Kirchenkampf

Kirchenkampf

Par Kirchenkampf, pris au sens strict, lon désigne le conflit qui opposa en Allemagne, entre 1933 et le début de la Deuxième Guerre mondiale en 1939, dune part les chrétiens évangéliques allemands appartenant à la Bekennende Kirche (l’« Église confessante », ci-après abrégé en BK), et dautre part les Deutsche Christen (litt. Chrétiens allemands, ci-après abrégé en DC), mouvement raciste et antisémite orchestré par les nazis, qui visait à créer un « nouveau christianisme » rejetant l'Ancien Testament et les épîtres de l'apôtre Paul. Dans un sens plus large, le terme sert à désigner, de façon plus générale, la période dans lhistoire des églises dAllemagne correspondant à lépoque nazie ; dans cette dernière acception, le terme de Kirchenkampf englobe :

la lutte menée par le pouvoir national-socialiste contre lÉglise évangélique, et dans une certaine mesure aussi contre lÉglise catholique, et contre leurs structures dorganisation traditionnelles, aux fins de réalisation de la Gleichschaltung (litt. uniformisation, harmonisation, mais en pratique mise au pas) ;
la lutte menée par les nazis, au-dedans et en dehors des églises, contre le christianisme confessionnel, afin de rendre celui-ci compatible, par « déjudaïsation » (Entjudung), avec lidéologie nazie, ou, à défaut, de lui substituer une religiosité en accord avec le génie propre allemand (arteigen) ;
la résistance de l'Église confessante et de la frange conservatrice des églises à ces tentatives.

Le point de vue du national-socialisme sur le christianisme est ainsi résumé par Martin Bormann en 1942 dans un mémorandum confidentiel à des Gauleiter que le pouvoir de l'Église « doit être finalement et absolument détruit », car le nazisme est totalement incompatible avec le christianisme[1].

Sommaire

Extension du terme

Le terme Kirchenkampf apparut dès 1933 et servit à désigner le conflit qui opposa les Deutsche Christen (DC) et les cercles qui en 1934 sétaient regroupés dans lÉglise confessante (en allem. Bekennende Kirche, abrégé en BK). Dans les travaux dhistoriographie religieuse de laprès-guerre, on tend à rassembler sous ce terme toute lhistoire de léglise protestante en Allemagne de 1933 à 1945.

Aujourdhui, cette acception est controversée, car elle suscite la fausse impression que les églises évangéliques auraient, dans leur totalité, « combattu » le régime nazi. Certes, il y avait, tant du côté évangélique que du côté catholique, des dignitaires ecclésiastiques et des groupes de croyants qui individuellement senhardirent à critiquer ouvertement le régime hitlérien, voire à pratiquer une résistance politique clandestine. Cependant, il ny eut point, de la part des églises, dopposition soudée contre le national-socialisme et sa politique.

Au cœur du Kirchenkampfcelui mené au sein même de léglise évangéliquese trouvait un désaccord sur la manière de comprendre et dinterpréter les évangiles. Cette discussion théologique a pu prendre lallure dune opposition politique indirecte contre lÉtat, dans la mesure elle conduisait à rejeter toute immixtion du régime dans le contenu de la foi et le mode dorganisation de lÉglise, ce qui en soi déjà contredisait les ambitions totalitaires inhérentes à lidéologie nazie. Mais cette opposition politique nétait pas pour autant proprement intentionnelle, ni ne découlait de ladite discussion, abstraction faite de quelques exceptions. Nombre de chrétiens confessants étaient en même temps antisémites, votaient pour le NSDAP, voire en étaient membres actifs, et leur contestation de laction du pouvoir se limitait expressément à celles qui concernaient les affaires intérieures de lÉglise.

Néanmoins, le terme de Kirchenkampf a réussi à simposer au sein du protestantisme, car lenjeu de ce combat était la manière dont lÉglise se concevait elle-même. En effet, le groupe, assez restreint, des Confessants parmi les chrétiens évangéliques se réclamait des fondements mêmes de la foi, tels quon les trouve dans la Bible et dans la profession de foi, et pouvait donc se dire habilité à représenter la chrétienté évangélique tout entière. À cette revendication il fut fait droit par lÉglise évangélique dAllemagne après 1945, la Bekennende Kirche ayant en effet été reconnue Église véritable (« wahre Kirche ») et les documents produits par elleau premier rang desquels la Déclaration théologique, dite Déclaration de Barmenayant été intégrés dans les professions de foi de plusieurs sections régionales de lÉglise protestante.

Lélément déclencheur et lobjet du Kirchenkampf fut la tentative entreprise par la régime nazi de faire adopter par les églises, avec laide des Deutsche Christen, des conceptions racistes et de décider de leur mode dorganisation. Si le pouvoir y voyait un conflit politique, les Chrétiens confessants y voyaient un conflit dordre théologique. Ainsi, le Kirchenkampf ne se laisse-t-il appréhender comme conflit entre État et église quavec cette restriction quil portait initialement sur la manière dont lÉglise évangélique entendait se définir elle-même, discussion produisant secondairement des effets politiques. Du reste, le Kirchenkampf, pris ainsi au sens de réforme, ne fut pas clos avec la fin du régime nazi, mais sest poursuivi jusquà nos jours.

Les tentatives détendre le terme de façon à englober les conflits entre les églises et les États socialistes sont restées sans effet.

Contexte historique

Attitude des églises évangéliques vis-à-vis de lEmpire allemand et de la République de Weimar

Le protestantisme libéral du XIXe siècle, lequel sétait, en Allemagne plus particulièrement, associé à lidéalisme philosophique ou au romantisme, partait, par induction, de lexpérience religieuse pour la porter à la conscience des individus et laffermir par la prédication de léglise (Friedrich Schleiermacher). Elle affirme lautonomie des domaines de vie, en tant que source indépendante de connaissance révélée, et dit sa foi dans le constant progrès moral et culturel de lHomme : les finalités historiques furent ainsi élevées au rang de points de référence obligés du discours et de laction religieux.

Lorthodoxie luthérienne, en revanche, demeurait étroitement liée à la noblesse et à la monarchie et représentait depuis 1789 un bastion conservateur contre le rationalisme et le libéralisme. Des théologiens influents, tels que Richard Rothe (17991867), acclamèrent avec enthousiasme la réunification allemande de 1871 et virent en Otto von Bismarck celui qui allait parachever la Réforme. Toutefois, si la plupart des églises régionales se virent imposer une constitution synodale qui prévoyait de renforcer le droit de codécision des communes, elles gardèrent leurs liens confessionnels propres et leurs structures de fonctionnement. En tant que souverain, lEmpereur était, comme dans dautres monarchies, également premier évêque du Reich, habilité à édicter ou à abolir les lois ecclésiastiques.

Les fêtes commémoratives de Luther qui eurent lieu en 1883 et 1917 suscitèrent un renouveau luthérien : les progrès de la civilisation étaient considérés avec scepticisme et vus sous langle de la peccabilité de principe de toute entreprise humaine. Lon sefforçait de cultiver une certaine image de Luther, en mettant en évidence tels de ses traits confessionnels et nationaux propres à le démarquer de Rome et de Paris, cest-à-dire de la tradition catholique et de la philosophie des Droits de l'homme.

La Première Guerre mondiale mit durablement à mal la croyance au progrès humain. Dautre part, la Révolution allemande mit fin à lalliance du trône et de lautel, entre pouvoir prussien et luthéranisme. Néanmoins, dès janvier 1919, Friedrich Ebert donna aux églises évangéliques des assurances que la nouvelle constitution en gestation ne remettrait pas en cause leurs privilèges, en particulier la perception par lÉtat de limpôt déglise. Ce nonobstant, le protestantisme fit à nouveau figure, durant la République de Weimar, de haut-lieu dun nationalisme anti-démocratique. Après que des sociaux-démocrates eurent fait leur entrée dans le gouvernement, cest la nation qui tint lieu désormais, pour beaucoup de chrétiens évangéliques, dautorité publique. Ils considéraient la fin de la guerre en 1918 comme une défaite, et la démocratie et le socialisme comme des ennemis du christianisme.

Après la promulgation de la constitution de Weimar, le président du Conseil supérieur des églises évangéliques, Reinhard Möller (18551927), adressa ses « sincères remerciements à notre souverain protecteur », cest-à-dire à lEmpereur destitué ; les chefs ecclésiastiques, comme Detlev von Arnim-Kröchlendorff (18781947), par ailleurs jubilaient : « notre Église est restée hors du champ des bouleversements politiques ». La continuité des églises régionales, compétentes, à titre d'église du peuple (Volkskirche), à remplir tous les besoins religieux des Allemands baptisés, avait été préservée.

Seules quelques personnalités en marge considéraient la question sociale dès avant 1914 comme un problème devant aussi intéresser le christianisme. À cette époque, être à la fois chrétien et membre du SPD était pour ainsi dire impensable. Le cas du piétiste souabe Christoph Blumhardt était à cet égard une rare exception. Cependant, après 1918, le Socialisme chrétien gagna en audience également en Allemagne, jusquà atteindre à un certain moment quelque 10 000 partisans. La Ligue des socialistes religieux dAllemagne (Bund religiöser Sozialisten Deutschlands), fondée en 1926, animée par Georg Fritze et Georg Wünsch, fut parmi les premiers et parmi les plus fermes à mettre en garde contre le national-socialisme émergent.

La Théologie dialectique (mouvement, au sein du protestantisme allemand, qui pose limpossibilité dune approche rationnelle ou naturelle de Dieu, inaccessible dans une perspective humaine) modifia à partir de 1919 le paysage spirituel et religieux, en posant énergiquement la question de la responsabilité de lÉglise devant la parole de Dieu et, partant, devant le monde. Le théologien suisse Karl Barth remit radicalement en question les théologies dites de trait-dunion (Bindestrich-Theologien), qui prétendent pouvoir relier entre eux des desseins temporels et éternels, ainsi que lidée, passant pour allant de soi, que le « protestantisme de civilisation » (Kulturprotestantismus) aurait été la « grande institutrice » de la société.

