- Georges-Rene Pleville Le Pelley
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Georges-René Pléville Le Pelley
Pour les articles homonymes, voir Pelley.Georges-René Pléville Le Pelley Naissance 29 juin 1726
GranvilleDécès 2 octobre 1805 (à 79 ans)
ParisOrigine Français (Normand) Allégeance Royaume de France
Royaume de France
République françaiseArme Marine Grade Corsaire,
Capitaine de vaisseau,
Contre-amiral en 1797,
vice-amiral en avril 1798Service 1745 - 1798 Conflits Guerre de Sept Ans,
Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique,
Guerres de la Révolution française,
Guerres napoléoniennesCommandement Capitaine de port à la Martinique en 1763,
Gouverneur du port de Marseille,
Commandant d’une division chargée d’escorter un convoi de ravitaillement bloqué à Tunis,
Forces navales à Ancône et Corfou,
Forces navales de la Méditerranée (1798)Faits d’armes Différents combats sur des navires corsaires ou sur des vaisseaux du roi ou de la république Distinctions - Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis
- Chevalier de l'Ordre de Cincinnatus
- Grand officier de la Légion d'honneur
Autres fonctions Trésorier du club révolutionnaire de Marseille,
Plénipotentiaire à Lille en 1797,
Ministre de la marine (1797-1798),
Sénateur (1799)Famille Beau-frère d'Agathe de Rambaud Image : Portrait réalisé à Versailles en 1786. Georges-René Pléville Le Pelley est né à Granville le 29 juin 1726 et mort à Paris le 2 octobre 1805. Marin normand, gouverneur du port de Marseille, amiral, ministre de la Marine et des Colonies du 15 juillet 1797 au 27 avril 1798, sénateur, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis et de l'Ordre de Cincinnatus, il est l'un des premiers Grands officiers de la Légion d'honneur.
Sommaire
Ses origines et sa jeunesse
Il est fils d'un capitaine de la marine marchande, Hervé Le Pelley, seigneur de Pléville. Sa mère est la fille du seigneur du Saussey dans la paroisse de Lingreville.
Georges-René Pléville Le Pelley naquit à Granville et fut très tôt attiré par la mer et les navires. Orphelin très jeune, il fait une fugue du collège de Coutances pour s’engager sur un Terre-neuvas en 1738. Son oncle qui le destine à la prêtrise demande à son capitaine de le dégoûter de la vie en mer. Aussi sa première campagne comme pilotin est-elle particulièrement dure, et il est recueilli à Terre-Neuve par un capitaine ancien ami de son père et plus compréhensif. Il effectue ensuite plusieurs campagnes de pêche à la morue sur différents bâtiments. Enseigne en 1740 sur le Ville de Québec, il se révolte contre une mise aux arrêts qu’il estime injuste, et s’enfuit alors que le bâtiment est échoué sur la côte du Canada. Il marche seul pendant 50 jours à travers la forêt canadienne, rencontrant des tribus indiennes, avant de rejoindre finalement Québec où il est recueilli par une famille compatissante. Il trouve à s’embarquer sous un pseudonyme comme timonier et continue les années suivantes à servir sur des terre-neuvas.
La guerre de succession d’Autriche
Il entre aux gardes de la marine mais est trop pauvre pour y rester, aussi il s’engage sur un petit corsaire de Granville, la Françoise du Lac, comme lieutenant. Ce bâtiment fut rencontré sous l'île de Jersey, quelques heures après sa sortie du port, par deux corsaires britanniques qui l'écrasèrent sous le feu croisé de leurs canons. Il est blessé lors de ce très dur combat qui dure six heures. Il y perd la jambe droite et est fait prisonnier de guerre. Recueilli comme un fils à Falmouth dans la famille d’un fonctionnaire de l’Amirauté, il y est soigné et apprend l’anglais jusqu’à son échange. Il sert ensuite dans la marine royale comme lieutenant de frégate sur l’Argonaute commandé par Tilly Le Pelley, un autre oncle, puis sur le vaisseau le Mercure qui faisait partie de l'escadre envoyée en 1746, sous les ordres du duc d'Anville, pour reprendre le Cap-Breton. L'escadre est attaquée à son retour de Chibouctou par l'amiral Anson. Dans le combat un boulet emporta la jambe de bois de Pléville Le Pelley: « Le boulet s'est trompé » dit-il en riant à son capitaine, « il n'a donné de besogne qu'au charpentier ». Il est de nouveau fait prisonnier.
