- Alix Le Clerc
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Pour les autres membres de la famille, voir : Famille Le Clerc.
Bienheureuse Alix Le Clerc
Gravure de Herman WeyenFondatrice d'ordre Naissance 2 février 1576
RemiremontDécès 9 janvier 1622 (46 ans)
NancyNationalité Lorraine Vénéré à Mattaincourt, Lorraine Béatification 4 mai 1947 Rome
par Pie XIIVénéré par l'Église catholique romaine Fête 9 janvier Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint modifier Alix Le Clerc, née le 2 février 1576 à Remiremont et morte le 9 janvier 1622 à Nancy, est une religieuse lorraine sous le nom de Mère Thérèse de Jésus. Éducatrice, créatrice d'écoles, elle fonde un ordre religieux d'enseignantes, la congrégation de Notre-Dame. Elle est béatifiée en 1947 par Pie XII.
Sommaire
Enfance et vocation
Alix Le Clerc est née le 2 février 1576 à Remiremont. Son père, Jean Le Clerc, seigneur de Roville-aux-Chênes dont la famille avait été anoblie par le duc Antoine de Lorraine le 1er mars 1512[1] avait épousé Anne Sagay, descendante d'une ancienne famille d'Épinal, et Alix sera leur seule enfant.
C'était une belle jeune fille, elle était riche et passait sa jeunesse dans la joie et l'insouciance, aimant danser et se divertir. Toutefois, après une maladie grave, de pieuses lectures qui l'amenèrent à réfléchir sur la futilité de sa vie[2].
C'est à cette époque que, pour raisons de santé, son père dut partir pour le village d' Hymont. Alix en fut paradoxalement réjouie. Elle dira plus tard :
- « Ceci me réjouit, de me retirer du monde qui m'ennuyait sans en savoir la cause »
Toutefois, elle continua à vivre une vie de plaisir tout en découvrant petit à petit à quoi elle se sentait destinée réellement.
Ce ne fut toutefois qu'après une vision de la Vierge Marie, durant la grand Messe dans l'église Notre Dame, qu'elle prit conscience de sa vocation.
Immédiatement, elle changea de vie, s'habilla d'une robe de paysanne, et refusa tout loisir, se consacrant exclusivement à la prière et aux mortifications, malgré l'étonnement et les quolibets de son entourage.
C'est alors que Pierre Fourier fut nommé curé de Mattaincourt, le 1er juin 1597 et devint son confesseur et son directeur spirituel.
C'est elle qui eut l'idée de fonder une « Maison nouvelle de filles pour y pratiquer tout le bien qu'on pourrait ». Son confesseur, auquel elle s'était confiée, essaya d'abord de tempérer son enthousiasme, avant de se rendre à ses raisons et de lui donner l'autorisation de prendre avec elle quelques compagnes, leur donnant l'ordre de s'occuper des pauvres de la région.
Le père d'Alix, souffrant des moqueries de son entourage quant au comportement de sa fille, l'envoya d'autorité dans un couvent, à Ormes, tandis que, deux nobles dames, Madame d'Apremont, et la baronne de Fresnel offraient d'accueillir à Poussay, lieu d'un chapitre de Dames Nobles, la petite communauté, emportant ainsi l'assentiment de Jean Le Clerc.
C'est ainsi qu'Alix et ses compagnes s'installèrent, à l'ombre du Chapitre de Poussay, auxquelles elles n'étaient toute fois pas rattachées, et ouvrirent leur première école destinée à l'éducation des filles à l'automne 1598.
