- Jacob Clemens non Papa
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Jacobus Clemens Jacob Clemens
Jacques ClémentExtrait de la partie du ténor de la chanson polyphonique en langue néerlandaise Te Schepe Wart de Jacobus Clemens non Papa, telle qu’elle fut reproduite dans le recueil de chansons néerlandaises, à trois, quatre, cinq, six et huit voix Nievve Dvytsche Liedekens, met III. IIII. V. VI. ende VIII. partyen, imprimé à Maastricht par Jacob Baethen en 1554Surnom non Papa Naissance vers 1510 ou 1515 Décès 1555 ou 1556 Activité principale compositeur
Style École des polyphonistes néerlandais
Lieux d'activité Pays-Bas des Habsbourg
Pays-Bas espagnolsÉditeurs Pierre Attaingnant
Jacob Baethen
Petrus Phalesius
Tielman SusatoÉlèves Gerardus Mes ( ? )
Jacobus Vaet ( ? )Jacob Clemens non Papa ou Jacques Clément ou Jacobus Clemens non Papa, né vers 1510 ou 1515 et mort en 1555 ou 1556, est un compositeur dans un très grand nombre de styles, prolifique et issu de l’école franco-flamande[1], surtout célèbre pour des harmonisations polyphoniques des psaumes en néerlandais, les Souterliedekens[2].
Sommaire
Biographie
On ne sait presque rien de sa jeunesse, et les données sur les années de sa maturité artistique sont incertaines. Il fut né quelque part en Belgique ou dans les Pays-Bas actuels. La première mention certaine de son nom et de ses activités que l’on trouve, date de la fin des années 1530, lorsque Pierre Attaingnant publia de ce compositeur une collection de chansons à Paris. Entre mars 1544 et juin 1545, il fut attaché à la cathédrale Saint-Donatien de Bruges. Peu après, il collabora avec Tielman Susato, l'éditeur d'Anvers ; cette collaboration se poursuivit jusqu’à la mort du compositeur. En 1545, il devint maître de chapelle à la cour de Philippe de Croÿ, duc d'Aerschot et général de Charles Quint ; lorsqu’il quitta ce poste en 1549, il fut succédé par Nicolas Gombert. En 1550 il fut employé comme chanteur et compositeur à la confrérie mariale à Bois-le-Duc. En outre il vécut et travailla à Ypres et à Leyde et, il y a des indices, qui s’appuient toutefois sur une argumentation douteuse, que sa carrière l’amena à Dordrecht[2].
Il y a plusieurs théories sur l'origine de l'épithète « non Papa » : selon l’une d’entre elles son surnom aurait été plaisamment ajouté par son éditeur, Susato, afin de le distinguer de son contemporain le pape Clément VII ; son nom indiquerait alors qu’il est « Jacques Clément, mais pas le Pape ! ». Ou encore : on aurait voulu éviter toute confusion avec le poète Jacobus Papa, originaire d'Ypres. Il se peut que le surnom reflète des sympathies protestantes. Le sobriquet apparaît dès 1546, notamment dans un recueil de motets publié par Susato [2].
Les circonstances de sa mort ne sont pas connues. Le compositeur Jacobus Vaet suggère dans Continuo Lacrimas (de 1558), la déploration sur la mort de Clemens, qu'il aurait trouvé une mort violente, sans parler des circonstances dans lesquelles celle-ci serait survenue. Selon une source, qui ne remonte pas avant 1644, Clemens fut enterré à Dixmude, près d'Ypres en Belgique actuelle[2].
Œuvre
Pour autant que l’on sache, à l’inverse de la plupart de ses contemporains, Clemens n'avait jamais voyagé en Italie. Ce qui expliquerait l'absence dans sa musique de traces d’un éventuel passage par ce pays[3].
Clemens compte parmi les meilleurs représentants du style flamand. Il serait l'un des plus grands compositeurs de la génération entre Josquin Des Prés et Lassus. Sur ce dernier il exerça, par ailleurs, une influence considérable[4]. Sa renommée conduisit à la publication, sous son nom, d’œuvres douteuses, dont plusieurs chansons dont l’attribution est sujette à caution. En fait, pour environ 80 %, sa production musicale comprend des pièces sacrées, soit composées à des fins liturgiques, soit à usage privé. De quelque 233 motets, seuls trois contiennent des textes profanes sous la forme d'hymnes de louange à la musique. Cependant, il composa tout de même plus de 100 œuvres profanes englobant toute la gamme de genres poétiques employés par les compositeurs de sa génération. Compte tenu du fait que sa carrière de compositeur dura, à peine, deux décennies, Clemens s’avéra un compositeur extrêmement prolifique[2].
Il écrivit, entre autres :
- 15 messes (dont 14 messes parodie et un requiem)[2] (la plupart d’entre elles ont été publiées entre 1555 et 1570 par Pierre Phalèse l’Ancien à Louvain), et, en outre, deux parties de messes (un Kyrie et un Credo)[5] ;
- 15 magnificats[6] ;
- 233 motets[2] ;
- plus de 100 pièces profanes, dont 89 chansons en français (certaines d'une paternité douteuse ; 77 seulement d’entre elles sont considérées comme des œuvres authentiques et ont été incluses dans l'édition complète de ses œuvres)[7] et 8 en néerlandais[2], 8 pièces sans paroles, 2 chansons en tablature, et, de plus, une pièce instrumentale - un canon – qui est, toutefois, une attribution douteuse[2] ;
- 159 psaumes et cantiques néerlandais, les Souterliedekens, qui emploient des mélodies populaires comme cantus firmus[2].
