- Histoire de l'escrime
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L'histoire de l'escrime a commencé avec celle de l'humanité ou presque[1]. Dès que l'homme a su travailler le bois puis le fer, il a fabriqué des armes pour se défendre et survivre. Il a été dans l'obligation de compenser son infériorité physique avec des armes qui lui servirent à se défendre des animaux, puis, très vite, à régler des querelles particulières ou entre tribus[1]. « L'art de se défendre avec une arme blanche » a progressivement évolué, depuis le Moyen Âge où apparaissent les premiers traités d'enseignement, d'une pratique aristocratique et militaire à un sport de combat olympique au XXIe siècle.
Origines de l'escrime : les temps anciens
Antiquité
Ce sont les Grecs anciens qui, les premiers, proclament que le soldat n'est pas celui qui possède une arme mais qui sait manier cette arme. Dans les sociétés antérieures à la Grèce antique (Égypte ancienne, Sumer, Hittites…), il n'y a pas de trace d'un apprentissage de l'épée assez développé pour mettre en évidence l'existence de maîtres d'armes professionnels et d'académies d'armes (selon le terme moderne). On ne peut donc pas considérer que le fait d'utiliser une arme blanche sur un champ de bataille soit suffisante pour permettre l'élaboration de la technique et du corpus de valeurs nécessaires à l'apparition de l'escrime en tant que discipline à part entière.
Pendant le Siècle de Périclès et jusqu'à la période hellénistique se répandent dans le monde grec des maîtres d'armes de métier qui font le plus souvent partie du personnel chargé de l'éducation des enfants des citoyens (tout comme le pédagogue, le musicien et le gymnaste). La différence du "maître d'armes" grec (dit "hoplomacheute") avec les autres instructeurs est qu'il n'est pas esclave mais homme libre qui monnaye ses services. Ce qui rend son savoir uniquement accessible aux familles aristocratiques ou aisées. L'un des exemples les plus connus de ce genre eut lieu à la cour de Syracuse, où les tyrans de la ville, Denys l'Ancien et Denys le Jeune, avaient leur maître d'armes personnel qui les entraînait autant que faire se peut dans les appartements du palais.
"L'escrime" grecque se résume à peu de choses, en fait : on utilise un glaive en bronze nommé xiphos, qui ressemble plus à un long poignard qu'à une épée au sens où nous l'entendons aujourd'hui. C'est une arme essentiellement d'estoc. Elle n'est utilisée que rarement, dans les combats au corps à corps : le guerrier grec (dit "hoplite") préfère de loin se servir d'une lance (dit to hoplon, en grec, qui signifie aussi "l'arme" sans précision). L'hoplite se bat d'abord avec sa lance (également à usage de javelot), puis, si celle-ci est brisée ou que l'ennemi se rapproche lors d'un combat singulier ou dans une mêlée au cœur de la bataille, il jette sa lance à terre et dégaine son glaive pour se débarrasser de son adversaire au plus vite. Le glaive est donc beaucoup plus un poignard ou un coutelas ayant pour but de se débarrasser de l'ennemi ou de l'achever rapidement.
Rome va faire du glaive l'armement principal de ses légions. Finis les hoplites grecs et les phalanges macédoniennes, le légionnaire est un soldat discipliné, calme, rationnel (et même professionnel) qui sort son glaive d'un geste vif pour transpercer d'un seul coup l'adversaire qui se précipite sur lui. Interdiction formelle est faite de donner des coups de taille, sauf en cas d'absolue nécessité : les stratèges romains savent que le coup d'estoc est bien plus meurtrier. On est loin de l'art de la « conversation » d'aujourd'hui : il faut tuer vite et sûrement en faisant le moins de gestes possibles.
La plupart des peuples dit "Barbares" utilisent des armes de même style ou légèrement plus longues avec un maniement similaire mais plus désordonné et moins efficace que celui des Romains. Seuls les Celtes se distinguent : ils frappent de taille avec de véritables épées (avoisinant le mètre de longueur) en fer, métal bien plus solide que le bronze des Méditerranéens. Cette supériorité technologique des Celtes sur leurs voisins plus ou moins proches leur permet tout d'abord de mener une politique agressive (sac de Rome par Brennus en 390-388 avant J.C) puis de se défendre longtemps avec succès contre les envahisseurs. Cependant, si les Gaulois ont les meilleures armes et une réputation de force et de bravoure incontestée, leur manque de discipline et de stratégie est un mal récurrent chez eux qui causera leur perte à Alésia.
