Illustre confrérie de Notre-Dame

Illustre confrérie de Notre-Dame

Illustre Lieve Vrouwe Broederschap (en néerlandais) ou l’illustre confrérie de Notre-Dame est une société œcuménique de Bois-le-Duc, engagée dans la promotion de la communion chrétienne de ses membres et la préservation de son riche patrimoine historique. La société est logée dans la Zwanenbroedershuis, ou maison des frères des cygnes, à Bois-le-Duc, qui fait également fonction de musée. La fondation de cette confrérie en l'honneur de Marie, eut lieu en 1318 à Bois-le-Duc.

Sommaire

Bref historique de la confrérie

Page de l'armorial de la confrérie des frères des cygnes

L’illustre confrérie de Notre-Dame fut constituée au début du XIVe siècle en l'honneur de Notre Dame ou Marie par un nombre d'ecclésiastiques et de prêtres en formation (clerici et scolares). La raison en était l'émergence de la dévotion mariale dans la ville. Par un acte fondateur, conservé dans ses archives, la confrérie reçut des statuts en 1318[1].

Ces membres se réunissaient dans une chapelle de l'église St-Jean, où ils célébraient les vêpres. Plus tard, ils construiront, et à deux reprises, une nouvelle chapelle ; la dernière est la chapelle du Saint-Sacrement actuelle, à côté du déambulatoire. En plus d’avoir été active dans le domaine du culte marial, la confrérie l’avait été dans le domaine du secours aux pauvres. En outre, la confrérie a, depuis le XIVe siècle contribué au développement de Bois-le-Duc comme centre majeur de la musique du Moyen Âge tardif. Au XVe siècle, en partie en raison de l'institution de membres de l'extérieur, une augmentation énorme du nombre de membres se produisit due au fait qu’on recrutait aussi loin qu’en Belgique et Allemagne actuelles. Durant le XVIe siècle, le nombre de membres avait chuté de façon spectaculaire, alors que l'élément de dévotion spirituelle perdit son importance[1].

Initialement, seuls les membres du clergé purent s’affilier à la société. À partir de 1371 d'autres, y compris des femmes, furent admis[2]. Pour distinguer les membres issus du clergé des laïques, les premiers furent appelés frères jurés, les seconds membres extérieurs. Frère juré, on ne le devint que sur invitation, et non avant d’avoir reçu la tonsure. Pour le bien de tous ses membres - y compris ceux de l'extérieur - ce groupe de jurés célébrait une fois par semaine une messe dans la chapelle de la confrérie à la cathédrale Saint-Jean, richement décorée et dédiée au Saint-Sacrement. En outre, les jurés se réunirent plusieurs fois par an. Aussi fut-il coutume que chaque juré fit, comme hôte, de temps à autre, un repas pour ses frères. À partir de 1384, on servit aux frères des cygnes sur leur table lors des repas communs, qui furent, pour la plupart, offerts par la haute noblesse[3]. Ces donateurs reçurent, dès 1488, le nom de frères des cygnes. De cette façon, les nobles de l'intérieur et de l'extérieur de la ville purent rejoindre une confrérie obtenant de plus en plus de prestige. Peu après, le don d’un cygne fut déconnecté du titre frère des cygnes. Guillaume d'Orange est l'un des membres entrant dans cette catégorie. Depuis 1520, la confrérie ne put compter que quatre frères des cygnes à part entière à la fois. Toutefois, on aboutissait rapidement à diluer cette disposition.

La société joua un rôle important dans la distribution des indulgences, reçues du pape et des évêques, qu’elle partagea avec ses membres ; c’est-à-dire les jurés autant que les membres de l'extérieur. Entre 1460 et 1530 la confrérie connut son apogée : chaque année, des centaines voulurent s’inscrire comme membres de l’extérieur. Par cette croissance, la confrérie reçut davantage de moyens financiers. Les nouveaux membres venaient non seulement de Bois-le-Duc, mais aussi d’ailleurs : ainsi, se présentèrent de nombreux Espagnols, souvent de hauts fonctionnaires, arrivés aux Pays-Bas sur les traces de leur souverain et sa suite, Philippe le Beau, et plus tard Charles Quint[4]. Cet argent fut destiné à des commandes importantes, comme le retable sculpté de la main d’un sculpteur originaire d’Utrecht, Adriaen van Wesel, achevé par celui-ci en 1477, et dont deux fragments sont conservés dans la maison des frères des cygnes[5]. Au début des années 1480, la confrérie trouva logement dans un immeuble à elle. À la fin du Moyen Âge, la confrérie fonctionnait comme une institution qu’on appellerait de nos jours une société, quoique ayant toujours un fort penchant pour la religion[6].

