- Histoire de la Coree du Nord
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Histoire de la Corée du Nord
Au lendemain de la capitulation japonaise le 15 août 1945, Kim Il-sung, qui avait dirigé l'Armée révolutionnaire populaire coréenne (ARPC) dans la résistance communiste coréenne à l'occupation japonaise, s'impose comme le principal dirigeant du pays en tant que secrétaire général du Parti du travail de Corée, issu de la fusion du Parti communiste et du Parti néo-démocratique de Corée.
Sommaire
De la partition à la guerre de Corée
Le comité populaire provisoire de Corée du Nord exerce les fonctions de gouvernement provisoire. La loi sur la réforme agraire du 5 mars 1946 abolit la propriété foncière féodale. La loi du 10 août 1946 nationalise les grandes industries, les banques, les transports et les postes et télécommunications. Le premier code du travail est établi par la loi du 24 juin 1946 et la loi du 30 juillet 1946 proclame l'égalité des sexes. Une campagne d'alphabétisation est conduite dès fin 1945, près du quart de la population nord-coréenne étant alors illettrée.
La partition de fait de la Corée, où depuis la capitulation japonaise en 1945 les soldats soviétiques et américains sont présents de part et d'autre du trente-huitième parallèle, est entérinée fin 1948. Au Sud, les États-Unis mettent en place une administration militaire directe, avant l'organisation d'élections le 10 mai 1948 qui conduisent à la proclamation de la République de Corée le 15 août 1948.
Après la tenue à Pyongyang d'une conférence réunissant des organisations du Nord et du Sud en avril 1948, des élections législatives (organisées clandestinement au Sud) sont tenues le 25 août 1948. Le 9 septembre 1948, l'Assemblée populaire suprême proclame la République populaire démocratique de Corée à Pyongyang.
La politique communiste fut loin de faire l'unanimité. Par exemple, dès 1947, de très nombreux habitants de la province de Hwanghae, vaste zone agricole situé juste au nord du 38e parallèle sur la cote ouest de la péninsule, avait protesté contre le système de conscription mis en place par Kim Il-sung. Leurs attaches familiales et culturelles avec le Sud étaient si fortes que certains fuirent dans les collines, quelques-uns prirent les armes et d’autres traversèrent la frontière (Voir UNPIK).
Les origines de la guerre de Corée, du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953, donnent lieu à des interprétations divergentes au Nord et au Sud. Pour Séoul, la guerre a été déclenchée par une agression nord-coréenne selon un plan établi préalablement en liaison avec Moscou. Pour Pyongyang, le franchissement par ses troupes du trente-huitième parallèle est la riposte à une attaque surprise de l'armée sud-coréenne sous le commandement de conseillers américains. De fait, la multiplication des incidents de frontières témoignait d'une aggravation des tensions militaires à la veille du conflit.
Guerre de Corée
Article détaillé : guerre de Corée.Après une rapide avancée des troupes nord-coréennes commandées par Kim Il Sung qui occupent bientôt presque toute la péninsule, à l'exception d'une tête de pont à Pusan, les forces américaines et d'autres pays occidentaux (dont des soldats français, dirigés par le général Monclar) débarquent sous le drapeau des Nations unies le 7 juillet 1950 : le boycott par l'URSS du Conseil de sécurité de l'ONU (afin de protester contre le refus de reconnaître la République populaire de Chine comme membre permanent du Conseil de sécurité) a permis aux États-Unis de condamner la Corée du Nord comme agresseur et de faire voter une intervention des Nations unies. La contre-offensive américaine pénètre largement au Nord et atteint la frontière chinoise le 26 octobre 1950. Un demi-million de soldats chinois viennent alors appuyer les soldats nord-coréens qui reprennent brièvement Séoul en janvier 1951, avant que le front ne se stabilise de part et d'autre du trente-huitième parallèle. L'armistice signé à Panmunjeom le 27 juillet 1953 est toujours en vigueur, en l'absence de traité de paix. Le maintien de plus de 30.000 soldats en Corée du Sud depuis 1953 est dénoncé de façon constante par Pyongyang comme le principal obstacle à la réunification, depuis le retrait des troupes chinoises au Nord en 1958.
Entre 1953 et 1993
Après le très lourd coût humain et matériel de la guerre célébrée en Corée du Nord comme une victoire sur les États-Unis, le pays reconstruit son économie et s'industrialise rapidement au rythme de "Chollima", cheval ailé mythique qui parcourait 1 000 li par jour, suivant les idées du Juche élaborées par le président Kim Il Sung. La Corée du Nord est alors l'un des pays dont l'économie progresse le plus rapidement au monde, suivant des taux de croissance annuels officiels supérieurs à 10%.