Après la conquête de la Gaule et l'avènement de la Pax Romana, l'évolution de l'armement et de son maniement sont quasiment inexistants pendant deux siècles. En effet, sans ennemi à affronter, il n'était pas nécessaire de chercher à transformer les méthodes de combat.
Le glaive romain va peu à peu s'allonger au fur et à mesure de l'affaiblissement de l'empire et des Invasions barbares. En effet, on incorpore de plus en plus dans les armées romaines des mercenaires venus du Nord, souvent des Germains, adeptes du même genre d'épées que les anciens Celtes. De plus, l'extrémité de la lame s'arrondit progressivement et l'estoc perd son ancienne importance, notamment dans la cavalerie (en plein développement aux IVe et Ve siècles de notre ère) où une nouvelle arme, la spatha, sorte d'épée assez longue spécialisée dans les coups de taille donnés à des fantassins pour un cavalier juché en haut d'un cheval.
Dans l'anarchie et la décadence qui caractérise la fin de l'Empire romain d'Occident, l'armée régulière entre en déliquescence et ne s'adapte plus aux changements de l'armement. On adopte de plus en plus les armes des peuples germaniques et des autres barbares : l'armure du légionnaire devient de plus en plus lourde et sophistiquée. À Byzance, dans l'empire d'Orient, l'influence orientale (et surtout de leurs ennemis de toujours, les Perses Sassanides) est décisive dans la formation d'une nouvelle unité de cavalerie redoutable et munie d'un nouvel arsenal militaire, les fameux cataphractes. Dans l'Occident latin, les Francs, les Angles, les Goths et les Saxons imposent l'usage d'épées de taille et de boucliers ronds propices à des combats plus longs, plus élaborés et moins meurtriers que le glaive romain.
De la chute de l’Empire romain d’Occident (476) à l’avènement d’Hugues Capet (987)
Evidemment, ce ne sont pas des considérations esthétiques ou morales qui ont permis la domination de l'épée longue frappant de taille pendant le millénaire qui va suivre. Face à un soldat de mieux en mieux protégé par des cuirasses de cuir bouilli puis d'acier, des boucliers de bois ou de métal, et surtout par la généralisation de la cotte de mailles, son adversaire doit privilégier des coups puissants propres à disloquer une armure : la taille est donc de mise dans les tumultueuses et nombreuses guerres du Haut Moyen Âge, sous les Mérovingiens et les Carolingiens.
Dans cette période troublée et somme toute assez obscure, l'épée devient la compagne la plus sûre de tout homme désirant survivre à un voyage ou à un pillage. Les VIe et VIIe siècles de notre ère sont des époques propices aux exploits individuels, qui seront loués et perpétués par les chanteurs et poéteurs itinérants. C'est le temps du roi Arthur, des chevaliers de la Table ronde, de Tristan et Iseult... La place centrale de l'épée, arme du preux, dans cette société médiévale mais pas encore féodale est illustrée par la gloire de certaines armes dont le nom est parvenu jusqu'à nous : qui ne connaît pas Excalibur, dans la saga arthurienne, ou encore Joyeuse, l'épée de Charlemagne ?
Les Francs, après avoir conquis la Gaule et « fusionné » en quelque sorte avec la population locale, sont en pleine expansion malgré de vives querelles politiques internes qui les divisent (luttes de pouvoir entre Mérovingiens. Le Royaume des Francs naissant est repris en main par Pépin le Bref et ses descendants, les Carolingiens, dont le membre le plus illustre, Charlemagne, unira sous son sceptre ce qui deviendra bien des siècles plus tard la France, l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Italie et la Catalogne. Ces succès militaires furent possibles grâce à la valeur des Francs mais aussi grâce à leur supériorité technologique : ils utilisent, outre la francisque, des épées de taille, en acier, d'un peu moins d'un mètre de long (encore très proche de la spatha romaine) mais dont la pointe est de plus en plus émoussée. En ce qui concerne les armures, la broigne franque est tellement efficace que Charlemagne en fait interdire l'exportation en dehors des frontières de son empire. Il ne faut pas prendre le risque de vendre une telle protection à des ennemis potentiels.