Cette première fondation d'un établissement scolaire destiné aux petites filles ne sera pas oublié longtemps après par son célèbre compatriote vosgien, Jules Ferry, quand celui-ci évoquera « la naissance de l'instruction primaire en Lorraine, constituant l'acte de naissance de l'enseignement des filles en France »
Son œuvre
Malgré le succès de cette première école, la foi et l'enthousiasme de la communauté réunie autour d'Alix, les difficultés ne manquaient pas, à commencer par l'hostilité des dames du Chapitre, toute de bonne noblesse, peu enclines à voir s'épanouir si près d'elles un groupe aussi vertueux et austère alors qu'elles mêmes ne l'étaient guère. Madame d'Apremont réussit à persuader Alix et ses compagnes de s'installer à Mattaincourt dans une maison qu'elle venait d'acquérir. Ce qu'elles firent avec la protection de Pierre Fourier, curé du lieu.
C'est ce dernier qui se chargera de faire connaître l'œuvre, d'abord à l'évêque de Toul Jean des Porcelets de Maillane, puis au primat de Lorraine, et enfin à Rome pour obtenir l'approbation du pape Urbain VIII, qui n'arrivera qu'en 1628, six ans après la mort d'Alix.
Pendant ce temps, de nouvelles écoles étaient fondées, à Saint-Mihiel[3], et aussi à Nancy où le cardinal Charles de Lorraine signait l'acte d'approbation de la Congrégation de la Bienheureuse Vierge Marie, le 8 décembre 1603.
C'est en 1617, le 21 novembre, qu'eut lieu la première vêture des religieuses, cérémonie présidée par le Primat de Lorraine, en présence bien sûr de Pierre Fourier curé de Mattaincourt. C'est lors de cette cérémonie qu'Alix Le Clerc prit le nom de Mère Thérèse de Jésus.
De nombreuses écoles furent fondées :
- Pont-à-Mousson en 1604
- Saint-Nicolas-de-Port en 1605
- Verdun en 1608
- Châlons-sur-Marne en 1613
- Bar-le-Duc en 1618
- Mirecourt en 1619
- Épinal en 1620
- La Mothe-en-Bassigny et Soissons en 1621
D'autres fondations eurent lieu après le décès d'Alix.
À la veille de la Révolution, l'œuvre comportait 84 monastères et 4000 religieuses.
Après de nombreuses péripéties, dues aux tourmentes politiques, la congrégation, à la fin du XIXe siècle, possédait encore 27 monastères et 1 200 religieuses, tandis que des Unions s'ouvraient à l'étranger. Elles fusionnèrent en 1962 sous le nom de Chanoinesses de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame.
Au XIXe siècle, ces religieuses possédaient trois pensionnats réputés à Paris : le Roule, les Oiseaux, et l'Abbaye-aux-bois où Madame Récamier s'était retirée et où le vieux Chateaubriand venait lire à ses vieilles admiratrices le manuscrit des Mémoires d'outre-tombe.
En dehors de la France, trois Tiers ordres de Notre-Dame, branches parallèles, connaissaient une grande expansion en Europe centrale et aux Amériques, portant en 1947 à 1427 le nombre de Maisons et à 15400 le nombre de religieuses.
La fin de sa vie
Alix faisait de nombreux voyages entre les différentes communautés qu'elle avait fondées, se dépensant sans compter pour leur édification, prenant aussi conseil d'autres ordres déjà constitués, allant jusqu'à Paris. En septembre 1621 elle tomba gravement malade, et ne put plus quitter sa chambre. Elle reçut de nombreuses visites dont celles d'éminents personnages venus lui demander son aide spirituelle.
Le jour de l'Épiphanie 1622, trois jours avant sa mort, elle réunit sa communauté et leur dit :
- « Je me souviendrai de vous toutes devant Dieu. Pour votre compte, conservez-vous toujours dans la plus entière union, usant de charité les uns envers les autres, car la charité et l'union sont les seuls moyens de maintenir votre Ordre. »
Elle s'éteignit le 9 janvier 1622, à Nancy.
