Identité sexuelle

Identité sexuelle

En sociologie, l'identité sexuelle (ou identité de genre ou identité sexuée) se réfère au genre par lequel une personne est socialement reconnue ; c'est-à-dire que certaines personnes parlent d'elles-mêmes comme étant un homme ou une femme ou se décrivent de façon moins conventionnelle, mais ce terme peut aussi faire référence au genre que les autres personnes attribuent à quelqu'un sur la base de ce qu'ils connaissent des indicateurs sociaux de genre (vêtements, coiffure, démarche, etc.).

Cette identité est conférée dès la naissance, voire auparavant du fait du recours à l'échographie. Mais l'identité conférée et l'identité ressentie peuvent parfois être différentes. De plus, il peut y avoir avoir absence d'identité ou double identité. On peut donc être asexué, bisexué. L'identité de genre peut être également affectée par nombre de structures sociales, comme l'appartenance culturelle, le statut social, la situation professionnelle, l'éducation ou la famille.

Certaines cultures comme celle de la Sparte antique encouragent la bisexualité. D'autres l'interdisent. L'identité est donc aussi culturelle et est liée aux interdits sociétaux ou religieux. L'identité de genre est donc profondément culturelle et éducative. elle permet l'intégration des normes sociales liées au sexe. On ne nait pas femme, on le devient disait Flora Tristan. Même dans les sociétés où on accorde un intérêt aux identités troubles comme les castrats, ou le chevalier d'Eon.


Sommaire

Identité sexuelle - sous la surface

La plupart des gens sont considérés comme « cisgenres » (« cisgendered » en anglais), leur identité sexuelle étant la même que leur sexe biologique (par exemple, un enfant né avec des organes sexuels féminins, élevé en tant que fille et qui se sent femme). Avant le XXe siècle, le sexe d'une personne était déterminé seulement par l'apparence des organes sexuels visibles, mais depuis la découverte des chromosomes et des gènes, ceux-ci sont aussi utilisés. Les personnes dont le sexe a été défini comme féminin ont des organes sexuels féminins et deux chromosomes X ; ceux définis comme étant de sexe masculin ont des organes sexuels masculins ainsi qu'un chromosome X et un chromosome Y. Toutefois, il y a des personnes qui ont des combinaisons de chromosomes, d'hormones et d'organes reproducteurs qui n'entrent pas dans les définitions traditionnelles d'« homme » et de « femme ». Les appareils reproducteurs varient d'une personne à une autre, certains individus ayant plus d'un type d'appareil reproducteur ; d'autres attributs physiques attribués au sexe d'une personne (forme du corps, pilosité faciale, voix grave ou aiguë, etc), peuvent ou non coïncider avec le genre attribué, homme ou femme, d'après l'apparence des appareils reproducteurs. La recherche récente suggère qu'une personne sur cent peut avoir une caractéristique intersexuée[1]. Les transgenres sont ceux dont l'identité sexuelle et/ou les organes reproducteurs et les chromosomes diffèrent des définitions traditionnelles. Les identités sexuelles, et plus spécifiquement les aspects considérés comme relevant du bon comportement ou de l'apparence correcte en fonction du genre, diffèrent selon la culture. L'identité sexuelle de la plupart des gens s'écarte d'une manière ou d'une autre des rôles stéréotypés d'« homme » et « femme », et certaines en divergent davantage que d'autres.

Pour bien comprendre la différence entre le sexe biologique et l'identité sexuelle, les cas le plus simples à prendre sont ceux où l'appareil reproductif extérieur (pénis, clitoris...) a été enlevé. La libido et la capacité d'exprimer son désir sexuel sont changés, mais l'identité sexuelle peut rester la même. Un contre-exemple très connu est celui de David Reimer[2], dont le pénis fut détruit lors d'une circoncision mal faite peu après sa naissance. Un clitoris lui fut construit chirurgicalement, et il fut élevé en tant que fille, mais il insista toujours sur le fait que son identité sexuelle était celle d'un garçon avant de connaître l'histoire de son enfance. Il refusait énergiquement son nouveau prénom féminin, déchirait ses robes, voulait jouer aux voitures avec son frère jumeau. En d'autres cas, l'identité sexuelle d'une personne et/ou son apparence (androgyne, homme ou femme) peut contraster avec son sexe physique (les organes reproducteurs).