Tandis que sur le continent tout plie face à la puissance franque, deux pays marqués par une évolution différente de l'armement subissent des invasions qui changeront irrémédiablement leur histoire : la Grande-Bretagne et l'Espagne. Dans les îles britanniques, la longue lutte désespérée des Bretons pour repousser les envahisseurs saxons se solde par la défaite et l'exil en Armorique. La future Angleterre connaît un "Âge sombre" qui prendra fin avec l'arrivée de Guillaume le Conquérant en 1066. La péninsule ibérique est quant à elle conquise en un temps record par les Musulmans qui utilisent non pas des épées mais des cimeterres.
Nulle trace d'une quelconque équivalence des hoplomacheutes grecs ou des instructeurs romains de jadis : c'est le père qui apprend à son fils à manier l'épée, souvent dans la résidence seigneuriale. De plus, la féodalité naissante[2] réduit sévèrement le nombre de personnes autorisées et aptes à porter l'épée, arme par excellence du chevalier. Au fur et à mesure des années la société se fait moins perméable à l'ascension sociale et les différents ordres commencent à se distinguer sous le règne des premiers Capétiens, notamment la noblesse, l'ordre de ceux qui combattent.
La féodalité, la chevalerie et les croisades
La féodalité a pour conséquence directe de rigidifier la société du Moyen Âge et de mettre un frein à l'ascension sociale. Elle répond à un affaiblissement du pouvoir central, suite à l'anarchie et à l'insécurité dues en grande partie aux invasions vikings. Face à l'incapacité du souverain à mettre un terme aux troubles, le pouvoir des anciens fonctionnaires royaux (ducs et comtes), devenus des seigneurs héréditaires par capitulaire de Charles le Chauve, s'est considérablement renforcé et l'autorité s'est morcelé dans chaque village capable d'accueillir une palissade de bois doublée d'une tour en torchis (ce à quoi se résume le château fort à l'époque). Les petits barons et châtelains apparaissent et s'assurent la mainmise sur l'art de manier l'épée. La situation va progressivement se rétablir durant le XIe siècle, au point d'atteindre une prospérité économique parallèle au renouveau clunisien sur le plan intellectuel et spirituel.
Le dynamisme et la jeunesse de la Chrétienté va lui permettre de se lancer à corps perdu dans l'épopée sanglante des Croisades. En Terre Sainte et au Levant, confrontés à des ennemis munis de sabres et combattant dans le désert à dos de chameaux, les chevaliers croisés vont s'adapter à de nouvelles conditions de combats : l'armure et la cotte de mailles sont allégées et raccourcies, l'épée est allongée et retrouve une pointe capable de porter un coup d'estoc...
En Europe même, les combats incessants entre Plantagenêts et Capétiens provoquent une course aux armements : apparition de l'arbalète, des trébuchets puis, peu avant la Guerre de Cent Ans, de la bombarde, canon primitif. À l'inverse des croisés d'outre-mer, l'armure se renforce pour contrer ces nouvelles armes meurtrières et mortelles : apparition des loricas, des cottes de plates (bien plus résistantes mais aussi plus lourdes et plus rigides), du grand heaume de combat qui se perfectionne en bassinet... Cependant, cette amélioration de la cuirasse n'est accessible qu'aux plus riches. C'est pourquoi l'épée s'adapte de nouveau: elle s'allonge énormément, atteignant parfois 1m 50 ou plus de longueur, ce qui nécessite de la tenir à deux mains : les coups de taille deviennent donc beaucoup plus puissants et redoutables. Quant à la pointe, elle retrouve un piquant digne de ce nom et permet d'embrocher quiconque s'approcherait de face d'un épéiste à deux mains.
Le code chevaleresque et toutes les valeurs qu'il diffuse met en avant le rôle de l'épée, fidèle compagne du chevalier tout au long de sa vie. On prend l'habitude de nommer les épées, on les fait même bénir avant un combat puisque c'est par le fer que, selon la tradition, Dieu tranchera en faveur de l'un ou de l'autre des combattants.
