Histoire de tournai

Histoire de tournai

Histoire de Tournai

L'histoire de la ville de Tournai débute à la fondation de la cité durant les temps romains et se poursuit jusqu'à nos jours. Cela couvre de nombreuses périodes de l'histoire européenne et la vie de la ville fut marquée par de nombreux changements de régime. Cité royale sous les premiers mérovingiens, elle fut par la suite intégrée dans la Francie occidentale puis dans le royaume de France au sein du comté de Flandre avec une large autonomie qui lui permit d'être une «république communale». La ville flamande devint également anglaise pendant quelques années, puis fut intégrée au reste des Pays-Bas espagnols sous Charles-Quint, passa dans le royaume de Louis XVI, puis réintégra les Pays-Bas, à ce moment-là autrichiens, qu'elle ne quittera plus malgré l'occupation française sous le Directoire et l'Empire, le régime hollandais après le Traité de Vienne et enfin l'indépendance nationale de la Belgique.

Sommaire

Origines

On ne sait pas quand la ville de Tournai fut fondée. L'absence de documents sur sa fondation a fait naître par crédulité et amour du merveilleux nombre de fables ridicules et extravagantes : Fondations par Nabuchodonosor II, Tarquin l'Ancien, …

Il n'est fait mention d'aucune ville dans la Belgique Ancienne dans les documents les plus dignes de foi qui nous renseignent sur cette partie de la Gaule du temps de César, il est donc impossible de savoir si Tournai était déjà fondée à l'époque de la Guerre des Gaules. Si c'était le cas, il est probable que cela fut une minuscule bourgade sur cet endroit dépendant du territoire des Ménapiens à la limite de la Nervie[1].

Les premières véritables agglomérations naquirent sous le régime romain, elles furent très peu nombreuses : seulement Tongres et Tournai.

Détail de la table de Peutinger. Tournai (Turnaco) sur la droite.

Le premier document authentique qui révèle l'existence de Tournai est une carte : la table de Peutinger. Tournai (Turnaco) y figure comme station postale.

L'Itinéraire d'Antonin, datant du IIIe de notre ère, montre également l'emplacement de la ville dans l'Empire romain. Elle y figure avec la voie romaine qui la reliait à Cologne.

La Notitia Galliarum (Notice des Gaules), contemporaine à l'Itinéraire, qui catalogue dix-sept provinces et cent vingt villes romaines en Gaule parle de deux villes dans la partie qui correspond au territoire du Royaume de Belgique, il s'agit de Tongres et de Tournai. Tournai, ciuitas Tornacensis, est le chef-lieu de la Ménapie et se situait dans la Belgique Seconde.[2]

Saint Jérôme signale Tournai dans une de ses lettres[3] de 409, il mentionne que la ville fut saccagée par les Vandales en 407.

On peut aussi parler de la légende concernant Saint Piat, qui vient dans les contrées belges vers la fin du IIIe siècle pour y prêcher l'Evangile et convertir les cœurs au christianisme. La légende parle de la conversion de trente mille personnes. Ce chiffre est exagéré mais il indique qu'à l'époque de la visite de ce missionnaire, la cité avait acquis une certaine importance car les prédicateurs se dirigeaient vers les centres les plus peuplés.

Période romaine

Tournai devint réellement une agglomération durant la domination romaine, avec le statut de municipe et dirigé par une assemblée appelée curie.

Tournai était à l'embranchement de chaussées romaines à cette époque. Une principale venant du Sud-Est, de Bagacum (Bavay) et repartant de Tournai vers le Nord-Ouest pour passer par Viroviacum (Wervik), Castellum Menapiorum (Cassel) et aboutir à Gesoriacum (Boulogne-sur-Mer). Une secondaire venant du Sud-Sud-Ouest reliait Nemetacum Atrebatum (Arras) à Tournai pour continuer son tracé vers Asse au Nord-Nord-Est après avoir traversé l'Escaut. Ces deux axes forment au sein de la jeune agglomération romaine le cardo et decumanus.

