- Kémi Séba
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Kémi Séba (qui signifie « l'étoile noire » en égyptien ancien)[1], né Stellio Capo Chichi[2] le 9 décembre 1981[réf. nécessaire], est un activiste et prédicateur noir français[3]se présentant comme « anti-impérialiste », « anti-sioniste », et panafricain[4],[5]. Plusieurs fois condamné par la justice de son pays pour incitation à la haine raciale, Kémi Séba est le fondateur ou porte-parole de plusieurs organisations, notamment Tribu Ka, dont deux sont dissoutes par décret. Depuis avril 2010, Kémi Séba est le ministre francophone du New Black Panthers Party, une organisation afro-américaine basée à Washington[6],[7].
Le politologue Stéphane François résume la posture politique de Kémi Séba comme celle d'un « racialiste intégral qui a renversé la pyramide raciale élaborée au XIXe siècle : le peuple civilisateur n’est plus celui des Aryens, mais l’Africain noir[8] ».
Sommaire
Biographie
Stellio Gilles Robert Capochichi, né à Strasbourg le 9 décembre 1981 de parents français d'origine béninoise[9], est un représentant du radicalisme noir en France. Après un an et demi passé au sein de la Nation of Islam à Paris, qui lui aurait donné ses bases idéologiques[10] et ses capacités d'orateur[11], il prône la « revalorisation de la race noire », qui passe selon lui par la « séparation » des Noirs et des Blancs (qu'il nomme « leucodermes ») « descendants d'esclavagistes colonisateurs » et qui selon lui, pour beaucoup, pratiquent encore le rejet des Noirs[10]. Il s'est présenté en 2007 comme un « militant de métier au service des citoyens victimes de racisme, à cause de la couleur foncée de leur peau », vivant « des dons de ses sympathisants, 300 à 600 euros par mois »[12].
Alliant panafricanisme et kémitisme, il participe à la fondation du groupuscule noir radical Parti kémite en 2002[10], dont il est pendant deux ans le porte-parole national, avant de quitter ce dernier le trouvant trop intégrationniste à son goût[10]. Il change de nom à cette période en Kémi Séba[10].
Puis, en décembre 2004, il fonde la Tribu Ka, cette dernière organisation étant considérée comme un mouvement politico-mystique d'obédience kémite[10].
En juillet 2008, il se convertit à l'islam[13] après son séjour en prison[14],[15] et affirme avoir abandonné ses références « suprémacistes » au profit d'une vision « ethno-différencialiste », ne pensant plus que « l'homme blanc est le diable[16] ». Le 14 avril 2010, il est nommé « Ministre francophone » de l'organisation afro-américaine « New Black Panther Party For Self-Defense » qui est basée à Washington, et représentant du prédicateur extrémiste noir Khalid Abdul Muhammad. Il reçoit à cette occasion le nom de « Kemiour Aarim Shabazz »[6],[7].
Le 14 juillet 2010, il défraie, à nouveau, la chronique en annonçant le lancement du Black Pempers Center, le premier centre de loisir réservé ou destiné (selon la sémantique employée) aux enfants Noirs[17] en France.
En février 2011, Kémi Séba quitte la France pour rejoindre le Sénégal. Peu de temps après son arrivée au Sénégal, il est engagé comme porte-parole du « mouvement mondial de la jeunesse panafricaine pour les États Unis d'Afrique », mettant en avant le fait que le coordinateur en est le ministre-conseiller chargé du panafricanisme Amadou Lamine Faye[4]. Kémi Séba quitte ce poste deux mois plus tard, les deux hommes se renvoyant les raisons de ce départ[18].
Tribu Ka
Article détaillé : Tribu Ka.La Tribu Ka, créée par Kémi Séba en décembre 2004, est un mouvement s'inspirant du kémitisme. Ce mouvement a été dissous le 26 juillet 2006 pour incitation à la haine raciale, par décision du gouvernement Dominique de Villepin[19].