Cependant, dans la pratique, ces avertissements restèrent sans effet sur la politique conduite par les églises protestantes. Cétaient alors plutôt les diplomates des églises qui donnaient le ton, tels quOtto Dibelius (18801967), surintendant général de la Kurmark, qui écrivit dans son ouvrage Das Jahrhundert der Kirche (1926: « Léglise évangélique se trouve au commencement dune ère nouvelle. Dimmenses possibilités sélèvent devant nous ! Dimmenses tâches ! »

Les églises ne furent guère touchées par la crise financière mondiale grâce à la sécurité de leurs avoirs financiers garantie par lÉtat ; la crise fut même perçue comme une occasion daugmenter leur pouvoir dinfluence. Le Kirchliches Jahrbuch (Annuaire de l'église) de 1930 annonça triomphalement que léglise avait, dans un contexte dinflation généralisée, « accru sa valeur ».

À lencontre de cette autosatisfaction, Karl Barth écrivit en 1930 une cinglante réplique, lessai Quousque tandem ?, il déclare :

« … de telles paroles sont prononcées, est Catilina, gît la conjuration véritable et dangereuse contre lessence même de lÉglise évangélique. […] Lessence de lÉglise est la promesse faite à elle, et la foi dans cette promesse. Quand donc cette promesse ne serait-elle pas devenue, sous leffet dun réel défi du dehors, plus grande, plus claire, plus lumineuse ? […] Lorsquelle dit 'Jésus Christ', et le dirait-elle encore un millier de fois, lon entendra, et lon devra entendre, sa propre suffisance et sa propre assurance, et elle ne devra sétonner si, en dépit de tout son 'Jésus Christ' jeté au vent, ses paroles passent à côté des besoins réels des gens réels, de la même façon que, passant à côté de la parole de Dieu, elle a fait des exhortations, consolations et enseignements de la Bible et des réformateurs, de leau à ses propres petits moulins. »

En 1930, les églises évangéliques régionales se dotèrent dune structure commune assez lâche, le Deutscher Evangelischer Kirchenbund (DEK). En outre, elles conclurent le 11 mai 1931 un accord avec lÉtat libre de Prusse, accord que de nombreux dirigeants des églises ressentirent comme une victoire sur la spoliation de droits par la Constitution de Weimar. Cet accord leur assurait lenseignement de la religion et des moyens financiers publics. En même temps les droits des synodes, en tant que parlements au sein de lÉglise, furent renforcés, ce qui favorisa lémergence de camps antagonistes à lintérieur des églises.

Attitude du NSDAP vis-à-vis des églises

Le national-socialisme montant avait placé au centre de son programme politique la lutte pour lhégémonie de la race de seigneur aryenne, la conquête despace vital dans lest de lEurope sous laspect dune croisade antibolchévique, et lextermination des Juifs. Ces objectifs ne pouvaient être atteints que si lon pouvait sappuyer sur une population dressée dans lesprit national-socialiste, prête à se détourner de la morale juive compassionnelle propre au christianisme. Lidéologie nazie devait donc saffirmer comme une conception du monde qui fût globale et ne laissât aucune place à des interprétations ou systèmes de sens religieux ou politiques concurrents. Un parti unique devait être le moyen politique dimposer cette idéologie en en faisant une doctrine dÉtat.

Après l'échec du putsch de la Brasserie, conscient du besoin de rassembler la population et les forces politiques, A. Hitler temporise avec l'antichristianisme fervent de son parti. Ainsi il répond à Ludendorff qui lui reprochait son manque de virulence antichrétienne : « Je suis entièrement d'accord avec Son excellence, mais son Excellence peut se permettre d'annoncer à ses adversaires qu'il va les frapper à mort. Mais j'ai besoin, pour la construction d'un grand parti politique, des catholiques bavarois autant que des protestants de Prusse. Le reste peut venir ensuite[2] ». Il évite ainsi de s'attaquer directement au christianisme, et dans Mein Kampf, et dans le Programme en 25 points, dont l'article 24 prône de façon ambiguë la liberté religieuse. Cette stratégie permettra effectivement de rallier une grande partie des chrétiens allemands.

Ce n'est qu'avec la publication du livre d'Alfred Rosenberg, Le Mythe du vingtième siècle et sa définition du christianisme positif, que les églises commencèrent à s'inquiéter. Si beaucoup de fidèles se retrouvaient dans le nationalisme et l'anticommunisme nazis, de nombreuses voix s'élevèrent contre le national-socialisme. Ainsi, à la tête des catholiques allemands, le cardinal Adolf Bertram, annonça dans son message de la nouvelle année 1931 que le nationalisme extrême, le racisme et la glorification de la race étaient le fait d'agitateurs et de faux prophètes, contraires à l'enseignement de Dieu. Ainsi, lors de la conférence épiscopale de Fulda en 1932, il fut interdit aux catholiques d'adhérer au NSDAP et aux nazis d'assister aux cérémonies religieuses.

Le Zentrum, parti catholique cherchant à joueur un rôle modéré et médiateur, s'alarma de la droitisation et la montée du nationalisme dans l'électorat catholique. Il s'allia dans les années 1920 avec le Parti social-démocrate d'Allemagne afin d'essayer d'empêcher l'effondrement de la République de Weimar et de la démocratie. Cependant ce parti était de moins en moins bien perçu par l'épiscopat allemand. Celui-ci, sous l'influence d'Eugenio Pacelli, décourageait les tendances socialistes dans l'Église. Certains prêtres encourageaient leurs fidèles à rejoindre le NSDAP et sa croisade nationaliste contre le bolchévisme pour le christianiser de l'intérieur.

Face aux églises, le NSDAP mit donc en œuvre une stratégie double, de séduction et de confrontation directe. Jusque 1930, il les laissa en dehors de son champ daction. Son programme portait de tenter dabord dattirer les chrétiens en propageant un « christianisme positif » sans attache confessionnelle ; un ajout, passant la plupart du temps inaperçu, y apportait cependant cette restriction : «  … pour autant quils ne heurtent pas […] les mœurs et le sens moral de la race germanique. » La religion ne devait être possible que dans les limites du sentiment national ; aussi une foi allemande nétait-elle en mesure de trouver Dieu que dans lHistoire allemande. La révolution nationale était donnée pour laccomplissement de toutes les aspirations religieuses.

Sy ajoutait un antisémitisme militant, pour lequel du reste le terrain avait été déblayé depuis longtemps du côté chrétien. Adolf Stoecker (18351909) déjà le fit figurer en 1880 au programme politique de son parti, le Parti chrétien-social (Christlich-soziale Partei), programme avec lequel de nombreux chrétiens luthériens conservateurs pouvaient sidentifier. Ainsi trouvaient-ils dans lidéologie nazie quantité de choses familières. Hitler lui-même avait écrit dans Mein Kampf, en 1923 : « En me défendant contre les Juifs, jaccomplis lœuvre du Seigneur. »

Après la signature de laccord sur les églises de 1930, le NSDAP commença à mener une campagne offensive visant à ce que les chrétiens évangéliques se joignissent à sa lutte contre le « système de Weimar », dont les ingrédients seraient « le marxisme, les Juifs et le centrisme » : des troupes de SA assistaient en groupe aux offices évangéliques et montaient des factions dissuasives (« Mahnwachen ») devant les églises, pour intimider les pasteurs aux idées pacifistes ou social-religieuses. Lon réussit ainsi, par exemple, à empêcher, en provoquant un mouvement dindignation, le pasteur berlinois Günther Dehn (18821970) dassumer ses fonctions denseignant à Halle. Dehn en effet avait, lors dune conférence prononcée en 1928 devant une assemblée de fidèles, et intitulée Der Christ und der Krieg (le Chrétien et la guerre), justifié, bible à lappui, le refus de service militaire comme étant un choix chrétien.

En 1932 fut en outre fondé la Glaubensbewegung Deutsche Christen (Mouvement de foi des Chrétiens allemands, en abrégé la DC), par lequel les nationaux-socialistes chrétiens évangélistes baptisés se constituaient en association. Après avoir donné à lidéologie nazie droit de cité dans leur église, ils voulurent, après quen 1930 les Deutschnationalen ou le Christlich-soziale Volksdienst eut remporté lélection au sein de léglise en Prusse, en faire lidéologie unique. Ils voulaient pratiquer un christianisme spécifiquement allemand (arteigen), rénové par une religiosité néopaganiste enracinée dans le peuple allemand. Ils entendaient que le principe du Führer fût ancré dans léglise et sefforçaient dunifier les églises régionales, jusque- réparties selon les différentes confessions, en une seule « Église du Reich » (Reichskirche). La DC était dirigée par Joachim Gustav Wilhelm Hossenfelder (18991976), pasteur originaire de Breslau, et appuyée par des théologiens de renom, tel que Emanuel Hirsch (18881972), qui dès 1920 avait préparé lidéologie DC par le biais de son ouvrage Deutschlands Schicksal (la Destinée de lAllemagne). Paul de Lagarde (18271891) et Artur Dinter ont joué également un rôle de précurseur, en condamnant, comme le faisait la DC, saint Paul de Tarse comme corrupteur du christianisme, en présentant le Christ comme un « prophète antijuif », et en préconisant une religion allemande nationale.

LÉglise confessante avait ainsi, en tant que mouvement rénovateur au sein de lÉglise créé après 1933, à lutter sur plusieurs fronts à la fois : contre la politisation, la Gleichschaltung et linstrumentalisation de lÉglise imposées par les nazis, et contre les tendances à laccommodement venant de lintérieur, contre les parcours confessionnels singuliers, et aussi et surtout contre la propre peur, lâcheté et inconséquence, qui contrariaient une résistance efficace.

Lannée 1933

Réactions de léglise évangélique à larrivée au pouvoir de Hitler

La nomination dAdolf Hitler comme chancelier du Reich le 30 janvier 1933 fut acclamé par la majorité des chrétiens comme le salut de la patrie.

