- Intolérance au lactose
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L’intolérance au lactose est l’incapacité à digérer le lactose (sucre de lait) à cause de l’absence ou de la quantité insuffisante d’enzymes digestives, la lactase. On estime que dans le monde 75% des adultes présentent une baisse de l'activité lactasique.
Sommaire
Origine
L'intolérance au lactose après le sevrage est le fonctionnement originel de l'organisme humain, c'est un caractère ancestral. Elle concerne la majorité de la population humaine et s’acquiert très tôt dans l’enfance. Cependant des mutations génétiques ont eu lieu il y a à peu près 10 000 ans et se sont propagées favorablement dans certaines régions où la consommation de lait s'est répandue (le Caucase et une région d'Afrique)[1]. À titre d'illustration, 90% des européens du nord possèdent aujourd'hui la mutation génétique qui les rend tolérants au lactose. L'étude de squelettes nord-européens vieux de près de 6000 ans ont montré que cette mutation était absente[2].
Épidémiologie
On observe des différences importantes selon les régions du monde. On estime qu'environ 70% de la population mondiale adulte est intolérante au lactose[3]. L'Europe est le principal foyer de population adulte digérant le lactose.
En Europe, l'intolérance concerne surtout les populations immigrées et leurs descendants. L'intolérance concernerait un cinquième ou un quart de la population européenne et presque la totalité de la population asiatique adulte[4],[1].
Mécanisme
Le lactose est un glucide se trouvant quasi exclusivement dans le lait des mammifères. Il est dégradé dans le tube digestif par une enzyme appelée lactase qui le dissocie en galactose et en glucose. Elle est présente chez tout le monde durant l’enfance, mais chez certaines personnes la production se tarit à l’âge adulte, ne permettant plus l’assimilation du lait. Le lactose reste ainsi dans le tube digestif et est métabolisé par certains germes avec production de gaz et de certains composants expliquant les symptômes. Le déficit n’est cependant jamais absolu, permettant l’absorption d’une quantité limitée de lait sans que le sujet se plaigne de symptômes.
Rarement, le déficit en lactase est congénital (de naissance) entraînant une intolérance au lait dès le plus jeune âge. On doit distinguer cette forme peu fréquente de celle de certains grands prématurés, secondaire à l’immaturité du tube digestif et dont l’évolution est favorable assez rapidement avec le temps.
Enfin, le déficit en lactase peut être secondaire à certaines affections virales[5].
Symptômes
En général, les symptômes apparaissent entre 30 minutes et 2 heures après l'ingestion de la nourriture contenant le lactose ou bien ils peuvent apparaître le lendemain.
Les symptômes sont : des ballonnements, des diarrhées, des douleurs abdominales, des crampes abdominales, des vomissements (surtout chez l'enfant), une constipation.
Diagnostic
Il est le plus souvent évident devant la description des signes. En cas de doute, on peut en provoquer à nouveau les signes en faisant absorber du lactose. Le test peut être sensibilisé par la mesure de la concentration en hydrogène de l’air expiré qui est augmenté après absorption de lactose[6].
Solutions
Il y a divers degrés d’intolérance selon la quantité de lactase produite par l’individu. Les personnes souffrant d’intolérance doivent éviter de consommer du lactose en grande quantité. En règle générale, les fromages et yaourts sont mieux tolérés car le lactose y est déjà partiellement hydrolysé par les bactéries. L’absorption d'une quantité modérée de lait (entre 12 et 15 g de lactose, soit l’équivalent d'une tasse) se passe, en règle générale, sans problème[7].
La prise de comprimés de lactase permet une meilleure absorption et la diminution des symptômes[8]. En France, on considère qu'elle est réservée aux formes infantiles où l’éviction du lait pourrait entraîner des problèmes de dénutrition. Aux États-Unis ces comprimés sont en vente libre dans les pharmacies.
L’augmentation progressive des doses de lait pourrait également établir une meilleure tolérance de ce dernier[5].
Notes et références
- Jean-Baptiste Paquel, « Le lait, cet aliment réservé aux mutants », dans BE Danemark, ADIT, no 19, 02/05/2008 [texte intégral (page consultée le 28/07/2008.)]
- « Mémétique, une théorie de l'évolution des idées », Safi Douhi, Sciences et Vie (ISSN 0036-8369), octobre 2008, p. 105
- (en) Pray WS. Lactose intolerance: the norm among the world’s peoples. Am J Pharm Educ. 2000; 64:205-207.
- (en) T Sahi., « Genetics and epidemiology of adult-type hypolactasia », dans Scand J Gastroenterol Suppl, 1994, p. 7-20 [résumé (page consultée le 28/07/2008.)]
- (en) Shinjini Bhatnagar & Rakesh Aggarwal., « Lactose intolerance », dans BMJ, 2007, p. 1331-1332 [texte intégral, lien DOI (pages consultées le 28/07/2008)]
- (en) MM Hermans, RJ Brummer, AM Ruijgers & Stockbrugger RW., « The relationship between lactose tolerance test results and symptoms of lactose intolerance », dans Am J Gastroenterol, vol. 92, 1997, p. 981-4 [résumé (page consultée le 28/07/2008.)]
- Systematic review: Effective management strategies for lactose intolerance, Ann Intern Med, 2010;152:797-803 Shaukat A, Levitt MD, Taylor BC et Als.
- (en) MS Medow, KD Thek, LJ Newman, S Berezin, MS Glassman & SM Schwarz., « Beta-galactosidase tablets in the treatment of lactose intolerance in pediatrics », dans American journal of diseases of children, vol. 144, 1990, p. 1261-1264 (ISSN 0002-922X) [résumé (page consultée le 28/07/2008.)]
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- "Sans lait & sans œufs", Valérie Cupillard ISBN 2-84221-099-9.
Liens externes
Catégories :- Trouble nutritionnel
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