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Troubles de l'identité sexuelle
On appelle troubles de l'identité sexuelle le malaise et le sentiment d'inadéquation pouvant être ressentis par une personne vis à vis du genre qui lui est attribué d'après son sexe. Les troubles de l'identité sexuelle sont classés par l'OMS dans la liste des maladies, mais les intéressés réclament une démédicalisation et notamment une dépsychiatrisation de ce qu'ils considèrent comme un choix de vie[1].
Sommaire
Une remise en question de la naturalité du genre
Du point de vue essentialiste[2], le genre est perçu comme naturellement associé au sexe, les deux notions se confondant dans une essence masculine ou féminine, qui régit tant le sexe biologique que la plupart des comportements sociaux.[3] De ce point de vue, les troubles de l'identité sexuelle sont considérés comme une maladie, la personne refusant de reconnaître sa véritable nature. Il s'agit alors de la soigner, en l'aidant à renoncer à des aspirations contre-nature.
Selon le constructionnisme qui est au principe de la théorie du genre, la plupart des comportements associés à l'un ou l'autre genre sont arbitraires et d'origine culturelle[4]. Les troubles de l'identité sexuelle sont perçus comme une volonté de « jouer le genre » (to perform gender) autrement et les circonstances doivent être adaptées autant que possible à cette volonté.
Transgenres et transsexuels
Quand le genre fait problème, le sexe biologique peut être remis en cause ou non : « Les transsexuels n’essaient pas de changer de genre, mais seulement de sexe »[5]. En effet, ils considèrent que leur genre est déjà celui que l'on attribue à l'autre sexe, et que c'est leur sexe qui ne leur correspond pas. En conséquence, ils souhaitent une opération qui leur attribuera le sexe voulu, et peuvent être essentialistes (expliquant qu'ils sont nés homme dans un corps de femme ou l'inverse) ou constructionnistes.
Pour d'autres personnes, leur sexe biologique leur convient, mais ils souhaitent le vivre différemment : soit selon les modalités de l'autre genre, soit simplement en dehors de ces canons qu'ils tiennent pour arbitraires, ce que la drag queen Ru Paul formule ainsi : « We are born naked, everything else is drag ». (Nous naissons nus, tout le reste n'est que travestissement). Aucune opération n'est alors nécessaire, mais la personne appartient à la catégorie la moins bien acceptée par les essentialistes, car son vécu n'autorise aucune interprétation satisfaisante pour cette théorie.
Classifications
Les dénominations officielles de ces troubles peuvent être :
- Identité sexuelle ambiguë (Identité hermaphrodite)
- Transsexualisme
- Trouble de l’identité sexuelle de l’enfance (similaire, mais pré-puberté)
- Trouble de l’identité sexuelle chez l’adolescent ou l’adulte
Critères du trouble de l'identité sexuelle selon le DSM-IV
Ces critères permettent d'identifier les troubles de l'identité sexuelle
- Identification intense et persistante à l'autre sexe
- Sentiment persistant d'inconfort par rapport à son sexe ou sentiment d'inadéquation par rapport à l'identité de rôle correspondante
- L'affection n'est pas concomitante d'une affection responsable d'un phénotype hermaphrodite (pour les aspects biologiques : Syndrome de Klinefelter : XXY, Syndrome de Turner : XO)
- L'affection est à l'origine d'une souffrance cliniquement significative ou d'une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d'autres domaines importants.
- Ces troubles sont indépendants de l'orientation sexuelle
Codification des troubles de l'identité sexuelle selon la CIM-10
- Transsexualisme = F64.0
- Transvestisme bivalent = F64.1
- Trouble de l’identité sexuelle de l’enfance = F64.2
- Trouble de l’identité sexuelle, sans précision = F64.9
Remarque : les deux affections suivantes ne font pas partie des troubles de l'identité sexuelle selon l'OMS, soit :
- Les troubles de la maturation sexuelle = F66.1 et
- Les troubles dus à l'orientation sexuelle égodystonique,
qui appartiennent aux problèmes psychologiques et comportementaux associés au développement sexuel et à son orientation.
Note : Pour l'OMS, l'orientation sexuelle n'est pas, en elle-même, à considérer comme un trouble.
Bibliographie
- Judith Butler Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion, La Découverte, Paris, 2005.
- American Psychiatric Association, DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Traduction française, Paris, Masson, 1996
- Psychiatrie clinique : une approche bio-psycho-sociale (Tome I)
- L’identification : l’autre, c’est moi, éditions TCHOU, 1978
- Hervé Lagier, Les Transsexuel(le)s, Éditions Jacques Bertoin, 1992
- Robert Stoller, Recherches sur l’identité sexuelle à partir du transsexualisme, Éd. Gallimard, 1978
- Georges-Claude Guilbert, C'est pour un garçon ou pour une fille ? La dictature du genre Autrement, avril 2004, isbn 9782746705067
Notes et références
- ↑ « En dépit de toute classification allant dans le sens contraire, l’orientation sexuelle et l’identité de genre d’une personne ne sont pas en soi des maladies et ne doivent pas être traitées, soignées ou supprimées ». principes de Jogjakarta sur l’application de la législation internationale des droits humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre, disponibles ici
- ↑ C'est notamment celui des religions du livre.
- ↑ « pour les essentialistes, [...]les différences entre les femmes et les hommes sont le produit de leur essence même, il n'y a pas lieu de distinguer genre et sexe. » Georges-Claude Guilbert, in C'est pour un garçon ou pour une fille ?
- ↑ « Or, si les attributs de genre ne sont pas expressifs mais performatifs, ils constituent en effet l'identité qu'ils sont censés exprimer ou révéler. » Judith Butler in Troubles dans le genre.
- ↑ Stoller, L’Identification, 1978
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