Moyen Âge : les premiers "maistres d'armoys"
De taille : épée longue et large
C'est durant le siècle de Saint Louis qu'apparaissent dans les écrits les premiers maîtres d'armes professionnels. On reconnaît que manier l'épée nécessite un enseignement à la fois théorique et pratique, et cet enseignement est recherché par la noblesse, qui risque fréquemment sa vie sur le champ de bataille, et qui est la seule à pouvoir prétendre à la possession d'une belle épée de qualité.
On cherche également à acquérir le maniement des armes à cause du développement de l'ordalie, sorte de duel judiciaire médiéval : tout à fait légal et même d'usage courant, ce duel « officiel » est requis dans les affaires où les juges n'ont pu déterminer la culpabilité ou l'innocence des parties. Il s'agit de faire appel au jugement de Dieu, puisque les hommes n'en ont pas été capables. Chaque partie choisit alors un champion (qui peut être, selon les cas, le plaignant et l'accusé eux-mêmes) et le combat qui suit dure généralement jusqu'au premier sang ou jusqu'à ce que mort s'ensuive (selon la gravité des crimes ou délits reprochés). Dieu, par le choix du vainqueur de l'ordalie, est censé montrer ostensiblement qui a raison et qui a tort. On devinera aisément qu'une bonne maîtrise des armes pouvait souvent influencer le choix divin…L'escrime médiévale étonne surtout par la richesse de son répertoire, contrairement aux idées reçues qui ne laissent place dans l'imaginaire contemporain qu'à des épées énormes et des boucliers lourds et encombrants en acier. On y pratique quasiment toutes les armes blanches et contondantes possibles : l'épée, la masse, le marteau de guerre, la lance, la hache, la dague et le poignard, entre autres. La maîtrise de toutes ces armes découle directement d'une pratique de l'escrime quasi-exclusivement sur les champs de bataille. Toujours à l'opposé des idées reçues, le guerrier médiéval est assez rapide (cette qualité a toujours été à la base de l'escrime) et beaucoup plus libre de ses mouvements qu'on ne le pense : il n'est pas encore enfermé dans ces carcans d'acier qui caractériseront les rêveries chevaleresques du début de la Renaissance. Il s'agit d'être capable d'attaquer vite l'ennemi avec tout ce qu'on peut avoir sous la main. Dans le tumulte des guerres des XIVe et XVe siècles, il est primordial de savoir se battre avec n'importe quoi. Et aussi de savoir se défendre contre n'importe quoi.
L'escrime médiévale s'illustre également par la panoplie de défenses qu'elle instaure sur la personne du combattant : boucliers, cuirasses, armures et ses composants (haubert, cotte de mailles, plastron…), gantelets, jambières, chausses renforcées, heaume enfin. À l'origine, la plupart de ces moyens de défense étaient en cuir bouilli, auquel on a progressivement ajouté des éléments ferreux, pour finalement aboutir à des armures intégralement constituées d'acier, à la toute fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance.Cependant, cette grande variété a tout de même ses limites : l'arme qui était toujours à la base de l'enseignement était la fameuse épée. Elle était à la fois la base commune à tous mais aussi le pinacle de l'escrime médiévale et la plus estimée des armes de cette époque. Le moyen de défense le plus utilisé pour l'entraînement était la boucle, sorte de petit bouclier de poing, léger et résistant.
Les Fechtbücher germaniques, les maîtres italiens et les fencing school d’Angleterre
Des Fechtbücher (Traités d'escrime, en allemand) ont été écrits du XIVe et XVIe siècles par plusieurs maîtres germaniques ; les plus célèbres sont Johannes Liechtenauer, le maître incontesté du XIVe siècle, et Hans Talhoffer, maître suisse au XVe siècle.