Le terme d'identité sexuelle va donc au-delà du seul sexe biologique déterminé par les organes sexuels extérieurs. De toute façon, celui-ci peut-être indéterminé.

Il existe quatre types d'anomalies ou ambiguïtés sexuelles : les physiologiques, les chromosomiques (nombre de chromosomes différent de deux, XX avec le gène SRY ou XY sans le gène SRY. Ces deux problèmes sont causés par mutation ou translocalisation du gène SRY.), celles reliées spécifiquement aux gènes, les hormonales et les psychologiques (le cerveau étant protégé des hormones par la barrière hématoencéphalique, la divergence psychologique-physique n'est pas due aux hormones sexuelles bien qu'elles agissent peut-être prénatalement avant la formation de la barrière hématoencéphalique). Plusieurs d'entre elles ne sont pas découvertes à la naissance. Certaines le sont seulement à la puberté lorsque les caractères sexuels secondaires diffèrent de ce à quoi on s'attendait. D'autres n'apparaissent que lorsqu'une personne désire procréer et se rend compte qu'elle est stérile. D'autres encore ne se révèlent que lorsqu'une personne est atteinte d'une maladie grave et que des examens poussés le lui confirment[3].

Création de l'identité sexuelle

La création de l'identité sexuelle est un processus complexe qui commence avec la conception et implique non seulement le développement du fœtus dans l'utérus mais aussi des expériences de vie. C'est un état constitutif résultant d'une synergie de l'inné et de l'acquis. Les langues et les traditions de la plupart des cultures catégorisent tous les individus en tant qu'homme ou femme, mais pour certaines, il existe d'autres catégories, tels que les berdaches Nord-Amérindiens, ni femmes ni hommes.

Quand l'identité sexuelle d'un individu est masculine, mais que ses organes génitaux sont féminins (ou vice-versa), l'individu peut vivre une dysphorie de genre, une grande insatisfaction causée par son expérience de vie en tant qu'homme ou femme sans les organes génitaux de son identité sexuelle.

Des recherches indiquent que l'identité sexuelle est établie dans la petite enfance; dans les 24 premiers mois après la naissance et reste stable par la suite. Ces recherches ont généralement été menées en demandant aux transsexuels à quel âge ils se sont rendu compte que leur identité sexuelle n'était pas celle que leur imposait la société. Ces études confirment que l'âge de formation de l'identité sexuelle se situe autour de deux ou trois ans.

Des critiques ont été adressées à ces recherches, les déclarant biaisées par l'absence de questionnement sur l'âge de découverte de l'identité sexuelle chez les personnes non transsexuelles. L'accès à une thérapie par hormones de substitution et la chirurgie de réassignation sexuelle est généralement contrôlée par les médecins. L'une des questions que posent certains pour distinguer entre les « vrais » transsexuels et les autres est l'âge de la première identification au sexe opposé. Les chercheurs pourraient donc avoir involontairement exclus certaines personnes de leurs recherches en essayant de déterminer l'âge de la formation de l'identité sexuelle. Les transsexuels ont pu se sentir obligés de donner la « bonne » réponse dans l'espoir d'obtenir la thérapie par hormones de substitution. Patrick Califia, auteur de plusieurs ouvrages sur la sexualité[4], indique que les transsexuels savaient quelles réponses donner lors des questionnaires médicaux afin d'avoir droit à la thérapie et/ou la chirurgie :

« Aucun des spécialistes en sexualité ne semble réaliser qu'ils sont eux-mêmes responsables de cette situation où des personnes transsexuelles doivent décrire un ensemble prédéfini de symptômes et réciter une histoire qui a été élaborée en termes clairement prescrits pour obtenir des médecins l'autorisation d'accéder à ce qui devrait être leur droit inaliénable. »

Identité sexuelle et genre

Des individus estiment que leur identité sexuelle ne correspond pas à leur sexe biologique, dont les transgenres, les transsexuel(le)s et beaucoup d'intersexué(e)s. Ils souffrent lorsque la société leur impose une expression sexuelle (homme ou femme) basée sur le sexe biologique qu'ils estiment contraire à leur identité sexuelle.

