Gétules

Gétules

Les Gétules est le nom d'un ancien peuple d'Afrique du nord[1] de la protohistoire. Les Gétules forment le peuple berbère Zénète [2],[3] et le peuple berbère Branis [4].

Sommaire

Histoire

Les Gétules sont apparus en Afrique du Nord au cours du IIIe millénaire av. J.-C.. Leur territoire est situé dans une aire géographique couvrant le nord du Sahara algérien, le sud et le centre de l'Atlas saharien[5].

Le peuple gétule, descendant direct de la branche de la civilisation capsienne ayant émigré au Sahara vers 3000 av. J.-C. est certainement le peuple qui a dominé de la façon la plus certaine l'Algérie durant les 1500 ans de son antiquité. Ils étaient selon l'historien grec Strabon le peuple le plus nombreux d'Afrique du Nord, mais également le moins connu.

Parmi les plus anciennes références aux Gétules sont vraisemblablement celles des Carthaginois qui indiquent que le prince des Gétules proposa d'épouser Élyssa (ou Didon pour les Romains), la reine fondatrice de Carthage (actuelle Tunisie) vers l'an 815 av. J.-C..

Toutefois, des références en Égypte ancienne de certaines tribus gétules remontent jusqu'à 1350 av. J.-C. environ sous le règne d'Akhénaton de la XVIIIe dynastie qui parlent de commerce de bétail avec ce peuple. Les Gétules sont probablement à l'origine également du calendrier berbère qui commence vers 943-949 avant J.-C. Le début de ce calendrier ferait suite à la victoire d'une coalition de Gétules sur les Égyptiens. Cette coalition, formée par les tribus gétules d'Afrique du Nord est partie du sud-ouest algérien, renforçant ses effectifs en cours de route partout où elle passait en Afrique du Nord. La coalition dirigée par Sheshonq (nom berbère : Sheshnaq) a vaincu le pharaon Psousennès II. Suite à cette victoire Sheshnaq épouse la fille du pharaon, s'installe sur le trône d'Égypte sous le nom de Sheshonq en 952 avant J.-C., et fonde ainsi la XXIIe dynastie. Il installe sa résidence à Busbatis, et détache tout de suite des régiments à Fayoum, une ville où plusieurs unités guerrière égyptiennes sont basées. Ces dernières se rallient finalement à lui le confirmant ainsi sur le trône. Sheshnaq aurait poursuivi ensuite sa percée vers le Moyen-Orient après avoir renforcé de cette façon sa coalition en Égypte, il se mit à conquérir plusieurs territoires en Syrie, Palestine, Phénicie (actuel Liban) et dans le Royaume d'Israël où il s'empare de Ghaza et pillera Jérusalem. Cet événement biblique est mentionné dans l'Ancien Testament qui parle du pillage de ce chef gétule de la tribu des Machaouach.

Les Gétules étaient de remarquables cavaliers et des nomades à l'origine qui se concentraient dans les oasis du Sahara central algérien. Il est probable que les Gétules aient découvert le cheval par le biais des Égyptiens, qui l'avaient eux-mêmes découvert par le biais des peuples d'Asie centrale. Il est également probable que les Gétules furent poussés à suivre un lent flux migratoire vers le Nord, contrairement à leurs ancêtres Capsiens, par la désertification progressive du Sahara et leur nombre croissant. En tout état de cause au fil des siècles les Gétules développèrent une cavalerie efficace, et devinrent un peuple nomade migrant du Sahara vers le Nord de l'Afrique en suivant deux routes principales. L'une est celle des Gétules orientaux qui les mène vers Chella, l'actuelle Salé au Maroc, et l'autre est la route qui les mène du désert vers Madaure (actuelle Mdaourouch dans le département de Souk Ahras). Les Gétules concentrés autour de ce qui est aujourd'hui les territoires des Nememchas dans l'actuel Souk Ahras et Tébessa sont ainsi le premier peuple nomade en Algérie à remonter du désert vers le Nord pour exercer une pression sur les occupants des terres là-bas. En effet plus d'un millénaire après eux, les Berbères Sanhadja et Zénètes imiteront le même mouvement. Les Gétules pasteurs nomades et guerriers se sont longtemps contentés de mener des razzias occasionnelles contre les populations sédentarisées du Nord du pays tout en étant perpétuellement en mouvement. Toutefois entre le Ve et le IIIe siècle, leur puissante cavalerie, leur nombre impressionnant ainsi que leur naïveté politique font qu'ils commencent à devenir l'objet de convoitise stratégique de la part des acteurs politiques de la région.