Haut-Empire

Durant le Haut-Empire, Tournai est une agglomération assez étendue, la pax romana règne, il y a pas de fortifications car le besoin de se défendre n'existe pas. Les habitations sont éparses sur une quarantaine d'hectares, principalement sur la rive gauche plus élevée qui permet d'éviter les crues mais il y avait quelques bâtiments sur la rive gauche près de l'actuelle rue de Pont et également un quartier commercial au Luchet d'Antoing qui sert d'embarcadère pour le commerce de la pierre de taille et de la chaux. La ville jouissait à cette époque d'un certain confort, il existait un aqueduc et des canalisations d'eau et des égouts. Certaines habitations possédaient un hypocauste et l'on a même retrouvé une baignoire en marbre[4] à l'emplacement actuel de la Place Saint-Pierre.

Bas-Empire

Les invasions barbares du IIIe siècle et les troubles politiques au sein de l'Empire interrompirent l'essor de l'agglomération et changèrent l'aspect de la ville. Après un siècle de crises, le Dominat est instauré et l'Empire subit de grandes réformes. Tournai devient le caput ciuitatis (chef-lieu) de la Ménapie à la place de Cassel et doit maintenant défendre la frontière Nord de la Gaule à cause de son nouveau rôle militaire. Sa taille se réduit car elle doit s'abriter derrière une enceinte. Cette fortification construite à la fin du IIIe et au début du IVe siècle est une muraille en pierre formant un demi-cercle fermé[5] par une défense naturelle, l'Escaut. Le fleuve, ainsi que les voies romaines dont la ville se situe au carrefour sont des voies d'infiltration des Barbares. Tournai est en charge du contrôle de ce nœud routier et de cette route fluviale[6]. L'embarcadère du Haut-Empire qui était situé au luchet d'Antoing fut déménagé au Bas-Empire à l'intérieur des fortifications, près de l'actuel quai du Marché-aux-Poissons.

La Notitia Dignitatum Occidentis[7] mentionne qu'à l'époque il existait dans la ville un procurator gynæcii Tornacensis. Ce gynécée était un atelier de tissage de la laine où l'on employait des femmes dont la production pour la confection de l'équipement des troupes romaines. La même notice de l'empire parle d'un numerus Turnacensium[8], un corps de Tournaisiens préposés à la défense du Litus Saxonicus en Bretagne[9] qui était caserné à Portus Lemanis (Lympne), sur la côte du Kent.

Les premières communautés chrétiennes à Tournai datent de cette époque. À la fin du IIIe siècle, le missionnaire Saint Piat originaire de Bénévent y fonde la première communauté chrétienne dont on a retrouvé les premiers vestiges et sépultures en dessous de l'église portant le nom de ce même missionnaire, l'église Saint-Piat.

Les grandes migrations de peuples germaniques au début du Ve siècle marquent la fin de la période romaine de Tournai. Elle fut envahie par les Francs peu de temps après le saccage des Vandales. C'est à cette époque que se germanise Tournai, dont on peut voir le signe notamment par le mobilier funéraire.

Période mérovingienne

L'occupation franque commence à Tournai vers 431, quand Clodion s'y installe grâce à la signature d'un fœdus. Sous son successeur Mérovée, qui donnera son nom à la dynastie mérovingienne, la ville va jouer le rôle de capitale du royaume salien jusqu'au règne de Clovis avec certains attributs du pouvoir, comme celui de la frappe.

Le fils de Mérovée, Childéric, est surtout connu pour sa sépulture qui contenait un trésor important. Il succéda à son père en 458 et il règna pendant 23 ans. À sa mort en 481, son fils Clovis est élevé à Tournai sur le pavois. Il se lance très vite dans des conquêtes et déménage le trone dès 486 vers Soissons puis Paris. À sa mort, Tournai fut attribuée à son fils Clotaire.