Génération Kémi Séba
Article détaillé : Génération Kémi Séba.Le 14 janvier 2007, Kémi Séba tient une conférence à Tours dans laquelle il annonce la création de son nouveau groupe Génération Kemi Seba formé afin de succéder à la Tribu Ka[20]. Ce nouveau groupe reprend la doctrine afrocentriste de la Tribu Ka[21]. À cette occasion, il a déclaré : « Je rêve de voir les blancs, les arabes et les Asiatiques s'organiser pour défendre leur identité propre. Nous combattons tous ces macaques qui trahissent leurs origines, de Stéphane Pocrain à Christiane Taubira en passant par Mouloud Aounit. [...] Les nationalistes sont les seuls blancs que j'aime. Ils ne veulent pas de nous et nous ne voulons pas d'eux. [...] Parce qu'il y aurait eu la Shoah, je n'ai rien le droit de dire sur mon oppresseur sioniste[21]? »
Mouvement des damnés de l'impérialisme
Article détaillé : Mouvement des damnés de l'impérialisme.Kémi Séba a été nommé secrétaire général et président du Mouvement des damnés de l'impérialisme par le bureau exécutif[22].
Activités politiques et médiatiques
Kémi Séba a présenté en septembre 2007 un spectacle intitulé « Politik Street Show : Sarkophobie » au Théâtre de la Main d'or dirigé par Dieudonné. Il a un temps envisagé de se présenter aux élections municipales de 2008 à Sarcelles sur une liste « identitaire[20] », candidature abandonnée[23].
À la fin de la manifestation propalestinienne à Paris du 11 janvier 2009, il déclare : « Les sionistes sont les nazis du XXIe siècle (...) Ce qui se passe aujourd'hui en Palestine est mille fois pire que la Shoah (...) Nous abattrons les sionistes, nous abattrons l'impéralisme (...) Que tous les sionistes sur Paris sachent qu'ils ne dormiront plus tranquilles » et, repris par l'assistance, « À mort Israël » puis « À mort les sionistes »[24]. Quelques jours plus tôt, il a établi un parallèle entre la situation israélo-palestinienne « Les colons, c'est le SIDA de l'humanité » et un complot occidental contre l'Afrique : « À Kinshasa, les impérialistes, ils ont balancé des maladies (...) Ceux qui balancent au Zimbabwe le virus Ebola (...) Contre Mugabe, ils ont balancé le choléra »[25].
Fin mars 2009, Kémi Séba est invité par Dieudonné à participer à sa liste électorale des élections européennes de 2009 mais il refuse, ses idées étant en contradiction avec l'anti-communautarisme invoqué par Dieudonné et Alain Soral (également sur la liste). Toutefois, plusieurs colistiers de Dieudonné rejoindront le MDI après l'élection [26].
Dans une vidéo du MDI, il dit « préférer Hitler à Bonaparte » et disant citer Malcolm X « Au moins, sous Hitler, les Noirs trouvaient du travail (...), parce qu'ils étaient engagés dans les armées pour lutter contre le péril nazi[27]. »
Il est qualifié par le magazine Jeune Afrique de "Louis Farrakhan français"[28] ainsi que par Seneweb de "Malcolm X des temps modernes"[5]. En avril 2010 les États-Unis l'inscrivent dans la liste des dix plus grands prédicateurs racistes de l'histoire moderne[3].
Affaires judiciaires
En septembre 2005, à la suite de certaines de ses prises de positions médiatiques, il est mis en examen suite à une plainte de Patrick Karam, originaire du Liban, qu'il aurait stigmatisé comme un « blanc », à la tête du collectif antillais DOM montré comme « majoritairement noir ». Dieudonné, qui, jusque-là, mettait son théâtre parisien du passage de la Main d'Or à sa disposition pour l'organisation de meetings, prend officiellement ses distances avec lui pour avoir organisé des réunions dans lesquelles il interdisait l'entrée aux non-noirs[10].
En février 2006, après le meurtre d'Ilan Halimi, Kemi Seba menace de s'en prendre physiquement aux rabbins français si « un des cheveux du frère Youssouf Fofana était effleuré »[29], dans un courriel envoyé à des associations juives.