Par lOrdonnance du 28 février 1933 pour la protection du peuple et de lÉtat (« Verordnung zum Schutz von Volk und Staat vom 28. Februar 1933 », dite aussi Reichstagsbrandverordnung), Hitler supprima le 28 février 1933un jour seulement après lincendie du Reichstagtoutes les libertés individuelles inscrites dans la Constitution de Weimar ; par la suite, cette même loi autorisait également la surveillance et lemprisonnement de personnalités ecclésiastiques. Cependant, cest à peine si les églises y perçurent un quelconque danger ; au contraire, lors de la journée de Potsdam (le 21 mars, eut lieu une mise en scène grandiose de la prise de pouvoir par Hitler), Otto Dibelius célébra, dans léglise de la Garnison (Garnisonkirche) à Potsdam, la victoire électorale de Hitler du 5 mars par une messe daction de grâces pour le « rétablissement de lordre ». Le même jour fut promulguée la Loi contre les attaques sournoises à lencontre de lÉtat et du Parti et protégeant les uniformes du Parti (« Gesetz gegen heimtückische Angriffe auf Staat und Partei und zum Schutz der Parteiuniformen », mieux connue sous lappellation Heimtückegesetz), laquelle loi menaçait demprisonnement quiconque critiquait le gouvernement de Hitler à lattention de létranger. Le 23 mars, un jour avant la promulgation de la loi des pleins pouvoirs, Hitler rassura les églises par une déclaration gouvernementale, dans laquelle il promit : « Le gouvernement national voit dans les deux confessions chrétiennes les facteurs les plus importants pour la préservation de notre caractère national (Volkstum). » Il y affirme quil « (…) leur accordera linfluence qui leur revient et les consolidera (…) » et quil voit « (…) dans le christianisme les fondements inébranlables des mœurs et de la morale de notre peuple ».

Le 30 mars, de nombreux œcuménistes de haut rang des églises protestantes et des églises libres donnèrent suite à la « recommandation » du NSDAP les incitant à écrire des lettres à leurs interlocuteurs étrangers, dans lesquelles ils prieraient ceux-ci de sinscrire en faux contre la « campagne de dénigrement » (Hetze) de lordre nouveau en Allemagne. Tout se passe, était-il ainsi affirmé, dans une « tranquille discipline » et « va dans le sens de la paix ». Dibelius déclara dans une émission de radio aux États-Unis e.a. que les détenus dans les prisons étaient « traités correctement ». Deux jours après fut instauré, en partie par la violence, le boycott des commerces juifs, ce que Dibelius sefforça de légitimer comme « rétablissement de lordre » de lÉtat et « légitime défense ». De même, il qualifiait les réactions déclenchées au sein du Mouvement œcuménique par la persécution des Juifs de campagne de dénigrement de létranger (Auslandshetze), quil mit sur le compte dinfluences juives internationales.

Les 3 et 4 avril se tint à Berlin un congrès (Reichstagung) des DC : y participèrent, à côté de représentants du NSDAP comme Hermann Göring, des théologiens universitaires tels que Karl Fezer ; ce dernier voulait mettre à profit la faveur de lheure pour accomplir une « mission nationale intérieure » (innere Volksmission). Les orateurs plus radicaux cependant voulaient transposer le principe du Führer et l'impératif de conformité au génie national (Artgemäßheit) directement sur lÉglise tout entière, réclamaient lexclusion des Juifs baptisés, et menaçaient de faire intervenir, y compris au sein de lÉglise, des commissaires de lÉtat (Staatskommissare)ce qui se produisit pour la première fois le 22 avril dans léglise régionale du Mecklembourg.

Le paragraphe aryen : élément déclencheur du Kirchenkampf

Le 7 avril fut adoptée la première loi sur les « non aryens » en vue du redressement de la fonction publique (« Wiederherstellung des Berufsbeamtentums »). Le paragraphe relatif aux aryens contenu dans cette loi menaçait de licenciement les fonctionnaires, professeurs duniversité et même les pasteurs dorigine juive. Dietrich Bonhoeffer fut un des premiers à réagir, par le biais de son article Die Kirche vor der Judenfrage (lÉglise face à la question juive ; article achevé le 15 avril, publié en juin). Il y posait sans équivoque que ce qui était mis en jeu, par lexclusion des Juifs, était lexistence même de lÉglise en tant que communauté de foi. Mais lÉglise doit, écrivait-il, protéger contre les abus de lÉtat non seulement les Juifs baptisés, mais aussi tous les Juifs, quels quils soient : « Léglise a des devoirs inconditionnels vis-à-vis des victimes de lordre social quel quil soit, même lorsque ces victimes nappartiennent pas à la communauté chrétienne. » Elle a le devoir de demander à lÉtat les raisons qui lautorisent à déposséder de ses droits une minorité ; si, à cette requête, celui-ci répond en continuant à user de violence, elle a le devoir « non seulement de panser les victimes sous la roue, mais encore de se précipiter dans les rayons de la roue elle-même ».

Pour Bonhoeffer, la relation avec les Juifs était donc le point central du Kirchenkampf. Il en venait déjà à revendiquer le droit à la résistance, alors que la plupart des chrétiens prenaient le parti dignorer la violence dont usait lÉtat contre les Juifs, voire montraient pour elle de la compréhension. À cela, il rétorque de manière incisive : « Le devoir de la prédication chrétienne est de dire : ici, Juif et Allemand se tiennent ensemble sous la parole de Dieu, cest lÉglise, et cest aussi que se vérifie si lÉglise est encore Église ou non. »

De même, en mai, onze prêtres westphaliens, parmi lesquels Hans Ehrenberg et le futur martyr Ludwig Steil, rejetèrent lexclusion des Juifs, la déclarant une hérésie. Le mouvement Jeune-Réformateur (Jungreformatorische Bewegung) également déclara dans ses Principes de la Refondation de lÉglise (« Grundsätze zur neuen Gestaltung der Kirche »), au point 7 : « Nous faisons profession de notre foi en lEsprit saint et pour cette raison rejetons par principe que des non-aryens soient exclus de lÉglise ; car une telle exclusion repose sur une confusion entre État et Église. Le rôle de lÉtat est dorienter, celui de lÉglise, de sauver. » Les lois étaient ainsi condamnées qui faisaient obligation à lÉglise dexclure les personnes dorigine juive. Ce point de vue était sous-tendu par la vision luthérienne traditionnelle des deux Royaumes, selon laquelle lÉtat pouvait définir par ses propres lois le contenu quil entend donner au Droit et son application, tandis que lÉglise devait se borner à œuvrer pour le salut des âmes. En conséquence, il ny eut pas dopposition de la part de lÉglise contre les futures lois raciales de Nuremberg.

La conclusion suivante, à laquelle parvint en août 1933 le rapport de la faculté de théologie évangélique de luniversité de Marbourg, ne souffrait aucune restriction : « Cest pourquoi le paragraphe sur les aryens est une hérésie de lÉglise, propre à détruire son essence même. » Selon le rapport, prétendre élever une loi politique au rang de loi religieuse, constitue une hérésie, que tout chrétien se doit de rejeter absolument. Les auteurs du rapport insistaient que cette loi soit en tout état de cause rejetée comme inique et appelaient à sopposer à lÉtat sur ce point particulier. Ce nonobstant, il ny eut guère, de la part des chrétiens confessants, de prise de position mettant en cause la légitimité des mesures prises par lÉtat contre les Juifs.

Lutte pour la direction des Églises

À la tête des Églises, lon ne se préoccupait guère du sort des Juifs, mais plutôt du mode dorganisation des Églises elles-mêmes : les chefs ecclésiastiques, dans lespoir de reprendre linitiative et de refouler les DC, se saisirent à leur tour de lappel à réformer les Églises. Le projet de constitution de Wilhelm Zoellner (18601937) du 13 avrilun parmi de nombreux autresprévoyait une « Église évangélique de la Nation allemande », au sein de laquelle une Église luthérienne et une Église réformée officielles (Reichskirche) coexisteraient.

Avant même que cette constitution eût pu être rédigée, Hitler nomma le 25 avril laumônier militaire Ludwig Müller (18831945), national-socialiste convaincu, « homme de confiance et plénipotentiaire pour les questions relatives à léglise évangélique ». Aussitôt, les DC désignèrent Müller comme leur tuteur et exigèrent des élections afin de faire de lui lévêque du Reich (Reichsbischof). Au cours des concertations avec Müller qui suivirent, Hermann Kapler (18671941), August Friedrich Karl Marahrens (18751947) et Hermann Klugkist Hesse (18841949) en étaient déjà venus à considérer matière négociable la notion dÉglise nationale (Reichskirche) et le principe du Führer ; seule la conformité au génie national allemand (Artgemäßheit) fut écartée par eux du débat. Le paragraphe sur les aryens ne touchant que peu de membres ecclésiastiquesquelque 110 prêtres, ainsi quun nombre inconnu détudiants en théologie dascendance juive ―, la disposition à céder, sur ce point également, à la pression du parti et des DC allait croissant.

En même temps se constituait, à partir de plusieurs groupes déjà existants et ayant concernant lÉglise des aspirations rénovatrices différentese.a. le mouvement de Berneuchen (Berneuchener Bewegung), la confrérie de Sydow (Sydower Bruderschaft), la Neuwerkbewegungun Mouvement Jeune-Réformé (« Jungreformatorische Bewegung »), lequel, sil réclamait lui aussi une Église unifiée, demeurait attaché aux professions de foi réformées et favorisait la candidature de Friedrich von Bodelschwingh comme leur évêque. Les directions des Églises régionales avaient déjà entamé leur transformation en une Église évangélique allemande (« Deutsche Evangelische Kirche », en abrégé DEK) et, le 27 mai, élurent Bodelschwingh évêque national (Reichsbischof), avant même que cette fonction ne fût inscrite dans la constitution de cette Église.