C'est à l'époque des conquêtes de Clovis que Tournai devient un siège épiscopal dépendant de l'Archevêché de Reims. L'évêque sera le gestionnaire de la ville à partir de ce moment, à la place du roi qui a installé sa capitale plus au sud d'abord à Soissons puis Paris.

Le berceau de la dynastie des Mérovingiens reste important malgré la perte de son statut de capitale. D'après Grégoire de Tours, le roi de Neustrie Chilpéric vint trouver refuge à Tournai dans les alentours de 575 car il était en guerre contre son frère le roi d'Austrasie Sigebert. Sigebert, apprenant cela, partit avec son armée pour assiéger la ville mais il mourut assassiné à Vitry par des serviteurs de la reine Frédégonde. Chilpéric put ainsi réunir le royaume d'Austrasie avec le sien. Cet épisode de la vie de la cité sera utilisé au XIIe siècle par les chanoines du Chapître de Tournai pour fabriquer une fausse charte du roi Chilpéric, le Diplôme dit de Chilpéric, accordant en remerciement le privilège de lever une taxe (tonlieu) sur le passage des marchandises de l'Escaut.[10]

Après, Tournai rentre dans une période d'ombre durant tout le VIIe et VIIIe siècles où l'on n'a que très peu d'informations sur la ville. On sait que Tournai garde pendant cette période son siège de diocèse et l'administration épiscopale ainsi que son commerce fluvial même si l'évêque déménage à Noyon et reste jusqu'en 1146 prélat des deux villes.

Période carolingienne

Après une période de près de deux siècles où l'on ne sait pas grand chose sur la ville, elle retrouve une certaine visibilité historique grâce à la fin de la dynastie mérovingienne qui devenait décadente (Les Rois fainéants) et qui fut remplacé par les Carolingiens. Cette période de renouveau du royaume franc, avec un nombre important de documents de l'époque laisse présager que la ville fut prospère.

Le commerce fluvial prenant plus d'importance à cette époque, la cité de Tournai gagne le statut de portus ce qui montre son importance économique. Tournai qui était sous la juridiction de l'évêque voit son pouvoir être contrebalancé par la nomination en 817 d'un comte, fonctionnaire laïc au service de l'empereur Louis le Pieux, qui reçoit une partie du fisc royal de la ville. La présence de ce comte laïc restera fort présente jusqu'à l'affaiblissement du pouvoir royal vers la fin du siècle. L'empereur organisa également le clergé de la cathédrale afin que les chanoines puissent assurer leur mission de prière, de bienfaisance et d'enseignement.

La taille de Tournai s'agrandit, des nouveaux bâtiments et des nouveaux quartiers apparaissent en dehors des murs de la ville. Les anciennes enceintes sont toujours existantes mais sont en ruine (Tornacus, nunc multiplici prostata ruina/ Funditus ah! turres deflet cecidisse superbas. comme l'écrit Milon d'Elnone vers 850[11]) et des nouveaux quartiers et bâtiments apparaissent en dehors des murs. La ville n'a pas besoin de les rénover ou de les agrandir car elles n'ont que peu d'utilité au milieu de l'empire pacifié de Charlemagne. Le besoin de nouvelles enceintes se fera sentir à la fin du IXe siècle quand elles s'avèreront incapables d'arrêter les incursions normandes, notamment le pillage de Tournai en 880. L'évêque Heidilon recevra par Charles le Simple l'autorisation[12] de les redresser vers 898, en plus de certains droits qui appartenaient auparavant au comte laïc.