A sa libération, il repart de nouveau comme corsaire. Il est officier en second sur le Comte de Noailles sur lequel il est encore fait prisonnier. Il réussit toutefois à s’évader peu avant la fin de la guerre. Il fait ensuite comme second de la contrebande sur les côtes de Grande-Bretagne puis, comme capitaine, de nouveau de la pêche à Terre-Neuve pendant quatre ans.
Georges Pléville Le Pelley se marie en 1757 à Marseille avec Marie Ursule de Rambaud, fille d'un capitaine corsaire, armateur et négociant avec l'outre-mer. Le couple aura quatre enfants.
La guerre de Sept Ans
Son bâtiment, le Brillant, est réquisitionné pour acheminer des troupes dans l’expédition de Minorque en 1756 puis durant l’opération sur la Corse. Il commande le corsaire le Colibri qui appartient à son beau-père Jean Rambaud, qui est à la fois corsaire et armateur corsaire. Pléville renseigne la marine française sur les mouvements des vaisseaux britanniques. Sa corvette est malmenée lors de plusieurs combats. Le Colibri est intégré dans l’escadre de la Clue en 1758 à la Martinique.
De 1758 à 1762, il commande un petit bâtiment de la marine royale, l’Hirondelle, avec lequel il s’empare de trois bâtiments de la Compagnie des Indes. Lors d’un combat, il perd de nouveau sa jambe de bois.
Des problèmes de santé le retiennent dans des fonctions à terre dans les années suivantes : il est lieutenant de vaisseau et capitaine de port à la Martinique en 1763, rédige un traité sur la mâture et fait le relevé des rades des Antilles.
Gouverneur du port de Marseille
Revenu en France, il est affecté au port de Marseille comme capitaine de port. La frégate britannique l'Alarme, battue par la tempête dans la soirée du 1er mai 1770, s'affala sur la côte de Provence, au milieu des rochers sur lesquels elle courait le danger imminent de se briser. Ce sinistre donna à Pléville l'occasion de déployer ses connaissances nautiques, son sang-froid et son courage. Averti de l'état de détresse du bâtiment, il rassemble à la hâte les pilotes du port, s'entoure des marins les plus intrépides, et à leur tête vole au secours des Britanniques, en affrontant au milieu des ténèbres d'une nuit d'orage les périls d'une mer en fureur. Il s'amarre à un grelin, s'affale le long des rochers, et parvient avec sa jambe de bois à bord de la frégate dont il prend le commandement. Le bâtiment avait déjà donné plusieurs coups de talon, il commençait à toucher. Pléville ordonne une manœuvre qui le remet à flot et la conduit dans le port de Marseille. Cette frégate était commandée par le capitaine John Jervis, mort amiral de la flotte britannique et qui recevra le titre de lord Saint-Vincent pour avoir détruit la flotte espagnole près du cap du même nom en 1797. L'intrépide dévouement du lieutenant du port de Marseille fut dignement apprécié en Grande-Bretagne. Les lords de l'amirauté lui donnèrent un éclatant témoignage de la reconnaissance du gouvernement britannique, en chargeant le capitaine Jervis de retourner à Marseille avec la frégate l'Alarme, pour remettre en leur nom à Pléville le Pelley un présent fort riche, et une lettre par laquelle ils lui exprimaient les sentiments que sa conduite leur avait inspirés.