Sur ce, le ministre prussien du Culte, invoquant une violation du contrat dÉtat, entreprit de transformer lappareil de direction de lÉglise. Le 24 juin, sous la pression du pouvoir, Bodelschwingh dut se démettre. Le 14 juillet, il fut imposé à la DEK, par une loi, une nouvelle constitution, et de nouvelles élections synodales furent annoncées pour le 23 juillet. Après que Hitler eut pris parti, la veille de lélection, à travers la radio, en faveur des DC, ceux-ci remportèrent avec le slogan « ein Volk, ein Reich, eine Kirche » (« un peuple, un État, une Église ») une victoire écrasante sur le groupe « Evangelium und Kirche » (Évangile et Église), fondé par les Jeunes Réformateurs. En vue de créer une Église assujettie à lÉtat, les DC semployèrent à occuper les instances dirigeantes des églises et à remodeler les églises régionales selon le principe du Führer et suivant les diocèses historiques. Le 27 septembre, leurs directions élurent Müller évêque national. Les représentants battus à lélection votèrent eux aussi pour Müller. Lopposition obtint cependant que la référence aux professions de foi de la Réforme soit inscrite dans la nouvelle constitution de lÉglise.

Les forces radicales au sein des DC, fortes de leur succès électoral, réclamèrent toutefois, par analogie avec la Révolution nationale, le « parachèvement de la Réforme », impliquant que fût éliminé du culte et de la foi tout élément non-allemand, que lévangile fût « déjudaïsé » et que fût instauré un christianisme « en accord avec le génie propre (de lAllemagne) » (artgemäß), serait vénéré un « Christ héroïque » (heldischer Jesus). Ce programme fut exposé le 13 novembre au Palais des Sports de Berlin, puis adopté avec une seule voix contre. Le discours du représentant DC Reinhard Krause déclencha cependant un scandale et poussa de nombreux DC modérés à se détourner de ce parti, et certains même à démissionner de leurs fonctions. Par la suite, le groupe des DC se désagrégea en plusieurs groupuscules.

Le 20 décembre, lévêque national Müller entreprit dincorporer dans les Jeunesses hitlériennes les fédérations de jeunesse évangéliques, qui sétaient auparavant réunies dans le Evangelisches Jugendwerk Deutschlands, et cela sans concertation avec leurs dirigeants et à lencontre de leur volonté expresse. Si Müller croyait avoir fait ainsi à Hitler son « plus beau cadeau de Noël », il avait en revanche largement perdu la confiance de la jeunesse évangélique, laquelle commença à sorganiser elle-même de diverses manières. Même Hitler laissa choir Müller à partir de 1934.

Attitude des catholiques face au régime national-socialiste

Côté catholique, compte tenu du Concordat conclu en juillet 1933, le terme de Kirchenkampf nest pas utilisé pour la période 19331945, ce terme étant réservé pour désigner le Kulturkampf pendant lère bismarckienne. La population catholique préférait garder depuis lors une attitude distante vis-à-vis des innovations politiques. Les évêques catholiques dAllemagne avaient du reste formulé des mises en garde répétées contre lidéologie nazie. Cest ce qui explique pourquoi le Parti du Centre obtint lors des élections parlementaires de mars 1933 une nouvelle fois 13,9 pour cent des voix. En Rhénanie et en Bavière, régions à prédominance catholique, le NSDAP nobtint guère plus de 20 pour cent des voix émises, contre plus de 60 pour cent par endroits dans les contrées protestantes.

Dès avant la prise de pouvoir par les Nazis, lépiscopat allemand avait pris ses distances davec le national-socialisme, en interdisant aux catholiques de sengager dans le NSDAP et en interdisant aux groupements nazis de se joindre aux processions religieuses. Lensemble des diocèses sera amené en 1932 à déclarer « incompatible avec la foi chrétienne » lappartenance au NSDAP[3].

Suite à la déclaration gouvernementale de Hitler, laquelle promettait une politique modérée en matière déglises, les évêques révoquèrent leur déclaration dincompatibilité. Lorsque la DEK se fut constituée, beaucoup de catholiques allemands souhaitèrent ne plus rester à lécart de la Révolution nationale. Beaucoup dentre eux espéraient la reconstitution dune Allemagne chrétienne-nationale, attitude dans laquelle lanticommunisme traditionnel joua un rôle. Ceci contribue à expliquer pourquoi une opposition chrétienne conjointe contre lidéologie nazie ne vit pas le jour.

Le 20 juillet 1933, la Curie, de façon inopinée, signa le Concordat du Reich, ce que Hitler fit ensuite valoir comme un succès diplomatique : son régime acquit ainsi une caution morale et de la crédibilité au plan international. De lautre côté, les évêques catholiques purent grâce à ce Concordat garder une certaine influence sur la société, dont ils usèrent aussi contre les injustices et exactions commises par le pouvoir. Néanmoins, les catholiques néchappèrent pas à la politique de Gleichschaltung des nationaux-socialistes. Le Parti du Centre fut interdit à lautomne 1933, au même titre que tous les autres partis démocratiques, les syndicats chrétiens furent dissous, les écoles et ordres catholiques ne purent préserver quà grand peine leur autonomie. La SA agressait, dans des combats de rue, les membres dassociations catholiques, telles que la Kolpingjugend. Bien que ces conflits missent à mal les relations avec le régime nazi, ils furent, eu égard au Concordat, pour la plupart résolus dans la discrétion et ne donnèrent lieu quà des protestations privées. Ce ne sera quen 1937 que lencyclique Mit brennender Sorge protestera contre les exactions et établira lincompatibilité entre racisme et christianisme.

Ce nonobstant, certains théologiens catholiques comme Karl Eschweiler (18861936) ou Hans Barion saluèrent lidéologie nazie et adhérèrent au NSDAP. Les deux se virent temporairement privés par la Curie de lautorisation denseigner en raison de leur approbation, en 1934, de la loi sur la stérilisation forcée des malades héréditaires ; mais la loi en tant que telle ne fut point critiquée. Certes, quelques individualités comme lévêque Clemens August von Galen ou le cardinal Michael von Faulhaber sexprimaient dans leurs sermons ouvertement contre de telles mesures de lÉtat ; von Galen obtint même la suspension pendant un temps du programme deuthanasie national-socialiste, lAction T4.

En 1939, cest, avec Pie XII, un des principaux initiateurs du Concordat qui accéda au pontificat suprême. Selon les sources disponibles à lheure actuelle, il plaçait tout son espoir dans la diplomatie, en vue de minimiser les dégâts et de sauver des gens par des actions clandestines. Cette attitude eut pour effet de restreindre la marge de manœuvre des catholiques en Allemagne. Les protestations non publiques demeuraient ainsi laffaire du Vatikan, et il ny eut donc point dopposition déclarée contre lHolocauste. Mais, en ce cas également, des individualités mirent leur vie en jeu pour des Juifs et devinrent des martyrs, parmi lesquels les prêtres Alfred Delp, Maximilien Kolbe, Rupert Mayer et Bernhard Lichtenberg. Le clergé polonais en particulier eut de nombreuses victimes dans ses rangs après 1939.

Dans lensemble, lattitude des catholiques en Allemagne était plus unitaire et peu embarrassée par des conflits internes : sils ne se plièrent pas au national-socialisme idéologiquement, ils ne le combattirent pas davantage. En tant quéglise universelle, sa direction tenta au premier chef de protéger ses propres structures et membres. Il sensuit que le terme de Kirchenkampf nest pas appliqué à lÉglise catholique dans le Troisième Reich.

Apparition de la Bekennende Kirche

Le Pfarrernotbund

Le 21 septembre 1933, une Ligue de secours pour pasteurs (Pfarrernotbund) sétait formée à Wittenberg sous la direction de Martin Niemöller ; parmi les dirigeants de la DEK, seuls y figuraient le président westphalien Jakob Emil Karl Koch (18761951) et Otto Dibelius. La Ligue obligeait ses membres, par son règlement interne, à sopposer à lapplication, au sein de lÉglise réformée, du paragraphe sur les Aryens, celui-ci impliquant en effet une « violation de létat de confession » (en latin : status confessionis), et sefforçait daider financièrement les pasteurs dorigine juive menacés dexclusion de lÉglise.

Ce faisant, les auteurs (Bonhoeffer und Niemöller) plaçaient la question juive au même rang dimportance théologique que les thèmes qui passaient aux yeux des réformateurs du XVIe siècle pour lessence inaliénable de la foi évangélique. Lappel à se déclarer publiquement opposé à la majorité opprimante, ecclésiastique et sociale, renfermait en lui un engagement implicite de défendre ce crédo jusquà la mort, sil y a lieu. « Seulement avec les Juifs » était, aux yeux de ces confessants, équivalents au quadruple « sola scriptura », « sola fide », « sola gratia », « solus Christus » de Martin Luther, lequel avait lui aussi, comme individu, mis en jeu sa propre vie.

Cest le point de départ de lopposition à linfiltration, au sein de lÉglise évangélique allemande, des idées nationales-socialistes dans la doctrine chrétienne. Désormais, partout dans le Reich, se constituaient éparses des « communes confessantes ». Début 1934, la Ligue de secours se réunit avec ses représentants, afin de se porter à la défense de « lÉvangile ».

Communauté confessante et déclaration théologique de Barmen

Müller tenta détouffer la discussion qui samplifiait au sein de la DEK au moyen dun « décret Muselière » et par de nombreuses mesures disciplinaires. Cependant les plaintes à son endroit ne cessaient de se multiplier, à tel point quune réunion eut finalement lieu le 25 janvier 1934 entre Hitler et les dirigeants de lÉglise. Ceux-ci lassurèrent de leur loyauté ; la chute de Müller toutefois ne vint pas. Celui-ci sattacha alors à réorganiser les autres églises régionales.