Les réunions dans leur propre maison sous l’aspect de repas agrémentés de musique, allèrent jouer un rôle plus important. Aux XVe siècle et XVIe siècle, on comptait parmi les membres de la confrérie les noms de gens aussi prestigieux et célèbres que le peintre Jérôme Bosch et le prince Guillaume d'Orange[3]. En outre, des lignages importants tels que les Nassau, d'Egmond, Van Wassenaar, Van Brederode, Van Bronkhorst ou Van Bylandt, étaient représentés au sein de la confrérie[1].

Après 1520, le nombre d’inscriptions était en baisse rapide. Pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans, la confrérie passait des moments difficiles, mais la prise de Bois-le-Duc par Frédéric-Henri d'Orange-Nassau en 1629 ne mit pas fin à son existence, mais, par contre, en changea radicalement le caractère[3]. En 1641, la confrérie agréa la demande d’admission du gouverneur protestant de Bois-le-Duc et de plusieurs de ses amis. De nouveaux statuts stipulaient, entre autres, que la confrérie serait constituée de 18 membres (frères) de confession catholique romaine et autant de croyance réformée ; une disposition qui est encore en vigueur. En général, il s’agissait de personnes occupant une position importante dans la société. Aussi accorda-t-on aux personnages royaux le titre honorifique de Frère des cygnes, comme ce fut le cas pour la reine Beatrix des Pays-Bas et le prince héritier Willem-Alexander à l’époque moderne. Même la reine Juliana et le prince Bernhard ont été membres de cette confrérie. À l’heure actuelle, trois membres de la famille royale portent ce titre ; ils sont les seuls à être autorisés à le porter. Outre les 36 frères protestants et catholiques, la confrérie se composa de membres candidats et de candidandi[3],[1].

L’illustre confrérie de Notre-Dame s’investit dans la sauvegarde de son héritage culturel séculaire ; aussi bien le patrimoine immobilier que les objets mobiliers, tente de promouvoir la solidarité mutuelle chrétienne et à renforcer les liens fraternels, bien qu’elle reste attentive à l'évolution et aux problèmes des temps modernes[1].

Des contributions, sous forme de la cotisation annuelle et de dons par des membres de la confrérie, la majeure partie sert à la réalisation de son idéal et de ses fins culturelles ainsi que pour maintenir la Maison des frères des cygnes et sa collection[1].

La maison des frères des cygnes

Depuis 1483 la confrérie possède une maison (Zwanenbroedershuis) dans la rue Hinthamer à Bois-le-Duc, située à environ 100 mètres de la cathédrale Saint-Jean et donc près de la chapelle. La maison d'origine, dont une partie avait été reconstruite au XVIe siècle dans le style Renaissance, s’est effondrée en 1839. En 1846-1847 fut construit, au même endroit, la maison actuelle dans le style néogothique, due à l’architecte J.H. Laffertee ; c’est un exemple précoce de l'architecture néogothique aux Royaume des Pays-Bas autant par la conception de son extérieur que par celle de l’intérieur. Faisant également fonction de musée, la maison, entre-temps devenue un monument national, est répertoriée dans le registre néerlandais des musées (Nederlands Museumregister)[3],[1].

Archives

Inscriptions de nouveaux membres de la confrérie, dont le peintre Jérôme Bosch

Les membres de la confrérie venaient de toute l'Europe occidentale, mais surtout des Pays-Bas et des zones allemandes adjacentes. Leurs noms ont été enregistrés dans des livres de comptes couvrant une époque s’étendant de 1329 à 1620[2]. Les noms des membres apparaissent en principe deux fois dans les comptes : d'abord lors du payement de leur première cotisation et plus tard au moment où leurs frais funéraires sont acquittés.

Les archives de la confrérie ont été déposées au centre d'information historique de Brabant (Brabants Historisch Informatie Centrum) à Bois-le-Duc[1]. Les comptes, les armoriaux et de nombreux livres de chœur ont été numérisés et sont disponibles en ligne : le répertoire peut être consulté sur bhic.nl.

Les collections du Zwanenbroedershuis comprennent, entre autres, quelques livres de chœurs manuscrits du XVIe siècle, provenant de leur copiste Philippus de Spina, ainsi que du scriptorium de Petrus Alamire. Ces livres de chœur ont été écrits par des chanteurs de la confrérie et comprennent de nombreuses messes ainsi que des motets de compositeurs de la Renaissance, tels que Pierre de la Rue, Nicolas Champion, Adrian Willaert et Jean Mouton[3].

Quelques membres éminents

Articles connexes

Quelques compositeurs, dits franco-flamands, en connexion avec l’histoire de l’illustre confrérie de Notre-Dame :

Liens externes

Sources

Cet article est fondé sur celui sur le même sujet de la version en langue néerlandaise de Wikipédia, et sur d’autres sources.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g et h N.N. MHZ
  2. a et b site Web BHIC
  3. a, b, c, d, e et f Wetzer
  4. Van Dijck 65
  5. Elsig 36
  6. Van Dijck 51-52

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Illustre confrérie de Notre-Dame de Wikipédia en français (auteurs)

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