Après sa mort
Pendant trois jours, le monastère fut assailli par la foule qui voulait se recueillir une dernière fois devant la dépouille de celle qu'ils considéraient déjà comme une sainte à l'instar du duc Henri II de Lorraine qui disait :
- « Je ne puis m'éloigner de cette bonne Mère que je considère comme une sainte. »
Des miracles furent attestés sur sa tombe, des guérisons qui déroutaient les praticiens, tous consignés par la maison ducale, et publiés en 1666 sous le titre de Vie de la Mère Alix Le Clerc.
Une fois la Révolution passée, qui vit la disparition de toutes les congrégations, la cause en béatification de Mère Alix Le Clerc fut reprise suite aux écrits de A. Gandelet en 1870-80, par les évêques de Saint Dié et de Nancy. Le 21 février 1899 le Pape Léon XIII proclamait Alix Le Clerc Vénérable.
Le décret de béatification fut promulgué le 4 mai 1947 par le Pape Pie XII, et les cérémonies se déroulèrent le 4 mai de cette même année[4].
Alix Le Clerc est fêtée le 9 janvier.
Vénération
Ce n'est qu'en 1950 qu'on retrouva fortuitement le cercueil contenant les reliques d'Alix Le Clerc au 9 rue Maurice Barrès à Nancy, son tombeau ayant disparu à la Révolution. Longtemps conservées par le lycée Notre-Dame Saint-Sigisbert, ses reliques ont été transférées à la cathédrale de Nancy le 14 octobre 2007.
Une chapelle lui est dédiée, sur la gauche du chœur de la Basilique Saint-Pierre-Fourier de Mattaincourt. Une autre chapelle, à l'Institution Notre-Dame d'Épinal lui est aussi dédiée depuis 1961.
Plusieurs monastères portent son nom, en Belgique, au Brésil et aux Pays-Bas. C'est dans ce dernier qu'est conservée la seule statue existante de la bienheureuse, une statuette en bois sculpté du XVIIIe.
Iconographie
- La première gravure connue est datée de 1616, elle la représente couronnée de roses, lors de sa prise d'habit. Elle est l'œuvre d'un artiste flamand, Michel van Lochom.
- Une gravure signée Herman Weyren présente « La vraye effigie de la bien-heureuse Mère Alix Le Clerc ».
- Trois tableaux du XVIIIe siècle la représentent devant saint Pierre Fourier
- Plusieurs vitraux modernes en son honneur se trouvent à Mattaincourt
Notes
- Roville à côté d'Épinal, tous deux fils de Mengin Le Clerc, lui-même fils de Jehan Leclerc de Pulligney. Sa tante, Alix de Billy, ancêtre des Gondrecourt, serait sa marraine. Son mari est Pierre, seigneur de Thierry Le Clerc, seigneur de Roville et pas Rouille, comme l'écrit La Chesnaye-Desbois qui est un village du Poitou. Edmond Renard, La mère Alix Le Clerc, première religieuse de la Congrégation de Notre-Dame..., 1935, page 6 ; Société d'archéologie lorraine, Mémoires de la Société, 1893 (SER3,VOL21 = T43), p. 103 ; François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse contenant les généalogies, l'histoire..., Badier, 1774, page 278. D'après Mère Saint-Louis de Gonzague, son père, Jean Le Clerc, serait fils soit de Claude Le Clerc de Pulligny, soit de Thierry Le Clerc seigneur de
- Épisode raconté par elle-même dans sa Relation
- encore une fois avec le don d'une propriété appartenant à Madame d'Apremont
- Pierre Fourier à quelques jours du cinquantenaire de la canonisation de
Bibliographie
- La Bienheureuse Alix Le Clerc - Marie-Claire Tihon - Col. Epiphanie - 2004
- Relation autobiographique - Alix Le Clerc - Col. Sagesses Chrétiennes - 2004
Sources
- La Fleur des Saints ou Vie des Saints pour chaque jour de l'année - Omer Englebert - Albin Michel, 1980
- Ils sont nos aïeux, les saints de chez nous - Chanoine André Laurent - Mirecourt - 1980
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