Période féodale

Après le Traité de Verdun qui sépare l'Empire carolingien en 843 entre ses fils, l'Europe entre dans l'ère de la féodalité. Des luttes dynastiques commencent et Tournai comme tout le reste des territoires qui deviendront les «Pays-Bas» fait l'objet d'enjeu d'expansion territoriale des vassaux qui cherchent à se soustraire à l'autorité de leur suzerain. Intégré dans la Francie Occidentale de Charles le Chauve, le Tournaisis est vite récupéré par la nouvelle et ambitieuse maison de Flandre à la fin du IXe siècle par Baudouin Ier. Les comtes de Flandre y installent une châtellenie qui a son siège à la porte de la cité qui devient dès ce moment une co-seigneurie ecclésiastique vassale directe du roi de France en échappant dès lors à la circonscription territoriale flamande. Cette dualité entre Tournai et le Tournaisis, entre une ville ayant une grande autonomie et son pays flamand dura jusqu'à l'occupation française.[réf. nécessaire] Les deux seigneurs de la Ville étant l'évêque qui réside à Noyon et le Chapitre de la cathédrale sur place.

Le siège de la Châtellenie était situé dans le quartier du Bruille, appelé aussi Îlot flamand de ce fait, sur la rive droite de l'Escaut. Ce quartier fut acquis par la ville de Tournai par son achat à la châtelaine Marie de Mortagne en 1295[13]. Cette expansion de la ville se déroule durant l'essor économique et démographique de la ville qui se situe au XIe et XIIe siècles. La ville développe à l'époque des activités commerciales qui lui permirent de se faire un nom comme la pierre de Tournai et le drap. En 1147, la ville est érigée en commune jurée par les patriciens.

République communale

En lutte avec un comté de Flandre très turbulent, Philippe Auguste accorde deux chartes l'une en 1188 et l'autre en 1211 à Tournai qui lui accorde des privilèges. Ces chartes mettent fin à la seigneurie ecclésiastique, l'évêque Everard d'Avesnes «rendait» officiellement la cité au roi de France. C'est un lien de vassalité directe qui unit Tournai à la couronne. Elle peut s'administrer elle-même selon ses propres intérêts sans l'intermédiaire d'un représentant de l'autorité royale.

Tout cela pour avoir un «un boulevard de la monarchie à l'extrémité nord du domaine royal» par rapport à des vassaux revendicatifs comme le comte de Flandre. Ce dernier, alors Baudouin de Constantinople, s'allie d'ailleurs avec les Anglais après le refus du roi de France de rendre des terres aux Flandres et fait le siège de Tournai sans succès. Son beau-fils, le Comte Ferrand, donne tout autant de fil à retordre à son suzerain. Celui-ci prend Tournai le 1er octobre 1213 avec l'aide de l'empereur Otton de Brunswick mais elle retourne à la couronne après qu'ils furent vaincus en 1214 à la bataille de Bouvines.

Après cette période troublée et forte des privilèges accordés, la commune prospère. Signe de cette prospérité, la guilde locale des drapiers, la Charité de Saint-Christophe, s'affilie à la Hanse flamande de Londres. La ville s'enrichit et sa population croit, les pouvoirs communaux grignotent les pouvoirs concurrents qui peuvent rester comme l'évêque ou le châtelain et achètent des terres pour grandir, comme ce fut le cas avec les quartiers du Bruille et des Chauffours en 1295. Ce dernier quartier aussi sur la rive droite de l'Escaut comprenait Allain et Warchin, des terres dépendant de l'Empire.

En 1313, le roi de France Philippe le Bel envahit le Tournaisis, s'empare de la châtellenie et des derniers droits de justice scabinale que celle-ci détenait. En 1321, l'évêque abandonne à Philippe V, en échange de la seigneurie de Wez, l'hommage et le fief de la châtellenie et de l'avouerie de Tournai ainsi que différents droits économiques. En 1323, c'est à l'avoué de vendre son office et ses droits à Charles le Bel. La commune se montre cependant si jalouse de son autonomie et parfois si revendicatrice qu'en 1332, le roi la supprime.