En réaction, les forces dopposition internes de lÉglise se groupèrent au niveau national. En mars, ils se liguèrent en une Communauté confessante de la DEK (« Bekenntnisgemeinschaft der DEK ») et mirent à sa tête un Conseil confrérial national (« Reichsbruderrat ») chargé de la diriger. Lors dune réunion à Ulm le 22 avril, elle exprima, contre la DEK « occupée » par les DC, la revendication dêtre l’« Église évangélique légitime dAllemagne ». Du 29 au 31 mai se déroula ensuite à Barmen le premier synode confessant, auquel les Luthériens, les Réformés et les Unifiés dépêchèrent des représentants de leurs communes. Ils y fondèrent lÉglise confessante (« Bekennende Kirche »). Dans leur déclaration fondatrice, rédigée par Karl Barth, il est affirmé:

« Jésus Christ, tel quil est attesté dans les Saintes Écritures, est lunique parole de Dieu à laquelle nous ayons à obéir, à laquelle nous devions faire confiance dans la vie et dans la mort.
Nous rejetons la fausse doctrine selon laquelle lÉglise peut et doit reconnaître, pour source de sa prédication, en dehors et en sus de cette unique parole de Dieu, des événements et des puissances, figures et vérités autres que la révélation divine.
Nous rejetons la fausse doctrine selon laquelle lÉglise a le droit de laisser son propre bon vouloir ou le jeu changeant des convictions philosophiques et politiques du jour déterminer le contenu de son message et la forme de son organisation.
Nous rejetons la fausse doctrine selon laquelle lÉglise est habilitée et autorisée à se donner ou à se laisser donner, en dehors des nécessités de son service, des dirigeants particuliers, doté de compétences décisionnelles.
Nous rejetons la fausse doctrine selon laquelle lÉtat doit et peut, en sus de sa mission spécifique, se poser en ordonnateur unique et total de la vie humaine et, par , prendre aussi en charge la destinée de lÉglise.
Nous rejetons la fausse doctrine selon laquelle lÉglise doit et peut, au-delà de sa mission spécifique, sapproprier la manière dêtre, les attributions et les prérogatives dun État et devenir de ce fait elle-même un organisme de lÉtat.
Nous rejetons la fausse doctrine selon laquelle lÉglise peut, par sa seule autorité humaine, mettre la parole et lœuvre du Seigneur au service de quelconques souhaits, buts et desseins quelle aurait définis elle-même. »

Ce positionnementlallégeance au Christ seulétait à la base de toutes les négations ; celles-ci traçaient, par le biais des « rejets », les contours dune hérésie, quil y avait lieu dexclure du champ de lÉglise. Ces négations permettaient de se démarquer :

  • de la théologie des Deutsche Christen (DC), mais aussi de la théologie libérale, qui posaient comme divinités, en plus du Christ, dautres incarnations (« andere Gestalten »), telles que le génie national (« Volkstum »), lÉtat, le sang, la race, le chef (« Führer ») ;
  • de la politisation de lÉglise, telle que la concevait lidéologie nazie ;
  • du principe du Führer, que lÉglise se voyait imposer de lintérieurà travers lobéissance par provisionou de lextérieurpar la Gleichschaltung ;
  • de lÉtat total, prédéfinissant une certaine conception du monde ;
  • de lÉglise dÉtat en tant quorganisme et prolongement de lÉtat ;
  • de la subordination de la parole chrétienne à quelque intérêt social ou revendication sociale que ce soit.

Pour la première fois, la théologie dialectique de la Parole de Dieu, que Barth avait développée depuis 1918, se fit opérante au plan de la politique religieuse, et par même indirectement, au plan politique.

Linterprétation des thèses de Barmen et leur traduction en situation donna lieu ensuite à des dissensions au sein même de la BK. La plus grande lacune de la déclaration était le défaut dengagement à une inébranlable solidarité panchrétienne avec les Juifs persécutés. Leffet sen révéla funeste : très peu de chrétiens en effet exercèrent une résistance directe aux mesures prises par le pouvoir contre les Juifs, résistance qui pourtant allait être, au plus tard après les progroms de novembre 1938, impérative. Ces résistants ne furent guère soutenus, pas même par lÉglise confessante elle-même. Seules quelques individualités entendaient la résistance au régime nazi comme découlant, de façon nécessaire et incontournable, de la foi chrétienne.

De la réunion de Barmen en 1934, à larrestation de Niemöller en 1937

Scission au sein de lÉglise protestante

La déclaration de Barmen eut pour effet tout dabord dintensifier la résistance contre la politique dembrigadement de Müller, surtout dans les communes évangéliques du Wurtemberg et de Bavière. De nombreux procès firent apparaître le caractère illégal de laction de Müller. Lorsque, le 23 septembre, il se fit installer en qualité dévêque national (« Reichsbischof ») à la cathédrale de Berlin, il avait manqué son objectif dune Église protestante pilotée par le pouvoir politique.

Le 20 octobre, lors du deuxième synode des confessants à Berlin-Dahlem, le Droit ecclésiastique dexception (« Kirchliches Notrecht ») de Dahlem, déjà appliqué en Prusse, fut proclamé applicable dans toute lÉglise évangélique dAllemagne, cependant que fut constitué un Conseil confrérial national (« Reichsbruderrat »), pour faire contrepoids aux dirigeants DC. Cela revenait quasiment à une administration à part, et donc à une scission. Lavoué de Müller, August Jäger, démissionna le 26 octobre. Les demandes de démission à ladresse de Müller se multipliaient, à la suite de quoi le pouvoir résolut de lever lensemble de la législation sur les églises de 1934. Hitler reçut une nouvelle fois quelques évêques (Theophil Wurm, Hans Meiser, Marahrens) et indiqua que lidée dune Église nationale (Reichskirche) avait cessé de lintéresser.

LÉglise évangélique allemande sétait ainsi désagrégé en plusieurs groupes, qui se côtoyaient dans une situation juridiquement incertaine :

  • les diocèses déjà restructurés, dirigés par des Deutsche Christen (DC), et qui se voyaient comme faisant partie de lÉglise unifiée ;
  • les Églises régionales restées intactes (Hanovre e.a.), qui continuaient à appartenir à lÉglise unifiée, mais rejetaient Müller pour leur chef ;
  • les Églises régionales démantelées, dont les communes confessantes refusaient dadhérer à lÉglise unifiée ;
  • la BK, qui se considérait comme la « vraie » Église évangélique et dans laquelle des communes luthériennes et réformées luttaient conjointement contre la Gleichschaltung. Avec les dirigeants des Églises régionales intactes, elle forma, à partir du 20 novembre, une Direction provisoire des Églises protestantes (abréviat. allem. VKL), laquelle revendiquait la direction de l'Église évangélique allemande tout entière.

Au sein de la VKL surgirent rapidement des divergences dans les attitudes vis-à-vis des instances ecclésiastiques officielles. Alors que les dirigeants des églises régionales restées intactes souhaitaient préserver la continuité des accords, toujours en vigueur, avec lÉtat prussien, et sefforçaient dobtenir une reconnaissance officielle, les Dahlémites radicaux (parmi lesquels Dietrich Bonhoeffer) voulaient rompre avec la mise sous tutelle par lÉtat, voyant dans une telle rupture la conséquence logique de la déclaration de Barmen. Les dissensions amenèrent Barth, Niemöller, Karl Immer et Hermann Albert Hesse à se retirer du Conseil confrérial, ce qui eut pour effet daffaiblir la BK et de lui faire perdre, en dépit de la montée en puissance de ses communes, son orientation.

Scission de la BK

En 1935 fut lancée, à linstigation du pouvoir, une nouvelle campagne de propagande au sein de lÉglise évangélique dAllemagne : le Mouvement allemand de la Foi (« Deutsche Glaubensbewegung ») se mit à répandre des idées néo-païennes similaires à celles des DC. Dans le même temps, Müller interdit que des questions de politique religieuse fussent mises en débat public. Les pasteurs de la BK ayant passé outre cette interdiction dans leur prêches dominicaux furent temporairement détenus. Les sections financières prussiennes prirent le contrôle sur ladministration de lÉglise protestante, tandis quun service de décision (« Beschlussstelle ») surveillait les recours juridiques des partisans de la BK.

Cela conduisit le synode de lÉglise de lUnion de la Vieille PrusseKirche der Altpreußischen Union, la plus importante des églises régionales évangéliques autonomes à avoir rejoint la BKà adresser en mars un avis, affirmant : « Nous voyons notre peuple menacé dun mortel péril. Le péril consiste en une religion nouvelle. […] En elle, les conceptions racialo-ethniques sont élevées au rang de mythe. En elle, le sang et la race, le génie national, lhonneur et la liberté ont valeur didoles. » Le racisme, comme idéologie globale, était repoussé, mais lon continuait à faire silence sur les conséquences concrètes de celui-ci pour les Juifs.

Du 4 au 6 juin se réunit le troisième synode de la BK à Augsburg : la rupture avec les autorités ecclésiastiques fut évitée et il fut décidé de suivre la ligne conservatrice des Églises régionales luthériennes. Mais dautre part, le synode chargea le Conseil confrérial national de mettre en œuvre ses décisions, de sorte que Niemöller, Hesse et Immer réintégrèrent la VKL.

Le 16 juillet, Hitler nomma Hanns Kerrl ministre des Affaires religieuses. Une loi du 24 septembre, destinée à « garantir » lunité de lÉglise évangélique dAllemagne, servit à légitimer de nombreuses ordonnances prises dans les années suivantes. Un Comité national des Églises (« Reichskirchenausschuss », en abrégé RKA), nouvellement créé, sous la houlette de Wilhelm Zoellner, prit la direction de lÉglise évangélique dAllemagne, en lieu et place de Müller, et dès lors bénéficia dans lannée qui suivit dun soutien croissant de la part des églises régionales intactes ainsi que de quelques Conseil confrériaux.

En conséquence, la BK se scinda lors du quatrième synode de lÉglise évangélique dAllemagne tenu à Bad Oeynhausen du 17 au 22 février 1936. La première VKL démissionna unanimement ; une nouvelle VKL fut investie le 12 mars par le Conseil confrérial national. Cela aboutit à la formation de différents camps : le 18 mars, les églises luthériennes régionales restées intactes de Bavière et du Wurtemberg, et les conseils confrériaux luthériens de la BK se groupèrent ensemble en un Conseil de lÉglise évangélique-luthérienne dAllemagne (« Rat der Evangelisch-Lutherischen Kirche Deutschlands », dit aussi « Lutherrat »).