La lettre était ainsi conçue :
« Monsieur, la qualité du service que vous avez rendu à la frégate l'Alarme fait la noble envie et l'admiration des Anglais. Votre courage, votre prudence, votre intelligence, vos talents ont mérité que la Providence couronnât vos efforts. Le succès a fait votre récompense ; mais nous vous prions d'accepter comme un hommage rendu à votre mérite et comme un gage de notre estime et de notre reconnaissance, ce que le capitaine Jervis est chargé de vous remettre de notre part.
Au nom et d'ordre de Milords, STEPHANS. »
Le présent consistait en une pièce d'argenterie en forme d'urne, sur laquelle étaient gravés des dauphins et autres attributs maritimes, avec un modèle de la frégate l'Alarme; le couvercle, richement ciselé, était surmonté d'un triton. Ce vase, remarquable par l'élégance de sa forme et le fini du travail, portait d'un côté les armes de Grande-Bretagne, et de l'autre l'inscription suivante, destinée à conserver le souvenir de l'événement qui avait donné lieu à ce superbe présent :
Georgio-Renato Pleville Le Pelley, nobili normano Grandivillensi, navis bellicœ portusque Massiliensis pro prœfecto, ob navim regiam in litiore gallico pericli-tantem virtute diligentiâque suâ serva-tam. Septem vin reinavalis Britannicœ. M.DCCLXX. (Georges-René Pléville Le Pelley, noble Normand de Granville, capitaine de navire de guerre et du port de Marseille a sauvé de la destruction un navire royal qui allait se perdre sur la côte française.)
Pléville, considérant qu'il ne pouvait recevoir de présent d'un souverain étranger, n'accepta qu'après y avoir été dûment autorisé par le roi de France.
Dix ans après, le dévouement de Pléville Le Pelley pour le salut de l'Alarme trouva une récompense non moins honorable, mais d'un autre genre. Son fils, jeune officier de marine, ayant été pris sur une frégate, à la suite d'un combat en 1780, et conduit en Grande-Bretagne, l'amirauté britannique le fit renvoyer en France sans échange, après l'avoir autorisé à choisir trois de ses camarades pour les emmener avec lui.
la guerre d'indépendance américaine
Lors de la guerre d’Amérique, il fait fonction de lieutenant de vaisseau dans l’escadre d'Estaing à partir de 1778 sur le vaisseau amiral, le Languedoc. Il participe à toute la campagne et à ses différents combats. Il est chargé par d'Estaing de la vente des prises et du ravitaillement et étonne par son désintéressement, ceux qui étaient chargés de ce type de mission ne manquant habituellement pas de s’enrichir personnellement à cette occasion. Il est promu capitaine de vaisseau sur intervention de l'amiral, mais rentre en France avec lui et reprend ses anciennes fonctions au port de Marseille où, là aussi il tranche par rapport à ses pairs en témoignant d’une honnêteté aussi exemplaire que rare à cette époque, acceptant tout à fait de vivre chichement sur son seul traitement officiel malgré une famille nombreuse à entretenir.
Sous la Révolution
Il adopte les principes de la Révolution, comme la plupart des officiers ayant servi en Amérique, mais avec modération. Il est trésorier du club révolutionnaire de Marseille. Il débarque à Avignon, le sabre à la main, pour y ramener l'ordre. Pendant la Terreur, il est envoyé prendre le commandement d’une division chargée d’escorter un convoi de ravitaillement bloqué à Tunis, en remplacement de Vence accusé de trahison. Une fois sur place, il constate que Vence est réellement en difficulté et n’a aucunement failli à son devoir. Ignorant ses ordres, il le maintient à son commandement et lui offre simplement son aide. Ceci lui vaudra quelques difficultés avec les autorités au retour mais, grâce à lui, Vence sera totalement blanchi.