Le 8 février 2007, il tient une conférence à Chartres, où des policiers dépêchés sur place en raison d'un « trouble à l'ordre public » auraient été traités de « policiers sionistes à la solde d'un gouvernement sioniste ». Arrêté pour violences et menaces, Kémi Séba a été condamné en comparution immédiate et immédiatement incarcéré[30]. En appel, le 3 mai à Chartres, Kémi Séba revendique ses propos, et précise qu'être antisioniste ne fait pas de soi un antisémite argumentant que dans ce cas tous les anticommunistes seraient de facto « antirusses[31] ». Le verdict prononcé le 28 juin 2007 par le tribunal correctionnel de Chartres le condamne à 6 mois de prison avec sursis, 1 500 € d'amende et 1 000 € de dommages-intérêts à la LICRA, le procureur ayant demandé 6 mois de prison ferme et 10 000 euros d'amende. Son porte-parole national, Héry Djéhuty Séchat de son vrai nom Cyrille Kamdem, a été condamné à 3 mois de prison avec sursis et 750 € d'amende, ainsi que 1 000 € de dommages-intérêts à la Licra.
Le 30 novembre 2007, il a été condamné en première instance à un mois de prison ferme, à deux ans d'inéligibilité et à des dommages-intérêts par le tribunal correctionnel de Paris pour la diffusion sur site Internet de propos antisémites et négationnistes en août 2006[32]. Kémi Séba a fait appel et devrait donc pouvoir se présenter aux élections municipales, l’appel étant suspensif.
Jugé pour avoir reconstitué sous le nom de « Génération Kémi Séba » la Tribu Ka dissoute, Kémi Séba a été jugé le 20 février 2008. Le 1er avril, il a été condamné à six mois de prison, dont deux fermes, ainsi qu'à un an de privation de droits civiques, civils et de famille. Il a annoncé son intention de faire appel[33]. L'appel a été renvoyé au 3 octobre 2008 par la cour d'appel de Paris[34].
À propos de ces procès, il déclare : « Les procès sont la preuve, pour la rue, pour les nôtres, qu'on s'attaque au système. Plus ils nous attaquent, mieux c'est[16]. »
À la suite de la diffusion sur son site web d'une vidéo appelée « nuits de l'anti-impérialisme » considéré par l'UEJF comme un « appel au meurtre dirigé contre les juifs » et qualifié par le ministère public d'incitation à la haine raciale, l'UEJF et l'association « J'accuse », soutenues par SOS Racisme et le MRAP, attaquent Kémi Séba en justice pour faire interdire son site[35], mais le juge des référés s'estime non compétent pour en ordonner le retrait[36].
Le 19 décembre 2008, Kémi Séba est placé en garde à vue dans le cadre de l'agression dont a été victime Ahmed Meguini, un vidéaste qui avait réalisé un « film très critique sur lui[37] ». Le 22 décembre 2008, il est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à deux mois d'emprisonnement avec sursis assortis d'une mise à l'épreuve de 18 mois[38].
Le 15 juillet 2009, l'organisation de jeunesse « Jeunesse Kémi Séba » est dissoute par decret, sur proposition du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, en application de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées, l'accusant de « propager une idéologie raciste et antisémite » et de « se livrer à des actes intolérables de provocation et de violence »[39],[40].
Voir aussi
Articles connexes
- Antisionisme
- Antisémitisme
- Négationnisme
- Théorie du complot
- Anti-impérialisme
- Ethno-différentialisme
- Génération Kémi Séba
- Kémitisme
- Mouvement des damnés de l'impérialisme
- Nationalisme
- Nation of Islam
- Racisme
- Tribu Ka
Liens externes
Notes et références
- «On me traite de nazi noir», Le Nouvel Observateur, 30 octobre 2008.
- Décret du 28 juillet 2006 portant dissolution d'un groupement de fait, Journal officiel de la République française.