Lorsque la Première Guerre punique éclate en 264 av. J.-C. le général carthaginois Hannibal Gisco les engage comme mercenaires. La principale raison était que la marine carthaginoise était dans un état si lamentable que Hannibal avait décidé de prendre la route jusqu'aux colonnes d'Hercule (actuelle Gibraltar), il engagea la cavalerie Gétule pour l'accompagner. Celle-ci se révèle non seulement apte à traverser d'Afrique du Nord rapidement et sans problème, mais elle se révèle également d'une efficacité redoutable dans les campagnes de Hannibal de l'autre côté de la Méditerranée, à commencer par ses campagnes en Ibérie.

Deux siècles plus tard, les Gétules avaient acquis une grande expérience guerrière, mais surtout développé l'art de négocier leurs services comme mercenaires. C'est alors qu'en 107 av. J.-C. le roi numide Jugurtha, combattant l'armée romaine, fait à son tour appel aux services des Gétules. Avant d'accepter, ces derniers proposent à Rome de faire mieux, le consul Marius offre à ces derniers la promesse de leur livrer des terres numides ainsi que la citoyenneté romaine en échange de leur soutien. Les Gétules combattent ainsi aux côtés des Romains. En 103 av. J.-C., Jugurtha est vaincu. Les Gétules obtiennent alors la citoyenneté romaine en grand nombre et de grandes propriétés terriennes, confisquées à l'État numide défait, aux côtés des soldats romains qui obtiennent chacun 252 hectares de terre. Rome cherchant à profiter au maximum de cette opération offre des terres numides en bordure avec la Maurétanie aux Gétules de sorte à consolider la frontière de leur nouvelle conquête.

La sédentarisation soudaine des Gétules sur les terres confisquées n'est pas facilement acceptée par les populations numides défaites. Les Gétules continuent de soutenir les Romains pendant près d'un siècle pour écraser les révoltes populaires, allant jusqu'à participer en 19 av. J.-C. à la répression d'une révolte aux côtés de Lucius Cornelius Balbus Minor. Cette révolte déclenchée à une échelle impressionnante avait enflammé toute l'Afrique du Nord de la Maurétanie à la Cyrénaïque (actuelle Libye) en passant par les territoires Garamantes au Sahara et Numides dans le Nord, mais Balbus et ses alliés Gétules réussirent à l'écraser.

Après un siècle de sédentarisation, la pratique de la cavalerie gétule finit par disparaître, et le peuple gétule avec elle. La distribution des terres éparpilla le peuple gétule, et sa sédentarisation contribua à la disparition de sa cavalerie. Le peuple gétule se fondit ainsi dans les populations du nord de l'Algérie. Rome avait de cette manière réussi un coup de maître en amadouant les Gétules et en les poussant à la disparition par la sédentarisation, car il ne fait aucun doute que les Gétules auraient constitué une menace sérieuse pour la colonisation romaine en Algérie, et ce particulièrement aux frontières Sud de l'actuel état. À partir de l'an 250 après J.-C. environ, plus aucune référence n'existe au sujet de la culture et du peuple gétule.

On a pu parler à propos des Gétules de petit nomadisme selon Gabriel Camps [6], car ils sont présents sur de vastes régions du nord-ouest de l'Afrique, au sud de la Numidie et de la Maurétanie, durant l'Antiquité et l'occupation romaine de l'Afrique. Strabon[7] en fait des voisins méridionaux des Garamantes.

En l'an 6 de notre ère, ils se révoltent contre Juba II et semblent soutenir les Romains dans la guerre qui les oppose à Jugurtha. Virgile fait d'ailleurs de leur roi - légendaire ? - Iarbas et de ses hommes les représentants d'un peuple de guerriers redoutables[8] et Strabon les qualifie de « plus puissante des nations lybiques »[7]. La colonie de Madaure fut fondée, à en suivre Apulée, pour surveiller ces populations.

L'auteur romain Pline l'Ancien, mentionne la puissance de deux tribus gétules : les Baniurae et les Autotoles (parfois nommés Autololes ou Galaules).