À l’origine, les Souterliedekens, publiés par Symon Cock, étaient des psaumes monodiques, homophones, versifiés par Willem van Zuylen van Nijevelt en langue néerlandaise[8], dont les airs dérivèrent de danses et chansons profanes connues de l'époque. Les harmonisations polyphoniques de Clemens, conçues pour être à la portée de tous, sont, par conséquence, plus simples que d’autres compositions polyphoniques de Clemens. De toutes ses œuvres, ces Souterliedekens ont, sans doute, acquis la plus grande renommée ; aussi, ces psaumes ont-il exercé une influence considérable. Ils ont été publiés en 1556-1557 par Tielman Susato dans ses Musyck Boexken IV-VII (livres de musique, volumes quatre à sept)[9], et consistent de tous les psaumes en néerlandais dans une version autorisée par l’église catholique[10]. L’harmonisation de Clemens est la première du psautier complet en néerlandais[9]. Comme cantus firmus, il employa les mélodies d’origine profane de l’édition de Cock ; c’est-à-dire, des chansons à boire, des chansons d’amour, des ballades et autres « tubes » de l’époque. Clemens les destinait à 3 voix, et il y a 26 combinaisons différentes de ces voix[8]. Certaines mélodies des Souterliedekens sont basées sur des chansons de danse et sont, en conséquence, assez homophones et homorythmiques, tandis que d'autres utilisent l’imitation. Nonobstant leur popularité éphémère auprès des communautés protestantes, en particulier celle des mennonites[11], ces psaumes survécurent le ban de 1569, promulgué sous le gouvernement du duc d'Albe, qui fit soumettre à la censure tous les livres jugés hérétiques[2]. Après sa mort, ses œuvres ont été divulguées en Allemagne, en France, en Espagne, et même parmi différentes communautés en Angleterre. Clemens marqua, particulièrement, l’Allemagne par son influence et son empreinte ; Lassus connut très bien sa musique et incorpora dans ses pièces des éléments de son style[2].
Enregistrement
- Clemens non Papa, Priest And Bon-vivant, Capilla Flamenca, La Caccia, Joris Verdin et Jan van Outryve, 2005 (KTC 1287)
Liens externes
- Partitions libres de Jacob Clemens non Papa dans Choral Public Domain Library (ChoralWiki)
- Partitions gratuites de Jacob Clemens non Papa dans le Werner Icking Music Archive (WIMA)
Sources
- (en)Atlas, Allan W., Renaissance Music: Music in Western Europe, 1400-1600, New York, W.W. Norton & Company, 1998. ISBN 978-0393971699
- (en)Brown, Howard M. & Louise K. Stein, Music in the Renaissance, 2e éd. Upper Saddle River, NJ : Prentice Hall, 1999. ISBN 978-0134000459
- (nl)Grijp, Louis Peter, De honger naar psalmen en schriftuurlijke liederen tijdens de Reformatie, in : Een muziekgeschiedenis der Nederlanden, éd. Louis Peter Grijp, Amsterdam University Press/Uitgeverij Pelckmans, 2001. ISBN 9053564888, ISBN 9028930000
- (en)Jas, Eric, éd. Beyond Contemporary Fame. Reassessing the Art of Clemens non Papa and Thomas Crecquillon. Turnhout, Brepols, 2005. ISBN 2-503-51884-2
- (en)Knighton, Tess & David Fallows, éd., Companion to Medieval and Renaissance Music. Berkeley, University of California Press, 1992. ISBN 978-0520210813
- (en)Perkins, Leeman L. , Music in the Age of the Renaissance, New York, W.W. Norton & Co., 1999. ISBN 978-0393046083
- (en)Alejandro Planchart, in Willem Elders, Kristine Forney & Alejandro Planchart, Jacobus Clemens non Papa, Grove Music Online, L. Macy, consulté le 28 octobre 2010
- (en)Raeburn, Michael & Alan Kendall, éd., Heritage of Music, Vol 1. Oxford, Oxford University Press, 1990. ISBN 978-0195204933
- (en)Reese, Gustave, Music in the Renaissance, New York, W.W. Norton & Co., 1954. ISBN 0-393-09530-4
- (en)Taruskin, Richard, The Oxford History of Western Music, Vol. 1: The Earliest Notations to the Sixteenth Century, Oxford, Oxford University Press, 2005. ISBN 978-0195169799
Références
- Knighton, Tess & David Fallows, éd., p. 385
- Grove Music Online, Jacobus Clemens non Papa
- Atlas, Allan W., p. 398
- Taruskin, Richard, p. 593
- Reese, Gustave, p. 351
- Brown, Howard M. & Louise K. Stein, p. 182
- Perkins, Leeman L., p. 635
- Perkins, Leeman L., p. 743
- Reese, Gustave, p. 355
- Grijp, Louis P., p. 171-172
- Grijp, Louis P., p. 172
Catégories :- Compositeur flamand
- Compositeur franco-flamand
- Compositeur de la Renaissance
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