- Kémi Séba dans la liste des prédicateurs racistes les plus influents
- "A Dakar, le Ministre Amadou Lamine Faye engage le célèbre prédicateur panafricain Kemi Seba en tant que son porte parole, chargé de la communication du réseau mondial “l’Alliance Panafricaniste"", Destin de l'Afrique, 18 mars 2011
- "Le Sénégal, nouveau refuge de l’activiste Kémi Séba", Seneweb.com, 3 mars 2011
- Kemi Seba nommé par le NEW BLACK PANTHER PARTY, basé à Washington, Ministre francophone sur le site du MDI
- Appointment as NBPP National Representative in France
- Stéphane François, Les Mondes de Dieudonné,blog Fragments sur les temps présents, 16 août 2011.
- « Les délires antisémites de la Tribu Ka », Le Figaro, 30 mai 2006. D'autres origines fantaisistes lui ont cependant été parfois attribuées :
- Stephen Smith et Géraldine Faes, Noir et Français, 2006.
- Ibid., p. 195.
- « Kémi Séba, fondateur de l'ex-Tribu Ka condamné à 5 mois de prison dont 3 ferme », AFP, 9 février 2007.
- http://www.mdi2008.com/kemi-seba-et-le-mdi-dans-dimanche-plus/
- « Kémi Séba musulman !!! », site de Kémi Séba, 30 juillet 2008.
- (fr)'Kemi Seba : “Je ne crois plus que l'homme blanc est le diable” sur SaphirNews.com, 5 août 2008
- « L'alliance des extrémistes noirs et blancs », Le Monde, 23 septembre 2008.
- "Un centre de loisirs réservé aux enfants noirs", Le Parisien, 14 juillet 2010.
- Au Senegal, un conseiller de Wade embauche Kemi Seba avant de l'accuser de s'etre servi de lui », Streetpress.com, Seneweb «
- Legifrance: Décret du 28 juillet 2006 portant dissolution d'un groupement de fait
- « Cinq mois après sa dissolution, la Tribu Ka prépare son retour », Le Monde, 15 janvier 2007.
- « L'ex-Tribu Ka de retour sur la même ligne », Libération, 18 janvier 2007. Mourad Guichard,
- Organigramme sur le site officiel.
- Résultats de Sarcelles aux municipales de 2008.
- GAZA, C'EST LA SHOAH!!!, Daily Motion, 11 janvier 2009. Consulté le 11 janvier 2009
- GK.SEBA:"POUR GAZA ET KINSHASA, MOINS DE SHOW, PLUS DE SEUM", Daily Motion, 6 janvier 2009. Consulté le 11 janvier 2009
- Article sur www.rue89.com
- "Je préfère Hitler à Bonaparte", Le Monde, 11 août 2009. Consulté le 11 août 2009
- "Qui est le « Farrakhan français » ?", Jeune Afrique, 30 juillet 2006
- Les délires antisémites de la Tribu Ka
- Reuters du 9 février 2007, 23 h 16. Dépêche
- « Devant la justice, le fondateur de Tribu Ka revendique ses propos », La Provence, 3 mai 2007.
- « Un mois ferme pour l’ex-leader de Tribu Ka », Le Figaro, 30 novembre 2007.
- « Tribu Ka, deux mois de prison ferme », Le Figaro, 1er avril 2008.
- « Tribu Ka : procès renvoyé au 3 octobre », Le Figaro, 4 juillet 2008.
- Décision lundi concernant le site internet du fondateur de la Tribu Ka, Le Monde, 22 octobre 2008.
- Action contre le site du fondateur de la Tribu Ka : les associations déboutées, Le Monde, 28 octobre 2008.
- « Agression présumée d'un vidéaste : Kemi Seba déféré dans la soirée au parquet », Le Monde, 21 décembre 2008.
- L'ex-leader de la Tribu Ka condamné à deux mois de prison avec sursis pour violences, NouvelObs.com, 22 décembre 2008. Consulté le 22 décembre 2008
- Dissolution du groupuscule "Jeunesse Kemi Seba", 13 juillet 2009, sur le site du Ministère de l'Intérieur
- « Décret du 15 juillet 2009 portant dissolution d’un groupement de fait », dans Journal officiel, 2009 [texte intégral]
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