La résistance contre les tentatives de mainmise du pouvoir nétait plus désormais portée que par la nouvelle VKL et la BK prussienne. Le 4 juin, celle-ci adressa à Hitler un mémorandum, qui, en des termes dune limpidité et dune simplicité jamais plus atteintes avant 1945, dénonçait laction de lÉtat totalitaire, tout en fondant cette critique sur une base théologique : « Si le sang, la race, le génie national et lhonneur acquièrent ici le statut de valeurs éternelles, le chrétien évangélique sera contraint, de par le premier commandement, à rejeter cette échelle de valeurs. […] Si, dans le cadre des conceptions nationales-socialistes, un antisémitisme est imposé de force aux chrétiens, leur faisant obligation de haïr les Juifs, il se doit de lui opposer limpératif chrétien de la charité. » Le devoir religieux met des limites à lobéissance chrétienne au pouvoir politique : quand celui-ci tente dempêcher la transmission de lévangile, il menace de détruire lœuvre de lÉglise, voire lÉglise elle-même. La conséquence, à savoir la résistance directe, nécessaire en ce cas, des chrétiens contre le pouvoir, était évidente, mais demeura inexprimée comme telle.

Le mémorandum devait rester secret, mais, par des voies inconnues, fut révélé et publié à létranger. Il fut ensuite recommandé à toutes les communes confessantes comme paroles à prononcer du haut de la chaire pour le 23 août, il est vrai avec omission des phrases particulièrement critiques citées ci-haut. Ce nonobstant, laile conservatrice de la BK répudia aussitôt cette « haute trahison ». Le 20 novembre 1936, elle déclara : « Nous appuyons, aux côtés du RKA, le Führer dans sa lutte pour la survie du peuple allemand contre le bolchévisme. » Cet anticommunisme était le lien idéologique décisif entre dune part les chrétiens imprégnés de la vision luthérienne-nationaliste, quel que soit leur camp, et dautre part le régime nazi ; ce lien idéologique concourait avec la traditionnelle loyauté luthérienne à légard de lautorité pour empêcher une résistance plus affirmée de lÉglise dans son ensemble. Seule une minorité, y compris dans la BK elle-même, rejetait la collaboration avec le régime.

Mais la DC se scinda à son tour en une aile modérée, prête à coopérer avec le RKA, et le groupe radical Nationalkirchliche Einigung, dont le centre se situait en Thuringe. La déconfessionnalisation, hostile aux Églises, pour laquelle œuvrait ce dernier groupe avait pour but de supprimer la référence à la profession de foi chrétienne comme fondement doctrinaire des Églises évangéliques et deffacer leur influence dans la vie publique. À cela sattachaient également, en vain, tant le RKA que le ministre des affaires religieuses Kerrl, ce qui eut pour effet de renforcer, au sein de la BK, le soupçon que pour le pouvoir il ne sagissait pas, en réalité, de la préservation, mais du délabrement organisationnel (selon les termes dAlfred Rosenberg) des Églises, et de leur future éviction. La VKL, invoquant la première thèse de la déclaration de Barmen, continua donc de décliner toute collaboration avec le RKA.

Relation du mouvement œcuménique avec la BK

Les relations que lÉglise évangélique dAllemagne entretenait avec le mouvement œcuménique venaient interagir avec le conflit de politique intérieure allemande autour de lorganisation et des droits des églises ; en effet, le mouvement œcuménique avait dès 1934 reconnu la BK comme une des représentantes de lÉglise évangélique dAllemagne et établi des contacts avec elle, en investissant le président Koch comme membre du Conseil œcuménique des Églises. Mais le mouvement œcuménique considérait d'autre part quil nétait pas en son pouvoir de prendre une résolution en faveur de la BK, contre lÉglise « officielle ». Cela permit au Bureau international sous la direction de Theodor Heckel de garder son influence sur lévolution du mouvement œcuménique. La BK ne parvint pas, en dépit de ses contacts personnels, à développer sa propre action internationale. En dépit des protestations de Bonhoeffer et dautres, des représentants du RKA furent également invités à lassemblée œcuménique de Chamby. Les représentants de la BK renoncèrent, quoique invités, à assister aux conférences consécutives, à Oxford puis Édinbourg en 1937, craignant dêtre destitués de leur fonction et appréhendant leur arrestation. Zoellner démissionna le 12 février 1937, lorsque lui aussi fut empêché de voyager à létranger. Cela signa léchec de loffre de médiation officielle du RKA.

Durcissement des mesures du pouvoir et contre-mesures de la BK

Le successeur de Zoellner, Hermann Muhs, membre du NSDAP, vint réintégrer « ad hoc » lÉglise, afin de piloter celle-ci par voie dordonnances. Un arrêté de Hitler du 15 février instituant de nouvelles élections pour le synode général de la DEK ne fut pas mis à exécution. Une conférence des dirigeants des Églises régionales ne réussit pas à se mettre daccord sur une nouvelle direction commune de la DEK. Muhs entreprit alors de dissoudre les administrations ecclésiastiques encore existantes, tandis que la BK et le Conseil luthérien (Lutherrat) construisaient chacune leur propre administration.

Dans le même temps, Heinrich Himmler interdit que des pasteurs fussent encore formés par la BK ; cependant ces formations furent poursuivies dans lillégalité. Dès 1935 fut fondée à cet effet à Elberfeld la clandestine École ecclésiastique supérieure (« Kirchliche Hochschule »). La VKL publiait, sur les sujets dactualité, des prises de position imprimées clandestinement, notamment sur la persécution des opposants au système politique et des Juifs, sur lidéologie raciale et le danger de guerre.

Cela conduisit, le 1er juillet 1937, à larrestation de Martin Niemöller, le dirigeant officieux de la BK. Son procès eut lieu en mars 1938 ; bien quaucune activité contre la sécurité de lÉtat ne put être retenue contre lui, il fut emmené comme « prisonnier personnel » de Hitler au camp de concentration de Sachsenhausen, il survécut jusquà la fin de la guerre. À cette issue heureuse avaient contribué les nombreuses protestations venues de létranger, en particulier celles exprimées au Royaume-Uni par lévêque anglican George Bell, qui présidait à lépoque le Conseil œcuménique Life and Work et était lié damitié avec Bonhoeffer, qui le tenait en permanence au courant de lévolution de la situation dans le Reich allemand. Ces relations internationales entre la BK et le mouvement œcuménique permit, dans quelques cas individuels, de sauver des vies.

De juillet 1937 jusquà léclatement de la guerre

En octobre, ce fut le tour à un autre militant BK de la première heure à se faire arrêter : Paul Schneider, qui se fera connaître dans le camp de concentration comme prédicateur de Buchenwald. Il avait rejeté radicalement, dès le départ, les conceptions nazies et sétait solidarisé avec les Juifs persécutés. Même depuis sa cellule disolement, il sappliquait à contredire, par des apostrophes et des encouragements lancés aux détenus, et sous linvocation de lÉvangile, la terreur nazie. Il fut assassiné le 18 juillet 1939 au camp de Buchenwald. Dietrich Bonhoeffer le qualifia de premier martyre chrétien de la lutte contre le national-socialisme.

En juillet 1937, la VKL, la conférence des dirigeants des Églises et le Conseil luthérien tentèrent une nouvelle fois de parvenir à un consensus sur la direction de la BK. Le seul résultat en fut la publication, le 31 octobre 1937, dun nouveau mémorandum contre les pamphlets Dunkelmänner (« Hommes de ténèbres ») et Rompilger (« Pèlerins de Rome »), très hostiles aux églises, qu'avait rédigés Rosenberg. Le 10 décembre, Kerrl dépêcha vers les Églises régionales détruites et vers la DEK dans son ensemble un nouveau dirigeant, Werner, membre du consistoire suprême.

Après lAnschluss, de nouvelles tensions se firent jour au sein de lÉglise évangélique allemande. Cela incita le ministère des Affaires religieuses de Kerrl à exiger le 20 avril 1938 de tous les prêtres un serment de fidélité au Führer. Cette prestation de serment fut soutenue par la plupart des Églises régionales, y compris la BK prussienne. Il est apparu par la suite que lordre en ce sens némanait pas de Hitler lui-même. À partir de juillet, Kerrl tenta en outre de faire appliquer la réforme administrative engagée par Müller et Zoellner.

Lorsque la VKL, à loccasion de la crise tchèque, édita le 30 septembre une liturgie de prière (« Gebetsliturgie ») qui recelait une intercession en faveur des Tchèques, Kerrl incita les évêques des Églises régionales intactes à rompre avec la BK « pour raisons religieuses et patriotiques ». Ce qui avait motivé cette injonction était surtout la lettre de Karl Barth adressée à Josef Hromádka (18891965), qui se trouvait à la tête de la faculté théologique de luniversité Charles de Prague, lettre dans laquelle Barth appelait tous les Tchèques à la résistance armée contre lentrée des troupes nationales-socialistes, en la justifiant explicitement comme une résistance nécessaire aussi pour lÉglise, en ce quelle découle du premier commandement.

Cependant, même la VKL désavoua cette lettre, la taxant de « politique ». La BK perdit ainsi tout lien avec les Églises régionales et sengagea dans sa crise la plus grave. En même temps, Kerrl déclina les nouvelles propositions de conciliation de la Conférence des dirigeants des Églises et forma au contraire, en avril 1939, un front unitaire (« Einheitsfront ») composé de DC de Thuringue et de représentants modérés des Églises régionales. Leur objectif demeurait la création dune Église nationale. Finirent pas sy rallier aussi les évêques dHanovre, de Brunswick et de Kurhessen-Waldeck. Seuls les Conseil confrériaux de la BK et les Églises de Bavière et du Wurtemberg repoussèrent ces avances, suite à quoi ils furent presque exclus du Conseil luthérien.

Entre-temps, Werner semployait à mettre lactivité des autorités ecclésiastiques au diapason du projet fondamental dune Reichskirche, et cest donc en fonction de cet objectif quil distribuait les postes, infligeait des sanctions disciplinaires, décidait de la répartition de limpôt cultuel et des buts de collecte. Il fut protesté contre cet état de fait lors du huitième synode de la BK de Prusse tenu à Steglitz les 21 et 22 mai. Kerrl tenta une conciliation, en réduisant la portée de ces mesures. Le 29 août, il forma, à lintention de la lÉglise évangélique dAllemagne, un Conseil spirituel de confiance (« Geistlicher Vertrauensrat »), qui devait garder la direction théologique et dont les représentants devaient être désignés par les Églises elles-mêmes, cependant que ladministration financière serait entièrement assumée par des représentants de lÉtat et des DC. Mais le processus de décomposition de lÉglise évangélique dAllemagne était désormais inexorable.