Des écoles de maniement des armes, privées en relations plus ou moins constantes les unes avec les autres, apparaissent çà et là dans le Saint-Empire romain germanique : à Zurich, à Bâle, à Ratisbonne, et dans un grand nombre de villes libres d'Allemagne. On y enseigne l'escrime médiévale classique.C'est en Italie que de nouveaux maîtres, inventifs et avant-gardistes, font leur apparition dans la pré-Renaissance au tournant des XIVe et XVe siècles : notamment le célèbre Fiore dei Liberi (1350-1420), courtisan du duc d'Este. Fiore dei Liberi publie en 1410 un traité d'escrime qui va progressivement uniformiser à l'échelle européenne le maniement des armes : il s'agit de son unique œuvre, le Flos Duellatorum. Il est considéré comme le fondateur de l'école italienne.
En Angleterre au XIVe siècle, sous le règne d'Édouard III, la création de confréries d'archers maniant l'arc long avaient été fortement encouragées par le pouvoir : le but était de pouvoir compter sur des archers nombreux et expérimentés dans la guerre qui s'annonçait avec la France. Mais après la défaite anglaise à Castillon qui met fin à la guerre de Cent Ans en 1453, le pays sombre dans une dramatique guerre civile : la guerre des Deux-Roses. Pour se défendre contre une insécurité montante, de nombreuses écoles d'escrime (fencing school en anglais) ouvrent leurs portes de façon plus ou moins clandestines aux jeunes hommes d'Angleterre. Le fonctionnement de ces fencing schools est resté de nos jours assez obscur, car la plupart d'entre elles avaient mauvaise réputation et passaient pour former des brigands et des jeunes gens sans scrupules au maniement des armes.
XVe siècle et Renaissance : la rapière
La rapière et l'essor des écoles espagnoles et italiennes
L'escrime connaît sa première révolution avec l'invention de la rapière. Cette arme, exceptionnelle pour son époque à tous les points de vue, va complètement transformer l'approche de la discipline. C'est le premier pas vers une escrime de loisir : il s'agit des premiers concours et compétitions d'escrime, qui prennent la suite des anciens tournois pour une noblesse qui voit les derniers feux de la chevalerie.
La rapière apparaît en Espagne vers 1470. Son nom est un dérivé e l'espagnol espada ropera, c'est-à-dire "épée que l'on porte avec ses vêtements" : plus simplement, il s'agit de la première épée de ville. Son apparition est similaire à un besoin général de porter sur soi en permanence une arme pour se défendre dans un début de XVe siècle dangereux : les meurtres politiques (par exemple l'assassinat de Louis d'Orléans en France), les guerres civiles (Armagnacs et Bourguignons en France, guerre des Deux-Roses en Angleterre, luttes intestines à Florence, Gênes et Milan pour l'Italie, etc.). Les temps sont troubles, l'Occident entre dans la phase de transition qui va l'amener un siècle plus tard vers la Renaissance. Ce phénomène engendre la formation un peu partout, de façon sporadique, l'allègement de certaines épées, la création de longs poignards, etc. qui peuvent se dissimuler dans les vêtements ou du moins être portés sans grande gêne. À l'époque, cette « proto-rapière » ne diffère encore guère de la massive épée médiévale, si ce n'est par son poids : elle est déjà plus légère. Durant le XVe siècle, la rapière, dont l'usage se répand en Méditerranée, est notamment exportée en Italie. Les maîtres italiens connaissent l'arme mais pas son maniement : ils réinventent complètement, de leur côté, la façon d'utiliser la rapière selon l'essai de Camille Agrippa. Elle s'allonge (1m10), sa pointe s'affine et sa lame s'étrécit. Arme polyvalente, elle permet avec autant d'aisance de porter des coups d'estoc et de taille.
La rapière, en fait, répond à l'apparition des armes à feu. Ces dernières ayant provoqué la disparition progressive des armures, qui ne peuvent les contrer, les armes blanches peuvent aussi s'affiner et préférer la finesse et la rapidité à la force brutale.
Son usage se répand progressivement dans toute l'Europe de l'Ouest : dans les années 1490-1500, elle arrive en France suite aux guerres d'Italie qui ont également amené la Renaissance dans ce même pays ; elle apparaît en Angleterre et en Allemagne vers 1515.Tandis que les nations du Nord de l'Europe apprennent à manier cette nouvelle arme, les écoles italiennes et espagnoles se sont déjà solidement établies et prospèrent : il en résulte des modifications légères de la rapière selon les pays, surtout au niveau de la garde et du pommeau. Par exemple, la rapière italienne adopte une garde toute de finesse et d'entrelacs de métal qui épouse la main du combattant, tandis que la rapière espagnole protège intégralement la poigne grâce à une coque de métal plein dite garde en demi-panier.