Les Baniurae occupent la vallée du Sébou et menace la colonie romaine de Banasa, non loin de l'actuel Sidi Kassem de l'actuel Maroc. Les Autololes sont originaires de la vallée de l'actuel oued Bou Regreg de l'actuel Maroc. Pline l'Ancien les décrit comme des barbares particulièrement dangereux et toujours prêts à piller. Salluste, dans son œuvre La Guerre de Jugurtha, les présente avec les Libyens antiques comme « rudes, grossiers, nourris de la chair des fauves, mangeant de l'herbe comme des bêtes ».

Le pays des Gétules est connue dans les sources latines pour sa pourpre[9] et ses fauves[10].

Mode de vie

Bien que les tribus gétules ne formèrent jamais un véritable État[réf. nécessaire] - et que Juba II se réclama roi des Numides et des Gétules - ils contribuèrent largement aux royaumes maures et numides. Ils devaient ainsi soutenir les armées d'Hannibal et de Juba II. Pasteurs et nomades, ils organisent des razzias contre les agriculteurs installés dans leur zone d'influence.

Selon l'historien Jehan Desanges, le terme « Gétules » désignerait d'ailleurs plus un mode de vie qu'un peuple précis et homogène, preuve supplémentaire de la « grande souplesse onomastique » (Yves Mondéran) des peuples berbères dans les sources romaines mais aussi que la réalité du terme n'est ni ethnique, ni politique.

Origine

Selon le chercheur Émile Félix Gautier, à la fin de l'Antiquité, les Zénètes pénètrent au Maghreb, leur migration se concrétise vers le Ve siècle. Alors que Gabriel Camps dit que Les Zénètes prennent la place aux Gétules[11]. Lui, il sépare les Gétules des Numides et des Maures, en des entités distinctes.

Mais, les chercheurs de l'époque coloniale en Algérie n'ont pas approché les Zénètes et ils n'ont pas vu la dimension linguistique du peuple Zénète, selon Rachid Bellil[12]. Quelques rares travaux sur la linguistique berbère révèlent l'importance de l'origine berbère des Zénètes. Et, selon Ibn Khaldoun et d'autres historiens contemporains les Zénètes n'ont pas fait une immigration au Ve siècle et pensent donc que les Zénètes font partie des plus anciennes tribus berbères[13].

L'historien Ernest Mercier désigne les Gétules par les deux confédérations berbères Zénètes[14] et Sanhadja[15]. Léon l'Africain ajoute aux Zénètes et aux Sanhadja les Houaras, les Goumara, les Masmoudas dans la liste des tribus Gétules[16].

Références

  1. Histoire ancienne de l'Afrique du Nord. Tome V. Stéphane Gsell. Librairie Hachette. 1927.
  2. Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province ... , Société archéologique
  3. Book google
  4. Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus ... De Ernest Mercier [1]
  5. L'Afrique et son environnement européen et asiatique. Jean Jolly. L'Harmattan. 2008. Cartes pages 14 à 23.
  6. Berbères. Aux marges de l’histoire, Gabriel Camps, Toulouse, 1980.
  7. a et b Strabon, Géographie, XVII, 3, 19
  8. Énéide, IV - 36, 40, 196ss et 326
  9. Ovide, Fastes, II,319
  10. Énéide, V,352
  11. Berbères : aux marges de l'histoire. Par Gabriel Camps. Publié par Éditions des Hespérides, 1980. page 128
  12. Les oasis du Gourara (Sahara algérien) : Le Temps Des Saints. Par Rachid Bellil, Institut national des langues et civilisations orientales Centre de recherche berbère. Édition : illustrated. Publié par Peeters Publishers, 1999. ISBN 9042907215
  13. Les oasis du Gourara (Sahara algérien), Rachid Bellil, p. 66
  14. Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830). Paris. Édition Ernest Leroux, Tome I, Page 44
  15. Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830). Paris. Édition Ernest Leroux , Tome I, Page 44
  16. Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830). Paris. Édition Ernest Leroux, Tome I, Page 182 ( note de page)

Sources et bibliographie

Sources

Bibliographie

  • Yves Moderan, Les Maures et l’Afrique romaine (IVe ‑ VIIe siècles), Paris, É.F.R, 2003.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes


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