Les intersexes sont ceux dont le sexe chromosomique n'a pas été traduit dans les organes génitaux, de par des problèmes hormonaux ou autres pendant la gestation du fœtus. Ils peuvent donc être classés avec un genre qu'ils ressentent comme inadapté ou étranger. Les causes du transgendérisme sont moins claires ; elles ont été le sujet de beaucoup de conjectures et aucune théorie psychologique n'a permis de l'expliquer. Les théories se basant sur une différence sexuelle dans le cerveau sont relativement récentes et difficiles à mener car elles requièrent une analyse destructive des structures internes du cerveau. Toutefois des recherches en génétique moléculaire ont été entreprises par l'équipe australienne du professeur Vincent Harley en relation avec l'Université de Californie à Los Angeles et une première série de résultats randomisés ont été publiés dans Biological Psychatry le 30 octobre 2008.

La chirurgie de réassignation sexuelle existe depuis quelques décennies. Une personne souffrant de la dysphorie de genre peut donc demander ce genre d'intervention médicale pour que ses organes génitaux s'accordent avec son identité sexuelle. Certaines personnes atteintes de la dysphorie de genre peuvent toutefois vouloir garder leurs organes génitaux d'origine mais adopter un rôle qui correspond à leur identité sexuelle.

Droit international des droits de l'homme

Les Principes de jogjakarta, qui est un document sur l'application sur le droit international des droits de l'homme donnent un définition sur l'identité de genre. L'identité de genre y est compris comme faisant référence à l'expérience intime et personnelle de son genre profondément vécue par chacun, qu'elle corresponde ou non au sexe assigné à la naissance, y compris la conscience personnelle du coup (qui peut impliquer, si consentie librement, une modification de l'apparence ou des fonctions corporelles par des moyens médicaux, chirurgicaux ou autres) et d'autres expressions du genre, y compris l'habillement, le discours et les manières de se conduire.

Relation avec le genre social

Le genre social est l'expression sociale de l'identité de sexuelle à savoir l'ensemble des comportements sociaux assignés par la societé à chaque personne en fonction de son sexe physique.

La societé française et la plupart des societés dans le monde admettent l'existence 2 genres socials bien distinct et très codifiés : homme et femme.

Le genre social est attribué de façon arbitraire (c'est-à-dire sans demander à la personne son avis) à la naissance par l'entourage.

Un enfant qui nait avec une penis (sexe) sera designé par le médecin comme garçon (genre) et la societé attendra de lui qu'il se comporte d'une certaine manière uniquement parce qu'il est un garçon (comportement de genre).

Il y a probablement autant de nuances et de complexités d'identité sexuelle et de genre qu'il y a d'humains sur Terre. Les sociétés, par contre, tendent à assigner certains rôles aux individus considérés « mâles » et d'autres aux individus considérés « femelles », selon leur manière de déterminer le genre. Dans certaines cultures, il existe d'autres genres sociaux, par exemple les mâles chirurgicalement castrés, les eunuques (voir aussi hijra). Le lien entre l'identité sexuelle et le genre social peut être flou. La sursimplification d'origine est celle où les gens sont complètement hommes ou complètement femmes, et qu'ils doivent tous se comporter de manière « naturellement » masculine ou féminine (hétéronormalité). Des recherches faites dans les domaines de la biologie et de la sociologie ont fortement soutenu le point de vue ; « le sexe entre les oreilles est plus important que le sexe entre les jambes », qui implique que les personnes adoptent le genre social de leur identité sexuelle et s'expriment en tant que homme ou femme ou autre selon leur identité sexuelle. Il peut être très difficile de déterminer, par exemple, si une drag queen en particulier est une personne à identité sexuelle féminine qui apprend le genre social féminin ou si c'est une personne avec une identité sexuelle masculine qui aime imiter le genre social féminin pour amuser les autres ou pour se moquer des personnes plus strictes de sa culture ou encore pour toute autre raison. Certaines personnes, dont RuPaul, refusent d'être catégorisées.

Il y a plusieurs personnes très connues pour leur travestissement ou leur aspect androgyne : Brett Anderson, Gladys Bentley, David Bowie, Pete Burns, Eddie Izzard, Boy George, Norman Iceberg, Michael Jackson, k.d. lang, Annie Lennox, Jaye Davidson, Marilyn Manson, Marlene Dietrich, Mylène Farmer, Gackt, Grace Jones, Patrick Wolf, Marc Bolan, Brian Molko, Pat, Phranc, Prince, Susan Powter, Kate Bornstein, et Kristen McMenamy.