La rapière va dominer de façon quasi-exclusive l'escrime européenne jusqu'au Grand Siècle.
La fondation des écoles anglaises et françaises sous les règnes d’Henri VIII et de Charles IX
Le Grand Siècle : la prépondérance française
La fin de la domination de la rapière
Le duel, l’épée de cour
Le Siècle des Lumières et la Révolution
Perfectionnement technique et mainmise de la France
La Révolution dissout le « sport des aristocrates »
Du XIXe siècle à 1914 : la « transition sportive » de l’escrime
Romantisme, duels et romans de cape et d'épée
Création de la Société d'encouragement à l'escrime, premiers jeux Olympiques et démocratisation progressive
L’apparition du sabre et l'essor de l’école hongroise
Le XXe siècle et l'ouverture internationale
Création de la Fédération française d’escrime, institutions et conventions internationales
Standardisation et formalisation des trois armes
Diffusion internationale et ouverture au grand public
L’escrime aujourd’hui
Concilier modernité et transmission des valeurs anciennes
Un sport d'influence française
Arts martiaux historiques européens - l'escrime historique
Article détaillé : Arts martiaux historiques européens.Les Arts Martiaux Historiques Européens (AMHE) correspondent à une démarche entreprise depuis les années 1990 tendant à redécouvrir les techniques de combat utilisées dans l'histoire européenne. La méthode d'étude se base à la fois sur des sources historiques (traité d'époque et autres documents) ainsi que sur une reconstitution sécurisée armes à la main. Les AHME limitent leur champs d'étude d'un point de vue des techniques (armes blanches, éventuellement mains nues), périodes (des origines à 1914), et géographie (Europe) visées. L'expression "Arts Martiaux Historiques Européens" est en général préférée à celle d'escrime ancienne du fait d'une confusion ayant existé avec l'escrime artistique, qui elle est destinée au spectacle. On parle aussi parfois d'escrime historique.
Voir aussi
Bibliographie
Histoire générale de l'escrime pour toutes les périodes
- Émile Mérignac, Histoire de l’escrime (2 tomes), Imprimeries Réunies, 1883
- Egerton Castle (traduction d’Albert Fierlants), L’escrime et les escrimeurs, Paul Ollendorf éditeur, 1888
- Gabriel Letainturier-Fradin, Les Joueurs d'épée à travers les siècles, Flammarion, 1904
- Pierre Lacaze, En garde. Du duel à l'escrime, éditions Galimard, 1991 (ISBN 978-2-07053-120-2)
- Gérard Six, Escrime, l’invention du sport, éditions des quatre chemins, 2007 (ISBN 978-2-84784-167-1)
Histoire de l'escrime pour une période précise
- Pascal Brioist, Hervé Drévillon, Pierre Serna, Croiser le fer (XVIe-XVIIIe siècle), éditions Champ Vallon, 2002 (ISBN 978-2-87673-352-7)
- Lionel Lauvernay, La Belle Époque de l’Escrime, Ensiludium, 2008 (ISBN 978-2-95312-800-0)
En anglais
- William Gaugler, The history of fencing, Laureate Press, 1998 (ISBN 978-1-88452-816-3)
- Sydney Anglo, The martial arts of Renaissance Europe, Yale University press, 2000 (ISBN 978-0-30008-352-1)
- Richard Cohen, By the sword, Modern Library, 2003 (ISBN 978-0-81296-966-5)
Liens externes
- Annuaire et portail des associations AMHE Annuaire recensant différentes associations et groupes pratiquant l'escrime historique et les arts martiaux historiques européens, ainsi que les évènements et différents types d'annonces.
Notes et références
- (fr) Histoire de l'escrime, le temps des barbares, sur escrime-ffe.fr
- 877 par capitulaire de Quierzy du roi Charles le Chauve : c'était à l'époque une façon de stabiliser le pays. les titres de vicomtes, comtes, ducs et marquis deviennent héréditaires en
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