Tour du monde en 80 jours (1956)
- L'Arrangement (1969)
- L'Esclave libre (1957)
- La Bataille des Ardennes (1965)
- Le Dernier Secret du Poseidon (1979)
- L'Allée sanglante (1955)
- Bullitt (1968)
- Les Cordes de la potence (1973)
- Votez Mc Kay (1972)
- Les Conquérants de Carson City (1952)
- Charro! (1969)
- Attaque au Cheyenne Club (1970)
- Chisum (1970)
- La Cité sous la mer (1971)
- Dynamite Jones (1973)
- Les Cowboys (1973)
- Le Corsaire rouge (1952)
- Délivrance (1972)
- L'Aigle solitaire (1954)
- Executive Action (1973)
- La Police fédérale enquête (1959)
- Les Cinq Hors-la-loi (1968)
- Quatre du Texas (1963)
- Les Anges gardiens (1974)
- Un homme fait la loi (1969)
- Le Privé (1966)
- La Fureur du danger (1978)
- Jeremiah Johnson (1972)
- Juge et hors-la-loi (1972)
- Mad Max (1979)
- Un silencieux au bout du canon (1974)
- Le Miracle de Fatima (1952)
- L'Inconnu de Las Vegas (1960)
- Le Vieil Homme et la mer (1956)
- Massacre pour un fauve (1963)
- Rio Bravo (1959)
- Le Renard des océans (1955)
- La Prisonnière du désert (1956)
- Commencez la révolution sans nous (1970)
- Le Récidiviste (1978)
- Le Reptile (1970)
- La Tour infernale (1974)
- Les Voleurs de trains (1973)
- La Vallée de Gwangi (1969)
- Le Courrier de l'or (1959)
- Le Jour de la fin du Monde (1980)
- La toile d'araignée (1975)
Fiche technique
- Réalisation : Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette
- Scénario : Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette
- Musique : Laurent Petitgirard
- Production : Ève Vercel, Robert Nador et Michel Lecourt
- Durée : 72 minutes
- Couleurs
Distribution
- John Wayne : George Abitbol
- Dustin Hoffman : Peter
- Robert Redford : Steven
- Paul Newman : Dave
- Burt Lancaster : José
- Dean Martin : Dino
- Henry Fonda : Hugues
- Frank Sinatra : Franky
- Clark Gable : l'acteur
- Robert Mitchum : Yves
- Lana Turner : Isabelle
- Martin Balsam : Callaghan
- Orson Welles : lui-même
- Donald Sutherland : Le tueur à gage
- James Stewart : Jacques
- Charles Bronson : le chef indien
- Elvis Presley : le putain d'énergumène
- Ned Beatty : Frédéric
- Angie Dickinson : Jacqueline
- Spencer Tracy : le témoin professionnel
- Ernest Borgnine : Ernest
- Jan-Michael Vincent : le fan d'hélicoptère
- Yvonne De Carlo : la femme de l'acteur
- Randolph Scott : Joël Hammond
- James Franciscus : le professeur Hammond
- Lauren Bacall : Christelle
- Slim Pickens : Gorge profonde
- Antonio Fargas : Huggy les bons tuyaux
- Pamela Tiffin : La fille en bikini
Clins d'œil
- Les références à des stylistes de mode célèbres (Azzedine Alaïa et Yohji Yamamoto), évoqués au tout début du film, se placent dans le même contexte que son propre titre ; « la classe américaine » étant une expression populaire dans les milieux du textile parisien, popularisé à nouveau plus tard par des films à succès tels que La Vérité si je mens.
- Au début, le patron reprend une phrase de Citizen Kane (« Si c'est une femme, je veux savoir quelle femme. Si c'est un cheval, je veux savoir dans quelle course ! »). Peter et Steven pensent, eux, à un traîneau.
- Orson Welles meurt en disant « Rosebud », tout comme son héros dans le film Citizen Kane, film dont La Classe Américaine est par ailleurs une parodie. Le fait que ce film soit une parodie est d'ailleurs dit ouvertement, car juste après que Peter et Steven disent penser au traineau de Citizen Kane, Orson Welles déclare « je me permets d’interrompre ce flim parce qu’on se fout un peu d’ma gueule, c’est du vol et du plagiat, j’aime pas trop les voleurs et les fils de pute »
- Callaghan fait référence à une chanson de Daniel Balavoine (« c'est mon fils, ma bataille, le fruit de mes entrailles »).
- On apprend que le chef indien, joué par Charles Bronson, est devenu justicier dans la ville, en référence à son film Un justicier dans la ville.
- Le personnage de Dino est joué par Dean Martin, dont le véritable prénom était Dino.
- Dans la scène où Dino dit : « Vous savez, j'arrivais d'Italie, de Turin. À l'époque, j'étais supporter de la Juventus. », on peut voir qu'il porte un foulard rayé noir et blanc, qui sont les couleurs de la Juventus de Turin.
- Quand Dino dit « J'suis limite nervous breakdown... », il fait référence au film Les Tontons flingueurs.
- « Il est déjà neuf heures ? », phrase prononcée par Jacques quand George se met à lui tirer dessus, pourrait être une référence au « Il est déjà midi. » de l'homme à l'harmonica dans Il était une fois dans l'ouest (elle-même en référence au western Le Train sifflera trois fois) ou bien à la scène du dernier volet de Retour vers le futur où Marty doit se battre en duel contre Tannen. Autre possibilité : Les coups de canon annonçant 9 heures du matin dans le film Mary Poppins.
- C'est Jean-Yves Lafesse qui double la voix de l'ami de Dino.
