Jean-François Henriod

Jean-François Henriod

Jean-François Henriod, né le 21 octobre 1763 à Larivière (ancien département du Léman), est un militaire français.

Biographie

Il entra comme soldat le 12 octobre 1782 dans le régiment de Berwick.

Caporal le 9 septembre 1783, sergent-fourrier le 21 janvier 1784, sergent-major le 24 juillet 1791, sous-lieutenant le 7 septembre suivant, lieutenant le 15 novembre 1792, et capitaine adjudant-major le 5 juillet 1793, il fit toutes les campagnes de la liberté, de 1792 à l'an IX. aux armées du Rhin et d'Angleterre.

En l'an II, il passa avec le 1er bataillon du 8e d'infanterie dans la 159e demi-brigade de bataille, devenue 10e de ligne à l'organisation de l'an IV, et fut nommé chef de bataillon le 19 messidor an III.

Pendant la retraite de Mayence, en l'an IV, son bataillon chargé de protéger la retraite de la division du général Renaud dans les gorges sous Tripstadt, se trouva enveloppé par trois bataillons de grenadiers autrichiens et un corps d'émigrés.

Aussitôt, il le forme en colonne serrée et lance sur l'ennemi une masse de tirailleurs chargés de l'attaquer sur tous les points ; faisant volte-face et ralliant ses tirailleurs, il fond sur le centre des bataillons autrichiens, culbute et renverse tout ce qui s'oppose à son passage, enlève 156 prisonniers, et rejoint à une lieue de là, au Kaiskop, la division dont il couvrait les derrières.

Il assista la même année au siège de Kehl, et y fut blessé d'un coup de feu.

En l'an V, pendant la grande retraite de l'armée du Rhin, Henriod, avec un corps de 3.000 hommes que lui avaient confié les généraux Moreau et Desaix, balaya le val de Saint-Pierre, dans la Forêt-Noire, et tint en échec, dans celui de Kentzig, le général ennemi Neuendorf, qui, à la tête d'un corps de 25 000 combattants, attendait l'armée française, tandis que celle-ci filait par Donescheim et débouchait dans le Brisgau par le val d'Enfer.

Ainsi, pendant six jours, sans éprouver de pertes sensibles, il intercepta toute communication avec les habitants, trompa l'ennemi par des espions, et le harcela nuit et jour dans les positions boisées et rocailleuses qu'il occupait sur Triberg et Horneberg.

Passé avec son grade dans la 65e demi-brigade de ligne le 19 nivôse an XI, il servit à l'armée de Hanovre jusqu'à la fin de l'an XIII.

Major du 100e régiment d'infanterie de ligne, le 30 frimaire an XII, et membre de la Légion d'honneur le 4 germinal suivant, il fit les campagnes d'Autriche, de Prusse et de Pologne, de l'an XIV à 1807, avec la Grande Armée.

Le 20 brumaire an XIV, à Diernestein, la division Gazan, forte de 4 000 hommes, et avec laquelle marchait le maréchal Mortier, fut tout à coup enveloppée par le 1er corps de l'armée russe, commandé par Kutuzow et composé d'environ 35 000 hommes; après un combat opiniâtre, dans lequel les Français culbutèrent partout l'ennemi, le maréchal et les officiers généraux retournaient au quartier général de Spitz, lorsqu'une forte colonne ennemie, qui interceptait les communications, les obligea à rebrousser chemin.

Pendant ce temps, une autre colonne d'environ 10 000 Russes était venue attaquer les positions occupées par la division Gazan sur le plateau d'Impach.

Sans attendre les ordres, le major Henriod réunit le 100e de ligne, auquel se rallient les 4e léger, 103e de ligne et 4e de dragons ; il adresse à ces troupes une allocution énergique au nom de l'honneur français, du salut de ses drapeaux et de celui de ses chefs, puis se mettant à leur tête, au moment où le maréchal arrivait sur le plateau, il marche à la rencontre de l'ennemi, le culbute, le renverse et le force à prendre la fuite ; la division Gazan, ainsi dégagée, put rejoindre celle du général Dupont à une lieue de Diernestein.

A la suite de cette affaire, dans laquelle il avait eu deux chevaux tués sous lui, le major Henriod reçut devant toute la division les témoignages de la satisfaction du maréchal Mortier, qui le présenta le lendemain à l'aide-de-carnp de l'Empereur venu sur les lieux pour connaître les résultats de la journée.

Nommé officier de la Légion d'honneur à la suite de ce fait d'armes, il reçut le brevet de colonel du régiment de ligne, le 30 décembre 1806, et se signala de nouveau à la bataille d'Eylau, où son régiment fut le seul du 7e corps qui rompit et traversa la première ligne russe.

Mais n'ayant pas été soutenu, et atteint d'une blessure grave, il ne voulut pas quitter son régiment formé en carré, et joncha le terrain de cadavres russes ; 28 officiers, 590 sous-officiers ou soldats tués et 700 blessés, indiquaient l'emplacement qu'il avait occupé. Blessé à là cuisse le 1er juin suivant, à Heilsberg, il fut envoyé en Espagne en 1808, et fit la guerre en Aragon et en Catalogne jusqu'en 1814, et reçut, le 21 juillet 1808, la croix de commandeur de la Légion d'honneur.

Le 23 novembre suivant, à Tudela, il enfonça la gauche de l'ennemi ; plus tard, il coopéra au siège de Saragosse, fut blessé d'un coup de feu, et prit part aux différentes actions qui suivirent la prise de cette place.

Vers le mois d'août 1809, il battit et poursuivit, pendant deux mois, de village en village, le brigadier-général Villa-Campa, qui se réfugia enfin dans la grande chaîne des monts de Castille celui-ci avait fait du couvent de la Trumendad sa principale place d'armes et le dépôt de ses munitions.

Ce monastère, bâti sur le sommet d'une montagne, et entouré d'obstacles naturels, était réputé inaccessible; et Villa-Campa y avait réuni un corps d'armée de 5 000 hommes de troupes de ligne, et d'un grand nombre de paysans. Le colonel Henriod partit le 13 novembre de Daroca, distant de quinze lieues de Tremendad, à la tète du 14e de ligne, du 13e de cuirassiers, de quatre compagnies d'élite, et d'un bataillon du 2e régiment de la Vistule, avec deux pièces de canon et un obusier. Arrivé le 25 au pied du mont Tremendad, il fit ses dispositions d'attaque, et après huit heures d'un combat opiniâtre, il s'empara du couvent et le livra aux flammes.

Il avait fallu enlever chaque mamelon à la baïonnette, et gravir une montagne de la plus haute élévation, par des chemins en zig-zag, étroits et escarpés, qui fournissaient aux Espagnols les moyens d'arrêter à chaque pas leurs adversaires.

Créé baron de l'Empire le 18 novembre suivant, et promu au grade de général de brigade le 3 juillet, il mérita les éloges de l'Empereur par les services qu'il rendit au combat de Tenega, le 13 janvier 1811, et pendant la défense de Lérida en 1812.

En congé de convalescence depuis le 28 juin 1813, il fut mis en non-activité le 1er septembre 1814, et nommé chevalier de Saint-Louis le 17 janvier 1815.

Au retour de l'île d'Elbe, l'Empereur le rappela à l'activité, et le désigna, le 12 juin, pour prendre le commandement suprême du Quesnoy; mais les événements malheureux de cette époque ne lui permirent pas d'obéir à l'ordre qui lui avait été expédié.

Admis à la retraite le 6 octobre suivant, il mourut le 20 juin 1825.

Source

« Jean-François Henriod », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition]


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