Durant la guerre de Cent Ans, Tournai reste fidèle au Roi de France et sa position géographique qui faisait d'elle «une des portes du royaume de France» la met au centre de considérations stratégiques et militaires. La fidélité au Roi de France, garant des libertés communales, fut remerciée par Sainte Jeanne d'Arc dans une célèbre lettre où elle loue la loyauté tournaisienne envers la couronne française:

« Gentils et loyaux Français de la ville de Tournay, la pucelle vous fait savoir des nouvelles de par deça. En huit jours, elle a chassé les Anglais de toutes les places qu'ils tenaient sur la Loire, en les prenant d'assaut et autrement. Il y a eu beaucoup de morts et de prisonniers et elle les a mis en déroute. Sachez que le comte de Suffolk, son frère la Pole, le sire deTalbot, le sire de Scales et messire Jehan Falstaff, ainsi que plusieurs chevaliers et capitaines ont été pris. Le frère du comte de Suffolk et Glasdas sont morts. Maintenez vous bien loyaux Français, je vous en prie et je vous prie et vous demande d'être prêts à venir au sacre du gentil Roy Charles à Reims où nous serons bientôt. Venez au devant de nous quand vous saurez que nous approcherons. Je vous confie à Dieu, Dieu vous soit en garde et vous donne la grâce de pouvoir maintenir la bonne cause du Royaume de France. Ecrit à Gien, le 25 e jour de juin. Aux loyaux Français de la ville de Tournay[14] »

La résistance opposée par la ville durant le siège de 1340 aux troupes anglaises d'Edouard III aidées par les milices de Jacques van Artevelde lui vaut la restitution du droit de commune et l'acquisition de tous les droits du châtelain, de l'avoué et de l'évêque. Un an plus tard, après l'achat de la moitié de la justice de Saint-Brice détenue par un parent des châtelains, la commune est enfin le seul seigneur de tout son territoire.

La commune est pourtant à nouveau supprimée en 1367 : les finances de la ville souffrent, entre autres, des guerres des rois de France et les Tournaisiens sont pressés par leur souverain de payer de nouveaux impôts, ce qu'ils refusent et des émeutes ont lieu. Le 6 février 1370, les libertés communales sont rétablies avec une nouvelle constitution qui donne tous les pouvoirs à l'aristocratie urbaine. En 1423, une révolution démocratique a lieu et les artisans regroupés en corporations de métiers participent dès lors au gouvernement de la ville. Il y a alors un quatrième collège, celui des doyens et sous-doyens des métiers, aux côtés des ceux des eswardeurs, des jurés et des échevins.

Cette accession des gens de métier au pouvoir s'explique par le fait que le XVe siècle est un âge d'or pour la cité qui est alors renommée sur le plan de l'art. Ses peintres, ses tapissiers, ses sculpteurs sur pierre et ses fondeurs de laiton produisent énormément de chefs-d'œuvre. Issues de la grande école flamande, la peinture et la tapisserie tournaisiennes acquièrent des lettres de noblesse. Des maîtres comme Jacques Daret, Robert Campin, Roger van der Weyden sortent de la guilde de Saint-Luc, la corporation des peintres et les ateliers de tapisserie qui avaient souffert de la guerre de Cent Ans retrouvent leur éclat, notamment suite au déclin d'Arras. Ils exportent dans tout l'Occident et sont les fournisseurs attitrés des Ducs de Bourgogne qui maintenant reignent sur presque l'ensemble des Pays-Bas.

Occupation anglaise

C'est grâce à ces Ducs de Bourgogne que les destinées de Tournai vont changer. L'empereur Maximilien, maître des Pays-Bas bourguignons par son mariage avec la fille de Charles le Téméraire, reprend la lutte contre la France au sein de la Sainte Ligue le 17 mai 1512 s'alliant avec le pape Léon X, l'Espagne du roi Ferdinand d'Aragon et le roi Henri VIII d'Angleterre. Maximilien amène ce dernier à s'emparer de la ville en 1513, en souhaitant probablement l'annexer un jour aux Provinces des Pays-Bas. Henri VIII s'empare facilement de Tournai, mal défendue par une petite garnison et une maigre artillerie, la commune capitule après quelques jours de bombardement.