Après la Nuit de Cristal le 9 novembre 1938, ni la direction de lÉglise évangélique dAllemagne, ni la VKL neurent le moindre mot de protestation. Seuls quelques pasteurs tels que Helmut Gollwitzer, le successeur de Niemöller à Berlin-Dahlem, et Julius von Jan dans le Wurtemberg, prirent position dans leur sermons contre cette action. Ils furent mis en accusation pour agitation hostile au peuple (« volksfeindliche Hetze »). Ce ne furent pas alors les Juifs, mais seulement leurs défenseurs malmenés par le pouvoir, que la BK prit alors en protection dans son intercession. Lévêque Theophil Wurm écrivit au ministre de la Justice quil ne contestait nullement au pouvoir le droit de combattre les Juifs comme un « élément dangereux » ; toutefois, le fait que « des actes tels que lincendie volontaire et des mauvais traitements physiques, çà et aussi des vols, aient pu être commis sous les yeux des autorités » était de nature à affliger profondément la population. Il garda le silence sur la Nuit de Cristal de même que sur lincarcération de 30 000 Juifs dans des camps de concentration à partir du 10 novembre 1938.

À partir de décembre 1938, le bureau Grüber commença, pour le compte de la BK, à aider les non-aryensc'est-à-dire chrétiens juifsévangéliques persécutés, pour leurs affaires juridiques et scolaires et dans leurs démarches démigration. À cet effet fut mis en place un réseau de 22 bureaux daide dans 20 grandes villes. Ces bureaux daide travaillaient en étroite collaboration avec les bureaux similaires de lÉglise catholique, des Quakers et de lAssociation nationale (Reichsvereinigung) des Juifs allemands.

Afin déradiquer « linfluence juive » de la théologie et de la Bible fut fondé en mai 1939 à Eisenach un Institut de recherche et délimination de linfluence juive sur la vie religieuse allemande (« Institut zur Erforschung und Beseitigung des jüdischen Einflusses auf das deutsche kirchliche Leben »). Les Églises régionales dominées par les DC avaient commencé dès cette année- à mettre à exécution le paragraphe sur les aryens et à écarter du service religieux les titulaires de poste « non aryens ».

Contre cela furent amenés à protester 27 pasteurs de la BK en Saxe-Anhalt et 131 du Mecklembourg, soulignant que la loi portant exclusion des Juifs chrétiens équivalait à une annulation des vœux dordination et à mettre en cause lunité de lÉglise. De son côté, le Conseil œcuménique des Églises protesta également et souligna, en se référant à Jean 4,22, que le salut vient des Juifs, attendu que le Christ est le messie dIsrael. Le bureau extérieur de lÉglise évangélique dAllemagne désavoua cette déclaration et en exigea le retrait immédiat. Il apparut clair dès lors que les représentants des luthériens modérés dans les Églises régionales restées intactes et les DC se situaient sur la même ligne raciste.

Années de guerre

Dès le début de la guerre, le Vertrauensrat, dont faisait partie Marahrens, némettait plus quère que des appels patriotiques. Un décret damnistie visant les procès en cours devant des juridictions ecclésiastiques et les procédures contre des fonctionnaires de lÉglise était destinée à rasséréner les membres de lÉglise évangélique dAllemagne durant la guerre. Entre-temps, la propagande anti-chrétienne du NSDAP, patente déjà dès le congrès national du parti à Nuremberg, fut poursuivie.

Depuis 1937, et surtout entre 1939 et 1945, les VKL, les Conseils confrériaux ainsi que de nombreux prêtres, y compris une partie parmi eux qui nappartenait pas à la BK, devinrent plus fréquemment la cible de mesures de la part des Églises régionales et de la Gestapo. La BK sappliquait à faire connaître dans ses communes, à travers ses demandes de prières dintercession, les abus de pouvoir de lÉtat les plus graves.

Depuis le début de la guerre, la partie de lÉglise évangélique qui nappartenait pas aux DC avait été affaiblie par lappel sélectif sous les drapeaux de chrétiens critiques. En nombre dendroits, cette situation amena les femmes, en particulier les épouses de pasteur, à assumer pour la première fois dans lhistoire de lÉglise évangélique, des tâches de prédication et de direction.

En 1940 débuta lAction T4, c'est-à-dire leuthanasie de « vie indigne de vivre », décidée comme découlant des nécessités de la guerre. Elle fut perpétrée dans des instituts convertis en instituts de mise à mort, parmi lesquels aussi des infrastructures du diaconat réquisitionnées. Protestèrent à cette occasion, côté évangélique, les évêques Theophil Wurm, Friedrich Bodelschwingh et le pasteur Paul Braune à Lobetal, et côté catholique, lévêque Clemens August Graf von Galen, qui obtinrent dans cette affaire un succès partiel.

Les échanges épistolaires à lintérieur de lÉglise furent, en raison dune prétendue pénurie de papier due à la guerre, presque entièrement interrompus. Les cérémonies du baptême, du mariage, de la confirmation, des funérailles devaient obligatoirement être remplacées par les célébrations du parti ; cette consigne ne pouvant être mise à exécution que sous réserve, les manifestations obligatoires des Jeunesses hitlériennes et des Jeunesses allemandes (Deutsches Jungvolk) étaient délibérément programmées les dimanches avant-midi, pour retenir les enfants et les jeunes de se rendre à léglise. Pendant les offices religieux, les Jeunesses hitlériennes faisaient leurs exercices directement à côté des églises.

Cest en lannée 1941 que furent prises à lencontre de la BK les mesures de persécution jusque- les plus dures : lÉglise nationale, à laquelle appartenaient désormais les chefs de sept églises régionales intactes, déstitua le 17 décembre 1941 tous les Juifs baptisés de leurs fonctions et finit donc par faire appliquer dans les églises le paragraphe sur les Aryens. La VKL, lévêque régional du Wurtemberg Wurm et le consistoire prussien protestèrent contre cette déstitution, celle-ci étant, selon eux, « incompatible avec la profession de foi de lÉglise ». Le commandement du baptême du Christ ne reconnaît pas de limites de race ; si la loi était appliquée, il faudrait exclure de lÉglise tous les apôtres et le Christ lui-même. À cause de la guerre, et vu la scission intervenue entre-temps, la vague de protestation nétait pas comparable, tant sen faut, aux protestations de 1933.

Le 6 juillet parut une circulaire confidentielle de Martin Bormann, ordonnant lélimination complète de tout moyen dinfluence de lÉglise. Les représentants de la VKL furent tous temporairement détenus. Dix-huit pasteurs de la BK trouvèrent la mort dans des camps de concentration ou furent assassinés lors dinterrogatoires ou dautre façon. De même, les directeurs du bureau dentraide Grüber pour Juifs et Juifs chrétiens, Heinrich Grüber (18911975) et son successeur Werner Sylten (18931942), un Juif chrétien, furent tour à tour, en 1940 et en 1941, enfermés dans des camps de concentration. Sylten fut tué le 26 février 1942 dans le centre dextermination de Hartheim, près de Linz, vraisemblablement gazé en même temps que dautres Juifs.

Dans le pays de la Warthe occupé (région de Poznán), Alfred Rosenberg entreprit de convertir, sur ordre du Pouvoir, et en guise dessai, la structure de lÉglise protestante en une structure assujettie au droit dassociation. Quelque 2 000 prêtres catholiques polonais furent incarcérés, dont 1 300 environ périrent dans des camps de concentration allemands ou y furent assassinés.

Après le décès de Kerrl le 14 décembre 1941, Muhs acquit un pouvoir accru sur la gestion financière de lÉglise évangélique dAllemagne. Il fit geler le salaire de beaucoup de pasteurs, de telle façon quen fussent touchés surtout les titulaires de la BK, de sorte que ceux-ci ne pouvaient plus que fort péniblement, moyennant des dons volontaires, poursuivre leur travail. Au cours de cette phase apparurent, dans les communes de la BK, des formes nouvelles de prédication autonome, comportant des soutiens aux sermons illégaux, des feuillets pour linstruction des catéchumènes, des activités de jeunesse etc. Une partie des pasteurs BK travaillant illégalement obtint après mutation un nouveau poste légal dans lÉglise évangélique dAllemagne.

À partir de 1942, les Juifs vivant parmi les chrétiens dans le cadre de mariages mixtes furent à leur tour persécutés ; les bureaux daide intensifièrent leur activité consultative. En 1944, il apparut quun de leurs collaborateurs dirigeants, le Dr. Erwin Goldmann, était un mouchard de la SS, en conséquence de quoi les bureaux furent fermés.

Après 1943, le travail ecclésial tout entier ne pouvait plus être maintenu en ordre de marche quavec des laïcs, lesquels déployaient dorénavant une activité considérable. Les vicaires devinrent des pasteurs de plein exercice. À lautomne 1944, un rapprochement organisationnel eut lieu entre ce qui restait de la BK et la conférence des Dirigeants des Églises, qui jeta le germe dune refondation de lÉglise évangélique après la guerre.

Depuis la conférence de Wannsee de janvier 1942, la rumeur de lexistence de camps dextermination à lest se répandait progressivement dans le Reich. Lévêque Wurm garde publiquement le silence à ce sujet et sabstint de dénier toute légitimité à la persécution des Juifs organisée par le Pouvoir. Mais il dénonce, dans de nombreuses lettres et requêtes aux autorités nazies, linjustice commise : « Le fait de tuer sans nécessité militaire et sans sentence préalable est contraire au commandement de Dieu, même si lordre en émane des autorités légales. » En juillet 1943, il écrivit à Hitler personnellement, le priant de sopposer à la « persécution et lextermination de non aryens » : « Ces desseins, de même que les autres mesures de destruction prises à lencontre dautres non aryens, sont en contradiction absolue avec le commandement de Dieu. » Il est à craindre sinon, estime Wurm, que les « aryens privilégiés » ne finissent aussi par être traités de semblable façon. Wurm croyait manifestement, avec naïveté, comme beaucoup à cette époque, que le Führer était totalement ignorant des camps dextermination.

