- Judas Iscariot (apôtre)
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Judas Iscariote
Pour les articles homonymes, voir Judas.Pour les chrétiens, Judas Iscariote est l'un des douze apôtres de Jésus de Nazareth. Selon les évangiles canoniques, ce serait Judas qui aurait facilité l'arrestation de Jésus pour les grands prêtres de Jérusalem, qui le menèrent ensuite devant Ponce Pilate.
Sommaire
Récits du Nouveau Testament
Selon les évangiles synoptiques, Judas l'Iscariote, dernier des douze Apôtres, assurait le rôle de trésorier. Le surnom de d’Iscariote est généralement traduit par l'homme de Qeriyyot, localité du pays de Juda, dont parle le livre de Josué 15(25). Mais il est également probable que le mot vienne du mot sicaire (du latin sicarius, le porteur de dagues), les sicaires étant un autre surnom des Zélotes.
Il aurait « vendu » Jésus pour 30 pièces d'argent aux grands prêtres de Jérusalem. Jésus se trouvait dans les jardins de Gethsémani. Judas le désigne aux gardes en l'embrassant (l'expression « baiser de Judas » désigne aujourd'hui un baiser de traître).
Les prêtres menèrent ensuite Jésus devant Ponce Pilate, gouverneur romain de Judée.
Le Nouveau Testament fait mourir Judas peu de temps après, suivant deux versions ; la version la plus souvent citée est celle de l'Évangile selon saint Matthieu :
- « pris de remords, il se pendit peu après sa trahison non sans avoir rendu leurs 30 pièces d'argent à ses commanditaires », Matthieu 27(5).
L'autre version, Actes des Apôtres 1(18), indique :
- « Cet homme, ayant acquis un champ avec le salaire du crime, est tombé, s'est rompu par le milieu du corps, et toutes ses entrailles se sont répandues ».
Théologie chrétienne
Dans l'historiographie chrétienne, Judas devient l'image type du traitre et son nom même passe dans l'usage commun. Dante le situe dans la neuvième sphère de sa Divine comédie réservée aux traitres.
Il est erroné, en théologie, de considérer que Judas a joué un rôle essentiel dans le processus de rédemption et de considérer que, sans lui, il n'y aurait pas eu d'arrestation de Jésus-Christ suivie de crucifixion, et donc pas de rachat des péchés des hommes par l'œuvre de Rédemption. Car les pharisiens et les scribes cherchaient de toute manière une occasion propice pour procéder à cette arrestation et y étaient décidés bien avant que Judas vienne leur proposer ses services. Cette montée progressive de ressentiments contre Jésus, de la part des chefs du peuple, est particulièrement mise en relief dans l'évangile de Luc[réf. souhaitée]. Quand Judas se présenta à eux, ils acceptèrent ses services contre argent, ce moyen étant pour eux une option parmi d'autres, car Jésus était de toute manière à leur portée, enseignant tous les jours dans le Temple et les synagogues et pouvant être retrouvé de jour ou de nuit par qui voulait le chercher. Son arrestation allait s'accomplir, par le moyen de Judas ou par un autre moyen, et était surtout la conséquence de la volonté de quelques pharisiens, scribes et notables parmi les chefs du peuple[réf. souhaitée].
Sur le plan théologique, il faut également ne pas perdre de vue que Judas n'a pas eu conscience qu'il allait servir le plan divin[réf. souhaitée] de la Rédemption, pour la simple raison qu'il n'a pas cru que le Christ était le Fils le Dieu[réf. souhaitée]. Mais il espérait qu'il serait celui qui établirait un règne messianique terrestre, par des voies matérielles et politiques ordinaires.
Concernant la possibilité de sa damnation personnelle, il en va de Judas comme de tout homme : pour l'Église, cette option est ouverte devant tout homme, comme l'option du salut. D'autant qu'elle considère, en même temps, qu'on ne peut affirmer d'une personne qu'elle est nommément damnée, pas même de Judas, ou qu'il aurait définitivement raté. Cette option est ouverte sans qu'elle puisse être prouvée, Dieu seul en ayant connaissance, théologiquement parlant. Les Écritures affirment formellement l'existence de l'enfer. Mais nul ne peut affirmer, selon le jugement de l'Église, quels sont les réprouvés parmi ceux qui sont défunts.
Cela étant, la majeure partie des théologiens considère aujourd'hui que ce n'est pas tant le problème de la trahison de Judas qui pose problème, car elle est pardonnable puisque pour tout péché, miséricorde, pour peu qu'il y ait au moins un début de regret[réf. souhaitée]. Mais le problème est surtout le suicide de Judas qui, dans ce cas précis, marque un refus de l'espérance, donc de la Miséricorde et du pardon.
Autres interprétations
- John Shelby Spong tente de montrer l'évolution du rôle de Judas vers un rôle de traître dans les versions successives de l'Évangile.
- Armand Abécassis donne un point de vue juif dans son livre : Judas et Jésus, une liaison dangereuse, dans lequel il montre que le verbe paradidonaï traduit par livrer ne peut être interprété en le traduisant par trahir, mais qu'au contraire, il existe une véritable connivence entre Judas et Jésus. Judas n'a toutefois pas bien compris le message de Jésus qui refuse l'usage de la violence pour prendre le pouvoir. Il le livre, avec l'assentiment de celui-ci, pour que Jésus se manifeste publiquement comme chef politique et religieux des Juifs et, selon Abécassis, il croit que cette confrontation le fera reconnaître comme tel. Jésus sait que, sauf à fuir et à renoncer à tout enseignement, il ne peut plus échapper à une arrestation et accepte d'être livré pour annoncer sa messianité, mais il sait aussi qu'il ne sera pas reconnu comme tel et qu'il sera condamné à mort.
Judas dans l'art
Iconographie
L'attribut de Judas est la bourse d'argent. Dans l'iconographie, Judas porte une bourse qui représente non seulement sa charge de trésorier au sein de la communauté des apôtres, mais aussi et surtout le salaire de sa trahison.
Sur La Cène de Léonard de Vinci, Judas est représenté avec une bourse pendue à sa ceinture.
Dans l'iconographie classique, Judas est souvent représenté vêtu de jaune. C'est en particulier de cet état de fait que découle l'association du jaune et de la notion de traîtrise.
Romans
- Thomas de Quincey dans Judas Iscariote et autres essais tente une réhabilitation en faisant agir sciemment Judas pour accomplir le destin d'un Christ hésitant.
- Jorge Luis Borges, dans sa nouvelle « Trois versions de Judas » (in Fictions, Folio), imagine un théologien danois du XIXe siècle dont la thèse était que Dieu s'était fait homme jusqu'à l'infamie, Judas étant en fait le fils de Dieu, et non pas le Christ...
- Pierre Bourgeade dans son roman Mémoires de Judas lui fait accepter de livrer Jésus pour accomplir l'Écriture.
- Jean Ferniot en fait un martyr dans Saint Judas (1984).
Évangile de Judas
Article détaillé : Évangile de Judas.Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Pierre-Emmanuel Dauzat : "Judas. De l'Évangile à l'holocauste" Bayard 2006
CALLE CALLE, Francisco Vicente, Judas Iscariote: vida, leyendas, iconografía, "La Quema", www.bubok.com, 2009.
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