Origine du concept

Les psychologues ont commencé à étudier le développement de l'identité sexuelle des enfants pendant les années 1950 et 1960, en partie pour comprendre les origines de l'homosexualité (à l'époque encore pensée comme un trouble psychique). Le Gender Identity Research Project fut fondé en 1958 à l'Université de Californie à Los Angeles pour étudier les intersexués et les transsexuels. Le psychanalyste Robert Stoller parle de beaucoup des résultats de leurs analyses dans son livre Sex and Gender: On the Development of Masculinity and Femininity[5]. On lui attribue aussi l'introduction du terme « gender identity » (« identité sexuelle » en anglais) lors du Congrès Psychoanalytique International de 1963. Le psychoendocrinologiste John Money joua également un rôle important dans le développement des premières théories concernant l'identité sexuelle. Son travail à la clinique de l'identité sexuelle à l'Université Johns-Hopkins (établie en 1965) développa et fit connaitre la théorie interactioniste de l'identité sexuelle, qui suggère que l'identité sexuelle reste fluide et sujette à négociation constante jusqu'à un certain âge. Son livre Man and Woman, Boy and Girl[6], fut très utilisé dans les universités[7].

Identités sexuelles non-occidentales

Articles connexes : Berdache et Troisième sexe.

Fa'afafine

Dans certaines cultures polynésiennes, les fa'afafine sont un troisième genre au même niveau que les hommes et les femmes. Ils sont biologiquement mâles mais se comportent de manière considérée comme typiquement féminine. Selon Tamasailau Sua'ali'i, les fa'afafine de Samoa sont physiologiquement incapables de reproduction. Les fa'afafine sont acceptés en tant qu'un genre naturel, et ne sont ni discriminés ni méprisés[8].

Hijra

Dans la culture du sous-continent indien, un hijra n'est considéré ni homme ni femme. La plupart sont biologiquement hommes ou intersexués, mais certains sont biologiquement femmes.

Notes et références

  1. (en) Melanie Blackless, Anthony Charuvastra, Amanda Derryck, Anne Fausto-Sterling, Karl Lauzanne, et Ellen Lee. février 2000. How Sexually Dimorphic Are We? Review and Synthesis. American Journal of Human Biology 12 (2): 151-166. DOI:10.1002/(SICI)1520-6300(200003/04)12:2%3C151::AID-AJHB1%3E3.0.CO;2-F. PMID 11534012.
  2. (en) John Colapinto, As Nature Made Him: The Boy Who Was Raised as a Girl, Harper Collins, 2000 (ISBN 0-0020-0047-4)
  3. (en) Paul-Edmond Lalancette, La nécessaire compréhension entre les sexes, pages 79 à 87, Québec, 2008
  4. Dont (en) Sex Changes: The Politics of Transgenderism, Cleis Press, 2003 (ISBN 1-5734-4180-5) et (en) Public Sex: The Culture of Radical Sex, Cleis Press, 2000 (ISBN 1-5734-4096-5)
  5. Robert Stoller, (en) Sex and Gender: On the Development of Masculinity and Femininity, Science House, 1968 ; republié en 1994 par Taylor & Francis Group (ISBN 0-9464-3903-6)
  6. (en) John Money, Man & Woman, Boy & Girl: Gender Identity from Conception to Maturity publié par Jason Aronson, 1996 (ISBN 1-5682-1812-5)
  7. (en) Donna Haraway, Simians, Cyborgs, and Women: The Reinvention of Nature, 1991, Londres : Free Association Books, 133 (ISBN 0-4159-0386-6)
  8. (en) Tamasailau Sua'ali'i, Samoans and Gender: Some Reflections on Male, Female and Fa'afafine Gender Identities, dans : Tangata O Te Moana Nui: The Evolving Identities of Pacific Peoples in Aotearoa/New Zealand, Palmerston North (NZ): Dunmore Press, 2001 (ISBN 0-8646-9369-9)

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en anglais intitulé « Gender identity » (voir la liste des auteurs)

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