- Bazounga, le patron intelligent du Orlando's, tient probablement son nom d'un personnage des Nuls.
- Le « putain d'énergumène » interprété par Elvis Presley ne prononce que quatre phrases : « Aime-moi tendre, aime-moi vrai. », « Tu peux faire tout ce que tu veux, mais évite de marcher sur mes chaussures en suédine bleue. », « Ne sois pas cruel. » et « Un pour l'argent, deux pour le spectacle, et trois pour le caillou. » Ce sont toutes des traductions mot à mot de paroles de ses chansons (respectivement Love me tender, Blue Suede Shoes, Don't Be Cruel et à nouveau Blue Suede Shoes). George conclut par « S'il cherchait pour du trouble, il est venu à la bonne place. », une traduction littérale d'un couplet d'une autre morceau d'Elvis Presley : T-R-O-U-B-L-E (en) (« If you're looking for trouble, you came to the right place »).
- Artemus Gordon, le modèle de Dave, est un personnage de la série Les Mystères de l'Ouest.
- Quand Steven pense à « Albert Londres, Günter Wallraff, et autre Robert Namias », on peut imaginer que l'évocation du nom de celui qui était alors le rédacteur en chef du journal de 20h de TF1 aux côtés de ceux de deux illustres journalistes est légèrement teintée d'ironie.
- Idem avec « Hervé Claude, Jean-Claude Narcy, faites place, ténors du journalisme ! » qui étaient, à l'époque, respectivement présentateur du journal télévisé de Antenne 2 et présentateur remplaçant en semaine de celui de TF1.
- Ernest et son jeune ami enthousiaste sont deux des acteurs de la série Supercopter.
- L'acteur joué par Clark Gable mimant son plus grand film suggère Autant en emporte le vent.
- Dans le témoignage de l'acteur, celui-ci rencontre un soldat qui ressemble beaucoup au présentateur télé Julien Lepers. Le soldat se livre donc à une parodie de Questions pour un champion.
- Crédités au générique, deux ex-Nuls : Alain Chabat (qui double le personnage de Gorge Profonde — Gorge Profonde était le nom de l'indic des journalistes Woodward et Bernstein pendant l'affaire du Watergate, évoquée par Les Hommes du président, qui a fourni de nombreuses scènes à la Classe Américaine) et Dominique Farrugia, qui double le personnage du copain d'Huggy.
- Huggy les bons tuyaux est joué par Antonio Fargas, l'acteur qui jouait effectivement Huggy dans la série Starsky et Hutch.
- Un des marins de George Abitbol se fait appeler V12 et on apprend que son vrai nom est Travers-de-Porc-Sel-Poivre. Cela suggère les menus des restaurants asiatiques où chaque plat est référencé par un code pour faciliter la commande.
- Peu importe la tenue vestimentaire de George Abitbol, on entendra toujours un son d'éperon à ses chaussures. Les ingénieurs du son ont poussé le doublage à tel point que même une mouche en second plan a été sonorisée.
- Le restaurant El Rancho, dont le patron a gagné le premier prix de nourriture chinoise en préparant un mechoui fait référence à l'un des lieux visité par les journalistes dans Citizen Kane. C'est à El Rancho qu'habite une des proches de Charles Foster Kane.
- Après ses efforts en matière de déguisement, Dave est qualifié de « vrai petit caméléon », en référence, sans doute, aux différentes couleurs de la tête de Paul Newman sur les variations et déclinaisons des produits de sa fameuse marque Newman's Own (en).
Les autres détournements
L'équipe de La Classe américaine a réalisé d’autres détournements, tous diffusés sur Canal+.
Ça détourne (décembre 1992)
(ou Le Triomphe de Bali Balo, ou La Splendeur de la honte, ou L'Invasion des pervers polymorphes, ou Le Lapin connaît la musique)
- Écrit et réalisé par Michel Hazanavicius, Daniel Lambert et Dominique Mézerette.
- Produit par Ève Vercel, Robert Nador et Michel Lecourt.
- 39 minutes, couleurs, Canal+/DUNE/Warner Bros Télévision.
Ce film mêle des séquences originales de Valérie Payet et Philippe Dana à des extraits redoublés de dessins animés avec Bugs Bunny, Daffy Duck... et de films avec Steve McQueen, Burt Lancaster, Jack Nicholson, Jean Gabin, etc.
Derrick contre Superman (1992)
(ou Eine grosse Fünf)
- Conçu et réalisé par Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette.
- Produit par Ève Vercel et Robert Nador.
- 16 minutes, couleurs, DUNE/Canal+.
- Avec Roger Hanin, Roger Moore, David Soul, etc.
- Voix de Patrick Burgel et Évelyne Grandjean
1992 : la chaîne de télévision La Cinq disparaît tragiquement, Derrick essaye de la sauver en contactant des héros tels que le capitaine Kirk, Starsky et Hutch, Navarro... Mais ses plans sont contrés par Superman, aidé par Numéro 6 (comprenez M6) et Roger Moore, qui le met hors d'état de nuire.
« T'es qu'un gros connard, Derrick, j'te dis merde, t'entends, je t'emmerde ! »— Navarro, dans Derrick contre Superman
Une réplique de ce film (« Et comment donc Houston... ») apparaît sur les pages d'erreur 404 du site de partage vidéo Dailymotion.
Notes et références
- ↑ George Abitbol, malgré sa courte apparition dans le film, prend le temps de nous laisser nous délecter de somptueuses répliques, telles que « Tu baises des ménagères ? C'est bien, tu dois avoir le cul qui brille », ou encore son mythique « Monde de merde ! », qui constituera un élément crucial de l'enquête.
Voir aussi
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