La période anglaise de Tournai débute officiellement le 25 septembre 1513, quand Henri VIII fait son entrée dans la ville au matin. À cheval, vêtu d'une robe de drap d'or, portant un collier de pierreries et de perles, il se présente à la Porte Sainte-Fontaine. Entouré de treize pages d'honneur portant une robe de drap d'or et d'un grand nombre de princes et de seigneurs et escorté par les huit cents archers de la garde, ils chevauchent dans Tournai et sont accueillis par les chanoines. Ces derniers élèvent au-dessus du roi un dais aux couleurs anglaises : velours rouge et bleu semé de fleurs de lys et de léopards. Et ils font ensuite le tour de la cathédrale puis le roi y entre où il «fait salutation à Dieu et à Notre-Dame». L'après-midi, Henri VIII se rend au marché près du beffroi, pour recevoir le serment de fidélité du peuple.

Henri VIII considère que la cité de Tournai fait partie intégrante de son royaume. Tournai et le Tournaisis sont une constituency et sont donc autorisés à envoyer deux députés à la Chambre des communes. Le roi anglais y laisse vingt mille cavaliers et quatre mille fantasins, qui seront logés dans le quartier de Bruille. Ce quartier s'appellera par la suite «quartier du Chateau» car le roi d'Angleterre ordonne d'y construire une citadelle pour son armée. De cette citadelle qui fut détruite en 1669-1688 lors de l'aménagement des fortifications par Vauban, il reste une imposante tour dont les murs font près de 7 mètres d'épaisseur et que l'on nomme aujourd'hui la Tour Henri VIII.

Les Anglais resteront à Tournai jusqu'en 1519, date à laquelle François 1er rachète la ville[15]. Tournai est la seule ville de Belgique à avoir été anglaise.

Période espagnole

Le retour à la couronne de France ne durera pas longtemps. Charles Quint prend Tournai durant la sixième guerre d'Italie au bout d'un blocus de 3 mois et d'un siège de 6 semaines[16]. Avec l'annexion de Tournai et du Tournaisis le 3 décembre 1521, l'Empereur réalise un vieux rêve bourguignon : l'unité de la Flandre et la fin de l'influence française sur celle-ci. Les tournaisiens crient «Vive Bourgogne» lors de l'entrée des troupes de l'empereur dans leur ville. L'unité de l'Artois sera elle totalement concrétisée avec la conquête du Cambraisis en 1543. Tournai retourne donc dans le giron flamand et le souverain des Pays-Bas devient par la même occasion «Seigneur de Tournai»[17].

L'appartenance de Tournai à la Flandre et au reste des Pays-Bas fut officialisée par la Pragmatique Sanction de 1549. Ce document ne fait pas la mention de Tournai car elle fait partie intégrante du Comté de Flandre. Il établit que les Pays-Bas espagnols, aussi appelés Dix-Sept Provinces, forment un tout et qu'ils sont une entité séparée du Saint Empire romain germanique mais aussi du Royaume de France.

Période française

La ville est assiégée et prise en juin 1667 par Vauban[18], après deux jours de siège.

Période autrichienne

États-Belgiques-Unis

Occupation française

Régime hollandais

Monument rappelant le souvenir des soldats français morts durant le siège de la citadelle d'Anvers en 1832. (Tournai, place de Lille)