De 1962 à 1968, le régime nord-coréen crut que le sud se soulèverait de lui-même. Pour hâter l'apparition du "moment décisif," il avait envoyé dans le sud des agents subversifs et des équipes de guérillas qui furent vite neutralisés [1] avec quelques fois de lourdes pertes dans les deux camps. Plusieurs attentats sont commis contre des membres du gouvernements de la Corée du Sud jusqu'aux années 1980, dont deux contre le président Park Chung-hee.
Les années records d'infiltrations ont été 1967 et 1968 avec 743 agents armés recensé sur les 3 693 infiltrés connus entre 1954 et 1992. [2]
Le 21 janvier 1968, un commando des forces spéciales de Corée du Nord de 31 hommes attaque la résidence présidentielle à Séoul ; 28 seront tués et un sera fait prisonnier ; 68 Sud-Coréens civils et militaires seront tués et 66 blessés ; 3 soldats américains seront tué et 3 autres blessés [3].
Le 23 janvier 1968, la Corée du Nord arraisonne le navire-espion américain Pueblo qui avait pénétré selon lui dans ses eaux territoriales. L'équipage, dont un membre est tué, n'est libéré qu'après des excuses officielles du gouvernement américain.
En octobre 1968, ce sont 130 commandos nord-coréens venus par la mer qui tenteront un raid sur la côte est de la Corée du Sud : 110 seront tués et 7 autres capturés.
Le 15 avril 1969, un EC-121 de reconnaissance électronique américain est abattu au dessus de la mer du Japon, à plus de 160 km des côtes coréennes, par des MiG-21 de l'armée de l'air nord-coréenne. Son équipage de 31 personnes sont tués [4].
La société nord-coréenne est sans doute l’une des plus hiérarchisées du monde. L’une des plus policières aussi : ses membres font l’objet d’une surveillance constante et sont l'objet de dossiers individuels constamment mis à jour.
En 1970, Kim Il-sung présenta, au Ve Congrès du Parti des travailleurs, un système de classification structurant la société en trois classes — le noyau, les « tièdes » et les hostiles — et cinquante et une catégories. Depuis le système a évolué au rythme des opérations régulières de reclassification, mais le statut de chacun continue d’être déterminé par la loyauté politique et les antécédents familiaux. Cette hiérarchie complexe régit tous les aspects de la vie sociale : elle est bien entendu déterminante pour les possibilités d’accéder à des postes d’encadrement au sein du parti et de l’armée mais elle influe également sur l’accès aux biens matériels. L’appartenance de classe ouvre ou ferme un accès discriminatoire à l’éducation, aux promotions et aux postes de responsabilités mais aussi aux privilèges qui y sont attachés : voitures, magasins spéciaux, appartements chauffés, soins de santé, etc [5].
Les premières discussions entre les gouvernements des deux Corées en vue d'un traité de paix et d'une réunification se tiennent en 1972. Dans ce cadre, la Corée du Nord a proposé en 1980 la constitution d'une république fédérale démocratique de Koryo sur la base d'une autonomie régionale[6].
La Corée du Sud a accusé la Corée du Nord d'avoir organisé en 1983 un attentat à la bombe à Rangoon (actuellement Yangon, en Birmanie), qui tua 17 Sud-Coréens en visite officielle, dont quatre membre de cabinets ministériels, ainsi qu'un autre attentat qui a causé la mort des cent quinze passagers d'un vol de Korean Airlines. Les éléments de preuve manquent à l'appui et le gouvernement nord-coréen a toujours nié toute implication dans l'attentat de Rangoon. Un agent nord-coréen aurait en revanche reconnu avoir placé une bombe dans l'attentat du vol de Korean Airlines.
En septembre 1984, la Corée du Nord a versé une aide de 12 millions de dollars aux victimes d'inondations en Corée du Sud.
Le lancement, en 1991, en pleine période d’opulence statistique, de la campagne « ne mangeons que deux repas par jour », permettait de douter, dès le début des années 1990, de la réussite affichée dans les discours officiels.
Famine et aide humanitaire internationale
Entre 1994 et 1998, une importante famine a touché la Corée du Nord. Les estimations du nombre des victimes sont très variables, de 220 000 (selon les données officielles) à plus de trois millions de morts selon certaines ONG. L'urgence est telle que pour la première fois de son histoire, le pays sort de son isolationnisme et demande une aide humanitaire des pays étrangers en juin 1995.
Les raisons de cette crise sanitaire sont multiples selon les sources. Les autorités nord-coréennes soulignent l'impact négatif des inondations de 1995 et 1996, puis de la sécheresse de 1997 qui en est la cause. Pour les observateurs internationaux, comme Amnesty international ou encore Médecins sans frontières (MSF), le système économique en serait également responsable [7], ainsi que la rupture des liens économiques et stratégiques après la disparition de l'Union soviétique et la normalisation des relations entre la Chine et la Corée du Sud [8].