Il rempli des fonctions au ministère de la marine pendant deux ans puis réorganise les forces navales à Ancône et Corfou. Il est l’un des trois plénipotentiaires (avec Letourneur et Maret) envoyés à Lille pour des négociations, infructueuses, avec la Grande-Bretagne.
Contre-amiral en 1797, ce fut pendant son séjour à Lille, le 19 juillet, que le Directoire le nomma Ministre de la marine, en remplacement de l'amiral Laurent Truguet. Là encore, il est remarqué pour son désintéressement et son honnêteté scrupuleuse dans un régime particulièrement marqué par la corruption généralisée des élites politiques et administratives. Il est fait vice-amiral en avril 1798, mais démissionne du ministère car il désapprouve l’aventure de l’expédition d’Égypte, dont il est convaincu que la marine n’a pas les moyens. Le désastre d’Aboukir à la fin de l’année lui donnera raison.
Bien qu’âgé de 72 ans, il commande quelque temps les forces navales de la Méditerranée puis se retire à Paris. Le Consulat le nomme au Sénat conservateur en 1799, et l’Empire commandant de la Légion d’honneur dès la création de l’ordre. Il meurt peu après.
Un homme d’exception
Pléville le Pelley fut sur tous les plans un homme d’exception : un grand marin et un corsaire de premier ordre d’un courage physique rare. La façon dont il a sauvé la frégate l’Alarme alors que personne n’osait tenter quelque chose est digne d’un roman d’aventures : n’oublions pas qu’il était unijambiste… Il n’hésita pas non plus à mettre en danger sa réputation et sa carrière, au mépris de ses ordres dans une époque où les têtes tombaient facilement, en soutenant Vence injustement accusé. Enfin son désintéressement tout au long de sa carrière et son refus de se servir est tout à fait remarquable alors que sous l’Ancien Régime il était d’usage admis que tout fonctionnaire se serve au passage, et sous le Directoire l’un des régimes les plus corrompus qu’ait connu la France. Ce désintéressement et cette honnêteté le conduiront, lui et sa famille, au seuil de la misère en plusieurs moments, en particulier à l’époque de ses fonctions à Marseille. Un personnage trop oublié.
NB : son portrait est au musée du Vieux Granville et sa statue domine le port de la cité. On peut voir son buste au château de Versailles.
Chronologies
Précédé par Georges-René Pléville Le Pelley Suivi par Laurent Truguet Ministre de la Marine 17 juillet 1797 - 27 avril 1798 Eustache Bruix Notes et références de l'article
Articles connexes
- Claude Bourdet, son descendant
Sources
- « Georges-René Pléville Le Pelley », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)
- Guy de Rambaud, Pour l’amour du Dauphin, Anovi 2005, ISBN : 2-91418-02-5, biographie d'Agathe de Rambaud
- Guy de Rambaud, Les Rambaud, mille ans d'histoire (manuscrit)
- Monique Le Pelley-Fonteny : Itinéraire d’un marin granvillais : Georges-René Pléville Le Pelley (1726-1805). Neptunia Vol. 55, Paris, 2000.
- Mémoires d’un marin granvillais : Georges-René Pléville Le Pelley : 1726-1805, collectif. Saint-Lô : Collection patrimoine, Les Cahiers culturels de la Manche, 2000
- Georges Fleury, Le Corsaire - Pléville Le Pelley - 1726-1805, Flammarion, 2000
- Monique Le Pelley-Fonteny, Gilles Désiré dit Gosset, Antoine Reffuveille, Rémy Villand, Les amiraux granvillais, catalogue de l'exposition 2006-2007, Conseil général de la Manche
- Hubert Granier, Marins de France au combat 1715-1789, Éditions France Empire, Paris, 1995
- Jean Marc Van Hille, les vicissitudes d'un marin provençal, Jean Gaspard Vence, 1747-1808, Service Historique de la Marine, Paris.
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