Période nationale

Première occupation allemande

Deuxième occupation allemande

Notes et références

  1. Puisqu'il n'existait pas de ville en Belgique avant la période romaine, Tournai ne pouvait être la capitale des Nerviens comme l'ont avancé plusieurs auteurs. D'ailleurs, Tournai dépendait de la Ménapie et ne pouvait donc être capitale de la Nervie
  2. Notitia Galliarum, VI, ed. A. W. Byvanck, Excerpta Romana. De bronnen der romeinsch geschiedenis van Nederland, t. I, La Haye, 1931, p569.
  3. S. Hieronymus, épist. XCI, ad Agueruchiam, t. IV, Paris, 1706
  4. On la laissa sur place après les fouilles car l'air libre l'endommageait.
  5. Son tracé exact demeure toutefois inconnu.
  6. Surtout que les fleuves prennent une importance économique nouvelle en Europe à l'époque.
  7. Notitia Dignitatum Occidentis, XI, ed. A. W. Byvanck, op. cit., p569.
  8. Notitia Dignitatum Occidentis, XXVIII, ed. A. W. Byvanck, op. cit., p571.
  9. A.-G.-B. Schayes La Belgique et les Pays-Bas, avant et pendant la domination romaine, Emm. Devroye, Bruxelles, 1858, t. II, p. 284
  10. Paul Rolland Le diplôme dit «de Chilpéric» à la cathédrale de Tournai, in Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, 90 (1926), blz. 143-188.
  11. Milon d’Elnone, Vita sancti Amandi, p. 589, 38-39
  12. Actes de Charles III le Simple, p. 1-4, n° 2
  13. La transaction commença en 1288.
  14. La lettre originale de Jeanne d'Arc brûla lors des bombardements de mai 1940. Mais la traduction ci dessus est le contenu restitué en français moderne par Maurice Houtart en 1908. Et voici le texte en vieux français : Gentilz loiaux Franchois de la ville de Tournay, la pucelle vous faict savoir des nouvelles de par dechà que en VIII jours elle a cachié les Anglois hors de toutes les places qu’ilz tenoient sur la rivire de Loire, par assaut ou aultrement ; où il en a eu mains mors et prinz, et lez a desconfis en bataille. Et croiés que le comte Suffort, Lapoule son frère, le sire de Tallebord, le sire de Scallez, et messires Jehan Falscof et plusieurs chevaliers et capitainez ont esté prinz, et le frère du comte de Suffort et Glasdas mors. Maintenés vous bien loiaux Franchois, je vous en pry, et vous pry et vous requiers que vous soiés tous prestz de venir au sacre du gentil roy Charles à Rains où nous serons briefment, et venés au devant de nous quand vous saurés que nous aprocherons. A Dieu vous commans, Dieu soit garde de vous et vous doinst sa grace que vous puissiés maintenir la bonne querelle du royaume de France. Escript à Gien le XXVe jour de juing.
  15. Le roi, avec l'aide financière des Tournaisiens, paya 50 000 écus d'or. The English Occupation of Tournai 1513-1519, p.275
  16. Les enceintes urbaines en Hainaut, p.245
  17. Ce titre perdurera jusqu'à Joseph II
  18. Martin Barros, Nicole Salat et Thierry Sarmant. Vauban - L’intelligence du territoire. Éditions Nicolas Chaudun et Service historique de l'armée, Paris, 2006. Préface de Jean Nouvel. 175 p, ISBN 2-35039-028-4, p 166

Voir aussi

Bibliographie

  • A.-F.-J. Bozière Tournai. Ancien et Moderne, Éditions Culture et Civilisation, Bruxelles, 1974
  • Joseph Alexis Poutrain Histoire de la Ville et Cité de Tournai
  • Jean Dumoulin et Jacques Pycke Tournai, coll. Cités de Belgique, Editions Artis-Historia, Bruxelles, 1986
  • Société Royale d'Histoire et d'Archéologie de Tournai, Les enceintes de Tournai des origines aux XIXe siècle, Publications extraordinaires, tome II, Tournai, 1985
  • (en) Charles Greig Cruickshank, The English Occupation of Tournai 1513-1519, Clarendon Press, Oxford, 1971, (ISBN 0198223439)
  • Les enceintes urbaines en Hainaut, Crédit Communal de Belgique, Bruxelles, 1983

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