En 1995 et 1998, Pyongyang a bénéficié de volumes sans cesse croissants d’aide alimentaire (plus d’un milliard de dollars en quatre ans) et l'appel lancé en 1999 par les Nations unies, pour un montant de 376 millions de dollars, représente le second programme d’assistance internationale après l’ex-Yougoslavie, essentiellement pour raisons politiques et éviter l'écroulement potentiellement catastrophique du régime [9].
L'aide étrangère d'origine publique et privée est continue depuis cette époque. Les États-Unis, débloquant par exemple, en octobre 1998, 300 000 tonnes d’aide alimentaire mais la Corée du Sud étant de loin le premier fournisseur [10] mais la Corée du Nord n’accepte plus d’aide humanitaire d'urgence depuis fin 2006 et attend un soutien sous forme de coopération au développement.
Depuis 1993 : crise nucléaire et présidence de Kim Jong Il
En mai 1993, la Corée du Nord lança un missile Rodong qui acheva sa course en mer du Japon (appelée mer de l'Est par les Coréens).
En 2003, la Corée du Nord s'est retirée du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), dans un contexte de crise diplomatique sur les armes nucléaires en Corée du Nord[11]. Faute de résolution de la question nucléaire dans la péninsule coréenne, la Corée du Nord n'a pas réintégré le TNP.
Après la mort du président Kim Il Sung le 8 juillet 1994, dans ce contexte de crise nucléaire (voir l'article détaillé sur les armes nucléaires en Corée du Nord), la Corée du Nord a observé un deuil national de trois ans, jusqu'en 1997, correspondant à la durée de deuil du père dans la société coréenne traditionnelle. Kim Jong-il a succédé à son père Kim Il-sung comme principal dirigeant de la Corée du Nord. Il exerce actuellement les fonctions de président du Comité de la défense nationale de la RPD de Corée.
Le 31 août 1998 la Corée du Nord a procédé à une tentative de lancement d'un satellite artificiel, le "Kwangmyongsong 1" depuis un missile balistique Taepodong qui a survolé Honshu, la principale île du Japon qui n'a pas été prévenu de ce tir. Aucune trace du satellite n'ayant pu être trouvée malgré l'annonce officielle du succès de ce vol, les spécialistes estiment que l'étage supérieur serait tombé en panne avant la mise sur orbite.
Le 15 juin 2000, à l'initiative du président de la Corée du Sud Kim Dae-jung (qui lui vaudra le Prix Nobel de la paix en 2000), est signée à Pyongyang la déclaration commune Nord-Sud entre les deux dirigeants coréens en vue d'une réunification de la Corée indépendante et pacifique [12].
Le 23 avril 2004, une grave catastrophe ferroviaire fait au moins 161 morts et une zone de 800 mètres de rayon a été rasée par l'explosion dans la ville de Ryongchon [13].
En octobre 2005, le gouvernement revient sur quelques-unes de ses réformes économiques, ce qui laissent craindre une dégradation de la situation alimentaire [14].
La Corée du Nord tire sept missiles balistiques le 4 juillet 2006, cela entraîne une situation de tension internationale qui se prolonge avec le premier essai nucléaire souterrain nord-coréen le 9 octobre 2006 et entraîne une condamnation de la communauté internationale (y compris la République populaire de Chine, principal soutien de la Corée du Nord).
Référence
- ↑ (fr)"La 4e dimension de la stratégie militaire de P'yongyang", Georges Tan Eng Bok, Statisc.Org
- ↑ Vantage Point , Séoul, novembre 1995, p. 17.
- ↑ (en) CRS report for Congress : North Korean Provocative Actions, 1950 - 2007
- ↑ (en) Pearson, David E.. "Chapter 5 Three WWMCCS Failures". The World Wide Military Command and Control System. AU Press
- ↑ Asia Watch, Human Rights in the Democratic People’s Republic of Korea, 1988.
- ↑ voir le texte de cette proposition à l'adresse suivante[1]
- ↑ (fr) Corée du Nord : Un régime de famine, de Médecins sans frontières (MSF)
- ↑ (en) Starved of Rights: Human Rights and the Food Crisis in the Democratic People's Republic of Korea (North Korea), rapport d'Amnesty International
- ↑ (fr) Corée du Nord : Un régime de famine, François Jean, Article publié dans la revue Esprit, février 1999
- ↑ (fr)Série d'articles divers sur l'aide humanitaire
- ↑ Past news
- ↑ (fr) Déclaration commune Nord-Sud
- ↑ (fr)Accident ferroviaire en Corée du Nord, Charte internationale « Espace et catastrophes majeures »
- ↑ (fr) Corée du Nord: La nouvelle orientation politique pourrait provoquer une famine, Human Right Watch, 4 mai 2006
Voir aussi
- Idéologie du Juche : une influence de l'interprétation historique
- Andreï Lankov
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