Le synode de lÉglise confessante de la Vieille Prusse fut seul à souligner publiquement, lors de sa conférence annuelle à Breslau le 17 octobre 1943, que le commandement de Dieu « Tu ne tueras point » doit sappliquer également en temps de guerre. Cela vaut aussi pour « la manière indirecte de tuer, consistant à priver son prochain de lespace nécessaire pour vivre », p.ex. « par la déprivation de nourriture et de vêtements ». La justice divine ne connaît pas de notions telles que « exterminer », « liquider » et « vie sans valeur » : « Détruire des Hommes, pour la seule raison quils appartiennent à la famille dun criminel, sont âgés ou souffrent de maladie mentale, ou font partie dune autre race, ce nest pas faire bon usage du glaive que Dieu a mis à la disposition des autorités. » Pour la journée de Pénitence et de Prière, ce synode écrivit à ses communes : « Malheur à nous et à notre peuple, si celui-ci tient pour légitime de tuer des gens au motif quils seraient à considérer comme indignes de vivre ou quils appartiennent à une autre race, lorsque se répandent la haine et la cruauté. » Ces deux paroles furent jusquà la fin de la guerre les seules prises de position publiques de la BK relatives à lholocauste. Elle non plus ne nommait les Juifs directement et ne mettait en question en tant que telle la notion de race, mais était cependant sans équivoque à condamner lextermination sur base raciale.

Dietrich Bonhoeffer joua un rôle particulier dans le Kirchenkampf : sil professait, lors des formations clandestines de pasteurs de la BK, au séminaire de Finkenwalde, une stricte imitation du Christ, il prit néanmoins part dans le même temps dès 1937 aux préparatifs conspirateurs visant à assassiner Hitler. Sa motivation étaità la différence de celle de la plupart des résistants regroupés dans le Kreisauer Kreis autour de Hans Oster et Hans von Dohnanyide stopper lholocauste des Juifs. À cette fin, il était aussi en faveur de lemploi de la violence contre les autorités de lÉtat. Après son incarcération, la direction de la BK ne linclut point dans les prières en faveur des membres incarcérés de la BK, et prit strictement ses distances davec lui après que fut connue sa participation à lattentat du 20 juillet 1944.

« Désobéissance biblique »

Outre ceux qui agissaient dans le Kirchenkampf de façon plus ou moins ouverte, il y avait d'autre part en de nombreux endroits une désobéissance dinspiration biblique. En particulier, dans les milieux piétistes et dans le cadre du YMCA, des cours bibliques et des activités de jeunesse se tenaient dans la clandestinité dans toute une série de communes jusquau printemps 1945. Mais dès avant la guerre, lon assista à un certain nombre de désobéissances isolées. Un exemple de désobéissant était Theodor Roller de Tübingen. En tant que chrétien, il refusa systématiquement de prêter le serment de fidélité au drapeau pour Hitler et qualifiait celui-ci de menteur. Cela lui valut dêtre interné pendant six ans dans létablissement psychiatrique de Weißenau[4].

Conséquences

En Allemagne

À travers laveu de culpabilité de Stuttgart doctobre 1945, les églises régionales évangéliques sefforcèrent de trouver la base dune refondation commune. Les autorités doccupation laissèrent aux Églises elles-mêmes le soin de la dénazification interne, de sorte que lon assista, dans limmédiat après-guerre, à une ample vague de réhabilitation des chrétiens naguère nazis ou simples suiveurs. La parole de Darmstadt de 1947 fut promptement oubliée et neut pas au sein de la lÉglise évangélique dAllemagne deffet en largeur.

Dans léglise évangélique dEssen-Werden se trouve une verrière remarquable, la Fenêtre du Kirchenkampf, qui fut créée puis installée dans la conque nord de cette église par les anciens membres de la Commune confessante après leur retour dans leur communauté religieuse, après que celle-ci eut cessé dêtre dominée par les Deutsche Christen. Cette fenêtre contient une référence à Timothée 6,12[5],[6]..

Dun point de vue ecclésiologique, le Kirchenkampf représente un tournant dans la conception évangélique de ce quest lÉglise et le droit ecclésiastique. Lon avait généralement fait jusque-, dans la théologie évangélique, une stricte séparation entre dune part lÉglise en tant que Communauté des Saints et Corps du Christ sur terre, et dautre part lÉglise en tant quinstitution. La conviction quil importe grandement de savoir qui dirige les Églises régionales et dans quel esprit a gagné en importance dans la lutte contre la Gleichschaltung et contre les Deutsche Christen. La conception ecclésiologique des Églises évangéliques tend depuis lors à emprunter un chemin mitoyen entre la vision catholique, selon laquelle l'institution est constitutive de lÉglise, et une représentation de lÉglise totalement spiritualisée.

Dans le mouvement œcuménique

Cest par les activités œcuméniques de Dietrich Bonhoeffer et de quelques conspirateurs du 20 juillet 1944 quexistaient des contacts avec les Églises dautres pays, en particulier chez les Alliés. Grâce à cela, les Églises dAllemagne purent à lissue du Kirchenkampf se réintégrer relativement vite dans la communauté œcuménique mondiale.

Notes et référence

  1. Martin Bormann, Jewish Virtual Library. Consulté le 2008-03-09
  2. Gutachten des Instituts für Zeitgeschichte (Munich 1958), p. 364
  3. Schriften des Initiativkreises katholischer Laien und Priester in der Diözese Augsburg e.V.: Der Kampf um das Schulkreuz in der NS-Zeit und heute 1re édition 2003, Prof. Dr. Konrad Löw
  4. Hans-Joachim Lang: Als Christ nenne ich Sie einen Lügner. Theodor Rollers Aufbegehren gegen Hitler; Hamburg: Hoffmann und Campe, 2009; ISBN 3455501044.
  5. Kirchenkampffenster (accès mars 2009)
  6. http://www.glasmalerei-ev.de/pages/b1006/b1006.shtml

Bibliographie

Sources
  • Hans-Walter Krumwiede u.a. (Herausgeber): Kirchen- und Theologiegeschichte in Quellen. Neuzeit, 2. Teil. Neukirchener Verlag 1979
  • Joachim Beckmann (Hrsg.): Kirchliches Jahrbuch für die evangelischen Kirchen in Deutschland 19331944. 2. Auflage 1976
  • Hans Boberbach (Hrsg.): Berichte des SD und der Gestapo über Kirchen und Kirchenvolk in Deutschland 19331944. Mainz 1971
  • C. Nikolaisen, G. Kretschmar (Hrsg.): Dokumente zur Kirchenpolitik des Dritten Reiches. 1. Band 19331935, Munich, 2e édition, 1975
Descriptions densemble
  • Kurt Meier: Der evangelische Kirchenkampf. 3 tomes
Tome 1: Der Kampf um dieReichskirche Halle 1976.
Tome 2: Gescheiterte Neuordnungsversucheim Zeichen staatlicherRechtshilfe“. Halle 1976.
Tome 3: Im Zeichen des zweiten Weltkrieges. Halle 1984.
  • Klaus Scholder: Die Kirchen und das Dritte Reich., tomes 13
Tome 1 : Vorgeschichte und Zeit der Illusionen, 19181934. Berlin 1977
Tome 2 : Das Jahr der Ernüchterung 1934. Berlin 1985
Tome 3 : von Gerhard Besier: Spaltungen und Abwehrkämpfe 19341937. Berlin 2001
  • Ernst Wolf: Kirchenkampf. Artikel in Die Religion in Geschichte und Gegenwart, 3e édition, 1959, S. 14431453
Aspects particuliers
  • Friedrich Baumgärtel: Wider die Kirchenkampf-Legenden Freimund, Neuendettelsau 1976 (zuerst 1959) ISBN 3-7726-0076-X
  • Wolfgang Gerlach: Als die Zeugen schwiegen. Bekennende Kirche und die Juden Institut Kirche und Judentum, Berlin 1993, ISBN 3-923095-69-4
  • Johannes Hartlapp: Siebenten-Tags-Adventisten im Nationalsozialismus, unter Berücksichtigung der geschichtlichen und theologischen Entwicklung in Deutschland von 1875 bis 1950 Reihe: KKR 53. V&R unipress, Göttingen 2008 ISBN 3-89971-504-7
  • John-Stucke, Kirsten & Krenzer, Michael & Wrobel, Johannes: Zwölf Jahre, zwölf Schicksale. Fallbeispiele zur NS-Opfergruppe Jehovas Zeugen in Nordrhein-Westfalen Arbeitskreis der NS-Gedenkstätten in NRW, Münster/W. 2006 (ohne ISBN) Notation DDC (Dewey Decimal Classification) 940.531808828992 (DDC 22ger)
  • Johannes Neuhäusler: Kreuz und Hakenkreuz. Der Kampf des Nationalsozialismus gegen die katholische Kirche und der kirchliche Widerstand, Katholische Kirche Bayerns, Munich, 1946
  • Hans Prolingheuer: Kleine politische Kirchengeschichte. 50 Jahre evangelischer Kirchenkampf von 1919 bis 1969 Pahl-Rugenstein, Cologne, 1984 ISBN 3-7609-0870-5
  • Hans Prolingheuer: Wir sind in die Irre gegangen. Die Schuld der Kirche unterm Hakenkreuz, Cologne, 1987 ISBN 3-7609-1144-7
  • Klaus Scholder: Die Kirchen zwischen Republik und Gewaltherrschaft. Gesammelte Aufsätze Ungekürzte und korr. Ausgabe der Erstausgabe 1988 (Hgg. Karl Otmar von Aretin & Gerhard Besier) Ullstein, Berlin 1991 ISBN 3-548-33148-3
  • Leonore Siegele-Wenschkewitz: Nationalsozialismus und Kirchen. Religionspolitik von Partei und Staat bis 1935, Düsseldorf, 1974
  • Marikje Smid: Deutscher Protestantismus und Judentum 1932/1933 Christian Kaiser, Munich, 1990 ISBN 3-459-01808-9

Liens externes

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